III. — La Personnalité de Cheikh Hamahoullah
1. Origines et jeunesse
Ahmédou Hamahoullah, plus connu sous le nom
de Cheikh Hamallah 1, est de la tribu des Ahel Mohammed Sidi Chérif de Tichitt
en Mauritanie 2.
Il est d'ascendance chérifienne comme toute
sa tribu. En effet, il descend du prophète de l'Islam par l'intermédiaire de
Hasan ibn Ali, fils de Fâtima, elle-même fille de Mohammed.
Son grand-père Seydna Oumar quitta la limite
septentrionale de l'Aouker 3 pour s'établir à Djigué-Diarisso, hameau situé à
soixante kilomètres au nord de Nara (République du Mali). Son père Mohammédou,
fin lettré réputé pour son rigorisme en matière de religion, s'installa, pour
faire du commerce, un peu plus loin, à Kamba Sagho, près de Niamina, sur le
Niger (cercle de Ségou, République du Mali).
« Il épousa Assa Diallo, une Peule originaire
de Yorobougou, petit village du pays Wassoulou 4. » C'est d'elle que naquit
Ahmedou Hamahoullah à Kamba vers 1882 5. Sentant sa mort prochaine, Mohammédou
décida de se rapprocher de ses parents du Hodh sans porter préjudice à son
commerce. De tous les centres commerciaux de l'époque son choix se porta sur la
ville de Nioro qui était en relations constantes avec Tichitt, la terre de ses
ancêtres. Il entra à Nioro vers 1885. Il fut reçu avec sa petite famille par
Bakary Diagouraga, un notable de la ville. Quelques mois plus tard, le père du
Chérif Hamahoullah acquit une maison à Tichitt-Counda 6.
Vers 1886 il prit une seconde épouse, Penda
Diallo, originaire de Gourel Dedjé 7. Elle eut un garçon auquel il donna le nom
de Seydna Oumar en souvenir de son père. Ce frère cadet de Chérif Hamahoullah
est plus connu sous le nom de Baba el-Kébir (Baba le grand) 8. Vers 1893 le
vieux Maure confia ses deux enfants à son cousin, le célèbre professeur
Mohammédou ould Chérif qui les conduisit à Tichitt où ils commencèrent à
apprendre les premières lettres de l'alphabet arabe. Ensuite, les garçons
furent pris en charge par leur oncle Mohammédou ould Bouyé Ahmed dit Deh qui
leur enseigna le Coran. A l'école de Deh, le petit Ahmédou se distinguait déjà
par sa vivacité d'esprit. Il apparut particulièrement intelligent dès sa tendre
jeunesse. D'une mémoire étonnante, il suffisait à ce bambin d'écouter une fois
son oncle lire un verset coranique pour le réciter sans se tromper. L'aîné de
Baba el-Kébir aurait fait de nombreux miracles. Ce qui attira sur lui
l'attention des campements environnants.
Un grand saint du nom de Moulaye Abdallah
ould Abd-el-Malik 9 se rendit sous la tente de Deh pour voir le « gamin
extraordinaire » dont on parlait tant, autour des puits de l'Aouker. Voilà ce
que le saint homme aurait confié à Deh quand il vit l'enfant 10 :
« Deh, le petit Ahmédou est appelé ailleurs
par son grand destin. C'est un quḥb 11 en croissance. Tu ne peux enseigner
celui qui n'aura pas besoin d'apprendre pour connaître. Renvoie-le chez son
père. »
Hamahoullah n'attendra pas la décision de son
oncle pour quitter la vie nomade qu'il n'aimait pas beaucoup. Par une nuit
noire, il prit la fuite en suivant à distance une caravane chamelière qui se
dirigeait vers Nioro. Il n'avait que douze ans. Ensuite, son père l'envoya apprendre
le fiqh 12 chez Moulaye Idriss de Banamba (Mali actuel). Celui-ci le renvoya
dans sa famille avant qu'il n'eût terminé le premier cycle de l'enseignement
coranique. Sans se décourager, son père demanda à son cousin Mohammedou ould
Mohammed Chérif de Nioro de l'initier au Tijânisme.
Selon d'autres sources 13, Chérif Hamahoullah
eut ensuite comme précepteur un marabout du nom de Cheikh ould Sidi. Le désir
de pousser ses études l'amena à s'inscrire à l'école de Chérif el-Mokhtar 14,
la sommité religieuse de Nioro. Ce dernier lui renouvela le wird tijâni.
Il suivait l'enseignement de son nouveau
professeur lorsqu'arriva le missionnaire de Tlemcen qui l'identifia comme
khalife de la Tijâniyya.
2. Le portrait physique du Cheikh
Ce n'est qu'à la mort de Lakhdar que
Hamahoullah prit véritablement l'allure d'un chef de confrérie respecté et
vénéré. Il n'avait que vingt-sept ans. En 1920, P. Marty 15 dressait ainsi son
portrait : « grand, mince, à figure jeune rasée ou imberbe et complètement
noire, il donne l'impression d'un adolescent. »
En 1972, nous avons recueilli au Mali, une
photo supposée être celle du marabout. Il nous est difficile d'affirmer avec
certitude qu'il s'agit d'un document authentique dans la mesure où certains
hamallistes disent ne pas y reconnaître le Cheikh. Nous publions quand même
cette photo. Elle est assez floue. Elle aurait été prise à Nioro dans les
années trente.
Au moment où nous n'espérions plus retrouver
dans les Archives françaises une photo du Cheikh, quelques jours avant de déposer
le manuscrit de ce livre chez l'éditeur, nous avons enfin découvert une photo
officielle de Cheikh Hamahoullah 16. Elle a été prise le 24 avril 1942, douze
jours après l'arrivée du Chérif en France. Il s'agit d'une photo
d'anthropométrie. Le Cheikh était noir. Il était habillé d'un burnous blanc.
Le portrait que P. Marty donne du Chérif nous
semble proche de la réalité. D'autre part, une notice individuelle établie au
nom de Cheikh Hamahoullah le 28 novembre 1942, le jour même de son transfert au
camp d'internement d'Evaux-les-Bains (France), nous donne le signalement du
marabout qui était alors âgé de soixante ans.
Le Cheikh mesurait 1,74 m, ses cheveux
étaient noirs, crépus et grisonnants. Ses sourcils et ses yeux étaient
également noirs. On mentionne aussi que son front était bombé, que sa bouche
était moyenne, ses lèvres proéminentes et charnues, avant de préciser que son
nez était busqué, son menton rond et son visage ovale. S'agissant de son teint,
on parle de race marocaine 17, sans autres précisions.
Selon Birama Traoré qui a fait la
connaissance de Hamahoullah lors de l'internement de ce dernier à Adzopé, le
visage du Chérif forçait la sympathie et le respect de ceux qui l'approchaient.
D'une voix douce, il parlait lentement. En marchant, il ne regardait que sous
ses pieds. Son habit préféré était le burnous, ses chaussures de choix, les
babouches. Il avait toujours dans sa poche et non au poignet sa montre-bracelet
18.
A l'annulaire gauche, il portait une bague en
argent sur laquelle était gravé le nom d'Allah. A l'extérieur de sa zâwiya, il
ne mettait jamais son chapelet autour du cou, comme le faisaient de nombreux
marabouts du pays. Cet objet sacré trouvait sa place auprès de la montre. Il ne
gardait jamais de monnaie sur lui pendant la prière. A la main droite, il
tenait presque toujours sa canne 19 dont il ne se séparait jamais ; il
l'emporta dans son exil français.
3. Le caractère du Cheikh
L'homme fut simple et respectueux des autres
et de soi-même. Il accueillait chaleureusement et spontanément tous ceux qui se
présentaient à lui, quoiqu'il fût difficile à rencontrer. D'une humilité rare,
Hamahoullah ne fixait jamais du regard ses interlocuteurs qu'il savait écouter
attentivement, quelle que soit l'importance ou la futilité de leurs propos.
Préférant d'ailleurs entendre que dire, le Chérif était loin d'être bavard.
Cependant, il savait découvrir et dire le petit mot qu'il fallait pour chacun.
Cheikhna, comme l'appelaient ses nombreux adeptes, était d'une générosité
légendaire. « Il reçoit de nombreuses aumônes, mais il en fait la plus large
distribution 20. »
« S'il reçoit beaucoup, il donne également
beaucoup, ne gardant qu'assez peu pour lui-même, secourant sans compter les
détresses matérielles qui ont recours à lui. Et cette générosité n'est pas sans
ajouter grandement à son renom … Il n'est pas un quémandeur ou un pauvre qui
frappe en vain à sa porte 21. »
Le Chérif de Nioro se distinguait aussi par
une grande magnanimité à l'égard de ses adversaires les plus intransigeants.
Dans les sermons qu'il prononçait tous les
vendredis à la zâwiya, il prêchait la tolérance et l'amour du prochain. Dans
les moments les plus pénibles de sa vie, il fit preuve de stoïcisme et surtout
de courage. Ni les menaces d'emprisonnement des autorités coloniales, ni les
provocations et chantages des marabouts proches des administrateurs ne
troublaient sa sérénité.
Il était souvent convoqué par les
administrateurs coloniaux de Nioro qui ne lui réservaient guère un bon accueil.
Face à leur agressivité et à leur arrogance, Cheikh Hamahoullah faisait preuve
d'un sens inné de l'humour et de la réplique. Il parlait à « ces maîtres du
jour », la tête haute, les yeux dans les yeux, avec assurance et sérénité. Même
ceux qui ne partageaient pas ses thèses sur la Tijâniyya admiraient son courage
d'homme.
4. La formation intellectuelle
Nous avons déjà parlé des écoles que
fréquenta Hamahoullah au cours de sa jeunesse. Il ne fit pas d'études très
poussées chez les marabouts.
« Intelligent et fin, c'est un bon lettré 22.
» A la vérité, Cheikh Hamahoullah a beaucoup appris par lui-même sans être un
véritable autodidacte. Dès sa nomination comme chef de confrérie, de nombreux
ulémas lui ont rendu visite. Certains n'ont pas hésité à lui demander un
chapelet d'élève portant ainsi témoignage de son érudition. Entre autres, on
peut citer Moulaye Idriss de Banamba, l'un des lettrés les plus respectés du
Soudan, Mohammed Yahya ould Ahel Bouh, un éminent jurisconsulte de Oualata. En
1938, c'est Thierno Bokar Salif Tall de Bandiagara, l'un des descendants
d'El-Hadj Omar, un érudit digne de respect et de vénération, qui vient à Nioro
rendre hommage à Chérif Hamahoullah et lui demander à son tour un chapelet
d'élève. Tout cela prouve bien que le Cheikh n'était pas dépourvu de culture.
Même ses adversaires tinouajiou de Mauritanie n'avaient jamais mis en doute la
profondeur de sa science. Ils le considéraient à la fois comme un excellent
exégète du Coran, un grammairien exceptionnel et un juriste émérite. Il parlait
l'arabe classique, le hassaniyya, le bambara, le soninké, le peul et l'azer
(langue dérivée du soninké et influencée par le hassaniyya et le berbère,
parlée notamment à Tichitt). Hamahoullah lisait beaucoup, surtout si l'on en
juge par l'importance de sa bibliothèque.
Comme l'homme, cette bibliothèque a aussi son
histoire. Elle fut confisquée le 19 juin 1941 par les autorités coloniales, le
jour même où le Cheikh fut arrêté et déporté en Afrique du Nord.
« En tout, deux tonnes cinq cents de livres
et cinq quintaux de manuscrits ont été retirés de la maison du Chérif pour être
d'abord déposés dans un vieux magasin administratif de Nioro. Là, la
bibliothèque ne fut pas à l'abri des intempéries et du pillage de nombre de
marabouts proches de l'administration coloniale. Ensuite, le reste de la
bibliothèque fut transféré à l'I.F.A.N. de Dakar avant d'être distribué entre
tous les centres I.F.A.N. de l'ex-A.O.F. Nous avons consulté dans le « Fonds
Cheikh Hamahoullah » de l'I.F.A.N. un document qui dresse comme suit
l'inventaire des livres confisqués par le Commandant de cercle de Nioro :
Cantine 5 73
volumes
Cantine 6 73
volumes
Cantine 2 40
volumes
Cantine 3 25
volumes
Cantine 4 15
volumes
Caisse n° 2 525
livres
Caisse n° 10 540
livres
Caisse n° 3 456
livres
On peut affirmer que l'I.F.A.N. de Dakar
reçut au moins huit caisses et cantines contenant 1 757 livres, surtout si on
tient compte du poids des ouvrages révélé plus haut. De tout ce trésor, il ne
subsiste plus à l'I.F.A.N. de Dakar que quarante ouvrages. D'après les
renseignements recueillis en 1972 au département d'Etudes islamiques de
l'I.F.A.N. et auprès d'anciens fonctionnaires de cet établissement, les livres
de Cheikh Hamahoullah auraient été transférés au Mali peu après l'indépendance
de ce pays 23.
Les ouvrages qui constituent le « Fonds
Cheikh Hamahoullah » de l'I.F.A.N. étaient dans la cantine n° 2, qui n'a été
retrouvée que bien plus tard dans les magasins de l'I.F.A.N.
Ces quarante ouvrages ont trait à de
nombreuses disciplines dont la grammaire arabe, le droit musulman, l'histoire
et la mystique. La plupart de ces livres avaient été imprimés, soit au Caire,
soit à Beyrouth. Le mauvais état des ouvrages laisse croire à une trop
fréquente utilisation. Le Chérif de Nioro a certainement beaucoup lu. Un homme
dépourvu de culture ne pouvait disposer d'une bibliothèque aussi importante.
Enfin, il fallait être très riche comme Cheikh Hamahoullah pour se payer à
l'époque des milliers d'ouvrages de valeur.
5. Les biens de Cheikh Hamahoullah
Le marabout n'hérita presque rien de son père
mais il n'était pas pauvre. Les rapports politiques de l'époque ne révèlent
qu'une partie de sa fortune : « Les biens de Chérif Hamallah représentent une
masse assez considérable de denrées vivrières et de marchandises diverses.
Chérif Hamahoullah possédait en outre quatre automobiles 24.
Enfin, une somme de quatre-vingt mille francs
fut trouvée à son domicile 25. » La « Convention n° 9 du 20 juillet 1942 »,
établie par l'administrateur du cercle de Nioro, donne la liste des biens sous
séquestre du marabout. Il ressort de ce document que le Cheikh n'avait que
quarante-sept chameaux.
En vérité, cela ne représentait rien dans la
fortune de Hamahoullah qui avait l'habitude de confier la grande partie de ses
animaux à des bergers résidant dans la colonie voisine de Mauritanie. Le
Cheikh, qui était très riche 26, n'exerçait aucune fonction lucrative. Des
chefs de tribus maures lui offraient chaque année des centaines de chameaux, de
boeufs, de chevaux pur-sang. A son tour, il distribuait la grande partie de ces
animaux à ses fidèles les plus démunis. Cheikh Hamahoullah avait en outre neuf
maisons 27 qu'il serait fastidieux d'énumérer ici. Chacune portait un nom. La
plus fréquentée était Dâr-al-Kebîra, qui abritait la grande zâwiya.
Le Cheikh recevait de nombreux mandats-postes
envoyés par ses fidèles disséminés un peu partout en Afrique, même dans les
colonies britanniques telles que le Nigeria et le Soudan. Les mandats n'étaient
jamais émis à son nom mais à celui de ses secrétaires particuliers 28.
Du reste, le Chérif n'avait pas le temps de
se rendre au bureau des P.T.T. de Nioro.
A l'époque, on estimait à plusieurs centaines
de milliers de francs l'argent qu'il recevait en un mois. Enfin, plus d'une
centaine de domestiques étaient au service du Cheikh. Ils jouissaient des
faveurs du khalife qui faisait preuve d'une compréhension affectueuse à leur
égard.
6. La vie en famille
Hamahoullah était le père d'une famille
nombreuse. Il avait six garçons et quatre filles 29. Seuls sont encore en vie
Zénébou, Ababékrine et Mohammédou. Après le décès de Chérif Ahmed le fils aîné,
en 1972, c'est Mohammédou qui a pris sa succession comme chef de famille.
Mohammédou est un homme très cultivé et d'une
grande spiritualité. Il vit retiré dans la prière et le recueillement. Presque
chaque année, il rend visite à ses parents qui vivent en Mauritanie, notamment
à Aïoun-el-Atrouss.
Cheikh Hamahoullah avait épousé plusieurs
femmes. Les plus connues étaient :
El-Wasla mint Mohammed Mahmoud de la tribu
des Idaou el-Haj de Kiffa
Kertoumé mint Zeïdane des Chorfa Ahel
Boubacar 30
Youmma mint Cheikh, originaire de Nioro
Assa Diarra, originaire de Nioro
Les épouses du Chérif menaient une vie
retirée.
Hamahoullah voyait rarement ses enfants.
Selon une tradition bien établie dans la famille, ils étaient confiés très tôt
à leurs oncles pour apprendre le Coran en Mauritanie. Mais ce qui fit
l'originalité de cette famille fut en réalité son train de vie et surtout le
comportement et les habitudes du Cheikh. En effet, Cheikh Hamahoullah a élargi
le cercle des relations sociales aux limites d'une grande confrérie. Il passe
du stade de la famille à celui de la Communauté de fidèles (d'origines
ethniques et sociales différentes), à l'instar de l'Umma prophétique de Médine.
La maison du Chérif était devenue un lieu où
s'exerçait une réelle solidarité sociale. Là, les gens apprenaient à vivre
ensemble et à se connaître. Des fidèles de conditions sociales et d'origines
ethniques différentes dormaient, priaient et mangeaient ensemble. En effet,
tous les jours, matin et soir, une trentaine de moutons étaient égorgés dans la
concession de Chérif Hamahoullah. La ration journalière s'évaluait en sacs de
cent kilogrammes de mil. Les maisons et leurs alentours étaient un véritable
réfectoire public où se côtoyaient au moins six cents personnes. A l'heure des
repas qui étaient servis sous les arbres, dans les zâwiya, ou les cours des
maisons, on faisait « l'appel au repas » comme pour la prière. Dressés à la
manière du muezzin, la bouche ouverte vers le ciel, des hommes juchés sur les
toits des maisons invitaient « tous les êtres humains à venir manger ».
Avant que ces hommes ne descendent des toits,
une marée humaine avait déjà envahi les lieux. Des Maures, des Noirs, des
pauvres de la ville, des étrangers, des gens aisés mais chercheurs de baraka,
et des curieux désireux de voir Hamahoullah, se retrouvaient. Tout ce monde
fraternisait autour des bassines remplies de riz ou de couscous. C'était le
seul moment où le zèle de certains fidèles s'estompait. Ceux-ci savaient bien
que le Cheikh voulait que tout le monde fût servi sans discrimination raciale,
sociale ou confessionnelle surtout. Seuls les vieux ulémas, incapables de se
frayer un passage au milieu de la foule, étaient servis à part, à l'ombre des
vérandas.
Quelquefois, le Cheikh faisait son apparition
au cours des repas. Il circulait entre les groupes qui s'étaient formés autour
des « plats gigantesques », leur tendant la main à la manière du plus pauvre
des hommes qui demande l'aumône. Il avait sur les lèvres le mot « charité » et
en conséquence, à chaque pas, on lui remettait une bouchée qu'il mangeait.
Rassasié, le Cheikh s'en allait. Il venait de
prendre lui aussi, de cette façon, son repas. Même si Hamahoullah voulait faire
ainsi preuve d'humilité, il ne pouvait interrompre tous les jours ses longues
prières. Très souvent, il mangeait seul. Du reste, personne, sauf lui, ne
pouvait suivre le régime alimentaire qu'il s'imposait.
Les repas spécialement préparés pour lui
étaient peu variés et fades, sans condiments et presque toujours sans huile. Il
détestait les repas copieux car il mangeait très peu. Son alimentation était à
base de bouillie de mil, de lait ou de couscous arrosé d'eau simple.
La boisson préférée de Hamahoullah était un
mélange de menthe, d'eau glacée et de sucre. Enfin, il cessa assez tôt de boire
du thé qu'il aimait beaucoup pourtant. On a tissé toute une légende autour de
cette renonciation du Cheikh au thé. L'abandon volontaire de la consommation de
thé lui parut une privation supplémentaire accentuant son ascétisme.
On comprend aisément que le chef d'une telle
famille soit vénéré. Mais le prestige du Cheikh se fonde essentiellement sur
son ascétisme et son mysticisme.
7. Cheikh Hamahoullah, le soufi
La plupart des administrateurs coloniaux qui
s'étaient intéressés peu ou prou à Cheikh Hamahoullah avaient témoigné de sa
piété et de son ascétisme. En 1920, au moment où les autorités espéraient
encore l'avoir de leur côté, Paul Marty écrivait : « Chérif Hamallah est
surtout un mystique et c'est par là que se fonde sa réputation … L'influence du
Chérif Hamallah est considérable, la vénération dont il jouit est
extraordinaire pour un jeune homme 31. » En 1925, dans un rapport où il
suggérait l'arrestation de Cheikh Hamahoullah, l'administrateur Descemet évoque
son charisme qui lui paraît néfaste pour la stabilité du système colonial au
Soudan français :
« Sort-il par extraordinaire dans Nioro, la
foule lui fait escorte, se prosternant et cherchant à toucher ses vêtements et
ses mains 32. »
En 1947, le capitaine Rocaboy écrivait à son
tour :
« Hamallah, à partir de 1912, se confinant
dans l'ascétisme et le mysticisme, s'affirme comme un personnage de premier
plan des confins sahélo-maures … De Nioro, la renommée de Chérif Hamallah se
répand en Mauritanie et au Soudan jusqu'à Dakar et au Fouta-Djalon … le Chérif
ayant la réputation d'un saint inoffensif 33. »
En effet, Cheikh Hamahoullah fut un soufi
vénéré. Il vivait comme un reclus. Il consacrait tout son temps à ses
dévotions. Le Chérif n'interrompait ses retraites spirituelles que pour aller à
un enterrement ou pour répondre à une convocation du commandant de cercle de
Nioro. Sa zâwiya se trouvant dans sa cour, il y dirigeait lui-même les prières.
C'est dans cette zâwiya que le Cheikh évoquait la vie exemplaire des premiers
soufis de l'Islam et l'histoire de la Tijâniyya. Il s'expliquait sur la
récitation de la formule Jawharatu-l-Kamâli onze fois au lieu de douze 34,
présentait les thèses parfois divergentes des Imams 35 Mâlik Ibn Anas
(711-796), Ahmed Ibn Hanbal (780-855), Mohammed Ibn Idrîs ash-Shâfi'î (767
-820), Abû Hanîfa (699-767) sur des problèmes aussi complexes que celui de la
prière abrégée dans l'Islam. Il concluait généralement en rappelant les
pratiques du prophète Mohammed ou de ses compagnons et successeurs tels que Abû
Bakr, Umar, Uthmân et Ali. Il répondait ensuite aux questions souvent
difficiles de l'assistance en citant de mémoire des références précises.
C'est vraiment au cours de ces causeries que
Cheikh Hamahoullah dispensait un enseignement à ses nombreux moqaddem.
Il semble que l'homme savait prédire
l'avenir. Des traditions orales rapportent que dès 1937, au moment même où le
gouverneur général de l'A.O.F. venait de dépêcher à Nioro un émissaire pour
réconcilier 36 les hamallistes et les omariens de la ville, Cheikh Hamahoullah
aurait prédit son internement administratif qui fut effectivement décidé en
1941 . Cette faculté de prédire l'avenir est admise par la dévotion populaire
qui en fait une des preuves de la sainteté du marabout qui, nous dit-on, avait
des visions extatiques.
Ce qui est certain, c'est que le marabout
menait une vie d'ascète. Il observait plusieurs journées de jeûne par semaine.
Il semble qu'il se considérait comme un « instrument entre les mains de Dieu ».
Fataliste, il supportait toutes les dures épreuves comme une mortification
supplémentaire. Au sortir de sa zâwiya, on l'entendait souvent remercier Allah
à basse voix, de la vie dont il l'avait animé.
On peut, au-delà de certaines exagérations
des traditions orales, considérer le Chérif Hamahoullah comme un vrai soufi
dans la mesure où :
« le soufisme systématise l'effort personnel,
le canalise, le dirige tout le long d'une voie minutieusement repérée avec des
techniques qui font appel à (…) la répétition des Noms comme dans l'hezychrasme
oriental, à la méditation dans la retraite 37. »
Le fils de Mohammédou ould Seydna Oumar
aurait manifesté des vertus exceptionnelles. De nombreux témoignages révèlent
qu'il avait une foi inébranlable, qu'il se soumettait à la volonté de Dieu en
toutes circonstances et que la charité fut l'une de ses principales
préoccupations. Le profil des saints que dresse Emile Dermenghem semble bien
correspondre à celui de Cheikh Hamahoullah.
« Il ne suffit pas de faire le fou, et
d'extravaguer, d'être de la famille d'un marabout, de capter sur sa personne ou
sa tombe les vertus millénaires du lieu saint ; le saint véritable sera celui
qui aura manifesté d'exceptionnelles vertus. A l'imân, foi et à l'Islam,
soumission, s'ajoute l'iḥsân, pratique de bonnes oeuvres. La racine de ce mot
réunit comme le kalokagathos grec, les idées de beauté et de bonté.
Inséparables du Vrai, le Beau et le Bien sont l'absolu de la Réalité 38. »
Chérif Hamahoullah fut en effet considéré
comme un saint dont on continue d'invoquer la baraka pour éviter les accidents
d'auto, la chute brutale d'un bébé ou pour limiter les effets d'une
catastrophe. La baraka, « force psychique, pouvoir bénéfique ou dangereux »,
est l'apanage des amis de Dieu. Selon des témoignages généralement impartiaux,
Chérif Hamahoullah fut certainement de ceux-là, de ceux qui renoncent à tout
pour se tourner vers l'ultime Réalité. Ne dit-il pas lui-même, dans la seule
lettre qu'il adressa aux administrateurs de Nioro en 1940 :
« Je renonce à tout, n'ayant en vue que Dieu
et son prophète 39. »
Il se vouait corps et âme à l'adoration
d'Allah. En 1926, le gouverneur Bonamy ne reconnaissait-il pas lui-même, au
cours de la 142e séance de la Commission interministérielle des affaires musulmanes,
que « depuis son internement dans la résidence de Mederdra, Cheikh Hamallah
continue à vivre avec piété, modestie et renoncement. Les gens les plus
attachés aux joies de ce monde respectent son exemple 40 » ?
Le témoignage de Bonamy concorde avec celui
de Gaye Ibrahima Jacques, conseiller général du Sénégal, qui évoquait, dans une
lettre adressée 41 à Albert Sarraut en 1947, la piété et l'exemplarité de la
vie de Cheikh Hamahoullah. Il concluait sa lettre en écrivant : « la méchanceté
humaine a poursuivi cet homme de Dieu ».
Cheikh Hamahoullah était réellement respecté
et admiré par ses contemporains pour sa très grande ferveur religieuse. C'est
cette admiration populaire qui connut son épanouissement dans le véritable
culte d'un saint vivant. Dès lors, il était difficile de dissocier la personne
physique aux dimensions humaines, du marabout au pouvoir mystique qui
apparaissait aux yeux de nombre de ses contemporains comme un être hors du
commun. Cette situation complique la tâche de l'historien, car il est difficile
de porter un jugement de valeur sur un homme qui apparaît surtout comme un
soufi. C'est la raison pour laquelle la plupart des historiens étrangers qui
ont écrit peu ou prou sur le hamallisme n'ont pu comprendre ce que Cheikh
Hamahoullah représentait pour les sociétés musulmanes du Sahel.
Il n'est pas facile de comprendre le
hamallisme si l'on méconnaît la manière dont l'Islam était perçu selon les
mentalités de l'époque. La plupart des administrateurs coloniaux du Soudan
n'avaient compris ni les raisons pour lesquelles Cheikh Hamahoullah suscitait
tant de vénération, ni les motivations et les aspirations des gens qui
désertaient les bureaux, les écoles, les marchés, pour l'acclamer avant de se
bousculer comme autour de la Kaaba, dans le seul but de lui serrer la main et
de toucher ses vêtements.
En vérité, la plupart d'entre eux n'avaient
pu saisir la dimension spirituelle des problèmes sociaux au Sahel
soudano-mauritanien. Aujourd'hui encore, il est nécessaire de s'éloigner
prudemment d'une certaine conception trop positiviste, voire trop cartésienne,
de l'histoire, pour comprendre et interpréter correctement les réalités de
l'Islam en Afrique. Dans l'étude des faits rapportés par les traditions orales
ou les manuscrits arabes conservés au Sahel, une conception trop exclusive et
mécanique de la preuve nous paraît limitative dans la recherche de la vérité
historique.
C'est sans doute la raison pour laquelle la
plupart des détenteurs de la tradition orale hamalliste nous ont dit que, « pour
comprendre tout ce qui avait trait à la vie et à l'enseignement de Cheikh
Hamahoullah, il faut avoir la foi ».
Notes
1. La transcription exacte de son nom est «
Hamâhullâh », en arabe classique, qui signifie « le protégé de Dieu ». Mais
nous écrivons « Hamahoullah » selon notre convention d'utiliser la
transcription courante à la française pour les noms ouest-africains. Les formes
« Hamallah , et « Amalla » sont celles qui étaient utilisées par
l'administration coloniale.
2. Voir sa généalogie en annexe.
3. Les environs de Tichitt (Mauritanie).
4. D'après la version de Samba Bathily,
notable à Nioro du Sahel (Mali).
5. Voir Roger Lafeuille (CHEAM n° 1189) sur
les « débuts de Chérif Hamallah». Les renseignements sur les origines de
Hamahoullah sont à peu près exacts.
6. Tichitt-Counda ou Quartier de Tichitt :
quartier de Nioro où habitait presque exclusivement une importante colonie
maure originaire de Tichitt.
7. Gourel Dedjé : petit hameau peul situé à
environ douze kilomètres à l'ouest de Nioro.
8. Baba le grand pour le distinguer de Baba
le fils aîné du Chérif Hamahoullah qui a été fusillé le 11/11/1941 à Yélimané
(Soudan français). Voir à ce sujet la partie concernant la bataille de Mouchgag
au chapitre VII.
9. Un célèbre érudit de la tribu des Ahel
Chérif Lékhâl.
10. D'après Sidi Mohammed Ould Maaye, 1972.
11. Quṭb : Pôle, homme qui atteint le degré
le plus élevé de la sainteté.
12. Fiqh : droit musulman.
13. Paul Marty et Samba Bathily.
14. Nous avons déjà parlé de cet homme; pour
plus de détails, se reporter à P. Marty. Etudes sur l'Islam et les tribus du
Soudan, tome IV, 1920, p. 216.
15. Id., p. 220.
16. Sources que nous espérons être en mesure
de révéler dans les versions en langues africaines de cet ouvrage (ces versions
seront publiées par les Editions Maisonneuve et Larose, Paris).
17. Nous reviendrons plus loin sur l'ensemble
des renseignements mentionnés dans cette notice publiée en annexe. Par race
marocaine, il faut comprendre « race » maure.
18. Témoignages de Birama Traoré de la zâwiya
d'Adzopé (R.C.I.), avril 1973.
19. Nous n avons pas encore retrouvé cette
canne. Nous poursuivons les recherches. Si elle existe encore que que part nous
la retrouverons (peut-être avant la publication de la version abrégée de ce
livre).
20. P. Marty.
t. IV, 1920, p. 220.
21. Rapport Descemet, A.N.M., op. cit. (en
annexe).
22. P. Marty, t. IV, 1920, p. 220.
23. D'après les renseignements recueillis
auprès de la famille de Cheikh Hamahoullah, une partie de la bibliothèque
aurait été restituée après l'indépendance du Mali.
24. L'une des automobiles du Cheikh lui avait
été donnée à titre grâcieux par Yacouba Sylla, un des fidèles du Chérif,
résidant actuellement à Gagnoa (Côte d'Ivoire).
25. Extrait d'un projet d'arrêté prononçant
la mise sous séquestre des biens de Chérif Hamahoullah (manuscrit) en date du
10-2-1942, 7 G-49-17, A.N.S.
26. Il y avait dans la caisse de dépôt des
biens sous séquestre 697 524,10 F. Voir Extrait de l'Audience du 29-1-1949 du
Tribunal de Nioro (S .E. 2/33).
27. Les maisons et les zâwiya du Cheikh
furent démolies en 1942 sur l'ordre du commandant de cercle de Nioro. Au même
moment, le Chérif souffrait à Vals-les-Bains (France). Voir A.N.S. , 2 G 40-21.
28. Ce qui rend toutes recherches vaines aux
Archives postales du Mali. Il est donc impossible d'évaluer la somme que
recevait Hamahoullah de ses adeptes.
29.Voir en annexe, la liste des enfants du
Chérif.
30. Les Chorfa Ahel Boubacar : tribu
chérifienne de l' Assaba (Mauritanie). Le mot tribu n'est pas péjoratif dans le
contexte mauritanien. L'organisation de la tribu n avait aucun caractère
primitif. La justice était rendue selon le droit musulman, le commerce était
florissant. La monnaie était connue depuis les Almoravides. Une grande place
était faite à l'enseignement et aux hommes de lettres. Les grandes décisions
étaient prises au sein de la jamâ'a qui regroupe les représentants de toutes
les fractions de la tribu.
31. P. Marty,
tome IV, 1920, p. 220.
32. Voir Rapport Descemet en annexe.
33. Rocaboy, rapport du C.H.E.A.M., 1947.
34. Nous reviendrons plus loin sur cette
question.
35. Ces imams sont les fondateurs des quatre
grandes écoles juridiques ou madḥab de l'Islam. Ils sont tous sunnites :
Abû Efanîfa fut le disciple des grands
érudits de l'école de Kufa. Selon H. Laoust, il est considéré comme le
théoricien de l'école de la libre opinion (ra'y), faisant de l'estimation
personnelle (istihsân) une des sources de sa doctrine. Son principal ouvrage
est le Kitâb al-fiqh al-akbar. Le Coran constitue à ses yeux la source
fondamentale du droit. Sans rejeter la sunna, il semble la reléguer au second
plan. Il a marqué son scepticisme à l'égard de certains ḥadîth dont
l'authenticité lui paraissait douteuse. Il a surtout vécu sous le règne des
derniers Omeyyades. Il eut de nombreux adeptes en Asie centrale et en Turquie.
Mâlik Ibn Anas : Lui aussi a passé une grande
partie de sa vie sous le califat omeyyade: Il vivait à Médine. Il est considéré
comme le spécialiste et le défenseur des ḥadîth qui ont largement inspiré son
célèbre traité de fiqh, le Muwattttâ. Dans le domaine du droit, l'école
mâlikite insiste sur la nécessité de parvenir à un compromis, un modus vivendi
(maṣlaḥa) dans l'intérêt de la communauté. Il fit des adeptes au Hedjaz, en
Egypte, et surtout au Maroc et en Afrique occidentale.
Ash-Shâfi'î : Il a vécu sous le règne des
Abbassides. Il est né en Palestine et décédé en Egypte. Il suivit
l'enseignement de Mâlik Ibn Anas à Médine. Il est l'auteur de nombreux ouvrages
dont les plus importants sont Kitâb al-Umm, et sa Risâla. Selon lui, le Coran,
la Sunna, l'ijmâ' (consensus communautaire) et le raisonnement analogique
(qiyâs) constituent les piliers du droit.
L'école shâfi'ite compte de nombreux adeptes
en Egypte, en Syrie, à Bahrein, dans l'Archipel malais, en Asie centrale, au
Yémen et en Afrique orientale. Les intellectuels shâfi'ites les plus connus
sont al-Ash'arî, mort vers 937, al-Mâwardî, mort en 1059 et surtout
al-Ghazzâlî, mort en 1112.
Ibn Ḥ anbal : Il est né à Bagdad. Son école
se fondait également sur le Coran et la Sunna du Prophète. Il a combattu les
mu'tazilites et les khârijites. Dans le choix des ḥadîth, il avait fait preuve
d'un esprit très critique. Il considérait légitime le ra'y (le jugement
personnel). Son oeuvre la plus connue, le Musnad, est un recueil de ḥadîth.
Aujourd'hui, certains historiens de l'Islam
rattachent volontiers le waḥâbisme à Ibn Ḥanbal par l'intermédiaire de son
disciple Ahmed Ibn Taymiyya (m. 1328, Damas) qui serait l'inspirateur lointain
de Mohammed Ibn Abd-al-Waḥâb qui a donné son nom à la doctrine qui s'est
imposée aux musulmans d'Arabie Saoudite.
Il n'y a pas de divergence fondamentale entre
ces quatre écoles du sunnisme, même si les ḥanafites insistent sur la libre
opinion (ra'y), alors que les mâlikites accordent une plus grande importance
aux ḥadîth. Elles prétendent toutes défendre le Coran et la pensée du Prophète
recueillie dans des ḥadîth différemment acceptés ou interprétés. Elles
conçoivent le droit en fonction de l'intérêt de la communauté et non des individus.
36. Nous reviendrons plus loin sur cette
réconciliation.
37. E. Dermenghem, 1954, p . 27 .
38. Ibid.
39. Chérif Hamahoullah adressa aux autorités
coloniales une lettre dans laquelle il condamnait les responsables des heurts
violents de Mouchgag.
40. Extrait du document n°40. S.E. 2/33,
(lettre arrivée le 20 mars 1926 et enregistrée sous le numéro 272D), A.N.M.
41. Extraits d'une lettre adressée par le
conseiller général du Sénégal à Albert Sarraut, gouverneur général de l'A.O.F.
Voir le numéro 2161 du vendredi 15 septembre 1947 du journal L'A.O.F., organe
du Parti socialiste de Lamine Guèye.
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