samedi 8 septembre 2012

Nelly Amri - « L'homme de la terrasse » .La pratique religieuse et sociale d'un « ravi » en Dieu, le saint tunisois Ahmad b. ' Arûs (m. 868/1463)



Mosquée Sidi Ben Arous à Tunis


« L'homme de la terrasse »
La  pratique religieuse  et sociale
d'un « ravi » en Dieu,
le saint tunisois  Ahmad b. ' Arûs
(m. 868/1463)





Nelly Amri

Résumé




Le « ravi », par son mode abrupt de sainteté, son intimité avec Dieu qui en fait, parmi tous les autres types spirituels, l'homme de la parole inspirée, a connu une grande notoriété dans le monde musulman - dont l'Ifriqiya - à la fin du Moyen Âge. Sa clémence, inscrite dans les nouvelles formes de spiritualité, annonce déjà la figure du saint intercesseur dans le tribunal Céleste. Ahmad b. 'Arûs, « l'homme de la terrasse », a représenté cette sainteté « totale » régissant aussi bien l'extérieur que l'intérieur, le mondain que l'eschatologique ; et ce n'est pas le moindre de ses pouvoirs que d'avoir incarné, à une époque de grande incertitude, où le besoin d'une sainteté qui rassure devenait tout à coup plus urgent, la figure d'un « professionnel » de la prédiction.


 Ce travail a pour, point de départ un certain nombre de questions en apparence, élémentaires, mais sans ; lesquelles il nous paraît difficile de comprendre la  notoriété et la visibilité dont jouit très vite au Moyen Âge tardif  dans  tout le monde musulman, et notamment en Ifriqiya; le type spirituel du « ravi »


Pourquoi  le  « fou  en Dieu » eut-il tendance, aux, yeux des contemporains à concentrer en sa personne les «paramètres de la sainte performance » ? Qu'est-ce qui, dans les formes de spiritualité, à la fin du Moyen Âge, dans la représentation que se faisaient les contemporains de «l'homme de Dieu», de ses vertus, des « fonctions » qu'ils en attendaient, avait changé, plaçant le majdhûb non seulement au point de confluence entre un modèle de perfection humaine et des réponses adéquates apportées à la question de l'angoisse2, mais mettant le « ravi », plus que tout autre type spirituel, au centre de la tension entre les hommes et le divin, et en faisant  son  expression à la fois  la  plus « objective» et la plus « subjective » ?

Ces problématiques, nous proposons de les  examiner à travers la pratique religieuse et  sociale d'Ahmad Ibn ' Arûs, ce « ravi en Dieu », « pôle » de son temps et « maître de l'heure » (sâhib al-waqt) auquel  nous avons déjà consacré , plusieurs travaux3, telle que nous la restitue son hagiographe, al-Jazâ'irî al-Râshidî, dès 864/1459, dans le  recueil - de manâqib - qu'il lui consacre, Ibtisâm al-ghuru4. En  effet, celui que les historiens s'accordent à considérer comme « le plus grand saint tunisois de la fin du Moyen Âge »5 jouissait d'une notoriété qui dépasse le cadre de la production hagiographique et de l'époque hafside ; nous  le trouvons mentionné dans de nombreuses sources aussi  bien  ifrîqiyennes  qu'orientales où il est crédité de notices biographiques6.


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                Entrée de la zaouia de Sidi Ben Arous à Tunis


Le mausolée Sidi Ben Arous (زاوية سيدي أحمد بن عروس) est une zaouïa située sur la rue Sidi Ben Arous, au cœur de la médina de Tunis.
Elle occupe l'emplacement du fondouk dans lequel Sidi Ben Arous s'est installé à son retour du Maroc. Elle a été construite en 1437 sous le règne des Hafsides  puis remaniée en 1654 par Hammouda Pacha Bey.
Une entrée en chicane aboutit à une cour pavée et entourée d'une galerie. En face de celle-ci, la chambre funéraire s'adosse au tourbet Hammouda Pacha ; une petite salle de prière sur la droite est utilisée par les visiteurs (zouars) et un défoncement à gauche rappelle l'iwan persan. (Wikipédia)



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