samedi 8 décembre 2012

Quand Sidi Abu'l-Hasan ash-Shadhili rencontra son maître Moulay Abd as-Salam ibn Mashish


                                   Panorama depuis le sommet du Mont Alam (Jbel el Alam)
Traduit de l'anglais depuis http://www.deenislam.co.uk/dua/mashish4.htm par Al-Simsimah
Au début du 13e siècle, environ 20 ans après que Muhyi'd-din Ibn 'Arabi  eut quitté Fès pour l’Orient ,le Marocain Abu'l-Hasan 'Ali ibn 'Abdallah, un descendant de la branche hasanide des fatimides, qui connaîtra plus tard la notoriété  sous le nom d’ Abu'l-Hasan ash-Shadhili, émigra aussi vers l’Orient pour y trouver le pôle spirituel de son époque. A Bagdad, un soufi l’informa qu’il trouverait ce pôle dans son pays natal   sur le Mont Alam dans les montagnes du Rif occidental (au Maroc) . Il retourna chez lui, et trouva à l’endroit décrit un disciple de Sidi Abu Madyan, à savoir le maître spirituel 'Abd as-Salam ibn Mashish:

 Sidi Abu'l-Hasan ash-Shadhili dit :
"En m’approchant de son refuge, une grotte prêt du sommet de la montagne, je m’arrêta à une source qui jaillissait au pied du belvédère  .


         La petite source où Sidi Belhassen fit ses grandes ablutions avant de gravir la montagne


Je m’y purifia avec l’intention  de me délivrer de  tout mon savoir et de mes oeuvres antérieures, ensuite, dans un état de dénuement (spirituel)  , je me mis à effectuer l’ascension vers la caverne . Il sortit et s’approcha de moi, et quand il me vit,il dit : « Bienvenue Alî, fils d’ Abdallah, fils d’'abd al-Jabbar… "

 et il mentionna tous mes ancêtres depuis le Prophète, qu’Allâh le bénisse et le salue .
La mosquée au sommet du Mont Alam
                                          
Il dit ensuite : 'O, « Ali, tu es venu à moi  dépouillé (faqîran) de ta connaissance et de tes pratiques, cherchant à s’enquérir des richesses de ce monde  et de celui d'après"

Une crainte respectueuse m’envahit à son contact . Je suis alors resté avec lui durant quelques jours, jusqu’à ce que Dieu ouvre mon « oeil intérieur » et me fasse voir des merveilles et des choses extraordinaires qui   dépassaient de loin   tout ce qui nous est coutumier, et je fis l’expérience de la bonté de la Grâce divine. . . 

(al-Anwar al-Qudusiya fi tariaq ash-shadhiliya Muhammad Zafir al-Madani )

Le paragraphe suivant vient du site Le Porteur de Savoir    : «Biographie du Cheikh Abû-l-Hassan Châdhilî (B.C.A.H.C)» .

Le Cheikh Abû-l-Hassan raconta :

« J’étais stupéfait (dahch : extrêmement étonné). Je restais avec lui quelques jours jusqu’à ce qu’Allah éveille ma conscience 1 , et je vis qu’il possédait des pouvoirs surnaturels 2 . Un jour par exemple, alors que j’étais assis devant lui et qu’un de ses petits-fils jouait avec lui sur ses genoux, il me vint à l’esprit de le questionner à propos du Nom Suprême d’Allah (el-Ismu-Llâh el-A’dham). L’enfant vint à moi, jeta ses bras à mon cou et me secoua, en disant :

-     Ô Abû-l-Hassan ! Toi qui voulais questionner le Maître à propos du Nom Suprême d’Allah ! Il ne s’agit pas de poser des questions à propos du Nom Suprême d’Allah. Ce dont il s’agit est que tu sois toi-même le Nom Suprême d’Allah, c’est-à-dire que le secret d’Allah (sirru-Llah) réside dans ton cœur.
Quand il eût fini de parler, le Cheikh sourit et me dit :

-     Untel t’a répondu de ma part (jâwabaka fulân ‘annâ, à ma place).
 Il était alors le Qutb du temps 3 »

Puis il me dit :

-     Ô ‘Alî , pars pour l’Ifrîqiyâh 4 et demeure dans un endroit nommé Châdhilah car Allah -qu’Il soit élevé et magnifié- t’a nommé el-Châdhilî. Après cela, tu partiras pour la ville de Tunis, où des accusations seront portées contre toi devant les autorités. Puis tu partiras vers l’Est où tu hériteras de la fonction polaire (el-qutâbah). »
Je lui dis :

-     Ô mon Maître, conseille-moi.

-     Ô ‘Alî   ! Allah, Allah et les gens, les gens, me répondit-il. Empêche ta langue de faire mention d’eux, et ton cœur de t’incliner devant eux, et fais attention à surveiller tes membres et à accomplir les pratiques obligatoires, ainsi la sainteté d’Allah sera parfaite en toi. Ne te souviens pas d’eux excepté si un devoir envers Allah te l’impose, ainsi ton esprit scrupuleux sera parfait (accompli). Puis dis :


« Allahumma, fais-moi miséricorde de leurs souvenirs et des troubles venant d’eux. Protège-moi de leur mal, permets-moi de me passer de leurs biens à travers Ton bien et, par une faveur particulière, accepte de me protéger parmi eux. En vérité, tu es Puissant sur toutes choses ».





'Abdas-salam ibn Mashish fut assassiné en 1228. Son tombeau au Mont Alam, est un haut lieu de pèlerinage

Qu'Allâh les agrée tous les deux


Il n’y a qu’un seul texte qui nous est parvenu d’ Ibn Mashish, une composition métaphysique d’une prière bien connue, dans laquelle le fidèle invoque Dieu afin qu’Il bénisse Son Envoyé (saws) en gratitude d’ avoir reçu l’Islam à travers lui. Appelée As-Salatul-Mashishiyyah, Ibn Mashish voit dans le Prophète historique  une expression de l’Esprit unique, l’origine de toute révélation et qui est l’intercesseur éternel entre  le Divin insaisissable et le monde .C’est le Logos, la première manifestation de Dieu, en tant que tel.  

Son symbole universel aussi bien que Son voile  transcendant . Par le simple fait que c’est de cette manière  que l’Absolu Se révèle de façon relative et multiple, comme il  peut tout aussi bien se dérober .Cet intercesseur éternel est appelé  « L’Esprit Mohammedien » (ar-Ruh al-Muhammad), pas parce qu’il est seulement inhérent à Muhammed-  Ceci se manifeste avec tous les messagers de Dieu et prophètes – Mais parce que d’un point de vue islamique, Muhammed en est l’émanation la plus directe .

La Vérité Divine, dit le soufi, y est infinie et inépuisable , de même que chaque expression religieuse dans laquelle elle daigne s’étoffer pour le salut des hommes, ne peut être qu’ une seule expression possible à part entière. La mystique soufi repose principalement sur la gnose, et ceci trouve son expression dans  les paroles d’ Abu'l-Hasan ash-Shadhili:

'Attribue les actions des créatures à Dieu Qui agit à travers elles; ceci ne te portera point préjudice; tandis que tu bénéficieras d’aucun avantage  si tu considères les créatures comme les auteurs de leurs actions.'

 L’attitude spirituelle correspondant à cet angle de vision est celle du »vacare Deo », ou l’abandon inconditionnel à Dieu

Le serviteur n’atteindra Dieu aussi longtemps qu’il se nourrit encore des passions ou d'arrières-pensées  . Si tu veux plaire à Dieu, renonce à toi-même et à ton environnement et consacres-y  toutes tes forces

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