Titus Burckhardt
Lettre 45
Ecoutez
ce que j'ai dit à l'un de nos frères pour lui donner du courage. Car il avait
peur de se marier, à cause des tentations
que le mariage comporterait, comme beaucoup des nôtres en ont eu peur.
je lui
dis donc: nous voyons qu'il existe
des hommes qui, sans être des hommes d'élite, vivent au milieu de multiples
occupations comme s'ils n'en avaient
point, tandis que d'autres, qui n'ont charge que de leur propre tête,
l'embourbent à ce point qu'ils sont toujours
en
grande peine. Cela vient de ce qu'ils ne cessent pas de faire des projets et de
se charger de mille soucis. Il me paraît
dès lors (mais Dieu est plus savant) que les vrais hommes (Ou : les hommes
virils (ar-rijâl)).ne se laissent distraire
de leur Seigneur par aucune chose, et le souci pour la famille est la moindre
des choses. Sur quoi se fie donc celui
qui, parmi vous, aspire à l'union et qui, dans ce but, abandonne toute activité
visant au gain dans ce monde-ci ou dans
l'autre? Quoi de plus étonnant que celui qui donne tout le tort à son activité
professionnelle, s'il n'a pas su se parfaire
lui-même !
Il
dit: "Si j'avais quitté mes affaires pour m'occuper entièrement de mon Seigneur,
je serais dans un meilleur état"; et pourtant,
il y a dans sa vie bien des moments perdus; il ne les voit pas, et ne donne pas
le tort au fait de les gaspiller sans
s'occuper de son Seigneur.
C'est là son égarement et sa perte, car il ne lui
convient pas d'accuser ses affaires de lui
avoir fait négliger le salut de son âme et celui de sa famille, tant qu'en ses
moments libres il ne paie pas la part due au
Seigneur. Salut.
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