A la glorieuse mémoire des deux saints Jean*
* DENYS
ROMAN, René Guénon et les destins de la Franc-Maçonnerie, Les Editions de
l'OEuvre, Paris, 1982, ch. VIII,
pp. 121-129.
«
C'est toi d'abord dont nous célèbrerons la mémoire, Jean-Baptiste, fils de
Zacharie, toi qui as rendu témoignage à la Lumière. En recevant ton nom révélé
par un ange, tu as permis à ton père de retrouver la parole qu'il avait perdue.
Tu es revêtu de l'esprit et de la vertu d'Élie, le prophète qui monta au ciel
dans un char de feu, et qui doit revenir, avec Hénoch, porter témoignage avant
le dernier jour. Car tu es un prophète, et plus qu'un prophète. Celui à qui tu
rendis témoignage t'a rendu témoignage
en ces termes : Parmi ceux qui sont nés de la femme, il n'en est pas de plus
grand.
Nous
célèbrerons maintenant le fils de Zébédée, Jean Boanergès, que la Vraie Lumière
a aimé entre tous. Il est le fils du tonnerre, le dépositaire des secrets
cachés au coeur de la Sagesse, le fils de la mère du Verbe, l'Évangéliste de la
Lumière et de l'Amour, le voyant de Patmos. Il est l'ami fidèle et parfait qui,
à l'heure sombre où les brebis du troupeau sont dispersées, a le privilège
d'écouter la voix du Pasteur au pied même de la croix.
Heureux
notre Ordre, auquel il a été donné d'avoir au ciel de tels protecteurs ! »
Ces
« honneurs » utilisés par des Maçons guénoniens, réunis à l'occasion des fêtes
solsticiales pour la célébration pararituélique de la « Loge de table » (1),
rassemblent les principaux traits qui font du précurseur et du disciple préféré
du Christ les « types » parfaits du véritable initié. On remarquera tout
d'abord que les noms mêmes de ces deux saints personnages ont pour initiales
les lettres J et B, qui sont inscrites sur les deux colonnes des Loges
maçonniques, rappel des noms (Jakin et Booz) des colonnes du
Temple de Salomon.
Indépendamment
de cette signification originelle, ces lettres ont aussi des interprétations
adventices en Maçonnerie, quelques- unes fort intéressantes. Elles sont les
initiales des mots « Juda » et « Benjamin », nom des deux tribus qui lors du
schisme de Jéroboam,
constituèrent le royaume de Juda, restant ainsi fidèles à la descendance de
David. Mais surtout B est l'initiale de Bethléem et J celle Jérusalem, les
cités qui virent la naissance et la mort du Christ. Cette dernière
signification est capitale, puisque le rôle joué par les deux saints Jean dans
la Maçonnerie souligne le fait que cette institution est la plus importante des
voies initiatiques ouvertes aux chrétiens. La légende qui fait de Jean-Baptiste
et de Jean l'Évangéliste des Grands-Maîtres successifs de l'Ordre maçonnique
exprime très probablement la facilité relative avec laquelle les collèges de
constructeurs, originellement voués à Minerve-Athéna (2) commencèrent à se «
christianiser» avant même la conversion de Constantin (3).
D'autre
part les deux Jean sont fils, l'un de Zacharie et l'autre de Zébédée, noms dont
l'initiale Z est l'hiéroglyphe de l'éclair. Jean-Baptiste serait-il donc lui
aussi « fils du tonnerre » ? Cela est évident, puisqu'il était revêtu de la «
vertu » d'Élie, lequel fit descendre la foudre qui consuma l'oblation qu'il
offrait au Seigneur sur le mont Carmel, prodige que les 450 prêtres de Baal ne
purent obtenir par leurs incantations (4).
L'histoire
de Zacharie perdant la parole à cause de son incrédulité et la retrouvant par
son obéissance est trop connue pour qu'il soit besoin d'y insister. Son
application à la « Parole perdue puis retrouvée» des Francs-Maçons est
évidente.
L'
« éloge » de Jean-Baptiste que nous avons cité au début de ce chapitre parle
non seulement d'Élie, mais aussi d'Hénoch. Ce dernier personnage (parfois
qualifié de « héros solaire », parce que, selon la Genèse, « il ne parut
plus, ayant été enlevé » par Dieu à l'âge de 365 ans) joue un grand rôle dans
les « légendes » de la Maçonnerie. Selon la plus connue, il aurait appris que
le monde allait bientôt périr, mais il ne savait pas si ce serait par le feu ou
par l'eau ; il construisit deux colonnes, une de briques pour résister au feu,
une de bronze pour résister à l'eau. Il grava sur ces colonnes les principes de
toutes les sciences, c'est-à-dire ce qui subsistait, depuis la chute, de la révélation
primordiale.
Sous
Noé, arrière petit-fils d'Hénoch, le déluge survint, et ce fut la colonne de
bronze qui subsista. Elle fut découverte par Hermès, d'autres disent par
Osiris. Michel Vâlsan, dans un remarquable article sur les hauts grades de l'Écossisme
(5), a relevé et commenté les très curieuses allusions faites à Hénoch dans le
rituel du 33e degré.
Nous
rappellerons enfin qu'on a sous le nom d'Hénoch un livre plus long qu'aucun de
ceux qui composent la Bible, et que la presque totalité des Églises chrétiennes
ne savent si elles doivent le considérer comme apocryphe ou comme «
semi-canonique ». En effet, un passage de ce livre est formellement cité dans
l'Épître de saint Jude, universellement reçue comme canonique (6).
Cependant, ce Livre d'Hénoch est admis dans le « canon » officiel des
Écritures par l'antique Église copte d'Éthiopie. Mais ce qui importe surtout à
notre point de vue, c'est que ce livre relate, avec de nombreux détails, la «
descente » des anges sur le mont Hermon pour « séduire » les « filles des
hommes», épisode auquel il n'est fait dans la Bible que deux fugaces allusions
(7). Certains des géants qui naquirent de ces unions contre nature échappèrent
au déluge, et c'est d'eux que descendaient les « enfants d'Énac » qui
épouvantèrent les douze observateurs envoyés par Moïse dans la terre de Canaan.
La
plupart de ces émissaires, à leur retour, dissuadèrent les Hébreux de s'attaquer
à de tels adversaires, à côté desquels ils ne paraissaient que « des
sauterelles ». Heureusement deux d'entre eux tinrent un autre langage, et la
conquête de la Terre promise put s'effectuer assez facilement.
Un
autre survivant des géants fut Goliath, qui méprisait tellement son petit
adversaire David.
Pour
triompher du monstre, le père de Salomon n'eut besoin que d'un jouet d'enfant :
une fronde. Si nous avons rapporté ces traditions sur les géants, c'est que
Guénon considérait l'histoire de la descente des anges sur le mont Hermon comme
l'expression symbolique de l'origine antédiluvienne de la contre-initiation (8).
Et tout ce que la Bible dit des géants est porteur d'une « leçon » de la plus haute
importance. Les serviteurs de la Vérité trouvent souvent en face d'eux d'autres
enfants d'Énac et d'autres Goliath qui s'efforcent de les intimider et de les
décourager par leurs rodomontades. Ils ne doivent pas en tenir compte. Quand le
vainqueur de Goliath revint chez son peuple, les Israëlites chantaient : « Saül
en a tué mille, et David dix mille ». Le nombre dix mille doit être pris ici, comme dans l'expression « la mère des
dix mille êtres » du Tao-te-King, comme signifiant un nombre indéfini, c'est-à-dire
l'ensemble des êtres donc le monde entier. Et l'on peut appliquer à tout ce que
nous venons de dire la devise initiatique
Vincit omnia Veritas.
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Quant
à Jean l'Évangéliste, s'il est « fils du tonnerre », c'est que le Christ
lui-même lui a donné ce nom Mystérieux au moment où il constituait le Collège
des douze apôtres (9). Mais Jean est aussi « fils de la Vierge », et c'est
encore le Christ qui l'a fait tel, quelques instants avant sa mort, en lui disant
de Marie : « Voilà ta mère », et en disant à Marie : « Voilà ton fils ». Il
faut remarquer qu'il ne s'agit pas là d'une filiation « par adoption et par
grâce », mais bien d'une filiation « par nature ».
Le
Christ étant le Verbe de Dieu per quem omnia facta sunt, sa parole est
créatrice, et l'on peut dire que saint Jean - à l'heure solennelle où son
Maître prononçait la plus importante sans doute des « sept paroles » qu'il a
proférées sur la croix - est devenu le fils de Marie d'une manière aussi
effective que, lors du repas final pris la veille au soir par Jésus et par les
douze, le pain et le vin étaient devenus le corps et le sang du Christ.
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La
Vierge Marie, dans la liturgie catholique, est parfois appelée gloriosa
Regina mundi. Le titre de « Roi du Monde », selon René Guénon, s'applique à
une « fonction » qui s'exerce en réalité dans les « trois mondes » (10).
Cependant, si Marie est fréquemment appelée « Reine des Cieux» et si sa domination
sur le globe ne saurait heurter la piété chrétienne, nous ne pensons pas
qu'elle ait jamais été qualifiée « officiellement » de « Reine des Enfers ».
Mais ce que l'exotérisme n’a pas osé faire, il se pourrait bien que
l'ésotérisme l'ait fait, si toutefois on admet que Villon, comme Guénon l'a
suggéré (11), était rattaché à quelque organisation hermétique du type de
celles que fréquenta Rabelais, organisations qui se reconnaissaient par
l'utilisation de l' « argot de la coquille ».
Ainsi,
dans la célèbre « Balade » que Villon fit à la requête de sa mère pour prier
Notre Dame, l'envoi est constitué par un acrostiche sur le nom même de Villon (12).
Or l'emploi de l'acrostiche était familier aux écoles hermétiques : il suffit
de rappeler le mot VITRIOLUM, qui est passé dans la Maçonnerie.
L'acrostiche
n'est en somme qu'une variante du procédé traditionnel dont parle Guénon à
propos de Cesare della Riviera (13).
La
ballade dont nous parlons commence ainsi : « Dame des cieux, régente terrienne,
- Emperière des infernaux palus. » Il est fort probable que seul un initié
pouvait ainsi qualifier Marie d' « Impératrice des marécages infernaux », où
elle veille sans doute sur les fidèles de son fils Jean pour leur éviter les
périls de la « chute dans le bourbier ».
En
écrivant ces dernières lignes, nous pensons à un épisode de la Divine
Comédie (14). Dante, traversant en barque avec Virgile et avec Charon « le
marécage nommé Styx », y est·en butte aux attaques
d'un damné qui s'efforce de l'attirer avec lui « dans la bourbe » où il
demeura. Virgile retient son compagnon, et aussitôt après il l'embrasse en lui
disant : « Âme noble (15), béni soit le sein qui t'a porté ». Paroles étranges,
car à première vue on n'aperçoit pas le rapport entre la mère de Dante et le
péril couru par son fils. A notre avis, on doit opérer ici, à l'égard de la
mère charnelle des initiés, une transposition analogue à celle qu'effectuaient
les Fidèles d'Amour à l'égard de leur « dame ».
De
même que les véritables chrétiens, au dire de saint Jean, « ne sont pas nés du
sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu
», - on peut dire que la véritable naissance (la « seconde naissance ») des
initiés chrétiens les fait enfants, non de leur mère selon la chair,
mais de Marie ; et ils deviennent, par cette « adoption », les frères de saint
Jean (les John's brothers de la Maçonnerie anglaise). « L'initié est
fils de la Vierge », a rappelé Guénon, qui mentionne par ailleurs les
liens particuliers de Marie avec la Shekinah (16).
Dans
certains cas exceptionnels, la maternité spirituelle de la Vierge est
symbolisée par le privilège de la « lactation » dont fut notamment favorisé
saint Bernard, selon une « légende » longtemps en honneur dans l'Ordre
cistercien. Le symbolisme du lait est multiple. Il évoque d'une part, l' « état
d'enfance » (bâlya) de la tradition hindoue (17). D'autre part, dans le langage
de l'Ancien Testament, la Terre promise (substitut du Paradis terrestre) est «
la terre où coulent le lait et le miel ». Ces deux nourritures correspondent au
nectar et à l'ambroisie de la tradition gréco-latine, dont la manducation conférait
l'immortalité. Et il faut remarquer que saint Bernard a un rapport particulier
à la fois avec le lait (par le privilège de la « lactation » de la Vierge) et
avec le miel, car il est appelé Doctor mellifluus, Docteur d'où
ruisselle une doctrine douce comme le miel.
Dans
la tradition hindoue, l'amrita (l'ambroisie des Grecs) est produit par
le « baratement de la mer de lait ». Et il faut aussi rappeler le rôle
important joué en hermétisme par le « lait de la Vierge
» (18).
Ces
quelques lignes sur les deux saints protecteurs de la Maçonnerie ne sont
évidemment qu'une faible ébauche de ce qui pourrait être dit sur un sujet en
étroit rapport avec le symbolisme de Janus, dont Guénon a souligné l'importance
et la complexité. Les considérations qu'on trouve dans les Symboles
fondamentaux de la Science sacrée ouvrent la voie à maintes découvertes
dans ce champ de recherches, par exemple sur les multiples significations des
deux colonnes, en rapport notamment avec les douze travaux de cet autre « héros
solaire » que fut Hercule. Saint Jean-Baptiste préside à la « porte des Hommes
» où Janua Inferni : c'est pourquoi il est dit que lorsque le Christ
descendit aux enfers, le premier « juste » qu'il y délivra fut Jean-Baptiste,
mis à mort effectivement peu de temps avant la Passion ; saint Jean
l'Évangéliste préside à la « porte des dieux » ou Janua Caeli.
Et
ce nom de « Porte du Ciel » est, dans le Christianisme, donné par excellence à
la mère de Jean, notamment dans ses « litanies », où ce terme figure entre ceux
d' « Arche d'Alliance » (lieu de manifestation de la Shekinah) et d' «
Étoile du matin » (signe de la levée et de la « croissance » du jour) (19).
Les
portes solsticiales - Guénon l'a souligné (20) - déterminent, dans le cercle
qui représente le cycle annuel, ce qu'on peut appeler son « axe vertical », qui
correspond - si l'on passe du symbolisme temporel au symbolisme spatial - à
l'axe du monde.
Dans
les traditions hindoue et thibétaine, l'axe du monde est représenté par le vajra,
symbole ayant à la fois la nature de la foudre (par son caractère de « lumière
céleste ») et celle du diamant (par ses caractères de pureté et de dureté). La
dureté, et
plus précisément la stabilité, est en effet l'attribut essentiel de l'axe du
monde, et aussi de chacune des intersections de cet axe avec les plans
successifs qui symbolisent les états multiples de l'être
: l'intersection avec le plan humain est le Paradis terrestre.
Revenons
aux deux qualités essentielles du diamant : sa pureté et sa dureté. La
tradition chrétienne a toujours attribué aux deux Jean la pureté absolue, sous
la forme de la virginité. Quant à la dureté, ou plutôt à la stabilité, apanage
par excellence de l'axe et du centre, c'est l'Écriture sainte elle-même qui en
porte témoignage à l'égard des deux protecteurs de l'Ordre maçonnique. Au début
de l'Évangile selon saint Luc, l'archange Gabriel, annonçant à Zacharie la
naissance de Jean-Baptiste, lui prédit que ce fils « unira le coeur des pères
au coeur des enfants ». Or, cette expression se trouve également tout à la fin
de l'Ancien Testament, dans ce verset du prophète Malachie :« Voici que je vous
envoie Élie le prophète, avant que vienne le jour redoutable du Seigneur. Et il
unira le coeur des pères à celui des enfants. » Si l'on se souvient de l'analogie
symbolique entre le coeur et le centre, on voit que l' « union du coeur des
parents avec celui des enfants », dont parlent Malachie et saint Luc, n'est que
la « spécification », à l'égard des générations successives de l'humanité, du
rôle joué par l'axe du monde, qui effectivement unit en leur centre les états
successifs de l'être, et c'est pourquoi le « conflit des générations », dont on
parle tant à notre époque, n'est en somme qu'une conséquence très naturelle de
la « mise sous le boisseau » des principes traditionnels.
Quant
au fils de Zébédée, Jésus a dit de lui : « Je veux qu'il demeure jusqu'à ce que
je vienne ».
Cette
expression : « Je veux qu'il demeure » est répétée par deux fois dans
l'Évangile, sans aucun doute pour en souligner l'importance. La fonction
particulière de Jean ne saurait périr, elle « demeure» jusqu'à la fin du cycle
: c'est pourquoi il est dit que « la Loge de saint Jean se tient dans la vallée
de Josaphat ».
Et
dès lors, il est parfaitement conforme au symbolisme traditionnel que
l'organisation« élue » pour « abriter » une telle fonction ait eu pour activité
originelle la construction en pierres, c'est-à-dire l'art de bâtir les édifices
les plus propres à assurer la « stabilité » de la « demeure » des humains.
(1)
Guénon pensait que la Loge de table était d'origine opérative, mais que « les
gens de 1717 » lui avaient donné une
importance démesurée. Il conseillait néanmoins de la pratiquer, surtout aux
fêtes solsticiales, car cela, disait·il, « est assurément
bien préférable à un banquet profane ».
(2)
On trouve dans l'Anthologie palatine le texte d'une sorte d'ex·voto qui
dit : « Un niveau avec le fil à plomb, une forte hache pour fendre les souches,
un cordeau rouge résonnant sous le doigt qui le soulève, voilà ce que te
consacre le charpentier Léontique, jeune déesse aux yeux pers, car les ans lui
ont enlevé la force de s'en servir ». Minerve était la déesse à la fois de la
sagesse, de la guerre et des arts ; ces trois attributions correspondent
exactement aux trois piliers du Temple : Sagesse, Force, Beauté.
(3)
Le patronage sur la Maçonnerie des « Quatre Saints Couronnés », honorés comme
martyrs, fait allusion au contraire
aux luttes entre l'ancienne et la nouvelle foi. On a remarqué que le mot «
quatre » correspond au carré, le mot «
saint » au triangle (à cause du Dieu « trois fois Saint ») et le mot «
couronnés » au cercle. Le carré, le triangle et le cercle
évoquent l'opération hermétique de la « quadrature du cercle », à laquelle fait
allusion un sixain célèbre de l'Atalante fugitive.
(4)
II Rois, XVIII.
(5)
« Les derniers hauts grades de l'Écossisme et la réalisation descendante »,
dans les Études Traditionnelles de 1953.
(6)
Voici ce passage : « C'est d'eux [les faux docteurs) qu'Hénoch, qui est le
huitième patriarche à partir d'Adam a prophétisé
en disant : Voici que le Seigneur vient avec ses saintes armées pour les faire
passer en jugement », etc. (Jude, versets
14 et suivants).
(7)
« Lorsque les hommes eurent commencé à se multiplier sur la terre, les enfants
de Dieu, voyant que les filles des Hommes étaient belles, prirent pour épouses
celles qui leur avaient plu. [...] Or il y avait à cette époque des géants sur
la terre ; car après que les enfants de Dieu se furent unis aux filles des
Hommes, il en naquit une race d'hommes puissants dans les anciens jours » (Genèse,
VI, 2 et 4).
(8)
Cf. notamment le chap. XXXVIII du Règne de la quantité et les Signes des
Temps.
(9)
Marc, III, 17.
(10)
« Les trois mondes sont les Enfers, la Terre et les Cieux ». (L'Ésotérisme
de Dante, chap. VI).
(11)
« A propos des pèlerinages », dans les Études sur la Franc-Maçonnerie,
Tome I.
(12)
Voici le texte de cet envoi :
« Vous portates, Vierge, digne
princesse,
Jésus régnant, qui n'a ni fin ni cesse
;
Le Tout Puissant, prenant faiblesse,
Laissat les cieux et nous vint
secourir,
Offrant à mort sa très claire jeunesse.
Notre Seigneur tel est, tel le
confesse.
En celle foi je veux vivre et mourir. »
(13)
Cf. Comptes rendus de René Guénon, p. 7. (Le Monde magique des héros par
C. della Riviera, présenté par Julius Evola. Éditions Archè).
(14)
Enfer, chant VIII, vers 43-45.
(15)
Nous pensons qu'il faut donner ici à ce mot le sens qu'il a dans la doctrine hindoue
où, en principe du moins, seules les trois castes supérieures ont droit au
titre d'Arya, et en conséquence peuvent recevoir l'initiation. Il est
bien évident que depuis fort longtemps, et en Orient aussi bien qu'en Occident,
le « mélange des castes » a rendu une telle distinction uniquement théorique.
(16)
« Le langage secret de Dante et des Fidèles d'Amour », I, dans les Aperçus
sur l'ésotérisme chrétien.
(17)
On peut rappeler aussi le texte chrétien bien connu : « Comme des enfants
nouveaux-nés, désirez avec ardeur le lait
spirituel qui vous fera croître » (I Pierre, II, 2).
(18)
Le « lait de la Vierge » est aussi appelé « lait virginal » ou encore « lait de
la lune ». Il est en rapport avec l'opération du
Grand-Oeuvre appelée « multiplication », et cela peut faire penser à la
conception de la Vierge Marie mère de tous
les Chrétiens (dans la vision exotérique du Christianisme) et mère de tous les
initiés (dans la vision ésotérique).
19
Ce n'est pas seulement dans les « litanies de Lorette » que Marie est appelée Janua
Coeli. Dans un grand nombre de
textes qui furent très « populaires » avant les récents bouleversements
liturgiques, on trouve des expressions équivalentes.
Citons
par exemple : felix coeli porta (dans l'hymne Ave maris stella) ;
quae pervia coeli porta manens (dans l'antienne Alma Redemptoris)
; fulgida coeli porta (dans la prose Inviolata). L'épithète fulgida
est particulièrement à considérer en raison des rapports intimes de
l'éclair (fulgur) avec l'influence spirituelle communiquée par
l'initiation. Il y aurait toute une étude à faire - et qui réserverait sans doute
des surprises - sur les « rémanences » initiatiques dans les liturgies
chrétiennes, tant occidentales qu'orientales. Guénon pensait que le culte du
Sacré-Coeur avait à l'origine un caractère ésotérique. Il pourrait bien en être
de même pour certains aspects du culte de Marie, dont on sait par ailleurs l'importance
qu'il avait pour le « courant » spirituel auquel appartenaient saint Bernard et
Dante. Pour ce dernier, quiconque désire l'effusion de la grâce sans passer par
Marie, « celui-là veut voler sans ailes ». Une telle expression est à rapprocher
des paroles mises dans la bouche d'Ulysse au chant XXVI de l'Enfer : «
De rames nous nous fimes des ailes pour un vol fou ». Dans le langage des
Fidèles d'Amour, la « folie » (antithèse de la Sagesse) est, en même temps que l'
« ennui » (noia), une des « marques » de la vision exclusivement profane
des choses.
(20) Cf. Symboles
fondamentaux de la Science sacrée, chap. XXXV à XXXVII.