ÉPÎTRE ADRESSÉE A L’IMÂM FAKHRU-D-DÎN AR-RÂZÎ
(Risâlatun ilâ-l-Imâmi Fakhri-d’dîni-r-Râzi)
par
Le Cheikh al-Akbar Muhyu-d-dîn Ibn Arabî
(IBN ARABI - Epître adressée à l'Imam ar-Râzî – Traduction et notes de Michel Vâlsan ; Etudes Traditionnelles n° 366-367, Juillet-Août et Sept.-Oct. 1961 ; p. 242).
Au nom d’Allah le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux !
« Louange à Allâh, et salut à Ses serviteurs choisis » (Cor.), ainsi qu’à notre ami en Allah l’Exalté - Fakhru-d-dîn Muhammad, veuille Allah exalter son aspiration spirituelle (himmah) et lui accorder l’effluve (al-faïd) de Sa miséricorde et de Ses bénédictions (1) !
Je louange à ton intention Allah, Lui en dehors duquel il n’y a pas d’autre divinité !
L’Envoyé d’Allah – qu’Allah lui accorde Sa grâce et le salue – a dit : « Quand l’un de vous aime son frère, qu’il le lui fasse savoir », et moi je t’aime.
D’autre part, Allah a dit : « Recommandez-vous réciproquement la Vérité » (Cor.103.3). Or je viens de prendre connaissance d’un de tes ouvrages, et de voir l’assistance qu’Allah t’a accordée dans l’exercice de ta faculté imaginative (al-quwwatu-l-mutakhayyilah) et de ton excellente cogitation (al-fikr). Mais l’âme ne se nourrit pas de ce qu’elle acquiert de ses propres forces, car elle n’y trouve pas la douceur de la générosité et du don divins. Or tu restes ainsi un de ceux qui « mangent de ce qui se trouve au-dessous d’eux », alors que l’homme véritable est celui qui « mange de ce qui se trouve au-dessus de lui », distinction dont parle le verset : « S’ils avaient observé la Thora et l’Evangile, ainsi que ce qui leur a été révélé de la part de leurs Seigneur, ils auraient mangé de ce qui se trouve au-dessus d’eux, aussi bien de ce qui se trouve sous leurs pieds » (Cor.5.66) (2).
Que mon ami sache – et qu’Allah lui accorde une grâce propice – que l’Héritage Parfait (al-Wirâthatu-l-Kâmilah) est celui qui s’étend à tous les aspects (du message prophétique) et ne reste pas limité à une part : « Les Savants sont les héritiers des Prophètes » (Al-Ulamâ’u warâthatu-l-Anbiyâ’, hadîth). Il faut donc que l’homme intelligent s’efforce d’être « héritier » sous tous les aspects, et de ne pas avoir une aspiration incomplète.
Que mon ami sache aussi – et qu’Allah lui soit encore propice – que le mérite de l’élément subtil de l’homme (al-latîfatu-l-insânîyyah) est dans les connaissances divines qu’il porte, et que son démérite est dans ce qui est contraire à cela. L’être doué d’aspiration élevée doit ne pas passer sa vie dans des choses adventices et dans tous leurs détails, car alors lui échappera le lot qu’il a chez son Seigneur. Il doit aussi affranchir son âme du pouvoir de sa cogitation car on sait où puise la faculté cogitative, alors que la Vérité à chercher est ailleurs. La Science au sujet d’Allah (al-Ilmu bi-llâh) est différente de la simple science qu’ « Allah est » (al-ilmu bi-wujûdi-llâh) (3). Les intelligences connaissent Allah en tant qu’Il est (mawjûd) et par mode de négation (des modalités) (min haïthu-s-salb), non pas par mode d’affirmation (de ce qu’Il est en Soi) (lâ min haïthu-l-ithbât). C’est ici la divergence que font l’ensemble des spéculatifs (al-Uqalâ) et des théologiens scolastiques (al-Mutakallimûn) à l’exception d’Abû Hamîd (al-Ghazzâlî) – qu’Allah sanctifie son esprit – car sur ce point, il est de notre côté (4).
Allah est trop majestueux et élevé pour que l’intelligence puisse Le connaître par sa cogitation et sa spéculation. Ce que l’homme intelligent doit faire, c’est de vider son cœur de la réflexion (al-fikr) quand il désire la Connaissance d’Allah par le mode de contemplation (al-muchâhadah) (5).
Aussi l’homme d’aspiration élevée doit-il éviter de chercher son instruction dans le monde de l’imagination (âlamu-l-khayâl), monde qui consiste dans des lumières condensées (anwâr mutajassidah) qui donnent des preuves (indirectes) au sujet des Idées pures (al-M’ânî) situées au-delà, car en vérité l’imagination fait descendre les idées intelligibles dans les formes sensibles, par exemple la Science sous la forme de Lait, le Coran sous la forme de la Corde, et la religion sous la forme du Lien (6).
Il faut encore que l’homme d’aspiration élevée n’ait pas comme instructeur (mu’allim) et témoin (châhid) (7) un être de caractère féminin (mu’annath) attaché à puiser ses connaissances à l’Ame Universelle (an-Nafsu-l-Kulliyyah), de même qu’il ne doit jamais s’attacher à puiser chez un « pauvre » ; et tout ce qui n’a sa perfection que par autre-que-soi est un « pauvre » ; or tel est l’état de tout ce qui n’est pas Allah. Elève donc ton aspiration pour ne prendre une connaissance que de la part d’Allah, et en mode découvert (alâ-l-kachf) ! Il est certain que pour les Maîtres Vérificateurs (al-Muhaqqiqûn) il n’y a pas d’agent autre qu’Allah, et ainsi ils ne puisent leur science que chez Allah, mais (comme l’Acte n’est pas visible) ceci s’entend par « engagement de conception » (aqdan), non par « attestation découverte » (kachfan). Les Gens d’Allah n’ont leur triomphe que lorsqu’ils parviennent à l’Œil de la Certitude (Aïnu-l-Yaqîn) sans rester au degré de la simple Science de la Certitude (Ilmu-l-Yaqîn) (8).
Sache que les spéculatifs (ahlu-l-afkâr), lorsqu’ils ont poussé jusqu’aux extrêmes limites de leurs spéculations sont amenés à l’état du Musulman conformiste et limité (al-muqallidu-l-muçammam), car la besogne serait trop grande pour que la pensée puisse s’y arrêter à quelque moment. Tant que la spéculation subsiste, il est impossible qu’elle se calme et se repose. Les intelligences ont une limite à laquelle elles s’arrêtent en tant qu’elles exercent leur faculté réflexive, mais elles ont en outre un mode de réception de ce qu’Allah leur accorde comme don (9) ; en raison de quoi l’homme intelligent doit s’offrir aux « haleines de la Générosité », et ne pas rester prisonnier de sa spéculation et de son acquisition (hasb) qui le maintiendraient dans l’incertitude.
Or j’ai été informé par l’un de tes frères en qui j’ai confiance, et qui a les meilleurs intentions à ton égard, qu’il t’a vu un jour pleurer, et que t’en demandant la raison, ainsi que les autres personnes présentes, tu leur as répondu : « Il s’agit d’un point de doctrine que je professais depuis trente ans, et qui en ce moment m’est apparu différent de ce que j’en pensais ». Et tu pleuras encore, et ajoutas : « Or il se peut que l’éclaircie que j’ai eue maintenant ne vaille pas mieux que ce que j’avais pensé jusqu’ici ». Ce sont là tes propres paroles ! Or il est impossible à celui qui connaît ainsi la possibilité de l’intelligence et de la cogitation, de s’apaiser et de trouver un repos, surtout en matière de Connaissance d’Allah, alors qu’on ne peut connaître Sa Quiddité (Mahiyyatu-Hu) par voie de spéculation.
Mais alors qu’as-tu mon frère, à rester dans cette impasse et à ne pas entrer dans la voie des exercices et des efforts spirituels (ar-riyâdâtu wa-l-mujâhadât) (10) ainsi que des retraites cellulaires (al-khalawât) (11) qu’a prescrite l’Envoyé d’Allah – qu’Allah lui accorde Sa grâce et le salue – car tu en obtiendrais ce qu’ a obtenu celui dont Allah a dit : « Un serviteur d’entre Nos serviteurs auquel Nous avons donné, par miséricorde de chez Nous, et enseigné de Notre part, une Science » (Cor.18.65) (12) ? Quelqu’un comme toi doit s’offrir à cette voie et à ce degré magnifique et élevé !
Que mon ami sache – et qu’Allah lui accorde la grâce propice – que tout être « existant auprès d’une cause » (mawjûd inda sabab) qui est adventice comme lui, a deux « faces » : avec l’une, il regarde vers « sa cause », avec l’autre, vers son Existenciateur qui est Allah (13). Tous les hommes regardent vers les « visages » de leurs causes, aussi bien les Sages naturalistes (al-Hukamâ) et les Philosophes (al-Falâsifah) que les autres, sauf les Maîtres Connaissants (al-Muhaqqiqûn) d’entres les Etres d’Allah (Ahlu-llâh), comme les Prophètes, les Saints et les Anges - sur eux le salut – car ceux-ci, tout en connaissant leurs causes, regardent de l’autre face vers leur Existenciateur. Il y en a aussi qui regardent vers leur Seigneur, mais de la face de leur cause, non pas de leur propre face ; un tel dit alors : « Mon cœur m’a parlé de la part d’Allah ! », alors qu’un autre, le Parfait, dit : « Allah m’a parlé ! » C’est à ce dernier cas que correspond le propos de notre compagnon le Connaissant : « Vous avez puisé votre connaissance dans les données littérales (ani-r-rusûm), comme d’un mort de la part d’un autre mort, et nous avons puisé notre Science de la part du Vivant qui ne meurt pas ! » (14). Celui qui tire son existence d’un autre, son statut, d’après nous, est le statut d’une « non-chose » (lâ chaï). C’est pourquoi le Connaissant n’a d’autre appui de confiance qu’en Allah.
D’autre part, que mon ami sache que Dieu, tout en étant Unique, oriente vers nous des « faces » nombreuses et variées (15). Prends garde aux Aiguades divines (al-Mawâridu-l-ilâhiyyah) et à leurs Théophanies (Tajalliyât) sous ce rapport : Dieu, en tant qu’Il est Seigneur (Rabb) n’a pas chez toi le statut qu’Il a en tant que Surveillant (Muhaïmin), et, en tant qu’Il est Très-Miséricordieux (Rahîm), Il n’a pas le statut qu’Il a chez toi en tant que Vengeur (Muntaqim) et ainsi de suite pour tous les Noms divins.
Sache aussi que le face divine constituée par le nom « Allah » est un Nom pour tous les autres Noms divins, comme le Seigneur, le Très-Puissant, le Reconnaissant, etc., à l’instar de l’Essence qui concentre en Elle les Attributs. Le nom « Allah » submerge tous les autres Noms. De ce fait, sois circonspect à son égard lors de la contemplation, car tu ne le contempleras pas en tant qu’absolu. Quand Il s’adressera à toi par ce Nom qui est universel (al-Jâmi’u), observe « ce » qui te parle par celui-ci, et considère la condition qui exige cette parole (al-munâjah) et cette contemplation (al-muchâhadah). Vois alors lequel des Noms divins Le concerne, car c’est alors ce nom particulier qui te parle ou que tu contemples alors. Cette question est celle du « travestissement de la Forme » (at-tahawwulu-fî-ç-Çûrah). Le naufragé criera : « ô Allah ! » or le sens en sera « ô Secourable (Ghiyâth) ! » ou « ô Sauveur (Munjî) ! » ou « ô Sauveteur (Munqidh) ! ». Le souffrant dira : « ô Allah ! » et le sens en sera « ô Guérisseur (Châfî) ! » ou « ô Exempteur (Muâfî) ! » ou quelque autre nom semblable (16).
L’expression que j’ai employée plus haut de « travestissement de la Forme » est empruntée au hadith retenu par Muslim dans son Recueil de Hadiths sûrs (Çahîh), d’après lequel le Créateur – qu’Il soit exalté – Se manifeste (yatajallâ) et est méconnu, au point que certains êtres cherchent protection « en Allah » contre Lui-même ; alors Il se change dans la « forme » que ces êtres Lui connaissent (soit par leur credo particulier, soit par leur expérience intuitive limitée), et ils Le reconnaissent après L’avoir méconnu. C’est ce qui correspond dans cette circonstance là, au sens de la « contemplation » (al-muchâhadah), de la parole adressée (al-munâjah) et des « élocutions seigneuriales » (al-mukhâtabatu-r-rabbâniyyah).
L’homme intelligent doit ne chercher comme science que celle en laquelle son essence se parfait, et qui l’accompagnera lorsqu’il trépassera : or cela n’est que la Science au sujet d’Allah (al-Ilmu billâh) obtenue par don (min haïthu-l-wahb) et par contemplation (muchâhadah).
Ta science en matière médicale, par exemple, ne répond à utilité que dans le monde où il y a infirmités et maladies, mais si tu passes dans un monde où il n’y a ni maladie ni infirmité, qui guériras-tu par cette science-là ? L’homme intelligent ne s’efforcera pas de posséder une telle science même s’il pouvait l’obtenir par voie de don, comme c’est le cas pour la médecine des Prophètes ; même quand elle est obtenue de cette façon, il ne s’y arrêtera pas, mais il cherchera la Science au sujet d’Allah.
Il en est de même de la science géométrique ; celle-ci ne t’est utile que dans le monde des étendues (terrestres), et quand tu t’en iras d’ici, tu l’abandonneras dans ce monde-ci, et l’âme partira toute simple, sans en rien en emporter.
Telle est la situation pour toute science que l’âme quittera lors de sa migration vers le monde de la vie future. L’homme intelligent doit ne puiser en de telles sciences que le strict nécessaire ; il doit s’efforcer de réaliser ce qu’il emportera avec soi au départ ; or cela est constitué seulement par deux sciences : tout d’abord et spécialement la Science au sujet d’Allah, ensuite celle concernant les demeures (mawâtin) de la vie future avec toutes les conditions qu’elles requièrent afin qu’il puisse marcher comme dans sa propre maison, qu’ils n’en méconnaissent rien, et qu’il soit ainsi entre les hommes de la Connaissance (al-Irfân), non pas d’entre ceux de la Méconnaissance (an-Nukrân) (17). Ces demeures-là sont celles de la discrimination, non pas celles du mélange générateur de confusions. L’homme sera ainsi assuré que, lorsqu’il se trouvera dans l’une de ces situations, il se distinguera du groupe de ceux qui, lorsque leur Seigneur se manifeste à eux, s’exclament : « Nous nous réfugions en Allah contre toi ! Tu n’es pas notre Seigneur ! Nous attendrons ici jusqu’à ce que notre Seigneur arrive ! » et qui lorsqu’Il condescendra à se présenter à eux sous la « forme » qu’ils en connaissent, Le reconnaîtront. Quelle immense perplexité (haïrah) il y aura là !
L’homme intelligent doit obtenir à découvert (al-kachf) ces deux sciences par la méthode des exercices et des combats spirituels ainsi que de la retraite cellulaire réglementée.
J’avais voulu traiter ici aussi de la Retraite Cellulaire (al-Khalwah) et de ses règles, ainsi que de ce qui s’y dévoile successivement, degré après degré (18), mais j’en suis empêché par le « moment » (al-waqt). J’appelle ici « moment » les « mauvais savants » (ulamâu-s-sû’), ceux qui nient ce qu’ils ignorent, et qui sont enchaînés par l’esprit sectaire et par l’amour de l’ostentation et de la domination, au détriment de la soumission et de la rémission à Dieu qu’ils devraient observer, à défaut de la foi (dans les enseignements des maîtres spirituels) (19).
Ce sera donc la fin de l’épître, et pour le reste, c’est Allah qui y pourvoiera. Louange donc à Lui, initialement et finalement, intérieurement et extérieurement ! Et que la Grâce soit sur Son Prophète, tant en remerciant qu’en invoquant !
(IBN ARABI - Epître adressée à l'Imam ar-Râzî – Traduction et notes de Michel Vâlsan ; Etudes Traditionnelles n° 366-367, Juillet-Août et Sept.-Oct. 1961 ; p. 242).
(1) On remarquera la mention faite, dès le début, des deux facteurs corrélatifs de toute réalisation spirituelle véritable : la himmah et le Faïd, en somme le désir actif et la grâce, dont il sera question ici encore. – Sur la himmah voir Kitâbu-l-Fanâî fî-l Muchâhadah (le livre de l’Extinction dans la contemplation) note 28, et K. Içtilâhât s. v. Sur le Faïd avec ses deux espèces dhâtî et irâdî voir K. Al Ma’rifati-l-Ulâ (Le livre de la Connaissance Première) q.11.12.
(2) Ce verset dans son contexte coranique se rapporte aux Gens du Livre, immédiatement aux Juifs et aux Chrétiens, mais dans un sens plus large il s’applique aussi aux musulmans en tant qu’ils ont aussi un Livre. On relèvera la signification des notions d’« au-dessus » et d’« au-dessous » (« sous les pieds ») qui correspondent aux sources de deux sortes de sciences ; des sciences du « don » ou « infuses » (ulûmu-l-wahb) et les « sciences acquises » (ulûmu-l-kasb). Voir notre traduction du Kitâbu-l-Waçâyâ (Le livre des instructions) du Cheikh al-Akbar, E.T. avril-mai 1952.
(3) La première est « de don », la deuxième est « d’acquisition ».
(4) Allusion à ceux des théologiens qui ont prétendu connaître ce qu’est l’Essence par mode positif (ithbât) et par voie de spéculation, ce qui implique l’analogie entre Dieu et les créatures. Cf. Futûhât, Introduction ; au chap.3 du même ouvrage de Cheikh al-Akbar remarque toutefois que Ghazzâlî a parlé proprement de l’ « analogie » (munâsabah) en matière de connaissance de Dieu.
(5) Première énonciation de la méthode métaphysique des Soufis.
(6) Allusion à des visions figuratives qu’a eues en rêve le Prophète. Cf. K. Ulûmi-l-wahb (Le livre des Sciences de don.
(7) Sur la signification de ce terme voir K. Fanâ note 29 bis, et K. Içtilâhât s.v.
(8) Sur les trois degrés de la Certitude : Science (Ilm), Œil (Aïn) et Vérité (Haqq) voir K. Içtilâhât s.v.
(9) Texte semblable dans K. Ma’rifah q.1 et Futûhât, Introd. Aqîdatu Ahli-l-Ikhtiçâç (Le credo des Gens d’Elite), q.1.
(10) Sur riyâdah et mujâhadah voir K. Içtilâhât.
(11) Sur Khalwah voir K. Khalwah.
(12) Le personnage que le texte coranique ne nomme pas est appelé par la traditions ésotérique Al-Khidr ou Al-Khadir ou encore sans l’article Khidr ou Khadir. Moïse le trouva à l’isthme des Deux Mers (Majma’u-l-Bahrain) ; perpétuellement vivant, il est le détenteur du ilm ladonnî, la « Science de Notre part », qui est ainsi le type par excellence de la science infuse.
(13) Sur la doctrine des « deux faces » des êtres voir aussi K. Ma’rifah q.11,13, et Futûhât., Introd. Aqîdatu Ahli-l-Ikhtiçâç. Sur la notion de « face particulière » (wajh khâç) de tout être voir aussi K. Waçâya (Le livre des Instructions) E.T.avril-mai 1952.
(14) Cette phrase est d’Abû Yazîd al-Bistâmî.
(15) Ces « faces » sont représentées par des Noms divins.
(16) Point traité aussi dans K. Jalâlah. (Le livre du Nom de la Majesté) du cheikh al-Akbar. Voir la traduction que nous en avons publiée dans E.T. juin, juillet-août et décembre 1948.
(17) Ces termes gardent un rapport exprès avec l’évènement eschatologique mentionné par le hadith précité et dont il sera encore question dans le passage qui suit. –Ces deux sciences se réduisent en réalité à une seule qui est au fond la Science au sujet d’Allah, car la deuxième n’est qu’une conséquence de celle-ci : elle est la science des conditions de la manifestation multiple de Dieu.
(18) Ces questions se trouvent traitées de façon spéciale dans deux autres écrits que nous traduisons également : Kitâbu-l-Khalwah (Le livre de la Retraite Cellulaire) et Risâlatu-l-Anwâr (L’Epître des Lumières) dont la rédaction est à situer après celle de la présente épître.
(19) Il semble donc qu’au moment de la rédaction de cette Epître le Cheikh al-Akbar éprouvait des attaques de la part des savants exotéristes et spéculatifs. La lettre qu’il adressait alors à Fakhru-d-dîn, qui semblait être un cas plus heureux parmi cette espèce de savants, a ainsi une signification beaucoup moins limitée, et plutôt exemplaire.
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