mardi 24 décembre 2013

A la glorieuse mémoire des deux saints Jean - Denys Roman


 

 
 
 
A la glorieuse mémoire des deux saints Jean*
 

 

* DENYS ROMAN, René Guénon et les destins de la Franc-Maçonnerie, Les Editions de l'OEuvre, Paris, 1982, ch. VIII, pp. 121-129.

 

« C'est toi d'abord dont nous célèbrerons la mémoire, Jean-Baptiste, fils de Zacharie, toi qui as rendu témoignage à la Lumière. En recevant ton nom révélé par un ange, tu as permis à ton père de retrouver la parole qu'il avait perdue. Tu es revêtu de l'esprit et de la vertu d'Élie, le prophète qui monta au ciel dans un char de feu, et qui doit revenir, avec Hénoch, porter témoignage avant le dernier jour. Car tu es un prophète, et plus qu'un prophète. Celui à qui tu rendis témoignage t'a rendu témoignage en ces termes : Parmi ceux qui sont nés de la femme, il n'en est pas de plus grand.

Nous célèbrerons maintenant le fils de Zébédée, Jean Boanergès, que la Vraie Lumière a aimé entre tous. Il est le fils du tonnerre, le dépositaire des secrets cachés au coeur de la Sagesse, le fils de la mère du Verbe, l'Évangéliste de la Lumière et de l'Amour, le voyant de Patmos. Il est l'ami fidèle et parfait qui, à l'heure sombre où les brebis du troupeau sont dispersées, a le privilège d'écouter la voix du Pasteur au pied même de la croix.

 Heureux notre Ordre, auquel il a été donné d'avoir au ciel de tels protecteurs ! »

Ces « honneurs » utilisés par des Maçons guénoniens, réunis à l'occasion des fêtes solsticiales pour la célébration pararituélique de la « Loge de table » (1), rassemblent les principaux traits qui font du précurseur et du disciple préféré du Christ les « types » parfaits du véritable initié. On remarquera tout d'abord que les noms mêmes de ces deux saints personnages ont pour initiales les lettres J et B, qui sont inscrites sur les deux colonnes des Loges maçonniques, rappel des noms (Jakin et Booz) des colonnes du Temple de Salomon.

Indépendamment de cette signification originelle, ces lettres ont aussi des interprétations adventices en Maçonnerie, quelques- unes fort intéressantes. Elles sont les initiales des mots « Juda » et « Benjamin », nom des deux tribus qui lors du schisme de Jéroboam, constituèrent le royaume de Juda, restant ainsi fidèles à la descendance de David. Mais surtout B est l'initiale de Bethléem et J celle Jérusalem, les cités qui virent la naissance et la mort du Christ. Cette dernière signification est capitale, puisque le rôle joué par les deux saints Jean dans la Maçonnerie souligne le fait que cette institution est la plus importante des voies initiatiques ouvertes aux chrétiens. La légende qui fait de Jean-Baptiste et de Jean l'Évangéliste des Grands-Maîtres successifs de l'Ordre maçonnique exprime très probablement la facilité relative avec laquelle les collèges de constructeurs, originellement voués à Minerve-Athéna (2) commencèrent à se « christianiser» avant même la conversion de Constantin (3).

D'autre part les deux Jean sont fils, l'un de Zacharie et l'autre de Zébédée, noms dont l'initiale Z est l'hiéroglyphe de l'éclair. Jean-Baptiste serait-il donc lui aussi « fils du tonnerre » ? Cela est évident, puisqu'il était revêtu de la « vertu » d'Élie, lequel fit descendre la foudre qui consuma l'oblation qu'il offrait au Seigneur sur le mont Carmel, prodige que les 450 prêtres de Baal ne purent obtenir par leurs incantations (4).

L'histoire de Zacharie perdant la parole à cause de son incrédulité et la retrouvant par son obéissance est trop connue pour qu'il soit besoin d'y insister. Son application à la « Parole perdue puis retrouvée» des Francs-Maçons est évidente.

L' « éloge » de Jean-Baptiste que nous avons cité au début de ce chapitre parle non seulement d'Élie, mais aussi d'Hénoch. Ce dernier personnage (parfois qualifié de « héros solaire », parce que, selon la Genèse, « il ne parut plus, ayant été enlevé » par Dieu à l'âge de 365 ans) joue un grand rôle dans les « légendes » de la Maçonnerie. Selon la plus connue, il aurait appris que le monde allait bientôt périr, mais il ne savait pas si ce serait par le feu ou par l'eau ; il construisit deux colonnes, une de briques pour résister au feu, une de bronze pour résister à l'eau. Il grava sur ces colonnes les principes de toutes les sciences, c'est-à-dire ce qui subsistait, depuis la chute, de la révélation primordiale.

Sous Noé, arrière petit-fils d'Hénoch, le déluge survint, et ce fut la colonne de bronze qui subsista. Elle fut découverte par Hermès, d'autres disent par Osiris. Michel Vâlsan, dans un remarquable article sur les hauts grades de l'Écossisme (5), a relevé et commenté les très curieuses allusions faites à Hénoch dans le rituel du 33e degré.

Nous rappellerons enfin qu'on a sous le nom d'Hénoch un livre plus long qu'aucun de ceux qui composent la Bible, et que la presque totalité des Églises chrétiennes ne savent si elles doivent le considérer comme apocryphe ou comme « semi-canonique ». En effet, un passage de ce livre est formellement cité dans l'Épître de saint Jude, universellement reçue comme canonique (6). Cependant, ce Livre d'Hénoch est admis dans le « canon » officiel des Écritures par l'antique Église copte d'Éthiopie. Mais ce qui importe surtout à notre point de vue, c'est que ce livre relate, avec de nombreux détails, la « descente » des anges sur le mont Hermon pour « séduire » les « filles des hommes», épisode auquel il n'est fait dans la Bible que deux fugaces allusions (7). Certains des géants qui naquirent de ces unions contre nature échappèrent au déluge, et c'est d'eux que descendaient les « enfants d'Énac » qui épouvantèrent les douze observateurs envoyés par Moïse dans la terre de Canaan.

La plupart de ces émissaires, à leur retour, dissuadèrent les Hébreux de s'attaquer à de tels adversaires, à côté desquels ils ne paraissaient que « des sauterelles ». Heureusement deux d'entre eux tinrent un autre langage, et la conquête de la Terre promise put s'effectuer assez facilement.

Un autre survivant des géants fut Goliath, qui méprisait tellement son petit adversaire David.

Pour triompher du monstre, le père de Salomon n'eut besoin que d'un jouet d'enfant : une fronde. Si nous avons rapporté ces traditions sur les géants, c'est que Guénon considérait l'histoire de la descente des anges sur le mont Hermon comme l'expression symbolique de l'origine antédiluvienne de la contre-initiation (8). Et tout ce que la Bible dit des géants est porteur d'une « leçon » de la plus haute importance. Les serviteurs de la Vérité trouvent souvent en face d'eux d'autres enfants d'Énac et d'autres Goliath qui s'efforcent de les intimider et de les décourager par leurs rodomontades. Ils ne doivent pas en tenir compte. Quand le vainqueur de Goliath revint chez son peuple, les Israëlites chantaient : « Saül en a tué mille, et David dix mille ». Le nombre dix mille doit être pris ici, comme dans l'expression « la mère des dix mille êtres » du Tao-te-King, comme signifiant un nombre indéfini, c'est-à-dire l'ensemble des êtres donc le monde entier. Et l'on peut appliquer à tout ce que nous venons de dire la devise initiatique  

 

 

Vincit omnia Veritas.

 

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Quant à Jean l'Évangéliste, s'il est « fils du tonnerre », c'est que le Christ lui-même lui a donné ce nom Mystérieux au moment où il constituait le Collège des douze apôtres (9). Mais Jean est aussi « fils de la Vierge », et c'est encore le Christ qui l'a fait tel, quelques instants avant sa mort, en lui disant de Marie : « Voilà ta mère », et en disant à Marie : « Voilà ton fils ». Il faut remarquer qu'il ne s'agit pas là d'une filiation « par adoption et par grâce », mais bien d'une filiation « par nature ».

Le Christ étant le Verbe de Dieu per quem omnia facta sunt, sa parole est créatrice, et l'on peut dire que saint Jean - à l'heure solennelle où son Maître prononçait la plus importante sans doute des « sept paroles » qu'il a proférées sur la croix - est devenu le fils de Marie d'une manière aussi effective que, lors du repas final pris la veille au soir par Jésus et par les douze, le pain et le vin étaient devenus le corps et le sang du Christ.

 

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La Vierge Marie, dans la liturgie catholique, est parfois appelée gloriosa Regina mundi. Le titre de « Roi du Monde », selon René Guénon, s'applique à une « fonction » qui s'exerce en réalité dans les « trois mondes » (10). Cependant, si Marie est fréquemment appelée « Reine des Cieux» et si sa domination sur le globe ne saurait heurter la piété chrétienne, nous ne pensons pas qu'elle ait jamais été qualifiée « officiellement » de « Reine des Enfers ». Mais ce que l'exotérisme n’a pas osé faire, il se pourrait bien que l'ésotérisme l'ait fait, si toutefois on admet que Villon, comme Guénon l'a suggéré (11), était rattaché à quelque organisation hermétique du type de celles que fréquenta Rabelais, organisations qui se reconnaissaient par l'utilisation de l' « argot de la coquille ».

Ainsi, dans la célèbre « Balade » que Villon fit à la requête de sa mère pour prier Notre Dame, l'envoi est constitué par un acrostiche sur le nom même de Villon (12). Or l'emploi de l'acrostiche était familier aux écoles hermétiques : il suffit de rappeler le mot VITRIOLUM, qui est passé dans la Maçonnerie.

L'acrostiche n'est en somme qu'une variante du procédé traditionnel dont parle Guénon à propos de Cesare della Riviera (13).

La ballade dont nous parlons commence ainsi : « Dame des cieux, régente terrienne, - Emperière des infernaux palus. » Il est fort probable que seul un initié pouvait ainsi qualifier Marie d' « Impératrice des marécages infernaux », où elle veille sans doute sur les fidèles de son fils Jean pour leur éviter les périls de la « chute dans le bourbier ».

En écrivant ces dernières lignes, nous pensons à un épisode de la Divine Comédie (14). Dante, traversant en barque avec Virgile et avec Charon « le marécage nommé Styx », y est·en butte aux attaques d'un damné qui s'efforce de l'attirer avec lui « dans la bourbe » où il demeura. Virgile retient son compagnon, et aussitôt après il l'embrasse en lui disant : « Âme noble (15), béni soit le sein qui t'a porté ». Paroles étranges, car à première vue on n'aperçoit pas le rapport entre la mère de Dante et le péril couru par son fils. A notre avis, on doit opérer ici, à l'égard de la mère charnelle des initiés, une transposition analogue à celle qu'effectuaient les Fidèles d'Amour à l'égard de leur « dame ».

De même que les véritables chrétiens, au dire de saint Jean, « ne sont pas nés du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu », - on peut dire que la véritable naissance (la « seconde naissance ») des initiés chrétiens les fait enfants, non de leur mère selon la chair, mais de Marie ; et ils deviennent, par cette « adoption », les frères de saint Jean (les John's brothers de la Maçonnerie anglaise). « L'initié est fils de la Vierge », a rappelé Guénon, qui mentionne par ailleurs les liens particuliers de Marie avec la Shekinah (16).

Dans certains cas exceptionnels, la maternité spirituelle de la Vierge est symbolisée par le privilège de la « lactation » dont fut notamment favorisé saint Bernard, selon une « légende » longtemps en honneur dans l'Ordre cistercien. Le symbolisme du lait est multiple. Il évoque d'une part, l' « état d'enfance » (bâlya) de la tradition hindoue (17). D'autre part, dans le langage de l'Ancien Testament, la Terre promise (substitut du Paradis terrestre) est « la terre où coulent le lait et le miel ». Ces deux nourritures correspondent au nectar et à l'ambroisie de la tradition gréco-latine, dont la manducation conférait l'immortalité. Et il faut remarquer que saint Bernard a un rapport particulier à la fois avec le lait (par le privilège de la « lactation » de la Vierge) et avec le miel, car il est appelé Doctor mellifluus, Docteur d'où ruisselle une doctrine douce comme le miel.

Dans la tradition hindoue, l'amrita (l'ambroisie des Grecs) est produit par le « baratement de la mer de lait ». Et il faut aussi rappeler le rôle important joué en hermétisme par le « lait de la Vierge » (18).

Ces quelques lignes sur les deux saints protecteurs de la Maçonnerie ne sont évidemment qu'une faible ébauche de ce qui pourrait être dit sur un sujet en étroit rapport avec le symbolisme de Janus, dont Guénon a souligné l'importance et la complexité. Les considérations qu'on trouve dans les Symboles fondamentaux de la Science sacrée ouvrent la voie à maintes découvertes dans ce champ de recherches, par exemple sur les multiples significations des deux colonnes, en rapport notamment avec les douze travaux de cet autre « héros solaire » que fut Hercule. Saint Jean-Baptiste préside à la « porte des Hommes » où Janua Inferni : c'est pourquoi il est dit que lorsque le Christ descendit aux enfers, le premier « juste » qu'il y délivra fut Jean-Baptiste, mis à mort effectivement peu de temps avant la Passion ; saint Jean l'Évangéliste préside à la « porte des dieux » ou Janua Caeli.

Et ce nom de « Porte du Ciel » est, dans le Christianisme, donné par excellence à la mère de Jean, notamment dans ses « litanies », où ce terme figure entre ceux d' « Arche d'Alliance » (lieu de manifestation de la Shekinah) et d' « Étoile du matin » (signe de la levée et de la « croissance » du jour) (19).

Les portes solsticiales - Guénon l'a souligné (20) - déterminent, dans le cercle qui représente le cycle annuel, ce qu'on peut appeler son « axe vertical », qui correspond - si l'on passe du symbolisme temporel au symbolisme spatial - à l'axe du monde.

Dans les traditions hindoue et thibétaine, l'axe du monde est représenté par le vajra, symbole ayant à la fois la nature de la foudre (par son caractère de « lumière céleste ») et celle du diamant (par ses caractères de pureté et de dureté). La dureté, et plus précisément la stabilité, est en effet l'attribut essentiel de l'axe du monde, et aussi de chacune des intersections de cet axe avec les plans successifs qui symbolisent les états multiples de l'être : l'intersection avec le plan humain est le Paradis terrestre.

Revenons aux deux qualités essentielles du diamant : sa pureté et sa dureté. La tradition chrétienne a toujours attribué aux deux Jean la pureté absolue, sous la forme de la virginité. Quant à la dureté, ou plutôt à la stabilité, apanage par excellence de l'axe et du centre, c'est l'Écriture sainte elle-même qui en porte témoignage à l'égard des deux protecteurs de l'Ordre maçonnique. Au début de l'Évangile selon saint Luc, l'archange Gabriel, annonçant à Zacharie la naissance de Jean-Baptiste, lui prédit que ce fils « unira le coeur des pères au coeur des enfants ». Or, cette expression se trouve également tout à la fin de l'Ancien Testament, dans ce verset du prophète Malachie :« Voici que je vous envoie Élie le prophète, avant que vienne le jour redoutable du Seigneur. Et il unira le coeur des pères à celui des enfants. » Si l'on se souvient de l'analogie symbolique entre le coeur et le centre, on voit que l' « union du coeur des parents avec celui des enfants », dont parlent Malachie et saint Luc, n'est que la « spécification », à l'égard des générations successives de l'humanité, du rôle joué par l'axe du monde, qui effectivement unit en leur centre les états successifs de l'être, et c'est pourquoi le « conflit des générations », dont on parle tant à notre époque, n'est en somme qu'une conséquence très naturelle de la « mise sous le boisseau » des principes traditionnels.

Quant au fils de Zébédée, Jésus a dit de lui : « Je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne ».

Cette expression : « Je veux qu'il demeure » est répétée par deux fois dans l'Évangile, sans aucun doute pour en souligner l'importance. La fonction particulière de Jean ne saurait périr, elle « demeure» jusqu'à la fin du cycle : c'est pourquoi il est dit que « la Loge de saint Jean se tient dans la vallée de Josaphat ».

Et dès lors, il est parfaitement conforme au symbolisme traditionnel que l'organisation« élue » pour « abriter » une telle fonction ait eu pour activité originelle la construction en pierres, c'est-à-dire l'art de bâtir les édifices les plus propres à assurer la « stabilité » de la « demeure » des humains.

 
(1) Guénon pensait que la Loge de table était d'origine opérative, mais que « les gens de 1717 » lui avaient donné une importance démesurée. Il conseillait néanmoins de la pratiquer, surtout aux fêtes solsticiales, car cela, disait·il, « est assurément bien préférable à un banquet profane ».

(2) On trouve dans l'Anthologie palatine le texte d'une sorte d'ex·voto qui dit : « Un niveau avec le fil à plomb, une forte hache pour fendre les souches, un cordeau rouge résonnant sous le doigt qui le soulève, voilà ce que te consacre le charpentier Léontique, jeune déesse aux yeux pers, car les ans lui ont enlevé la force de s'en servir ». Minerve était la déesse à la fois de la sagesse, de la guerre et des arts ; ces trois attributions correspondent exactement aux trois piliers du Temple : Sagesse, Force, Beauté.

(3) Le patronage sur la Maçonnerie des « Quatre Saints Couronnés », honorés comme martyrs, fait allusion au contraire aux luttes entre l'ancienne et la nouvelle foi. On a remarqué que le mot « quatre » correspond au carré, le mot « saint » au triangle (à cause du Dieu « trois fois Saint ») et le mot « couronnés » au cercle. Le carré, le triangle et le cercle évoquent l'opération hermétique de la « quadrature du cercle », à laquelle fait allusion un sixain célèbre de l'Atalante fugitive.

(4) II Rois, XVIII.

(5) « Les derniers hauts grades de l'Écossisme et la réalisation descendante », dans les Études Traditionnelles de 1953.

(6) Voici ce passage : « C'est d'eux [les faux docteurs) qu'Hénoch, qui est le huitième patriarche à partir d'Adam a prophétisé en disant : Voici que le Seigneur vient avec ses saintes armées pour les faire passer en jugement », etc. (Jude, versets 14 et suivants).

(7) « Lorsque les hommes eurent commencé à se multiplier sur la terre, les enfants de Dieu, voyant que les filles des Hommes étaient belles, prirent pour épouses celles qui leur avaient plu. [...] Or il y avait à cette époque des géants sur la terre ; car après que les enfants de Dieu se furent unis aux filles des Hommes, il en naquit une race d'hommes puissants dans les anciens jours » (Genèse, VI, 2 et 4).

(8) Cf. notamment le chap. XXXVIII du Règne de la quantité et les Signes des Temps.

(9) Marc, III, 17.

(10) « Les trois mondes sont les Enfers, la Terre et les Cieux ». (L'Ésotérisme de Dante, chap. VI).

(11) « A propos des pèlerinages », dans les Études sur la Franc-Maçonnerie, Tome I.

(12) Voici le texte de cet envoi :

 

« Vous portates, Vierge, digne princesse,

Jésus régnant, qui n'a ni fin ni cesse ;

Le Tout Puissant, prenant faiblesse,

Laissat les cieux et nous vint secourir,

Offrant à mort sa très claire jeunesse.

Notre Seigneur tel est, tel le confesse.

En celle foi je veux vivre et mourir. »

 

(13) Cf. Comptes rendus de René Guénon, p. 7. (Le Monde magique des héros par C. della Riviera, présenté par Julius Evola. Éditions Archè).

(14) Enfer, chant VIII, vers 43-45.

(15) Nous pensons qu'il faut donner ici à ce mot le sens qu'il a dans la doctrine hindoue où, en principe du moins, seules les trois castes supérieures ont droit au titre d'Arya, et en conséquence peuvent recevoir l'initiation. Il est bien évident que depuis fort longtemps, et en Orient aussi bien qu'en Occident, le « mélange des castes » a rendu une telle distinction uniquement théorique.

(16) « Le langage secret de Dante et des Fidèles d'Amour », I, dans les Aperçus sur l'ésotérisme chrétien.

(17) On peut rappeler aussi le texte chrétien bien connu : « Comme des enfants nouveaux-nés, désirez avec ardeur le lait spirituel qui vous fera croître » (I Pierre, II, 2).

(18) Le « lait de la Vierge » est aussi appelé « lait virginal » ou encore « lait de la lune ». Il est en rapport avec l'opération du Grand-Oeuvre appelée « multiplication », et cela peut faire penser à la conception de la Vierge Marie mère de tous les Chrétiens (dans la vision exotérique du Christianisme) et mère de tous les initiés (dans la vision ésotérique).

19 Ce n'est pas seulement dans les « litanies de Lorette » que Marie est appelée Janua Coeli. Dans un grand nombre de textes qui furent très « populaires » avant les récents bouleversements liturgiques, on trouve des expressions équivalentes.

Citons par exemple : felix coeli porta (dans l'hymne Ave maris stella) ; quae pervia coeli porta manens (dans l'antienne Alma Redemptoris) ; fulgida coeli porta (dans la prose Inviolata). L'épithète fulgida est particulièrement à considérer en raison des rapports intimes de l'éclair (fulgur) avec l'influence spirituelle communiquée par l'initiation. Il y aurait toute une étude à faire - et qui réserverait sans doute des surprises - sur les « rémanences » initiatiques dans les liturgies chrétiennes, tant occidentales qu'orientales. Guénon pensait que le culte du Sacré-Coeur avait à l'origine un caractère ésotérique. Il pourrait bien en être de même pour certains aspects du culte de Marie, dont on sait par ailleurs l'importance qu'il avait pour le « courant » spirituel auquel appartenaient saint Bernard et Dante. Pour ce dernier, quiconque désire l'effusion de la grâce sans passer par Marie, « celui-là veut voler sans ailes ». Une telle expression est à rapprocher des paroles mises dans la bouche d'Ulysse au chant XXVI de l'Enfer : « De rames nous nous fimes des ailes pour un vol fou ». Dans le langage des Fidèles d'Amour, la « folie » (antithèse de la Sagesse) est, en même temps que l' « ennui » (noia), une des « marques » de la vision exclusivement profane des choses.

(20) Cf. Symboles fondamentaux de la Science sacrée, chap. XXXV à XXXVII.

 

 

 

 

 

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