mercredi 2 janvier 2013

Lettres d'un maître soufi - Le sheikh Al-'Arabi Ad-Darqâwî - Traduit par Titus Burckhardt - Lettre 27 - L'imagination (wahm) est chose vaine







Traduit par Titus Burckhardt

 Lettre 27




L'imagination (wahm) est chose vaine, mais Dieu la disposa en vue d'une grande sagesse. Chaque chose, d'ailleurs, comporte un grand secret et un aspect évident, puisqu'il est dit (dans le Coran): "Notre Seigneur, Tu n'as pas créé cela en vain, exalté sois-Tu" (III, 191); "pensiez-vous donc que Nous vous avons créés par vain jeu ? " (XXIII, 117).

Loin soit de notre Seigneur une telle chose; Dieu est au-dessus de cela. Telle est la nature de l'imagination que si tu ne la subjugues pas, c'est-à-dire, si tu ne lui imposes pas ton avis, elle te subjuguera inévitablement et t'imposera le sien; si tu ne nies pas son opinion, elle niera la tienne. Or, elle n'est rien; cependant, si tu écoutes son discours, il affaiblira ta certitude (spirituelle) et t'en détournera vers d'autres chemins. Mais si tu n'écoutes pas son discours, ta lumière intérieure croîtra; par sa croissance, ta certitude s'affermira; par son affermissement, ta volonté spirituelle s'élèvera, et par son élévation tu atteindras ton Seigneur, et L'atteindre c'est Le connaître.

Pour les voyageurs vers Dieu qui n'écoutent pas le discours de l'imagination et n'en suivent pas les opinions, elle est comme un vent puissant qui vient à l'aide des marins, de sorte qu'ils arrivent en une heure là où d'autres n'arrivent qu'après un voyage d'un mois ou d'une année. Par contre, celui qui s'arrête au discours et aux opinions (de l'imagination) demeure empêché en route, comme il arrive également aux marins.Tel est son effet 1.

Nous constatons que celui qui abandonne ce qui ne le concerne pas, se suffit de la moindre chose pour sa subsistance, tandis que celui qui ne l'abandonne pas n'aura jamais tout ce qu'il lui faut, quoi qu'il fasse.

1 Comme faculté plastique de l'âme, l'imagination peut être réceptive à l'égard des vérités spirituelles comme elle peut être réceptive à l'égard du "monde". Ce n'est pas que l'homme mondain possède une imagination trop puissante ; tout au contraire, ce qui le caractérise, c'est une imagination entraînée et entravée par les objets de ses désirs.

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