mercredi 9 novembre 2011

La Mosquée-Université Al-Azhar


La Mosquée-Université d’Al-Azhar s’élève depuis 969 E.C. comme un phare des sciences islamiques. Foyer de savoir millénaire, Al-Azhar est l’université la plus ancienne au monde à rayonner depuis plus de dix siècles. L’histoire d’Al-Azhar retrace l’histoire du monde musulman à partir du Xe siècle, mais aussi la vie d’éminents savants qui ont considérablement enrichi nos bibliothèques. Depuis le XIVe siècle, Al-Azhar devint le centre intellectuel musulman le plus important. C’est l’histoire passionante de cette université et mosquée que vous découvrirez dans cette section.

 Construction de la Mosquée

Lorsque le commandant des troupes Fatimides, Jawhar As-Siqqilî, fut envoyé par le Calife Al-Mu`izz Lidînillâh pour conquérir l’Egypte, il entreprit la construction du Caire et y fonda la mosquée d’Al-Azhar en 358 A.H., 969 E.C. La construction de la mosquée s’étendit sur deux ans. La mosquée d’Al-Azhar ouvrit ses portes pour la première fois le 7 Ramadan 361 A.H., 22 juin 972 E.C. Depuis cette date, la mosquée d’Al-Azhar devint parmi les plus célèbres dans le monde musulman et l’université la plus ancienne au monde. Les historiens divergent quant à la raison de son appellation. Certains pensent que le nom Al-Azhar, littéralement « le plus florissant », fait référence aux magnifiques palais florissants qui entouraient la mosquée à cette époque, dans la ville du Caire en plein construction et développement. Certains prétendent que la mosquée fut appelée ainsi, en prévision du statut florissant qu’elle allait avoir grâce aux études islamiques qu’elle accueillait. Enfin, et c’est l’opinion la plus célèbre, le mot Al-Azhar renvoie à As-Sayyidah Fatimah Az-Zahrâ’, la fille bénie du prophète Muhammad - paix et bénédiction de Dieu sur lui, sa descendance et ses compagnons. Cette dernière opinion semble être la plus valable en ce sens que les Fatimides eux-mêmes tenaient leur nom de la fille du prophète - paix et bénédictions sur lui-, As-Sayyidah Fatimah Az-Zahrâ’.


L’histoire du rayonnement de la mosquée d’Al-Azhar

Trois ans et demi après sa construction, Al-Azhar commença à jouer son rôle dans la diffusion et l’enseignement des sciences islamiques. Ce fut pendant le mois de Ramadan 365 A.H. (octobre 975 E.C.), sous le règne d’Al-Mu`izz, que le Grand juge d’Egypte, Abû Al-Hasan `Ali Ibn Al-Nu`mân Al-Qayrawânî, s’assit dans la cour de la moquée d’Al-Azhar pour enseigner « Al-Ikhtisâr » (L’Abrégé), un livre de jurisprudence chiite rédigé par son père An-Nu`mân. Cette séance de jurisprudence eut lieu devant une grande audience. Abû Al-Hasan fut le premier à recevoir le titre de Chef de la Justice. Ce cours dispensé par Abû Al-Hasan donna le feu de départ à l’enseignement à la mosquée. Même si ces séances avaient pour fin l’enseignement des sciences islamiques, elles prenaient parfois des teintes politiques. Au début du règne d’Al-`Azîz Billâh, Al-Azhar connu d’importants progrès dans le sens de l’enseignement académique. Le ministre Yacqûb Ibn Kalas, sous Al-Mu`izz puis Al-`Azîz, enseigna son livre de jurisprudence chiite intitulé « Ar-Risâlah Al-`Azîziyyah ». Afin d’améliorer l’éducation à Al-Azhar, il embaucha plus de trente sept savants et juristes. Il leur donna un salaire mensuel et leur construisit des logements près d’Al-Azhar. En plus de l’enseignement théorique et académique, des séances d’éducation morale et religieuse étaient dispensées pour les femmes. Dès sa naissance, l’enseignement à Al-Azhar eut un caractère éminemment académique, avec des discussions et débats libres entre savants. Aussi, l’enseignement à Al-Azhar mit en place l’accueil de professeurs visiteurs. C’est ainsi qu’Al-Azhar réunit les caractéristiques du système académique universitaire et devint incontestablement la plus ancienne université islamique du monde.
Au fil du temps, l’enseignement s’est enrichi, les cours se sont diversifiés en incluant l’enseignement des quatre écoles de jurisprudence et l’enseignement de la littérature et langue arabe. La réputation d’Al-Azhar n’a cessé de croître et la tendance chiite s’est éclipsée au profit de la tendance sunnite dont Al-Azhar devint le centre le plus rayonnant.
Sous le règne des Mamluks, entre 648 et 922 A.H. (1250-1517 E.C.), Al-Azhar agrandit ses activités et assuma de nouvelles responsabilités envers le monde musulman. A cause des attaques des Mongols en Asie centrale et le déclin du gouvernement musulman en Andalousie, de nombreux savants ont cherché refuge dans Al-Azhar qui leur ouvrit grand ses portes. L’arrivée de ces savants a contribué indubitablement à l’enrichissement de l’enseignement à Al-Azhar qui connut alors son âge d’or au 8e et 9e siècle A.H. (14e et 15e siècle E.C.). Il est à souligner qu’Al-Azhar joua un rôle important dans le développement de certaines sciences non religieuses. En effet, certains savants étudiaient aussi des sciences comme la médecine, les mathématiques, l’astronomie, la géographie et l’histoire.
Sous l’empire Ottoman, Al-Azhar fut financièrement dépendant des Waqfs (donnations islamiques). Les savants avaient la liberté de choisir les disciplines et les ouvrages qu’ils souhaitaient enseigner. Ainsi, Al-Azhar devint le foyer de sciences islamiques le plus brillant, fort de son identité libre et son indépendance intellectuelle. Cette réputation d’Al-Azhar attira de nombreux savants et étudiants musulmans venant des quatre coins du globe.
Al-Azhar joua un rôle prépondérant dans la lutte contre la campagne militaire de Bonaparte en juillet 1789. Lieu de rencontre des savants et intellectuels pour combattre l’occupation française, Al-Azhar devint le siège de la révolution. Un comité révolutionnaire fut constitué sous la direction de Sheikh Muhammad As-Sadât. Lorsque la révolution éclata, la mosquée d’Al-Azhar fut attaquée par les soldats français qui ont pénétré la mosquée à dos de cheval… Des manuscrits uniques de la bibliothèque d’Al-Azhar furent détruits et l’événement resta gravé dans la mémoire égyptienne. Dans cette situation explosive, le Grand Imâm d’Al-Azhar et les savants jugèrent impossible de poursuivre les cours. Dans sa longue histoire, c’est l’unique fois où Al-Azhar ferma ses portes. Après trois de révolte, le pays retrouva sa liberté et Al-Azhar reprit ses activités.
Sous le règne du Khédive Ismâ`îl, en 1822 le système éducatif fut réglementé et le programme enseigné fut établi avec précision pour chaque étape. Le plus haut diplôme délivré alors par Al-Azhar s’appelait Al-cÂlamiyyah. Il équivaut aujourd’hui à un doctorat et accordait à son détenteur un profond respect. D’autres lois vinrent s’ajouter au règlement d’Al-Azhar et notamment celle de 1950 qui divisa le système éducatif d’Al-Azhar en trois Facultés : Ash-Sharî`ah (jurisprudence islamique), Usûl Ad-Dîn (Fondements de la Religion, Théologie) et Langue Arabe.
En 1961, à côté de son enseignement séculaire des sciences islamiques, Al-Azhar ouvrit des Facultés techniques et pratiques pour enseigner la Médecine, les sciences de l’Ingénieur, l’Agriculture et autres. Cet élargissement de l’enseignement avait pour finalité de permettre à Al-Azhar de rayonner non seulement dans les sciences religieuses mais également dans des disciplines scientifiques.
Depuis 10 siècles, Al-Azhar se dresse comme une citadelle de l’Islam.

A l’époque des Fatimides

Au VIIIe siècle E.C., l’Egypte, tout comme la majeure partie du monde musulman, était sous le règne du califat Abbasside. Cette époque fut marquée par le déclin de cette dynastie : le pouvoir réel était entre les mains des princes des différentes provinces au détriment du calife. Parmi les familles princières célèbres figuraient à l’époque les Ikhshidides en Egypte et les Aghlabides en Afrique du Nord (Algérie et Tunisie). La majorité des musulmans sous l’empire Abasside était de tendance sunnite. Il existait cependant d’autres tendances : des chiites duodécimains en Iraq et dans certaines régions persanes, des chiites zaydites au Nord de la Perse et au Yémen et des kharijites dispersés en Arabie, Iraq et l’Afrique du Nord.
La scène politique était animée par les conflits entre sectes et mouvements. Afin de se parer d’une certaine légitimité aux yeux des masses, la plupart de ces mouvements prétendaient descendre en ligne directe de la famille du prophète - paix et bénédiction de Dieu sur lui. Les Ismaéliens prétendaient descendre de l’Imâm Ismâ`îl Ibn Ja`far As-Sâdiq (7e imâm), un descendant direct de l’Imâm `Alî et de la fille du prophète - paix et bénédictions sur lui-, As-Sayyidah Fatimah Az-Zahrâ’. Il va sans dire que les ismaéliens étaient opposés aux sunnites et aux chiites duodécimains. D’ailleurs, aux yeux de ces derniers, les ismaéliens n’étaient que des usurpateurs et des hérétiques.
L’action d’Abû `Abd Allah Ash-Shî`î, un fonctionnaire califal adhérant à l’ismaélisme, eut un rôle essentiel dans l’expansion du mouvement dans les pays du Maghreb. En 892 E.C., alors qu’il accomplissait le pèlerinage, Abû `Abd Allah rencontra des pèlerins berbères de la tribu de kutâmah. Il les appela en bon prêcheur à l’ismaélisme et retourna s’installer avec eux en petite Kabylie, à Tazrut. A cette époque, un autre ismaélien, `Ubayd Allah Sa`îd, se heurtait au pouvoir abbasside en Syrie dans la ville de Salâmiyyah. Il décida de fuir la Syrie et de s’installer au Maghreb où son confrère Abû `Abd Allah lui avait préparé le terrain en annonçant l’apparition du Calife Attendu Al-Mahdî [1] en Syrie... Présenté comme le Calife attendu, `Ubayd Allah fut accueilli à bras ouverts au Maghreb.
`Ubayd Allah fut proclamé calife à kutâmah. Il commença par éliminer Abû cAbd Allah, celui qui le fit calife ! Peu de temps après, il conquit tout le Maghreb, la Lybie incluse, et construisit au sud de Tunis, la ville d’Al-Mahdiyyah qui devint la capitale de son pouvoir.
Prétendant à une lignée prestigieuse qui remonte à la fille du prophète, `Ubayd Allah se qualifia de Fâtimî et son califat initia la Dysnastie des Fâtimiyyûn, i.e. « fatimides ». Il convient de souligner que les fatimides gouvernaient des peuples à tendance sunnite.


La conquête de l’Egypte par les Fatimides

A l’est de la frontière de l’Empire fatimide naissant se trouvait l’Egypte, sous le califat abbasside siégeant à Baghdâd. L’Egypte comptait alors majoritairement des musulmans de tendance sunnite, suivant principalement en matière de jurisprudence l’école shafiite. Des chrétiens coptes et une petite communauté juive y vivaient également.
Les Fatimides espéraient s’emparer de la vallée du Nil pour faire de l’Egypte leur province principale. Déjà sous le fondateur de la dynastie fatimide, `Ubayd Allah, quatre tentatives de conquête de l’Egypte, gouvernée par un souverain ikhshîdide puissant, échouèrent en 913, 919, 933 et 936.
Suite à la mort de Kâfûr, le dernier souverain ikhshidide, l’Egypte connut une situation instable, voire chaotique sur le plan politique. Les Fatimides profitèrent de cette opportunité. Le quatrième calife fatimide, Al-Mu`izz Lidînillâh, compta sur l’habileté de son général sicilien Jawhar As-Siqillî pour conquérir l’Egypte en 969. L’armée de Jawhar entra en Egypte sans résistance et l’empire abbasside reçut un coup fatal. Les Abbassides venaient de perdre pour toujours le plus beau fleuron de leur empire, Al-Fustât, capitale d’Egypte.
Dès son arrivée en Egypte, Jawhar entama la construction d’une nouvelle capitale, Al-Mansûriyyah, au nord d’al-Fustât. Lorsque Al-Mu`izz vint en Egypte, il décida d’appeler la capitale Al-Qâhirah (i.e. "La Victorieuse", actuel Caire) plutôt qu’Al-Mansûriyyah.
Al-Mu`izz envoya au Caire tous ses ministres, l’élite fatimide et un grand nombre de ses soldats. Les égyptiens étaient méfiants quant aux croyances hérétiques des nouveaux souverains. Ils furent assez soulagés lorsque, dans son premier discours, Jawhar garantit la liberté des croyances. Cette politique ne dura pas longtemps. Des rumeurs niant la lignée prestigieuse du calife se répandirent en Egypte et parvinrent inévitablement à Al-Mu`izz. Afin d’intimider les sceptiques et mettre fin aux rumeurs, on rapporte qu’Al-Mu`izz dit : « Quiconque veut connaître mes ancêtres, les voici ! », et il brandit son épée, et montrant quelques bijoux il rajouta : « Et voilà mes parents ! ».
Les forces fatimides poussèrent plus loin les limites de leur empire en conquérant la Palestine, le Sud de la Syrie et l’Ouest de l’Arabie. Ce fut l’expansion maximale de l’empire qui au fur à mesure de son déclin perdit des provinces.

Naissance d’Al-Azhar

Lorsque Jawhar As-Siqillî posa la première pierre de la nouvelle capitale, Al-Qâhirah, il prévit la construction d’une grande mosquée où serait célébrée la prière sous le règne de son maître Al-Mu`izz. Cette mosquée fut d’abord appelée Jâmi` Al-Qâhirah (La Mosquée du Caire). Elle avait un seul minaret et occupait la moitié de l’espace qu’elle occupe aujourd’hui.
La date à laquelle la Mosquée du Caire fut nommée al-Jâmi` Al-Azhar [littéralement "Le plus Florissant"] est inconnue. Les historiens ne s’accordent pas sur la raison de cette appellation. Certains pensent que son nom fait référence à la fille du prophète Muhammad - paix et bénédictions sur lui -, As-Sayyidah Fâtimah Az-Zahrâ’ [Fâtimah « la plus florissante »]. D’autres soutiennent que la Mosquée étant entourée de nombreux palais appelés, Al-Qusûr Az-Zâhirah [les palais florissants], la Mosquée devint La Mosquée Al-Azhar.
Depuis sa construction, Al-Azhar devint la mosquée officielle pour la prière du vendredi. Les habitants des villes à proximité du Caire, comme Misr [fusion des villes d’Al-`Askar et Al-Fustât] et Al-Qatai’ se dirigeaient tous les vendredi vers Al-Azhar pour écouter le sermon du vendredi (Al-Khutbah), donné par le Calife fatimide, et accomplir la prière en congrégation.
L’appel à la prière (Adhân) et le sermon (Khutbah) suivirent le modèle chiite sous le règne des Fatimides. La mosquée Al-Azhar fut la mosquée fatimide officielle pendant quarante ans, puis elle fut supplantée par une nouvelle mosquée Jâmi` Al-Hâkim (La Mosquée d’Al-Hâkim) construite par le Calife Fatimide Al-Hâkim bi Amrillâh.
Certaines célébrations, comme la célébration du mawlid (la naissance du prophète), se déroulaient à Al-Azhar.


Al-Azhar devint une université

Dès la construction d’Al-Azhar, Al-Mu`izz demanda à son ami `Ali Ibn An-Nu`mân de faire une halaqah [séance d’enseignement où l’audience forme un cercle] de jurisprudence chiite. `Ali Ibn An-Nu`mân était un maghrébin de tendance chiite-ismaélite, à l’image d’Al-Mu`izz. Il basa sa halaqah sur l’enseignement d’Al-Ikhtisâr, un ouvrage de jurisprudence chiite que son père, An-Nu`mân, avait rédigé. Cette halaqah commença en 975, soit trois ans après l’ouverture de la Mosquée Al-Azhar.
Cette halaqah fut suivie par d’autres, dispensées par les frères de `Ali Ibn An-Nu`mân. Ainsi, la famille An-Nu`mân constitua l’élite intellectuelle des fatimides et les premiers enseignants d’Al-Azhar.
En 998, Al-Azhar devint une université islamique à proprement parler. Le calife fatimide Al-`Azîz Billâh approuva un projet visant à organiser l’enseignement d’Al-Azhar ; projet soumis par le ministre Ya`qûb Ibn Kilis. Ibn Kilis jugea nécessaire d’avoir un enseignement régulier assuré par des enseignants qu’il aura personnellement sélectionnés au préalable. Ces derniers recevraient leur salaire par le gouvernement fatimide. Ainsi, le ministre Ibn Kilis forma le noyau du système éducatif d’Al-Azhar.
L’éducation à Al-Azhar incluait la jurisprudence chiite-ismaélite, la grammaire arabe la littérature et l’histoire. L’historien Al-Maqrîzî affirme que l’enseignement à Al-Azhar était tellement sectaire à sa naissance que la possession d’un ouvrage rédigé par un savant sunnite était sévèrement punie. Le climat devint plus détendu lorsque les fatimides construisirent une nouvelle mosquée dont la madrasah [école ou centre d’enseignement interne à une mosquée] devint le centre majeur d’enseignement des croyances chiites-ismaélites. Cette madrasah s’appela Dâr Al-Hikmah [La Maison de Sagesse].


Al-Azhar et Dâr Al-Hikmah

En 1005 E.C., le 6éme calife fatimide, Al-Hâkim bi Amrillâh, ordonna de construire une mosquée. La mosquée porta son nom, mosquée Al-Hâkim, et son école, Dâr Al-Hikmah fut chargée de propager les croyances chiites-ismaélites.
Alors que l’enseignement était public à Al-Azhar, il était destiné à Dâr Al-Hikmah à des étudiants spécialement sélectionnés pour recevoir les croyances propres à la secte ismaélite. Cela dit, le système éducatif de Dâr Al-Hikmah présenta un large éventail de disciplines incluant la langue arabe, la philosophie, l’astronomie, les mathématiques, et la médecine.
Avec l’apparition de Dâr Al-Hikmah l’esprit sectaire de l’enseignement à Al-Azhar s’estompa progressivement. Les ouvrages non ismaélites furent de plus en plus tolérés. De plus, l’influence ismaélite à Al-Azhar se limita à certains cours de jurisprudence chiite. Pour les autres croyances chiites-ismaélites, Dâr Al-Hikmah avait pris le relais.
Les enseignements extrémistes, secrètement dispensés à l’origine à Dâr Al-Hikmah, commencèrent à sortir dans la rue au Caire et leur caractère « missionnaire » fut dévoilé. Les habitants du Caire se révoltèrent et les Fatimides durent fermer l’école. Elle rouvrit ses portes, mais cette fois sans cours secrets.
Au cours des quelques années où Dâr Al-Hikmah devint le premier centre d’éducation fatimide, plusieurs figures éminentes vinrent en Egypte pour étudier. Le poète et voyageur perse Naser-i-Khusru étudia à Dâr Al-Hikmah ainsi que Hasan-i-Sabbah le fondateur de la confrérie des Hashashin en Perse.

Les savants de la Mosquée Al-Azhar sous les Fatimides

Bien que la famille An-Nu`mân veilla à l’enseignement de la jurisprudence chiite-ismaélite à Al-Azhar, de brillants savants sunnites y enseignèrent notamment après le transfert de la majeure partie de l’enseignement chiite à Dâr Al-Hikmah. Citons les grammairiens al-Hûfî, Ibn-Barakât et Ibn Babshad, le savant du Hadîth Abû `Abd Allah Al-Qudâ’i et l’Imâm des Qira’ât (lectionnaire), Ahmad Ibn Hâshim Al-Misrî.

Financement d’Al-Azhar

Après sa construction, Al-Azhar fut directement financé par les califes fatimides. Par ailleurs, des Egyptiens aisés participaient à son financement en lui léguant une part de leur fortune ou propriétés privées.

 Notes

[1] Le Calife Al-Mahdî, le Calife attendu : annoncé dans la tradition musulmane comme descendant du Prophète et venant à la fin des temps rétablir la justice. Les Ismaéliens considérant le pouvoir sunnite comme illégitime car son détenteur ne descend pas de la lignée du Prophète. A leurs yeux, le dernier Imâm légitime de la communauté musulmane, descendant de l’Imâm `Alî et Fâtimah (la fille du prophète), était Ismâ`îl mort en 765 E.C. Son fils Muhammad, disparu, fut considéré par les Ismaéliens comme l’Imâm caché et identifié à al-Mahdî devant réapparaître à la fin des temps.

Le déclin des Fatimides

Les Fatimides gouvernèrent l’Egypte pendant deux cents ans. Malgré l’appartenance des Fatimides à la secte chiite-ismaélite, le peuple Egyptien resta fidèle à la tendance sunnite, enseignée dans des anciennes mosquées comme Jâmi` `Amr Ibn Al-`Âs. Cette différence de tendance entre gouverneurs et gouvernés n’était pas sans occasionner des problèmes.
De plus, les Fatimides devaient faire face à des menaces externes croissantes. Des révoltes au Maghreb mirent fin à leur domination dans cette région. Ils perdirent également leurs provinces de l’Est, comme la Palestine, la Syrie et le Hijâz, désormais sous le contrôle turc, combattant pour le califat abbasside.
Au 11e siècle, des menaces de l’Europe surgirent. Les Croisés Francs avaient les yeux rivés sur des parties de l’empire fatimide agonisant. En 1095, Jérusalem fut envahie par les Croisés et bientôt toute la Palestine, ouverture stratégique sur la Syrie, la Haute Mésopotamie et l’Egypte. Les Fatimides étaient désormais incapables de défendre leur empire.
Trente ans après la prise de Jérusalem, le gouverneur de Moussoul, Zangui, fonda la dynastie zanguide dans la Syrie et le Liban actuels. Il se lança dans la lutte contre les Francs. Il reprit en 1144 Edesse, la capitale de l’un des royaumes francs existants depuis 1099. A sa mort, son fils Nûr Ad-Dîn Mahmûd lui succèda. Guerrier exceptionnel, musulman sunnite, Nûr Ad-Dîn [ littéralement "La lumière de la Religion"] poursuivit farouchement les efforts de son père. Il libéra les forteresses franques au Nord de la Syrie. Les royaumes francs d’Edesse et d’Antioche tombèrent. La justice avec laquelle Nûr Ad-Dîn administra la Syrie fut légendaire.
Voyant que le roi chrétien de Jérusalem, Armaury Ier, avait des vues sur l’Egypte, Nûr Ad-Dîn anticipa en envoyant son armée dans les terres Egyptiennes sous le commandement de deux grands guerriers kurdes : Asad Ad-Dîn Shirkûh et Salâh Ad-Dîn Al-Ayyûbi (i.e. « Saladin » en occident). L’expédition de l’armée Syrienne en Egypte fut un grand succès pour Nûr Ad-Dîn. Les Croisés furent chassés, leurs collaborateurs parmi les fatimides également. Salâh Ad-Dîn [littéralement : "la droiture de la religion"] devint le grand vizir d’Egypte.
Avec la mort du dernier calife fatimide, Salâh Ad-Dîn instaura la dynastie des Ayyûbides où il rétablit le sunnisme.

Salâh Ad-Dîn Al-Ayyûbî (Saladin)

Salâh Ad-Dîn naquit dans une famille kurde en 1138 à Takrît, en Iraq. Musulman sunnite, il rêvait de la libération des territoires musulmans envahis par les Croisés. Il réalisa son rêve et fut glorifié par l’histoire. Les Egyptiens ont gardé leur tendance sunnite pendant le règne fatimide qui dura deux siècles. Cependant, de nombreuses habitudes fatimides avaient fini par déteindre sur la vie religieuse populaire du pays. Salâh Ad-Dîn commença par éradiquer toute influence fatimide sur la rue égyptienne. Il fit appel aux savants musulmans sunnites égyptiens, autrefois contraints à faire profil bas sous la dynastie fatimide. Il rétablit donc le sunnisme et après la mort de Nûr Ad-Dîn Mahmûd, les princes syriens lui prêtèrent allégeance. Il devint alors le Sultan d’Egypte et de Syrie qu’il rattacha au califat abbasside.
Les Fatimides restants se sont révoltés contre lui et réunirent leurs forces en Haute-Egypte. Dirigée par son frère Al-`Âdil [Le Juste], l’armée écrasa la révolte.
Comme Al-Azhar était la mosquée officielle des Fatimides et un centre d’enseignement chiite, Salâh Ad-Dîn y arrêta la prière du vendredi ainsi que les cours chiites autrefois dispensés dans les halaqahs. Toutefois, il approuva l’enseignement des quatre écoles de jurisprudence sunnites à Al-Azhar.
La seconde priorité pour Salâh Ad-Dîn fut de reconquérir les Lieux Saints (Jérusalem). Son armée était essentiellement composée d’Egyptiens, de Syriens, et un certain nombre de généraux d’origine turque ou kurde. En réponse à l’attaque faite par les Croisés du château des Cracks de Chevaliers contre des pèlerins musulmans, Salâh Ad-Dîn ordonna son armée de se diriger au Nord de la Palestine. Dans une bataille historique à Hittîn, l’armée musulmane fut victorieuse de l’armée des Croisés malgré le désavantage numérique. La victoire à Hittîn ouvra la voie vers Jérusalem. Il entra dans la ville sans affrontement ni résistance et fit preuve de miséricorde envers les prisonniers de guerre. Le nom de Salâh Ad-Dîn fut gravé avec des lettres d’or dans la mémoire de l’Islam. Il devint le héros musulman de son temps et avec ses victoires, l’Egypte émergea dans le monde musulman comme le pays des chevaliers.
Salâh Ad-Dîn dut faire face à une troisième expédition de Croisés conduite par trois souverains européens : Philippe Auguste (France), Frédéric Barberousse (Allemagne) et Richard Cœur de Lion (Angleterre). L’armée de Salâh Ad-Dîn, essentiellement constituée d’Egyptiens, de Syriens et quelques Turcs, s’opposa aux forces croisées dans des batailles en Palestine. Le 10 juin 1190, l’Empereur d’Allemagne mourut à Sélef. Affaiblis par les forces de Salâh Ad-Dîn, les Croisés ont dû abandonner en 1192.
Salâh Ad-Dîn ne vécut pas longtemps après ces victoires. Il retourna à Dieu en 1193 à Damas où il fut enterré. Dévoué pour la cause de l’islam, il ne cherchait pas sa propre fortune. Même en Occident, son nom est associé à la bravoure et à la chevalerie.
Ses successeurs devinrent les sultans d’Egypte, de Syrie, du nord de l’Iraq et la majeure partie de la Palestine. La capitale de leur dynastie fut le Caire, Damas était la deuxième ville la plus importante.


La citadelle de Saladin

Les Ecoles ayyoubides

Bien que Salâh Ad-Dîn fit de l’Egypte la citadelle de l’Islam, repoussant toutes les menaces externes, il n’éprouvait pas de sympathie pour Al-Azhar. Il y voyait un outil mis en place par les Fatimides pour répandre leurs croyances, jugées non orthodoxes et hérétiques par les autres musulmans.
Afin d’affirmer avec force les croyances sunnites, Salâh Ad-Dîn entreprit des projets d’éducation. Il emprunta l’idée à son maître Nûr Ad-Dîn qui fit de la Syrie un grand centre intellectuel et construisit de nombreuses Ecoles islamiques sur tout le territoire Egyptien. Il paya généreusement les savants chargés d’y enseigner si bien que ces nouvelles Ecoles attirèrent de nombreux imâms. L’Egypte et la Syrie constituèrent alors le centre de gravité des sciences islamiques.
Les nouvelles Ecoles ou madrasah concurrencèrent Al-Azhar et contestèrent son rôle. Cela dit, Al-Azhar conservait un avantage par rapport à ces madrasah. En effet, la plupart de ces écoles étaient spécialisées dans l’enseignement de l’une des quatre écoles sunnites de jurisprudence (Hanafî, Maléki, Shâfî`î ou Hanbalî) alors qu’à Al-Azhar les quatre écoles de jurisprudence étaient représentées et enseignées.

Savants d’Al-Azhar sous les Ayyoubides

Malgré la crise que connut Al-Azhar sous le règne Ayyoubide, cette université séculaire continuait à attirer de nombreux savants de renommée comme : Abû Al-Qâsim Al-Manfalûtî, Shams Ad-Dîn At-Tabeki, le soufî `Omar Ibn Al-Fârid, Sa`d Ad-Dîn Al-Hârithî, Jamâl Ad-Dîn Al-Asyûtî et le célèbre historien musulman Shams Ad-Dîn Ibn Khalikân.

L’apogée des Mamelouks

Le dernier Sultan de la dynastie ayyoubide, As-Sâlîh, avait constitué une armée d’esclaves achetés comme mercenaires, connus sous le nom de Mamelouks. La plupart de ces Mamelouks étaient turcs et afghans. Leurs pays d’origines furent frappés par les vagues d’invasion mongoles qui semèrent le chaos et le trouble dans les peuples musulmans. De nombreux enfants perdus furent capturés par les marchands d’esclaves. Les Sultans ayyoubides achetèrent beaucoup de ces enfants et formèrent une élite, bien éduquée, bien entraînée. Lorsque la dynastie ayyoubide s’affaiblit, l’un des Mamelouks prit le relais et dirigea l’Égypte et la Syrie. Ce Mamelouk en question est Sayf Ad-Dîn Qutuz. Arrivé au pouvoir, il devait faire face aux Mongols qui après avoir détruit le califat à Bagdad, ils massacrèrent une grande partie du peuple musulman local et se dirigèrent vers les villes syriennes comme Alep, Hims et Damas.
Les Mongols profitèrent de la situation agonisante de la dynastie ayyoubide et envoyèrent des émissaires menacer Qutuz avec la guerre s’il ne cédait pas pacifiquement ce qui restait du sultanat (Égypte et Palestine). Qutuz refusa. L’un des savants les plus éminents de l’islam, surnommé le sultan des savants, Al-`Izz Ibn `Abd As-Salâm, dit à Qutuz d’utiliser les biens de l’élite gouvernant le sultanat pour bâtir une armée puissante. Qutuz se soumit à la proposition du sultan des savants et appela le peuple Égyptien à faire la guerre sainte (Jihâd) contre les Mongols.
Il prépara une armée, commandée par l’élite des officiers Mamelouks et essentiellement constituée de paysans Égyptiens et des Syriens qui ont fui après l’invasion mongole. L’affront eut lieu au Nord de la Palestine. Dans la bataille décisive de `Ayn Jâlût, l’armée musulmane fut victorieuse des troupes mongoles dont le commandant, Kitbûgha, fut tué. Ce fut la première défaite des Mongoles qui se retirèrent alors du reste de la Syrie. Ainsi, Qutuz devint le Sultan d’Égypte et de Syrie.

Émigration des savants vers Al-Azhar

Le califat islamique a toujours été perçu comme un symbole de l’union de la communauté musulmane. Suite à la destruction du califat abbasside à Bagdad et la défaite des mongoles à `Ayn Jâlût, le 2e sultan Mamelouk, Adh-Dhâhir Baybars invita la famille abbasside à s’installer au Caire. Ce mouvement fut accompagné par l’émigration de nombreux savants de l’Est vers l’Égypte et parfois vers la Syrie. En parallèle à ce flux de savants venant de l’Est, un autre flux s’ajouta, mais cette fois venant de l’Ouest. De nombreux émirats andalous furent sous un règne chrétien entre 1236 et 1261, par conséquent des Ecoles islamiques à Qurtuba (Cordoba), Qartâjah (Cartagena), Ishbiliyya (Seville) et Balansiyya (Valencia) furent détruites. L’Égypte, première puissance islamique de l’époque, attira les flux de savants fuyant l’occident.


Renaissance d’Al-Azhar

Sous le règne fatimide, la renommée d’Al-Azhar était encore limitée. D’une part, de nombreux musulmans portaient un regard péjoratif sur les Fatimides et, d’autre part, les écoles islamiques de Bagdad constituaient d’excellents centres d’enseignement islamiques, où l’on comptait des savants du calibre de Abû Hâmid Al-Ghazâli (appelé également l’Argument de l’islam), Abû Ishâq Al-Isfarâ’înî, Al-Juwaini, Abû Bakr Al-Baqilânî.
Sous le règne des Ayyoubides, l’enseignement sunnite fut établi à l’université d’Al-Azhar et la construction de nombreuses écoles islamiques en Égypte empêcha Al-Azhar de monopoliser l’enseignement. Il était vu comme l’une des nombreuses Ecoles islamiques existant en Égypte, Iraq, Syrie ou Andalousie sans autre distinction.
Sous le règne du second sultan Mamelouk, et grâce aux efforts du vice Sultan `Izz Ad-Dîn Aydmer, Al-Azhar connut une véritable renaissance et devint le centre intellectuel et religieux le plus brillant du monde musulman. Aydmer vivait dans un palais près d’Al-Azhar. Il proposa à Baybars un projet de restauration et d’agrandissement de la mosquée. Le Sultan apprécia cette idée et fournit à Aydmer les fonds nécessaires pour la remettre à neuf. De nombreux princes Mamelouks apportèrent leur soutien financier à ce projet. La prière du vendredi fut dirigée de nouveau à Al-Azhar. Il encouragea les savants les plus brillants à y enseigner. Grâce aux efforts soutenus d’Aydmer et au flux des savants venus de tous le monde musulman, la mosquée-université atteignit le paroxysme de sa gloire.

Activités d’Al-Azhar sous les Mamelouks

Al-Azhar devint alors le premier centre pour les études islamiques. Il accueillit des étudiants Égyptiens, Syriens, mais aussi des Maghrébins, des Persans et Érythréens. Pendant le mois de Ramadân, les traditions du prophète - paix et bénédictions sur lui - compilées par l’Imâm Al-Bukhâri étaient enseignées à la mosquée. Assistaient à ces séances les princes Mamelouks. La Mosquée devint le centre d’information publique si bien que les déclarations du Sultan Mamelouk étaient faites à la mosquée.
Les Mamelouks dotèrent l’illustre université d’une administration. Ils choisirent un prince Mamelouk pour la diriger. Il occupa le poste de Nadhir Al-Azhar (i.e. le recteur d’Al-Azhar). Al-Azhar devint également un lieu du rassemblement du peuple chaque fois qu’un événement important survenait. Aux temps des pénuries, les Égyptiens s’y réunissaient soit pour écouter les ordres du sultan soit pour participer aux invocations des savants.


Une des nombreuses universités d' Al-Azhar

Bâtiments d’Al-Azhar

Al-Azhar fut rénové à plusieurs reprises sous le règne Mamelouk. Le premier projet de rénovation fut mené par `Izz Ad-Dîn Aydmer, soutenu financièrement par les princes Mamelouks pour développer la mosquée.
En 1302, un tremblement de terre frappa l’Egypte et la Syrie. De sérieux dommages furent enregistrés dans de nombreuses mosquées du Caire. Les princes Mamelouks et le sultan An-Nâsir Muhammad Ibn Qalawûn se sont partagés la reconstruction des mosquées. Chaque prince avait à sa charge la reconstruction d’une mosquée. Al-Azhar fut reconstruit par le prince Salart.
En 1325, le juge Najm Ad-Dîn As-S’ardi rénova les bâtiments d’Al-Azhar à ses propres frais. En 1360, sous le règne du Sultan Hasan Ibn Muhammad Ibn Qalawûn, de nombreuses parties furent rénovées sous la direction du prince At-Tawâshi Bashîr Al-Jamdar. Il agrandit Al-Azhar en construisant de nouveaux bâtiments pour l’éducation des orphelins et un restaurant gratuit pour les étudiants pauvres d’Al-Azhar.
En 1424, le minaret d’Al-Azhar devait être reconstruit. Le Sultan Adh-Dhâhir Barqûq démolit l’ancien minaret et construisit un nouveau minaret, qui existe encore aujourd’hui.
Entre 1468 et 1496, l’Égypte était gouvernée par le Sultan Al-Ashraf Qaytbay. Ce Sultan prit un soin exceptionnel d’Al-Azhar au point de se déguiser en étudiant maghrébin pour inspecter discrètement l’enseignement à Al-Azhar. Qaytbay construisit plusieurs portes à Al-Azhar, un minaret et des containers d’eau.


  Intérieur de la mosquée

Ecoles d’Al-Azhar

Les Sultans Mamelouks bâtirent de nombreuses écoles autour d’Al-Azhar afin d’accueillir les effectifs croissants des étudiants azharites.
École Taybarsiyya : Construite par le chef de l’armée le Prince `Alâ’ Ad-Dîn Taybars al-Khazindârî en 1310. Elle était dédiée à l’enseignement de la jurisprudence shafiite.
École Aqub-ghawiyya : Construite par le Prince `Alâ’ Ad-Dîn Aqub-gha en 1340, à la place du palais du prince Aydmer. On y étudiait la jurisprudence shafiite et hanbalite.
École Jawhariyya : Construite par le Prince Jawhar Al-Qanqibâ’î en 1441.

Les savants d’Al-Azhar sous les Mamelouks

Sous le règne malûk, la plupart des savants les plus renommés enseignèrent à la mosquée et université d’Al-Azhar ou du moins la visitèrent. L’intérêt premier accordé à Al-Azhar par les princes Mamelouks lui permit de devenir le premier centre intellectuel musulman. À cette époque, l’enseignement y était clairement défini.
Parmi les savants qui enseignèrent sous le règne des Mamelouks, on cite :
  • Abû Al-`Abbas Al-Qalqashandî
  • Taqqiyy Ad-Dîn Ahmad al-Maqrîzî
  • Ibn Hajar Al-`Asqalânî
  • Badr Ad-Dîn Al-`Aynî
  • Sirâj Ad-Dîn Al-Balqînî
  • Sharaf Ad-Dîn Al-Munâwî
  • Abû Al-Mahâsin Ibn Taghribirdî
  • Shams Ad-Dîn As-Sakhâwî
  • Jalâl Ad-Dîn As-Suyûtî
  • Muhammad Ibn Ahmad Ibn Iyâs
  • Muhammad Taqqiy Ad-Dîn Al-Fâsî
  • Taqiyy Ad-Dîn Ibn Khaldûn

Diplômes d’Al-Azhar

L’idée de délivrer des certificats aux étudiants d’Al-Azhar commença sous les Mamelouks. Le mot arabe Ijâzah signifie "autorisation" et renvoie à l’habilitation d’un étudiant par un savant reconnu. Trois types de Ijâzah furent délivrés à Al-Azhar. Le premier : Ijâzat Al-Futyâ wat-Tadrîs permettait à son détenteur d’enseigner la jurisprudence dans une école islamique en Égypte, voire à Al-Azhar. Le deuxième : Ijâzah bi `Irâdat Al-Kutub, témoignant à son détenteur de sa parfaite mémorisation et maîtrise des ouvrages de référence. Enfin, Ijâzah bil-Marwiyât `alâ Al-Istid`â’ât, attestation délivrée par un savant distingué d’Al-Azhar à un savant vivant à l’extérieur de l’Égypte, après une analyse détaillée de ses écrits.



Ludwig Deutsch, La cour de l'Université Al-Azhar au Caire (1890), huile sur toile

P.-S.

RERERENCES
  • Muhammad `Abd Allâh `Inân, 1958, Târikh Al-Jâmi` Al-Azhar (L’histoire de la mosquée Al-Azhar).
  • Saniya Qura’a, 1968, Târikh Al-Azhar fî Alf `Âm (L’histoire d’Al-Azhar en mille ans).
  • `Abd Al-`Aziz Ash-Shinnâwî, 1983, Al-Azhar Jâmi`an wa Jâmi`atan(Al-Azhar, une mosquée-université).

Un  site officiel d'Al Azhar en Arabe/Francais et Anglais qui pourrait vous intérésser ,et qui comporte les conditions d'admission, les matières ,programme,etc...



http://www.alazhr.com/index.htm
http://www.islamic-council.com/azharux/def1.asp

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