Sheikh al-Akbar seyidi Muhy ad-dîn Ibn ‘Arabî
par
SLIMANE REZKI
Epître concernant la terminologie technique du soufisme
Sheikh al-Akbar seyidi Muhy ad-dîn Ibn ‘Arabî
1/ Al-Hâjis : (La Pensée subite) :
On exprime par ce terme la première pensée soudaine (al-khâtir), c’est une pensée seigneuriale qui ne trompe jamais. Sahl2 l’appelait la cause première ou le coup de bec de la pensée (naqar al-khâtir). Lorsqu’elle prend un caractère réel dans l’âme, on l’appelle la « volonté (al-irâdah). Si elle se produit trois fois, on la nomme ; « aspiration » (hammân) et si elle se répète une quatrième fois on la nomme ; « décision ferme » (‘azmân). Lorsqu’on décide d’effectuer un acte, si la pensée porte sur un acte, on la nomme « but » (qaçdân) et quand on exécute l’acte, elle devient ce que l’on appelle l’ « intention » (niyah) .
2/ Al-Irâdah (La Volonté)4 :
C’est l’embrasement du cœur, on entend par là, la volonté du désir qui est son origine.
La volonté naturelle se rattache au plaisir de l’âme et à la volonté de Dieu (al-Haqq), se
rattache l’épuration (al-ikhlâç).
3/ Al-Murîd (Celui qui Désire)5 : Il s’agit de celui qui se dépouille de sa volonté propre. Abû Hâmid al-Ghazalî dit que6 ce sont ceux qui sont digne des Noms (divins) se vouent à Allah par le Nom .
2 Il s’agit de Sahl ibn ‘Abd Allah al-Tustarî, il est né à Tustar région du sud iranien actuel en 203 de l’hégire et décédé en 283. L’un de ses maîtres fut notamment Dhu Nûn al-Misrî. Il fut en outre l’auteur d’un grand
commentaire du Coran.
3 Voire sur ce sujet le chapitre 264 des Futûhât.
4 Se reporter au Chap. 226 des Futûhât Mekkiyah.
5 Se reporter au Chap. 228 des Futûhât Mekkiyah.
6 Cette description concerne les gens qui se détachent du monde et pratique l’invocation fréquente du Nom divin (Allah) afin de se fixer sur leur but. Cette méthode est centrale et la voie la plus directe de réalisation spirituelle.
4/ Al-Murâd (Celui qui est Désiré)7 : Ce terme désigne celui à qui l’on éteint sa volonté propre et pour qui les choses ont été préparées. Il franchit le domaine de formes8 et des stations spirituelles intermédiaires sans
souffrances.
5/ As-Sâlik (Le Cheminant) : C’est celui évolue à travers les stations spirituelles au moyen de son état personnel et 9 non par sa science. La science (qu’il reçoit) devient pour lui une source (‘aynân) .
6/ Al-Musâfir (Le Voyageur) : C’est celui qui par sa réflexion voyage à travers les données intelligibles. C’est ce qui est désigné par l’instruction par l’exemple qui permet de passer du rivage de ce bas-monde à celui éloigné10.
7/ As-Safar (Le Voyage)11 : C’est une désignation du cœur lorsqu’il s’est orienté vers Allah le Très Haut au moyen de l’invocation (dhikr).
8/ At-Tarîq (La Voie) :
Ce terme désigne les prescriptions légales et formelles de Dieu qui ne souffrent d’aucune dispense.
9/ Al-Waqt (l’Instant) : Cela désigne ton état spirituel personnel au moment où tu vis cet état sans qu’il soit
rattaché à ce qui est passé ou à venir.
10/ Al-Adab (L’Adaptation aux Convenances)12 : Parfois on se sert de ce terme concernant le respect de la Loi sacrée, d’autres fois on l’utilise pour parler des convenances concernant le service rendu (al-khidmah), et enfin ce terme peut signifier les convenances permettant de s’adapter à Dieu13. Celui à l’égard de la Loi sacrée concerne ses prescriptions formelles. Celui concernant le service rendu consiste à ne plus le considérer comme tel mais de saisir ce qui est vraiment véhiculé à ce moment. S’adapter aux convenances avec Dieu c’est connaître ce qui est à toi et ce qui est à Lui. Celui qui réussit à s’adapter convenablement aux situations (al-adîb), fait partie des gens de l’activité spirituelle14.
7 Se reporter au Chap. 227 des Futûhât Mekkiyah.
8 C’est le domaine de la lettre quand il s’agit de religion, les textes sacrés étant l’expression formelle de la Vérité informelle.
9 Une source ou un œil, source s’il vit la descente de la science comme une grâce venue du ciel. Œil si grâce à son état il comprend tout ce sur quoi son œil se pose.
10 La demeure éloignée est le centre, le lieu de la Grande Paix. René Guénon nous précise que ce qualificatif se justifie si l’on comprend que le centre est, à notre époque qui est l’Age de fer, la chose la plus éloignée de la mentalité des hommes des derniers temps.
11 Se reporter au Chap. 191 des Futûhât Mekkiyah.
12 Se reporter au Chap. 202 des Futûhât Mekkiyah.
13 S’adapter à Dieu signifie s’adapter aux diverses modalités de la manifestation divine. Ce point se rattache à la doctrine des états multiples de l’être.
14 La version du Caire dit : Tu sais ce qui tient et fait partie des gens épanouis.
11/ Al-Maqâm (La Station Spirituelle)15 : Cela désigne le fait de s’acquitter totalement des droits prescrits par la Loi sacrée.
12/ Al-Hâl (l’Etat Spirituel)16 : C’est ce qui survient sur le cœur sans effort ni recherche. Parmi ses conditions, qu’il s’efface et laisse place { un état similaire et ainsi de suite jusqu’{ ce qu’il devienne
pur. Si rien de similaire ne lui fait suite, c’est la divergence qui se fait jour. Ceux qui voient les états se succéder sans interruption parlent de permanence de l’état, ceux qui ne voient pas d’état similaire parlent de rupture de continuité. On dit également que l’état est la variation des attributs de l’homme.
13/ ‘Ayn at-tahakkum17 (l’Affirmation de l’Autorité Personnelle) : C’est lorsque le Saint s’emploie à manifester son degré spirituel tel qu’il le connaît18 de façon à être vu.
14/ Al-Inzi’âj (La Nostalgie ou l’état de commotion)19 : C’est l’effet de l’exhortation dans le cœur du croyant. Cela signifie un engagement menant à la réalisation effective et à l’intimité (avec Allah).
15/ Ach-Chari’ah (La Loi Sacrée) : C’est l’engagement d’assumer la condition de la servitude (al- ‘ubûdiyah) .
16/ Ach-Chath (Le Propos Extatique)21 : C’est un propos comportant sottise et prétention, il est rare que l’on puisse constater ce genre de propos chez les gens réalisés22.
17/ Al-‘adl wa al-Haqq al-makhlûq bihi (La Justice et la Vérité par laquelle est
produite la Création) : Cette expression désigne le premier exticencié qu’Allah a créé, ce qui se rapporte à Sa parole : « Et Nous n’avons créé les cieux et la Terre ainsi que ce qui se trouve entre eux,
23 que par la Vérité » .
18/ Al-Afrâd (Les Solitaires24) : Ce terme désigne les hommes (initiés) qui échappent au regard du Pôle (Al-Qutb).
15 Se reporter au Chap. 193 des Futûhât Mekkiyah.
16 Se reporter au Chap. 192 des Futûhât Mekkiyah.
17 La version de Beyrouth mentionne : ‘Ayn at-tahkîm qui ne change pas vraiment le sens. At-tahkim est une fonction d’arbitrage par une autorité reconnue alors que at-tahakkum relève d’une autorité plus imposante, voire aux limites de l’arbitraire. Ce genre d’affirmation ne peut, s’il est réel, n’être que le fait d’un ordre divin. A défaut, il s’agirait de vantardise et cela ne convient pas à la sainteté.
18 Voir le chapitre 224 des Futûhât Mekkiyah à ce sujet.
19 Se reporter au Chap. 208 des Futûhât Mekkiyah.
20 Voir le chapitre 262 des Futûhât Mekkiyah à ce sujet, la servitude est en rapport avec la notion de substance chez R. Guénon. La réalisation revient à supporter la manifestation divine et comprendre que si Dieu est Tout, nous sommes soumis à tout. Cet état de conscience nous place devant l’ampleur de la miséricorde divine puisque soudainement tout nous est supérieur et rien ne nous nuit cependant.
21 Se reporter au Chap. 195 des Futûhât Mekkiyah.
22 Le texte du Caire mentionne lui : Bien que tu puisses entendre ce genre de propos chez de vrais réalisés.
23 Cf. Cor. (15/85).
24 Voir le chapitre 30 des Futûhât Mekkiyah à ce sujet.
19/ Al-Qutb wa huwa al-ghaûth (Le Pôle qui est aussi le Secours – le Sauveur): Cela désigne le seul être sur qui est en permanence posé le regard d’Allah en ce monde. Il réside sur le cœur d’Isrâfîl (paix sur lui)25.
20/ Al-Awtâd (Les Piliers) : Cette expression désigne quatre hommes (initiés) dont la demeure correspond à celle des quatre points cardinaux du monde ; l’Orient, l’Occident, le Nord et le Sud. La station de chacun d’eux est en rapport avec celle de chacune de ces directions.
21/ Al-Bûdalâ’ (Les Substituts) : Ils sont au nombre de sept26, ce sont des gens qui lorsqu’ils voyagent laissent un corps à leur image afin que les gens ne savent pas qu’ils sont en voyage. C’est cela que l’on désigne par ce terme et pas autre chose, ils résident sur le cœur d’Abraham.
22/ Al-Nuqabâ’ (Les Lieutenants27) : Ce sont ceux qui extraient les écorces des âmes, ils sont au nombre de trois cent28.
23/ Al-Nujabâ’ (Les Nobles) : Ils sont quarante, et chargés d’aider les créatures à supporter leur fardeaux. Ils n’agissent que pour le bien d’autrui.
24/ Al-Imâmân (Les deux Imâms29) : Ce sont deux personnes dont l’un se trouve à la droite du Sauveur (le Pôle) et son regard est tourné vers le monde de la Royauté30. L’autre se tient à la gauche du sauveur et son regard est tourné vers ce bas monde (al-mulk) ; Il possède une station plus élevée que son compagnon, c’est lui qui remplace le Pôle (à sa mort).
25/ Al-Umanâ’ (Les Dignes de Confiance) : Ce sont les gens du Blâme.
26/ Al-Mâlamatiyah (Les Gens du Blâme) : Ce sont ceux dont les états intérieurs n’apparaissent pas à l’extérieur. C’est la catégorie d’initié la plus haute, leurs disciples évoluent dans les différentes sphères de
l’initiation effective.
25 Cette mention indique la nature profonde de la fonction polaire. En effet, la racine du nom Isrâfîl est sarafa qui signifie être prodigue, donner à profusion. Or, là est bien la fonction du Pôle, organiser le monde avec pure générosité et profusion.
26 A un autre endroit de son enseignement, le plus grand des maîtres dit que le terme Badâl a deux formes de pluriel ; Abdâl et là ils sont au nombre de sept, et le terme que nous trouvons ici, Budalâ’, et là, ils sont au
nombre de quarante.27 Ils représentent le Pôle dans leur domaine, leur fonction est de « fouiller » dans les profondeurs. Ils font disparaître les couches extérieures pour révéler les natures réelles.
28 Dans la réponse 153 au chapitre 73 des Futûhât, Ibn ‘Arabî dit qu’ils sont douze.
29 Ce terme : Imâm peut selon la circonstance prendre plusieurs sens ; guide, chef, meneur, éclaireur etc … . En général sa signification est de se trouver en avant.
30 Ce monde est intermédiaire entre le monde ici bas (‘alâm al Mulk) et le monde de la Puissance contraignante (‘alâm al Jabarût), il correspond au monde subtil.
27/ Al-Makân (L’Endroit)31 : Cette expression désigne une demeure sur le tapis (al-bisât) qui ne convient qu’aux gens parfaits, ceux qui ont réalisé les stations et les états spirituels et les ont dépassés pour se
fixer au-delà de la Majesté et de la Beauté32. Ils n’ont ni attribut ni genre les qualifiant33.
28/ Al-Qabd (La Contraction)34 : C’est l’état de peur dans l’instant spirituel (al-waqt). C’est aussi l’évènement qui échoit sur le cœur lorsqu’est ressentie la nécessité d’être sanctionné et rééduqué. Quelqu’un
d’autre a dit, c’est l’emprise de l’évènement dans l’instant spirituel.
29/ Al-Bast (Le Déploiement)35 : Cela signifie, selon nous, l’être qui englobe toutes choses et n’est englobé par aucune d’entre elles. On dit aussi que c’est l’état de l’espoir, on dit encore que c’est un évènement
qui indique l’acceptation, la miséricorde et l’intimité (al-uns).
30/ Al-Haybah (La Révérence36) : C’est l’effet de la contemplation de la Transcendance divine dans le cœur, il est possible qu’elle soit rattachée à la beauté, celle de la Majesté transcendante.
31/ Al-Uns (L’Intimité)37 : C’est l’effet de la contemplation de la beauté de la présence divine dans le cœur. C’est aussi ce que l’on nomme, la Beauté de la Majesté.
32/ Al-Tawâjjud (L’Acte Divin Origine de la Réalisation)38 : C’est la recherche de la réalisation, on dit aussi que c’est la simulation de l’état de réalisation sans réalisation39.
33/ Al-Wajd (la Touche Théopathique)40 : C’est ce qui survient soudainement au cœur comme états spirituels qui jusqu’alors échappaient à sa contemplation.
34/ Al-Wujûd (L’Etat Théopathique Accompli) : C’est la réalisation de Dieu lors de la touche théopathique (al-wajd)41.
31 Se reporter au Chap. 194 des Futûhât Mekkiyah.
32 Ces deux termes désignent la Transcendance et l’Immanence, les deux modes majeurs et opposés de la manifestation divine. 33 Attribut et genre sont deux modes de définition, or tout ce qui est défini est limité. L’état de ces êtres réalisés est total et donc au-delà de toute définition limitative.
34 Se reporter au Chap. 218 des Futûhât Mekkiyah.
35 Se reporter au Chap. 191 des Futûhât Mekkiyah.
36 Cette notion recouvre celle d’effroi, de crainte, de respect, enfin tout ce qui peut se produire devant la manifestation de la Transcendance divine.
37 Se reporter au Chap. 240 des Futûhât Mekkiyah.
38 Se reporter au Chap. 235 des Futûhât Mekkiyah.
39 Ici par réalisation, il est entendu l’acte divin de grâce qui touche le cœur de l’être et provoque la vision
béatifique. 40 Se reporter au Chap. 236 des Futûhât Mekkiyah.
41 Voir le chapitre 237 des Futûhât à ce sujet.
35/ Al-Jalâl (La Majesté)42 : Ce sont les aspects contraignants (qahr) de la présence divine.
36/ Al-Jamâl (La Beauté)43 : Ce sont les aspects de miséricorde et de douceur de la présence divine.
37/ Al-Jam’ (La Concentration)44 : C’est une allusion à Dieu envisagé sans la création.
38/ Jam’ al-Jam’ (La Synthèse Totalisante) : C’est l’évanouissement total en Allah.
39/ Al-Farq (La Séparation) : Ce terme fait allusion à la création sans Dieu (al-Haqq), on dit aussi, c’est la
contemplation de la servitude45.
40/ Al-Baqâ’ (La Permanence46) : C’est la vision de l’homme qui voit réellement l’autorité d’Allah sur toute chose.
41/ Al-Fanâ’ (l’Extinction)47 : C’est la vision qu’à l’homme de sa faiblesse au regard de l’autorité divine sur chaque chose48.
42/ Al-Ghaybah (La Disparition) : C’est la disparition du cœur à toute science ayant court dans les états créés qui correspond à l’occupation des sens par les choses avec lesquelles ils rentrent en contact.
43/ Al-Hudûr (La Présence Consciente) : C’est la présence consciente du cœur avec Dieu lors de ses états de disparition (d’extinction).
44/ Al-Sahû (La Lucidité) : C’est le retour à la faculté sensible après une disparition à ce bas-monde provoquée par un évènement spirituel très fort49.
42 Se reporter au Chap. 241 des Futûhât Mekkiyah.
43 Se reporter au Chap. 242 des Futûhât Mekkiyah.
44 Se reporter au Chap. 222 des Futûhât Mekkiyah.
45 Rappelons, afin de clarifier ce genre d’expression, que la contemplation est un mode de connaissance des plus directs et donc des plus réels et profonds. Contempler la servitude revient à dire ; connaître la servitude dans son essence et sa signification la plus profonde.
46 Se reporter au Chap. 221 des Futûhât Mekkiyah. Ce terme signifie, la stabilité, l’immobilité, en fait la réalisation la plus centrale. L’état de « permanence » est celui de l’état de conscience rattaché à notre condition la plus stable, c'est-à-dire, celle que nous vivons quotidiennement sans effort de concentration particulier.
Cependant, il ne correspond pas à l’état du profane mais à celui du connaissant qui a traversé les neuf sphères et s’est stabilisé dans l’état central.
47 Se reporter au Chap. 220 des Futûhât Mekkiyah.
48 La version du Caire qui semble plus juste, au moins sur ce terme, mentionne ; c’est la vision de l’homme lorsqu’il voit que son acte est réalisé par l’autorité d’Allah. Ce qui signifie que ce qui rend possible son acte est d’ordre divin.
45/ Al-Sukr (L’Ivresse)50 : C’est une disparition provoquée par un évènement d’ordre spirituel très fort.
46/ Al-Dhûq (Le Goût51) : C’est le début d’un dévoilement théophanique divin.
47/ Al-Churb (l’Absorption du Breuvage) : C’est le terme médian du dévoilement théophanique divin.
48/ Al-Rayi (Le Breuvage Bu à Satiété)52 : C’est la fin du dévoilement théophanique en toute station spirituelle.
49/ Al-Mahwa (L’Effacement)53 : C’est le dépassement des comportements habituels. On dit aussi, c’est l’arrêt de la (ou se soustraire à l’influence d’une) cause (‘illah). On dit encore, c’est ce qu’Allah a voilé et
effacé.
50/ Al-Ithbât (La Confirmation) : C’est l’accomplissement des règles d’adoration. On dit également, c’est le maintien par la confirmation stable et ferme des modalités de jonction (de contact) (entre l’homme et Dieu).
51/ Al-Qurb (La Proximité)54 : C’est observer scrupuleusement l’obéissance, cet état est accompli en accédant à la « distance des deux arcs »55.
52/ Al-Bu’d (L’Eloignement)56 : C’est persister dans l’état de désobéissance, l’éloignement vient de toi et il varie selon la variation des états. Les circonstances indiquent le genre d’éloignement dont il s’agit, règle
également valable pour l’état de proximité.
49 Le Sheikh al-Akbar dit aussi que la lucidité que l’on peut aussi appeler la sobriété est un état qui fait suite à celui de l’ivresse (sukr).
50 Se reporter au Chap. 246 des Futûhât Mekkiyah.
51 Se reporter au Chap. 248 des Futûhât Mekkiyah. C’est un terme que l’on pourrait tout aussi justement traduire par la « saveur ». R. Guénon disait que le terme latin « sapere » avait l’avantage de désigner en même temps la saveur et le savoir. Cette indication permet de comprendre de quel ordre est le vrai savoir.
52 Se reporter au Chap. 250 des Futûhât Mekkiyah.
53 Se reporter au Chap. 252 des Futûhât Mekkiyah.
54 Se reporter au Chap. 260 des Futûhât Mekkiyah.
55 Cette expression coranique se rapporte au terme du voyage céleste accompli par le Prophète. En soi, ce
symbolisme décrit sous une forme mathématique par René Guénon, nous apprend que l’être part de la
multiplicité pour réaliser l’Unité totale. Les deux arcs sont l’expression de la dualité qui est le point
intermédiaire entre l’Unité et la multiplicité. A cet effet, il symbolise le monde intermédiaire séparant Dieu de l’homme, mais il en symbolise aussi le seul point de contact possible. Au-delà de cette station seule la grâce divine intervient et réintègre l’être dans l’Unité ultime et suprême. Tous les symbolismes utilisés dans le Coran relevant d’une dualité d’opposition apparente relèvent de ce point de doctrine. Guénon opère de même à travers de nombreux articles énumérant des dualités et leur point de résorption.
56 Se reporter au Chap. 261 des Futûhât Mekkiyah.
53/ Al-Haqîqah (La Vérité Principielle) : C’est le dépouillement des tes attributs que tu remplaces par les Siens en tant qu’Il est l’Agent agissant par toi, en toi et de toi, ce n’est pas toi (l’Agent réel). Un verset concerne cette notion : « Il n’y a pas une bête dont Il ne tient la mèche frontale »57.
54/ Al-Nafas (Le Souffle)58 : C’est un esprit auquel Allah donne le pouvoir sur le feu du cœur afin d’en éteindre les flammes.
55/ Al-Khâtir (La Pensée Soudaine)59 : C’est ce qui survient sur le cœur et dans la conscience comme discours seigneurial, angélique, psychique ou satanique sans persistance. Cela peut être également tout
« évènement » sans aucune préméditation de ta part.
Les trois degrés de la certitude60 :
56/ ‘Ilm al-yaqîn (La Science de la Certitude) : C’est ce qu’engendre tout ce qui est d’ordre argumentaire.
57/ ‘Aîn al-yaqîn (L’Œil de la Certitude61) : C’est ce qu’engendrent la contemplation et le dévoilement intérieur.
58/ Haqq al-yaqîn (La Vérité de la Certitude) : C’est la science qui nous parvient de la part et comme le souhaite le contemplé.
59/ Al-Wârid (L’Evènement Spirituel)62 : Ce sont les pensées soudaines et louables qui parviennent aux cœurs sans acte préalables pouvant les avoir provoquées. Il exprime aussi tout ce qui survient sur les cœurs de la part des Noms divins.
60/ Al-Châhid (Le Témoin Contemplatif) :
C’est l’effet que la contemplation procure dans le cœur du témoin contemplatif. Le témoin contemplatif est en réalité la forme même du contemplé par le cœur.
61/ An-nafs (L’Ame)63 : Ce sont les attributs de l’homme que l’on connaît64.
57 Cf. Cor. (11/56). 58 Se reporter au Chap. 198 des Futûhât Mekkiyah.
59 Se reporter au Chap. 264 des Futûhât Mekkiyah.
60 Se reporter au Chap. 269 des Futûhât Mekkiyah.
61 Il est possible de traduire cette expression par la « Source de la certitude ». Cela indique où se trouve l’origine ou la faculté de la certitude.
62 Se reporter au Chap. 265 des Futûhât Mekkiyah.
63 Se reporter au Chap. 267 des Futûhât Mekkiyah.
64 En d’autres termes, ce sont tous les caractères perceptibles de l’homme, bons comme mauvais mais qui restent du domaine humain.
62/ Al-Rûh (L’Esprit)65 : Il se rapporte à celui qui projette sur le cœur une science appartenant au monde du
Mystère (al-ghayb) selon un aspect particulier.
63/ Al-Sir (Le Secret)66 : On dit ; le secret de la science est ce qui se rapporte à la réalité intime de celui qui
possède cette science. Le secret de l’état se rapporte à la connaissance de ce qu’Allah a voulu
et le secret de la réalité profonde se rapporte à ce qu’indique l’indication allusive reçue.
64/ al-Walah (Le Ravissement) : C’est le débordement provoqué par la touche théopathique (al-wajd).
65/ Al-Waqfah (L’Arrêt) : C’est le fait de s’arrêter entre deux stations spirituelles.
66/ Al-Fatrah (La Tiédeur) : C’est l’apaisement (khumûd) du feu incandescent initial.
67/ Al-Tajrîd (Le Dépouillement) : C’est le dépouillement du cœur et du secret67 de la dualité et du monde.
68/ Al-Tafrîd (La Singularisation) : C’est ta condition lorsque Dieu est présent avec toi.
69/ Al-Latîfah (La Subtilité) : C’est toute allusion se rapportant à une signification subtile qui se fait jour dans la compréhension mais que les expressions ne peuvent qu’évoquer. On désigne à ce moyen
également l’âme parlante68 (nafs an-nâtiqah).
70/ Al-‘Illah (La Cause) : C’est une information divine avec ou sans cause intermédiaire.
71/ Al-Riyâdah69 (La Discipline Spirituelle) : La discipline du comportement consiste à abandonner les caractères naturels grossiers de l’âme et la discipline de l’aspirant consiste, elle, à se conformer à la nature du but visé. D’une façon générale, c’est une expression qui désigne le fait d’adapter (tahdîb) les caractères
de l’âme (à l’objectif fixé).
72/ Al-Mujâhadah (Le Combat Spirituel) : Cela consiste à mener l’âme à ses limites corporelles et ainsi, de contrecarrer les passions (charnelles) en tout état.
65 Se reporter au Chap. 268 des Futûhât Mekkiyah.
66 Se reporter au Chap. 199 des Futûhât Mekkiyah.
67 Dans l’ordre des facultés de connaissance, le secret est intérieur au cœur. Il représente un degré d’intériorité primordial, c’est une des plus hautes capacités de synthèse.
68 C’est au moyen de cette faculté que l’esprit muhammadien s’exprime dans les cœurs. Lorsqu’un propos est tenu de notre intérieur, la force de la certitude indique son origine et la voix est celle de cette facette de l’âme.
69 Voir également le chapitre 203 des Futûhât Mekkiyah à ce sujet.
73/ Al Façl (Le Discernement)70 : C’est la conscience de ce qui te manque de ton Bien-aimé. Selon nous, c’est la conscience discriminante de ce qui te distingue de Lui après l’Union71 (Ittihâd).
74/ Al-Dhahâb (La Disparition) : C’est l’évanouissement extatique du cœur se traduisant par la perte de toute sensibilité corporelle lors de la contemplation du Bien-aimé72, quel que soit celui-ci73.
75/ Al-Zamân (Le Temps) : C’est le sultan74.
76/ Al-Zâjir (Celui qui Contraint) : C’est l’exhortation de Dieu (al-Haqq) dans le cœur du croyant, c’est celui qui convie (vers Allah).
77/ Al-Sahaq (Le Broiement) : Cela désigne la disparition de ta composition sous la contrainte75.
78/ Al-Mahaq (L’Anéantissement) :C’est ton extinction dans Son essence (ghaybihi)76.
79/ Al-Sitr (Le Voile)77 : C’est tout ce qui te voile à l’égard de ce qui pourrait provoquer en toi l’extinction. On dit aussi, c’est tout ce qui constitue ce monde et le fait d’être prisonnier des habitudes. C’est,
enfin, le fait d’agir en fonction des effets des actes78.
70 Se reporter au Chap. 201 des Futûhât Mekkiyah.
71 Ce terme que le Sheikh al-Akbar va lui-même déclarer impropre à plusieurs reprises, il l’emploie, à défaut de meilleure expression, pour décrire l’état d’extinction où l’illusion disparaît et seule subsiste la Réalité éternelle. On peut décrire cet état comme une union entre l’individuel et l’Universel mais il est plus juste, comme le Sheikh le fait souvent, de parler de disparition de l’individuel face à l’Universel. Ainsi, ce ne sont pas deux natures différentes qui s’unissent, mais simplement une illusion qui disparaît. Cette illusion est celle qui laisse l’homme déchu, bloqué, emprisonné dans la multiplicité, et que l’Unité n’engloberait pas ce monde et qu’un domaine échapperait à la Réalité divine. Cette faculté de discernement est la seule à pouvoir protéger de l’illusion d’être le Seigneur et non plus le serviteur à la sortie de l’état d’union, comme ce fut le cas de Pharaon.
72 Ce terme de Bien-aimé, désigne plus particulièrement le Prophète dans sa réalité intemporelle.
73 Voir à ce sujet, le chapitre 197 des Futûhât Mekkiyah.
74 Voir à ce sujet, le chapitre 177 des Futûhât Mekkiyah.
75 Cet état fait suite à celui de la contrainte divine (al-zâjir), c’est un état de conscience auquel on succombe et qui nous domine. Quelle qu’en soit la raison, l’être est soudainement fixé sur Dieu et se trouve en Sa présence. Il est intéressant de remarquer que ce qui provoque cet état puisse être de d’origine diverses comme une faute grave. 76 La version du Caire mentionne ; c’est ton extinction dans Son Mystère (‘ainîhi). Bien que le terme diffère, la signification est similaire.
77 Se reporter au Chap. 254 des Futûhât Mekkiyah.
78 La réalisation de la Vérité implique la faculté d’agir en conformité avec la Volonté divine, c'est-à-dire de faire ce qui doit l’être et ce indépendamment des conséquences. Précisons pour éviter toute ambiguïté que la Volonté divine est pure miséricorde et que les conséquences ne prennent une allure négative que si on ne les comprend pas et ne pas les comprendre c’est être incapable de les relier à d’autres données qui leur donnent toute leur raison d’être.
80/ Al-Tajallî (La Théophanie) : C’est ce qui se dévoile aux cœurs comme lumières du monde des Mystères (anwâr al- ghuyûb)79.
81/ Al-Takhâllî (L’Isolement Volontaire) : C’est le fait de choisir l’isolement et le rejet de tout ce qui détourne de Dieu.
82/ Al-Muhâdarah (L’Acte de Présence)80 : C’est la présence des cœurs (avec Dieu) provoquée par une argumentation répétée. Selon nous, c’est la succession des Noms divins entre eux en fonction des réalités essentielles qu’ils véhiculent.
83/ Al-Mukâchafah (L’Acte du Dévoilement Intuitif)81 : C’est la réalisation du dépôt divin par la contrainte, c’est aussi la réalisation du surcroît que procure l’état (de la réalisation effective en ce monde de la nature du dépôt). C’est enfin, la faculté de réellement comprendre les indications allusives.
84/ Al-Muchâhadah (L’Acte Contemplatif)82 : C’est ce qui se rapporte à la faculté de voir toute chose à la lumière du Tawhîd (de la métaphysique). C’est aussi la faculté de voir Dieu en toute chose et enfin, c’est aussi, la certitude la plus profonde qui ne laisse place à aucun doute83.
85/ Al-Muhâdathah (L’Entretien Divin) : C’est le discours que Dieu adresse aux connaissants dans le monde d’ici-bas (‘alâm al- mulk wa ach-chahâdah), comme l’appel du Buisson ardent lancé à Moïse.
86/ Al-Musâmarah (L’Entretien Confidentiel) : C’est le discours qu’Allah adresse aux connaissants dans le monde des secrets et des Mystères, Il le fait parvenir par l’Esprit fidèle sur ton cœur.
87/ Al-Lawâïh (Les Lueurs) : C’est ce qui luit des secrets apparaissant lors de l’élévation d’un état à un autre. Selon nous, c’est ce qui apparaît à la vue intérieure lorsqu’elle n’est pas restreinte par le poids des
lumières essentielles. Cela n’est pas à comprendre de manière négative84. Enfin, la notion de sitr (voile), est en relation directe avec la fonction du Nom divin as-Sattâr, Celui qui produit ce voile, voile qui est protecteur pour celui qui en comprend la l’utilité et privatif pour celui qui ne comprend pas sa nécessité et ne possède pas les moyens de le dépasser quand cela s’avère nécessaire.
79 Voir à ce sujet, le chapitre 177 et 206 des Futûhât Mekkiyah, et « Le livre des théophanies » du même maître.
80 Se reporter au Chap. 257 des Futûhât Mekkiyah.
81 Se reporter au Chap. 210 des Futûhât Mekkiyah.
82 Se reporter au Chap. 209 des Futûhât Mekkiyah.
83 René Guénon disait dans le même sens : « La métaphysique (…) doit impliquer la certitude absolue comme caractère intrinsèque ».
84 Ce n’est pas négatif car ces lueurs restent des ouvertures intellectuelles. Ces lueurs sont des débuts de dévoilement dit le Sheikh, c’est l’incapacité momentanée du récipiendaire à les supporter qui les rend passagères ou instables. Sa progression sur la voie se traduira par une stabilisation dans son rôle réceptif, c’est également ce que l’on appelle l’apprentissage à tenir l’équilibre sur le fil de la rectitude d’orientation. C’est celle-ci qui permet de prolonger l’état de présence à Dieu et de discerner avec précision les diverses modalités de Sa manifestation.
88/ Al-Tawâli’ (Les Levers) : Ce sont les lumières de la métaphysique (at-tawhîd) qui se lèvent (apparaissent) dans les cœurs des connaissants et éteignent l’ensemble des autres lumières (modes connaissance indirects).
89/ Al-Lawâmi’ (Les Clartés) : C’est ce qui se stabilise des lumières théophaniques pendant deux moments85 ou à peu près.
90/ Al-Bawâdih (Les Surprises) : C’est ce qui survient au cœur en provenance du monde du Mystère mais par un mode effrayant qui engendre la joie ou la tristesse.
91/ Al-Hujûm (La Ruée) : C’est ce qui se produit dans le cœur dans les moments forts alors que tu n’y est pour rien.
92/ Al-Talwîn (l’Altération) : Cela se rapporte aux variations que l’homme connaît en changeant d’états
perpétuellement. Selon la majorité (des initiés) c’est le signe d’un manque de stabilité, et selon nous, c’est la station spirituelle la plus parfaite. En cette station, l’état du serviteur est conforme à l’état décrit par ce verset : « Chaque jour Il est à une œuvre »86.
93/ Al-Tamkîn (La Réalisation Stable) : C’est selon nous, la stabilité de la réalisation (at-tamkîn) dans l’altération (at-talwîn). On dit aussi que c’est l’état des gens ayant atteint le but.
94/ Al-Rughbah (L’Appétance)87 : C’est l’appétance de l’âme en vue d’une récompense, celle du cœur pour la réalité profonde et celle du secret88 pour Dieu.
95/ Al-Ruhbah (La Frayeur)89 : La frayeur de l’extérieur est due à la réalisation de la menace, la frayeur de l’intérieur est due à l’inversion de la science et la frayeur du secret est due à l’éventualité de la
réalisation d’une science antérieure.
85 Au chapitre 258 des Futûhât, le Sheikh al-Akbar précise que par l’expression « deux moments ou à peu près » il faut comprendre que le premier moment concerne leur apparition et le second, le profit qu’elles transmettent.
Ces clartés ne transmettent que des sciences uniquement divines sans lien aucun avec les sciences cosmiques.
86 Cf. Cor. (55/29).
87 Se reporter au Chap. 233 des Futûhât Mekkiyah.
88 Rappelons que, tant, en ce qui concerne les facultés de connaissance que les modalités de dévoilement, il existe une hiérarchie. Les différents termes exprimant ces modalités et cette hiérarchie permettent de préciser ce que l’on cherche à exprimer. En l’occurrence, le secret est le point intime du cœur où s’établit le contact direct avec Dieu.
89 Se reporter au Chap. 234 des Futûhât Mekkiyah.
96/ Al-Makr (La Ruse) : C’est l’état de bien être qui se perpétue malgré l’état de désobéissance et le fait de
persister dans un état inadapté (à la spiritualité). C’est encore la manifestation de signes et de
charismes sans nécessité ni limites.
97/ Al-Içtilâm (Le Déracinement) : Cela désigne le trouble90 qui survient dans le cœur et prend le pouvoir.
98/ Al-Ghurbah (L’Expatriation91) : C’est le fait de quitter sa patrie pour atteindre son but. On dit aussi, quitter un état fait partie de la réalité de ses effets. S’expatrier de Dieu, c’est rester interdit face à la
connaissance.
99/ Al-Himmah (L’Aspiration Spirituelle) : C’est vider le cœur pour atteindre son but, cela désigne également la sincérité première de l’aspirant à l’initiation. Cela se réfère aussi à la concentration des aspirations (particulières) par la pureté de l’inspiration (al-ilhâm).
100/ Al-Ghayrah (La Jalousie)92 : C’est la jalousie en Dieu lorsque les limites ne sont respectées. La jalousie se traduit également par la capacité de garder secret ce qui doit le rester comme les pensées intimes.
C’est aussi la jalousie qu’Allah manifeste vis-à-vis de Son trésor précieux, c'est-à-dire vis-à- vis de Ses Saints qui sont les perles de Son trésor.
101/ Al-Hurriyah (La Liberté)93 : Cela désigne l’accomplissement des règles de servitude envers Allah le Très Haut, ce qui signifie, se rendre libre de tout ce qui n’est pas Allah.
102/ Al-Mutâla’ah (l’Examen) : Ce sont les grâces opportunes qu’Allah accorde aux connaissants volontairement ou suite à leur demande qui est la conséquence des évènements produit en ce monde.
103/ Al-Futûh (Les Ouvertures) : Ce sont les ouvertures de l’expression à l’extérieur et celles des jouissances intérieures et enfin les ouvertures que procure le dévoilement intuitif.
104/ Al-Waçl (La Jonction, la Réalisation)94 : C’est la saisie de ce qui est passé.
105/ Al-Ism (Le Nom) :
90 Voir à ce sujet, le chapitre 232 des Futûhât Mekkiyah.
91 Voir à ce sujet, le chapitre 230 des Futûhât Mekkiyah.
92 Se reporter au Chap. 213 des Futûhât Mekkiyah.
93 Se reporter au Chap. 214 des Futûhât Mekkiyah.
94 Se reporter au Chap. 200 des Futûhât Mekkiyah.
C’est ce que possède le pouvoir sur l’état de l’homme à l’instant présent parmi les
Noms divins.
106/ Al-Wasm (L’Estampille) : C’est la description de ce qui se produit dans la post-éternité (al-abad) comme conséquence de ce qui se produisit dans la pré-éternité (al-azal)95.
107/ Al-Zawâïd (Les Surplus) : C’est le surcroît de foi dans le Mystère et la certitude.
108/ Al-Khadir (Al-Khadir96) : Il exprime l’état de détente (al-bast).
109/ Al-Yâs (Le Désespoir97) : Ce terme exprime la contraction (al-qabd).
110/ Al-Ghaûth (Le Sauveur) : C’est l’unique de chaque époque et celui qui accorde son soutien providentiel quand la circonstance le nécessite.
111/ Al-Wâqi’ah (l’Echéance) : C’est ce qui survient sur le cœur en provenance de ce monde par tout genre de procédé comme le discours ou l’image.
112/ Al-‘Anqâ’ (Le Phénix98) : Ce terme désigne le souffle99 par lequel Allah fait apparaître les corps de la création.
113/ al-Warqâ’ (La Colombe) : Ce terme désigne l’âme universelle qui correspond (sous un autre symbolisme) à la Table gardée.
114/ Al-‘Uqab (L’Aigle) : C’est le calame ou l’intellect premier (universel).
115/ Al-Ghurâb (Le Corbeau) : C’est le corps universel.
116/ Al-Chajarah (L’Arbre) : C’est l’Homme Universel.
95 La version du Caire mentionne le terme Al-Rasm, qui signifie la trace. M. Ahmad Vâlsan fait le choix de cette version et avance que l’explication donnée par la définition est plus en rapport avec ce dernier terme.
96 Al-Khadir est un membre de la plus haute hiérarchie initiatique qui a pour fonction de combler les vides. Tel un joker, il peut remplacer n’importe quelle fonction et rétablir les modalités de l’initiation la plus régulière. Son intervention est avant tout dépendante de l’état de préparation de la personne récipiendaire.
97 M. A. Vâlsan mentionne le Prophète Elie (Ilyâs).
98 Pour cette notion et les quatre suivantes se reporter à l’excellent travail de M. D. Gril qui a traduit et annoté l’œuvre du Sheikh al-Akbar intitulée « Le Livre de l’Arbre et les Quatre Oiseaux ».
99 La version du Caire mentionne al-habâ la poussière, le reste du texte est le même.
117/ Al-Simsimah (La Graine de Sésame) : C’est une connaissance telle que l’on ne peut l’exprimer.
118/ Al-Durah al-baydâ’ (La Perle Blanche) : Cette expression désigne l’intellect premier (universel).
119/ Al-Zumradah (L’Emeraude) : C’est l’âme universelle.
120/ Al-Sabkhah (La Poussière Fine) : C’est la poussière primordiale.
121/ Al Harf (La Lettre) : C’est la langue, c'est-à-dire le moyen par lequel Dieu s’adresse à toi quand Il
s’exprime.
122/ Al-Sakînah (La Paix Profonde) : C’est la paix que tu trouves lors de la descente du Mystère (al-ghaîb).
123/ Al-Tadânî (L’Approche Réciproque) : C’est l’ascension céleste des gens de la proximité divine.
124/ Al-Tadallî (La Descente) : C’est la descente des gens de la proximité divine. Cela désigne également la descente de Dieu vers eux lors de l’approche réciproque100.
125/ Al-Taraqî (l’Ascension) : C’est l’évolution à travers les états, les stations et les connaissances d’ordre spirituels.
126/ Al-Talaqî (La Rencontre Réciproque) : C’est quand tu prends ce que Dieu t’a destiné (lors de ton voyage céleste).
127/ Al-Tawallî (Le Détour) : C’est ton retour de Lui vers toi.
128/ Al-Khaouf (La Peur) : C’est ce dont tu te méfies pour l’avenir.
129/ Al-Rajâ’ (L’Espoir) : C’est le désir avide du terme.
130/ Al-Sa’q (Le Foudroiement) : C’est l’extinction produite par les théophanies seigneuriales.
100 L’approche réciproque se rapporte au hadîth qui dit que si tu fais un pas vers Dieu il en fait dix vers toi. Le Sheikh al-Akbar rattache la signification de la « descente » avec le concept de la réalisation descendante étudiée au chapitre 45 des Futûhât Mekkiyah.
131/ Al-Khalwah (La Retraite Spirituelle) : C’est l’entretien du secret avec Dieu en un lieu où ne se tient ni ange ni autre que Lui.
132/ Al-Jalwah (La Sortie de la Retraite) : C’est la sortie du serviteur de la retraite spirituelle une fois revêtue des parures (vertus) divines.
133/ Al-Makhda’ (L’Alcôve101) : C’est le lieu où le Pôle se voile à l’égard des solitaires réalisés qui parviennent au but102.
134/ Al-Hijâb (Le Voile) : C’est tout ce qui voile ton but à tes yeux103.
135/ Al-Nawâlah (La Gratification) : Ce sont les robes d’honneur (al-khala’)104 particulières aux solitaires (al-afrâd), mais cela peut s’appliquer à toute robe d’honneur en général.
136/ Al-Jaras (La Cloche) : C’est le plus beau des discours divins reçu dans des conditions contraignantes105.
137/ Al-Ittihâd (L’Union) : C’est lorsque deux essences deviennent une. Cela n’est possible que dans le domaine des nombres et ne correspond qu’à un simple état passager.
138/ Al-Qalam (Le Calame) : Cela désigne la science de l’analyse, de la mise en détail.
139/ Al-Anâniyah (L’Egoïté) : C’est quand tu dis : « Je ou moi ».
140/ Al-Nûn (L’Encrier) : C’est la science de la synthèse (‘ilm al-ijmâl).
141/ Al-Huwiyah (La Réalité Suprême et Impersonnelle) : C’est la réalité dans le monde du Mystère106.
101 C’est littéralement ; le lieu du leurre.
102 La version du Caire dit que c’est le lieu du secret du cœur des solitaires réalisés parvenus au but.
103 Cette indication nous permet de préciser que les deux modalités majeures et primordiales de l’Esprit sont le Verbe et la Lumière. Ainsi, toute réalisation vraie implique audition où vision à l’état de veille, tant que ce n’est pas le cas, c’est que le voile est toujours présent sur le cœur.
104 Ce terme signifie également enlever, dépouiller etc …, la robe d’honneur est en fait l’état d’épuration. C’est le vide du réceptacle prêt à accueillir le Tout.
105 Al-Jurjânî précise que le Prophète compare la révélation en mode synthétique, au son de la cloche ou au bruit d’une chaîne qui frappe un rocher et dit : « C’est la forme la plus difficilement soutenable de la révélation ».
106 C’est la Haqiqah al-Muhammadiyah dans sa modalité la plus universelle.
142/ Al-Lûh (La Table) : C’est le réceptacle de l’enregistrement et de l’inscription de tout ce qui possède un terme connu.
143/ Al-Inniyah (La personnification (le Moi) suprême) : C’est la Réalité principielle sous le rapport déterminé de l’affirmation du Moi divin107.
144/ Al-Ru’ûnah (La Bêtise) : C’est se situer au niveau de la nature grossière de notre être.
145/ Al-Ilahiyah (Le Caractère Divin) : Ce sont tous les Noms divins rattachés à l’homme.
146/ Al-Khatm (Le Sceau) : C’est le signe de Dieu dans les cœurs des connaissants.
147/ Al-Taba’ (L’Empreinte) : C’est ce qui est inscrit dans la science primordiale au sujet de chaque personne.
148/ Al-Aliyah (L’Angélité) : Ce sont tous les Noms divins en rapport avec un ange ou une entité spirituelle.
149/ Al-Minaçah (La Chambre Nuptial) : C’est le lieu des époux et celui du dévoilement théophanique d’ordre spirituel.
150/ Al-Sawa (La parité) : C’est l’altérité (la dualité).
151/ Al-Jasad (L’Enveloppe) : C’est tout esprit qui se manifeste au moyen d’un corps (jism) igné ou lumineux.
152/ Al-Nûr (La Lumière) : Cela désigne tout évènement divin qui vide le cœur de ce qui appartient à ce monde.
153/ Al-Dhulmah (La Ténèbre) : C’est tout ce qui se rapporte à la science de l’Essence car rien ne se dévoile avec Elle.
154/ Al-Diyâ’ (La Clarté) : C’est la vision des principes essentiels par l’Œil divin.
155/ Al-Dhil (L’Ombre) : C’est le lieu de l’apaisement derrière le voile.
156/ Al-Qichr (L’Ecorce) : 107 La version du Caire dit : C’est la réalité suprême mandatée en un mode particulier. C’est toute science qui préserve l’œil du réalisé de la déviation lorsque Dieu se révèle à lui.
157/ Al-Lub (Le Noyau d’Immortalité) : C’est ce qui est préservé des sciences et que ne perçoivent pas les cœurs attachés au monde (créé).
158/ Lub al-Lub (Le Noyau du Noyau d’immortalité) : C’est la substance de la lumière divine.
159/ Al-‘Umûm (Les Généralités) : Ce sont les possibilités de participation aux attributs divins.
160/ Al-Khuçûç (Les particularités) : C’est ce qui rend chaque chose unique.
161/ Al-Ichârah (L’Allusion subtile) : C’est ce qui se produit lors de la proximité quand le cœur est concentré ou inversement, en état d’éloignement.
162/ Al-Ghayb (Le Mystère) : C’est tout ce que Dieu t’a caché de toi-même108 et non Lui.
163/ ‘Alâm al-Amr (Le Monde du Commandement) : C’est ce qu’existencie Dieu sans support causal, il exprime aussi le monde de la Royauté.
164/ ‘Alâm al-Khalq (Le Monde de la Création) : C’est tout ce qui est existencié au moyen d’un support causal, il désigne aussi le monde de la manifestation formelle109.
165/ Al-‘Arif wa al-Ma’rifah (Le Connaissant et la connaissance) : C’est celui à qui Dieu a permis d’accéder à la connaissance de Son âme, sur lui apparaissent les états, la connaissance est sa condition.
166/ Al-‘Alîm wa al-‘Ilm (Le Savant et la Science) : C’est celui a qui Allah a permis d’accéder à la contemplation de Sa divinité et de Son Essence, aucun état n’est visible sur lui et la science est sa condition110.
167/ Al-Haqq (La Vérité informelle) : 108 On peut aussi comprendre que ce que Dieu cache de notre fait, en raison de nos limitations et non par volonté de nous restreindre. De plus, ce terme Al-Ghayb peut se traduire par non-manifesté, non être, invisible, inexprimable etc … .
109 Rappelons que la manifestation formelle englobe les états physiques et psychiques.
110 Voir à ce sujet, le chapitre 232 des Futûhât Mekkiyah.
C’est ce qui est rendu nécessaire à l’homme par décret divin et c’est également ce à quoi Dieu s’est astreint Lui-même.
168/ Al-Bâtil (L’illusion) : C’est le néant.
169/ Al-Kawn (Le Monde) : C’est toute chose existenciée.
170/ Al-Ridâ’ (Le Manteau) : Ce sont les manifestations revêtues des attributs divins.
171/ Al-Rîn (La maîtrise111) : C’est le point d’équilibre de toutes choses.
172/ Al-Kamâl (La Perfection) : C’est transcender les attributs et leurs applications (effets).
173/ Al-Barzakh (L’Isthme) : C’est le monde perçu par mode contemplatif qui se trouve entre le monde des significations pures et celui des corps (al-ajsâm).
174/ Al-Jabarût (Le Monde de la Puissance Contraignante) : Selon Abî Tâleb, c’est le monde de l’Immensité alors que pour la plupart des autres il s’agirait du monde intermédiaire.
175/ Al-Mulk (Le Bas-Monde – ou le Royaume) : C’est le monde de la manifestation formelle.
176/ Al-Malakût (Le Monde de la Royauté) : C’est le monde du Mystère, le NonŔmanifesté.
177/ Mâlik al-Mulk (Le Roi du Monde) :C’est Dieu en tant qu’Il récompense l’homme de se conformer à Son ordre.
178/ Al-Mutala’ (l’Observatoire) : C’est le regard porté vers ce bas-monde, mais c’est également le regard effectué par l’Œil de Dieu.
179/ Hijâb al-‘Izzah (Le Voile de la Toute Puissance) : C’est la cécité et la perplexité.
180/ Al-Mathal (Le Modèle) : 111 M. Ahmad Vâlsan mentionne le terme Al-Arîn se traduisant par ; Le lieu équatorial. La version du Caire mentionne ; Al-Dîn pouvant se traduire par la Tradition ou la Religion. Dans les trois cas, la définition est la même. Il s’agit ici de l’Homme, plus précisément, la forme dans laquelle il a été manifesté (Fatara).
181/ Al-‘Arch (Le trône) : C’est le lieu de stabilité des noms conditionnés.
182/ Al-Kursî (L’Escabeau) : C’est le lieu où prennent forme les sciences du commandement et de l’interdiction.
183/ Al-Qadam (Le Pied) : C’est tout ce que l’homme stabilise comme science concernant Dieu.
184/ Al-‘Id (Le retour) : C’est ce qui retourne au cœur sous forme de théophanies grâce aux actes d’adoration répétés.
185/ Al-Hadd (La limite) : C’est ce qui te sépare de Lui.
186/ Al-Sifah (L’Attribut) : C’est ce qui nécessite la signification comme le Savant.
187/ Al-Nu’t (Le Qualificatif) : C’est ce qui nécessite une relation (une relativité) comme le qualificatif le « premier ».
188/ Al-Ru’yah (La vision) : C’est la contemplation au moyen de la vue autre que la vue intérieure quelle qu’elle soit.
189/ Kalimah al-Hadrah (La Parole de l’Existenciation) : Sois (Kun).
190/ Al-Lisn (Le Langage) : C’est l’éloquence du discours divin qui parvient aux oreilles des connaissants.
191/ Al-Huwa (La réalité Informelle) : C’est le Mystère que l’on ne peut contempler.
192/ Al-Fahwâniyah (La Parole Face à Face) : C’est le discours divin lorsqu’il prend la forme d’une discorde dans le monde des similitudes.
193/ Al-Sawâ’ (L’Equivalence) : C’est l’occultation conjointe de Dieu dans la manifestation et de la manifestation en Dieu.
194/ Al-Ubûdah (La Servitude Totale) : C’est le fait de manifeste son âme à son Seigneur,cette station est celle de la servitude totale.
195/ Al-Intibâh (Le Réveil) : C’est un avertissement de Dieu à l’homme dans un but d’assistance.
196/ Al-Yaqdhah (L’Eveil) : C’est comprendre en Allah la signification de son avertissement.
197/ Al-Taçawûf (Le Soufisme – l’Initiation) : C’est respecter les convenances extérieures et intérieures de la Loi Sacrée. Ce sont les caractères divins. On dit aussi, c’est se parer (Itiyân)112 des caractères vertueux et écarter ceux qui sont vils.
198/ Al-Tahalî (La Prise de parure)113 : C’est le fait de se parer des caractères divins et selon nous, c’est se parer des caractères de la servitude, ce qui est plus juste car plus parfait et plus pur.
199/ Sirr al-Sirr (Le Secret du Secret) : C’est ce par quoi Dieu s’isole du serviteur. L’ensemble des termes techniques énumérés est de cent quatre vingt dix neuf. L’auteur les a réunis dans la ville de Malatyah le dix du mois de Safar en l’an 615. Que la prière unifiante et la paix sanctifiante et abondante d’Allah soient sur notre souverain Muhammad ainsi que sur sa famille et ses compagnons.
112 La version du Caire mentionne Ithbât, ce qui peut se traduire par le fait de rendre les caractères vertueux stables et fixes.
113 Se reporter au Chap. 204 des Futûhât Mekkiyah.
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