lundi 25 juillet 2011

Les corps lumineux et les anges chérubins. Par Ibn Arabi



En premier lieu, la forme corporelle se divise en deux catégories : une forme corporelle élémentaire qui englobe une forme corporelle imaginale et une forme corporelle lumineuse. Commençons donc par parler de la forme lumineuse dont nous dirons ceci : le premier corps que Dieu ait créé est celui des esprits angéliques éperdus (ou hébétés, al-muhayyama) devant la Majesté divine.


Ce sont eux dont procède l’Intellect premier et l’Âme universelle. C’est avec le « corps » de ces esprits angéliques que se finalise la création des « corps lumineux » à partir de la lumière de la Majesté divine. Aucun de ces anges n’a été créé par un autre moyen, exception faite de l’Ame (universelle) qui occupe une position inférieure à l’Intellect.

Tous les anges qui ont été créés après ceux-là font parti du règne de la nature (hukm al-tabî’a) et sont de la même espèce que la sphère à partir de laquelle ils ont été créés et dont ils sont les habitants. Il en va de même pour les anges qui président aux éléments ; la dernière catégorie d’anges est celle qui est créée à partir des œuvres des serviteurs et de leurs souffles. Nous allons tous les mentionner, si Dieu le veut, catégorie par catégorie.

Sache que Dieu –exalté soit-Il – était avant même d’avoir créé les créatures et que cette antériorité n’était pas temporelle. Il s’agit là d’une simple expression destinée à faciliter la compréhension. Elle indique une relation (entre Dieu et le monde) qui doit faire percevoir la réalité à l’esprit de l’auditeur. (A l’origine,) Dieu était dans une Nuée aveugle (‘amâ) sous laquelle il n’y avait pas un souffle d’air et au dessus de laquelle il n’y en avait pas davantage.

La première manifestation divine qui y apparut fut la diffusion de la lumière essentielle telle qu’elle nous est décrite dans ce verset : Dieu est la lumière des cieux et de la terre (Cor.24.35). Lorsque la nuée se fut colorée (insabagha) sous l’effet de la lumière, Dieu y déploya les « formes » (çuwar) des anges éperdus d’amour qui occupent une situation supérieure à celle des corps naturels. Nul Trône, nulle créature ne les y précéda et, lorsqu’Il les eut existentiés, Il se manifesta à eux, si ce n’est que cette théophanie relevait pour eux de la non-manifestation (ghayban) et que cette non-manifestation même devint l’esprit de ces formes (angéliques). Il se manifesta à eux par Son Nom de Beauté (litt. : le Beau) si bien qu’ils furent ravis par la Majesté de Sa Beauté et que, jusqu’à présent, ils ne s’en sont pas relevés (litt. : ne sont pas revenus à eux) !


(Muhyî-d-Dîn Ibn Arabî, Extraits du Chap.13 des Futûhât : De ceux qui portent le Trône divin; traduit par A.Penot)





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