L’arbre
est une preuve qui, comme tous les autres éléments de la nature,
atteste la toute-puissance de Dieu. Dans le Coran, livre sacré des
musulmans, le mot « arbre » est désigné majoritairement par le
terme arabe shajar, qui y apparaît à 27 reprises. Plus précisément,
en langue arabe, shajar est employé pour désigner toute plante
composée d’un tronc. Dans cet article, nous allons donner un
aperçu des différentes manifestations et fonctions de l’arbre
dans le Coran.
L’arbre
dans les allégories du Coran
Le
Coran contient un bon nombre d’allégories destinées à mieux
faire comprendre certaines idées, ou à donner une description
divine de sujets qui dépassent la compréhension humaine. Il est
intéressant de constater que la symbolique de l’arbre y est
souvent présente :
a)
sourate Ibrâhim (Abraham), versets 14 et 24 : « N’as-tu pas vu
comment Allah propose en parabole une bonne parole pareille à un bel
arbre (shajara tayyiba) dont la racine est ferme et la ramure
s’élance vers le ciel ? » ; « Et une mauvaise parole est
pareille à un mauvais arbre (shajara khabissa), déraciné de la
surface de la terre et qui n’a point de stabilité ».
b)
sourate Al-Isrâ’ (Le voyage nocturne), verset 60 : « Et lorsque
nous te disions que ton Seigneur cerne tous les gens par sa puissance
et son savoir. Quant à la vision que nous t’avons montrée, nous
ne l’avons faite que pour éprouver les gens, tout comme l’arbre
maudit (shajara mal’ouna) mentionné dans le Coran. Nous les
menaçons, mais cela ne fait qu’augmenter leur grande
transgression. »
L’arbre,
un signe (aya) de la puissance divine
En
réfléchissant au sujet de la création, et notamment à la
complexité du processus de croissance de l’arbre, les gens
intelligents (owlo-l-albâb) peuvent saisir un aspect de la
toute-puissance du Créateur. Les versets 27 et 60 de la sourate
Al-Naml (Les fourmis) énoncent ainsi : « N’est-ce pas Lui qui a
créé les cieux et la terre et qui vous a fait descendre du ciel une
eau avec laquelle nous avons fait passer des jardins pleins de beauté
» ; « Vous n’étiez nullement capables de faire pousser leurs
arbres. Y-a-t-il donc une divinité avec Allah ? Non, mais ce sont
les gens qui lui donnent des égaux ».
L’arbre
et la louange à Dieu
Selon
les enseignements coraniques, Dieu a créé les cieux et la terre ;
dès leur création, tous les êtres vivants et les objets inanimés
glorifient et louent un Dieu unique. L’arbre, comme toutes les
autres créatures de l’univers, a une fonction utile et est un être
glorifiant et louant la grandeur de son Créateur. Dans le premier
verset de la sourate Djom’eh (Vendredi), on lit : « Ce qui est
dans les cieux et ce qui est sur la terre glorifient le Souverain, le
Pur, le Puissant, le Sage ».
La
présence de l’arbre dans la vie des prophètes
Les
noms de nombreux prophètes envoyés par Dieu sont cités dans le
Coran. L’Histoire des prophètes telle qu’elle y est racontée
nous donne un aperçu sur le contenu de leur message et leur mode de
vie. L’arbre y est souvent cité, et occupe parfois un rôle de
première importance. En voici quelques exemples.
a)
Adam : après avoir créé Adam et Eve, Dieu les place dans le jardin
d’Éden en leur interdisant de manger le fruit de l’arbre de vie.
Ils peuvent donc manger les fruits de tous les arbres, sauf celui de
l’arbre défendu. Mais, ils sont tentés par Satan et en mangent
tous les deux. Suite à cette désobéissance mais après leur avoir
pardonné, Dieu décide de faire descendre Adam et Eve sur terre.
Cette histoire est évoquée à plusieurs reprises dans le Coran,
notamment à la sourate Al-Baqara (La vache), verset 35 : « Et nous
dîmes : Ô Adam, habite le Paradis toi et ton épouse et
nourrissez-vous-en de partout à votre guise ; mais n’approchez pas
de l’arbre que voici : sinon vous seriez du nombre des injustes. »
et la sourate Tâhâ, versets 120 et 121 : « Puis le Diable le tenta
en disant : Ô Adam, t’indiquerais-je l’arbre de l’éternité
et un royaume impérissable ? » ; « Tous deux (Adam et Eve) en
mangèrent. Alors leur apparut leur nudité. Ils se mirent à se
couvrir avec des feuilles du Paradis. Adam désobéit ainsi à son
Seigneur et il s’égara ».
b)
Younos (Jonas) : Messager de Dieu au sein du peuple de Ninive [1],
Jonas désespère très vite de son peuple qui refuse d’accepter
son appel à la foi. Il délaisse donc sa mission et quitte son
peuple sans que Dieu lui en donne l’autorisation. Il embarque dans
un bateau et s’éloigne de la région. Dieu lui envoie un châtiment
: une tempête violente fait chavirer son bateau. Jonas tombe dans la
mer et est avalé par une baleine, sans être blessé. Il reste
quelques jours dans l’obscurité de son ventre. C’est là qu’il
reconnaît son tort et se repentit en prononçant des prières. Dieu
lui pardonne son péché et la baleine le recrache sur la côté
d’une île déserte. Dieu y fait pousser un "arbre de courge"
et Jonas, faible et malade, se rétablit après en avoir consommé.
Cette histoire est détaillée dans le Coran, notamment dans la
sourate Al-Sâfât (Les rangés), versets 145 et 146 : « Nous le
jetâmes (Jonas) sur la terre nue, indisposé qu’il était » ; «
Et nous fîmes pousser au-dessus de lui un arbre de courge ».
c)
Moussâ (Moïse) : L’histoire de la vie de Moïse est évoquée
dans plusieurs sourates du Coran. Dans une scène s’y rapportant,
il se réfugie sur le mont Tour et s’installe à l’ombre d’un
arbre. C’est là que Dieu lui révèle sa mission prophétique.
Dans la sourate Al-Ghasas (Le récit), verset 30, on lit : « Puis,
quand il y arriva, on l’appela du flanc droit de la vallée dans le
lieu béni à partir de l’arbre : "Ô Moïse, c’est moi
Allah, le Seigneur de l’Univers." ». Dieu choisit donc un
arbre pour se manifester à celui qu’Il a choisi comme prophète.
d)
Issâ (Jésus) : Alors que la naissance de Jésus approche, sa mère,
Maryam (Marie), se retire près du tronc d’un palmier dans un lieu
éloigné. Dieu lui dit alors : « Secoue vers toi le tronc du
palmier : il fera tomber sur toi des dattes fraîches et mûres. »
(sourate Maryam, verset 25).
e)
Mohammad : A la VIIe année de l’Hégire et au cours d’un voyage
vers La Mecque, les musulmans s’installent sous un arbre dans la
région de Hodaybeh. Là, ils prêtent serment d’allégeance au
Prophète en s’engageant à lutter contre les infidèles. Conclu
sous l’arbre, ce serment est connu sous le nom de Bey’at taht
al-shajara, c’est-à-dire "le serment sous l’arbre".
Dans la sourate Al-Fath (La victoire éclatante), verset 18, Dieu dit
au Prophète : « Allah a très certainement agréé les croyants
quand ils ont prêté le serment d’allégeance sous l’arbre. Il a
su ce qu’il y avait dans leurs cœurs, et a fait descendre sur eux
la quiétude, et il les a récompensés par une victoire proche ».
Nous
voyons donc que le motif de l’arbre est très présent dans le
Coran, et se voit conférer un rôle particulier dans la vie des
prophètes les plus importants reconnus par l’islam.
Les
arbres du Paradis
L’un
des messages centraux délivrés par le Coran est le caractère
éphémère de la vie terrestre, et l’existence d’une vie
éternelle dans l’Au-delà. Selon le récit coranique, les êtres
humains seront alors divisés en deux groupes : l’un ira au
Paradis, et l’autre en Enfer. Dans le Coran, le Paradis est souvent
désigné par le mot jannat qui signifie « jardin », et abrite de
nombreux arbres toujours verts. Le Coran en donne des descriptions
dans plusieurs sourates dont : a) La sourate Al-Insân (L’homme),
verset 14 : « Ses ombrages les couvriront de près et ses fruits
inclinés bien bas, à portée de leurs mains ». b) sourate
Al-Rahmân (Le Tout-Miséricordieux), verset 46 : « Et pour celui
qui aura craint de comparaître devant son Seigneur, il y aura deux
jardins ».
Dans
quelques autres versets, nous pouvons lire les noms de certains
arbres fruitiers du Paradis. Ainsi, dans la sourate Al-Wâqi’a
(L’événement), versets 28 à 32, les récompenses destinées aux
personnes les plus proches de Dieu sont évoquées : « Elles seront
parmi des jujubiers sans épines » ; « Et parmi les bananiers aux
régimes bien fournis » ; « Dans une ombre étendue » ; « Près
des eaux coulantes continuellement » ; « Et des fruits abondants ».
L’arbre le plus éminent du Paradis s’appelle Toubâ ; il s’agit
d’un très grand arbre qui porte tous les fruits existants. Selon
certaines interprétations coraniques, il constitue un symbole de
l’amitié des croyants vis-à-vis du prophète Mohammad et des
douze Imâms.
Les
arbres de l’Enfer
En
donnant des descriptions sur les caractéristiques de l’Enfer, Dieu
cite un arbre nommé Zaqqoum, qui signifie « chose très amère ».
En voici un exemple tiré de la sourate Sâffât (Les Rangs), versets
62 à 66 : « Est-ce que ceci est meilleur comme séjour ou l’arbre
de Zaqqoum ? » ; « Nous l’avons assigné en épreuve aux injustes
» ; « C’est un arbre qui sort du fond de la Fournaise » ; « Ses
fruits sont comme des têtes de diables » ; « Ils doivent en manger
certainement et ils doivent s’en remplir le ventre ». Nous pouvons
aussi évoquer les versets 43 à 45 de la sourate Al-Dokhân (La
fumée) : « Certes l’arbre de Zaqqoum » ; « Sera la nourriture
du grand pécheur » ; « Comme du métal en fusion ; il bouillonnera
dans les ventres ».
Outre
les arbres de l’Au-delà, on peut trouver les noms de certains
arbres terrestres dans des passages du Coran. Le palmier (al-nakhl)
est cité à vingt reprises dans différentes sourates. Parmi
d’autres arbres et fruits cités dans le Coran, on peut surtout
mentionner la vigne (‘inab), l’olive (zeytoun), la grenade
(rommân) et le lotus (sidr). Ce dernier est évoqué à quatre
reprises, et fait surtout allusion à l’arbre qui apparaît durant
l’ascension du Prophète au ciel. A ce sujet, on peut lire dans la
sourate Al-Nadjm (L’étoile), versets 11 à 16 : « Le cœur n’a
pas menti en ce qu’il a vu » ; « Lui contestez-vous donc ce qu’il
voit ? » ; « Il l’a pourtant vu, lors d’une autre descente » ;
« Près de la Sidrat al-Montahâ » ; « Près d’elle se trouve le
jardin de Ma’vâ » ; « Au moment où le lotus était couvert de
ce qui le couvrait ».
Le
rôle de l’arbre dans la vie terrestre d’après le Coran
Le
Coran comporte des versets où Dieu fait allusion aux différents
usages de l’arbre dans la vie terrestre de l’homme, et dont voici
quelques exemples : a) sourate Yâ-Sin, verset 80 : « C’est Lui
qui, de l’arbre vert, a fait pour vous du feu, et voilà que de
cela vous allumez ». b) sourate Al-Nahl (Les abeilles), verset 68 :
« Et voilà ce que le Seigneur révéla aux abeilles : prenez des
demeures dans les montagnes, les arbres et les treillages que les
hommes font ». c) la même sourate, verset 10 : « C’est Lui qui,
du ciel, a fait descendre de l’eau qui vous sert de boisson et
grâce à laquelle poussent des plantes dont vous nourrissez vos
troupeaux ».
Bibliographie
:
-
Abolghâssemi Fakhri, Gholâm-Hossein, La traduction du Coran en
français, Qom, Ansâriân, 2000.
-
Mo’meni, Mohtasham, « L’arbre dans le Coran » (Derakht dar
Ghor’ân), in Golestân-e Ghorân (Jardin du Coran), 6e année, no
170, 1390/2011.
-
Taghvâ’ï, Ali-Akbar ; Okhovvat, Hânieh, « Etude sur les
différents emplois de l’arbre dans le Coran », in Bayyenât, 6e
année, no 3, 1388/2009.
Notes
[1]
Une ancienne ville de l’Irak actuel.
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