jeudi 14 mars 2013

Lettres d'un maître soufi - Le sheikh Al-'Arabi Ad-Darqâwî - Traduit par Titus Burckhardt - Lettre 45 - Les vrais hommes ne se laissent distraire de leur Seigneur par aucune chose









Titus Burckhardt 
 Lettre 45


Ecoutez ce que j'ai dit à l'un de nos frères pour lui donner du courage. Car il avait peur de se marier, à cause des tentations que le mariage comporterait, comme beaucoup des nôtres en ont eu peur.
 
je lui dis donc: nous voyons qu'il existe des hommes qui, sans être des hommes d'élite, vivent au milieu de multiples occupations comme s'ils n'en avaient point, tandis que d'autres, qui n'ont charge que de leur propre tête, l'embourbent à ce point qu'ils sont toujours
en grande peine. Cela vient de ce qu'ils ne cessent pas de faire des projets et de se charger de mille soucis. Il me paraît dès lors (mais Dieu est plus savant) que les vrais hommes (Ou : les hommes virils (ar-rijâl)).ne se laissent distraire de leur Seigneur par aucune chose, et le souci pour la famille est la moindre des choses. Sur quoi se fie donc celui qui, parmi vous, aspire à l'union et qui, dans ce but, abandonne toute activité visant au gain dans ce monde-ci ou dans l'autre? Quoi de plus étonnant que celui qui donne tout le tort à son activité professionnelle, s'il n'a pas su se parfaire lui-même !

Il dit: "Si j'avais quitté mes affaires pour m'occuper entièrement de mon Seigneur, je serais dans un meilleur état"; et pourtant, il y a dans sa vie bien des moments perdus; il ne les voit pas, et ne donne pas le tort au fait de les gaspiller sans s'occuper de son Seigneur.
 
C'est là son égarement et sa perte, car il ne lui convient pas d'accuser ses affaires de lui avoir fait négliger le salut de son âme et celui de sa famille, tant qu'en ses moments libres il ne paie pas la part due au Seigneur. Salut.

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