(Cheikh Muhyî-d-Dîn Ibn Arabî, Kitâb al-wasâyâ, traduit de l’arabe par Mohamed al-Fateh : Paroles en Or, édition Iqra).
Attache-toi
au discours intérieur tendant à faire le bien, même si tu ne le
fais pas réellement, et
chaque fois que tu es tenté intérieurement par le mal, renonces-y
résolument, à moins que tu
ne sois dominé par le Décret et l’Arrêt divin. Car si Dieu n’a
pas décrété contre toi de faire ce
mal qui te tente, Il l’inscrit en ta faveur comme une bonne action.
En effet, il est bien établi que
l’Envoyé de Dieu
rapporte que son
Seigneur – qu’Il soit exalté et magnifié – dit ceci :
« Lorsque
Mon serviteur envisage d’accomplir une bonne oeuvre, Je l’inscris
en sa faveur
comme une bonne oeuvre tant (mâ) qu’il ne la concrétise pas ».
Or la particule mâ (tant) est
circonstancielle. Ainsi, à chaque moment où il envisage
intérieurement d’accomplir
cette bonne action, même s’il ne l’accomplit pas encore, Dieu
l’inscrit en sa faveur
comme une bonne action à l’instant où il envisage de le faire,
quelque soit le nombre de
ces instants. En effet, il aura une bonne action pour chaque instant
où il envisage de l’accomplir.
Voilà pourquoi Il a dit : « Tant
qu’il ne la concrétise pas ».
Ensuite Dieu – qu’Il soit
exalté – ajoute : « S’il
l’accomplit, Je lui accorde dix fois la rétribution conséquente ».
C’est de là
que provient l’imposition du dixième sur la récolte irrigué par
le ciel.
S’il s’agit de bonnes actions plus méritantes qui bénéficient
de la pérennité de la rétribution,
la récompense se renouvelle pour elles tant qu’elles durent,
jusqu’au Jour de la Résurrection,
comme dans le cas des bonnes oeuvres comme les awqaf
(biens de mainmorte),
la science répandue au milieu des gens, les conduites exemplaires,
etc.
Puis Il a
parachevé Ses Faveurs pour Ses serviteurs en disant : « S’il
envisage intérieurement d’accomplir
une mauvaise action, Je la pardonne pour lui tant (mâ) qu’il ne
l’a pas accomplie ». Or le mâ
(tant) est ici une
particule circonstancielle, comme dans le cas de la bonne
action, faisant encourir les mêmes sanctions et procurant les mêmes
récompenses sans
aucune limite. Ensuite Dieu dit : « S’il
l’accomplit, Je l’inscris comme une seule sanction
contre lui ». Il
a appliqué ainsi le principe de la justice à propos de la mauvaise action
et le principe de la faveur à propos de la bonne action,
conformément à Sa Parole : « La
très belle récompense – et quelque chose de plus encore – est
destinée à ceux qui
auront bien agi. » (Coran, 10/26), ce qui constitue de la bienfaisance qui est au-delà
de la
sanction exemplaire. Ensuite Dieu – qu’Il soit exalté –
annonce au sujet des anges qu’ils déclarent
- en vertu du principe qu’il leur fait dire à l’encontre de
notre père Adam – en s’adressant
à Dieu : « Vas-Tu
y établir quelqu’un qui fera le mal et qui répandra le sang
? »(Coran,
2/30).
Ils
n’ont évoqué que nos méfaits sans mentionner ce qui est beau à
ce sujet. C’est que les habitants
du plérome céleste sont terriblement jaloux contre l’éventualité
de porter atteinte à la
Magnificence de Dieu et ils savent que cette constitution humaine ne
manquerait pas nécessairement
de s’opposer à son Seigneur en vertu de sa réalité fondamentale.
Mais les
anges
formulent cela par goût en fonction de leur essence, bien que cela
soit plus évident dans
leur constitution.
D’ailleurs si les anges n’étaient pas dans
leur constitution à l’image de nôtre
Dieu ne dirait pas qu’ils se querellaient, et la querelle
n’intervient qu’entre opposés. Or Dieu
indique, sur les anges, qu’ils disent à notre sujet : « Celui-ci
est Ton serviteur qui veut accomplir
une bonne oeuvre ». Regarde donc la force de ce principe, combien il
est magnifique
pour celui qui médite bien !
Tu
peux à partir de cela apprécier le mérite de l’homme lorsqu’il
mentionne du bien chez quelqu’un
et garde le silence sur sa malfaisance, et imaginer son degré au
regard du beau dessein
des anges à propos de ce qu’ils ont indiqué. Mais j’ai attiré
ton attention sur cela pour
que tu saches leur constitution et la beauté qui les orne. Car
chacun agit selon sa constitution
conformément à l’indication divine. Et Dieu indique que les anges
disent : « Celui-ci
est Ton serviteur untel qui veut commettre une mauvaise action ».
Mais Dieu est plus
averti à son sujet, aussi Il dit aux anges : « Surveillez-le. S’il
la commet, inscrivez une sanction
équivalente contre lui, et s’il l’abandonne inscrivez-la comme
une bonne action en sa
faveur, car il ne l’a abandonnée que pour Moi. ».
Or les anges
mentionnés ici sont ceux au
sujet desquels Dieu nous a dit : « Alors
des gardiens veillent sur vous : de nobles scribes
qui savent ce que vous faites. » (Coran, 82/10-12). Ainsi le rang et la charge leur ont
permis de dire ce qu’ils ont dit. Leur tâche, c’est de
transcrire ce qui est beau sans avoir à
faire connaître ce que Dieu leur indique à ce sujet. De même, ils
parlent des méfaits en raison
de ce qu’ils savent sur la Bienfaisance de Dieu et Son pardon.
D’ailleurs s’ils n’avaient pas
parlé à ce sujet nous ne saurions ce qu’il en est auprès de
Dieu, comme ce qu’ils disent sur
les séances du dhikr
au sujet de l’homme
qui y assiste non pas pour participer au dhikr mais
pour une affaire personnelle. Or Dieu a accordé le pardon à tous
ceux qui assistent à ce
genre de réunions sans exception, et Il a dit à leur sujet : « Ce
sont les gens dont leur commensal
ne sera jamais malheureux ». Donc, sans le questionnement et
l’identification de ces
gens par les anges, nous ne saurions jamais l’arrêt divin à leur
encontre. En somme, le discours
des anges – que la Paix soit sur eux – est une initiation et une
miséricorde, même si
son sens apparent touche en premier les esprits déficients avant le
principe sur lequel nous
avons attiré ton attention. Du reste, Dieu – qu’Il soit exalté
– a dit sur les bonnes et les mauvaises
actions : « Celui
qui se présentera avec une bonne action recevra en récompense
dix fois autant »
et même plus, et : « Celui
qui se présentera avec une mauvaise
action ne sera rétribué que par quelque chose d’équivalent » (Coran, 6/160) et
Dieu pardonne, après la sanction, à certaines personnes et avant la
sanction à d’autres. C’est
dire que le pardon s’impose pour celui qui fait du tort à son âme
même s’il ne se repent pas.
Ainsi,
celui qui réalise la réalité de cette recommandation connaîtra la
relation entre la constitution
humaine et celle des anges et saura que le fondement est unique, de
même que notre
Seigneur est Un et qu’Il possède Les Noms réciproques, ce qui
fait que l’existence est à
l’image des Noms.
(Cheikh Muhyî-d-Dîn Ibn Arabî, Kitâb al-wasâyâ, traduit de l’arabe par Mohamed al-Fateh : Paroles en Or, édition Iqra).
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