samedi 14 juillet 2012

Ibn 'Arabi - Du rapprochement de Dieu









(Cheikh Muhyî-d-Dîn Ibn Arabî, Kitâb al-wasâyâ, traduit de l’arabe par Mohamed al-Fateh : Paroles en Or, édition Iqra).



Attache-toi à l’observance de tous les actes de rapprochement de Dieu dans la mesure de ton possible, en toute circonstance et situation, en fonction de ce que t’inspire Dieu en cette circonstance et situation. Car tu dois savoir que jamais aucune désobéissance ne survient

totalement sans qu’elle soit interpellée par une obéissance pour indiquer que tu crois en elle en tant que désobéissance. Aussi, si tu mêles à ce mélange la demande du pardon, cela se transforme en une obéissance suivie d’une autre obéissance et en une oeuvre pie suivie d’une autre oeuvre pie, ce qui est de nature à renforcer la part de l’obéissance à laquelle s’est mêlé un méfait. Sache que la foi est le meilleur moyen de se rapprocher de Dieu. C’est aussi le plus grand auprès de Lui. C’est que la foi constitue la base sur laquelle se fonde toute la proximité. C’est en vertu de la foi que tu te rapproches de Dieu, conformément à ce qu’Il s’est Lui-même imposé dans le hadith qudsî où Il dit :


« Lorsque Mon serviteur s’approche de Moi de la distance d’un empan, Je M’approche de lui de la distance d’une coudée. Lorsqu’Il s’approche de Moi de la distance d’une coudée, Je M’approche de lui davantage, et s’il vient à Moi en marchant, Je viens vers lui en Me pressant ».



C’est dire que la cause de cette intensification provient de Dieu et non pas du serviteur qui est bien faible. En effet le serviteur est tenu de bien vérifier au niveau de l’acte, à cause de l’intention visant à se rapprocher de Dieu. Il est tenu aussi de mesurer ses actes selon le critère de l’empressement. C’est pourquoi il se doit de bien les vérifier. Et s’il s’empresse et reçoit le qualificatif d’empressement, son empressement réside uniquement dans l’institution de la balance pour apprécier son acte, non dans l’acte lui-même. Car l’institution de cette balance fonde le rapport avec Dieu ; tandis que le rapprochement de Dieu n’a nul besoin de cette balance dans la mesure où la balance de Dieu qui est instituée par Lui, c’est celle-là même par laquelle tu as mesuré cet acte à travers lequel tu cherches la proximité de Dieu.


Aussi, pour Celui qui possède cet Attribut, Sa proximité de toi doit être nécessairement plus puissante et plus grande que ta propre proximité de Lui. Voilà pourquoi Il se décrit comme étant Celui qui se rapproche de toi, lors de ton rapprochement de Lui, plus intensément que ta propre proximité de Lui, en donnant exemple pour exemple. Ceci par ce que tu as été créé à Son image. Aussi, le premier vicariat (khilafa) pour toi, c’est ton propre vicariat sur toi-même.


Car tu es Son vicaire sur le territoire de ton corps, et tes sujets sont ton voisinage et tes puissances internes et externes. Donc, l’essence concrète de Sa proximité de toi, c’est ta proximité de Lui et davantage encore, à savoir ce qu’Il a mentionné comme mesures de distance : l’empan, la coudée, la brasse et l’empressement, car la distance entre deux empans, c’est une coudée ; celle entre deux coudées, c’est une brasse ; et la marche rapide, c’est de l’empressement. En somme, Il est en premier Celui qui t’a rapproché de Lui et en dernier Il est Celui qui est proche de toi. Autrement dit Il est le Premier et le Dernier. C’est cela le rapprochement approprié. La proximité divine de toutes les créatures est toute différente, conformément à Sa Parole : « Nous sommes plus près de lui que sa veine jugulaire ». (Coran, 50/16). Il ne s’agit pas ici de cette proximité mais de la proximité qui est la rétribution pour le rapprochement du serviteur de son Dieu. Or le serviteur n’a d’autre moyen de rapprochement de Dieu que la croyance en ce qui provient de Dieu après la foi en Dieu et dans celui qui transmet à partir de Dieu – qu’Il soit exalté -.

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