(Cheikh Muhyî-d-Dîn Ibn Arabî, Kitâb al-wasâyâ, traduit de l’arabe par Mohamed al-Fateh : Paroles en Or, édition Iqra).
Attache-toi
à la parole de l’islam, à savoir le fait de répéter la formule
consacrée : Il n’y a de de
dieu que Dieu (La
ilaha illa Allah)
car c’est la meilleure formule de dhikr,
en raison de ce qu’elle
renferme comme science éminente, surtout que le Prophète
a dit : « La
meilleure parole
prononcée par moi et par les prophètes avant moi c’est la formule
: il n’y a de dieu
que Dieu ». En
effet c’est une parole renfermant à la fois une négation et une affirmation
avec une répartition resserrée. Ainsi, ne connaît la réalité que
renferme cette parole,
que celui qui connaît son poids. Or elle n’a pas de poids
concevable, conformément à
la Tradition que nous allons citer pour attester de sa valeur
immense.
Sache
donc que cette formule sacrée, c’est la parole du tawhid
(affirmation de
l’unicité divine).
Or rien ne ressemble au tawhid,
car s’il ressemblait à quelque chose, il ne serait plus un
mais deux ou plus. Et il n’y a rien qui pourrait lui faire
contrepoids sinon ce qui serait équivalent
ou semblable. Or il n’existe aucun équivalent ou semblable. Voilà
l’empêchement qui
interdit que la formule : Il n’y a de dieu que Dieu, puisse entrer
dans la balance. En effet la
plupart des savants estiment que le polythéisme, qui est antinomique
au tawhid,
ne peut être
affirmé chez le serviteur en cas de présence du tawhid.
C’est que l’homme est : soit un polythéiste,
soit un adepte du tawhid.
C’est que l’homme est : soit un polythéiste, soit un adepte
du tawhid.
Autrement dit, seul le tawhid
fait le poids face au
polythéisme et ils ne peuvent
se trouver sur une balance.
Pour
nous, cette formule n’entre pas dans la balance en raison de ce qui
est rapporté dans une
Tradition authentique pour celui qui la comprend et l’estime, où
Dieu dit : « Si
les sept cieux
avec ce qui les remplit en dehors de Moi, étaient placées sur le
plateau d’une balance
et la formule Il n’y a de dieu que Dieu dans l’autre, cette
formule pèserait plus lourd
qu’eux. » Il
n’a mentionné que les cieux et la terre parce que l’emplacement
de la balance
ne couvre que ce qui se trouve en dessous de l’espace de la sphère
des étoiles fixes
depuis le Lotus qui constitue la limite pour les oeuvres des
serviteurs. C’est pour ces oeuvres
que la balance a été instituée, de sorte que la balance ne dépasse
pas l’emplacement
que les oeuvres ne peuvent dépasser. Ensuite Dieu a dit : « Avec
ce qui les remplit
en dehors de Moi ».
Or il n’y a que Dieu qui puisse les remplir. Et l’allusion suffit
ici à
celui qui est averti.
De
même dans le langage de la plupart des savants exotériques, autrui
signifie l’associé dont
l’existence est affirmée par le polythéiste ; s’il participait
à la création, la formule : « Il n’y
a de Dieu que Dieu »
pèserait plus lourd que lui dans la balance, parce que la formule sacrée
: « Il n’y a de
dieu que Dieu »
est la plus puissante dans tous les cas du fait que le polythéiste
fait pencher la balance du côté de Dieu – qu’Il soit exalté –
par rapport à celui qu’il
considère comme associé. En effet, Dieu dit, au sujet des
polythéistes, qu’ils ont affirmé :
« Nous
ne les adorons que pour qu’ils nous rapprochent de Dieu »
(Coran, 38/3). Il reste
que si on déploie la balance de l’Existence, non la balance du tawhid (l’affirmation
du l’unicité
divine), la formule « Il
n’y a de dieu que Dieu »
y entre, de même qu’elle peut entrer dans
la balance du tawhid
al-‘adhama (L’affirmation
de la grandeur divine) qui est le tawhid des
polythéistes, et peser plus lourd. C’est que s’il n’y a rien
en dehors de Dieu qui remplit tout,
cette formule ne peut peser plus lourd. Or, tout ce que Dieu en dit,
c’est que c’est Lui qui
remplit tout ; comment dans ces conditions cette formule
pourrait-elle faire pencher la balance
alors que dans les deux plateaux il n’y a que l’Unique. Pour ce
qui est des feuillets du
livret du serviteur où sont consignées toutes ses oeuvres, le
plateau de la balance ne s’est
penché que grâce à la carte sur laquelle est transcrite cette
formule « Il n’y
a de dieu que
Dieu » a été
prononcée par celui qui l’a formulée, et qu’ensuite elle a été
transcrite par
l’ange
scribe. Il s’agit donc de la formule « Il
n’y a de dieu que Dieu »
transcrite et créée par le
langage. Du reste si cette formule du tawhid
avait été placée
dans la balance pour chacun des
serviteurs, aucun parmi ceux qui l’ont prononcé n’entrerait en
enfer. Mais Dieu a voulu que
les gens du rassemblement voient sa vertu en faveur de l’homme dont
les feuillets de son
livret ne feront pas le poids devant la carte sur laquelle est
transcrite la formule « Il
n’y a de
dieu que Dieu ».
Mais on ne le verra qu’après l’entrée en enfer des muwahidin
(Ceux qui affirment
l’unicité divine) que Dieu a voué à l’Enfer – et qu’ensuite
il en sortira soit grâce à l’intercession,
soit par la divine providence -, on amènera alors l’homme aux
feuillets alors qu’il
ne restait plus dans le rassemblement que ceux qui sont sauvés de
l’enfer et cet homme sera
le dernier parmi les créatures à subir la pesée de ses oeuvres.
C’est qu’à la formule « Il n’y
a de dieu que Dieu »
appartient le commencement et la fin. Il se peut même que l’essence
concrète de son commencement soit celle de sa fin, comme dans le cas
de l’homme
aux feuillets.
Sache
également que Dieu n’a institué sur le plan général que les
meilleures choses, les plus
importantes sur le plan de l’utilité et les plus lourdes parce
qu’Il les place en face de plusieurs
opposées. Cette institution de la généralité doit nécessairement
renfermer suffisamment
de puissance pour pouvoir faire contrepoids à chaque opposé. Or
c’est un aspect
que ne comprennent – parmi les savants d’entre les gens de Dieu –
que les prophètes,
qui ont institué, en matière de loi pour les hommes, ce qu’ils
ont institué.
D’ailleurs
le Prophète
a dit : « Le
meilleur de ce que j’ai dit, moi et les prophètes avant moi,
c’est la formule : Il n’y a de dieu que Dieu ».
Certes, certains prônent comme forme particulière
du dhikr les
paroles Allah, Allah
(Dieu) ou Huwa,
Huwa (Lui, Lui) mais
nul doute qu’elles
relèvent de l’ensemble des paroles dans lequel la formule « Il
n’y a de dieu que Dieu » est la
meilleure, selon les savants qui connaissent Dieu.
Attache-toi
donc, ô ami de Dieu, au dhikr
indiscutable sur le
plan de la généralité, car c’est le dhikr le plus puissant qui
possède la lumière la plus éclatante et la position de proximité. Mais
ne peut en être conscient que celui qui s’y attache fidèlement et
le pratique jusqu’à ce qu’il
le maîtrise. Car Dieu n’a déployé Sa miséricorde que pour
qu’elle embrasse tout et permette
de réaliser les souhaits. Et il n’y a pas un seul qui ne cherche
le salut, même s’il ignore
sa voie. C’est dire que celui qui nie par le début de cette
formule, à savoir « la
Ilaha » (Il
n’y a de dieu), son essence concrète affirme par « Illa
Allah » (que
Dieu), Son être. Ainsi tu
nies ton essence concrète sur le plan du jugement – non sur le
plan du savoir – puis tu affirmes
la nécessité de l’Etre de Dieu sur le plan du jugement et de la
science. Et Le Dieu est
Celui qui possède tous les Noms qui se ramènent à une essence
unique qu’on nomme par
le Nom Allah, qui occupe les cieux et la terre et qui possède le
pouvoir d’élever et de rabaisser.
Attache-toi donc à ce dhikr
à la connaissance
duquel et auquel Dieu a lié le bonheur,
pour lui donner un caractère global.
(Cheikh Muhyî-d-Dîn Ibn Arabî, Kitâb al-wasâyâ, traduit de l’arabe par Mohamed al-Fateh : Paroles en Or, édition Iqra).
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