lundi 20 juin 2011

Sur le mérite de « La ilaha illa llah » Cheikh Abd el Qader el Jilâni



tirés du livre "Enseignements Soufis"
Séance du Dimanche matin 7 Rajab 545 de l’Hégire dans son Ribat :



Le Prophète - Que Dieu lui accorde la Grâce et la Paix - a dit :

« Epuisez vos démons par la répétition de la parole : Il n’y a d’autre Dieu que Dieu, MUHAMMAD est l’envoyé de Dieu. Car le démon s’en épuise comme le chameau de l’un de vous à force d’être monté par lui et de porter ses charges. »

Ô hommes ! Epuisez vos démons par la sincérité dans la répétition de la parole : « Il n’y a d’autre Dieu que Dieu. »
Non par la simple articulation de ces mots. L’affirmation de l’unicité (TAWHID) calcine les satans d’essence humaine et démoniaque parce qu’elle est un feu dévastateur pour les démons et une lumière pour les affirmateurs de l’Unicité (al-MUWAHHIDUN). Comment peux-tu dire « Il n’y a d’autre Dieu que Dieu » alors qu’il y a dans ton cœur tant de divinités ? Toute chose en dehors de Dieu sur laquelle tu t’appuies et dans laquelle tu mets ta confiance est ton idole.

 L’affirmation de l’unité avec la simple langue lorsque le cœur est associateur ne t’est d’aucune utilité. Il est inutile pour toi d’avoir une enveloppe charnelle propre avec un cœur souillé. L’affirmateur de l’unicité épuise son démon et l’associateur est épuisé par son démon.
La sincérité est la substance des paroles et des actes parce qu’ils deviennent des écorces vides lorsqu’ils en sont dépourvus.

Or l’écorce ne sert qu’à être jetée dans le feu. Aussi, écoute mes propos et agis en conséquence, ils éteindront la flamme de ton avidité et briseront l’épine de ton âme charnelle. Evite d’être présent dans les endroits où se déclenche la flamme de ta nature pour ne pas saccager la demeure de ta religion et de ta Foi. En effet les fureurs de la nature, du désir et du démon risquent d’emporter ta religion, ta Foi et ta certitude. N’écoute pas les propos de ces hypocrites, pédants et enjoliveurs, car la nature humaine se fie facilement aux propos enjolivés, aux folles manières.
Ceci s’apparente à la pâte de pain sans sel ni levain qui fait mal à l’estomac du mangeur et détruit son foyer.
La science est à recueillir des bouches des hommes, non des livres. Parmi ces hommes figurent les hommes de Dieu qui le craignent réellement, renoncent à tout ce qui n’est pas nécessaire, héritent du vrai savoir, possèdent la connaissance, oeuvrent en conséquence en toute sincérité. Tout ce qui n’est pas mêlé de crainte révérencielle est folie et vanité.

 La sainteté appartient en ce monde et dans la vie future aux pieux. Les fondements et la construction sont leur apanage en ce moment et dans la vie future. Dieu n’aime parmi Ses serviteurs que les pieux bienfaiteurs et patients. Si tu possédais un esprit sain, tu les reconnaîtrais, tu les aimerais et tu leur tiendrais compagnie.

Mais l’esprit ne devient sain que lorsque le cœur est illuminé par la connaissance de Dieu. Aussi ne te fie pas à ton esprit tant que la connaissance n’est pas confirmée et tant que tu ne décèles pas le bien et la santé qui émanent de ton esprit. Détourne ton regard de tout ce qui est illicite, retiens-toi devant les séductions, accoutume ton âme à consommer les choses licites et préserve ton intérieur en étant attentif à Dieu et ton extérieur en suivant la SUNNA.

Tu auras alors un esprit sain et perspicace et tu obtiendras la connaissance de Dieu. Car il m’appartient d’élever les esprits et les cœurs, non les âmes, les natures et les habitudes.
Ô novice ! Apprends le savoir et sois sincère pour pouvoir te débarrasser des filets de l’hypocrisie et de ses chaînes.
Cherche le savoir pour Dieu non pour Ses Créatures et Son bas monde. Le signe de ta recherche du savoir pour plaire à Dieu est attesté par ta crainte et ta frayeur devant Lui, chaque fois qu’il est question de Ses commandements et de Ses interdits : tu es vigilant devant Lui, humble intérieurement en Sa présence et modeste devant Ses Créatures sans avoir pourtant besoin d’elles ni convoiter ce qu’elles possèdent ; ton amitié et ton hostilité envers les hommes dépendent uniquement de ton aspiration à plaire à Dieu. Car toute amitié fondée pour plaire à autrui, c’est de l’animosité ; tout appui sur tout autre est pure perte ; et tout don pour plaire à autrui, c’est de la privation.

Le prophète - Que Dieu lui accorde la Grâce et la Paix - a dit :

« La foi comporte deux moitiés : une moitié faite de constance, et une moitié faite de gratitude. »

Si tu n’endure pas les blâmes, et ne remercie pas pour les bienfaits, tu n’es pas croyant. Car la réalité de l’Islam réside dans la soumission à Dieu.
Ô mon Dieu ! Vivifie nos cœurs par la remise confiante en Toi, par Ton obéissance, par Ta mention, par la conformité à Toi et par l’affirmation de Ton Unicité !
Sans la présence d’hommes aux cœurs animés par cet élan vital, qui sont clairsemés à travers la terre, vous seriez perdus. Car Dieu par exaucement de leurs implorations éloigne Son châtiment des habitants de la terre. La forme de la Prophétie a quitté la terre mais son sens spirituel demeurera jusqu’au Jour de la Résurrection. Sans cela sur quelle base quarante de ces hommes demeurent présents sur terre ?

 Celui qui possède l’un des sens de la Prophétie a un cœur qui s’apparente aux cœurs des prophètes. Parmi ces hommes, il y a des califes et des représentants de Dieu sur terre. Il les a institués comme des disciples de leurs Maîtres. Voila pourquoi le Prophète - Que Dieu lui accorde la Grâce et la Paix - a dit :
« Les savants sont les héritiers des prophètes ».

Ils sont les héritiers dans la préservation, les actes, les paroles et l’effectivité. Car la parole non suivie d’acte ne vaut rien et la simple prétention dépourvue de preuve ne vaut rien non plus.

Ô novice ! Ta preuve consiste à t’attacher au Livre Saint et à la SUNNA, à agir selon leurs préceptes et à être sincère dans tes œuvres. Je vois que vos savants sont des ignorants, vos ascètes sont attachés à ce bas monde ; ils le convoitent et se confient aux créatures en oubliant Dieu. Or, avoir confiance en tout autre que Dieu entraîne la malédiction. En effet le Prophète - Que Dieu lui accorde la Grâce et la Paix - a dit :

« Maudit, maudit est celui qui met toute sa confiance en une créature comme lui ».

Il a dit également :

« Celui qui s’abaisse devant une créature pour sortir de son indigence tombe dans l’humiliation ».

Malheur à toi ! Si tu quittes les créatures pour être avec le Créateur, Il te fait connaître tes droits et tes devoirs, et tu distingues ce qui t’appartient de ce qui appartient à autrui. Aussi tu dois t’accrocher en permanence au seuil de Dieu et extirper de ton cœur toute tentation de recourir aux moyens intermédiaires, maintenant que tu aperçois le bien immédiat et lointain.

Ceci ne s’obtient pas tant que tu n’expulses pas de ton cœur toute présence des créatures et de la duplicité, tant qu’il s’y trouve la préoccupation de la Vie Future et la moindre trace de tout ce qui n’est pas Dieu. Si tu n’endures pas, tu n’as nul crédit et nul capital de ta Foi.

Le Prophète - Que Dieu lui accorde la Grâce et la Paix - a dit :

« La constance est, par rapport à la Foi, comme la tête par rapport au corps ».

La constance signifie que tu ne te plaignes à personne, que tu ne t’accroches à aucun moyen intermédiaire, ne répugnes pas à faire face aux épreuves et ne souhaites pas leur disparition. Lorsque le serviteur devient humble devant Dieu malgré sa pauvreté et son indigence, lorsqu’il endure pour Lui sa Volonté, ne dédaigne pas sa condition licite et joint les deux bouts de la clarté et de l’obscurité de sa situation par le recours à l’adoration et au travail pour le gagne-pain, Dieu le regarde avec l’œil de la Miséricorde, l’enrichit et enrichit sa famille par où il ne s’attendait pas. En effet Dieu a dit :

« Quant à celui qui craint Dieu, Dieu donnera une issue favorable à ses affaires : Il lui accordera Ses dons par des moyens sur les quels il ne comptait pas ».

Tu es comme le barbier qui pratique les saignées ; tu expulses le mal d’autrui alors qu’en toi il y a un mal que tu ne cherches pas à extraire. Je vois que tu accumules le savoir extérieur et l’ignorance intérieure. Il est dit dans la Torah :

« Celui qui progresse dans le savoir accumule les souffrances ».

Quelle est cette souffrance ? C’est la crainte de Dieu et l’humilité devant Lui et devant Ses créatures. Si tu ne possèdes pas le savoir, mets-toi à l’apprentissage. Si tu ne possèdes ni savoir, ni pratique, ni sincérité, ni régularité, ni bonne opinion des maîtres, comment peut-il sortir quelque chose de toi ? Tu as fait de ce bas monde et de ses biens éphémères ton souci majeur. Bientôt vous serez séparés.

Où te situes-tu par rapport à des hommes qui n’ont qu’un seul souci majeur : ils ne cessent d’être vigilants intérieurement et extérieurement par rapport à Dieu. Ils éduquent leur cœur et prennent soin de leurs organes extérieurs ; et lorsqu’ils obtiennent cela, ils se mettent à l’abri des soucis de tous les plaisirs et désirs, ne gardent dans leur cœur qu’un seul désir ; celui de chercher Dieu, de se rapprocher de Lui et de L’aimer.
On rapporte qu’ayant subi une rude épreuve, les Fils d’Israel ont accouru vers l’un de leurs prophètes et lui ont demandé ceci : « Informe-nous sur ce qui satisfait Dieu pour que nous puissions Le suivre et afin qu’il soit un moyen pour repousser l’épreuve que nous subissons ! »
Ce prophète demanda la solution à Dieu, et Dieu lui inspira ceci :

« Dis-leur : Si vous voulez Ma satisfaction, donnez satisfaction aux nécessiteux : Si vous les contentez, Je serai contenté et si vous les courroucez, Je serai courroucé. »

Ecoutez Ô hommes censés ! Vous ne cessez de courroucer les nécessiteux et vous voulez la satisfaction de Dieu, jamais vous n’obtiendrez ainsi Sa satisfaction car vous vous débattez dans Son Courroux.
Attachez vous à la dureté de mes propos et vous réussirez. Car l’attachement dans la fermeté est comme la pousse qui prend racine. Moi je ne fuyais pas devant les propos des maîtres, devant leur dureté et leur sévérité. Au contraire, j’étais muet et aveugle ; les épreuves de leur part pleuvaient sur moi et je restais muet.

Et toi, tu n’endures pas leurs paroles et tu veux réussir. Jamais, au grand jamais, tu ne réussiras tant que tu ne te conformes pas pour toi et contre toi, au Décret Divin, tant que tu n’accompagnes pas les maîtres en te débarrassant de tout souci pour tes parts et tes chances, tant que tu ne les suis pas et ne te conformes pas à eux en toute circonstance. Ce n’est qu’ainsi que tu obtiendras le succès en ce bas monde et dans la Vie Future.

Saisissez ce que je dis et agissez en conséquence. Une compréhension non suivie de pratique ne vaut rien. Agir sans sincérité est un vain souhait. Toutes les lettres du vain souhait sont vides et creuses. Les gens du commun ignorent ton faux éclat. Mais le banquier connaît ton tralala et en informe les gens du commun pour qu’ils te mettent en garde.

Si tu endures pour Dieu, tu verras des merveilles de Sa Bienveillance. Lorsque YUSSUF (Joseph) a enduré les privations, l’esclavage, l’emprisonnement et les humiliations en se conformant à l’Agir de son Seigneur, son aptitude a été confirmée et il est devenu roi ; de l’humiliation il a été transporté dans la grandeur ; de la mort il a été transporté dans la Vie.

 Il en va de même de toi. Si tu suis la loi religieuse, tu endures pour Dieu, tu le crains et espères en Lui ; et si tu t’opposes à ton âme charnelle, à ton désir et à ton démon, on te transporte de l’état où tu te trouves vers un ailleurs différent et meilleur, on te transporte de l’état qui te répugnes dans l’état qui te réjouis.

 Efforce-toi et applique-toi car par toi tu ne parviens pas, pourtant tu es indispensable. Efforce-toi et tu auras le bien. Celui qui demande trouve. Applique-toi à consommer ce qui est licite car cela illumine ton cœur et le fait sortir de ses ténèbres. Le meilleur entendement est celui qui te fait connaître les bienfaits de Dieu, t’installe dans la gratitude pour ces bienfaits et t’aide à les reconnaître et à apprécier leur valeur.

Ô novice ! Celui qui connaît avec l’œil de la certitude que Dieu a déjà terminé le partage de toutes les choses ne Lui en demande rien par pudeur devant Lui ; et se consacre à Son DHIKR (Mention de Dieu) plutôt que de Lui faire des demandes ; il ne Lui demande pas de hâter ses parts, ni de Lui donner celles d’autrui. A cet égard, il ne cesse d’observer la passivité, le mutisme, le respect des règles de convenance et l’abandon de toute forme d’objection, ne se plaignant jamais aux créatures ni pour des choses importantes ni pour des choses insignifiantes.
En somme, mendier auprès des créatures avec le cœur est semblable à la mendicité auprès d’elles avec la langue. A mes yeux il n’y a aucune différence entre les deux attitudes, quant à leur réalité.

Malheur à toi ! N’as-tu pas honte de demander à tout autre que Dieu, alors qu’Il est plus proche de toi que quiconque ? Tu t’adresses aux créatures pour leur demander ce dont tu n’as pas besoin. Tu as un trésor enfoui et tu disputes un grain et une brindille aux nécessiteux. A ta mort, tu seras mis à nu, tes cachotteries et tes dissimulations apparaîtront au grand jour et tu seras saisi par la malédiction qui t’assaillira de tout côté.

Si tu es sensé tu t’appliqueras à acquérir un atome de la Foi avec lequel tu rencontreras Dieu, tu tiendras compagnie aux Saints pour te conformer à eux et t’initier à leurs paroles et leurs actes. Lorsque ta Foi se développera et ta certitude se confirmera, Dieu te choisira pour Lui-même, se chargera de ton éducation et de tout ce qui relève des ordres et des interdits te concernant au niveau de ton cœur.
Ô adorateur de l’idole de la duplicité ! Tu ne sentiras pas la Proximité de Dieu ni en ce monde, ni dans la Vie Future !

Ô associateur envers les créatures qui te tournes vers elles avec ton cœur ! Détourne-toi des créatures car elles ne possèdent pas réellement le pouvoir de nuire ou d’être utiles ou de donner ou de retenir ! Ne prétends pas à l’affirmation de l’unicité de Dieu quand en même temps ton cœur est en permanence dans l’associationnisme, car tu ne recevras rien de Sa part.

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