Mosquée Sidi Ben Arous à Tunis
« L'homme de la terrasse »
La pratique religieuse et sociale
d'un « ravi » en Dieu,
le saint tunisois Ahmad b. ' Arûs
(m. 868/1463)
Nelly Amri
Résumé
Le « ravi », par son mode abrupt de sainteté, son
intimité avec Dieu qui en fait, parmi tous les autres types spirituels, l'homme
de la parole inspirée, a connu une grande notoriété dans le monde musulman -
dont l'Ifriqiya - à la fin du Moyen Âge. Sa clémence, inscrite dans les
nouvelles formes de spiritualité, annonce déjà la figure du saint intercesseur
dans le tribunal Céleste. Ahmad b. 'Arûs, « l'homme de la terrasse », a
représenté cette sainteté « totale » régissant aussi bien l'extérieur que
l'intérieur, le mondain que l'eschatologique ; et ce n'est pas le moindre de
ses pouvoirs que d'avoir incarné, à une époque de grande incertitude, où le
besoin d'une sainteté qui rassure devenait tout à coup plus urgent, la figure
d'un « professionnel » de la prédiction.
Ce travail a pour,
point de départ un certain nombre de questions en apparence, élémentaires, mais
sans ; lesquelles il nous paraît difficile de comprendre la notoriété et la visibilité dont jouit très
vite au Moyen Âge tardif dans tout le monde musulman, et notamment en
Ifriqiya; le type spirituel du « ravi »
Pourquoi le « fou
en Dieu » eut-il tendance, aux, yeux des contemporains à concentrer en
sa personne les «paramètres de la sainte performance » ? Qu'est-ce qui, dans
les formes de spiritualité, à la fin du Moyen Âge, dans la représentation que
se faisaient les contemporains de «l'homme de Dieu», de ses vertus, des «
fonctions » qu'ils en attendaient, avait changé, plaçant le majdhûb non
seulement au point de confluence entre un modèle de perfection humaine et des
réponses adéquates apportées à la question de l'angoisse2, mais mettant le «
ravi », plus que tout autre type spirituel, au centre de la tension entre les
hommes et le divin, et en faisant
son expression à la fois la plus
« objective» et la plus « subjective » ?
Ces problématiques, nous proposons de les examiner à travers la pratique religieuse
et sociale d'Ahmad Ibn ' Arûs, ce « ravi
en Dieu », « pôle » de son temps et « maître de l'heure » (sâhib al-waqt)
auquel nous avons déjà consacré ,
plusieurs travaux3, telle que nous la restitue son hagiographe, al-Jazâ'irî
al-Râshidî, dès 864/1459, dans le
recueil - de manâqib - qu'il lui consacre, Ibtisâm al-ghuru4. En effet, celui que les historiens s'accordent à
considérer comme « le plus grand saint tunisois de la fin du Moyen Âge »5
jouissait d'une notoriété qui dépasse le cadre de la production hagiographique
et de l'époque hafside ; nous le
trouvons mentionné dans de nombreuses sources aussi bien
ifrîqiyennes qu'orientales où il
est crédité de notices biographiques6.
Le mausolée Sidi Ben Arous (زاوية سيدي أحمد بن عروس) est une zaouïa située sur la rue Sidi Ben Arous, au cœur de la médina de Tunis.
Elle occupe l'emplacement du fondouk dans lequel Sidi Ben Arous s'est installé à son retour du Maroc. Elle a été construite en 1437 sous le règne des Hafsides puis remaniée en 1654 par Hammouda Pacha Bey.
Une entrée en chicane aboutit à une cour pavée et entourée d'une galerie. En face de celle-ci, la chambre funéraire s'adosse au tourbet Hammouda Pacha ; une petite salle de prière sur la droite est utilisée par les visiteurs (zouars) et un défoncement à gauche rappelle l'iwan persan. (Wikipédia)
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