Sidi
‘Ali Harazim (qu’Allah l’agrée) a dit :
«
J’ai interrogé Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah sanctifie son
précieux secret) au sujet de l’âme (Nafs), de l’esprit (Rouh),
du cœur (Qalb) et du secret (Sirr). S’agissait-il de noms
différents pour un seul nommé ou pour plusieurs ?
Si
on suppose que ces noms ne désignent qu’un seul nommé, alors
pourquoi se fatiguer à diversifier les noms ? Si on suppose que
chacun est dissocié de l’autre, cependant celui à qui s’adresse
le Discours Divin est bien l’esprit (Rouh), car c’est lui qui
goûte au délice et à la douleur du supplice ? »
Il
nous a clarifié cela de façon convaincante, que la paix soit sur
notre maître et notre professeur, ainsi que la miséricorde d’Allah
le Très-Haut et sa bénédiction. Seïdina Ahmed Tidjani (qu’Allah
sanctifie son précieux secret) a répondu comme suit :
«
Sache que ces différents noms ne sont en réalité que pour un seul
nommé qui n’a pas de pluralité, mais les noms ne sont multiples
qu’en fonction du degré de l’esprit (Rouh).
Ce
qui clarifie cela est qu’Allah (qu’Il soit Glorifié et Exalté)
a créé l’esprit humain de la pure pureté de la Lumière Divine
et son établissement provient des hautes nuées Seigneuriales
déversées (‘Amma Rabbani) et Il a fait habiter l’esprit à
l’emplacement de l’Esprit Vivifiant.
Là,
il ne cesse de connaître parfaitement Allah le Très-Haut, en étant
établi dans Son Amour et Son Unicité, connaissant Ses noms et Ses
qualités, sans être préoccupé par autre que Lui. Il ne cesse
d’être ainsi dans la pureté la plus totale, très éloigné de ce
que peut comprendre la raison.
Puis
l’esprit a habité le récipient du corps humain. Le corps
s’approprie la vie et la compréhension en fonction de
l’établissement de l’esprit en lui. Il existe dans le corps en
l’état de « l’esprit nafs » (Rouh Nafs ). Il est une vapeur
subtile qui contient la force de la vie, de la sensation, du
mouvement et de la compréhension.
Ainsi,
le nafs n’existe qu’en tant que définition et non en tant
qu’essence puisqu’il se forme à partir de la rencontre de
l’esprit avec le corps. Si jamais ils se séparent (l’esprit et
le corps) le nafs n’existe plus en tant que nafs qui n’est qu’une
vapeur subtile.
Cette
chose qu’on nomme nafs est la source des mauvaises moralités et
des vices maladifs tant qu’il impose son autorité sur la personne,
car l’esprit est détenu entre ses mains. Il ne se manifeste qu’en
vue de l’agrément du nafs dans la perte totale et l’éloignement
complet de la Présence Divine. Cela se fait par la force lumineuse
de l’esprit qui s’est inversée en raison de son établissement
dans les ténèbres du corps.
Ainsi,
l’esprit est souillé par les impuretés et les saletés du corps
et il est accaparé par la fonction du nafs corrompu (Nafs Khabitha).
Il devint alors un désobéissant à l’ordre d’Allah. C’est le
reflet de l’autorité du corps, celui-ci est de source ténébreuse,
il provient de l’eau et de l’argile et il est en état de
consistance.
Quant
à l’esprit, il est la résultante de la pureté claire de la
Lumière Divine dans un état de parfaite pureté et de préciosité.
C’est la plus pure des quintessences et la plus élevée. L’esprit
a été imprégné des ténèbres dans le monde sensible. Tant qu’il
tend vers les désobéissances, les infractions et la poursuite des
passions, il se nomme dans cette station : « le nafs qui ordonne le
mal » (Nafs El Amara bi sou-i).
Alors,
s’il apparaît en lui les Lumières Divines lui permettant de
sortir des caractères de la désobéissance et de l’infraction par
l’existence du repentir (Tawba), il commence à se blâmer et à se
discréditer à cause de ce qu’il a négligé comme Droits Divins.
Le
nafs commence alors à s’éloigner du mal et à se blâmer pour
revenir vers la porte du Généreux bienfaisant, il est alors appelé
dans cette station « l’âme qui se blâme » (Nafs Lawwama) car il
se blâme de ce qu’il a négligé comme Droits d’Allah le
Très-Haut.
Puis
s’il apparaît à l’esprit la Lumière Divine qui la purifie en
chassant de lui la densité des péchés qu’on appelle les péchés
capitaux (El Kaba-ir), il ne lui reste plus alors que les infractions
subtiles et mineures, il s’appelle dans cette station « un cœur »
(Qalban). Il a senti l’odeur de la Sainte Présence. Quelquefois il
est pris par les Odeurs Sacrées de telle manière qu’il éprouve
de la nostalgie pour ce qu’il était lors de sa première
existence.
De
temps à autre, il est vaincu par la densité des ténèbres de sa
nature acquise lors de son établissement dans le corps, à ce
moment-là, il a de la nostalgie pour ses désirs et le suivi de ses
passions. C’est parce qu’il est basculé entre ces deux états
qu’on l’appelle « cœur ». Il connaît les désirs, les
attractions et il a tendance à s’y attacher, c’est pour cette
raison qu’on l’appelle dans cette station « cœur », en
conséquence de ses changements permanents.
Ensuite
si les Lumières de la Sainte Présence se déversent sur lui, le
purifiant complètement de toutes désobéissances lourdes et
légères, petites et grandes et qu’ainsi ses pieds s’enracinent
dans l’orientation vers Allah et son obéissance, alors son
agitation s’apaise.
On
l’appelle à ce degré « le Nafs apaisé » (Nafs Moutma-ina) mais
il lui reste une attirance vers autre qu’Allah (qu’Il soit
Glorifié et Exalté) même si c’est licite et il reste en lui une
trace de déviance par rapport à la rectitude ainsi qu’une sorte
de préoccupation dans l’arrangement et le choix de ses propres
intérêts.
Ensuite,
si les Lumières Divines se déversent sur lui, elles entraînent la
destruction de toutes formes de choix et habitudes. Il revient à
Allah dépouillé de toute autre chose qu’Allah. À ce moment-là,
il s’appelle « Nafs satisfait » (Nafs Radiya) mais il reste en
lui la trace des formes qui a été détruite auparavant et ses
traces sont semblables à des cicatrices laissées par des plaies
après la guérison. Pour cette raison, il est crispé face à la
Présence Divine.
Puis
s’il reçoit les lumières de la Sainte Présence, ce qui le
conduit au parachèvement de sa pureté, il rompt définitivement
avec la trace des illusions et le brouillard des sens, sa
connaissance disparaît, son existence s’anéantit. Ce flux, qui
est la plus grande lumière, fut exprimé dans la terminologie des
Connaissants par « l’Ouverture Suprême » (Fath El A’dham).
L’esprit
se nomme dans cette station « l’âme donnant satisfaction » (Nafs
Mardiya) car elle a perdu toute sensibilité et compréhension, il ne
lui reste plus ni connaissance, ni image, ni nom, il ne lui reste
plus que la contemplation de la Vérité, dans la Vérité, pour la
Vérité venant de la Vérité.
C’est
ce qu’on appelle « l’extinction de l’extinction »
(Fana-ou-l-Fana). Là, son créateur l’a complètement agrée c’est
pour cela qu’on le dénomme « l’âme donnant satisfaction ».
Puis,
s’il reçoit les Lumières de la Sainte Présence, qui induit à
l’anéantissement des orientations et l’ébranlement des
expressions palpables, il est imprégné par cela extérieurement et
intérieurement. Lorsqu’il est irrigué par les Lumières de sa
Sainte Présence, il retrouve la pureté originelle dans le degré
caché à l’exemple de la lumière du soleil lors de son apparition
sur la nuit. Il est appelé dans cette station « caché »
(Ikhfa)car il s’est éloigné de la perception de la raison et des
pensées compréhensives.
Après
quoi, il est dans une perpétuelle élévation à travers les
stations, sans fin, au cours de son existence ici-bas aussi bien que
dans le Barzakh que dans l’éternité du Paradis sans que son
élévation ne prenne fin ou n’aboutisse.
À
chaque station se révèlent à lui des Attributs d’Allah, Ses
Noms, Ses Influx. Ainsi, la station précédente par rapport à celle
qui est nouvellement acquise n’est, en proportion, qu’une goutte
par rapport à l’océan.
Par
conséquent, à chaque fois qu’il acquiert une station, il reçoit
des influx (Fouyoudat), des théophanies (Tajaliyat), des
connaissances (Ma’arif), des sciences (‘Ouloum), des secrets
(Asrar), des ouvertures (Foutouhat).
Dans
cette phase, il se situe au-dessus de la station « le caché »,
celle-ci s’appelle « le secret de l’ardeur » (Sirrou Chaddah).
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