jeudi 19 janvier 2017

S.Amanoullah de Vos - Dhikr Khafi - Invocation du coeur






Bismillah Ar-Rahman ar-Rahim


La question souvent posée aux pratiquants de la voie naqshbandi est : quelle est sa spécificité par rapport aux autres confréries ?

Dernièrement,  j’ai même vu une interview où cette question était posée à un élève se réclamant haut et fort naqshbandi , qui répondit : «c’est le dhikr khafi », « L’invocation intérieure » sans pouvoir expliquer plus, ce qu‘il ne connaissait visiblement pas.

En effet, si l’on développe uniquement l’invocation de façon extérieure dans des réunions festives on se prive de la disposition intérieure nécessaire à l’invocation intérieure.

La pratique du « dhikr khafi »  commence  en effet par une « prédisposition »  qui conduit à une « configuration » du cœur progressive afin de le « prédisposer » à recevoir ces grâces spécifiques du souffle interne.

Il est bien entendu qu‘il existe des moments de célébration ou la joie de louange  demande que se manifestent les chants et les invocations de façon extérieure mais ceci est précisément une « célébration », un état d’extériorisation de notre sentiment de  louange.

Ceci n’est pas spécifique à la voie naqshbandi mais commun à toutes les confréries et à tous les musulmans

En ce sens Sheikh Nazim (qad) permit à un certain moment de développer cette forme d’extériorisation  car les disciples n’étaient plus disposés à recevoir l’enseignement du dhikr khafi. Il m’expliqua cela un jour quand je m’étonnais devant lui qu’il n’enseigne plus aux autres ce que j’avais reçu de lui : les « Lataif » les centres subtils, support de la circulation du souffle interne selon le « dhikr khafi ».

Il me dit,  « les  élèves ne cherchent plus cela ils ne parlent que de mariage, de travail, de projets,  choses extérieures... »
Bien sur les anciens élèves naqshbandis ont gardé cette pratique mais maintenant on voit que cela n’est presque plus transmis et que les réunions de dhikr sont juste des moments de fête entre frères, à  grand renfort de publicité, de film et de communication à outrance. Evidemment cela montre au moins une image de l’Islam  festive et paisible - ce qui est déjà quelque chose je le reconnais bien volontiers.

Mais cela n’est pas la Voie intérieure, celle de l’initiation... de l’excellence !

Aperçus sur Dhikr Khafi pour éviter les contrefaçons grossières

A titre personnel et en accord avec Sheikh Nazim,  j’ai choisi d’enseigner  ce dhikr Khafi dans les retraites ou « khalwa » car ce n’est pas une simple technique mais aussi une transmission qui doit s’accompagner d’un suivi avec une « prédisposition intérieure »  de tout l’Etre.


Pour en donner simplement une indication et  pour ouvrir à son goût je peux néanmoins ici donner quelques aperçus ce qui permettra au moins d’éviter à certains de tomber dans des contrefaçons grossières.

Tout d’abord il est important de prendre conscience  que ce dhikr fut enseigné par Sayyidina l-Khidr (saw) le prophète vivant depuis plus de mille ans qui fait le lien entre la Tradition Primordiale et les différentes traditions. Ce que Sheikh Muhhyyi d-din  confirme. C’est en ce sens qu’il intervient par exemple auprès de Sayyidina Moussa (Moïse) «saw» dans le Coran au chapitre 18.

Or,  le premier Prophète vivant  avant le déluge,  est Idris- Enoch et c’est lui qui est représenté par deux hommes complémentaires (toujours  selon l’enseignement de Sheikh Muhyyî d-din ) : Ylias (dans son aspect Jalal) qui travaille avec le feu du ciel et Khidr (dans son aspect Jamal)  qui travaille avec l’eau.

Ces deux prophètes sont  les enseignants des « sciences de la Vie » (dont le souffle est l’essence).

C’est ainsi que sayyidina l-Khidr enseigna le « dhikr Khafi », sous l’eau à Sheikh ‘Abd al Khâlik al-Khudjuwani (co-fondateur de la voie naqshbandi) .
Ceci est un point important pour prendre conscience du niveau où l’on se situe.
Car il s’agit en fait de la science du souffle interne dont l’un des effets de confirmation est la capacité de rester sous l’eau plusieurs

heures jusqu’à ce que le souffle devienne uniquement intérieur et permette ensuite des états extatiques contemplatifs.  Dans cet état non seulement le souffle s’arrête mais le cœur aussi.

Il est bien connu dans la vie de Sheikh Abdallah al Fâiz Ad-Daghestani «qad» qu’il restait des jours voir des semaines dans un état où son cœur s’arrêtait.

La première fois que sa femme le découvrit ainsi elle se précipita vers Sheikh Sharafu-din (son Sheikh) pour lui dire « mon époux est mort ! »…mais Sheikh Sharafu-d-din (qad) se mit à rire et lui dit : « non !  Ce n’est pas ce que tu crois…il est en contemplation».

En lisant ces lignes certains vont dire : cela est un cas particulier,  c’est un chemin inaccessible. !

Faux ! Ceci est le chemin naqshbandi véritable et à toutes époques il existe des grâces qui conduisent à cet état.  A ce jour j’ai connu d’autres cas similaires toujours vivants dans différents pays du monde.

Bien sûr,  il existe différents degrés de contemplation mais comme dit un proverbe chinois « mille kilomètres commencent par un pas ».

Dès les premiers pas, il y a une extraordinaire joie à percevoir le souffle interne comme manifestation de Ruh Ilahiyya (Esprit divin).

S’il existe une chaine de transmission c’est pour que la grâce divine  nous conduise sur ce chemin -à condition- que nous nous prédisposions  convenablement à la recevoir avec les prérequis.

Il s’agit : d’une attitude conduisant le regard à l’intérieur (incompatible avec les extériorisations bruyantes, tapageuses et narcissiques).
 il s’agit d’une prédisposition à la retraite dans le jeûne et le silence, il s’agit enfin d’être dans le compagnonnage de ceux qui en ont reçu l’enseignement et qui acceptent de le transmettre (à ceux qui sont mûrs)
L’enseignant est là non pour devenir une idole que l’on craint à cause d’une fonction (souvent abusivement créée)  mais pour aider l’élève à se libérer des conditions d’emprisonnements créées par son âme. Il aide à « tazkiyat an naffs » cette purification de l’âme qui est le premier pas.  Puis il  le conduit  à « la mise sur orbite »

Ceci n’est pas une simple image mais  une expérience très pratique et réelle. En effet au début l’élève est guidé à travers une circulation du souffle externe en relation avec les centres subtils qui sont les lieux d’ouvertures et de stockage de l’Energie-lumière.

On se souvient sans doute comment Khawja Baha ud-din Naqshband (qad) transpirait en hiver quand il pratiquait le « dhikr khafi ». Ceci est un phénomène bien connu des pratiquants du souffle interne.  C’est une phase de la pratique qui donne une indication sur la circulation de l’Energie-lumière interne.

Car il s’agit bien d’un mouvement de cette Energie-lumière circulant à travers les centres subtils d’une façon continue jusqu’à faire naître l’embryon d ‘or.


Le grand Sheikh Azizan Ali Ramitani (qad) qui vécut jusqu’à 130 ans (ce qui est significatif de cette technique de longue vie)  fut lui aussi enseigné par Sayyidina l- Khidr (saw) et il disait que c’était dans « le secret du cœur » alors ceux qui se réclamaient du  « dhikr khafi » (khafi voulant  dire caché) et qui ne cherchait qu’à être connu, n’était pas vraiment représentant de cette voie…. « khafi ». !

Il s’agit d’une voie subtile (latif)  tant qu’il y a un son, la respiration est grossière. Quand la subtilité du centre de l’être devient consciente, la respiration commence à devenir très subtile jusqu‘au point  de s‘arrêter. Alors le souffle entre dans l’espace intérieur.

Ceci est le  « wuqquf », la garde du cœur. Le début du chemin.

Parler de la technique plus en avant ne serait d’aucune utilité car la technique sans transmission et sans compagnonnage ne conduirait qu‘à des déviations.

Je souligne simplement  que c’est exactement comme une mise sur orbite avec des étapes bien précises de préparation.

Il s’agit d’une science de l’alchimie interne en accord avec la Loi universelle, celle dont parla Idris-Enoch avant le déluge, celle qui se retrouve au cœur de toutes les initiations véritables en accord avec la VOIE éternelle, celle dont sayyidina l- Khidr (saw) est le maître et notre enseignant dans cette Chaine d’Or.

Que Dieu nous aide à en rester dignes au lieu d’en défigurer la forme par des extériorisations abusives.





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