mardi 18 décembre 2018

Jean Foucaud - Les Vierges Noires



LES VIERGES NOIRES
 
 
Trois remarques très simples s'imposent d'emblée, qui seront le fil conducteur du présent développement :
1°) Elles sont noires (de bois noir ou peint).
2°) Elles sont antérieures au Christianisme.
3°) Elles font cependant l'objet d'un culte autorisé chez les Chrétiens.
 
***
 
Ces statues sont noires, mais détail curieux et significatif, elles n'ont rien d' « africain » : les traits du visages sont toujours « européens », ce que chacun est à même de constater dans tous les cas.
 
Et c'est cette couleur noire qui doit nous livrer tout leur symbolisme.
 
En effet, on a généralement trouvé ces statues dans la terre, sous des temples, dans des cryptes, toujours cachées, comme liées au symbolisme de la Terre, c'est à dire de la « materia prima », de la « matière noire » (1), indifférenciée, d'avant la lumière (2). La Vierge Noire témoigne donc de la substance en gestation, du « chaos » au sens biblique, d'avant l'organisation du monde, de la Création. Elle précède en quelque sorte l'apparition de l' « Adam ». Il s'agirait donc d'un symbole « pré-créateur ». On a là, une fois de plus, le symbole de la « Matière Première », de la Substance Universelle, d'où toute Création provient.
 
(1) Ce symbole - « La Terre Noire » ; « Kimia », nom de l'ancienne Egypte – est susceptible d'application alchimique.
(2) Les statues de la Vierge Marie sont généralement blanc et bleu, couleurs lumineuses symboles du Ciel, donc d'un symbolisme tout à fait opposé à celui de la Vierge Noire, détail qui aura toute son importance tout à l'heure – et pourtant les « Vierges Noires » sont généralement accompagnées de l'enfant, comme dans l'iconographie chrétienne.
 
Ce ne peut être qu'un symbole très ancien, et maintenant se pose la question de l'origine et de l'identification de ces « Vierges Noires ». La Mère Universelle ainsi représentée est le « prototype » de la Création, et non une simple mère et épouse : d'ailleurs le père ou l'époux sont toujours absents de ce type de statuaire (3). Il s'agit donc bien, non pas d'une banale représentation de la fécondité, mais de quelque chose de beaucoup plus « originaire » et beaucoup plus universel, d'un symbole sacré très ancien, remontant peut-être même jusqu'à la Tradition « artlantidienne » dont parle Platon (soit au moins 10 000 ans avant l'ère chrétienne).
 
Ces statues sont toutes préchrétiennes (même si, plus tard, elles ont été détruites, puis resculptées dans un contexte exclusivement chrétien). On les trouve – avons nous déjà signalé – dans les temples celtiques, ou bien dédiées au culte égyptien d'Isis.(4) Mais si ce culte s'est étendu à l'ancienne Europe, dans des cultures apparemment très différentes, c'est justement que son symbolisme n'était ni exclusif, ni restreint à l'Egypte ; en un mot, il s'agit d'un Symbolisme ésotérique (c'est à dire à la fois traditionnel et universel) au plus haut point.
 
Ces statues, étant antérieures à l'ère chrétienne, annoncent-elles donc le Christianisme, c'est à dire la Vierge Marie et l'Enfant Jésus ? Nous avons déjà sous-entendu que le Symbolisme de la couleur noire s'opposait tout à fait au Symbolisme lumineux de la Vierge Marie, telle qu'elle est décrite par ceux auxquels elle est apparue (Lourdes, Fatima...etc). En effet, ce Symbole est beaucoup plus « universel » que celui de la Vierge Marie (5), dont le culte est exclusivement réservé au Christianisme (6).
 
(13) Cette remarque est peut-être d'une évidence « enfantine », mais c'est ce genre d'évidence qu'il faut souligner à l'occasion ; ceux qui s'intéressent au Symbolisme religieux en général comprendront...
(4) Isis, dans la Religion égyptienne, est dite fille d'Hermès, père des sciences et arts dits hermétiques, dont la Doctrine est commune aux 3 Religions abrahamiques (Astrologie, Alchimie., Médecine, Maçonnerie...). Ceci pourrait expliquer l'appui que peut y trou ver l'autorité ésotérique chrétienne (cf. Jean Hani, thèse sur La religion égyptienne, p.39)
(5) Nous ne voulons pas restreindre, ce disant, l'efficacité universelle de la grâce mariale, mais seulement constater que le culte de la Vierge Marie appartient en propre au Christianisme, et non à d'autres religions ; alors que le symbole de la Vierge Noire attesté chez les Celtes est également connu dans l'Orient sous le couvert du fameux « culte d'Isis » d'origine égyptienne ; toute la Tradition celtique, elle-même, comme son nom l'indique,(la racine KLT/QLD -cf. Guénon) étant d'origine Chaldéenne (pour ce qui concerne la Castes des Prêtres ou Druides, et les Principes de sa Doctrine Spirituelle).
(6) Même si certains Musulmans lui témoignent une certaine dévotion (c'est à dire reconnaissent sa qualité de Sainte et d'Immaculée Conception – bien avant la proclamation du Dogme chrétien!), ce culte n'est pas essentiel à l'Islam. Mais, pour être complet , nous pouvons signaler un équivalent de ce culte dans d'autrs religions, notamment dans le Bouddhisme (avec le culte de la « Dölma »).
 
***
 
La question qui se pose à présent est évidemment la suivante :
 
Comment se fait-il que ce culte pré-chrétien, donc considéré (inexactement) comme « païen », ait pu être intégré au Christianisme naissant ?
 
On sait que les premier zélateurs chrétiens ont brisé beaucoup de statues considérées par eux, à tort ou à raison, comme des idoles. Comment se fait-il donc que ces Vierges Noires aient non seulement échappé au massacre, mais encore aient eu l'honneur d'un culte chrétien, bien qu'elles aient été, d'origine et de symbolisme, étrangères au monde chrétien ?
 
A première vue, on peut répondre que ces statues présentaient une telle ressemblance avec la Vierge Marie portant l'Enfant Jésus, qu'elles ont trouvé grâce devant les iconoclastes, d'habitude moins circonspects…
 
Mais cette première explication, bien que plausible, est beaucoup trop superficielle en ce qu'elle ne résoud pas le problème de fond posé par la transmission d'un Symbole étranger au Christianisme « historique » (à savoir, la notion de « materia prima »), car il s'agit bien d'un problème de jonction entre la Tradition Celtique (occidentale et peut-être atlantéenne, même si d'origine lointaine orientale), et la Tradition Chrétienne, d'origine orientale puis devenue occidentale à part entière. - (double mouvement de convergence).



 
C'est maintenant le point essentiel qu'il s'agit d'élucider : la parenté de toute les grandes Traditions (antérieures ou contemporaines au Christianisme), et leur continuité. En d'autres mots, tout se passe comme si une Tradition Primordiale se ramifiait en Formes particulières (7) : les Voies se particularisent, mais le but reste le même, ces Voies mènent au même but. Il y aurait donc un « legs » traditionnel vivant (et en tant que tel « utilisable ») adopté par chaque nouvelle Révélation de la Divinité (c'est à dire, entre autres, par le Christianisme) ; c'est ainsi que le Symbole de la Vierge Noire, pensons-nous, a pu être intégré au Christianisme, parce qu'à cette époque (ce qui n'est plus le cas maintenant, hélas), ceux qui présidaient aux destinées de l'Eglise Catholique avaient parfaitement conscience de l'Universalité des Symboles, et donc, dans le cas particulier que nous traitons, de la validité et de la légitimité du symbole sacré de la « Mère Universelle », adaptable en tant que tel dans les limites du Symbolisme Chrétien. Mais qui se soucie encore, de nos jours, de l'importance capitale pour l'intelligence de la Foi, des rites et de la liturgie, de ce langage symbolique, appelé encore au Moyen Age, « Langue des Anges » ou « Langue des Oiseaux » ?...
 
Il faut redire ici, une fois de plus, que le Symbolisme est un langage universel et universellement valable : le Symbole est le langage privilégié des diverses manifestations de Dieu ; le Symbole est le langage même de Dieu (8). En tant que tel, il est sacré.
 
(7) Ceci devait être le titre (« Tradition Primordiale et Forme Particulières ») d'un recueil posthume d'articles de René Guénon, recueil projeté par Michel Vâlsan, mais qui à la suite de diverses intrigues (en 1962) n'a jamais pu voir le jour.
(8) Ceux qui ont tant soit peu étudié les divers textes sacrés, notamment la Bible, ne nous contredirons pas !
 
Ainsi, la Vierge Noire, étant sacrée (et non « paienne », et non d'origine idolâtre) peut sans inconvénient être « récupérée » par une Tradition authentique comme le Christianisme à son avènement. Si le peuple a respecté les statues dites « Vierges Noires » et leur a même voué un culte (culte qui se poursuit toujours à l'heure actuelle), – pour les raisons évoquées plus haut –, c'est que, dirons nous au risque de nous répéter, les Sages de l'Eglise Catholique, eux, connaissaient le sens universel du Symbole et, le trouvant en connaissance de cause compatible avec le Christianisme, - par la parenté effective de toute les Traditions authentiques – l'ont, non seulement respecté, mais adopté, christianisé, et donc particularisé : passage de la Tradition en général à une Forme traditionnelle particulière.
 
Pour cela, il fallait (nous insistons sur l' « imparfait ») évidemment une autorité ésotérique capable d'apprécier ce qui, dans un « objet de culte », était traditionnel ou non, sacré ou non, symbolique ou non. Telle était la Science des représentants authentiques de la Tradition Chrétienne, à l'époque où celle-ci était en pleine possession de son savoir ésotérique.
 
 
***
 
La négligence de ce Savoir (i.e. Le Symbolisme), ou pire, la perte de ce Savoir, est le début fatal d'un amoindrissement puis d'une décadence, (nous ne disons pas qu'il en est la cause, mais il en est à coup sûr le signe précurseur) : quand une Eglise commence à ne plus comprendre le propre langage de la Religion qu'elle a la charge de dispenser, on peut être sûr qu'elle est sur la pente fatale de la dégénérescence. Alors, au langage symbolique – seul expression adéquate des Mystères – que l'on ne comprend plus, se substituent les platitudes désolantes du langage exotérique commun, puis du langage moral, puis enfin social et politique, et l'on ne connait et ne dispense plus, alors, que le sens le plus bas, le plus grossier et le plus littéral de la Religion, c'est à dire qu'on la vide de son sens, de sa flamme, de sa vie. Et c'est ainsi que certains, sans vergogne -et bien que membre de l'Eglise - en arrivent à faire du Christ un agitateur politique, un révolutionnaire, voire un « hippy » ou un drogué (9)... Extirper le symbole de toute expression traditionnelle (doctrinale aussi bien que rituelle), c'est « profaniser » le langage religieux ; et la « profanisation » mène directement à la « profanation » : le mépris du symbole, sa non-compréhension ou son refus constituent déjà en eux-mêmes un véritanle sacrilège ; c'est vouloir rabaisser le langage même de Dieu à la parole des hommes, du vulgaire. Quoi d'étonnant, alors, à ce que les plus vulgaires – qui, comme par hasard, sont ceux qui crient le plus fort et donc se font le mieux entendre – fassent des paroles du Christ (oubliant vite, malgré leur protestations hâtives, qu'il est tout de même Fils de Dieu) un discours politique, utilitaire, moralisant, voire « révolutionaire » au sens le moins spirituel possible ?!... Et pourtant son « Royaume n'est pas de ce monde » !
 
(9) Tout le monde se croyant autorisé à parler de tout, on a même entendu récemment certains hurluberlus (dont les mass-media recueillent complaisamment les propos sacrilèges) avancer la thèse d'un Christ homosexuel, d'autres d'un Christ marié, d'autres encore – ainsi tel ancien prêtre actuellement marié – d'un Christ ayant des « frères », niant ainsi sans vergogne le Dogme de l'Immaculée Conception...Que ces misérables cuistres se mettent au moins d'accord entre eux !...
 
N.B. Parmi les Vierges Noires dont la dévotion est encore attestée de nos jours, nous citerons, entre autres :
 
  • la Vierge Noire du Puy en Velay (pélerinage en août)
  • la Vierge Noire de la Chapelle Sainte Marie, à Cologne (pélerinage en septembre)
  • la Vierge Noire souterraine de Chartres
  • la Vierge Noire de la Chapelle St-Victor à Marselle
  • la Vierge Noire de l'église de Guéodet à Quimper
  • la Vierge Noire de la Basilique de Montserrat (Catalogne)...etc...
  • la Vierge Noire d'Einsiedeln (à Notre Dame des Ermites, en Suisse) [en Août]
  • la Vierge Noire de Czestochowa (Pologne)
  • -la Vierge Noire de Roc Amadour, très ancien lieu de pélerinage... etc...
  • PS : nous avons gardé en réserve d'autres considératons plus ésotériques concernant notamment le rapport entre le Culte des Vierges Noires et le pélerinage des Saintes Marie de la Mer,en Provence, en relation avec le symbolisme de la Déesse Kali...
 
août 1977 – 15 avril 1978
Jean Foucaud
 
 
     

    mardi 20 novembre 2018

    Armand Robin – Le programme en quelques siècles (1945) - Introduction de J.F.


          

         
      Si l'on se reporte au tome XIII du Journal Littéraire de Paul Léautaud, paru au Mercure de France  (1962),p.250, Louis de Gonzague Frick lui parle " d'un tout jeune poète, Robin, absolument remarquable".

     Piqué par la curiosité, nous avons voulu en savoir plus. Et nous n'avons pas été déçu, que ce soit par la vie ou par  l'oeuvre poétique de ce jeune Armand Robin.

     C'est un vrai breton bretonnant, ayant parlé le breton avant le français, né en 1912 et décédé fort jeune en 1961.

     Il sera élève au prestigieux Lycée Lakanal de Sceaux, où, en Lettres Supérieures  il aura comme professeur le philosophe Jean Nabert, bien connu des étudiants pour ses deux ouvrages : "Eléments pour une Ethique" et "Le Problème du Mal", devenus introuvables et que tout le monde se disputait dans les années 1960 ...   

     Il présente certains point communs avec Aguéli par ses tendances anarchistes et surtout par un prodigieux don des langues, comme c'est souvent le cas de gens éduqués dans le bilinguisme (dans le cas présent : breton-français) : non seulement il a appris un vingtaine de langues, dont des langues orientales comme le chinois et l'arabe, mais surtout, il a traduit des écrivains et poètes du  russe, persan, finlandais...etc... , langues qu'il avait apprises à l'Ecole des Langues Orientales mais aussi tout seul, car c'est un remarquable autodidacte. Il voyagea   aussi dans les pays respectifs.

      Quant à son oeuvre poétique, nous proposerons à nos lecteurs un court texte  - que nous jugeons prophétique, ou au moins, prémonitoire -  et qui a un accent métaphysique curieusement "guénonien"...


     Ce texte fut écrit il y a 73 ans, en 1945 (année de la parution du "Règne de la Quantité".)...


    J.F.

    PS   "En 1945, Le CNE (Comité National des Ecrivains) ayant eu l'outrecuidance de jouer aux justiciers avec Armand Robin tout simplement parce qu'il n'était pas communiste  et innocent de toute collaboration avec l'ennemi, l'avait inscrit  sur sa liste noire -  , Armand Robin leur envoya une lettre au vitriol dont on ne trouve guère l'équivalent que chez les Hussards, dont Christain Millau ("Au Galop des Hussards", - de Fallois -1999) a écrit l'épopée. Ceux qui n'avaient pas la conscience (de gauche) très tranquille cherchaient à se blanchir en attaquant les autres : la meilleure défense n'est-elle pas l'attaque? ET ceux qui avaient été "résistants " au Café  de Flore (Claude Morgan **), à l'Hotel rue Froidevaux (Sartre et S. de B.) ou réfugié à Carcassonne (Benda)  ou à Nice (Aragon) réclamaient  des peines de morts , d'emprisonnement ou d'indignité nationale ! Les Allemands partis, la Terreur continuait sous une autre forme (5000 condamnations à mort, dit-on, sans parler des femmes tondues !).
    **"Le silence de Giono  fut,  à lui seul,   un crime" (sic!)


    Armand Robin – Le programme en quelques siècles (1945)



      On supprimera la Foi
    Au nom de la Lumière,
    Puis on supprimera la lumière.


    On supprimera l’Âme
    Au nom de la Raison,
    Puis on supprimera la raison.



    On supprimera la Charité
    Au nom de la Justice,
    Puis on supprimera la justice.




    On supprimera l‘Amour
    Au nom de la Fraternité,
    Puis on supprimera la fraternité.




    On supprimera l’Esprit de Vérité
    Au nom de l’Esprit critique,
    Puis on supprimera l’esprit critique.




    On supprimera le Sens du Mot
    Au nom du Sens des mots,
    Puis on supprimera le sens des mots.



    On supprimera le Sublime
    Au nom de l’Art,
    Puis on supprimera l’art.


    On supprimera les Écrits,
    Au nom des Commentaires,
    Puis on supprimera les commentaires.


    On supprimera le Saint
    Au nom du Génie,
    Puis on supprimera le génie.


    On supprimera le Prophète
    Au nom du Poète,
    Puis on supprimera le poète.


    On supprimera l’Esprit
    Au nom de la Matière,
    Puis on supprimera la matière.


    AU NOM DE RIEN ON SUPPRIMERA L’HOMME;
    ON SUPPRIMERA LE NOM DE L’HOMME;
    IL N’Y AURA PLUS DE NOM.
    NOUS Y SOMMES.

    ***

    Armand Robin (1912-1961)Poèmes indésirables (1945)











    mercredi 14 novembre 2018

    Études Traditionnelles n° 463 à 466 (1979)






    463/BURCKHARDT Titus//le retour d'Ulysse
          463/CONRAD A. et BORELLA J.//L'Unité transcendante des Révélations selon Nicolas de Cues
          463/DELADRIERE Roger//Nécrologie : Cheikh Abd-el-Halim Mahmud
          463/SCHAYA Léo//la Chute d'Adam
          463/SCHUON Frithjof//le sens du Sacré
          464/CONRAD A. et BORELLA J./L'Unité transcendante des Révélations selon Nicolas de Cues
          464/PALLIS Marco//le Nembutsu en tant que Ressouvenir
          464/RESTANOUE Emile//Temps cyclique et Temps rectiligne
          464/SCHUON Frithjof//Conséquences découlant du mystère de la subjectivité
          465/PALLIS Marco//Le Nembutsu en tant que Ressouvenir
          465/SCHAYA Léo//la Fonction Eliatique
          465/SCHUON Frithjof//Refuser ou accepter le Message
          465/ZUFFEREY Abbé Gilbert//le Corps Eucharistique
          466/IBN AJIBA Ahmad/MICHON Jean-louis /Deux traités sur l'unité de l'existence
          466/KRAFFT Charles//Sanctificetur nomen tuum
          466/SCHAYA Léo//Le retour de l'homme à Dieu
          466/SCHUON Frithjof//Refuser ou accepter le Message


    Études Traditionnelles n° 459 à 462 (1978)

    Ojibway (1901)





    459/GRISON Pierre//la Conque et la Cloche

          459/MICHON Jean-Louis//La Grande Médecine des Ojibways

          459/SCHAYA Léo//La Chute d'Adam 

          459/SCHUON Frithjof//l'Énigme de l'Épiclèse

          460/BORELLA Jean//Du mystère des plaies du Christ

          460/MICHON Jean-Louis//la Grande Médecine des Ojibways 

          460/SCHAYA Léo//la Chute d'Adam 

          460/SCHUON Frithjof//I1 n'y a pas de droit Sacré à l'absurdité

          461/BENOIST Luc//l'Oeuvre de Frithjof Schuon

          461/CANTEINS Jean//A propos des Sigles coraniques

          461/MICHON Jean-Louis//La Grande Médecine des Ojibways

          461/SCHAYA Léo//la Chute d'Adam 

          462/GRISON Pierre//Nécrologie : Mohammed Hassan Askari

          462/LIPSZYC Elisheva//Révélations de Métatron

          462/MICHON Jean-louis//la Grande Médecine des Ojibways 

          462/SCHAYA Léo//La Chute d'Adam 

          462/SCHUON Frithjof//Nature et rôle du Miracle

    lundi 5 novembre 2018

    Jeff Kerssemakers - A propos de la "lumière bleue" - Note de lecture






    Note de lecture
     
    Il y a peu de temps a eu lieu un échange de textes se proposant de dénoncer chez Michel Vâlsan une « erreur » de traduction dans un texte du Shaykh al-Akbar, Ibn Arabi . Dans un contexte qui parlait du Prophète, il avait rendu par « lumière bleue » des mots du texte arabe qui disaient plutôt « une lumière brillante » ou étincelante, selon les linguistes improvisés .
     
    Au lieu d’être très contents d’avoir trouvé une « erreur » dans les écrits du Maître, ils auraient pu se poser la question : « Pourquoi traduire ces mots où le « bleu » ne figure pas effectivement, par « lumière bleue » ?
     
    Monsieur Charles-André Gilis a répondu : « C’est un secret initiatique . C’est laconique, efficace et ne demande point de justification ou d’explication plus nuancée .
     
    En consultant les données ésotériques de différentes traditions toujours bien vivantes aujourd’hui, il y a peut-être une réponse plus éclairante à trouver pour ce problème .
     
    En premier lieu la tradition islamique . En 1982 j’ai rencontré à Damas le Shaykh Al-Boutti, surnommé Shaykh Ramadhân, dont la réputation de ‘Arif bi-Allâh (Connaissant par Allâh) était bien établi .


    Contrairement à ce qu’affirme de lui Monsieur Slimane Rezki, il était Shaykh de la tarîqah Naqshbandiya et, fait assez rare, il rattachait aussi des femmes à la tarîqah. Mon épouse a été rattachée par lui à l’époque et ainsi j’ai pu prendre connaissance des conditions et des modalités du rattachement naqshbandi . A l’occasion d’un de nos entretiens, j’ai posé la question à Shaykh Ramadhân : « A quoi peut-on reconnaître une vision du Prophète comme véridique ? » Il me répondit : « A la lumière bleue ».
     
    Ceci devrait suffire pour expliquer la traduction que Michel Vâlsan a jugée bon de nous proposer, mais il y a d’autres témoignages .
     
    Pour la tradition hindoue il y a un disciple de Ramana Maharshi, du nom de Punjâ, que Monsieur Eric Sablé a rencontré en Inde . Punjâ lui disait que pendant la plus profonde méditation qu’il a pu réaliser, il était entouré d’une lumière bleue d’une beauté surnaturelle, impossible à exprimer par des mots …
     
    Quant à la tradition chrétienne, il y a Maître Eckhart qui dit dans  un de ses sermons que, au moment du détachement (abgeschiedenheit) parfait, la déification est illuminée d’une couleur bleue .
     
    Dans la Philocalie de l’hésychasme russe, on trouve ce texte d’Evagre le Pontique : « Lorsque l’intellect a déposé le vieil homme et que la Grâce l’aura revêtu de l’homme nouveau, il verra son état, au temps de la prière (de Jésus), pareil à un saphir et à la couleur du ciel .
     
    Les correspondances entre le Prophète de l’Islam et la Vierge Marie du Christianisme sont bien connues : Le Prophète intercède pour tous les croyants le Jour du Jugement, alors que la Vierge Marie retient le Bras Vengeur de son Fils . Il est bien connu aussi, que la Vierge Marie est presque toujours représentée avec un manteau bleu .
     
    Pour terminer avec une référence à René Guénon, dont Michel Vâlsan était l’ardent défenseur, un frère m’a confié que dans les années quatre-vingts dix il a vu René Guénon en rêve assis dans un fauteuil, alors que lui-même était assis par terre devant lui. Quand René Guénon se mit à parler, il le voyait comme resplendissant d’une couleur bleue intense et d’une beauté impressionnante . Le fez qui le couronnait était, lui aussi, d’un bleu merveilleux .
     
    Voilà qui peut établir que Michel Vâlsan avait une raison valable pour traduire le texte en cause par « lumière bleue » .
     
    Jeff Kerssemakers
    Octobre 2018

    mardi 18 septembre 2018

    Jean Foucaud - LE MUSULMAN RUSSE - Gregory Nicolaiëvitch GORTCHAKOFF (1904 ? - 1995)





     




    LE MUSULMAN RUSS​E

    Gregory Nicolaiëvitch

    GORTCHAKOFF (1904 ? - 1995),

    (Abdel Malek , de son nom islamique)


     
                                           &&&&&&&&&&


             C'est  par un heureux hasard que grâce à   MM. Abdel-Kader Klibi  et Abdel-Majid Zekri (guénonien de longue date)  nous avons entendu parler pour la première fois de G.N. Gortchakoff, il y a environ une dizaine  d'années.


          Leur rencontre avait eu lieu après-guerre, à la Marsa (ou au palais de l'ex-Bey) quand ces jeunes  gens avaient une  vingtaine d'années – donc vers 1951, 52...C'était un homme d'âge mûr, d'origine russe, hébergé au palais du Bey, un être original, inclassable, féru d'intellectualité, qui leur parla de...René GUENON. Comme beaucoup de gens qui avaient lu Guénon, Gortchakoff est  venu à l'islam, aidé par son amour du pays et sa connaissance de la langue arabe :( on a dit qu'il connaissait  une quinzaine de langues! )



          Pour nous cette information était doublement intéressante : d'abord à cause de la personnalité insolite de Gortchakoff, et surtout parce que nous y avons vu encore un exemple inattendu du rayonnement intellectuel de Guénon jusqu'en Berbérie !  Il y a déjà eu beaucoup d'articles ,voire de thèses (« Influence métaphysique sur la vie littéraire française »;.etc – Paris, 2005) sur la question, mais les chercheurs se bornaient généralement à la sphère francophone et peu  à la qualité de musulmans convertis par la lecture de Guénon... 
        

                Manquant de précisions sur ces souvenirs remontant à plus de 50 ans auparavant, malgré la bonne volonté de mes « informateurs », nous avons entrepris à Paris des recherches qui n'ont pas abouti jusqu'à ce que j'obtienne la collaboration précieuse d'un jeune architecte tunisois (qui ne veut pas être cité, mais je serai  quand même amené à le faire!) .

               Il m'a donc procuré non seulement des références bibliographiques rares mais, encore mieux, la photographie de la tombe de M.Gortchakoff, où apparaît sans ambiguité sa qualité de musulman, comme on pourra le constater.


    &&&&&&&&


                   Nous userons avec prudence d'une première source bibliographique russe, traduite hélas dans un français abracadabrant, parfois incompréhensible, parfois hilarant, farci d'interpolations; sans doute le résultat d'une machine à traduire ou d'un logiciel datant de la dernière guerre! Mais pour l'instant, nous ne pouvons faire le difficile  et « faute de grives , on se contente de merles »...-  Auteurs : Marina Panova, et Nathalie  Gladilina-Shoma:


    « Georges Gortchakoff: Le Secret du Marabout pieux » -sur la vie et l'oeuvre du secrétaire [de] Sergeï Prokoviev. » *

             Essayons de remettre en ordre les données enchevêtrées de ce premier document.


    Nous apprenons (sous toute réserve) que  Gortchakoff est un marin russe, échoué à Bizerte vers 1939, officier perdu de l'escadre russe en exil au moment de la guerre (1).


    Il serait né en Bessarabie (actuellement, République de Moldavie, roumanophone) vers 1902 ou 03; or, plus loin  dans le texte, on nous dit qu'un concert a été donné à Tunis en son honneur en 1984, pour son 80ème anniversaire!


          Gortchakoff a  reçu une bonne éducation : il a appris le grec , le latin et le français, auquels on peut ajouter vraisemblablement : le russe, le roumain et sans doute l'allemand et l'anglais ...en attendant mieux.(2). Son éducation musicale n'a  pas été négligée non plus et lui permettra plus tard de donner des concerts publics ,sans  parler de la composition (il a composé 32 sonates pour piano), talent attesté jusque sur sa pierre tombale, au  cimetière de Gammarth, dans le carré réservé aux Beys de Tunis. Il apprécie particulièrement Scriabine (1872-1915)(3).


           Revenons quelques années en arrière : dans  les années 30, il est à Paris, secrétaire de Prokofieff (1891-1953) : ce dernier lui fera une impression extraordinaire (« électrique »!), ainsi que sa musique, dont  on retrouve une coloration dans les sonates  composées par Gortchakoff.  Anecdote : il raconte que Prokofieff fréquentait l'Eglise de la Christian Science (cf. RG, « le Théosophisme », p.261) , tous les samedis matin jusqu'en 1934, date de son retour en URSS.


               Reprenons maintenant le cours mouvementé des tribulations gortchakoviennes. Selon l'article publié sur internet en 2010, il aurait débarqué à Bizerte  en 1939...


               Le document dont nous empruntons quelques données, pas avare d'anachronismes incohérents, prétend que  Gortchakoff à peine arrivé à Bizerte en 1939 (est-ce une faute de frappe? 1929 conviendrait  mieux) se rend à Marseille! Ce serait donc pour aller en France et rencontrer Prokofieff dont il est admirateur depuis longtemps . Mais ça serait trop simple ,car, sans vergogne, les auteures du document écrivent qu'arrivé à Tunis (on croyait que c' était Bizerte, puis Marseille et enfin Paris ??!!), il est embauché au Service du Renseignement  de la Résidence française pour intercepter les messages radios ennemis (ce qui se justifie par son don des langues, et prouve qu'il connaissait bien l'allemand ), mais ces choses -là n'ont pu se produire qu'à son retour de France, ou alors , on n'y  comprend plus rien , une fois de plus !


           En tout cas, au début de la guerre de 40, pendant le raid aérien des Italiens et des Allemands sur Tunis, Gortchakoff s'est caché puis sauvé sur une plage déserte (Gammarth? -mais il y a bien  20 kms de Tunis à cette ville côtière du nord) où il a vécu dans un cabane pendant des années ,(environ de 1940 à 1949?) alimenté par ses voisins tunisiens  qui nourrissent volontiers ce « demandeur d'eau » (sic – où vont-elles chercher tout ça ?!) , apprécié ensuite comme « chercheur d'eau » (re-sic); peut-être  était-il sourcier ?! Essayons d'avancer dans ce galimatias...


    Sa situation précaire parvient jusqu'au Bey qui l'invite au Palais (à la Marsa) et lui accorde la citoyenneté (sic!) (4)


    * exemple d'aberration : le nom d'un certain monsieur « More » (écriture russe) est compris par la machine comme « moor » en anglais, et transcrit pas « Mer »  en français, ou « Mère » (la mère ?) ou encore : MER ou tout simplement « mer »  (l'océan)! Mais le bouquet est atteint quand le logiciel traduit froidement  « mer » par « Sea « ; ainsi, on arrive à un monsieur Sea (anglais ?), alors qu'il s'agit de Serge Moreux; discographe bien connu, comme nous avons réussi à l'établir après bien des recherches. Alors qu'il y a tant de bons traducteurs qui ne demandent qu'à travailler.


    (1)Ce qui est curieux, c'est que Guénon, dès 1929 , dans un lettre à Guido di Giorgio, parle  d' « un officier de marine  qui est à Bizerte et qui est intéressé par les questions islamiques »..Il ne peut s'agir du même ; à moins que Gortchakoff ne soit arrivé à Bizerte dès  ou avant 1929 pour repartir à Paris ,où il fréquentera d'ailleurs Serge Prokofieff, (là, les dates coincident, d'autant plus que la diaspora russe en Tunisie, et d'abord à Bizerte, se situe dans les années 1922  à 25 – cf. le témoignage d'Anastasia Manstein-Chirinsky (1912-1997), dans « Jeune Afrique » de 2009, témoignage recueilli par Ridha Kéfi )- voir en annexe


    (2) Si l'on nous permet cette référence personnelle, ceci rappelle ce que nous avons dit d'Aguéli, dans notre article sur « le Don des langues ».


    (3)Scriabine s'intéressait à la théosophie et il aimait tellement la philosophie orientale  qu'il ira jusqu'aux Indes; ceci explique l'inspiration  et le titre de certaine de ses sonates(« la Sonate métaphysique » [n°2 en sol # mineur]; « poème de l'Exstase »...etc).


    (4)Nous doutons fort que le Bey accorde  aussi rapidement la citoyenneté tunisienne ; il ne peut s'agir que d'un permis de séjour ou alors du tout nouveau passeport Nansen pour apatride (?). - On verra plus loin que la chose n'a pas dû se faire...


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             Gortchakoff aurait résidé au Palais du Bey à Khereddine (station  toujours actuelle du tram TGM)  . Là, nouvelle incroyable (mais on commence à s'y habituer), il reçoit illico presto le grade de Colonel du Bey (on se croirait dans la célèbre BD de Hergé !); mais, d'après nos renseignements, ce n'est pas un grade militaire effectif, il n'a de pouvoir que dans le palais du Bey .Et puis  n'oublions pas qu'il est déjà officier de marine dans la Marine Royale russe blanche ( d'avant les bolcheviques).
    On croit savoir, par d'autres sources orales beaucoup plus fiables, qu'entre 1950 et 55, il vivait dans le pavillon d'un autre  Palais du Bey , à la Marsa.
    En 1949, il est si bien intégré, qu'il se dit « complètement aborigène »; il proclame même la supériorité de la musique arabe sur la musique occidentale et soutient fermement la volonté d'indépendance de la Tunisie, qui était un Protectorat, mais un protectorat sans initiative, maintenu dans un tutelle ridicule et dont les droits étaient constamment spoliés par les Résidents échappant au pouvoir du gouvernement de Paris. On sait les tristes souvenirs qu'a laissés un prétentieux incompétent du nom  de Hautecloque ( dont on  a pu dire de lui qu' « il était tellement bête que même ses hommes s'en étaient aperçus « !) (5) : il sera la cause de bien des assassinats crapuleux perpétrés par la Main Rouge, avec la complicité de la police française et son accord tacite, au point qu' à Paris le Ministère commença à s'inquiéter sans arriver à le destituer , vu ses appuis  de la part du lobby « pied noir » tunisien, qui, sans être aussi puissant qu'en Algérie, faisait encore la pluie et le beau temps .


    .              On suppose que c'est de ce moment-là que date sa conversion à l'Islam (chose qui n'intéresse guère les biographies-amateurs improvisées!). Autrement , on ne comprendrait pas qu'il ait été embauché par le Bey pour diriger l'éducation de ses deux neveux, notamment Rashid. En tout cas, la coïncidence nous paraît plausible, en l'absence de tout autre indice.



                  En 1953, Gortchakoff entreprend une biographie de Prokofieff  qui vient de décéder en Russie .Il fera même une conférence à Tunis sur son Maître . Entretemps, il  écrit des poèmes en français (et en arabe -?-);Vers 1964, son élève Rashid lui offre un chambre et un piano dans le palais de son beau-père à La Marsa. Là ;il compose et enseigne la musique. Il noue des relations avec le Père blanc Jean Ferron (1910-2003), directeur du musée de Carthage/Birsa . En 1967, il comptait aller en URSS pour jouer une composition en l'honneur de la Révolution; mais on lui refuse un visa. Il s'avère qu'il n'a pas de passeport : « la France, la Tunisie  et l'URSS étaient  prêtes à lui offrir la citoyenneté, mais aucune d'elle ne lui convenait » (document Panova, p. 11 de la transcription par logiciel) Resté à Tunis, il donne des conférences sur les traditions musicales des républiques musulmanes d'URSS .On sait que Gortchakoff n'aimait pas la musique « dodécaphonique « ou concrète : il aimait trop Bach et la musique religieuse russe .


               Inquiet pour le sort posthume de ses archives (écrits, partitions...), il décide de tout transférer à la Bibliothèque Nationale de France, au fonds russe Nadia Boulanger.


              Gregory Nocolaïevitch Gortchakoff est décédé le 16 mars 1995. Il a   été enterré par son élève Rashid au cimetière de Gammarth. Sur sa pierre tombale, on remarque une inscription en arabe comme on le fait pour tout Musulman, et en dessous,  3 lignes en russe que le graveur tunisien a eu du mal à écrire, car il y a plusieurs fautes de russe ! (voir ci-dessus)


                Les auteures terminent ainsi : « L'étude de la créativité (sic !) Gortchakoff commence seulement. Aujourd'hui, le voile entourant le mystère du « pieux marabout », n'est que légèrement entrouvert, il reste à le résoudre ».


                 On croit comprendre que la conversion  de cet homme exceptionnel  a l'air gênante pour ses biographes russes et qu'on préfère ne pas trop en savoir  à ce sujet !Il est vrai que les Catholiques orthodoxes russes tiennent beaucoup à leur religion (il n'y a qu'à voir l'exemple du Président Poutine).  Dans nos recherches, nous ne trouvons qu'un prince russe dans la longue dynastie des princes russes  issus de l'union avec les princes Volkonsky, et qui serait musulman; il s'agit du Prince Mohamed Ben Halim d'Egypte (1897-1970, alias Prince Mohammed Sa'id Halim, ayant  épousé une princesse Elena Vadimovna (1924-...). Quant aux homonymes, il semble que Gortchakoff n'ait pas été apparenté à la haute noblesse russe, étant plutôt  un hobereau, si l'on peut dire : il y a eu des confusions à ce sujet. ...


                Mais pour nous, ce personnage est doublement intéressant : il connaît Guénon et se convertit à l'Islam.  , ce qui n'est pas une chose courante dans les années 40. Et il a l'air tout à fait acquis à la culture arabo-musulmane. Nous n'avons pas non plus réussi à savoir s'il était membre d'une Loge.    


                   Il faut dire que la Tunisie, terre d'invasions depuis des millénaires, a toujours été une terre d'accueil et a encore gardé son esprit d'ouverture, surtout vis à vis de l'occident et notamment de la France.




    *Annexe 1 : les sources:


    -A part Mmes Panova et Gladilina-Shoma que nous avons citées abondamment(qu'elles soient ici remerciées), il y a l'ouvrage de Mme Makhrova: « Ma Tunisie : la Manière russe – 2002.
    Il y a également Makhrov K. : « En mémoire de Gregory . Nik Gortchakoff », dans la revue : « la Pensée russe » n° 4084 -  29 juin /5 juillet - 1995     -on peut consulter le Fonds russe Nadia Boulanger (déjà cité) à la BNF.


    Il y a aussi le fonds Serge Moreux, correspondance entre Prokofieff et Gortchakoff.


    - « Les Russes à paris » -1919/1939, par Hélène menegaldo, Ed. Autrement, 1998


    -La Bibliothèque russe Tourgueniev, à Paris.


    Eventuellement, la thèse d'Alexandre Jevakhoff  et le livre de Nina Berbérova : « les Francs-Maçons russes du XXè siècle »/Actes Sud,1990, qui ne cite pas une seule fois le nom pourtant assez courant en Russie de Gortchakoff.



    *Annexe 2 : Signalons l'interview dans la Revue Jeune Afrique de  déc. 2009, juste avant son décès à 97 ans de Mme Manstein -Chirinsky, qui avait connu le débarquement de l'escadre russe rescapée des Bolcheviks, en 1921 quand elle avait 9 ans... 


    *




    NB  Nous ne savons toujours pas si Gortchakoff a eu une descendance ;  quoi qu'il en soit , nous avons découvert un homonyme  maçonnique qui annonçait  dès 2006 (chez l'éditeur Dervy) un ouvrage à paraître et qui ne parut jamais (?) : il signait Michel GORTCHAKOFF !


         Le titre en était : « la Sainte Arche Royale,  déclinaison de la Parole Perdue. ».
    En fait, il aurait été publié à compte  d'auteur en 1994 (donc bien avant 2006)   et republié en 2010 par  la Collection Magie du Livre.


        Entretemps , le titre semble avoir été changé , et il s'agit de : »Le Rite d'York de Nova Scottia ,( G%L% Pr% du Canada)  à la GLNF, toujours par le Dr Michel GORTCHAKOFF.


    A moins qu'il ne s'agisse d'un 2è ouvrage ...        


    (5)cf. Ce que dit de lui l'historien Charles-André Julien , »Et la Tunisie devint indépendante »,pp.34 à 39   + la note 5 p.35 , passim


    PS:Je dois l'iconographie de cet article à l'obligeance de M.Adnen Ghali.


    Portrait de G.N.Gortchakoff. (ra)