jeudi 28 mars 2013

Abdul Hâdî Aguéli - L'Identité suprême dans l’ésotérisme musulman (I)



                                                         Place Ivan Aguéli à Sala, Suède
Abdul Hâdî, La Gnose - Juin 1911, n° 6 - deuxième année


Le petit traité que nous voulons traduire est un des plus intéressants qui existent sur la question. Le texte arabe n’a jamais été imprimé nulle part, autant que je le sache. Les manuscrits abondent, mais ils sont rarement exacts et présentent beaucoup de variations du texte primitif. Celui-ci est donc à restituer, mais ce travail n’offre pas de grandes difficultés en la circonstance. La pensée dominante est très claire, de sorte que les différentes rédactions et les nombreuses fautes des copistes ne constituent aucun obstacle à l’intelligence parfaite du texte. Les seuls points contestables sont le titre de l’ouvrage et le nom de l’auteur.

L’ouvrage est souvent désigné par : « L’épître de la connaissance du Seigneur par la connaissance de soi-même ». C’est aussi le sujet de la dissertation. Autres titres : « Le traité de la connaissance de soi-même » (La clef de la connaissance (d’Allah) - Kitâbul-Alif - « Kitâbul-Ajwibah » - « Le traité de Balabâni » (d’après le nom d’un auteur présumé). Le titre le plus fréquemment employé par les écrivains aussi bien que par les Derwishes est : « Risâlatul-Ahadiyah », ou l’épitre de l’Unité. C’est celui-ci que nous avons adopté.

La question de l’auteur ne laisse pas d’être discutable. Nous pouvons affirmer qu’il s’appelle toujours Mohammad Abd-Allah, mais cela ne nous avance pas beaucoup. Les manuscrits qui précisent davantage le nom de l’auteur se divisent en deux catégories : les uns disent que l’auteur est Mohammad Abu Abd-Allah ibn Ali Mohyiddin ibn Arabi el-Hâtimi et-Tâ'i el-Andalûsi, surnommé le plus grand des Sheikhs (m. 638 H.). Je suis persuadé que notre grand Maître est, en effet, l’auteur de cet admirable traité. Le style l’indique d’une façon assez suffisante. D’autres manuscrits l’attribuent à un Mohammad ou à un Abd-Allah Balabâni, Bilbâni ou même Balayâni. Quel est ce Sheikh ? Il y a un Awhadud-Din Abd-Allah el-Balayâni (m. 686 H.). Il se pourrait aussi que Balabâni soit un surnom kurdo-persan, de Bala = haut, et Bân = voix. Les savants kurdes ont toujours eu, plus que les autres, une grande vénération pour Mohyiddin. Balabâni serait donc une paraphrase kurde de Es-Sheikhul-Akbar = le plus grand des Sheikhs ou Maîtres spirituels. Allah connaît le mieux la vérité là-dessus.

J'ai entendu dire que quelques manuscrits attribuent la paternité de ce traité à un des Soyûtis. Il me parait invraisemblable qu’un pareil ouvrage ait pu sortir d’aucun de ces deux savants, car il n’est pas un produit d’érudition, mais de maîtrise ésotérique. La question du véritable auteur reste pourtant ouverte jusqu’à nouvel ordre. Je suis intimement persuadé que l’auteur en est Mohyiddin ibn Arabi, mais je ne puis à l’heure actuelle, réfuter scientifiquement une opinion contraire.

J’ai à ma disposition une dizaine de manuscrits, dont aucun n’est correct, même à peu près. Ma traduction était aux trois quarts terminée lorsque appris que l’ouvrage à déjà été traduit en anglais, je ne sais où quand et par qui. Dans tous les cas, il n’en existe aucune traduction française. Nous ferons suivre la nôtre de la rédaction définitive du texte quand l’imprimerie arabe de cette revue sera bien installée.



                          LE TRAITE DE L'UNITE


(Risâlatul-Ahadiyah) par le plus grand des Maîtres spirituels


                            Mohyiddin Ibn Arabi



Au nom d’Allah, le Clément, le Miséricordieux

Nous implorons Son secours.


Gloire à Allah, avant l’Unité (1) duquel il n’y a pas d'antérieur, si ce n’est Lui qui est ce Premier (2) ; après la Singularité (3) duquel il n'y a aucun après, si ce n’est Lui qui est ce Suivant (4). A propos de Lui (5) il n’y a ni avant, ni après, ni haut, ni bas, ni près, ni loin, ni comment, ni quoi, ni où, ni état, ni succession d’instant, ni temps, ni espace, ni être (6) : « Il est tel qu’Il était. » - « Il est l’Unique, le Dompteur » (7) sans (les conditions ordinaires de) l’Unité (8). Il est le Singulier (9) sans singularité (10). Il n’est pas composé de nom et de nommé, car le nom est Lui et le nommé est encore Lui (11). Il n’y a pas de nom sauf Lui. Il n'y a pas de nommé en dehors de Lui. C’est pourquoi il est dit qu'Il est le nom et le nommé (12). Il est le Premier sans antériorité. Il est le Dernier sans les conditions ordinaires de la finalité, c’est-à-dire sans finalité absolue. Il est l’Évident sans extériorité. Il est l’Occulte sans intériorité. Je veux dire qu’Il est l’existence des « Glyphes » (13) de l'externe comme Il est l’existence de ceux de l’interne. Il n'y a ni externe ni interne hormis Lui, et cela sans que ces Glyphes se changent pour devenir Lui, ou que Lui, Il se change pour devenir ces Glyphes. Il importe de bien comprendre cet arcane, de peur de tomber dans l’erreur de ceux qui croient aux incarnations de la  Divinité. Il ne se trouve pas dans quelque chose et aucune chose ne se trouve dans Lui par une entrée ou une sortie quelconque (14). Il faut le connaître de cette façon, non par la science, l’intelligence, l’imagination, la sagacité, les sens, la vision extérieure, la vision intérieure, la compréhension ou le raisonnement. Personne ne peut Le voir, sauf Lui (-même). Personne ne Le saisit, sauf Lui (-même). Personne ne Le connaît, sauf Lui (-même). Il Se voit par Lui (-même) (15). Il Se connaît par Lui (-même). Autre-que-Lui ne peut Le voir. Autre-que-Lui ne peut Le saisir. Son impénétrable voile est Sa propre Unicité. Autre-que-Lui ne Le dissimule pas. Son voile est Son existence même. Il est voilé par Son Unicité d’une façon inexplicable. Autre-que-Lui ne Le voit pas : aucun prophète envoyé, aucun saint parfait ou ange approché (16). Son prophète est Lui (-même). Son messager (apôtre) (17) est Lui. Sa missive (apostolat) est Lui. Sa Parole est Lui. Il a mandé Son ipséité par Lui-même de Lui-même vers Lui-même, sans aucun intermédiaire ou causalité (extérieure) que Lui-même ! Il n’y a aucune disparité (de temps, d’espace ou de nature) entre Celui qui envoie, entre le Message, et le Destinataire de cette missive. Son existence est celle des Lettres de la prophétie, pas d’autre. Autre-que-Lui n’a pas d’existence (ou de nominalité), et ne peut donc s'anéantir (n'ayant jamais existé). C’est pourquoi le Prophète a dit « Celui qui connaît son âme (c’est-à-dire soi-même) connaît son Seigneur » Il dit encore « J’ai connu mon Seigneur par mon Seigneur. » Le Prophète d’Allah a voulu faire comprendre par ces mots que tu n’es pas toi, mais Lui ; Lui et non toi ; qu’Il n'entre pas dans toi et tu n’entres pas dans Lui ; qu'Il ne sort pas de toi et tu ne sors pas de Lui. Je ne veux pas dire que tu es ou que tu possèdes telle ou telle qualité. Je veux dire que tu n’existes absolument pas, et que tu n’existeras jamais ni par toi-même ni par Lui, dans Lui ou avec Lui. Tu ne peux cesser d’être, car tu n’es pas. Tu es Lui et Lui est toi, sans aucune dépendance ou causalité. Si tu reconnais à ton existence cette qualité (c’est-à-dire le néant) alors tu connais Allah, autrement non.

La plupart des initiés disent que la Gnose, ou la Connaissance d'Allah vient à la suite du Fanâ el-wujûdi et du Fanâ el-fanâ'i, c’est-à-dire par l’effet de l’extinction de l’existence et de l’extinction de cette extinction. Or, cette opinion est tout à fait fausse. Il y a là une erreur manifeste. La Gnose n’exige pas l’extinction de l’existence (du moi) ou l’extinction de cette extinction ; car les choses n’ont aucune existence, et ce qui n’existe pas ne peut cesser d’exister. Dire qu’une chose a cessé d’exister, qu’elle n’existe plus, équivaut à affirmer qu’elle a existé, qu’elle a joui de l'existence. Donc, si tu connais ton âme, c’est-à-dire toi-même, si tu peux concevoir que tu n’existes pas et, partant, que tu ne t’éteins pas, alors tu connais Allah, autrement non. Attribuer la Gnose au Fanâ  et au Fanâ el-fanâ'i est un crédo idolâtre. Car, si tu attribues la Gnose au Fanâ et au Fana el-fanâ'i, tu prétends qu’autre-qu’Allah puisse jouir de l’existence. C’est Le nier, et tu es formellement coupable d’idolâtrie. Le Prophète a dit : « Celui qui connaît son âme (18) (c’est-à-dire lui-même) connaît son Seigneur. » Il n’a pas dit : « Celui qui éteint son âme (19) connaît son Seigneur. » Si l’on affirme l’existence d’un autre, on ne peut plus parler de son extinction, car on ne doit parler de l’extinction de ce qu’on ne doit affirmer. Ton existence est néant, et néant ne peut s’ajouter à une chose, temporaire ou non. Le Prophète a dit : « Tu n’existes pas maintenant, comme tu n’existais pas avant la création du monde. » Le mot « maintenant » (est pris ici dans son sens de présent absolu,) signifie l’éternité sans commencement, aussi bien que l’éternité sans fin. Or, Allah est l’existence de l’éternité sans commencement, et de l’éternité sans fin, ainsi que la préexistence. Ces trois aspects de l'éternité sont Lui. (Allah est l’existence de ces trois aspects de l’éternité, sans qu’Il cesse d’être l’Absolu.) S’il n’en était pas ainsi, Sa Solitude ne serait pas ; Il ne serait pas sans partenaire. Or, il est d’obligation (rationnelle, dogmatique et théologique) qu’Il soit seul et sans compagnon aucun.

Son partenaire serait celui qui existerait par lui-même, non par l’existence d’Allah. Un tel n’aurait pas besoin d’Allah, et serait, par conséquent, un second Seigneur Dieu, ce qui est impossible. Allah n’a pas de partenaire, de semblable ou d’équivalent. Celui qui voit une chose avec Allah, d’Allah ou dans Allah, même en la faisant relever d’Allah par la Seigneurie (20) rend cette chose partenaire d’Allah, relevant de Lui par la Seigneurie. Quiconque prétend qu’une chose puisse exister avec Allah (peu importe que cette chose existe par elle-même ou bien par Lui), qu’elle s’éteigne de Son existence ou de l’extinction de son existence, un tel homme, dis-je, est loin d’avoir la moindre perception de la connaissance de son âme et de soi-même (21). Car celui qui prétend qu’autre-que-Lui puisse exister (peu importe que ce soit par lui-même ou bien par Lui ou dans Lui), puis disparaisse et s’éteigne, puis s’éteigne dans son extinction, etc., etc., un tel homme tourne en un cercle vicieux par l’extinction sur l’extinction indéfiniment. Tout cela est idolâtrie sur idolâtrie et n’a rien à faire avec la Gnose. Un tel homme est idolâtre, et il ne connaît rien ni d’Allah ni de lui-même ou de son âme.

Si l’on demande par quel moyen on arrive à connaître son « âme » (c’est-à-dire le « proprium » ; soi-même) et à connaître Allah, la réponse est : La voie vers ces deux connaissances est indiquée par ces paroles : « Allah était et le néant avec Lui (22). Il est maintenant tel qu’Il était. » Si quelqu’un dit : « Je vois mon âme (mon « proprium », moi-même) autre qu’Allah, et je ne vois pas qu’Allah soit mon âme », la réponse est : Le Prophète veut dire par le terme « âme » le « proprium », ton existence (particulière), ce que tu appelles « moi-même », et non pas l’élément psychique qui s’appelle tantôt « l'âme impérieuse » ou « celle qui pousse irrésistiblement vers le mal », « l’âme qui reproche », « la rassérénée », etc., etc. (23) ; mais il veut dire par « âme » tout ce qui est autre qu’Allah, comme il a dit : « Fais-moi » voir (ô Dieu !) les choses telles qu’elles sont », désignant par « les choses tout ce qui n’est pas Allah (qu’Il soit exalté) ». Il a voulu dire : « Fais-moi connaître ce qui n’est pas Toi, afin que je sache et afin que je connaisse (la vérité sur) les choses, si elles sont Toi ou bien autre-que-Toi ; sont-elles sans commencement ni fin, ou bien ont-elles été créées et vont-elles disparaître ? » Alors, Allah lui fit voir que tout ce qui n’est pas Lui est (l’homme) lui-même, et que tout ce qui n’est pas Lui n’a aucune existence. Et il vit les choses telles qu’elles sont ; je veux dire qu’il vit qu’elles étaient la quiddité d'Allah, hors du temps, de l’espace et de toute attribution (24). Le terme « les choses » peut s’appliquer à l’âme comme à n’importe quoi. L’existence de l’âme et celle des choses s’identifient dans l’idée générale de chose (25). Donc, celui qui connaît les choses connaît son âme, son « proprium », c'est-à-dire lui-même, et celui qui se connaît soi-même connaît le Seigneur (26). Car ce que tu crois être autre-qu’Allah n’est pas autre-qu’Allah, mais tu ne le sais pas. Tu Le vois, et tu ne sais pas que tu Le vois. Du moment que ce mystère a été dévoilé à tes yeux, que tu n’es pas autre-qu’Allah, tu sauras que tu es le but de toi-même, que tu n’as pas besoin de t’anéantir, que tu n’as jamais cessé d’être, et que tu ne cesseras jamais d’exister jamais, comme nous l’avons déjà expliqué. Tous les attributs d’Allah sont tes attributs (27). Tu verras que ton extérieur est le Sien, que ton intérieur est le Sien, que ton commencement est le Sien et que ta fin est la Sienne, cela incontestablement et sans doute aucun. Tu verras que tes qualités sont les siennes et que ta nature intime est la Sienne, cela sans que tu sois devenu Lui ou que Lui soit devenu toi, sans (transformation) diminution ou augmentation quelle qu’elle soit. « Tout périt sauf Sa face » (28), dans l’extérieur et dans l’intérieur. Cela veut dire qu’il n’existe aucun autre-que-Lui ; qu’autre-que-Lui n’a aucune existence, mais est fatalement perdu, de sorte qu’il ne reste que Sa figure ; autrement dit : rien n’est stable hormis Sa figure (29). (Quelques manuscrits ajoutent : « Partout où vous vous tournez, vous vous tournez vers la Face de Dieu » : Qôran, II, 109.) Un exemple : Un homme ignore quelque chose, puis il l’apprend. Ce n’est pas son existence qui s’est éteinte, mais seulement son ignorance. Son existence reste, elle n’a pas été changée contre celle d’un autre ; l’existence du savant n’est pas venue s’ajouter à l’existence de l’ignorant ; il ne s’agit d’aucun mélange de ces deux existences individuelles ; il n’y a que l’ignorance qui a été enlevée. Ne pense donc pas qu’il est nécessaire d’éteindre ton existence, car alors tu te voiles avec cette même extinction, et tu deviens toi-même (pour ainsi dire) le voile d’Allah (30). Comme maintenant le voile est autre-qu’Allah, il s’ensuit qu’autre-que-Lui puisse Le vaincre en repoussant les regards vers Lui, ce qui est une erreur et une méprise grave. Nous avons dit plus haut que l’unicité et la singularité sont les voiles d’Allah, pas d’autres. C’est pourquoi il est permis au Wâçil, c’est-à-dire à celui qui est arrivé à la Réalité (personnelle) (31), de dire : « Je suis le Vrai Divin », ou bien : « Gloire à moi que ma celsitude est grande ! » Un tel Wâçil n'est pas, arrivé à un degré aussi sublime sans avoir vu que ses attributs sont les attributs d’Allah et que son être intime est l’être intime d’Allah, sans aucune transformation d’attributs ou transsubstantiation d’être intime, sans aucune entrée dans Allah ou sortie de Lui (ou vice versa). Il voit qu’il ne s’éteint pas dans Allah et qu’il ne persiste avec Allah non plus. Il voit que son âme (c’est-à-dire son « proprium ») n’existe pas du tout, non pas comme ayant existé, puis s’étant éteinte, mais il voit qu’il n’y a ni âme ni existence sauf la Sienne. Le Prophète a dit : « N’insultez pas au Siècle » (32), car il est Allah. Il a voulu dire par ces paroles que l’existence du Siècle est l’existence d’Allah (qu’il soit glorifié et magnifié). Il est trop élevé pour avoir un partenaire, un semblable ou un équivalent quelconque. Le Prophète dit dans une tradition Qodsî (33) : « Allah dit : Mon serviteur ! J’étais malade et tu ne M’as pas visité. J’avais faim, et tu ne M’as pas donné à manger, Je t’ai demandé l’aumône, et tu l’as refusée. » Il a voulu dire que c’était Lui qui était le malade et le mendiant. Comme le malade et le mendiant peuvent être Lui, alors toi et toutes les choses de la création, accidents ou substances, peuvent aussi être Lui. Quand on découvre l’énigme d’un seul atome, on peut voir le mystère de toute la création, tant intérieur qu'extérieure. Tu verras qu’Allah n’a pas seulement créé toutes choses, mais tu verras encore que, dans le monde invisible aussi bien que dans le monde visible, il n’y a que Lui, car ces deux mondes n’ont point d’existence propre. (Tu verras) qu’Il n’est pas seulement leur nom, mais aussi Celui qui (les) nomme et Celui qui est nommé (par eux), ainsi que leur existence. Tu verras qu’Il n’a pas seulement créé une chose une fois pour toutes, mais tu verras « qu’Il est tous les jours en l’état de Créateur sublime » (34), par l’expansion et l’occultation de Son existence et de Ses attributs en dehors de toute condition intelligible. Car Il est le Premier et le Dernier, l’Extérieur et l’Intérieur. Il paraît dans Son unité et Se dissimule dans Sa singularité. Il est le Premier par Sa perséité. Il est le Dernier par Son éternelle permanence. Il est l’existence des Glyphes du Premier et du Dernier, de l’Extérieur et de l’Intérieur, comme l’existence de ces Glyphes est Lui. Il est Son nom ; Il est celui qui est nommé. Comme Son existence est fatale, logique et dogmatique, de même est fatale la non-existence de tout autre-que-Lui. Ce que nous pensons être autre-que-Lui n’est pas, au fond, une bi-existence, car Son existence a Lui signifie qu’une bi-existence n ’existe pas ; sans quoi cette bi-existence serait Son semblable. Or, autre-que-Lui n’est pas, car Il est exempt de ce qu’un autre-que-Lui soit autre-que-Lui. Cet autre est encore Lui sans aucune différence intérieure ou extérieure. Celui qui est ainsi possède des attributs sans nombre ni fin.


(1) El-Wahdaniyah.

(2) Qablu.

(3) El-Fardâniyah.

(4) Baadu

(5) Mot à mot : avec Lui, Maaho

(6) Kawn, l'être changeable, conditionné, temporel.

(7) El-Wâhid, El-Qahhâr.

(8) El-Wâhidiyah.

(9) El-Fard

(10) El-Fardâniyah.

(11) Hôa=11=wh (voir La Gnose, 2e année, n°5, p. 151).

(12) Il est encore le nommant, comme nous le verrons plus tard en traitant de la Seigneurie divine, Er-Rabbâniyah, ou plus spécialement ici El-Marbûbiyah.

(13) Hurûf =lettres, c’est-à-dire éléments spirituels (voir le Sépher ha Zohar)

(14) Autrement dit : Il n’entre en rien et rien n’entre en Lui ; Il ne sort de rien et rien ne sort de Lui.

(15) Nafsaho, mot à mot : Son âme, c’est-à-dire Lui-même, Son ipséité.

(16) Ghaïroho.

(17) Qorân, IV, 170.

(18) Man yaraf nafsaho.

(19) Man afna nafsaho.

(20) Er-Rubûbiyah ; c’est, au point de vue exotérique et même piétiste, la glorification.

(21) Mot à mot :.... est loin de sentir le parfum de la connaissance de l’âme, c’est-à-dire de lui-même.

(22) Voir La Gnose, 1ère année, n° 12, p 270.

(23) L’âme, En-nafs, spn, de la racine nafasa, respirer, souffler. Ce mot signifie beaucoup de choses en arabe, mais surtout : (a) Le pronom personnel « même », pour accentuer l’individuel d’un être vivant, de préférence raisonnable. De la le sens de « proprium » chez les Soufites. On dit communément nafsânî dans le sens d’égoïste. (b) L’âme vitale, animale ou humaine, dont l’évolution graduelle à travers sept stations est le but moral du Derwishisme. Ce sujet a déjà été effleuré par plusieurs orientalistes ; nous y reviendrons plus tard.

(24) Voir La Gnose, 1ère année, n° 12, p. 272.

(25) Sheyyiyah = « choseté », de Shey = chose.

(26) Sic : Er-rabb ; on devrait dire « son Seigneur » rabbaho, selon la formule consacrée (voir La Gnose, 2ème année, n° 5, p. 152).

(27) Dans quelques manuscrits, on trouve : Tu verras que toutes tes actions sont celles d’Allah et que tous Ses attributs sont les tiens.

(28) Voir La Gnose, 1ère année, n° 12, p. 270.

(29) Ce passage peut s’interpréter, donc se traduire, de différentes façons, mais le sens traditionnel est que les choses n’existent que par notre ignorance. Elles disparaissent au fur et à mesure que notre ignorance diminue. Leur existence étant une illusion, leur disparition n’est qu’une façon de parler. J’ai voulu expliquer cette idée fondamentale de l’ésotérisme musulman. dans La Gnose : Pages dédiées au Soleil, 2e année, n° 2, p. 63, et L'Universalité en l’Islam, 2eme année, n° 4, p. 121. J’ai désigné « les choses » par « la réalité collective ».

(30) Allah n’est jamais voilé. Il paraît ainsi, mais c’est une illusion. C’est, l’homme qui est voilé, par lui-même ou par les autres, de sorte qu’il ne peut voir son Seigneur. Telle est la tradition.

(31) Voir La Gnose, 2ème année, n° 2, Pages dédiées au Soleil, et n° 4, L’Universalité en l’Islam.

(32) Ed-dahru : voir La Gnose, 2ème année, n° 2, p. 63.

(33) Les traditions ainsi nommées contiennent ce qu’Allah a dit directement au Prophète. Le Qorân est la Parole d’Allah, révélée par l’entremise de l’ange Gabriel.

(34) Qorân, LV, 29.

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