Kimyâ el-Saâdah ou « Alchimie de la Félicité » d'Al-Ghazali , 1308 (BNF) (Copie)
René Guénon, Aperçus sur l’initiation, Chap. XLI : Quelques considérations sur l’hermétisme
Nous
avons dit précédemment que les Rose-Croix étaient proprement des êtres parvenus
à l’achèvement effectif des « petits mystères », et que l’initiation
rosicrucienne, inspirée par eux, était une forme particulière se rattachant à
l’hermétisme chrétien ; en rapprochant ceci de ce que nous venons d’expliquer
en dernier lieu, on doit pouvoir comprendre déjà que l’hermétisme, d’une façon
générale, appartient au domaine de ce qui est désigné comme l’« initiation
royale ». Cependant, il sera bon d’apporter encore quelques précisions à ce
sujet, car, là encore, bien des confusions se sont introduites, et le mot «
hermétisme » lui-même est employé par beaucoup de nos contemporains d’une façon
fort vague et incertaine ; nous ne voulons pas seulement parler en cela des
occultistes, pour lesquels la chose est trop évidente, mais il en est d’autres
qui, tout en étudiant la question d’une façon plus sérieuse, paraissent,
peut-être à cause de certaines idées préconçues, ne pas s’être rendu très
exactement compte de ce dont il s’agit en réalité.
Il
faut noter tout d’abord que ce mot « hermétisme » indique qu’il s’agit d’une
tradition d’origine égyptienne, revêtue par la suite d’une forme hellénisée,
sans doute à l’époque alexandrine, et transmise sous cette forme, au moyen âge,
à la fois au monde islamique et au monde chrétien, et, ajouterons-nous, au
second en grande partie par l’intermédiaire du premier (1), comme le prouvent
les nombreux termes arabes ou arabisés adoptés par les hermétistes européens, à
commencer par le mot même d’« alchimie » (el-kimyâ) (2). Il serait donc tout à
fait abusif d’étendre cette désignation à d’autres formes traditionnelles, tout
autant qu’il le serait, par exemple, d’appeler « Kabbale » autre chose que
l’ésotérisme hébraïque (3) ; ce n’est pas, bien entendu, qu’il n’en existe pas
d’équivalents ailleurs, et il en existe même si bien que cette science
traditionnelle qu’est l’alchimie (4) a son exacte correspondance dans des
doctrines comme celles de l’Inde, du Thibet et de la Chine, bien qu’avec des
modes d’expression et des méthodes de réalisation naturellement assez
différents ; mais, dès lors qu’on prononce le nom d’« hermétisme », on spécifie
par là une forme nettement déterminée, dont la provenance ne peut être que
gréco-égyptienne. En effet, la doctrine ainsi désignée est par là même
rapportée à Hermès, en tant que celui-ci était considéré par les Grecs comme
identique au Thoth égyptien ; ceci présente d’ailleurs cette doctrine comme
essentiellement dérivée d’un enseignement sacerdotal, car Thoth, dans son rôle
de conservateur et de transmetteur de la tradition, n’est pas autre chose que
la représentation même de l’antique sacerdoce égyptien, ou plutôt, pour parler
plus exactement, du principe d’inspiration « supra-humaine » dont celui-ci
tenait son autorité et au nom duquel il formulait et communiquait la
connaissance initiatique. Il ne faudrait pas voir là la moindre contradiction
avec le fait que cette doctrine appartient proprement au domaine de
l’initiation royale, car il doit être bien entendu que, dans toute tradition
régulière et complète, c’est le sacerdoce qui, en vertu de sa fonction
essentielle d’enseignement, confère également les deux initiations, directement
ou indirectement, et qui assure ainsi la légitimité effective de l’initiation
royale elle-même, en la rattachant à son principe supérieur, de la même façon
que le pouvoir temporel ne peut tirer sa légitimité que d’une consécration
reçue de l’autorité spirituelle (5).
Cela
dit, la question principale qui se pose est celle-ci : ce qui s’est maintenu
sous ce nom d’« hermétisme » peut-il être regardé comme constituant une
doctrine traditionnelle complète en elle-même ? La réponse ne peut être que
négative, car il ne s’agit là strictement que d’une connaissance d’ordre non
pas métaphysique, mais seulement cosmologique, en entendant d’ailleurs ce mot
dans sa double application « macrocosmique » et « microcosmique », car il va de
soi que, dans toute conception traditionnelle, il y a toujours une étroite
correspondance entre ces deux points de vue. Il n’est donc pas admissible que
l’hermétisme, au sens que ce mot a pris dès l’époque alexandrine et gardé
constamment depuis lors, représente, fût-ce à titre de « réadaptation »,
l’intégralité de la tradition égyptienne, d’autant plus que cela serait
nettement contradictoire avec le rôle essentiel joué dans celle-ci par le
sacerdoce et que nous venons de rappeler ; bien que, à vrai dire, le point de
vue cosmologique semble y avoir été particulièrement développé, dans la mesure
du moins où il est encore possible actuellement d’en savoir quelque chose de
tant soit peu précis, et qu’il soit en tout cas ce qu’il y a de plus apparent
dans tous les vestiges qui en subsistent, qu’il s’agisse de textes ou de
monuments, il ne faut pas oublier qu’il ne peut jamais être qu’un point de vue
secondaire et contingent, une application de la doctrine principielle à la
connaissance de ce que nous pouvons appeler le « monde intermédiaire »,
c’est-à-dire du domaine de manifestation subtile où se situent les
prolongements extra-corporels de l’individualité humaine, ou les possibilités
mêmes dont le développement concerne proprement les « petits mystères » (6).
Il
pourrait être intéressant, mais sans doute assez difficile, de rechercher
comment cette partie de la tradition égyptienne a pu se trouver en quelque
sorte isolée et se conserver d’une façon apparemment indépendante, puis
s’incorporer à l’ésotérisme islamique et à l’ésotérisme chrétien du moyen âge
(ce que n’aurait d’ailleurs pu faire une doctrine complète), au point de
devenir véritablement partie intégrante de l’un et de l’autre, et de leur
fournir tout un symbolisme qui, par une transposition convenable, a pu même y
servir parfois de véhicule à des vérités d’un ordre plus élevé (7). Nous ne
voulons pas entrer ici dans ces considérations historiques fort complexes ;
quoi qu’il en soit de cette question particulière, nous rappellerons que les
sciences de l’ordre cosmologique sont effectivement celles qui, dans les
civilisations traditionnelles, ont été surtout l’apanage des Kshatriyas
ou de leurs équivalents, tandis que la métaphysique pure était proprement,
comme nous l’avons déjà dit, celui des Brâhmanes. C’est pourquoi, par un effet
de la révolte des Kshatriyas contre l’autorité
spirituelle des Brâhmanes, on a pu voir se constituer parfois des courants
traditionnels incomplets, réduits à ces seules sciences séparées de leur
principe transcendant, et même, ainsi que nous l’indiquions plus haut, déviés
dans le sens « naturaliste », par négation de la métaphysique et méconnaissance
du caractère subordonné de la science « physique » (8), aussi bien (les deux
choses se tenant étroitement, comme les explications que nous avons déjà données
doivent le faire suffisamment comprendre) que de l’origine essentiellement
sacerdotale de tout enseignement initiatique, même plus particulièrement
destiné à l’usage des Kshatriyas. Ce n’est pas à dire,
assurément, que l’hermétisme constitue en lui-même une telle déviation ou qu’il
implique quoi que ce soit d’illégitime, ce qui aurait évidemment rendu
impossible son incorporation à des formes traditionnelles orthodoxes ; mais il
faut bien reconnaître qu’il peut s’y prêter assez aisément par sa nature même,
pour peu qu’il se présente des circonstances favorables à cette déviation (9),
et c’est là du reste, plus généralement, le danger de toutes les sciences
traditionnelles, lorsqu’elles sont cultivées en quelque sorte pour elles-mêmes,
ce qui expose à perdre de vue leur rattachement à l’ordre principiel.
L’alchimie, qu’on pourrait définir comme étant pour ainsi dire la « technique »
de l’hermétisme, est bien réellement « un art royal », si l’on entend par là un
mode d’initiation plus spécialement approprié à la nature des Kshatriyas
(10) ; mais cela même marque précisément sa place exacte dans l’ensemble d’une
tradition régulièrement constituée, et, en outre, il ne faut pas confondre les
moyens d’une réalisation initiatique, quels qu’ils puissent être, avec son but,
qui, en définitive, est toujours de connaissance pure. D’un autre côté, il faut
se méfier parfaitement d’une certaine assimilation qu’on tend parfois à établir
entre l’hermétisme et la « magie » ; même si l’on veut alors prendre celle-ci
dans un sens assez différent de celui où on l’entend d’ordinaire, il est fort à
craindre que cela même, qui est en somme un abus de langage, ne puisse que
provoquer des confusions plutôt fâcheuses. La magie, dans son sens propre,
n’est en effet, comme nous l’avons amplement expliqué, qu’une des plus
inférieures parmi toutes les applications de la connaissance traditionnelle, et
nous ne voyons pas qu’il puisse y avoir le moindre avantage à en évoquer l’idée
quand il s’agit en réalité de choses qui, même encore contingentes, sont tout
de même d’un niveau notablement plus élevé. Du reste, il se peut qu’il y ait là
encore autre chose qu’une simple question de terminologie mal appliquée : ce
mot de « magie » exerce sur certains, à notre époque, une étrange fascination, et,
comme nous l’avons déjà noté, la prépondérance accordée à un tel point de vue,
ne serait-ce même qu’en intention, est encore liée à l’altération des sciences
traditionnelles séparées de leur principe métaphysique ; c’est sans doute là
l’écueil principal auquel risque de se heurter toute tentative de
reconstitution ou de restauration de telles sciences, si l’on ne commence par
ce qui est véritablement le commencement sous tous les rapports, c’est-à-dire
par le principe même, qui est aussi, en même temps, la fin en vue de quoi tout
le reste doit être normalement ordonné.
Un
autre point sur lequel il y a lieu d’insister, c’est la nature purement «
intérieure » de la véritable alchimie, qui est proprement d’ordre psychique
quand on la prend dans son application la plus immédiate, et d’ordre spirituel
quand on la transpose dans son sens supérieur ; c’est là, en réalité, ce qui en
fait toute la valeur au point de vue initiatique. Cette alchimie n’a donc
absolument rien à voir avec les opérations matérielles d’une « chimie »
quelconque, au sens actuel de ce mot ; presque tous les modernes se sont
étrangement mépris là-dessus, aussi bien ceux qui ont voulu se poser en
défenseurs de l’alchimie que ceux qui, au contraire, se sont faits ses
détracteurs ; et cette méprise est encore moins excusable chez les premiers que
chez les seconds, qui, du moins, n’ont certes jamais prétendu à la possession
d’une connaissance traditionnelle quelconque. Il est pourtant bien facile de
voir en quels termes les anciens hermétistes parlent des « souffleurs » et «
brûleurs de charbon », en lesquels il faut reconnaître les véritables
précurseurs des chimistes actuels, si peu flatteur que ce soit pour ces
derniers ; et, même au XVIIIème siècle encore, un alchimiste comme Pernéty ne
manque pas de souligner en toute occasion la différence de la « philosophie
hermétique » et de la « chymie vulgaire ». Ainsi, comme nous l’avons déjà dit
bien des fois en montrant le caractère de « résidu » qu’ont les sciences
profanes par rapport aux sciences traditionnelles (mais ce sont là des choses
tellement étrangères à la mentalité actuelle qu’on ne saurait jamais trop y
revenir), ce qui a donné naissance à la chimie moderne, ce n’est point
l’alchimie, avec laquelle elle n’a en somme aucun rapport réel (pas plus que
n’en a d’ailleurs l’« hyperchimie » imaginée par quelques occultistes
contemporains (11) ; c’en est seulement une déformation ou une déviation, issue
de l’incompréhension de ceux qui, profanes dépourvus de toute qualification
initiatique et incapables de pénétrer dans une mesure quelconque le vrai sens
des symboles, prirent tout à la lettre, suivant l’acception la plus extérieure
et la plus vulgaire des termes employés, et, croyant par suite qu’il ne
s’agissait en tout cela que d’opérations matérielles, se lancèrent dans une
expérimentation plus ou moins désordonnée, et en tout cas assez peu digne
d’intérêt à plus d’un égard (12). Dans le monde arabe également, l’alchimie
matérielle a toujours été fort peu considérée, parfois même assimilée à une sorte
de sorcellerie, tandis que, par contre, on y tenait fort en honneur l’alchimie
« intérieure » et spirituelle, souvent désignée sous le nom de kimyâ
el-saâdah ou « alchimie de la félicité » (13).
Ce
n’est pas à dire, d’ailleurs, qu’il faille nier pour cela la possibilité des
transmutations métalliques, qui représentent l’alchimie aux yeux du vulgaire ;
mais il faut les réduire à leur juste importance, qui n’est pas plus grande en
somme que celle d’expériences « scientifiques » quelconques, et ne pas confondre
des choses qui sont d’ordre totalement différent ; on ne voit même pas, a
priori, pourquoi il ne pourrait pas arriver que de telles transmutations soient
réalisées par des procédés relevant tout simplement de la chimie profane (et,
au fond, l’« hyperchimie » à laquelle nous faisions allusion tout à l’heure
n’est pas autre chose qu’une tentative de ce genre) (14). Il y a pourtant un
autre aspect de la question : l’être qui est arrivé à la réalisation de
certains états intérieurs peut, en vertu de la relation analogique du «
microcosme » avec le « macrocosme », produire extérieurement des effets
correspondants ; il est donc parfaitement admissible que celui qui est parvenu
à un certain degré dans la pratique de l’alchimie « intérieure » soit capable
par là même d’accomplir des transmutations métalliques ou d’autres choses du
même ordre, mais cela à titre de conséquence tout accidentelle, et sans
recourir à aucun des procédés de la pseudo-alchimie matérielle, mais uniquement
par une sorte de projection au dehors des énergies qu’il porte en lui-même. Il
y a d’ailleurs, ici encore, une distinction essentielle à faire : il peut ne
s’agir en cela que d’une action d’ordre psychique, c’est-à-dire de la mise en
œuvre d’influences subtiles appartenant au domaine de l’individualité humaine,
et alors c’est bien encore de l’alchimie matérielle, si l’on veut, mais opérant
par des moyens tout différents de ceux de la pseudo-alchimie, qui se rapportent
exclusivement au domaine corporel; ou bien, pour un être ayant atteint un degré
de réalisation plus élevé, il peut s’agir d’une action extérieure de véritables
influences spirituelles, comme celle qui se produit dans les « miracles » des
religions et dont nous avons dit quelques mots précédemment. Entre ces deux
cas, il y a une différence comparable à celle qui sépare la « théurgie » de la
magie (bien que, redisons-le encore, ce ne soit pas de magie qu’il s’agit
proprement ici, de sorte que nous n’indiquons ceci qu’à titre de similitude),
puisque cette différence est, en somme, celle même de l’ordre spirituel et de
l’ordre psychique ; si les effets apparents sont parfois les mêmes de part et
d’autre, les causes qui les produisent n’en sont pas moins totalement et
profondément différentes. Nous ajouterons d’ailleurs que ceux qui possèdent
réellement de tels pouvoirs (15) s’abstiennent soigneusement d’en faire étalage
pour étonner la foule, et que même ils n’en font généralement aucun usage, du
moins en dehors de certaines circonstances particulières où leur exercice se
trouve légitimé par d’autres considérations (16).
Quoi
qu’il en soit, ce qu’il ne faut jamais perdre de vue, et ce qui est à la base
même de tout enseignement véritablement initiatique, c’est que toute
réalisation digne de ce nom est d’ordre essentiellement intérieur, même si elle
est susceptible d’avoir à l’extérieur des répercussions de quelque genre que ce
soit. L’homme ne peut en trouver les principes qu’en lui-même, et il le peut
parce qu’il porte en lui la correspondance de tout ce qui existe, car il ne
faut pas oublier que, suivant une formule de l’ésotérisme islamique, « l’homme
est le symbole de l’Existence universelle » (17) ; et, s’il parvient à pénétrer
jusqu’au centre de son propre être, il atteint par là même la connaissance
totale, avec tout ce qu’elle implique par surcroît : « celui qui connaît son
Soi connait son Seigneur » (18), et il connaît alors toutes choses dans la
suprême unité du Principe même, en lequel est contenue « éminemment » toute
réalité.
(René Guénon, Aperçus sur l’initiation,
Chap. XLI : Quelques considérations sur l’hermétisme.)
(1) Ceci est encore à
rapprocher de ce que nous avons dit des rapports qu’eut le Rosicrucianisme, à
son origine même, avec l’ésotérisme islamique.
(2) Ce mot est arabe dans
sa forme, mais non dans sa racine ; il dérive vraisemblablement du nom de Kêmi
ou « Terre noire » donné à l’ancienne Egypte, ce qui indique encore l’origine
de ce dont il s’agit.
(3) La signification du
mot Qabbalah
est exactement la même que celle du mot « tradition » ; mais, ce mot étant
hébraïque, il n’y a aucune raison, quand on emploie une langue autre que
l’hébreu, de l’appliquer à d’autres formes traditionnelles que celle à laquelle
il appartient en propre, et cela ne pourrait que donner lieu à des confusions.
De même, le mot Taçawwuf, en arabe, peut être pris pour désigner tout ce
qui a un caractère ésotérique et initiatique, dans quelque forme traditionnelle
que ce soit ; mais, quand on se sert d’une autre langue, il convient de le
réserver à la forme islamique à laquelle il appartient par son origine.
(4) Notons dès maintenant
qu’il ne faut pas confondre ou identifier purement et simplement alchimie et
hermétisme : à proprement parler, celui-ci est une doctrine, et celle-là en est
seulement une application.
(5) Cf. Autorité
spirituelle et pouvoir temporel, ch. II.
(6) Le point de vue
cosmologique comprend aussi, bien entendu, la connaissance de la manifestation
corporelle, mais il l’envisage surtout en tant qu’elle se rattache à la
manifestation subtile comme à son principe immédiat, en quoi il diffère
entièrement du point de vue profane de la physique moderne.
(7) Une telle
transposition est en effet toujours possible, dès lors que le lien avec un
principe supérieur et véritablement transcendant n’est pas rompu, et nous avons
dit que le « Grand Œuvre » hermétique lui-même peut être regardé comme une
représentation du processus initiatique dans son ensemble ; seulement, il ne
s’agit plus alors de l’hermétisme en lui-même, mais bien en tant qu’il peut
servir de base à quelque chose d’un autre ordre, d’une façon analogue à celle
dont l’exotérisme traditionnel lui-même peut être pris comme base d’une forme
initiatique.
(8) Il va de soi que nous
prenons ici ce mot dans son sens ancien et strictement étymologique.
(9) De telles
circonstances se sont présentées notamment, en Occident, à l’époque qui marque
le passage du moyen âge aux temps modernes, et c’est ce qui explique
l’apparition et la diffusion, que nous signalions plus haut, de certaines
déviations de ce genre pendant la période de la Renaissance.
(10) Nous avons dit que
l’« art royal » est proprement l’application de l’initiation correspondante ;
mais l’alchimie a bien en effet le caractère d’une application de la doctrine,
et les moyens de l’initiation, si on les envisage en se plaçant à un point de
vue en quelque sorte « descendant », sont évidemment une application de son
principe même, tandis qu’inversement, au point de vue « ascendant », ils sont
le « support » qui permet d’accéder à celui-ci.
(11) Cette « hyperchimie »
est à peu près, par rapport à l’alchimie, ce qu’est l’astrologie moderne dite «
scientifique » par rapport à la véritable astrologie traditionnelle (cf. Le Règne de la
Quantité et les Signes des Temps, ch. X).
(12) Il existe encore çà
et la des pseudo-alchimistes de cette sorte, et nous en avons connu
quelques-uns, tant en Orient qu’en Occident ; mais nous pouvons assurer que
nous n’en avons jamais rencontré aucun qui ait obtenu des résultats quelconques
tant soit peu en rapport avec la somme prodigieuse d’efforts dépensés dans des
recherches qui finissaient par absorber toute sa vie !
(13) Il existe notamment
un traité d’El-Ghazâli qui porte ce titre.
(14) Rappelons à ce propos
que les résultats pratiques obtenus par les sciences profanes ne justifient ni
ne légitiment en aucune façon le point de vue même de ces sciences, pas plus
qu’ils ne prouvent la valeur des théories formulées par celles-ci et avec
lesquelles ils n’ont en réalité qu’un rapport purement « occasionnel ».
(15) On peut ici employer
sans abus ce mot de « pouvoirs », parce qu’il s’agit de conséquences d’un état
intérieur acquis par l’être.
(16) On trouve dans la
tradition islamique des exemples très nets de ce que nous indiquons ici :
ainsi, Seyidnâ Ali avait, dit-on, une connaissance parfaite de l’alchimie sous
tous ses aspects, y compris celui qui se rapporte à la production d’effets
extérieurs tels que les transmutations métalliques, mais il se refusa toujours
à en faire le moindre usage. D’autre part, on raconte que Seyidi Abul-Hassan
Esh-Shâdhili, durant son séjour à Alexandrie, transmua en or, à la demande du
sultan d’Egypte qui en avait alors un urgent besoin, une grande quantité de
métaux vulgaires ; mais il le fit sans avoir recours à aucune opération
d’alchimie matérielle ni à aucun moyen d’ordre psychique, et uniquement par
l’effet de sa barakah ou influence spirituelle.
(17) El-insânu
ramzul-wujûd.
(18) C’est le hadith que
nous avons déjà cité précédemment : Man arafa nafsahu faqad arafa Rabbahu.
Pour avoir une notion claire de l'hermétisme, consulter:
RépondreSupprimerDEFENSEURS DU PARACELSISME
DORN - DUCLO - DUVAL
Le succès de Paracelse – Dorn – Trithème encourage les éditions BEYA à poursuivre la voie annoncée de renouveau des études « paracelsiques »
Nous offrons ici la traduction française de trois traités apologétiques rédigés en latin, dont les auteurs sont contemporains (décédés à la fin du XVI° siècle) :
- L’Avertissement à Eraste de Gérard Dorn ;
- L’Apologie de l’argyropée et de la chrysopée contre Thomas Eraste de Gaston Duclo ;
- La Vérité et l’ancienneté de l’art chimique de Robert Duval.
Nous affirmons que, sous leurs formes pourtant très diverses (polémique, juridique, érudite), les trois ouvrages se complètent admirablement et révèlent, de plus, de véritables philosophes.
Les lecteurs, tant les avertis que les néophytes, se verront préciser les notions fondamentales de l’éternelle science sacerdotale, de la sainte alchimie jusqu’à la transmutation métallique, en passant par les grands poètes et les prophètes de tous les temps.
EN PRATIQUE :
TOME 14 de la collection BEYA
VOLUME : 249 pages
FORMAT : 163 mm x 230 mm
COUVERTURE : cartonnée cousue
ICONOGRAPHIE: illustrations en noir et blanc : 4
ISBN : 978-2-9600575-9-1
PRIX : 29,00 € TVA incluse
DATE DE PARUTION : septembre 2013
www.beyaeditions.com
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