jeudi 16 mai 2013

Lettres d'un maître soufi - Le sheikh Al-'Arabi Ad-Darqâwî - Traduit par Titus Burckhardt - Lettre 54 - Sur la dignité de Pôle







Traduit par Titus Burckhardt
Lettre 54


J'enseignais les enfants dans le quartier al-'uyun ("des sources") à Fès, en récitant le Coran sublime pendant que les enfants lisaient leurs tablettes devant moi, lorsque soudainement je me vis sur un bateau en mer près de la ville de Tunis (que Dieu la protège) en train de réciter le Coran, tout comme je le récitais dans l'école devant les enfants.

Tous ceux qui se trouvaient sur le bateau se réjouissaient de ma récitation. Et voici que beaucoup de bateaux chrétiens apparurent et approchèrent de nous pour nous capturer. A cette vue, tous ceux qui étaient avec moi sur le bateau s'accrochèrent à moi, car j'étais vraiment pour eux un saint. Alors Dieu recouvrit ma qualité par la Sienne, de sorte que je poussai le bateau vers les bateaux ennemis en les enveloppant de ma puissance violente et de ma concentration. Quelques-uns coulèrent, d'autres se brisèrent et d'autres encore furent capturés. Dieu est victorieux sur sa création. Puis, après cela, je me vis de nouveau dans mon école, et mon état était comme celui d'un malade ou d'un envoûté, et comme si l'on avait battu mes os avec des barres de fer.

Lorsque je racontai à mon maître ce qui m'était arrivé, il mit sa main sur sa bouche, puis il sourit et dit: "Tiens, tiens, personne ne sait où se trouve la dignité de pôle, dans la montagne en train de garder les chèvres ou dans une école en train d'enseigner les enfants!" Peu après parvinrent (à Fès) les nouvelles de ce qui était arrivé. Que la
malédiction de Dieu soit sur ceux qui mentent.

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