jeudi 23 août 2012

Émir Abd El-Kader – Celui qui a tiré pour vous de l’arbre vert un feu.




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Celui qui a tiré pour vous de l’arbre vert un feu  (1).
 
Ce verset est destiné à attirer notre attention (litt. : « à nous faire faire une halte », tawqîf) sur la perfection de la Puissance de Dieu et sur sa Sagesse admirable. Car Il fait surgir – exalté soit-Il – les choses de leurs contraires (2), comme Il les dissimile dans leurs semblables (3), tant et si bien que nul ne s’élève sans Dieu, ni ne prend d’autre direction que Dieu.
 
Du végétal qui est de nature froide et humide, Il fait sortir le feu, qui est de nature chaude et sèche. Aussi est-ce avec raison qu’on a pu définir le nom divin al-Latîf (le « Bienveillant », le « Subtil ») comme étant « Celui Qui dissimule les choses dans leurs contraires » (4). C’est pourquoi, lorsque Dieu dissimula [au Prophète] Joseph (5), au sein même de son esclavage, la régence du Royaume [qui lui était destiné] (6) celui-ci s’exclama [lors de la réalisation de son rêve] : En vérité mon Seigneur est Bienveillant en tout ce qu’Il veut (7). Dieu veut attirer l’attention de Ses serviteurs [sur cette réalité] afin qu’ils ne s’arrêtent pas à l’apparence des choses, ni à leur forme, ni à ce que leur nature semble devoir [leur] donner et afin qu’ils ne se reposent pas sur leur science, leurs œuvres ou leur état du moment. Car il convient de se défier et de ne pas se reposer sur toutes ces choses qui ne diffèrent en rien du reste des créatures ; Dieu peut, en effet, produire à partir d’une forme ou d’une créature particulières l’effet contraire à celui qui leur est d’ordinaire attaché. Cela afin qu’ils sachent bien que Dieu est le Seul Créateur et le Seul à ordonner [l’Univers] (8) sans que Ses actes dépendent en rien des causes ordinaires et rationnelles (9). Dieu œuvre, s’Il le veut, en présence de ces causes par un effet de Sa Sagesse ou, s’Il le veut, en l’absence de ces mêmes causes, par un effet de Sa Puissance. Car Il est Celui Qui fait ce qu’Il veut (10), faisant sortir le « bien » de ce qui est formellement un mal, et le « mal » de ce qui apparaît formellement comme un bien (11), ainsi que vous pouvez fréquemment le constater. Combien de grâces n’a-t-Il pas fait naître de l’épreuve, combien d’épreuves n’a-t-Il pas suscitées à partir d’un bienfait ? Il n’est de Dieu que Lui, le Sage, Celui qui embrasse toute chose !
 
(1) Cor. 36, 80 [al-ladhî ja’ala lakum mina-sh-shajari al-akhdari nâran].
(2) [yakhruju-l-ashyâ’ min ad’dâdihâ]
(3) [yakhfî-l-umûr fî andâdihâ]
(4) [al-ladhî yakhfî al-ashyâ’ fî ad’dâdihâ]
(5) Joseph (en arabe Yûsuf) fils de Jacob (Ya’qûb) est le prophète biblique connu pour avoir été jeté par ses demi-frères (issus d’une autre mère que lui) dans un puits puis recueilli à la cour du Pharaon. Cette jalousie lui valut, en définitive, d’occuper une place honorifique en Egypte où, suite à se prédictions basées sur l’interprétation de rêves, il sauva la contrée, et remplit la fonction équivalente de grand intendant du Royaume.
(6) [akhfâ li-yûsuf al-mulk fî ar-riq]
(7) Cor. 12, 100  [inna rabbî latîfun limâ yashâ’]
(8) [wa hattâ ya’rafû infirâduh – ta’âlâ – bi-l-khalq wa-t-tadbîr]
(9) [Le mot arabe est ‘aqliyah (intelligible) venant de ‘aql (intellect). Et d’un point de vue traditionnel l’intellect ne se confond systématiquement avec à la raison].
(10) [fa-Huwa al-fa’’âl li-mâ yurîd].
(11) [yukhriju al-khayra mimmâ sawwartahu sharran, wa yukhriju ash-sharra mimmâ sawwartahu khayran].
 
[Émir Abd El-Kader, Kitâb al-Mawâqif, Mawqif 10, traduit et annoté par A. Penot dans Le Livre des Haltes, éd. Dervy, p.173-174, Dans les notes hors du texte de traduction, les parties entre crochets […] sont celles du blog esprit-universel.overblog.com et consistent le plus souvent en des translitérations à partir d’un texte arabe des Mawâqif ar-rûhiyyah wa-l-fuyûdât as-subbûhiyyah, éd. Dâr al-kutub al-‘ilmiyyah, Beyrouth 1425H/2004]

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