samedi 15 octobre 2016

Cheikh Ahmad At-Tidjânî - Au sujet de l’âme (Nafs), de l’esprit (Rouh), du cœur (Qalb) et du secret (Sirr).




Sidi ‘Ali Harazim (qu’Allah l’agrée) a dit :
« J’ai interrogé Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) au sujet de l’âme (Nafs), de l’esprit (Rouh), du cœur (Qalb) et du secret (Sirr). S’agissait-il de noms différents pour un seul nommé ou pour plusieurs ?
Si on suppose que ces noms ne désignent qu’un seul nommé, alors pourquoi se fatiguer à diversifier les noms ? Si on suppose que chacun est dissocié de l’autre, cependant celui à qui s’adresse le Discours Divin est bien l’esprit (Rouh), car c’est lui qui goûte au délice et à la douleur du supplice ? »
Il nous a clarifié cela de façon convaincante, que la paix soit sur notre maître et notre professeur, ainsi que la miséricorde d’Allah le Très-Haut et sa bénédiction. Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son précieux secret) a répondu comme suit :
« Sache que ces différents noms ne sont en réalité que pour un seul nommé qui n’a pas de pluralité, mais les noms ne sont multiples qu’en fonction du degré de l’esprit (Rouh).
Ce qui clarifie cela est qu’Allah (qu’Il soit Glorifié et Exalté) a créé l’esprit humain de la pure pureté de la Lumière Divine et son établissement provient des hautes nuées Seigneuriales déversées (‘Amma Rabbani) et Il a fait habiter l’esprit à l’emplacement de l’Esprit Vivifiant.
Là, il ne cesse de connaître parfaitement Allah le Très-Haut, en étant établi dans Son Amour et Son Unicité, connaissant Ses noms et Ses qualités, sans être préoccupé par autre que Lui. Il ne cesse d’être ainsi dans la pureté la plus totale, très éloigné de ce que peut comprendre la raison.
Puis l’esprit a habité le récipient du corps humain. Le corps s’approprie la vie et la compréhension en fonction de l’établissement de l’esprit en lui. Il existe dans le corps en l’état de « l’esprit nafs » (Rouh Nafs ). Il est une vapeur subtile qui contient la force de la vie, de la sensation, du mouvement et de la compréhension.
Ainsi, le nafs n’existe qu’en tant que définition et non en tant qu’essence puisqu’il se forme à partir de la rencontre de l’esprit avec le corps. Si jamais ils se séparent (l’esprit et le corps) le nafs n’existe plus en tant que nafs qui n’est qu’une vapeur subtile.
Cette chose qu’on nomme nafs est la source des mauvaises moralités et des vices maladifs tant qu’il impose son autorité sur la personne, car l’esprit est détenu entre ses mains. Il ne se manifeste qu’en vue de l’agrément du nafs dans la perte totale et l’éloignement complet de la Présence Divine. Cela se fait par la force lumineuse de l’esprit qui s’est inversée en raison de son établissement dans les ténèbres du corps.
Ainsi, l’esprit est souillé par les impuretés et les saletés du corps et il est accaparé par la fonction du nafs corrompu (Nafs Khabitha). Il devint alors un désobéissant à l’ordre d’Allah. C’est le reflet de l’autorité du corps, celui-ci est de source ténébreuse, il provient de l’eau et de l’argile et il est en état de consistance.
Quant à l’esprit, il est la résultante de la pureté claire de la Lumière Divine dans un état de parfaite pureté et de préciosité. C’est la plus pure des quintessences et la plus élevée. L’esprit a été imprégné des ténèbres dans le monde sensible. Tant qu’il tend vers les désobéissances, les infractions et la poursuite des passions, il se nomme dans cette station : « le nafs qui ordonne le mal » (Nafs El Amara bi sou-i).
Alors, s’il apparaît en lui les Lumières Divines lui permettant de sortir des caractères de la désobéissance et de l’infraction par l’existence du repentir (Tawba), il commence à se blâmer et à se discréditer à cause de ce qu’il a négligé comme Droits Divins.
Le nafs commence alors à s’éloigner du mal et à se blâmer pour revenir vers la porte du Généreux bienfaisant, il est alors appelé dans cette station « l’âme qui se blâme » (Nafs Lawwama) car il se blâme de ce qu’il a négligé comme Droits d’Allah le Très-Haut.
Puis s’il apparaît à l’esprit la Lumière Divine qui la purifie en chassant de lui la densité des péchés qu’on appelle les péchés capitaux (El Kaba-ir), il ne lui reste plus alors que les infractions subtiles et mineures, il s’appelle dans cette station « un cœur » (Qalban). Il a senti l’odeur de la Sainte Présence. Quelquefois il est pris par les Odeurs Sacrées de telle manière qu’il éprouve de la nostalgie pour ce qu’il était lors de sa première existence.
De temps à autre, il est vaincu par la densité des ténèbres de sa nature acquise lors de son établissement dans le corps, à ce moment-là, il a de la nostalgie pour ses désirs et le suivi de ses passions. C’est parce qu’il est basculé entre ces deux états qu’on l’appelle « cœur ». Il connaît les désirs, les attractions et il a tendance à s’y attacher, c’est pour cette raison qu’on l’appelle dans cette station « cœur », en conséquence de ses changements permanents.
Ensuite si les Lumières de la Sainte Présence se déversent sur lui, le purifiant complètement de toutes désobéissances lourdes et légères, petites et grandes et qu’ainsi ses pieds s’enracinent dans l’orientation vers Allah et son obéissance, alors son agitation s’apaise.
On l’appelle à ce degré « le Nafs apaisé » (Nafs Moutma-ina) mais il lui reste une attirance vers autre qu’Allah (qu’Il soit Glorifié et Exalté) même si c’est licite et il reste en lui une trace de déviance par rapport à la rectitude ainsi qu’une sorte de préoccupation dans l’arrangement et le choix de ses propres intérêts.
Ensuite, si les Lumières Divines se déversent sur lui, elles entraînent la destruction de toutes formes de choix et habitudes. Il revient à Allah dépouillé de toute autre chose qu’Allah. À ce moment-là, il s’appelle « Nafs satisfait » (Nafs Radiya) mais il reste en lui la trace des formes qui a été détruite auparavant et ses traces sont semblables à des cicatrices laissées par des plaies après la guérison. Pour cette raison, il est crispé face à la Présence Divine.
Puis s’il reçoit les lumières de la Sainte Présence, ce qui le conduit au parachèvement de sa pureté, il rompt définitivement avec la trace des illusions et le brouillard des sens, sa connaissance disparaît, son existence s’anéantit. Ce flux, qui est la plus grande lumière, fut exprimé dans la terminologie des Connaissants par « l’Ouverture Suprême » (Fath El A’dham).
L’esprit se nomme dans cette station « l’âme donnant satisfaction » (Nafs Mardiya) car elle a perdu toute sensibilité et compréhension, il ne lui reste plus ni connaissance, ni image, ni nom, il ne lui reste plus que la contemplation de la Vérité, dans la Vérité, pour la Vérité venant de la Vérité.
C’est ce qu’on appelle « l’extinction de l’extinction » (Fana-ou-l-Fana). Là, son créateur l’a complètement agrée c’est pour cela qu’on le dénomme « l’âme donnant satisfaction ».
Puis, s’il reçoit les Lumières de la Sainte Présence, qui induit à l’anéantissement des orientations et l’ébranlement des expressions palpables, il est imprégné par cela extérieurement et intérieurement. Lorsqu’il est irrigué par les Lumières de sa Sainte Présence, il retrouve la pureté originelle dans le degré caché à l’exemple de la lumière du soleil lors de son apparition sur la nuit. Il est appelé dans cette station « caché » (Ikhfa)car il s’est éloigné de la perception de la raison et des pensées compréhensives.
Après quoi, il est dans une perpétuelle élévation à travers les stations, sans fin, au cours de son existence ici-bas aussi bien que dans le Barzakh que dans l’éternité du Paradis sans que son élévation ne prenne fin ou n’aboutisse.
À chaque station se révèlent à lui des Attributs d’Allah, Ses Noms, Ses Influx. Ainsi, la station précédente par rapport à celle qui est nouvellement acquise n’est, en proportion, qu’une goutte par rapport à l’océan.
Par conséquent, à chaque fois qu’il acquiert une station, il reçoit des influx (Fouyoudat), des théophanies (Tajaliyat), des connaissances (Ma’arif), des sciences (‘Ouloum), des secrets (Asrar), des ouvertures (Foutouhat).
Dans cette phase, il se situe au-dessus de la station « le caché », celle-ci s’appelle « le secret de l’ardeur » (Sirrou Chaddah).


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