mardi 24 juillet 2012

Ibn 'Arabi - Ne sois pas hostile aux adeptes de "La ilaha illa Allah"







(Cheikh Muhyî-d-Dîn Ibn Arabî, Kitâb al-wasâyâ, traduit de l’arabe par Mohamed al-Fateh : Paroles en Or, édition Iqra).



Garde de toi surtout de vouer ton hostilité aux gens de la formule « la ilaha illa Allah » (Il n’y a de dieu que Dieu), car elle procure de la part de Dieu la protection générale. En effet ces gens sont des amis de Dieu. Même s’ils pêchent et apportent avec eux de quoi emplir la terre de péchés sans rien associer à Dieu, Dieu les recevra avec leur équivalent en matière de pardon. C’est que, concernant celui dont la sainteté est confirmée, il est absolument interdit de le combattre. Et pour celui qui a combattu Dieu, Dieu a déjà indiqué sa sanction en ce bas-monde et dans la vie future. Aussi, celui au sujet duquel Dieu ne t’a pas indiqué son hostilité envers lui, tu ne dois pas le prendre pour ennemi. Si tu ignores son état, le minimum est de négliger son affaire. Si tu es certain que c’est un ennemi de Dieu – et il n’y a que le polythéiste qui peut l’être – désavoue le, comme Abraham – que la Paix soit sur lui – l’avait fait à l’égard de son père Azar. En effet Dieu – qu’Il soit exalté et magnifié a dit : « Mais quand il vit clairement que son père était un ennemi de Dieu, il le désavoua » (Coran, 9/114). Ceci constitue ton critère de jugement conformément à la Parole de Dieu – qu’Il soit exalté - : « Tu ne trouveras pas de gens, croyant en Dieu et Jour dernier qui témoignent de l’affection à ceux qui s’opposent à Dieu et à Son prophète, fussent-ils leurs pères », comme Abraham, l’ami de Dieu l’avait fait « ou leurs fils, leurs frères, ou ceux de leur clan » (Coran, 58/22). Si tu ne le sais pas, ne voue pas ton hostilité aux serviteurs de Dieu, ni par ce qui t’est possible, ni par ce qu’exprime la langue. Ce que tu dois détester chez lui, c’est son acte, non son entité ; tandis que pour ce qui est de l’ennemi de Dieu, tu dois détester son entité concrète. Distingue donc entre celui dont tu détestes l’entité concrète et c’est l’ennemi de Dieu, et celui dont tu détestes les actes et c’est le croyant ou celui dont tu ignores l’issue finale, parmi ceux qui ne sont pas musulmans, dans le temps. Et prends garde à ce que Dieu qu’Il soit exalté – dit dans le hadith authentique : « A celui qui manifeste de l’hostilité à l’un de Mes amis, Je lui déclare la guerre ». En effet si l’on ignore l’affaire de cet homme et qu’on lui voue de l’hostilité, on ne s’acquitte pas du droit pour ce qui est de Ses créatures, car on ne connaît pas la Science de Dieu à son sujet et ce que Dieu a indiqué à ce sujet pour le désavouer et le prendre pour ennemi. Et si on connaît son état extérieur – même s’il est un ennemi dans le même temps sans que tu le saches – prends-le en amitié et ne lui voue pas ton hostilité, afin d’observer le Droit de Dieu. En effet tu risques de t’exposer à la réclamation du Nom divin Al-Dhâhir (Le Manifeste) auprès de Dieu. Aussi, n’apporte pas une preuve contre toi devant Dieu, car tu périras. C’est que l’argument indiscutable appartient à Dieu. Donc traite les serviteurs de Dieu avec bonté et miséricorde, de la même manière que Dieu les pourvoit en subsistances malgré leur impiété et leur polythéisme, bien qu’Il le sache parfaitement. D’ailleurs, Il ne les a pourvus en subsistances que parce qu’Il sait que ce qu’ils vivent, ils ne le vivent pas par eux-mêmes mais par Lui, en raison de ce que nous avons indiqué par le langage de la généralité : que Dieu – qu’Il soit exalté – est Le créateur de toute chose, donc leur impiété et leur polythéisme sont crées en eux : et par le langage de la spécificité, à savoir que tout jugement affectant un être existant n’est manifesté que selon ce qu’il était dans l’effectivité de son être dans le néant, que Dieu connaît sur lui. Donc, Dieu possède la preuve indiscutable contre chacun, quelque soit la teneur des argumentations et des discussions.


Remets – Lui donc l’affaire et sache que tu es selon ce que tu étais. Embrasse par ta miséricorde et ta bonté tous les animaux et toutes les créatures et ne dis pas : ce n’est que de la végétation et des objets inanimés qui ne possèdent aucun bien en eux. Oui il y a en eux beaucoup de bien et c’est toi qui n’en a aucun. Laisse donc tout existant tel qu’il est, donne-lui la miséricorde que lui offre son Existenciateur dans son existence et ne regarde pas ce qu’on institue en lui dans le temps jusqu’à ce que tu distingues clairement les véridiques et que tu connaisses les menteurs. Il t’incombe alors de les prendre pour ennemis en vertu de l’ordre que Dieu te donne à ce sujet puisqu’Il t’interdit de prendre Son ennemi comme ami. Si une faiblesse dans ta certitude t’y oblige, ménage-les, mais sans pour autant leur témoigner de l’affection. Contente – toi seulement d’une attitude pacifique afin de repousser le mal en te confiant à Dieu et en comptant sur Lui dans tous tes états jusqu’à ce que tu Le rencontres.


(Cheikh Muhyî-d-Dîn Ibn Arabî, Kitâb al-wasâyâ, traduit de l’arabe par Mohamed al-Fateh : Paroles en Or, édition Iqra).

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