V- Le Cheikh ‘Abd
al-Wâhid Yahyâ et le Cheikh Salâma Hasan ar-Râdî
Muhammad Hassan Chadli
Il faudra une autre occasion pour
aborder plus en détail la vie du Cheikh Salâma et, surtout, étudier sa fonction
et exposer de manière approfondie la doctrine qu’il a enseignée . Nous terminerons
aujourd’hui ces aperçus biographiques et ceux concernant l’organisation de sa
tarîqa en relatant deux épisodes concernant ensemble le Cheikh Salâma et le
Cheikh ‘Abd al-Wâhid Yahyâ .
Dans la partie de son livre concernant
« les miracles du saint » 114, M. Gilsenan parle d’une catégorie de miracles
(karâmât), se reproduisant périodiquement : il s’agit de celle concernant le
secours donné en cas de détresse (najda), ou la protection et l’assistance du
Cheikh envers un frère de sa communauté . Les membres de la tarîqa se bornent à
parler à ce propos de faits « dépassant l’intelligence », « situés au-delà de
la compréhension par la raison » (fawq al-‘aql), ou « dépassant la nature
humaine » (fawq al-bashariyya) . Nous retiendrons deux exemples donnés dans
l’ouvrage se rapportant à des disciples du Cheikh, puis en rapporterons un
autre que nous avons entendu nous-même .
Dans un petit village de campagne
d’Egypte, un homme fut enlevé, d’un geste vif et énergique, du passage du train
qu’il n’avait pas vu fondre sur lui . Un autre tomba de l’un des ponts
enjambant le Nil, au Caire . Il fut ensuite vigoureusement tiré de l’eau, et la
voix du Cheikh lui dit alors : « tu devras faire davantage attention la
prochaine fois ! »
Maintenant, c’est de René Guénon qu’il s’agit . Celui-ci se promène seul dans une forêt proche de Blois, au plus tard à la fin de ses études secondaires . La pluie commence à tomber, et c’est à ce moment qu’il glisse dans un trou suffisamment profond d’où il ne peut sortir . La pluie redouble, rendant glissantes les parois, et la sortie impossible . De plus l’obscurité s’accentue avec l’arrivée du crépuscule . Les probables appels à l’aide sont restés peine perdue . C’est alors qu’une main surgit, qui le saisit fermement, et le voilà soudainement soulevé, et tiré hors du trou . Le temps de retrouver ses esprits, l’inconnu a déjà disparu . Des années plus tard, âgé de plus de quarante ans, le Cheikh ‘Abd al-Wâhid Yahyâ est au Caire . Bientôt, rencontrant pour la première fois le Cheikh Salâma Râdî, il sera pris de tremblements et, dans un « état », s’exclamera : « Hâdhihi ! Hâdhihi ! C’est elle ! C’est elle ! » reconnaissant probablement la main 115 qui l’avait secouru dans sa jeunesse 116 .
A chaque fois, dans les trois cas mentionnés, c’est la même « main secourable et salvatrice » du Cheikh Salâma qui intervint . Des fuqarâ’ appartenant à la tarîqa Hâmidiyya, interprètent ce genre d’intercession comme s’inscrivant dans le cadre de certains aspects de la fonction du Cheikh, en tant que membre de la hiérarchie ésotérique qui gouverne le monde (tasarruf) . Le Pôle de l’époque (Qutb az-zaman), qui est à sa tête, est aussi l’un des titres fonctionnels reconnus au Cheikh Salâma . D’autre part, Michel Vâlsan a fourni une explication permettant de comprendre ce type d’intervention des autorités du Soufisme vis-à-vis de quelqu’un qui, comme le jeune René Guénon, n’appartenait pas alors « formellement » à l’Islam . Il enseignait « que dans l’ésotérisme islamique, et selon sa « perspective » propre, il est dit que le Qutb accorde son secours providentiel non seulement aux Musulmans, mais encore aux Chrétiens et aux Juifs, et ceci est à mettre, peut-être, de toutes façons, en rapport avec le rôle général de la tradition islamique comme intermédiaire entre l’Orient et l’Occident, dans la dernière partie du cycle traditionnel, bien qu’elle soit, mais on pourrait dire dans un certain sens du fait même qu’elle est, la plus récente des formes traditionnelles actuelles, car cela lui assure une vitalité plus grande par rapport aux traditions plus anciennes » 117 .
Cet événement exceptionnel est le plus
ancien « appui » direct attesté d’un représentant des « forces salutaires de
l’Orient » 118 envers celui sur lequel « les fonctions doctrinales et spirituelles
de l’Orient traditionnel se concentrèrent en quelque sorte pour une expression
suprême » 119 . Qu’il se soit opéré par l’intermédiaire des forces spirituelles
de l’Islam mérite d’être relevé . Il s’intègre dans la genèse de la fonction de
René Guénon, et doit être mis aussi en relation avec le « caractère sacré et
non individuel » qu’a revêtu, d’une façon plus universelle, cette fonction . Il
apporte un éclairage nouveau sur celui qui devait l’accomplir, et qui « fut
certainement préparé de loin et non pas improvisé . Les matrices de la Sagesse
avaient prédisposé et formé son entité selon une économie précise, et sa carrière
s’accomplit dans le temps par une corrélation constante entre ses possibilités
et les conditions cycliques extérieures » 120 .
Pour finir, et en liaison avec cet
événement miraculeux, nous allons rapporter un autre fait d’importance, peu,
voire pas connu, semble-t-il, malgré sa mention dans l’introduction d’un ouvrage
en langue arabe, publié il y a quarante ans, et consacré au Cheikh Abû-l-Hasan
ash-Shâdhilî 121 : il s’agit du pacte initiatique (‘ahd) que le Cheikh ‘Abd
al-Wâhid Yahyâ a pris de la main (‘alâ yad) du Cheikh Salâma Hasan ar-Râdî .
Nous savions jusqu’ici que « René
Guénon reçut son initiation islamique de la part d’un maître qui lui-même était
nourri à l’intellectualité et à l’esprit universel du Cheikh al-Akbar : il
s’agit du Cheikh égyptien Elîsh el-Kebir » 122 . La mention expresse d’un
second pacte, toujours au sein de la Shâdhiliyya, mais fait cette fois sans
intermédiaire - puisque c’est ‘Abdu-l-Hâdî (Aguéli) qui lui avait transmis le
rattachement de la part du Cheikh Elîsh - , aurait dû susciter tout de même
quelque intérêt de la part des « guénoniens » arabisants, semble-t-il . On
s’étonnera, d’autre part, qu’un orientaliste tel que Thierry Zarcone, qui se
réfère dans plusieurs notes de son article précité au livre d’ ‘Abd al-Halîm
Mahmûd, n’ait pas retenu ce que celui-ci précise au début de son ouvrage
concernant ce pacte initiatique . Il écrit au contraire que « rien n’indique
qu’il [Guénon] devint le disciple de ce dernier [le Cheikh Salâma] » 123 .
L’expression « il devint le disciple de ce dernier » n’est d’ailleurs pas la
plus appropriée en l’occurrence : seul le pacte fait li-l-irâda confère la
qualité de disciple (murîd), et engage celui-ci dans une obéissance totale
envers le Cheikh, ce qui le distingue du pacte fait li-t-tabarruk qui permet de « participer aux grâces et à la
protection dont la sainteté du fondateur et de ses successeurs est le garant »
124 . Th. Zarcone note enfin, cette fois au sujet de la tarîqa Hâmidiyya, que
selon le R. P. Ernst Bannerth, « il n’est pas étonnant que René Guénon […] soit
devenu membre de cette confrérie » 125 .
Reportons-nous à ce qu’affirmait ‘Abd al-Halîm Mahmûd, futur recteur d’El-Azhar 126, au début de son étude, à propos du Cheikh ‘Abd al-Wâhid Yahyâ, « Il est de ceux qui ont pris le pacte initiatique shâdhilite (al-‘ahd ash-shâdhilî) .
Il l’a pris de la main (‘alâ yad) du
connaissant par Allâh (al-‘ârif bi-Llâh) 127, le regretté Cheikh Salâma ar-Râdî
. Les anciens, parmi les disciples du Cheikh Salâma ar-Râdî – sur lui la Satisfaction
d’Allâh ! – se souviennent encore de ce « Cheikh » européen, au vêtement
(jubba) 128 vert et au turban blanc, de taille élancée, plutôt mince 129 . Ils
se rappellent encore de son visage resplendissant de lumière (wajh al-mushriq
bi-n-nûr) et d’expression angélique (samt al-malâ’ikî), de sa démarche digne et
posée, de sa manière de s’asseoir devant le Cheikh avec humilité et tenue,
cherchant courtoisement à faire taire quiconque avait posé des questions, de
façon à ce que le Cheikh puisse poursuivre sans interruption son entretien
(doctrinal), sans confiner celui-ci dans des précisions inhérentes aux questions
posées et ramenées au niveau des (simples) conceptions humaines . C’était un
Shâdhilî d’Occident » 130 .
Le pacte initiatique est décrit dans le
Qânûn (art. 328) en référence à deux épisodes de la vie du Prophète : l’un est
d’ordre général et fraternitaire, l’autre est plus directement d’ordre initiatique
. Sa description débute ainsi : « C’est un engagement concernant les liens
traditionnels, semblable à celui qui a été contracté avec les Ansâr – qu’Allâh
soit satisfait d’eux ! - » . Une fois installé à Médine en 622, le
Prophète avait donné aux habitants de cette ville le titre d’Ansâr, Auxiliaires,
et à ceux qui l’avaient accompagnés durant l’Hégire, celui de Muhâjirûn,
Emigrants . Afin de resserrer les liens entre les membres des deux groupes, il
institua un pacte de fraternité, chaque Auxiliaire devenant désormais le frère
d’un Emigrant, et réciproquement . A
part, chaque membre de la famille de l’Envoyé prit comme frère un autre membre
de cette même famille, conformément au Prophète qui avait pris ‘Alî par la main
en déclarant : « voici mon frère ! » . Le fait de joindre la prise de main à
une formule scellant un pacte, ce geste à une parole, se retrouvera six ans
plus tard, à Hudaybiya, lors du pacte d’allégeance contracté entre le Prophète
et ses compagnons : « Allâh a très certainement agréé les croyants
(al-mu’minîn) quand ils ont fait le pacte avec toi (yubâyi’ûnaka) sous l’arbre
» (Coran, 48, 18) . En outre, le Prophète leva sa main gauche, représentant
celle d’’Uthmân qui était absent, la mit dans sa main droite, et prononça le
serment . En mentionnant ainsi les Ansâr, dans le préambule de l’article, le
Cheikh Salâma « privilégie » donc, d’une certaine façon, le pacte fraternitaire
au pacte d’allégeance, même si ce dernier n’est pas exclu, puisqu’il sera
mentionné lors de l’engagement « d’ absolue soumission au Cheikh » .
Après cette référence, la description
du pacte commence . Une telle relation détaillée étant plutôt rare 131 , et
présentant aussi un intérêt documentaire par rapport à René Guénon qui fréquenta
la tarîqa Hâmidiyya, nous la reproduisons intégralement .
« Le pacte initiatique (al-‘ahd) .
Sa forme est la suivante : le Cheikh
ordonne à l’aspirant (murîd) qui demande
à faire le pacte d’accomplir les ablutions rituelles . Puis le Cheikh s’assoit
comme il le fait dans la prière [mais en tournant le dos à la qibla,
l’orientation rituelle] . Il donne l’ordre à l’aspirant de faire de même, de
façon à ce que ses genoux touchent ceux du Cheikh . Ensuite, il établit un lien
avec lui, le Cheikh plaçant sa main sur la main droite de l’aspirant . Celui-ci
regarde alors dans ses yeux, répétant ce que le Cheikh dit, ainsi que cela est
consigné dans le texte [suivant] .
Le pacte est en deux parties : l’une
concerne la transmission de l’influence spirituelle (baraka), qu’il est
possible de recevoir plus d’une fois ; et l’autre est propre à la vie
initiatique, qu’on ne peut prendre à nouveau d’un autre Cheikh . Le Cheikh qui
donne cette dernière doit posséder de nombreuses qualités . Il se doit d’être
d’entre ceux qui possèdent une connaissance initiatique d’Allâh . Quiconque
s’associe à lui, puis le quitte pour un autre, est semblable à celui qui
s’amuse à faire des farces . On s’accorde sur le fait que les Maîtres écartent
leurs cœurs d’un tel individu . Celui qui est ainsi s’est, en vérité, éloigné
du Regard d’Allâh . Nous prenons refuge en Allâh contre le bannissement et
toute carence . Et celui qui respecte les droits de son Cheikh, dans une
relation légitimement fondée, Allâh lui ouvre l’œil de son intelligence, et le
bénit .
Le commencement du Soufisme consiste
dans la guérison des cœurs, et le Cheikh est le médecin des âmes et des cœurs .
La relation entre un aspirant et un pseudo-Cheikh, hors de tout lien
authentiquement légitime, est comparable au malade qui se rend chez quelqu’un
qui n’est pas médecin ; et celui qui n’est pas médecin nuit au patient 132 .
Pour chacun, toute chose est comprise
dans sa façon de vivre et dans ses états . Aussi, pourquoi faire ainsi [être
avec un faux instructeur spirituel], alors que paraît l’aube de la vérité et
que la révélation se dévoile ? Chez un tel Cheikh est le plus grand des
dommages et le pire des dangers 133 . Allâh nous a accordé Son Aide pour nous
diriger dans la voie de Son bien-aimé, en gardant le Livre d’Allâh et la Sunna
de Son Prophète . Louanges à Allâh, dont la Grâce te permet d’accomplir des actions
vertueuses !
[A partir de maintenant l’aspirant
répète ce que le Cheikh dit .]
Je demande pardon à Allâh, le Très-Haut
. Il n’y a pas d’autre Dieu, le Vivant, le Soutien universel, et je me tourne
repentant vers Lui .
Je me suis repenti auprès d’Allâh, et
suis retourné vers Allâh . Je regrette ce que j’ai fait, et j’ai pris la
résolution de ne plus jamais commettre de nouveaux péchés . Je le dis avec ma
langue, ajoutant foi en mon cœur, et je témoigne qu’il n’y a d’autre divinité sauf Allâh, et
que Muhammad est l’Envoyé d’Allâh .
J’ai foi en Allâh, en Ses anges, en Ses
livres, en Ses prophètes et en le dernier jour . Et en toute chose positive ou
négative je m’en remets à la voie des gens de la Tradition prophétique (Sunna)
et du consensus (ijmâ’), en fonction du dessein d’Allâh et de l’usage de Son
Prophète .
Ô Allâh ! En vérité je témoigne devant
Toi et Tes anges, devant les porteurs de Ton trône, Tes prophètes et Tes
messagers, devant ce qui suffit à Ta création, et Tu es le meilleur des
témoins, que j’ai pris, admis et accepté ce frère-ci comme frère devant Allâh
et comme guide vers Lui, sur le chemin et la voie [initiatique] de nôtre
seigneur (sayyidunâ) ‘Alî ibn ‘ Abdullâh Abû-l-Hasan ash-Shâdhilî et de notre
seigneur Salâma ibn Hasan ar-Râdî, qu’Allâh soit satisfait d’eux !
En vérité, j’ai fait alliance avec
Allâh, je m’engage devant Allâh, je m’en remets à Allâh et Le prends comme
témoin en ce que j’ai accepté de mon propre gré une absolue soumission à ce
Cheikh, et je ne m’opposerai pas à lui ni dans mon cœur, ni dans mes membres, ni
par la langue . J’ai fait ce pacte sollenel entre Allâh et moi comme étant un
pacte conforme à la loi, véridique, sincère, résolu, total et absolu, tant
extérieurement qu’intérieurement , tant que je vivrai, et en fonction de
l’intention de mon Cheikh . J’en rendrai compte en ce monde et dans l’autre, et
en suis responsable devant Allâh . Si je m’oppose à mon Cheikh, le renie, me
dresse contre lui, en change et en prends un autre, je serai ainsi un traître,
déloyal et parjure eu égard aux engagements formels envers Allâh et envers Ses
promesses, et je me réfugie en Allâh contre cela . Nous espérons rester fidèle
à ce dont nous avons prêté serment et à ce dont nous nous sommes engagé envers
Allâh . Allâh est le Garant de ce que nous disons .
Puis le Cheikh prononce à voix basse,
mais restant toujours audible :
Ô Allâh ! En vérité je me suis soumis à
Allâh . J’ai admis ce frère-ci et l’ai pris comme un frère en Allâh ; j’ai
accepté quiconque a reçu cette instruction qui est nôtre, étant venu à nous,
rattaché ou non à nous .
Il est désormais, comme chacun d’entre
nous, membre de la voie shâdhilite ; nous sommes devenus d’entre ses enfants
[il s’agit du Cheikh Abû-l-Hasan ash-Shâdhilî], et sommes entrés dans son
cercle, sous sa protection . Ô Allâh ! Ne nous détourne pas de Ta Présence, et
ne nous isole pas de Toi ! Louange à Allâh pour toute chose !
Mes frères, sachez que le Prophète –
qu’Allâh le bénisse et le préserve ! - , enseigna le dhikr à l’Imâm ‘Alî, et
c’est par cette chaîne initiatique bénie qu’il nous est parvenu, [chaîne] commençant
par Allâh – qu’Il soit exalté ! - , [et continuant] par Ses anges rapprochés,
par le seigneur de l’ensemble des hommes, qu’Allâh le bénisse, ainsi que sa
famille, tous ses compagnons et ceux qui le suivent, et quiconque suit ces
successeurs dans l’excellence jusqu’au jour du Jugement . Ensuite il a été
transmis à nos Maîtres, pour arriver jusqu’à nous et, finalement, te parvenir .
Aussi répète trois fois : Lâ ilâha illâ Allâh, « Nul dieu sauf Allâh » . La
chaîne de l’enseignement initiatique t’est transmise .
Le Très-Haut a dit : Respectez (awfû)
le pacte d’Allâh (‘ahdi-Llâhi) 134, quand vous avez fait le pacte, et ne rompez
pas les serments après les avoir renforcés et avoir pris Allâh comme garant (kafîlan)
contre vous (Coran, 16, 91) . Allâh le Très-Grand a parlé en vérité . Le
Très-Haut a dit aussi : Véritablement, ceux qui font le pacte avec toi
(yubâyi’ûnaka) 135 ; ne font le pacte
qu’avec Allâh (yubâyi’ûna-Llâha) ; la Main d’Allâh (Yadu-Llâhi) est au-dessus
de leurs mains . Quiconque le rompt (le pacte) ne le rompt qu’à son propre
détriment . Et quiconque respecte (awfâ) ce qu’il a pactisé avec Allâh (‘âhda
‘alayhu-Llâha), alors Il lui octroiera une récompense immense (âjran ‘azhîman)
(Coran, 48, 10) 136 . Allâh le Très-Grand a parlé en vérité .
[Puis le Cheikh prononce à voix basse,
seul, mais restant toujours audible :]
Louange à Allâh, et que la bénédiction
et la paix soient sur le Prophète d’Allâh, sur sa famille, ses compagnons et
sur celui qui suit leur guidance . Je m’engage et vous engage à avoir foi en
Allâh le Très-Grand, et à me soumettre et à vous soumettre à Lui ; je me mets
en garde et vous mets en garde contre toute insoumission envers Lui et toute
opposition à Lui . Sachez que vous avez fait le pacte avec Allâh et Son
Prophète, un pacte véridique et conforme à la Loi avec votre Cheikh . Vous
l’avez fait en tant qu’engagement que vous ne devez jamais rompre . Sa
réalisation est à votre charge, en fonction de ce que vous avez contracté et de
ce que vous avez juré à Allâh le Très-Haut . Vous
obtiendrez réussite et serez favorisé, et Allâh sera satisfait de vous . Sachez
que c’est le pacte d’Allâh (‘ahdu-Llâhi) et Sa promesse : c’est une charge
d’Allâh sur vos épaules . Allâh vous interrogera à son sujet quand vous vous
tiendrez devant Lui . Celui qui glorifie Allâh glorifie la Voie d’Allâh, et
celui qui se répand en mépris envers Allâh se répand en mépris envers elle .
Quant à l’oraison (wird) du matin et du soir, elle est ainsi :
Je demande pardon à Allâh (astaghfiru-Llâh) (100 fois)
;
Allahumma, prie sur notre Seigneur Muhammad, Ton
serviteur et Ton prophète et Ton Messager, le Prophète illettré, sur sa famille
et ses compagnons et, salue-les (Allahumma salli ‘alâ Sayyidinâ Muhammad
‘abdi-Ka wa Nabî-Ka wa Rasûli-Ka an-Nabî al-ummî wa’alâ alihi wa sahbihi wa
sallim) » (100 fois) ; et son sceau : Nulle divinité sauf Allâh (Lâ ilâha illâ
Allâh) (100 fois) 138 ;Notre Seigneur Muhammad est le Messager d’Allâh, qu’Allâh prie sur lui et le salue ! (Sayyidinâ Muhammad Rasûlu-Llâh sallâ-Llâh ‘alayhi wa sallama) (1 fois) .
[ Le Cheikh s’adresse au disciple, et les frères répondent . ]
As-tu accepté le
pacte que nous avons passé avec toi et établi pour toi comme condition ? – Nous
l’avons accepté ! – Et es-tu satisfait du pauvre en Allâh (faqîr ilâ-Llâh)
comme frère et guide ?
- Nous
l’avons accepté !
Ô Allâh, en vérité je témoigne devant vous que j’ai
accepté et accueilli tous ces frères comme frères en Allâh le Très-Haut, et que
j’ai accueilli tous ceux qui ont dit : « nous avons reçu » . Et quiconque a dit
: « nous avons reçu » est devenu d’entre nous ; il possède ce que nous
possèdons, et nos fonctions s’imposent aussi à lui . Avez-vous accepté ? – Nous
avons accepté ! – Et nous [le Cheikh] avons accepté !
Récitons la Fâtiha 139 .
Gloire à ton Seigneur, le Seigneur de l’Elévation hors de ce qu’ils attribuent ! Que la Paix soit sur les envoyés ! Et louange à Allâh, le Seigneur des mondes ! 140 . Dites avec moi une seule fois : « Nulle divinité sauf Allâh, Muhammad est l’Envoyé d’Allâh » .
Muhammad Hassan Chadli
114. Op. cit., pp. 20-41 .
115. En arabe, yad (main) est du genre féminin .
116. Nous avons entendu cette « anecdote » lors d’une conférence publique donnée à Paris par le fils du Cheikh ‘Abd al-Wâhid Yahyâ, puis par une autre source, d’ordre privé .
117. « Les derniers hauts grades de l’Ecossisme et la réalisation descendante », Etudes Traditionnelles, 1953, p. 225 .
118. Michel Vâlsan, « La fonction de René Guénon et le sort de l’Occident », Etudes Traditionnelles, 1951, p. 255 .
119. Ibid., p. 218 .
120. . Ibid., p. 217 . Cf. aussi : « ce qui est certain, c’est que la ressource intellectuelle que l’Orient a utilisée par lui a cessé, car elle était liée à des qualités personnelles providentiellement disposées » (Ibid., p. 254) .
121. ‘Abd al-Halîm Mahmûd, Al-Madrasa ash-shâdhiliyya al-hadîtha wa-l-Imâmuha Abû-l-Hasan ash-Shâdhilî, La nouvelle école shâdhilite et son imâm Abû-l-Hasan ash-Shâdhilî, pp. 11-12, Le Caire, 1968 . Peut-être était-il déjà cité dans la première version de ce livre, en 1954 ?
122. Michel Vâlsan, op. cit., p. 30 .
123. Art. cit. dans L’Ermite de Duqqi, p. 270 .
124. Michel Chodkiewicz, « Le Soufisme au XXIe siècle », dans Les voies d’Allâh, op. cit., p. 541 .
125. Cf. « Aspects humains de la Shâdhiliyya en Egypte », Mélanges de l’Institut Dominicain d’Etudes Orientales, XI, 1972 . Th. Zarcone reproche à cet orientaliste de ne pas « fournir d’explications » . M. Sedgwick parle du Cheikh Salâma comme étant le « propre Shaykh (his own Shaykh) » de Guénon au Caire (art. cit., p. 7), et écrit, à propos de la tarîqa Hâmidiyya que c’est « là que la carrière de Guénon s’acheva » (p. 3) .
126. Il est significatif que ce n’est pas en sa qualité de professeur d’université, mais bien comme rattaché au Soufisme, puisqu’il était shâdhilite, qu’il parviendra, non sans difficultés, à rencontrer au Caire le Cheikh ‘Abd al-Wâhid Yahyâ (cf. Chacornac, op. cit., pp. 106-108 ; ‘Abd al-Halîm Mahmûd, op. cit., pp. 233-237) .
127. « L’expression ‘ârif bi-Llâh, qui désigne traditionnellement l’homme spirituel accompli, signifie à la fois le gnostique, celui qui connaît Dieu, et le théodidacte, celui qui est instruit par Dieu » (Michel Chodkiewicz, « Les Maîtres spirituels en Islam », Connaissance des Religions, n° 53-54, p. 48) .
128. Long vêtement d’homme, droit et à manches longues .
129. Litt : plus proche de la maigreur que de l’embonpoint .
130. ‘Abd al-Halîm Mahmûd, op. cit., pp. 11-12 . En rédigeant notre article, nous avons appris que ce passage avait été cite par Jean Abd-al-Wadoud Gouraud dans l’introduction à Un soufi d’Occident, René Guénon (Shaykh ‘Abd-al-Wâhid Yahyâ), p. 26, GEBO-Albouraq, Beyrouth, 2007 ; cette « divulgation » simultanée était manifestement « dans l’air » . Ce livre récemment publié contient notamment la traduction de la 3e partie du livre d’’Abd al-Halîm Mahmûd, consacrée à Guénon, et intitulée : « Al-‘ârif bi-Llâh ash-Shaykh ‘Abd-al-Wâhid Yahyâ » (pp . 229-341) .
115. En arabe, yad (main) est du genre féminin .
116. Nous avons entendu cette « anecdote » lors d’une conférence publique donnée à Paris par le fils du Cheikh ‘Abd al-Wâhid Yahyâ, puis par une autre source, d’ordre privé .
117. « Les derniers hauts grades de l’Ecossisme et la réalisation descendante », Etudes Traditionnelles, 1953, p. 225 .
118. Michel Vâlsan, « La fonction de René Guénon et le sort de l’Occident », Etudes Traditionnelles, 1951, p. 255 .
119. Ibid., p. 218 .
120. . Ibid., p. 217 . Cf. aussi : « ce qui est certain, c’est que la ressource intellectuelle que l’Orient a utilisée par lui a cessé, car elle était liée à des qualités personnelles providentiellement disposées » (Ibid., p. 254) .
121. ‘Abd al-Halîm Mahmûd, Al-Madrasa ash-shâdhiliyya al-hadîtha wa-l-Imâmuha Abû-l-Hasan ash-Shâdhilî, La nouvelle école shâdhilite et son imâm Abû-l-Hasan ash-Shâdhilî, pp. 11-12, Le Caire, 1968 . Peut-être était-il déjà cité dans la première version de ce livre, en 1954 ?
122. Michel Vâlsan, op. cit., p. 30 .
123. Art. cit. dans L’Ermite de Duqqi, p. 270 .
124. Michel Chodkiewicz, « Le Soufisme au XXIe siècle », dans Les voies d’Allâh, op. cit., p. 541 .
125. Cf. « Aspects humains de la Shâdhiliyya en Egypte », Mélanges de l’Institut Dominicain d’Etudes Orientales, XI, 1972 . Th. Zarcone reproche à cet orientaliste de ne pas « fournir d’explications » . M. Sedgwick parle du Cheikh Salâma comme étant le « propre Shaykh (his own Shaykh) » de Guénon au Caire (art. cit., p. 7), et écrit, à propos de la tarîqa Hâmidiyya que c’est « là que la carrière de Guénon s’acheva » (p. 3) .
126. Il est significatif que ce n’est pas en sa qualité de professeur d’université, mais bien comme rattaché au Soufisme, puisqu’il était shâdhilite, qu’il parviendra, non sans difficultés, à rencontrer au Caire le Cheikh ‘Abd al-Wâhid Yahyâ (cf. Chacornac, op. cit., pp. 106-108 ; ‘Abd al-Halîm Mahmûd, op. cit., pp. 233-237) .
127. « L’expression ‘ârif bi-Llâh, qui désigne traditionnellement l’homme spirituel accompli, signifie à la fois le gnostique, celui qui connaît Dieu, et le théodidacte, celui qui est instruit par Dieu » (Michel Chodkiewicz, « Les Maîtres spirituels en Islam », Connaissance des Religions, n° 53-54, p. 48) .
128. Long vêtement d’homme, droit et à manches longues .
129. Litt : plus proche de la maigreur que de l’embonpoint .
130. ‘Abd al-Halîm Mahmûd, op. cit., pp. 11-12 . En rédigeant notre article, nous avons appris que ce passage avait été cite par Jean Abd-al-Wadoud Gouraud dans l’introduction à Un soufi d’Occident, René Guénon (Shaykh ‘Abd-al-Wâhid Yahyâ), p. 26, GEBO-Albouraq, Beyrouth, 2007 ; cette « divulgation » simultanée était manifestement « dans l’air » . Ce livre récemment publié contient notamment la traduction de la 3e partie du livre d’’Abd al-Halîm Mahmûd, consacrée à Guénon, et intitulée : « Al-‘ârif bi-Llâh ash-Shaykh ‘Abd-al-Wâhid Yahyâ » (pp . 229-341) .
D’autre part, l’année 1349 H., dont nous avons déjà
parlé, qui s’étend du 29 mai 1930 au 18 mai 1931 (cf. Haig, op. cit., p. 28),
pourrait aussi être celle du pacte fait par le Cheikh ‘Abd al-Wâhid et le
Cheikh Salâma Hasan ar-Râdî . Ce second pacte n’est probablement pas étranger à
la publication des articles de René Guénon sur l’initiation, à partir de 1932,
dans Le Voile d’Isis . De plus, dans son abondante correspondance, Guénon a
apporté nombre d’éclaircissements concernant des questions relevant du domaine
de la technique initiatique, notamment de celle propre au Tasawwuf : quelle «
part » de ses connaissances aussi précises pourrait revenir, à un degré ou à un
autre, au Cheikh Salâma ?
131. Il ne semble pas, par exemple, qu’on en trouve dans les écrits d’Ibn ‘Arabî, pourtant détaillés sur à peu près tous les points de l’enseignement propre à la tradition islamique . L’article de Michel Chodkiewicz, « Les rites d’initiation dans le Soufisme » (‘Ayn al-Hayât, n° 5, pp. 45-64, et Connaissance des Religions, n° 69-70, pp. 81-95) apporte toutefois d’utiles précisions sur cette question « technique » . Cf. aussi Gerhard Böwering, « Règles et rituels soufis », dans Les Voies d’Allâh, op. cit., p. 151-156 .
131. Il ne semble pas, par exemple, qu’on en trouve dans les écrits d’Ibn ‘Arabî, pourtant détaillés sur à peu près tous les points de l’enseignement propre à la tradition islamique . L’article de Michel Chodkiewicz, « Les rites d’initiation dans le Soufisme » (‘Ayn al-Hayât, n° 5, pp. 45-64, et Connaissance des Religions, n° 69-70, pp. 81-95) apporte toutefois d’utiles précisions sur cette question « technique » . Cf. aussi Gerhard Böwering, « Règles et rituels soufis », dans Les Voies d’Allâh, op. cit., p. 151-156 .
La description que nous donnons est celle de l’article
328 du Qânûn, édité dans la 10e et dernière section se rapportant aux « Règles
générales » de la tarîqa Hâmidiyya . Une telle description relevait auparavant
du domaine « réservé » des turuq . Or, depuis bien des années, les membres de
celles-ci distribuent désormais gratuitement les textes des rituels, oraisons, etc., dans un souci
évident de prosélytisme . De plus, dans le cas présent, il existe une
traduction anglaise (cf. Gilsenan, op. cit., pp. 239-241 et 96-97) . Pour ces
raisons, nous nous sommes autorisé à publier en français ce document .
132. Ibn ‘Arabî enseigne que « les Maîtres sont les médecins de la Religion d’Allâh » . Ceux à qui il manque « quelque chose dont ils ont besoin pour exercer la fonction éducative (tarbiyya), il ne leur serait pas permis de s’asseoir sur le siège de la maîtrise, car ils pourraient alors nuire plus qu’ils ne seraient utiles, et produiraient des troubles, comme il arrive de la part de médicastres qui endommagent le valide et tuent le malade » (Futûhât, chap. 181, trad. Cit., p. 170) .
133. Le pacte initiatique, s’il est effectué selon les règles prescrites, a une efficacité en lui-même, indépendamment de la valeur propre du transmetteur . La mise en garde du Cheikh Salâma concerne donc bien le risque, pour celui qui aspire au rattachement initiatique, de ne pas être guidé correctement par celui entre les mains duquel il s’en remet . Nous avons vu à plusieurs reprises, au cours de cet article, que le Cheikh, en tant que Maître spirituel authentique – et comme Ibn ‘Arabî dans le passage cité dans la note précédente - , a dénoncé les Maîtres « incomplets », les charlatans et imposteurs . C’est d’ailleurs un thème « récurrent » dans le Soufisme, comme l’a montré Michel Chodkiewicz dans la partie liminaire des « Maîtres spirituels en Islam » (art. cit., pp. 33 et suiv. ) . René Guénon s’y est appliqué en 1948, dans son article : « Vrais et faux instructeurs spirituels » (chap. 21 d’Initiation et réalisation spirituelle) ; il demandait d’ailleurs expressément que « non seulement les Maîtres spirituels authentiques, mais encore tous ceux qui ont à quelque degré conscience de ce qu’est réellement l’initiation » « doivent dénoncer et combattre, chaque fois que les circonstances l’exigent », ceux qui ne sont en réalité que de faux instructeurs spirituels . L’époque actuelle n’étant pas vraiment dépourvue de ce type de personnages, et puisque c’est un devoir de les dénoncer et de les combattre, selon Guénon, il faudrait donc rédiger une étude sur ce sujet .
134. Cette expression est mentionnée huit fois dans le Coran .
135. Nous retrouvons ce terme cité plus haut dans le verset 18 de cette même sourate 48 .
136. Au début de cet article concernant le pacte, le Cheikh Salâma se réfère à l’engagement contracté avec les Ansâr . Dans le présent verset, il s’agit d’un autre épisode, celui d’Hudaybiyya dont nous avons parlé plus haut . – Certains termes de ce verset 48, 10, sont tirés de racines contenant l’idée de « lier », « attacher » : BA’, d’où bay’a et mubâya’a, « pacte », et ‘HD, d’où ‘ahd que nous avons déjà rencontré (sur cette question, cf. Michel Chodkiewicz, « Les rites d’initiation dans le Soufisme », art. cit., pp. 81-83) .
137. C’est la reprise de l’article 223, à quelques variantes près .
138. Ces trois parties de l’oraison sont donc la demande de pardon (istighfâr), la prière sur le Prophète (salâtu-n-Nabî) et la première partie de la Shahâda . Celle-ci est récitée de façon « développée » dans certaines turuq, par exemple sous la forme transmise par René Guénon en 1934 à la fin de son article intitulé « Le Soufisme » : « Lâ ilâha illâ Allâh wahda-Hu, lâ sharîka la-Hu, la-Hu al-mulku wa la-Hu al-hamdu, wa Huwa ‘alâ kulli shayin qadîr, Nulle divinité sauf Allâh Lui seul, Il n’a pas d’associé, à Lui le royaume et à Lui la louange, et Lui est sur chaque chose Tout-Puissant » (Articles et comptes rendus, Tome I, p. 54) . Cette formule provient d’ailleurs d’une tradition dans laquelle le Prophète affirme : »La parole la plus excellente que j’ai dite, dans l’après-midi du jour d’’Arafa, moi et les prophètes qui m’ont précédé, c’est Lâ ilâha illâ Allâh wahda-Hu… »
139. « L’Ouvrante », la première sourate du Coran, qui scelle ici le rite du pacte initiatique .
140. Coran, 37, 180-182 (trois derniers versets de cette sourate) .
132. Ibn ‘Arabî enseigne que « les Maîtres sont les médecins de la Religion d’Allâh » . Ceux à qui il manque « quelque chose dont ils ont besoin pour exercer la fonction éducative (tarbiyya), il ne leur serait pas permis de s’asseoir sur le siège de la maîtrise, car ils pourraient alors nuire plus qu’ils ne seraient utiles, et produiraient des troubles, comme il arrive de la part de médicastres qui endommagent le valide et tuent le malade » (Futûhât, chap. 181, trad. Cit., p. 170) .
133. Le pacte initiatique, s’il est effectué selon les règles prescrites, a une efficacité en lui-même, indépendamment de la valeur propre du transmetteur . La mise en garde du Cheikh Salâma concerne donc bien le risque, pour celui qui aspire au rattachement initiatique, de ne pas être guidé correctement par celui entre les mains duquel il s’en remet . Nous avons vu à plusieurs reprises, au cours de cet article, que le Cheikh, en tant que Maître spirituel authentique – et comme Ibn ‘Arabî dans le passage cité dans la note précédente - , a dénoncé les Maîtres « incomplets », les charlatans et imposteurs . C’est d’ailleurs un thème « récurrent » dans le Soufisme, comme l’a montré Michel Chodkiewicz dans la partie liminaire des « Maîtres spirituels en Islam » (art. cit., pp. 33 et suiv. ) . René Guénon s’y est appliqué en 1948, dans son article : « Vrais et faux instructeurs spirituels » (chap. 21 d’Initiation et réalisation spirituelle) ; il demandait d’ailleurs expressément que « non seulement les Maîtres spirituels authentiques, mais encore tous ceux qui ont à quelque degré conscience de ce qu’est réellement l’initiation » « doivent dénoncer et combattre, chaque fois que les circonstances l’exigent », ceux qui ne sont en réalité que de faux instructeurs spirituels . L’époque actuelle n’étant pas vraiment dépourvue de ce type de personnages, et puisque c’est un devoir de les dénoncer et de les combattre, selon Guénon, il faudrait donc rédiger une étude sur ce sujet .
134. Cette expression est mentionnée huit fois dans le Coran .
135. Nous retrouvons ce terme cité plus haut dans le verset 18 de cette même sourate 48 .
136. Au début de cet article concernant le pacte, le Cheikh Salâma se réfère à l’engagement contracté avec les Ansâr . Dans le présent verset, il s’agit d’un autre épisode, celui d’Hudaybiyya dont nous avons parlé plus haut . – Certains termes de ce verset 48, 10, sont tirés de racines contenant l’idée de « lier », « attacher » : BA’, d’où bay’a et mubâya’a, « pacte », et ‘HD, d’où ‘ahd que nous avons déjà rencontré (sur cette question, cf. Michel Chodkiewicz, « Les rites d’initiation dans le Soufisme », art. cit., pp. 81-83) .
137. C’est la reprise de l’article 223, à quelques variantes près .
138. Ces trois parties de l’oraison sont donc la demande de pardon (istighfâr), la prière sur le Prophète (salâtu-n-Nabî) et la première partie de la Shahâda . Celle-ci est récitée de façon « développée » dans certaines turuq, par exemple sous la forme transmise par René Guénon en 1934 à la fin de son article intitulé « Le Soufisme » : « Lâ ilâha illâ Allâh wahda-Hu, lâ sharîka la-Hu, la-Hu al-mulku wa la-Hu al-hamdu, wa Huwa ‘alâ kulli shayin qadîr, Nulle divinité sauf Allâh Lui seul, Il n’a pas d’associé, à Lui le royaume et à Lui la louange, et Lui est sur chaque chose Tout-Puissant » (Articles et comptes rendus, Tome I, p. 54) . Cette formule provient d’ailleurs d’une tradition dans laquelle le Prophète affirme : »La parole la plus excellente que j’ai dite, dans l’après-midi du jour d’’Arafa, moi et les prophètes qui m’ont précédé, c’est Lâ ilâha illâ Allâh wahda-Hu… »
139. « L’Ouvrante », la première sourate du Coran, qui scelle ici le rite du pacte initiatique .
140. Coran, 37, 180-182 (trois derniers versets de cette sourate) .
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