mardi 9 mai 2017

Walid Hasni - Les banques islamiques: La grande hypocrisie





Walid Hasni est Docteur en Economie. Vice-président de l’Institut Tunisien des Relations Internationales







Ce billet a pour objectif de montrer que le fonctionnement de ce qu'on appelle les banques islamiques est quasi-identique au fonctionnement d'autres banques commerciales. Le seul point qui les différencie - et encore - c'est la dimension éthique qu'on peut trouver dans certains placements (exclusion de fait des jeux de hasard, d'alcool...). Mais sur ce qui est de la pratique usurière (taux d'intérêt) la pratique est la même, Les taux d'intérêt pratiqués par les banques islamiques sont même parfois bien supérieurs à ceux des banques commerciales.


Nous montrerons que ce qu'on appelle les banques islamiques ne sont que l'invention de milliardaires qui cherchent à fructifier leurs milliards en promettant le paradis pour leurs clients et l'enfer pour les autres. Pour ne pas compliquer les choses, nous ferons fi de la question de la spéculation - une question assez épineuse - qui fera l'objet d'un autre billet.


Les pratiques des banques islamiques: Quand "l'intérêt" devient le "bénéfice"


  • La moudaraba: permet à un promoteur de mener un projet grâce à des fonds avancés par des apporteurs de capitaux dont la clé de répartition des gains et des pertes est fixée dans le contrat. A priori, cette pratique n'a rien d'illicite, elle est généralement pratiquée par les SICAR (Sociétés d'Investissement à Capital Risque) ou par n'importe quel fond de pension qui prend une participation minoritaire dans une entreprise et délègue la gestion à un mandataire social. Ainsi, cette pratique s'appelle dans le langage courant prise de participation minoritaire sans contrôle de l'entreprise et n'a rien à voir avec une quelconque invention des banques islamiques.
  • Al-Ijar (leasing, crédit-bail): contrat de location avec option d'achat, pratique courante dans toutes les banques et les sociétés de leasing.
  • La mousharaka: Les banques islamiques participent au financement de l'acquisition d'une entreprise. L'essentiel des fonds (90 %) est apporté par la banque et le reste (10 %) par l'investisseur. Le remboursement se fait sur une période assez courte grâce à la remontée des dividendes qui serviront à rembourser le capital et la part des banques dans les bénéfices. La part de la banque dans les bénéfices est fixée à l'avance dans le contrat, donc ce qu'il appelle bénéfice est en réalité un taux d'intérêt déguisé! Cette pratique ressemble comme deux goutte d'eau à la LBO (leveraged buy-out) où l'investisseur crée une Holding (coquille vide), financée majoritairement par crédit, qui prend le contrôle d'une entreprise cible. Les bénéfices de cette dernière (remontée massive de dividendes) servent à payer le capital et les intérêts. La banque islamique se contente dans ce cas de changer le terme "intérêt" par "bénéfice fixé à l'avance".
Question: si le projet ne dégage pas assez de rentabilité pour rembourser le capital et le bénéfice exigé, quelle sera la réaction de la banque islamique? Exactement comme une banque commerciale. Elle essayera par tous les moyens de récupérer ses fonds selon l'ordre établi par la loi.
La mourabaha (la grande arnaque): une double vente, entre un vendeur et un acheteur.


Supposons qu'un Tunisien veut acheter une voiture à 20,000 dinars. Il se trouve face à deux choix.

Premier choix: faire un crédit de consommation à 5% sur 5 ans. Le coût total du crédit serait 25,525 dinars, soit 5,525 dinars d'intérêt sur 5 ans.



Deuxième choix: se rapprocher d'une banque islamique, laquelle va faire l'opération suivante. Elle va acheter la voiture 20 000 dinars, puis elle va la revendre à la personne concernée à 25 525 dinars, qu'il va rembourser sur une période de 5 ans. Le coût total de l'opération est donc de 5 525 dinars. Soit un taux d'intérêt de 5% sur 5 ans.


Ainsi, il n'y a aucune différence entre la première et la deuxième opération. Il s'agit dans les deux cas d'user d'une position de force pour tirer un profit. Dans la pratique, les banques islamiques pratiquent des taux plus usuriers que les banques commerciales.


De grâce, laissez l'islam tranquille


Chose est sûre, l'islam fait vendre. C'est un canal qui rapporte gros. La majorité des banques islamiques sont la propriété des grands conglomérats de la finance mondiale. Bien sûr, toute cette mascarade bénéficie du soutien de savants milliardaires qui officient sur les chaines des monarques des pays du Golfe.


Laissez l'islam loin de votre commerce, L'islam porte des principes nobles aux antipodes de ce monde capitaliste où la notion de profit prime sur toutes les considérations humaines et sociales.


Une finance islamique serait certainement anticapitaliste, anti-accumulation, anti-exploitation, anti-impérialiste.


Laissez l'islam tranquille, et point!



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