mardi 24 juillet 2012

Ibn 'Arabi - La ilaha illa Allah : est la meilleure formule de dhikr









(Cheikh Muhyî-d-Dîn Ibn Arabî, Kitâb al-wasâyâ, traduit de l’arabe par Mohamed al-Fateh : Paroles en Or, édition Iqra).




Attache-toi à la parole de l’islam, à savoir le fait de répéter la formule consacrée : Il n’y a de de dieu que Dieu (La ilaha illa Allah) car c’est la meilleure formule de dhikr, en raison de ce qu’elle renferme comme science éminente, surtout que le Prophète  a dit : « La meilleure parole prononcée par moi et par les prophètes avant moi c’est la formule : il n’y a de dieu que Dieu ». En effet c’est une parole renfermant à la fois une négation et une affirmation avec une répartition resserrée. Ainsi, ne connaît la réalité que renferme cette parole, que celui qui connaît son poids. Or elle n’a pas de poids concevable, conformément à la Tradition que nous allons citer pour attester de sa valeur immense.


Sache donc que cette formule sacrée, c’est la parole du tawhid (affirmation de l’unicité divine). Or rien ne ressemble au tawhid, car s’il ressemblait à quelque chose, il ne serait plus un mais deux ou plus. Et il n’y a rien qui pourrait lui faire contrepoids sinon ce qui serait équivalent ou semblable. Or il n’existe aucun équivalent ou semblable. Voilà l’empêchement qui interdit que la formule : Il n’y a de dieu que Dieu, puisse entrer dans la balance. En effet la plupart des savants estiment que le polythéisme, qui est antinomique au tawhid, ne peut être affirmé chez le serviteur en cas de présence du tawhid. C’est que l’homme est : soit un polythéiste, soit un adepte du tawhid. C’est que l’homme est : soit un polythéiste, soit un adepte du tawhid. Autrement dit, seul le tawhid fait le poids face au polythéisme et ils ne peuvent se trouver sur une balance.


Pour nous, cette formule n’entre pas dans la balance en raison de ce qui est rapporté dans une Tradition authentique pour celui qui la comprend et l’estime, où Dieu dit : « Si les sept cieux avec ce qui les remplit en dehors de Moi, étaient placées sur le plateau d’une balance et la formule Il n’y a de dieu que Dieu dans l’autre, cette formule pèserait plus lourd qu’eux. » Il n’a mentionné que les cieux et la terre parce que l’emplacement de la balance ne couvre que ce qui se trouve en dessous de l’espace de la sphère des étoiles fixes depuis le Lotus qui constitue la limite pour les oeuvres des serviteurs. C’est pour ces oeuvres que la balance a été instituée, de sorte que la balance ne dépasse pas l’emplacement que les oeuvres ne peuvent dépasser. Ensuite Dieu a dit : « Avec ce qui les remplit en dehors de Moi ». Or il n’y a que Dieu qui puisse les remplir. Et l’allusion suffit ici à celui qui est averti.


De même dans le langage de la plupart des savants exotériques, autrui signifie l’associé dont l’existence est affirmée par le polythéiste ; s’il participait à la création, la formule : « Il n’y a de Dieu que Dieu » pèserait plus lourd que lui dans la balance, parce que la formule sacrée : « Il n’y a de dieu que Dieu » est la plus puissante dans tous les cas du fait que le polythéiste fait pencher la balance du côté de Dieu – qu’Il soit exalté – par rapport à celui qu’il considère comme associé. En effet, Dieu dit, au sujet des polythéistes, qu’ils ont affirmé :


« Nous ne les adorons que pour qu’ils nous rapprochent de Dieu » (Coran, 38/3). Il reste que si on déploie la balance de l’Existence, non la balance du tawhid (l’affirmation du l’unicité divine), la formule « Il n’y a de dieu que Dieu » y entre, de même qu’elle peut entrer dans la balance du tawhid al-‘adhama (L’affirmation de la grandeur divine) qui est le tawhid des polythéistes, et peser plus lourd. C’est que s’il n’y a rien en dehors de Dieu qui remplit tout, cette formule ne peut peser plus lourd. Or, tout ce que Dieu en dit, c’est que c’est Lui qui remplit tout ; comment dans ces conditions cette formule pourrait-elle faire pencher la balance alors que dans les deux plateaux il n’y a que l’Unique. Pour ce qui est des feuillets du livret du serviteur où sont consignées toutes ses oeuvres, le plateau de la balance ne s’est penché que grâce à la carte sur laquelle est transcrite cette formule « Il n’y a de dieu que Dieu » a été prononcée par celui qui l’a formulée, et qu’ensuite elle a été transcrite par

l’ange scribe. Il s’agit donc de la formule « Il n’y a de dieu que Dieu » transcrite et créée par le langage. Du reste si cette formule du tawhid avait été placée dans la balance pour chacun des serviteurs, aucun parmi ceux qui l’ont prononcé n’entrerait en enfer. Mais Dieu a voulu que les gens du rassemblement voient sa vertu en faveur de l’homme dont les feuillets de son livret ne feront pas le poids devant la carte sur laquelle est transcrite la formule « Il n’y a de dieu que Dieu ». Mais on ne le verra qu’après l’entrée en enfer des muwahidin (Ceux qui affirment l’unicité divine) que Dieu a voué à l’Enfer – et qu’ensuite il en sortira soit grâce à l’intercession, soit par la divine providence -, on amènera alors l’homme aux feuillets alors qu’il ne restait plus dans le rassemblement que ceux qui sont sauvés de l’enfer et cet homme sera le dernier parmi les créatures à subir la pesée de ses oeuvres. C’est qu’à la formule « Il n’y a de dieu que Dieu » appartient le commencement et la fin. Il se peut même que l’essence concrète de son commencement soit celle de sa fin, comme dans le cas de l’homme aux feuillets.


Sache également que Dieu n’a institué sur le plan général que les meilleures choses, les plus importantes sur le plan de l’utilité et les plus lourdes parce qu’Il les place en face de plusieurs opposées. Cette institution de la généralité doit nécessairement renfermer suffisamment de puissance pour pouvoir faire contrepoids à chaque opposé. Or c’est un aspect que ne comprennent – parmi les savants d’entre les gens de Dieu – que les prophètes, qui ont institué, en matière de loi pour les hommes, ce qu’ils ont institué.


D’ailleurs le Prophète a dit : « Le meilleur de ce que j’ai dit, moi et les prophètes avant moi, c’est la formule : Il n’y a de dieu que Dieu ». Certes, certains prônent comme forme particulière du dhikr les paroles Allah, Allah (Dieu) ou Huwa, Huwa (Lui, Lui) mais nul doute qu’elles relèvent de l’ensemble des paroles dans lequel la formule « Il n’y a de dieu que Dieu » est la meilleure, selon les savants qui connaissent Dieu.


Attache-toi donc, ô ami de Dieu, au dhikr indiscutable sur le plan de la généralité, car c’est le dhikr le plus puissant qui possède la lumière la plus éclatante et la position de proximité. Mais ne peut en être conscient que celui qui s’y attache fidèlement et le pratique jusqu’à ce qu’il le maîtrise. Car Dieu n’a déployé Sa miséricorde que pour qu’elle embrasse tout et permette de réaliser les souhaits. Et il n’y a pas un seul qui ne cherche le salut, même s’il ignore sa voie. C’est dire que celui qui nie par le début de cette formule, à savoir « la Ilaha » (Il n’y a de dieu), son essence concrète affirme par « Illa Allah » (que Dieu), Son être. Ainsi tu nies ton essence concrète sur le plan du jugement – non sur le plan du savoir – puis tu affirmes la nécessité de l’Etre de Dieu sur le plan du jugement et de la science. Et Le Dieu est Celui qui possède tous les Noms qui se ramènent à une essence unique qu’on nomme par le Nom Allah, qui occupe les cieux et la terre et qui possède le pouvoir d’élever et de rabaisser. Attache-toi donc à ce dhikr à la connaissance duquel et auquel Dieu a lié le bonheur, pour lui donner un caractère global.


(Cheikh Muhyî-d-Dîn Ibn Arabî, Kitâb al-wasâyâ, traduit de l’arabe par Mohamed al-Fateh : Paroles en Or, édition Iqra).


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