Tombeau de sidi ’Abd es-Salâm ibn Machich (Que Dieu l'agrée)
Par Louis Rinn (MARABOUTS ET KHOUANS , ÉTUDE SUR L’ISLAM EN ALGÉRIE, chap. XVII, ORDRE PRINCIPAL DES CHADELYA, 1884)
à suivre ...
Par Louis Rinn (MARABOUTS ET KHOUANS
Abou-Median
forma un grand nombre de disciples qui se dirent Madanya (au singulier Madani),
épithète que prirent ensuite plusieurs docteurs, en souvenir du Saint
d’El-Eubbad. Son successeur, et le véritable chef de l’ordre nouveau issu de
son enseignement, fut le Marocain
Abou-Mohammed-Abd-es-Sellem-ben-Machich-ben-Mansour-ben-Brahim-et-Hassani,
chérif originaire des Beni-Arous, du Djebel-Alem, près de Tétouan.
Contemporain et
sujet du sultan Abd-el-Moumen (mort en 1160 de J: C.)(1),
Abd-es-Sellem-ben-Machich semble avoir voulu continuer l’oeuvre religieuse
entreprise par le fondateur de la dynastie des Almohades (unitaires)(2).
A l’exemple
d’Ab-el-Moumen et de Sid Abdallah-ben-Tomert qui, avant d’être souverains,
s’affirmèrent comme pontifes intransigeants vis-à-vis de tout pouvoir temporel,
Abdes-Sellem-ben-Machich professa, toute sa vie, un unitarisme rigoureux, et
excessif dans ses déductions dogmatiques, liturgiques ou politiques. Plus
religieux que ses deux illustres prédécesseurs, n’ayant pas leur ambition
malsaine, et sincèrement imbu des doctrines soufies de son maître spirituel, il
resta constamment en dehors de toute compromission avec les représentants de
l’autorité séculière, et recommanda à ses disciples le mépris de toutes les
fonctions publiques et l’éloignement absolu de tous les détenteurs du pouvoir.
Mais, s’il encouragea l’insoumission, il ne prêcha pas la révolte, et il blâma
toujours ceux qui, sous un prétexte religieux, prenaient part à des
soulèvements politiques.
Son enseignement
ne fut jamais ni agressif, ni turbulent. Il avait coutume de dire : « Priez
Dieu sans cesse et sans compter ; ne parlez pas d’autrui, et préservez vos cœurs
du désir de voir les hommes à vos pieds.
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(1) L’année 1160 de J.-C. comprend, dans le calendrier hégirien, les onze derniers jours de l’an 554, toute l’année 555 et le premier jour de l’année 556.
(2)
(2)
L’amour de Dieu
est le seul pôle autour duquel tournent tous les biens.... Que votre langue, au
lieu de parler des choses de ce monde, ne parle que de Dieu; que votre coeur
s’attache au Créateur, au lieu de s’attacher à la créature. Purifiez votre
coeur des doutes et des pensées vaines, avec l’eau de la certitude des vérités
morales. Ne levez jamais votre pied du sol et ne l’y posez jamais sans avoir en
vue l’obéissance à Dieu.
Ne vous asseyez
jamais que là où vous serez certain de ne pas rencontrer la révolte contre
Dieu. »
Sa conduite était en tout conforme à ses
paroles. Aussi fut-il un des premiers à dévoiler l’imposture d’un certain
Mohammed-ben-Mohammed-ben-Abou Touadjin, thaumaturge et intransigeant, qui
s’était mis à la tête d’un parti de rebelles.
Ben-Machich paya
de sa vie sa noble attitude vis-à-vis de cet énergumène, qui le fit assassiner
par ses partisans, l’an 625 de l’Hégire (1227-1228 de J.-C.). Les Berbères,
furieux de la mort de ce saint homme, tuèrent aussitôt son assassin.
Mouley-Abd-es-Sellem-ben-Machich
est resté, depuis, l’objet de la vénération de tous les Musulmans : de nombreux
pèlerinages ont lieu à son tombeau, dans le Djebel-Alem, et les Khouan-Soufi de
la Tunisie portent, encore aujourd’hui, le nom de Mechichya ou de Sellamya.
Mais ce qui
contribua surtout à illustrer Ben-Machich, ce fut d’avoir eu l’honneur de
former à son école le célèbre Abou-Hassen-Ali-ech-Chadeli. Aussi, parmi les
élogieuses appellations que lui a décernées la piété des fidèles, se trouve le
titre de « précurseur et maître de Chadeli » en arabe Imamech-Chadeli et, par
corruption, Imam Chadouli.
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