Comptes Rendus, René Guénon, éd. Éditions Traditionnelles, 1986
Dr Pierre Galimard. Hippocrate et la Tradition pythagoricienne. (Jouve et Cie, Paris). – Ce travail dépasse de beaucoup la portée habituelle des thèses de doctorat en médecine, et on pourrait le considérer comme une excellente introduction à l’étude de tout un ensemble de questions qui paraissent avoir été fort négligées jusqu’ici. Ce qui fait l’intérêt d’Hippocrate, c’est qu’il « nous apparaît comme le dernier représentant, en Occident tout au moins, d’une médecine traditionnelle » ; cette médecine, qui était essentiellement un « art sacerdotal », était probablement déjà bien affaiblie en Grèce à son époque, et l’on peut se demander jusqu’à quel point lui-même l’avait comprise : mais les données qu’il a conservées dans ses écrits, et qui sans lui seraient entièrement perdues (car jusqu’à lui elles n’avaient sans doute jamais été transmises qu’oralement), n’en mériteraient pas moins un examen approfondi, qui, surtout si l’on y joignait une comparaison avec les choses du même ordre qui existent en divers pays d’Orient, permettrait peut-être d’en retrouver la véritable signification. Le Dr Galimard s’est proposé plus particulièrement de montrer les liens qui rattachent les conceptions exposées par Hippocrate à celles des Pythagoriciens, qui appartiennent aussi à la même période de transition entre la Grèce archaïque et la Grèce « classique » : le symbolisme des nombres, l’analogie du macrocosme et du microcosme, la théorie des tempéraments et de leurs correspondances quaternaires, l’affirmation d’une étroite relation entre la sagesse et la médecine, tout cela, chez Hippocrate, est manifestement d’inspiration pythagoricienne. Naturellement, l’auteur n’a pu ici que donner un aperçu de ces différents sujets ; mais, puisqu’il dit lui-même que « son travail, bien loin d’épuiser la question et de conclure, voudrait être seulement une entrée en matière », il faut espérer qu’il lui sera possible de continuer ces études par la suite et de reconstituer plus complètement le caractère de cette « médecine d’origine sacrée », si différente à tous égards de la médecine profane des modernes, et qui, contrairement aux tendances exclusivement analytiques et expérimentales de celle-ci « tire d’en haut tous ses principes et leurs applications ».
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