mardi 28 janvier 2014

Les catégories de l'initiation (Tartîbut-Taçawwuf) - Seyidi Mohyiddin Ibn Arabî - Abdul-Hâdi (Ivan Aguéli)




Les catégories de l'initiation (Tartîbut-Taçawwuf)

 par le plus grand des Maîtres spirituels Seyidi Mohyiddin Ibn Arabî  


Abdul-Hâdi

La Gnose - décembre 1911, N° 12





































dimanche 26 janvier 2014

samedi 25 janvier 2014

Ibn 'Arabî - Par-delà le miroir - Introduction de Jean Annestay






"Réservées à l´origine à une élite intellectuelle, les litanies (awrâd) d´Ibn ´Arabî étaient récitées tout au long de la semaine après le coucher et le lever du soleil par le Shaykh al-Akbar et ses disciples.Elles reprennent sous forme synthétique les affirmations principales de la doctrine de l´Unité ainsi que les vérités essentielles de la révélation islamique. Nourries de l´inspiration la plus sacrée, elles ont une dimension incantatoire que renforce, en arabe, une langue rythmée aux innombrables renvois symboliques et métaphysiques. En dépit de l´intérêt croissant du lectorat français pour l´oeuvre d´Ibn ´Arabî, ces litanies n´avaient jamais été réunies en un seul volume.Le caractère universel des ces quatorze prières en fait un recueil susceptible d´intéresser toute personne attirée par la spiritualité. Elles sont accompagnées ici de deux chapitres inédits des Futûhât al-Makkiyya, ""Les Révélations de La Mecque"", sur l´indigence de la créature et l´Indépendance de son Créateur. Considéré dans le soufisme comme le ""Sceau des saints"", le ""Sultan des gnostiques"" et ""le plus grand des Maîtres"", Ibn ´Arabî et son oeuvre ont contribué à modeler la forme du soufisme jusqu´à nos jours.Né en Andalousie, il parcourut le Maghreb avant de s´établir en Syrie à Damas où il mourut en 1240. Son oeuvre, sans équivalent dans la littérature spirituelle mondiale, est incontournable et contient une synthèse des enseignements doctrinaux les plus élevés du soufisme. Ibn ´Arabî disait de lui-même : ""je ne suis ni un prophète, ni un envoyé, simplement un héritier, quelqu´un qui laboure le champ de la vie future""."



Ibn 'Arabî - Par-delà le miroir - Introduction de Jean Annestay (PDF)




mercredi 22 janvier 2014

La Connaissance des pensées sataniques - Ibn Arabî - Traduction : Abdallah Penot






IBN ARABÎ

LA CONNAISSANCE DES

PENSÉES SATANIQUES

Traduit par

ABDALLAH PENOT

Extrait des Futûhât al-Mekkiyyah,

chapitre 55 : al-khawâtir al-shaytâniyya.



Cliquer ici















lundi 20 janvier 2014

Sur le « Pont Flottant du Ciel » - Ame no uki-hashi

Dojo Aikido Nantes




Avant d’entamer l’étude, il est une question à laquelle il semble important de devoir répondre.

Pourquoi chercher à comprendre le sens de telles expressions métaphysiques et quelle utilité peut-on en retirer ?

On pourrait déjà répondre que cette quête peut être justifiée par le simple fait que c’est une demande du Fondateur. O’Sensei recommande dans les nombreux discours qui ont été enregistrés de chercher à percer le sens profond, la vérité, qui se tiennent derrière des expressions comme Takemusu Aïki, Uki-Hashi, Myoyo, ou encore Masakatsu Agatsu Katsuhayabi Su O’Kami.

« Mes paroles et mes enseignements sont portés par une inspiration divine, aussi sont-ils difficiles à recevoir et à appréhender clairement. Mais chacun d’entre vous devrait s’attacher à apprendre et à comprendre ce que je dis, jour après jour, au sujet de l’Aïkido.1 »

Cependant il donnait la priorité à la pratique des techniques d’Aïkido.

« Lorsque l’on se laisse accaparer par les sciences et par les lettres, cela devient une gêne pour la véritable progression.2 »

mercredi 15 janvier 2014

Dictionnaire de René Guénon - Jean-Marc Vivenza





Le Dictionnaire de René Guénon, Le Mercure Dauphinois, 2002 (2e édition 2005) Jean-Marc Vivenza   




Pour télécharger le document, cliquer ici

















Les différentes appellations de la Chaîne d’or Naqshbandi au cours des siècles





http://journalnaqshbandi.org/



Depuis l’époque d’Abū Bakr a-iddīq (r) jusqu’à celle de Bayāzīd al-Bistāmī (r), elle fut appelée as-iddīqīyyah. Entre celle de Bayāzīd et celle de Sayyīdinā ʿAbdul Khāliq al-Ghujdawāni elle fut appelée at-ayfūrīyya. Aux temps de Sayyīdinā ʿAbdul Khāliq al-Ghujdawāni jusqu’aux temps de Shāh Naqshband, elle fut nommée la Khwajaganiyya.

Et depuis Shāh Naqshband, en passant par Sayyīdinā Ubaidullah al-Ahrar et Sayyīdinā Ahmad Faruqi, à nos jours, elle est appelée Naqshbandiyya. Et Naqshbandiyya signifie « fixer le Naqsh de la meilleure manière. »

Le Naqsh est l’action d’engraver le nom d’Allah dans le cœur du mouride. Depuis les temps de Sayyīdinā Ahmad al-Faruqi jusqu’à ceux de Sheikh Khalid al-Baghdadi, elle fut nommée Naqshbandi-Mujaddidiyya. De Sayyīdinā Khalid al-Baghdadi jusqu’à Sayyīdinā Sheikh Ismaʿil Shirwani, elle fut connue sous le nom de Naqshbandiyya-Khalidiyya.

Depuis les temps de Sayyīdinā Ismaʿil Shirwani jusqu’à ceux de Sayyīdinā Sheikh ʿAbdullah ad-Daghestani, elle fut désignée comme la Naqshbandi-Daghestaniyya.


Et enfin, aujourd’hui, elle est connue comme étant la Naqshbandiyya-Haqqaniyya.





Saiyydina wa Mawlána Muhammed, le Messager d'Allâh (salla-llahu ‘alayhi wa sallam)

Saiyydina Abu Bakr as-Siddiq (radhi Allahu ta'ala anhu)
Salman al-Farsi (405-655)

Qasim bin Muhammed bin Abu Bakr as-Siddiq (656-726)

Al-Imam Ja’far as-Sadiq que la paix soit sur lui (702-765)

Sultânu-l-’Arifin Abu Yazid al-Bistami (804-874)

Abu Hasan al-Kharqani (-1034)

Abu Ali al-Farmadhi (1042/3-1085)

Khwája Yusuf al-Hamadani (1048/49-1141)

Abul-’Abbas Khidr que la paix soit sur lui (-present)

Khwája Khwajagán Imámu-l-Khatm Abdul Khaliq al-Ghujduwani (-1180)

Khwája ‘Arif Righwari (-1219)

Khwája Mahmud al-Faghnawi (-1315)

Khwája Ali Ramitani (1198-1315/1321)

Khwája Muhammed Baba Samasi (-1354)

Khwája Sayyid Amir Kulal (-1370)

Qutb at-Tariqah Shah Muhammed Bahauddin Naqshband al-Uwaysi al-Bukhari (1318-1389)

Khwája Alauddin Muhammed al-Attar (-1400)

Khwája Yaqub al-Sharkhi (-1447)

Hadrat Ihsan Khwája Ubaydullah al-Ahrar as-Samarqandi (1403/4-1490)

Saiyydina ash-Shaykh Muhammed az-Zahid (-1530)

Saiyydina ash-Shaykh Dervish Muhammed al-Bukhari (-1562)

Khwája Hajegi Emkeneki as-Samarqandi (-1600)

Saiyydina Muhammed al-Baqibillah as-Samarqandi (1565-1603)

Saiyydina Mujaddid al-Alfath -Thani Imam Rabbani Ahmad as-Sirhindi (1563-1624)

Saiyydina ‘Urwat ul-Wuthqa Muhammed Ma’sum ar-Rabbani (1598/99-1668)

Saiyydina ash-Shaykh Haji Sayfuddin ar-Rabbani (1639/40-1684)

Saiyydina ash-Shaykh Sayyid Nur Muhammed al-Badwani (-1722)

Saiyydina ash-Shaykh Habibullah Mirza Jan-i-Janan al-Mazhar (1699-1700-1798)

Siyydina ash-Shaykh Ghulam Ali Abd Alllah al-Dahlawi (1745-1824)

Saiyydina ash-Shaykh Diyauddin Abu Naasan Muhammed Khalid al-Baghdadi (1778-1826)

Saiyydina ash-Shaykh Isma’il al-Kurdemiri (-1839)

Saiyydina ash-Shaykh Khas Muhammed Shirwani (1786-1844)

Saiyydina ash-Shaykh Muhammed Effendi al-Yaraghi (1777-1848)

Saiyydina ash-Shaykh Sayyid Jamaluddin al-Ghumuqi al-Husayni (1788-1869)

Saiyydina ash-Shaykh Abu Ahmed as-Sughuri (1789-1882)

Saiyydina ash-Shaykh Abu Muhammed al-Madani (1835-1913)

Saiyydina ash-Shaykh Sayyid Sharafuddin ad-Daghestani (1875-1936)

Al-Fá’id Sultan al-Awliya Shaykh Abd Allah ad-Daghestani (1891-1973)

Sultaan-ul-Awliya Shaykhuna wa-Ustazuna Shaykh Muhammed Nazim Adil al-Qubrusi al-Haqqani (1922-2014)

Shaykhul Islam Sayyidi Wa Murshidi Wa Moulaaee Hazrat Mawlána

Shaykh Muhammed Aadil Sultaan Ibnul Sultaan Naqshbandi Haqqani Daamat Barkaatuhu



jeudi 9 janvier 2014

L’Aïkido une Voie de réalisation de l' Unité - Interview exclusive avec Philippe Doussin








   "Aïkido" en calligraphie japonaise



« La voie du guerrier a été mal comprise comme moyen de tuer et détruire. Ceux qui recherchent la compétition commettent une grave erreur. Frapper, blesser, ou détruire est le plus grave péché que puisse commettre un être humain. La véritable Voie du Guerrier est de prévenir le meurtre, c’est l’Art de la Paix et le pouvoir de l’Amour. » Maître Morihei  Ueshiba .

En lisant ces paroles d’extrême sagesse, nous n’avons pas pu résister d’entamer quelques recherches sur cette voie particulière, qui mérite vraiment qu’on s’y intéresse en ces temps bouleversés .

Pour cela, nous avons demandé à Mr Philippe Doussin (5e dan), auteur du livre  « Comprendre l’essence du Budo » (voir article ci-dessous) et professeur au Dojo Aikido Nantes (lien)  de nous consacrer une petite interview sur le sujet .

Mr Philippe Doussin, bonjour et merci de répondre à quelques questions sur cette voie traditionnelle qu’est le Aïkido .

- Qu'est-ce que le Budo ?

Le budo est un terme générique désignant toutes les disciplines traditionnelles japonaises en rapport avec l’aspect martial de l’existence, au sens le plus large du terme. Parmi ces disciplines on trouve bien sûr l’Aïkido, mais aussi le Kyudo (l’art du tir à l’arc), le Judo, le Karatédo, le Iaïdo, etc..

- Ce sont donc des sports de combat ?

Les Budo ne sont pas des disciplines sportives, mais d’authentiques voies traditionnelles. Dans mon ouvrage “Comprendre l’essence du Budo”, le chapitre “Pourquoi Art plutôt que sports” explique précisément quelle différence il convient d’opérer entre ces deux sortes d’activités humaines. Disons que le sport développe les facultés humaines pour obtenir une performance physique maximum, alors que l’enseignement traditionnel harmonise toutes les modalités de l’être pour le mener au meilleur de lui-même. On pourrait presque dire que l’une est une perspective quantitative alors que l’autre est une perspective qualitative.

- Comment pourrait-on traduire Budo alors ?

La moins mauvaise traduction est “art martial”, la meilleure à mon sens est celle de John Stevens qui a publié de nombreux livres sur l’Aïkido, c’est “l’Art de la Paix” au sens le plus étendu des termes.

Bu est un idéogramme qui est généralement traduit par “Arrêter les lances”, mais comme je l’explique dans mon livre cet idéogramme a une interprétation métaphysique extrêmement profonde qui peut être synthétisée de la sorte : “l’utilisation correcte des moyens d’action pour atteindre un état de plénitude”.

- Cela concerne donc aussi la plénitude de l’être ?

Tout à fait. Le véritable budo est celui qui établit la Paix tant dans l’Empire où vit la multitude des hommes que dans l’Empire intérieur de l’homme. Le Japon est un pays traditionnel où l’enseignement consiste précisément à mettre en conformité les rythmes de l’être humain avec les rythmes universels. Les hommes traditionnels savent depuis que l’homme est homme que lorsque l’intégralité des modalités du microcosme s’accorde à la perfection avec l’intégralité des modalités du Macrocosme, une sorte de résonance illuminative peut se produire si l’être est à proximité (s’il s’est rapproché méthodiquement) de la Flamme Divine. C’est par cette résonance illuminative que l’être accède à la perception transcendante des moyens qu’il convient d’user pour l’établissement de la Paix.

- Quelle est la spécificité de l’Aïkido par rapport aux autres Budo, quelle est son origine ?

Il faut toujours considérer les voies traditionnelles par rapport à la marche cyclique d’un peuple. Le cycle de manifestation d’un peuple traverse des tempérances qui sont homologables aux saisons d’une année. On peut dire sans trop se tromper qu’à chaque changement de saison les voies traditionnelles (qui ont pour fonction de mener tous les hommes du peuple au meilleur d'eux-mêmes) vont connaître des adaptations. C’est lors de ses périodes charnières du cycle (aux inter-saisons), que des êtres remplissent une fonction plus ou moins universelle, en amenant aux hommes les moyens adaptés à la nouvelle saison pour continuer à cheminer vers les états transcendants.

L’Aïkido s’est manifesté lors de la Deuxième Guerre mondiale, à la fin de la saison hivernale du Japon traditionnel. L’Aïkido est l’art de la paix par excellence, qui a été donné pour les hommes d’aujourd’hui. Cette voie traditionnelle synthétise en elle, en quelque sorte, tous les Kobudo (les arts martiaux anciens du Japon) qui remplissaient leurs fonctions pour l’époque féodale du Japon. Mais cela va immensément plus loin, parce que la devise de l’Aïkido est “Masakatsu Agatsu Katsuhayabi Su O’Kami” que je traduis personnellement par “La véritable victoire est se vaincre soi-même pour voguer vers l’instant de l’ultime accomplissement au Cœur du Grand Kami. Le Grand Kami de l’Aïki !” on pourrait aussi traduire la devise de cette façon “la véritable victoire est l’accomplissement de soi au coeur du Grand Kami”. La devise révèle l’origine de l’Aïkido qui est pré-éternelle (“Le bu, c'est être sur la voie de la prospérité et du bonheur. En aiki, il n'y a ni espace ni temps.” Morihei Ueshiba) je dirais, pour utiliser une terminologie Soufie, qu’il est une manifestation prenant sa source directement à la Walâyat. C’est une voie qui n’est rattachée à aucune forme traditionnelle particularisée et qui peut donc les épouser toutes. Elle est une Voie qui permet de cheminer vers un pur Acte d’être, un Amour d’être absolu, une Conscience d’être absolue.

- Cela me fait penser que dans l’ésotérisme islamique, nous avons la notion de Es-Sakînah (la « grande paix ») qui est la « présence divine » au centre de l’être, impliquée par l’union avec le Principe (voir ici dans  les « Aperçus sur l'ésotérisme islamique et le taoïsme » de René Guénon )

À propos de la  doctrine qu’il est convenu d’appeler de l’Unicité de l’Être (Wahdatu-l-Wujûd), Abû Hâmid Al Ghazâlî At Tûsî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) dit dans son célèbre ouvrage intitulé Ihyâ ‘Ulûm Ud Dîn : Le dernier degré (le quatrième voir ici ) du Tawh’id ( « réalisation de l’Unité », « conscience de l’Identité essentielle » ) consiste à ne voir qu’un Seul Être dans l’existence. Il s’agit de la contemplation de ceux qui n’accréditent que la Vérité (as siddiqîn). Les Soufis nomment ce degré « l’extinction (al fanâ) dans l’Unicité », car celui qui y parvient – du fait qu’il ne voit qu’un Être Unique – perd la perception et la conscience de sa propre personne, car il est submergé par la perception de l’Unicité ; il est éteint à lui-même au moment même où il proclame l’Unicité, c’est-à-dire qu’il ne se voit pas, ni a fortiori les autres créatures. »

Pouvez-vous nous expliquer cette notion dans la voie de l’Aïkido ?

Le mieux est de laisser parler le Fondateur lui-même, à travers différents extraits recueillis dans les conférences qu’il donna à la fin de sa manifestation terrestre :

“L'aikido est le principe de la lignée unique des dix mille générations de l'univers. L'aïkido est la vérité reçue du ciel, l'agissement merveilleux de l'aïki de takemusu[1]. L'aïkido est la voie d'harmonie du ciel, de la terre et des hommes. Mais encore, l'aïkido est la voie d'ordonnance des dix mille choses. L'aïkido, c'est l'agissement merveilleux du kototama[2], c'est la grande voie de la purification de l'univers.

Les personnes réfléchissant cette voie se doivent de servir comme gouverneurs à l'achèvement de l'univers en un seul Royaume. Exécutant notre mission d'êtres humains, nous devons être les jalons vers la grande famille du monde. Concernant cela, bien s'éveiller aux vérités principielles et factuelles de l'univers, devenir le noble coeur du Grand Dieu, apprendre d'une manière inspirée de la forme et du comportement du Grand Dieu de ce grand univers, et devenir le comportement du glaive, doit servir à mener [l'univers à son achèvement].

En aïkido, il faut absolument se tenir debout sur le pont flottant du ciel[3] « Ame-no-uki-hashi-nitatashite ». Cela, en effet, est nécessaire pour retourner à l'unité avec les parents de l'origine première, l'esprit de la grande origine et le Grand Dieu. Si même, il n'y a rien d'autre, il faut se tenir sur le pont flottant. C'est le fait de s'employer à se conformer soi-même à la pratique de chinkon kishin[4], en faisant de soi un néant face au Grand Dieu.

L'acte divin primordial, c'est le fait de s'harmoniser, de s'unifier et de devenir semblable au Dieu qui est un Grand Dieu et créateur. En d'autres termes, cette méthode consiste à venir à bout de la tâche qui nous a été impartie, à progresser vers l'unification avec l'âme divine de l'esprit. C'est devenir semblable au grand univers.

Aussi, l'esprit en tant qu'esprit et le corps en tant que corps doivent être mis en ordre. Après avoir ordonné l'esprit et le corps, chacun progressera vers le ki, le flux, la douceur, la force et leurs mondes. Puis mettre les frontières du ki, du flux, de la douceur et de la force correctement en ordre, et comprendre clairement par l'expérience, c'est ce qui s'appelle la conscience divine.
Devenir l'esprit et le corps de cet univers, et pratiquer la lumière de l'harmonie est ce que, maintenant, je nomme l'aïkido.”

“Alors, en se tenant sur le Pont Flottant du Ciel, la totalité du grand univers et ce qu'on appelle le Soi ne sont pas différenciés, ils deviennent un. La voie du travail du Dieu de l'Origine Unique s'appréhende ainsi clairement au sein même du corps propre.

Lorsque je prie les dieux en leur offrant un norito[5], le Ciel et la Terre deviennent un, et se rassemblent en mon centre le soleil, la lune et les corps célestes, et aux alentours, une merveilleuse énergie. On pense que le Ciel est un lieu transcendant, mais, en vérité. Terre et Ciel ne sont qu'un. C'est ainsi que le travail de sa propre mission à l'instar de la respiration de la lune, du soleil et des corps célestes, à l'instar de la respiration de la marée, apparaît librement. En me réjouissant avec la lune, le soleil et les corps célestes, dans cet état de grâce, je verse des larmes de gratitude.
Cette puissance vertueuse, l'extrême vérité de ce monde, l'extrême bienfait, l'extrême sagesse, l'extrême puissance vertueuse scintillent de façon sacrée ; le fait de ne faire qu'un avec soi-même doit être regardé comme éminemment bénéfique. Cela ne peut être exprimé avec des mots. Il n'y a pas de mots pour exprimer le vrai, le bon et le beau. En ce monde, la gloire de l'extrême vérité et de l'extrême bienfait de l'être humain s'accomplissant, on peut faire l'expérience de cet état supérieur dans le monde humain. Jour après jour, il faut regarder comme hautement bénéfique de ne pas créer de séparations au coeur de l'allégresse des dix mille choses réunies.”

“C'est parce qu'il y a l'univers en moi. C'est parce qu'il y a tout. Parce que l'univers est moi-même. Parce que je suis l'univers, moi-même, je ne suis pas. Ou encore, parce que moi-même suis l'univers, seul moi-même existe.”
“Lorsque de nouveau après quelques jours je me tenais là, il n'y avait plus ni sabre ni moi-même, ni nuages de lumière. J'avais l'impression de subsister dans l'ensemble de l'univers. À ce moment-là, il n'y avait pas non plus de ki de lumière blanche. L'univers, jusque dans ses extrémités, était régi par ma propre respiration Et l'univers était entré dans mon ventre.”

- Quel est le  cheminement pour arriver  à cette « extinction » du « moi (El-fanâ) ?

Il ne faut pas se leurrer, entrer dans une voie et pratiquer les techniques d’une voie, même si elle est une voie de réalisation spirituelle intégrale, n’est pas la condition suffisante pour accéder à la phase ou l’extinction se produit. Par contre la voie est la condition nécessaire pour y parvenir parce qu’elle est détentrice de ce que le Fondateur de l’AÏkido appelle “le cordon du lien de l’Âme Universelle” qui est une terminologie pour parler des Influences Spirituelles ou Baraka. Le Fondateur dit que l’accès à l’état où l’on pratique le takemusu aïki, demande de nouer les cordons du lien de son âme aux cordons du lien de l’Âme Universelle. Cette ligature se produit au fur et à mesure que l’on avance à travers les grades. Takemusu signifie “Enfentement Céleste des techniques de paix”, c’est un état où la conscience du pratiquant est “annihilée” en la Conscience Universelle. Les techniques ne sont plus exécutées suite à un raisonnement médiat, mais parce qu’elles jaillissent spontanément d’une réalité plus grande (l’enfantement céleste) pour faire de la réponse à un désordre, un agissement merveilleux où l’attaquant est maîtrisé et non pas détruit. Cela va même plus loin, puisque l’agissement merveilleux doit convertir l’attaquant à la Paix.

Pendant la pratique de l’Aïkido on ne parle pas de spiritualité, on expérimente les lois d’action-réaction, on chemine pendant de très longues années vers l’acquisition du geste pur pour chacune des techniques en rapport analogique avec les lois cosmiques. C’est précisément parce que les techniques d’Aïkido sont en résonance analogique avec les lois cosmiques et parce que le pratiquant est en lien avec les cordons du lien de l’Âme Universelle, que petit à petit il accorde ses rythmes intrinsèques aux rythmes cosmiques et ne fait plus qu’un avec eux. Cependant cette fusion progressive, devra passer par une étape déterminante que l’on peut imager par une extinction de son énergie animatrice suivie par une ré-animation par une nouvelle énergie d’origine divine. Ce moment est ressenti et correspond à une authentique mort, immédiatement suivie par une régénération extraordinaire. Sur le plan intellectuel, cette phase est l'aboutissement de la méditation et de l’acceptation intégrale de l’abandon de son importance propre qui, en Aïkido, est induit par la recherche de la perfection qui implique de faire taire sa volonté propre pour que la technique requise par la nature de la relation à l’instant présent entre l’attaquant et le défenseur surgisse spontanément dans le coeur de l’être.

Avant d’arriver à ce stade, le pratiquant apprend :

1- à conjuguer harmonieusement le yin et le yang (dur et souple, fort et relâché, présent et effacé, etc). Faire de ce qui parait opposé, des modalités complémentaires.

2- à reconnaître l'autorité de l'état de maîtrise,

3- à vivre l'épuisement contre l'état de maîtrise,

4- à accéder à l’état de maîtrise,

Puis, suivant la nature intrinsèque du pratiquant, viendra (ou ne viendra pas de son vivant) le plus difficile :

5- fléchir devant l'Autorité de Ce qui est Seul à véritablement Exister,

6- reconnaître cette Autorité Suprême,

7- découvrir sa mission désignée,

8- accepter sa mission désignée,

9- la mener à son terme,

10- entrer définitivement dans le Mystère.

Cet avancement peut également être rapporté à une progression dans l’abandon de sa volonté propre :

- Abandon du statut d’être profane,

- Abandon du désir de puissance,

- Abandon du bien et du mal (de la moralisation),

- Abandon de sa souveraineté propre,

- Abandon de sa vie individuelle,

- Abandon de son attachement terrestre,

- Abandon du désir de faire par soi-même,

- Abandon de sa détermination sexuelle,

- Abandon de tout intérêt propre,

- Abandon de son hypostase.

- Que faut-il entendre par résonance analogique des techniques avec les lois cosmiques ?

Cet aspect est développé dans mon livre au chapitre “De la technique au principe par la relation analogique”. Mais je peux en dire quelques mots ici. L’Aïkido se pratique au sein d’un Dojo, qui est un lieu édifié à l’image de l’organisation cosmique, tant par son ordonnancement, les appellations des différentes parties constitutives, les règles de déambulation et de manière d’être de ceux qui s’y trouvent. On entre dans le Dojo en s’inclinant et l’on monte sur le tatami en opérant un retournement symbolique (entrée en marche arrière, retournement vers le mur sacré, prosternation). Tout commence et finit par un salut (prosternation) tourné vers le mur qui donne l’orientation vers ce qui est au-delà de toute détermination et en lequel le Fondateur s’est annihilé (le portrait du Fondateur est accroché sur le mur). L'entraînement proprement dit est le chemin vers le perfectionnement de l’exécution de techniques visant à projeter ou immobiliser l’attaquant de façon harmonieuse et en préservant l’intégrité tant de soi-même que de cet attaquant.

Tous les rapports de force sont mis en oeuvre :

- Le pratiquant joue tour à tour le rôle de l’attaquant et du défenseur.
- il exécute les techniques à genou avec un attaquant à genou ou debout. 
- il exécute les techniques debout avec un attaquant debout.
- Les attaques sont produites de face ou par l’arrière
- Les techniques sont de nature Omoté (en passant devant le partenaire) ou ura (en passant par l’arrière du partenaire)


Il existe cinq principes de base (5 techniques) en relation analogique avec la doctrine des cinq éléments de la tradition extrême orientale et le cycle dénaire utilisé en médecine chinoise (ci-dessous).






Le premier principe (Wou-Tchi) est le principe “mère” des quatre autres. Il répond à la notion d’alternance cyclique (vie/mort, inspire/expire, etc…). Les quatre autres techniques sont en relation analogique avec les tempérances saisonnières d’une année archétypale. Ainsi chaque attaque est jugulée par une réponse correspondant à cinq forces/principes : une force d’absorption/retournement pour le principe central (la saison centrale de la tradition Extrême-orientale), une force germinative pour la technique du printemps, une force enveloppant intégralement l’attaquant pour la saison d’été, une force punitive pour la saison automne, une force entrant au coeur de l’action et la brisant en son milieu pour la saison hivernale. Ces 5 principes se déclinent sur pratiquement toutes les attaques. Il existe ensuite des techniques répondant à des grands principes existentiels : Terre/Ciel, techniques sur les attaques arrière pour le travail sur la clairvoyance, etc..

Ensuite pour celui qui attaque et subit la technique la notion de chute est tout à fait fondamentale, car elle met en oeuvre la notion de retournement, qui doit être vu comme le franchissement mystérieux d’un cycle à un autre. La variété des chutes sont des réponses aux différentes façons de terminer un cycle : chute avant (basculement en avant), chute arrière (basculement en arrière), chute claquée (déséquilibre en plein mouvement, chute exécutée au-dessus du sol avec réception par claquage du bras sur le sol), chute tampon-buvard (balayage du bas du corps), et enfin la chute la plus difficile et la plus libératoire dite chute “feuille morte” (blocage du haut du corps en pleine course avant).

À travers la recherche de la maîtrise de tous ces aspects, le pratiquant chemine vers une première étape fondamentale qui est celle de “trouver son centre”. Cette accession s’opère mystérieusement suite à une pratique constante sur de longues années, lors desquels il faudra vivre des phases d’épuisement. La révélation de son propre centre est un préalable pour accéder à la phase où l’être entre véritablement dans le domaine purement spirituel. Lorsque l’on a “trouvé son centre” tout semble révoluer autour de lui. Et ce qui fait l’entendement de l’être est ressentit comme un Aurige sis au-dessus de ce centre. Rien ne semble pouvoir ébranler l’immutabilité de ce Centre et la verticalité de l’Aurige. L’aspect axial de l’être se construit progressivement à partir de ce Centre immuable.

Mais il y a un autre aspect extrêmement important dont j’ai parlé tout à l’heure c’est “l’abandon de la volonté propre” sur lequel les pratiquants travaillent presque malgré eux. En effet, la pratique de l’Aïkido correspond à l’exécution d’une technique visant à annihiler une attaque. Or, ce que l’on apprend en cheminant vers le geste pur c’est que le déroulement de cette technique n’est jamais aussi efficace que lorsqu’il correspond à ce qui est nécessité par la situation engendrée par une attaque et non pas par ce que décide spéculativement la volonté propre. C’est là une vérité si profonde, si implacable, mais aussi si terrible pour cette volonté individuelle qui revendique son autonomie, que l’être développe des stratégies de contournement considérables pour ne pas voir que c’est là la seule issue conduisant à la Perfection. Ainsi, ces stratégies conduisent le pratiquant, par exemple, à ne choisir que des adversaires conciliants, à devenir un professeur ne démontrant les techniques qu’avec des élèves parfaitement complaisants. Elles peuvent aussi conduire à tomber dans l’usage outrancier de la force physique ou du mysticisme inconsistant. Il y a mille façons finalement d’échapper à ce travail sur l’abandon de la volonté propre, qui n’est pourtant pas se diminuer, mais bien au contraire s’augmenter en s’accordant parfaitement et indéfectiblement à une volonté plus grande, la Volonté Universelle.

Quels sont les rapports Maître-disciples ?

Évidemment ce point est tout à fait fondamental parce que c’est à travers le principe existentiel “I shin den shin” (de mon coeur à ton coeur, du disciple et du Maître) que le lien avec les cordons du lien de l’Âme Universelle s’établit de façon effective. Le principe “I shin den shin” est ce qui rend possible l’établissement d’une chaîne reliant le coeur (le coeur est ici le coeur symbolique de l’être) du pratiquant au Coeur Universel.  Pour que chaque pratiquant soit en lien, il faut que la chaîne suivante soit scrupuleusement respectée :

Pratiquant←Professeur←Haut gradé←Shihan[6]←Gardien de la Voie actuel←Gardiens de la Voie défunts←Fondateur transfiguré en Roi Dragon[7]←Tao. Le principe “I shin den shin” est respecté lorsque le receveur porte dans son coeur le détenteur par délégation de l’autorité spirituelle et réciproquement. “Porter dans son coeur” signifie que la reconnaissance par le receveur de l’autorité de son supérieur doit être sans faille de la même façon le supérieur doit recevoir l’élève avec bienveillance et exigence. Cette qualité de la relation entre chaque maillon est non seulement conditionnée par le rapport hiérarchique défini par les grades, mais aussi par une affinité particulière au niveau de la manière d’être qui s’exprime à travers la pratique des techniques. Ceci pour dire que le disciple doit trouver son Maître.

C’est pour le respect de l’efficience d’I shin den shin, que le plus haut gradé est toujours celui qui dirige un cours. De la même façon, lorsque le pratiquant va entrer dans les hauts grades, le choix d’un maître (Shihan) avec lequel il est en totale affinité devient une nécessité impérieuse.

C’est parce que c’est par l’âme que l’être se met en lien avec ce qui n’est pas encore constitutionnellement sien que l’enseignement traditionnel utilise ce moyen pour réaliser l’union avec ce qui est totalement inconditionné. Il faut pour cela sur terre un être dont l’état est uni à ce domaine (ce qui se tient au-delà de la Face Divine) pour qu’une nouvelle voie puise être instituée, puis il faut qu’une délégation s’opère continûment dans le temps pour qu’elle conserve sont efficience. Lorsque la fonction de la voie sera parvenue à son terme, elle se dissoudra d’elle-même. À ce propos voir “Comprendre l’essence du Budo” le chapitre “Le passage à la limite, fondement des grades et responsabilité du Gardien de la Voie “.

Il y a donc une véritable chaîne de transmission initiatique pour l’Aïkido ?

Oui, absolument. C’est le fondement même des voies de réalisation spirituelle. C’est par la chaîne initiatique (silsila) que le lien avec le domaine transcendant s’établit. Cette doctrine a rapport avec un évènement transcendant fondamental correspondant au moment où s’est établi le lien entre l’homme et l’un des Moniteurs du monde qui a été sacrifié pour ressusciter (dans certaines traditions comme la tradition Japonaise, ce moment n’est pas décrit sous forme de sacrifice mais sous forme d’un voyage du Moniteur dans le monde des morts). C’est lors de cet évènement que des composantes psychiques en lien avec l’aspect immortel du moniteur sacrifié sont confiées aux hommes. Dans la tradition chrétienne par exemple le sacrifice du Christ est une réplique de cet évènement mythique. D’ailleurs le sang versé à cette occasion est d’une importance déterminante par rapport à la possibilité de réalisation spirituelle.

Y a -t-il aussi le concept du "secret" initiatique ?

Non et oui. Non parce qu'il n'y a aucun savoir tenu secret, aucune technique tenue secrète. Oui parce que le véritable secret est celui de la Perfection, le secret pour accéder à la Perfection du geste ? Ce secret n'est pas transmissible par les mots. Ce n'est que par l'expérience que l'on peut espérer le percer. Je vais vous raconter une anecdote qui m'est arrivée il y a quelques mois. Cela fait trente ans que je pratique l'aïkido. Or ce qui est advenu ce jour-là ne s'était jamais produit auparavant. C'était à l'occasion d'un stage avec mon maître. Il nous montrait une technique en abordant un aspect très délicat de celle-ci où il est nécessaire d’induire sur l’attaquant une réaction telle qu’il lui soit impossible par la suite d’empêcher le déroulement de la technique. Cette induction est en fait une parfaite non-intension de la part de celui qui effectue la technique de défense. Induire une absence de réaction, mettre l’attaquant dans la non-puissance. Autant dire que c’est là une réalisation qui a rapport au secret dont nous parlons ici. Nous nous mettons donc tous à travailler cet aspect entre élèves. Le Maître passant pour corriger les pratiquants vient me voir et joue le rôle de l’attaquant. Alors que je ne parvenais pas a résoudre cette problématique, alors que les premiers essais avec le Maître se sont avérés des échecs, par son intention et sa manière d’être soudain quelque chose s’est produit. Il y a eu comme le transfert d’une influence insaisissable et je compris comment réaliser ce qu’il nous avait montré. Ce que je compris là n’est pas explicable, il s’agit d’une parfaite adéquation entre l’intention, le possible et l’action effective. 

À notre époque, y a-t-il encore des Maîtres réalisés spirituellement comme le fut  Maître Morihei Ueshiba ?

Je vais répondre à cette question en deux temps. O’Sensei à eu droit d’accéder à une station spirituelle des plus élevée pour donner l’Aïkido aux hommes. Il n’y aura donc pas d’autre Morihei Ueshiba. O’Sensei a mené à terme sa mission, c’est-à-dire qu’il à structuré la Voie de l’Aïki pour qu’elle soit pleinement efficiente lorsque son hypostase ne sera plus présente sur terre. Voilà ce qu’a dit le Fondateur :

“Pour «ubuya[8]'», on a construit le dôjô de Iwama dans la préfecture de Ibaraki. Il est petit, mais c'est un dôjô qui résonne dans le monde.
Il a été édifié en suivant les indications divines.

On n'a pu construire qu'un petit sanctuaire, mais nous l'avons reçu du Ciel conformément aux indications divines. Dans ce sanctuaire sont honorées les cinq divinités fondatrices. Il a été fabriqué suivant les indications de la grande divinité Sarutabiko[9]. Ce n'est pas moi qui l'ai fabriqué. Ça passe bien par moi, mais en réalité, je ne fais que bouger conformément à la grande divinité. Cette fois-ci, on en a construit un petit, mais c'est un oratoire. Il est petit, mais il résonnera dans le monde. Tout se déroule bien, depuis le mois dernier, on a bien avancé, et on progresse chaque jour.”

Ce sanctuaire fut créé en 1940 un deuxième plus important fut édifié en 1962.
La mise en lien des pratiquants de l’Aïkido avec les cordons du lien de l’Âme Universelle (les Influences Spirituelle) est assurée tant par l’intermédiaire du sanctuaire d’Iwama, que par l’institution du DoShu et des Shihan. Le Doshu est détenteur des composantes psychiques liées à l’Âme Universelle en raison de la transmission par métempsychose qui s’opère à travers l’héritage agnatique (le Doshu est nécessairement fils du défunt Doshu). Cependant la véritable source est le sanctuaire d’Iwama. Les Shihan (étymologiquement signifie Modèle) sont en quelque sorte les “lieu-tenants” délégués par le Doshu pour assurer la transmission des influences dans les pays éloignés du Japon. Les Shihan sont désignés parmi les pratiquants disposant d’au moins le 6ème Dan. Lorsque l’on s’adresse à ces personnes, on doit associer à leur nom le titre de Sensei (Maître).

Pour répondre à la question, il faut dire qu’il n’y a pas encore de Maître réalisé tel que l’a été Morihei Ueshiba. Par contre les pratiquants de la Voie de l’Aïki cheminent tous vers l’accomplissement spirituel qui leur est intrinsèquement dévolu.

Y a-t-il une raréfaction des Maîtres comme dans le soufisme ?

Il n’y a donc pas raréfaction puisque l’Aïkido est une voie jeune. Il y a un travail spirituel profond qui est en train de se produire partout dans le monde.

Existe-t-il encore des stations spirituelles supérieures au 6e dan du Shihan (maqamat) comme dans le taçawwuf ?

Je dirais que la première station véritablement spirituelle est située théoriquement au 5ème DAN. Dans mon ouvrage “Comprendre l’essence du Budo” au chapitre “Les nombres simples symboles des états multiples de l’être” j’ai présenté comment les dix grades pouvaient être rapprochés de la symbolique des nombres simples de la tradition Extrême-orientale. Le 5ème Dan marque théoriquement le stade où l’être meure à lui-même pour renaître au monde spirituel. Les grades précédents (de 1 à 4) ont consisté à faire coïncider le centre de l’être avec le Centre du Monde. Le 4ème Dan est un grade important, c’est celui où théoriquement le coeur de l’être est éprouvé. Les grades qui suivent le 5ème Dan vont consister à accomplir l'ascension spirituelle en découvrant et accomplissant sa “mission désignée”. Le 6ème Dan peut être associé à la devise “En contact avec le Ciel”, le 7ème à la devise “La Grande Geste”, le 8ème à la devise “Le passage à la limite”, le 9ème à “Accomplir sa mission”, le 10ème à “l’Achèvement de la mission”.


[1] takamusu : “enfantement céleste” état où le pratiquant est uni à la Conscience Universelle.

[2] kotoama : généralement traduit par “mot âme”, ou “mot esprit”. Il s’agit de la science de l’être en rapport avec le verbe. On peut traduire Kototama par “Entendement transcendant”.

[3] Voir notre livre “Comprendre l’essence du Budo”, au chapitre “Derrière la Porte, le Pont Flottant du Ciel”. Cette expression caractérise un état de clairvoyance. La conscience de l’être est sise dans un domaine extra-temporel et extra-spacial.

[4] Méthode pour calmer l'âme et s'unir avec le divin Chinkon Kishin est une pratique du shintô ancien que Ueshiba a apprise auprès du révérend de l’Ômoto-Kyô, Deguchi Onisaburô.

[5] Invocations sacrées.

[6] “Modèle”, Le Shihan porte le titre de Maître.

[7] À propos de cet état voir “Comprendre l’essence du Budo”, “la purification, combler les carences, aplanir les excès pour accéder à la plénitude”, page 200-201

[8] Le sens premier du terme ubuya est maternité. C'est le lieu d'accouchement. Cela est bien évidemment à prendre dans un sens spirituel.

[9] Divinité gardienne du Pont flottant du Ciel, Maître des kamis terrestres



Petite dissertation cinématographique sur l'Aïkido sous l'éclairage de Maître Christian Tissier ShiHan par Philippe Doussin  (2013)



Démonstration d'Aïkido par Philippe Doussin 5e Dan et ses élèves pour les 30 ans de La Chapelaine Karaté. En présence de la Femme et de la fille de Maître Kasé. (2011)



                                  Document  rare d'une démonstration du Maître Morihei  Ueshiba en 1957






                                               Maître Morihei  Ueshiba  (1883-1969)