بـــسْم ﭐلله ﭐلرّحْمٰن ﭐلرّحــيــم ﭐللَّهُمَّ صَلِّ عَلَى سَيِّدِنَا مُحَمَّدٍ وَ عَلَى آلِهِ و صحبه وَ سَلِّمْ السلام عليكم و رحمة الله و بركاته
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mercredi 30 mars 2016
dimanche 27 mars 2016
Biographie d’El-Hâdj Ibrâhîma NIASS - Harouna Amadou LY
Par Harouna Amadou LY dit Harouna Rassoul,
Maître ès-lettres, professeur certifié d’Histoire, à la retraite à Dakar.
El-Hâdj
Ibrâhîma NIASS dit Bâye ou Barham ou Cheikh al-islam a vu le jour
le 15 du mois lunaire rajab 1318, correspondant au jeudi 8 novembre
1900, à Taïba-niassène fondé en 1868 par son père El-Hâdj
Abdallâh Tafsîr Mouhammad NIASS.
Sa
mère Saïdâ Aïcha DIANKHÂ dite Astou, décédée en 1938, était
une femme très pieuse et vertueuse. Son époux avait prédit : «
Cette femme donnera naissance à mon héritier spirituel et il ne
peut en être autrement. »
D’ailleurs,
dans la préface qu’il a faite à Kâshifoul albas ou la levée des
équivoques, traité fondamental du soufisme et de la voie tidjâne
écrit en 1931 par Bâye, Cheikh Alioune CISSE, disciple, gendre et
premier imâm de la mosquée de Madîna-Bâye, relate : « Tout au
début de la grossesse d’Aïcha DIANKHÂ, celle-ci vit en songe
qu’elle se tenait sur quelque chose, qu’il y avait en-dessous
d’elle un puits, quand soudain se fendit la lune venant de l’est
et tomba sur elle. Elle eut très peur à son réveil et se confia
très tôt le matin à son mari, El-Hâdj Abdallâh NIASS. Ce dernier
la calma et la pria de garder le secret …
Cheikh Alioune CISSE
A
la naissance de Bâye, son père demanda à sa mère : « as-tu de
l’espoir pour ton enfant? » Elle répondit : « oui, j’espère
beaucoup de biens en lui, qu’il soit vertueux, pieux, s’il plaît
à Dieu. » El-Hâdj Abdallâh renforça : « oui, je l’espère
aussi si Allâh lui accorde une longue vie.»
El-Hâdj
Abdallâh fut initié à la Tidjâniyya par Thierno Mamadou Ibrâhîma
DIALLO, un disciple de Cheikh Omar TÂL, tout comme le fut Seydi
Alphâ Mâyoro WELE, oncle maternel et instructeur d’El-Hâdj
Mâlick SY.
La
première mouture de sa lignée omarienne est la suivante : El-Hâdj
Abdallâh NIASS-Thierno Mamadou DIALLO-Cheikh Omar TÂL-Seydî Abdoul
Karîm Ahmed Nagguel ou Nadel DIALLO-Seydî Mawloûd FÂL
(1773-1852)-Cheikh Muhammad HAFIZ (1759-1830)-Cheikh Ahmed Tidjâny
(1737-1815).
La
seconde est : El-Hâdj Abdallâh NIASS-Thierno Mamadou DIALLO-Cheikh
Omar TÂL-Seydî Mouhammad al Qâli-Cheikh Ahmed Tidjâni.
El-Hâdj Abdallâh prit l’éducation de Bâye en main. Il lui enseigna le Coran et les hadiths que le surdoué mémorisa très tôt, puis la târiqâ tidjâne et les autres sciences liées à la religion.
Tout
au long de son éducation religieuse, Bâye aura étudié l’exégèse,
le droit musulman, l’arabe, la métrique, la rhétorique, la
biographie du Prophète (psl) tout en cultivant un goût prononcé
pour la mystique islamique ou tasawouf qui, selon Aboûl Abbâs
Tidjâni « est la pratique des préceptes divins et le renoncement
aux intérêts terrestres dans l’apparent comme dans le caché,
comme Dieu le veut et non comme tu le veux. »
A
l’âge de 21 ans, déjà devenu un érudit accompli à l’heure où
ses homologues jouissaient encore de la plénitude de leur jeunesse,
Bâye publia Roûhoul Adab ou l’Esprit de la bonne conduite qu’il
considère comme un conseil fraternel destiné à ses lecteurs.
Au
total, il laisse à la postérité plus vingt œuvres écrites d’une
valeur philosophique, ésotérique et littéraire indubitable dont un
poème de 2972 vers intitulé : Taysîr el wousoul ilâ hadrati
Rassoûl ou Moyen d’atteindre facilement l’Apôtre.
Du
09 juillet 1922, date de disparition de son père, à fin 1929, point
de départ officiel de sa mission, Bâye se mit à l’ombre de son
grand frère Cheikh Mouhamadou ben Abdallâh ben Mouhamadou al-Aamin
NIASS dit Mouhamadou Aminata, alias Khalifa—né à Sélik le 29
juillet 1881 et décédé à Kaolack le 1er mars 1959) — en
dispensant des cours dans les écoles coraniques ouvertes par son
père à Taïba, Kôssi et Kaolack. Déjà, son érudition lui attira
de nombreux adeptes mais aussi une foule d’ennemis.
En
fin 1929-début 1930, alors que la crise économique qui venait
d’éclater aux Etats-Unis commençait à embraser le reste de la
planète, Bâye NIASS déclara à la face du monde qu’il était ce
saint annoncé par Mawlânâ Cheikh Ahmed Tidjâne comme son propre
héritier et le seul habilité à propager la Faydâ décrite par
Aboûl Abbâs en ces termes : « l’effluve viendra avec un de mes
disciples à tel point que les hommes entrent dans notre voie
(târiqâ) par groupes, par peuples. Cette Faydâ adviendra à un
moment où le monde éprouvera de grandes difficultés.
Selon
Bâye, « la sagesse de l’apparition de cette Faydâ à cette
époque pervertie s’explique par la faiblesse de la foi dans le
cœur des hommes et par la multitude des voies perverses et
perdantes.
Or
cette communauté (islamique) est une communauté vénérable (auprès
de Dieu) et alors fut ouverte et déversée, vers eux, l’effluve
des connaissances gnostiques et des Vérités Essentielles pour
qu’ils retournent à la source de la foi naturelle. ».
Un
vendredi, lendemain d’un mawlîd-an-nabî, ou commémoration de la
naissance du Prophète Mouhammad (psl), vers neuf heures, Ibrâhîma
Abdallâh NIASS, alors connu sous le pseudonyme d’Ibrâ Asta,
déclara : «Que celui qui veut connaître Allâh et le çâhiboul
(détenteur) faydou me suive, qu’il soit homme ou femme, jeune ou
vieux ! »
Les
assistants étaient comme interdits. N’ont-ils pas été informés
de la mission secrète de Cheikh Abdallâh Oud Hâdj el Alawi, père
de Mishri ? Après avoir testé le jeune Ibrâhîma, alors âgé de
dix ans, le saint homme dit à El-Hâdj Abdallâh : « Ton fils n’a
nullement besoin d’être parrainé par une créature car Dieu le
très-Haut l’a élu ».
A
Bâye, il confia : « Une Faydâ te viendra entre les mains en vérité
et sans aucun doute ; et si un autre prétend la détenir, ce ne sera
là que mensonge ; mais tu verras à ton égard de la méchanceté
telle qu’aucun de tes prédécesseurs n’en a jamais vu…Tu es le
plus grand homme de la voie tidjâne de tous les temps. » Pour dire
que le jeune garçon était celui annoncé par Cheikh Ahmed Tidjâne
comme futur réformateur de la Tidjâniyyâ.
«
La Faydhâ (ou inondation en arabe) est une expression métaphorique
qui traduit l’adhésion massive d’hommes et de femmes à l’islam
et à la Târiqâ tidjâne.
Véritable
mosaïque des peuples, les fidèles, rassemblés autour de leur
maître et nourris de la sève spirituelle, constitueront une famille
unie dans la foi en Allâh, toutes différences ethniques,
culturelles ou sociales fondues dans l’Unicité divine. » D’après
Mouhammadou Mahdy NIASS in « Bâye NIASS le défenseur de l’islam
», tome 1, Imprimerie Cheikh al-Islam El-Hâdj Ibrâhîm NIASS, page
30
Rappelons-nous,
Cheikh Ibrâhîm a commencé sa mission vers 1929, année marquant le
début de la grande crise économique. Avant l’avènement de Cheikh
Ibrâhîm, bien des hommes s’étaient proclamés maîtres de la
Faydhâ ; mais aucun d’entre eux ne répondait entièrement aux
critères autant que lui. En outre, ce point de vue a été corroboré
par plusieurs leaders Tidjânes qui reconnaissent que Cheikh Ibrâhîm
était réellement le professeur de la Faydâ.
Le
professeur Ibrâhîm Mahmoûd Diop cite à cet effet une parabole
qu’il a entendue de Cheikh Ibrâhîm : « Imaginez cinq choses,
avait-il dit : imaginez un puits sans fond, ce n’est donc pas un
puits ordinaire, pensez-vous, mais un puits insondable.
Imaginez
ensuite un travailleur infatigable chargé d’en puiser
continuellement de l’eau. A cet homme inlassable, confectionnez un
seau d’un cuir inaltérable. Et tout près du puits, supposez qu’il
y ait un bassin qui, à la longue, va être plein.
Imaginez
enfin, une eau si précieuse qu’on ne peut ni verser par terre, ni
remettre dans le puits déjà plein à déborder. La question, est la
suivante : Que faire de cette eau, lorsque le bassin sera rempli ?
Une réponse : Construire le plus de bassins possible autour du puits
pour recueillir cette eau.
Dans
cette parabole, le puits représente Allâh, l’Etre Suprême et
Eternel. L’eau est la gnose divine et l’expérience. Le seau en
cuir est le Prophète (psl).
A
ce sujet, un proverbe soufi révèle : « Sans intermédiaire, nul ne
peut jamais atteindre un quelconque objectif »… et le Prophète
(psl) est le plus grand médiateur entre la création et Allâh.
Le
travailleur, dans cette parabole, est Cheikh Ahmad at-Tidjâni.
Le bassin est un guide spirituel d’exception qui est tant et si bien versé dans la gnose divine qu’il doit transmettre aux autres cette connaissance sublime sinon, elle débordera. Cheikh Ibrâhîm NIASS est le professeur de la Faydâ.»
Le bassin est un guide spirituel d’exception qui est tant et si bien versé dans la gnose divine qu’il doit transmettre aux autres cette connaissance sublime sinon, elle débordera. Cheikh Ibrâhîm NIASS est le professeur de la Faydâ.»
D’après
Cheikh Hassan CISSE in Cheikh Ibrâhîm NIASS, le vivificateur de la
sunnah, New York Publication, pages 16 et 17.
Cheikh
Alioune CISSE, Serigne Mbaye NIASS, Cheikh Omar TOURE, Mâme Abdou
NIANG, Cheikh Ibra FÂL, Cheikh Mahmoud NIASS, Tafsîr Mahmoud DIOP,
Serigne Ousmane NDIAYE, Cheikh Omar THIÂM dit Bâye Mallé mais
aussi Thierno Oumar KANE, Thierno Abdallâh SÂKHO, Thierno Yahyâ
Oumar LY, Thierno Madâdo DIATTARA et Thierno al-Hassane DEME ne se
firent pas prier. Ils furent parmi les premiers à avoir répondu à
l’appel de Bâye qui dut quitter la concession paternelle sise à
Léona au mois lunaire shawwal 1349 ou février 1931.
Selon
Cheikh Alioune CISSE, Bâye transita par Kôssi avant de fonder,
entre les lundi 12 et 19 zoulqâda 1349, plus précisément le
vendredi 03 avril 1931, la bourgade de Madîna où il y érigea une
mosquée de 24 m de long sur 14 m de large. En 1958, une première
extension est opérée sur les flancs de ce lieu de culte. Une
seconde est réalisée en 1981.
Inaugurée
officiellement le vendredi 26 février 2010, la grande mosquée de
Madîna-Bâye est haute de 65 mètres correspondant aux neuf étages
de son minaret. Ses dimensions actuelles sont de 56m de long et 47m
de large. Au centre, une coupole de 25m de long et de 15m de diamètre
surplombe les fidèles.
Les
disciples affluaient de tous les coins du Sénégal, mais c’est à
partir de 1937 que le rythme des adhésions prit une ampleur
frénétique.
C’est
effectivement en 1937 que Cheikh Ibrâhîm se rendit à La Mecque
pour la première fois. De cette date à 1971, il y retournera seize
autres fois, soit un total de dix-sept pèlerinages hormis les «
oumras » ou pèlerinages surérogatoires. A l’étape de Fès,
Chérif Mounîf lui offrit un chapelet et un tapis de prières
personnels mais aussi une touffe des cheveux du père de la
Tidjâniyyâ et une fiole où ce dernier mettait du parfum qu’il
utilisait au moment de ses retraites dévotionnelles.
A
Madîna-Mounnawara, Mawlânâ Cheikh Ibrâhîm NIASS rencontra
Abdoullâhi Ibn Abbâs Bâyero (1881-1953), Emir de Kano de 1926 à
1953 et son ministre Suleyman Ibn Ismaël qui renouvelèrent leur
affiliation à la Tidjâniyya auprès de lui. L’Emir l’invita
chez lui à Kano.
Pour
justifier son adhésion, l’Emir confia à Bâye : « Quand j’étais
enfant, j’avais demandé à Dieu trois choses : être l’Emir de
Kano et je le suis ; avoir la possibilité d’accomplir le
pèlerinage et je l’ai eue, et, enfin, rencontrer à La Mecque le
calife de Cheikh Tidjâni ou son fils pour renouveler mon wird et
quand je suis arrivé à Madîna-al-Mounnawara, je n’ai trouvé
aucun chef de la târiqâ si ce n’est toi ».
C’est
ainsi que l’Emir pria Cheikh Ibrâhîm de lui renouveler son wird
près du mausolée du Prophète (psl) pour que celui-ci en fût
témoin. Sur le chemin de retour, plus précisément à Fès, Cheikh
Ibrâhîm rendit une visite de courtoisie à Seydî Ahmed El-Hâdj
al-Ayyashi Soukayridji de Shattâti (1878-1944), le grand Pôle, de
qui il tient sa chaîne dorée ou silsil ahzahabiya, à savoir :
Cheikh Ibrâhîma NIASS-Cheikh Ahmed Soukayridji-Cheikh Ahmed Abdal
Lawiy-Cheikh Aliyou Tamassinyou-Cheikh Ahmed Tidjâny.
Cheikh Ahmed Soukayridji
Seydî
Ahmed Ibrâhîm Sa’ihî lui fit don de la canne de Mawlânâ Cheikh
Ahmed Tidjân. Par la suite, à Madîna-Bâye, Cheikh Ibrâhîm
obtint l’allégeance d’un grand nombre de disciples de qualité
dont des shorfas ou oulémas mauritaniens tels Cheikh Mouhammad Ould
Nahwi, Cheikh Mana Abba Ould Tolba dit Cheikhâni (1908-1986), Cheikh
Mouhammad Mishriy Oud Hâdj (1917-1975) Cheikh Sidy Abdallâh Ibn
Khaïry (1900- 1991), Cheikh Mahmoûd Ould Tolba de la tribu Tandara,
Cheikh Abdallâh el Djeydjibi, Cheikh Hâdi Ould Seyd, Cheikh
Mouhammadou Djakanni, Cheikh al-Oustâz Mouhammadou Ould Rabbâni…
qu’il initia par le biais de la tarbiyya en vue de parvenir à la
mâ’rifa. Ce fut le début de son irréversible aura
transnationale.
En
1946, Cheikh Ibrâhîma NIASS fit un bref séjour au Nigéria et y
éleva au rang de muqaddam (préposé) l’Emir et ses 40 ministres
dont Malam Jibirma, Malam Atiku, Malam Tidjâni Uthman, Malam Sani
Kafanga, Abdallâhi Salga et Uthman Khalan Sawi. Ce geste galvanisa
les disciples nigérians et le mouvement né en 1937 commença à
s’amplifier.
Bâye
revint dans ce pays en 1951 et, sous sa bannière, des centaines
d’oulémas adhérèrent à la Tidjâniyyâ. Ses nouveaux et
prestigieux disciples se lancèrent à l’expansion de la confrérie
dans toute l’Afrique de l’Ouest.
Quand,
en 1953, disparut l’Emir, son fils et successeur Muhammad Sanusi
(1900-1963), devint le porte-flambeau du mouvement qu’il renforça
par le recrutement de milliers de disciples. Déjà en 1956, au
Nigéria, 15 millions de fidèles se réclamaient de l’obédience
d’El-Hâdj Ibrâhîma NIASS. Aujourd’hui, de par le monde, ils
sont quelque 100 millions, soit 7 % de la population musulmane
mondiale estimée aujourd’hui à 1,4 milliard d’adeptes, toutes
écoles confondues.
Outre
le Nigéria, le Bénin, le Cameroun, la Gambie, le Ghana, la Guinée,
le Libéria, la Mauritanie, le Niger, la Sierra-Léone, le Soudan, le
Togo et le Tchad, d’autres pays et régions du monde ouvrirent
leurs portes à la Faydâ et, ipso facto, de son temps, Bâye devint
le chef spirituel musulman dont l’audience est la plus large et la
plus solide.
C’est
la confirmation d’une prédication faite par son père qui, dans
une parabole restée célèbre, à propos de l’enfant prodige,
avait soutenu: « C’est le devoir d’un fleuve que d’être plein
à déborder. Si les vaches du voisinage ne viennent pas s’y
abreuver, celles venues d’ailleurs le feront.» Quelle clairvoyance
! Et le fruit a pu passer la promesse de la fleur.
De
nos jours, à l’occasion des grandes rencontres, plus d’une
vingtaine de nationalités se côtoient à Madîna-Bâye. Ce sont
entre autres : Haoussa, Yorouba, Djerma, Bambara, Dogomba, Frafra,
Malinké, Peul, Maure, Soninké, Wolof, Sérer, Mossi, Arabe,
Berbère, Soudanais, Soussou, Dogon, Diola, Dioula, mais aussi
Américains, Chinois, Japonais, Français, Anglais, Pakistanais et
même des Russes. Ces bienheureux disciples de Bâye sont tous des «
récipients débordants des secrets des trois présences.»
Dans
sa générosité incommensurable, Cheikh Ibrâhîm a prié le tout
Miséricordieux de ne lui choisir comme compagnons que les meilleurs
des meilleurs musulmans possibles ; d’où cette supplique : «Mon
Dieu, ne fais pas de l’écorce de la religion la part de mes amis,
mais plutôt le secret du secret, c’est-à-dire l’essentiel de
Tes hauts dons. »
Le
culte de la perfection n’a jamais cessé d’être son credo : «
khirlî sahbân foudala wa khirlî, min koulli seïn khaïrahoû
wakounlî » ; autrement dit, « choisis pour moi les meilleurs
compagnons et, de toute chose, choisis pour moi la meilleure et sois
toujours pour moi ».
De
plus, le cheikh a raccourci et aplani le chemin qui mène ses
disciples à Allâh, aussi a-t-il écrit: « J’ai raccourci pour
chacun de mes disciples dans l’Unicité d’Allâh, le chemin qui
mène à l’amour immense que j’ai pour le Prophète de Dieu
Ahmed. J’ai réduit le chemin qui mène à l’Unicité d’Allâh
à quiconque veut parvenir à Dieu en Dieu, à la Vérité par la
Vérité…
J’ai
réduit l’ensemble des prières de toutes les créatures et j’ai
raccourci pour chacun de mes disciples, dans l’Unicité d’Allâh,
le chemin qui mène à l’amour immense que j’ai pour l’Envoyé
de Dieu Ahmed, la moralité immanente…
J’ai
synthétisé l’ensemble des connaissances des connaissants de Dieu
et réduit le chemin qui y mène par le goût et par la sensation que
j’ai eus de l’odeur du Prophète (sas) à qui appartient la
sincérité…
J’ai
facilité l’ensemble des poèmes laudateurs dans lesquels j’ai
résumé et loué Celui qui est la forme du O (ha) du secret de
l’ipséité de Dieu, de celui qui est l’Esprit du détenteur de
la permission, de la substance et de la moralité immanente. »
Pour
résumer, El-Hâdj Ibrâhîm rappelle : « Dieu m’a créé
uniquement pour résoudre les problèmes parce qu’Il m’a confié
le Secret des secrets. » En ce sens, il a recommandé à ses
disciples de s’approprier les voies et moyens capables d’aider
l’âme à se débarrasser de la «rouille qui ternit le miroir du
cœur» et qui l’empêche de refléter la Vérité.
Chaque
semaine Bâye avait coutume de lire trois fois le Coran en entier ;
de plus, les versets que, de mémoire, il psalmodiait le matin, il
les récitait seul le soir et au cours des prières surérogatoires
nocturnes. Et aucune maladie, si grave soit-elle, ne perturbait cette
habitude.
Du
reste, l’Egyptien Mouhammad al-Hâfizat-Tidjâni, le plus grand
connaisseur de hadiths de son temps, qualifie Bâye de Houdja (la
Preuve), c’est-à-dire celui qui connaît à fond trois mille
hadiths, leurs explications et leurs chaînes de transmission depuis
le Prophète Mouhammad (sas).
Mouhammad al-Hâfizat-Tidjâni
Cet
homme multidimensionnel qui, depuis qu’il a atteint l’âge de
trente ans, n’a plus dormi plus de quatre heures par jour. De plus,
il a participé à tous les débats relatifs à l’islam aussi bien
au Sénégal, en Afrique, que partout dans le monde.
Par
exemple, en 1953, Monseigneur Lefebvre (1905-1991) alors évêque de
Dakar (1955-1962 et excommunié en 1988), dans un numéro d’Ecclésia,
s’était permis de faire la leçon aux musulmans africains en
écrivant : « Ou l’Afrique suivra ses aspirations profondes de
simplicité, d’honnêteté, de religion et elle se fera catholique
ou sous des dehors religieux, elle se confirmera dans ses vices de
polygamie, de domination du faible, de superstitions et elle
s’abandonnera à l’islam… Seule la religion catholique prescrit
aux inférieurs le respect de l’obéissance… »
Monseigneur
Lefebvre récidiva le 18 décembre 1959 en s’épanchant dans La
France Catholique : « … On a lancé des phrases qui portent à la
révolution : le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, le
droit à l’indépendance (…) la mainmise de la Russie et de la
Chine sur l’Afrique devient de jour en jour une réalité ! Chose
inattendue pour ceux qui connaissent mal l’islam. Ce sont les pays
en majorité musulmane qui se détachent le plus rapidement de
l’Occident et font appel aux méthodes communistes… ».
Dès
le 05 janvier 1960, Bâye rétorqua à l’évêque ; « Ce vingtième
siècle est parcouru par un courant de liberté et de nationalisme
que rien ne saurait arrêter, par conséquent, tous les pays seront
gouvernés par leurs populations, qu’elles soient musulmanes ou
chrétiennes ou communistes, et les peuples sont plus forts que les
gouvernements…
Quoi
qu’il en soit, l’ère du gouvernement par des étrangers est à
jamais révolue. Donc, l’Afrique aux Africains ! …
Mais
gouverner un pays est une chose et s’attacher à la religion en est
une autre… Quiconque veut être juste reconnaîtra les hommes par
la vérité et non la vérité par les hommes. Chaque religion compte
des hommes parfaits et imparfaits. »
Lors
de la construction de la Kaaba, au XIXème siècle avant
Jésus-Christ, pour prendre de la hauteur, Seydinâ Ibrâhîm et son
fils Seydinâ Ismaël avaient dû monter sur une pierre où le père
du monothéisme laissa l’empreinte de ses pieds : c’est le
Sanctuaire ou Maqâm d’Ibrâhîm.
En
1963, les autorités saoudiennes et un parterre d’ulémas réunis à
La Mecque pensèrent devoir déplacer le sanctuaire. Dans un discours
intitulé Sabilou salâm fi ibqa il Maqâm ou, emprunter la voie de
la paix en laissant le Maqâm là où il est, Bâye NIASS manifesta
vigoureusement son opposition à ce qui aurait été un sacrilège.
Son argumentaire pesa plus lourd que les justifications martelées
par les savants présents au colloque. Et, contre toute attente, le
Maqâm resta à sa place.
En
vertu de la réforme constitutionnelle intervenue en Tunisie le 1er
juin 1959, le Président Habib Ben Ali BOURGUIBA entama la
désacralisation de l’islam par l’interdiction de la polygamie et
la légalisation de l’avortement…
Plus
grave, en février 1961, BOURGUIBA appela ses concitoyens à ne pas
observer le jeûne du ramadan afin, disait-il, de mieux combattre le
sous-développement. En mars 1964, en plein jour du ramadan, pour
narguer l’humanité musulmane, l’écervelé président but
ostensiblement à la télévision un verre de jus d’orange !
C’en
était trop !!! Bâye NIASS adressa une lettre de protestation à la
hauteur de l’affront fait à l’islam en fustigeant énergiquement
les élucubrations d’un Président possédé par le démon.
En
1969, lorsqu’il fut informé de la reproduction d’une caricature
du Prophète Mouhammad (sas) dans un livre d’histoire à l’usage
des classes de 5èmes des collèges d’Afrique francophone, le
cheikh-al-islam exigea le retrait du manuel et, en ces termes, il
écrivit au ministre de l’Education nationale : « Un tel livre
dénote un mépris, une provocation à la population musulmane au
moment où le Sénégal a le plus grand besoin d’ordre et de paix
pour permettre à sa population de vivre et de travailler dans le
calme et la sécurité.»
En
1971-1972, lors des discussions sur le Code de la famille, l’attitude
de Bâye de défenseur des valeurs cardinales de l’islam, ne varia
guère ; il y affirma: « En ce qui concerne les affaires
temporelles, le gouvernement peut en légiférer librement. Mais pour
ce qui est de la religion, surtout dans un pays musulman, aucun
gouvernement n’a le droit d’en délibérer…
J’avais
ajouté que les musulmans n’ont rien d’autre que leur religion et
qu’il faudrait veiller scrupuleusement à ce qu’il n’y ait dans
ce Code aucune disposition contradictoire avec la charia…»
Plus
loin Bâye renforça: «Nous avons discuté avec les
plénipotentiaires de l’Etat. Nous ne pouvons les obliger à faire
quoi que ce soit. Et ceux qui nous gouvernent ne peuvent pas être en
conflit avec nous ; c’est pour quoi ils nous consultent. Eux, non
plus, ne voudront jamais faire quelque chose qui nous pousserait à
être en conflit avec eux. »
Mawlânâ
Cheikh Ibrâhîma NIASS a bien marqué son époque par la profondeur
de son savoir, ses prises de position intelligentes et courageuses,
son leadership fascinant.
Dans
un discours prononcé à l’occasion du mawlîd-an-nabi de 1968, son
vibrant appel fait à la jeunesse de son pays restera à jamais gravé
dans nos mémoires.
Nous
en citons un bref passage : «Chers jeunes, en avant ! Certes
l’avenir de toute nation repose sur sa jeunesse, mais pas n’importe
quelle jeunesse : sur les jeunes cultivés et doués de caractères
nobles ; une jeunesse sans culture et sans caractères nobles est
comme un arbre stérile…
Appliquez-vous
sérieusement et persévérez dans la quête du savoir. Ne suffisent
pas seulement les sciences religieuses ou la mathématique dans ses
diverses branches ; rejoignez les chercheurs préoccupés par la
découverte des secrets de l’Univers ; collaborez avec eux ! »
Cheikh
Ibrâhîm a fortement encouragé l’éducation des femmes et ses
filles ont fréquenté les mêmes écoles religieuses que les hommes
et mémorisé le saint Coran. Aussi a-t-il affirmé : « En matière
de connaissances, les femmes devraient rivaliser avec les hommes. »
Pour
le triomphe exclusif de l’islam, en 1958, il préconisa la
fondation d’un Conseil supérieur des chefs religieux du Sénégal,
projet vite torpillé par ses adversaires intra-muros.
En
1960, Bâye NIASS fut élu membre du Conseil supérieur de
l’Organisation du Bien-être islamique au Caire, puis membre de
l’Académie de Recherches de l’Université d’Al-Azhar, de la
Communauté des érudits en islamologie et du Conseil islamique
supérieur de l’Algérie.
En
1962, il fut promu vice-président du Congrès mondial islamique à
Karachi, puis membre du Comité chargé de l’élaboration du Projet
de la Ligue mondiale islamique, à la fondation de laquelle il fut
élu vice-président.
En
1964, il fut porté à la tête du Congrès mondial islamique tenu à
Karachi ; il est élu membre de la Conférence générale de
l’Académie de recherches islamiques sise au Caire.
En
1966, il participa à la conférence tenue à Accra sur « le monde
sans bombe atomique. »
En
1969, il prit part à l’Assemblée Constituante de l’Association
des Universités islamiques à Fez et en devint membre du Comité
exécutif.
Cheikh-al-islam
ou Abal Faydou-Tidjânî-Rabbânî a ainsi joué un rôle prééminent
dans tous les conflits intéressant l’islam ou les pays d’obédience
islamique ; y confère ce témoignage d’Ina moullah KHAN, ancien
Secrétaire général du Congrès mondial islamique : « Bâye NIASS,
le grand missionnaire qui est vénéré par ses admirateurs est
parfaitement conscient du danger que représente la pénétration
d’Israël dans cette Afrique en voie de développement. En
plusieurs occasions, il a eu à mettre en garde ses frères africains
contre cette menace au monde musulman et à la paix internationale.
C’est parce qu’il croit fermement en la fraternité de tous les
musulmans… »
Par
rapport à la politique, Bâye aurait déclaré : « l’islam est un
tout ; ce serait un non-sens pour des citoyens que de se
désintéresser de la politique… D’ailleurs le Prophète (psl)
était un chef d’Etat qui assumait, à la fois, les pouvoirs
exécutif, législatif et judiciaire. »
En réalité, si les bons musulmans boudent la politique, les infidèles et les hypocrites s’y activeront sans vergogne pour pouvoir subjuguer les justes, et partant, porter atteinte aux fondamentaux même de l’islam . Cas de Kamal Atatürk, Bourguiba et consorts.
Il
est vrai, comme le dit l’adage, que nul n’est prophète chez soi.
Sur le plan politique stricto sensu, l’influence de Bâye NIASS
aura été plus remarquable sur ses contemporains des autres pays
africains, notamment nigérians, tchadiens, ghanéens…
Aux
côtés de Djim Momar GUEYE, El-Hâdj Ibrâhîma NIASS a pris faits
et causes pour la Section Française de l’Internationale Ouvrière
(SFIO) au détriment du Bloc Démocratique Sénégalais (BDS) du duo
SENGHOR-Ibrâhîma Seydou NDAW. Grisé par l’éclat de son aura, ce
dernier défia publiquement Bâye qui réagit vertement en disant:«
concernant Ibrâhîma Seydou NDAW, je le corrigerai à la hauteur de
son impertinence et de son arrogance, sans jamais lever physiquement
la main sur lui. »
Le
3 septembre 1948, de retour d’une réunion du Grand Conseil de
l’AOF tenue à Saint-Louis deux jours auparavant, le véhicule à
bord duquel Léon Boissier-Palun (1916-2007) et Ibrâhîma S. NDAW
avaient pris place fit un tonneau à hauteur d’Allou-Kâgne…
Ce
dernier en fut projeté ; il fut atteint d’une paralysie à vie.
Comme un malheur ne vient jamais seul, le jour de la catastrophe, par
suite de couches, Aïda NDAW, sa fille aînée, décéda à Kaolack.
Latif Coulibali, in Le Sénégal à l’épreuve de la démocratie,
l’Harmattan, 1999, pages 29-31,
Aux
élections de 1951, face à Léopold SENGHOR, Bâye porta son choix
sur Lamine GUEYE dont il était pourtant convaincu de la défaite. Il
soutint que sa conscience de musulman conséquent ne pouvait lui
permettre de préférer un Léopold à un Mouhamadou Lamine.
«Le
24 janvier 1959, l’Assemblée législative du Sénégal adopta la
Constitution de la Fédération du Mali et celle du Sénégal.
Quelques jours plus tard, El-Hâdj Ibrâhîma NIASS télégraphia au
général de GAULLE pour protester contre le fait que les
Constitutions n’avaient pas été soumises au référendum. » De
Benoît. Joseph R., l’AOF, NEA, 1994, p 447.
En
vérité, le grand marabout de Kaolack s’offusquait plutôt de la
laïcité affichée par la Constitution du jeune Etat sénégalais
malgré le poids de ses 95% de musulmans.
Aucun
de ses homologues guides religieux ne voulut, au risque de se faire
rudoyer par la minorité chrétienne et ses suppôts francs-maçons
alors très présents dans les sphères politico-administratives du
pays, défendre officiellement ce point de vue. Ceux qui lui
manifestaient leur sympathie en privé finirent par raser les murs
!!! Mais, malgré tout, Bâye NIASS ne baissa jamais la tête.
Aux
élections législatives frauduleuses du 22 mars 1959, avec 83% des
suffrages exprimés, l’UPS remporta la totalité des 80 sièges. Le
Parti de la Solidarité Sénégalaise créé en 1957 par Cheikh
Tidjâne SY al-Maktoum, Ibrâhîma Seydou NDAW et Bâye obtint 12%
des suffrages et le PRA, 5%.
Toutefois,
il convient de préciser que Cheikh Ibrâhîm n’était pas un
politicien dans le sens intrigant du terme. Loin de là, mais c’était
plutôt un homme politique soucieux de la prise en charge effective
des desiderata des populations, plus particulièrement de ceux de la
majorité silencieuse. Aussi devait-il être perçu comme le
mégaphone de la vox populi, c’est-à-dire la voix du peuple brisé,
du peuple contrebalancé entre la tyrannie coloniale et les
mystifications de politiciens professionnels en mal d’audience.
D’ailleurs,
le Docteur Amar SAMB, ancien directeur de l’IFAN, le considère
comme « un polémiste de combat, un défenseur acharné de l’islam,
un esprit pétri de culture arabo-musulmane, un marabout très
informé des choses de la chrétienté, un chef religieux qui n’a
pas sa langue dans sa poche et qui sait d’où vient
l’asservissement des Africains en particulier et des faibles en
général, un Africain patriote qui sait que la domination d’un
peuple par un peuple n’a pas de lendemain… »
Dans
le même sillage, nous rappelons le témoignage fait sur Bâye par
Mouhammad at-Tâhir al-Maygari in : as.-Shaykh Ibrahîm NIASS
al-Singhâli, hayâtou houwarâ’Ouhouwatâ’limâ touhoû ou
Cheikh Ibrâhîm le Sénégalais : sa vie, ses idées et ses
enseignements, Dâr al-Arabiyy, Beyrout, 1979, page 253…
Quoique
un de ses plus farouches contradicteurs, al-Maygari a eu tout de même
l’honnêteté intellectuelle de témoigner : « Il n’y a aucun
doute que Cheikh Ibrâhîma NIASS a déjà prouvé, par ce livre
(Kitâbou sirri al-akbarwan-noûri al-akbar ou le livre du plus grand
secret et de la lumière éclatante), qu’il est le maître
incontesté des gnostiques de son époque, plus particulièrement
dans la târiqâ tijâniyyâ, puisque personne n’a pu apporter
quelque chose de semblable à ce qu’il a livré…
Personne
non plus n’a pu rivaliser avec lui dans ce domaine, ni dans la
Tidjâniyyâ, ni ailleurs… Presque tous les disciples tidjânes,
dans toutes les contrées, se sont soumis à son autorité, se sont
placés sous son magistère spirituel, apprirent de lui et puisèrent
de sa science…
Ceci
n’est pas limité à ses frères noirs, loin s’en faut, mais les
hommes de couleur blanche dont les grands parents furent par ailleurs
les maîtres des maîtres du cheikh lui-même : ce sont ses plus
ardents disciples et, par la suite, ceux qui ont le plus profité de
sa science. Ils le suivirent avec une sincérité totale dans
l’obéissance et dans un amour absolu.»
Nonobstant
sa haute stature mondiale, ses responsabilités religieuses
supranationales, les relations cordiales qu’il entretenait avec les
grandes figures de son époque et les nombreuses citations
honorifiques dont il pouvait se prévaloir, El-Hâdj Ibrâhîma NIASS
a préféré passer toute sa vie dans une modeste bâtisse en pisé
alors qu’il lui aurait suffi de lever le plus petit doigt pour que
ses millions de disciples lui eussent édifié des gratte-ciel.
Quelle humilité !
Tel
se présentait El-Hâdj Ibrâhîma NIASS, que, à juste raison, le
Président SENGHOR considérait comme l’Ambassadeur
plénipotentiaire du Sénégal auprès du monde.
Parce
que militant et pionnier du panafricanisme qui se définit comme la
vision sociale, culturelle et politique d’émancipation des
Africains et facteur d’intégration du continent, Bâye n’a
jamais accepté de courber l’échine ; sentinelle de la bonne
cause, protecteur des valeurs morales traditionnelles et religieuses
mais aussi des couches vulnérables sénégalaises, africaines ou,
plus largement, mondiales, il a passé une bonne partie de sa vie à
semer les germes de la paix parce que convaincu qu’il n’y a pas
de bonheur sans paix .
Ses
nombreux périples dont (conformément à un hadith relatif à la
quête du savoir) celui qui le conduisit en Chine en octobre 1963, et
le télégramme de félicitations que, par le biais de l’ambassade
des Etats-Unis à Dakar, il adressa au Président Richard NIXON après
l’alunissage avéré d’Apollo XI, le 20 juillet 1969 (alors que
la plupart des chefs religieux d’ici et d’ailleurs n’en
croyaient ni leurs oreilles ni leurs yeux), l’illustrent
éloquemment.
Du
reste, la philosophie de Cheikh Barham Abdallâh fondée sur une
compréhension aiguë du Coran, de la sounnah du Prophète Mouhammad
(psl) et de la pratique éclairée de la tarîqâ tidjâne, a
préfiguré la mondialisation.
Le
cheikh al-Islam (titre qui lui a été attribué en 1971 à
l’Université al-Hazar du Caire où il fit des sermons et se prêta
à des questions) El-Hâdj Ibrâhîma NIASS fut rappelé à Dieu à
St-Thomas’ Hospital de Londres, le 17 rajab 1395, soit le samedi 26
juillet 1975. Il avait 74 ans 8 mois et 18 jours .
Mausolée du cheikh Ibrâhîma Niass (ra)
Selon
Matrib as sâ-mi-ninwanâ ziri nfî manâqib as Shaykh Seydi Abdallâh
ben Seydi Mouhammad wa bâihî at-tâhirin, livre écrit en 1315 H,
soit en 1897 G, par Seydi Mouhammad ibn Abdallâh ben Seydi Mouhammad
ben Mouhammad as-Saghîr Mboudja al-Alawiat-Tichili, El-Hâdj
Abdallâh NIASS, le père de Bâye, est né le 3 zoul qâda 1264,
soit le lundi 02 octobre 1848 à Belly et il est décédé le
dimanche 9 juillet 1922 à 73 ans, 9 mois et 07 jours.
D’ailleurs,
à maintes reprises et plus exactement lors de l’inauguration de la
zawiyya rénovée de Léona-niassène, Bâye a affirmé que son
vénéré père est né dans l’année du décès de Mouhamdy Ould
Siddinâ dit Beddî, c’est-à-dire en 1264 H, donc en 1848.
Subséquemment
à cette nouvelle donne chronologique, toutes les autres dates
relatives à la naissance d’El-Hâdj Abdallâh NIASS (kabîr)
précédemment avancées doivent être considérées comme nulles et
de nul effet.
Ainsi,
comme il l’avait prédit dans une de ses lettres rédigées vers
1931, c’est-à-dire presqu’un demi-siècle avant qu’il n’ait
quitté ce bas monde, El-Hâdj Ibrâhîma NIASS a effectivement vécu
plus longtemps que son père. C’est là un des nombreux miracles
dont ce saint hors-pair aura été l’auteur.
Du
reste, sa vie sur terre a été une source de bonheur pour tous ceux
qui l’ont approché si bien que, comme le stipule la missive
ci-après qu’il a rédigée en 1939 et adressée à Seydî Alioune
CISSE à l’attention de tous ses disciples, œuvrer pour lui est un
acte de bienfaisance personnelle pour le prestataire :
«
Lève-toi et tiens-toi sur des pieds solides et valides pour
enseigner, assurer les travaux champêtres et surtout encourager les
disciples à travailler pour moi.
Je
n’ai aucun profit à tirer du fruit de ces travaux ; mais, à coup
sûr, les retombées iront aux prestataires eux-mêmes. Il n’y a
point de bienfait plus élevé que de travailler pour moi à qui Dieu
a donné un regard profond de cœur. Ceci, le Tout-Puissant l’a
dissimulé pour permettre surtout aux autres de développer entre eux
la faculté d’émulation.
Cependant,
un grand regret sera le lot de ceux qui n’auront rien effectué
pour moi le jour où tout sera clair, où toutes les choses se
retrouveront entre mes mains. Pouvoir et capacité sont à Dieu.
Ces
paroles je ne les ai pas prononcées dans un état d’extase, ni de
folie, ni d’inconscience, encore moins par prétention. Toutefois,
c’est un message qui m’est venu du Très-Haut avec l’autorisation
explicite de le révéler.»
Ainsi,
Mawlânâ Cheikh Ibrâhîm, ci-devant gardien de l’orthodoxie
islamique, chantre du Prophète Mouhammad (psl) et réformateur
attitré de la târiqâ tidjâne, est le seul exemple qui vaille la
peine d’être médité.
C’est
lui qui nous a purifiés par ses nobles qualités, éduqués par ses
principes et décrassé l’égo par sa science édifiante. Aussi
est-il une obligation pour chacun de nous de lui témoigner de son
attachement, de sa fidélité, de sa générosité.
Seydî Alioune CISSE
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