Bismillah
Ar-Rahman ar-Rahim
La
question souvent posée aux pratiquants de la voie naqshbandi est :
quelle est sa spécificité par rapport aux autres confréries ?
Dernièrement,
j’ai même vu une interview où cette question était posée
à un élève se réclamant haut et fort naqshbandi , qui répondit :
«c’est le dhikr khafi », « L’invocation intérieure »
sans pouvoir expliquer plus, ce qu‘il ne connaissait visiblement
pas.
En
effet, si l’on développe uniquement l’invocation de façon
extérieure dans des réunions festives on se prive de la disposition
intérieure nécessaire à l’invocation intérieure.
La
pratique du « dhikr khafi » commence en effet
par une « prédisposition » qui conduit à une
« configuration » du cœur progressive afin de le
« prédisposer » à recevoir ces grâces spécifiques du
souffle interne.
Il
est bien entendu qu‘il existe des moments de célébration ou la
joie de louange demande que se manifestent les chants et les
invocations de façon extérieure mais ceci est précisément une
« célébration », un état d’extériorisation de notre
sentiment de louange.
Ceci n’est pas spécifique à la voie naqshbandi mais commun à toutes les confréries et à tous les musulmans
En
ce sens Sheikh Nazim (qad) permit à un certain moment de développer
cette forme d’extériorisation car les disciples n’étaient
plus disposés à recevoir l’enseignement du dhikr khafi. Il
m’expliqua cela un jour quand je m’étonnais devant lui qu’il
n’enseigne plus aux autres ce que j’avais reçu de lui : les
« Lataif » les centres subtils, support de la circulation
du souffle interne selon le « dhikr khafi ».
Il
me dit, « les élèves ne cherchent plus cela ils
ne parlent que de mariage, de travail, de projets, choses
extérieures... »
Bien
sur les anciens élèves naqshbandis ont gardé cette pratique mais
maintenant on voit que cela n’est presque plus transmis et que les
réunions de dhikr sont juste des moments de fête entre frères, à
grand renfort de publicité, de film et de communication à outrance.
Evidemment cela montre au moins une image de l’Islam festive
et paisible - ce qui est déjà quelque chose je le reconnais bien
volontiers.
Mais
cela n’est pas la Voie intérieure, celle de l’initiation... de
l’excellence !
Aperçus
sur Dhikr Khafi pour éviter les contrefaçons grossières
A titre personnel et en accord avec Sheikh Nazim, j’ai choisi d’enseigner ce dhikr Khafi dans les retraites ou « khalwa » car ce n’est pas une simple technique mais aussi une transmission qui doit s’accompagner d’un suivi avec une « prédisposition intérieure » de tout l’Etre.
Pour
en donner simplement une indication et pour ouvrir à son goût
je peux néanmoins ici donner quelques aperçus ce qui permettra au
moins d’éviter à certains de tomber dans des contrefaçons
grossières.
Tout
d’abord il est important de prendre conscience que ce dhikr
fut enseigné par Sayyidina l-Khidr (saw) le prophète vivant depuis
plus de mille ans qui fait le lien entre la Tradition Primordiale et
les différentes traditions. Ce que Sheikh Muhhyyi d-din
confirme. C’est en ce sens qu’il intervient par exemple auprès
de Sayyidina Moussa (Moïse) «saw» dans le Coran au chapitre 18.
Or,
le premier Prophète vivant avant le déluge, est
Idris- Enoch et c’est lui qui est représenté par deux hommes
complémentaires (toujours selon l’enseignement de Sheikh
Muhyyî d-din ) : Ylias (dans son aspect Jalal) qui travaille
avec le feu du ciel et Khidr (dans son aspect Jamal) qui
travaille avec l’eau.
Ces
deux prophètes sont les enseignants des « sciences de la
Vie » (dont le souffle est l’essence).
C’est ainsi que sayyidina l-Khidr enseigna le « dhikr Khafi », sous l’eau à Sheikh ‘Abd al Khâlik al-Khudjuwani (co-fondateur de la voie naqshbandi) .
C’est ainsi que sayyidina l-Khidr enseigna le « dhikr Khafi », sous l’eau à Sheikh ‘Abd al Khâlik al-Khudjuwani (co-fondateur de la voie naqshbandi) .
Ceci
est un point important pour prendre conscience du niveau où l’on
se situe.
Car
il s’agit en fait de la science du souffle interne dont l’un des
effets de confirmation est la capacité de rester sous l’eau
plusieurs
heures
jusqu’à ce que le souffle devienne uniquement intérieur et
permette ensuite des états extatiques contemplatifs. Dans cet
état non seulement le souffle s’arrête mais le cœur aussi.
Il
est bien connu dans la vie de Sheikh Abdallah al Fâiz Ad-Daghestani
«qad» qu’il restait des jours voir des semaines dans un état
où son cœur s’arrêtait.
La
première fois que sa femme le découvrit ainsi elle se précipita
vers Sheikh Sharafu-din (son Sheikh) pour lui dire « mon époux
est mort ! »…mais Sheikh Sharafu-d-din (qad) se mit à rire
et lui dit : « non ! Ce n’est pas ce que tu
crois…il est en contemplation».
En
lisant ces lignes certains vont dire : cela est un cas
particulier, c’est un chemin inaccessible. !
Faux !
Ceci est le chemin naqshbandi véritable et à toutes époques il
existe des grâces qui conduisent à cet état. A ce jour j’ai
connu d’autres cas similaires toujours vivants dans différents
pays du monde.
Bien
sûr, il existe différents degrés de contemplation mais comme
dit un proverbe chinois « mille kilomètres commencent par un
pas ».
Dès
les premiers pas, il y a une extraordinaire joie à percevoir le
souffle interne comme manifestation de Ruh Ilahiyya (Esprit divin).
S’il
existe une chaine de transmission c’est pour que la grâce divine
nous conduise sur ce chemin -à condition- que nous nous
prédisposions convenablement à la recevoir avec les
prérequis.
Il
s’agit : d’une attitude conduisant le regard à l’intérieur
(incompatible
avec les extériorisations bruyantes, tapageuses et narcissiques).
il
s’agit d’une prédisposition à la retraite dans le jeûne et le
silence, il s’agit enfin d’être dans le compagnonnage de ceux
qui en ont reçu l’enseignement et qui acceptent de le transmettre
(à ceux qui sont mûrs)
L’enseignant
est là non pour devenir une idole que l’on craint à cause d’une
fonction (souvent
abusivement créée) mais pour aider
l’élève à se libérer des conditions d’emprisonnements créées
par son âme. Il aide à « tazkiyat an naffs » cette
purification de l’âme qui est le premier pas. Puis il
le conduit à « la mise sur orbite »
Ceci
n’est pas une simple image mais une expérience très
pratique et réelle. En effet au début l’élève est guidé à
travers une circulation du souffle externe en relation avec les
centres subtils qui sont les lieux d’ouvertures et de stockage de
l’Energie-lumière.
On
se souvient sans doute comment Khawja Baha ud-din Naqshband (qad)
transpirait en hiver quand il pratiquait le « dhikr khafi ».
Ceci est un phénomène bien connu des pratiquants du souffle
interne. C’est une phase de la pratique qui donne une
indication sur la circulation de l’Energie-lumière interne.
Car il s’agit bien d’un mouvement de cette Energie-lumière circulant à travers les centres subtils d’une façon continue jusqu’à faire naître l’embryon d ‘or.
Le
grand Sheikh Azizan Ali Ramitani (qad) qui vécut jusqu’à 130 ans
(ce qui est significatif de cette technique de longue vie) fut
lui aussi enseigné par Sayyidina l- Khidr (saw) et il disait que
c’était dans « le secret du cœur » alors ceux qui se
réclamaient du « dhikr khafi » (khafi voulant
dire caché) et qui ne cherchait qu’à être connu, n’était pas
vraiment représentant de cette voie…. « khafi ». !
Il
s’agit d’une voie subtile (latif) tant qu’il y a un son,
la respiration est grossière. Quand la subtilité du centre de
l’être devient consciente, la respiration commence à devenir très
subtile jusqu‘au point de s‘arrêter. Alors le souffle
entre dans l’espace intérieur.
Ceci
est le « wuqquf », la garde du cœur. Le début du
chemin.
Parler
de la technique plus en avant ne serait d’aucune utilité car la
technique sans transmission et sans compagnonnage ne conduirait qu‘à
des déviations.
Je
souligne simplement que c’est exactement comme une mise sur
orbite avec des étapes bien précises de préparation.
Il
s’agit d’une science de l’alchimie interne en accord avec la
Loi universelle, celle dont parla Idris-Enoch avant le déluge, celle
qui se retrouve au cœur de toutes les initiations véritables en
accord avec la VOIE éternelle, celle dont sayyidina l- Khidr (saw)
est le maître et notre enseignant dans cette Chaine d’Or.
Que
Dieu nous aide à en rester dignes au lieu d’en défigurer la forme
par des extériorisations abusives.
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