dimanche 2 octobre 2011

Mort & Ressurection selon ibn Arabi [Maurice Gloton]





auteur : maurice gloton source: imodernite.com texte d'une conférence publique



Mort et Résurrection dans l'Œuvre d'Ibn `Arabî


Hier matin, nous avons fait une présentation sommaire du thème de la mort et de la Résurrection dans l'ouvrage d'Ibn `Arabî qu'il a intitulé "al-Futûhât al-Makkiyya", "Les Ouvertures ou Conquêtes mekkoises". Nous avons porté principalement notre réflexion sur ce même thème présenté en de multiples passages du texte coranique et dans certaines traditions prophétiques sûres, afin de nous permettre de mieux situer, aujourd’hui, l'approche du maître qui fonde toujours ses écrits sur le Qur'ân et la Sunna authentique du Prophète.
Nous avons annoncé alors les cinq chapitres suivants de cet ouvrage qui aborde ce thème fondamental :
1 - Chapitre 61 : De la connaissance de la Géhenne ;
2 - Chapitre 62 : Des degrés réservés aux hôtes du Feu ;
3 - Chapitre 63 : De la permanence des êtres humains dans l'intermonde ;
4 - Chapitre 64 : De la connaissance de la Résurrection, de ses demeures et de ses significations ;
5 - Chapitre 65 : Du Jardin, de ses demeures et de ce qui s'y rapporte.
Dans un autre chapitre, le 198ème, intitulé "De la connaissance du Souffle (fî ma`rifat an-nafas), très important tant par le nombre de pages que par la quantité des sujets abordés, Ibn `Arabî situe ces deux demeures de la vie ultime, Jardin paradisiaque et Feu infernal, par rapport à d'autres degrés de l'Existence universelle.
Notre exposé d'aujourd'hui s'organisera alors de la façon suivante :
Présentation du chapitre 198 dans ses articulations principales, en faisant ressortir le rôle propagateur que joue, dans la structuration de l'Existence universelle, le Souffle existentiateur en rapport avec lequel, les 28 lettres de l'alphabet arabe considérées s'articulent selon leurs points naturels d'émission dans l'appareil phonatoire, en partant de la plus intérieure, la lettre hamza, pour aboutir à la plus extérieure, la lettre wâw, chacune d'elles correspondant à un degré dans la hiérarchie cosmique descendante de l’Existence universelle. Ces 28 lettres ainsi considérées sont les prototypes des 28 lettres consonantiques types que l'être humain peut proférer à tout moment dans son appareil phonatoire conformé pour les recevoir.
Parmi ces 28 degrés, deux vont plus spécialement retenir notre attention : il s'agit d'une part de la sphère de l'Atlas ou du Ciel sans étoile, ou sphère du Zodiaque (falak al-burûj) avec ses 12 tours ou signes (burûj) et d'autre part de la Sphère des étoiles fixes (falak al-kawâkib ath-thâbita) avec ses 28 mansions.
Le terme non coranique "nafas" : souffle, respiration, haleine, est employé par 'Ibn `Arabî dans l'intitulé du chapitre 198. Il provient de la racine N.F.S. qui comporte des significations polysémiques importantes : Avoir une action sur quelqu'un par le souffle et/ou par le regard, relever de couches, être d'un grand prix, soulager, consoler, aspirer à quelque chose. Cette racine N.F.S. est conjuguée, dans le texte coranique seulement deux fois : une fois à la 5ème forme verbale (tanaffasa), et prend le sens de respirer, soupirer, s'épanouir, exhaler un souffle : « Par l’aurore quand elle a répandu ses souffles. » (Qur’ân 81-18), et une fois à la 6ème forme verbale (tanâfasa), et signifie : aspirer intensément. Le mutanâfisest l'être qui respire, propage ou utilise son souffle, aspire à quelque chose de tout son souffle : « …Que ceux qui aspirent fortement à cela mettent tout leur souffle. » (Qur’ân 83-26). Ibn `Arabî se servira du terme mutanâfis pour décrire l'être humain qui oriente son souffle pour former intégralement les 28 lettres consonnes distinctes de l'alphabet arabe, afin de composer des mots et pour obtenir les trois mouvements vocaliques A, OU, I. sans lesquels aucune lettre consonne ne pourrait être émise.
Citons le Maître : "Le Principe est unique en tant que souffle mais multiple sous le rapport de ses 28 points d'arrêts (cosmiques). En effet, l'Univers (`âlam) est établi selon les 28 mansions ou demeures (manâzil) dans lesquelles les astres (mobiles = sayyâra) évoluent et selon les 12 signes du Zodiaque (burûj), lieux de ces mansions issues de la Sphère céleste (falak mustadîr) à l'instar des points d'arrêts du souffle dans l'appareil phonatoire en vue de l'existenciation de l'Univers et de ce qui lui est approprié. Chaque degré de l'Univers admet ces points d'arrêt que les lettres prototypiques (a`yân al-hurûf) font apparaître."
Pour établir le dynamisme existentiel du nom divin "ar-Rahmân", Ibn `Arabî se fonde sur le Qur'ân et la Tradition prophétique (sunna). "C'est Lui qui, en six Jours, a créé les cieux et la terre et ce qui (se trouve) entre les deux, et Il s'est établi sur le Trône, le Tout Rayonnant d'Amour. Interroge donc à ce sujet qui est bien informé !" (Qur'ân 25-59). "C'est Lui qui a créé les cieux et la terre en six Jours et Son Trône se trouvait sur l'Eau…" (Qur'ân 11-7). Dans les moments d'adversité, quand il recevait l'aide des Ansâr, le Prophète disait : "Le Souffle du Tout Rayonnant d'Amour me vient de la direction du Yémen, ou de la Droite (Inna nafasa-r-Rahmâni ya'tî-nî min qabli-l-yamani).
Ibn `Arabî assimile les 28 lettres aux 28 mansions que traverse le soleil dans son cycle de rotation tout autour des 12 signes zodiacaux. Cette connaissance générale et universelle qu'il décrit est fondée en partie sur quelques versets coraniques et surtout sur une transmission régulière continue qui remonte à des temps qu'on ne peut préciser et relevant en grande partie de données astrologiques traditionnelles. "C'est Lui qui a fait du soleil une illumination (diyâ') et de la lune une lumière (nûr). Il a déterminé pour celle-ci des phases (manâzil, ou = demeures, mansions) afin que vous connaissiez le nombre des années et le comput des jours. Allâh n'a créé cela que par la Vérité. Il expose Ses signes distinctement à ceux qui sont capables de discernement." (Qur'ân 10-5). "Le soleil parcourt un lieu constant qui lui est assigné. Telle est la détermination de l'Inaccessible, de l'Omniscient. (36-38) -/- Nous avons assigné à la lune des mansions jusqu'à ce qu'elle soit redevenue semblable à un croissant initial (`urjûn qadîm = lit. palme desséchée) (36-39) -/- Il ne convient pas au soleil de rattraper la lune ni à la nuit de devancer le jour. Chacun évolue dans une orbite (céleste). (Qur'ân 36-40). "Par le ciel doté de tours" (ou = les douze signes du Zodiaique - wa-s-samâ'i dhâti-l-burûj) (Qur'ân 85-1).
Dans certains versets, il est mentionné un nombre précis de cieux et de terres qu’on peut mettre en correspondance symbolique avec les sept astres du système solaire : « Allâh est Celui qui a créé sept cieux et autant de terres. Entre eux, Son Ordre descend afin que vous sachiez qu’Allâh évalue la mesure de toute réalité et qu’Allâh a d’ores et déjà embrassé toute réalité dans Sa Science. » (Qur’ân 65-12).
Cette mention de données astrologiques traditionnelles est présente dans certains des cinq chapitres à l’étude. Ainsi, dans le chapitre 61 qu’Ibn `Arabî consacre à la connaissance de la Géhenne, il précise : « …Dieu a existencié la Géhenne dans l’ascendant (tâli`) du signe du Taureau (thawr) » Plus loin, il dira : « Lorsque Dieu créa la Géhenne, Saturne (zuhal) se trouvait dans le signe zodiacal du Taureau (thawr), le soleil et les luminaires dans celui du Sagittaire (qaws) et les autres astres dans celui du Capricorne (jady… ». « La Géhenne trouve ses limites depuis la concavité de la sphère des étoiles fixes (falak al-kawâkib ath-thâbita) jusqu’à l’extrême abaissement d’êtres inférieurs (cf. Qur’ân 95-5)… »
Dans le chapitre 65 consacré au Jardin paradisiaque, sans faire de commentaire, le maître mentionne rapidement où se situe symboliquement un des jardins parmi d’autres : « …Dieu a créé ce jardin sensible dans l’ascendance du Lion (tâli` al-asad)… ».
A la section 19 du chapitre 198 des Futûhât al-Makkiyya réservée à la lettre cosmique jîm et à la sphère sans étoile ou sphère du Zodiaque avec ses 12 signes ou tours (burûj), Ibn `Arabî précise que cette sphère est la voûte ou toit du Jardin paradisiaque (saqf al-janna).
A la section 20, du même chapitre 198, réservé à la lettre shîn et à la sphère des 28 Mansions et des jardins paradisiaques, Ibn `Arabî réaffirmera que c’est dans ce lieu symbolique sphérique que se situe la terre du Jardin (ard al-janna) et non plus le toit du Jardin de celle-ci comme il l’a mentionné à la section précédente 19 « …Ces jardins se trouvent dans l’ascendant du Lion qui est un signe zodiacal fixe (burj thâbit). Ces jardins possèdent la permanence (dawân) et ce signe implique la force irrésistible (qahr). Pour cette raison, les hôtes de ce signe disent à une chose « Sois » et elle ne peut faire autrement que d’être. En effet, c’est seulement dans ce signe du Zodiaque que les êtres ont une telle impétuosité. Ils possèdent la force irrésistible pour faire passer les choses de la non existence à l’existence… ». C’est dans la concavité de cette sphère symbolique que le maître situe le toit de la Géhenne (saqf Jahannama). La lettre shîn qui lui est attribuée et sa mansion concernent le Front du Lion (jabhat al-asad).
Dans cette représentation sphérique symbolique, le Jardin paradisiaque se situe dans l’arc supérieur de cette sphère et la Géhenne et le Feu correspondant dans toute la concavité de ce lieu symbolique jusqu’à son fondement le plus bas. L’imagination peut s’exercer à travers ces quelques données et en tirer un enseignement qui relève plus de l’intuition que de la cogitation.
Le tableau synoptique qui suit présente un récapitulatif des différents degrés ontologiques et cosmiques attachés aux lettres prototypiques et concrètes, aux 28 mansions et aux 12 signes zodiacaux ainsi qu’à certains noms divins, Il montre, d’une manière très schématique comment s’articulent les 28 plans d’existence qu’Ibn `Arabî décrit longuement dans le chapitre 198 déjà mentionné.




Les 12 signes du Zodiaque et les 28 Mansions cosmiques selon Ibn `Arabî



Remarque : Les 28 lettres de l’alphabet arabe ont été classées par Ibn `Arabî selon l’ordre naturel de leur point d’émission dans l’appareil phonatoire en correspondance avec les 28 mansions cosmiques.





Aux 12 signes du Zodiaque (burûj), correspondent 28 mansions (manâzil), soit 2 mansions 1/3 par signe zodiacal





les 28 lettres et les Mansions cosmiques





les Noms divins correspondants





les 28 mansions cosmiques dans le Zodiaque





les 12 signes du Zodiaque







al-Badî` l’Innovateur (le Qalam suprême ou Intellect Premier)





^ bélier (1)





11





ء- hamza





نَطِّحNattih (racine N.T.H. : donner un coup de corne) (La Corne du Bélier)





(al-Hamal)








21/3 à 20/4








al-Bâ`it l’Eveilleur (la Table Gardée ou Âme universelle)






12





ه - hâ’





بَطِينBatîn (racine B.T.N. : frapper au ventre - être intérieur) (Le Ventre du Bélier)





^ bélier (1)










al-Bâtin l’Intérieur (la Nature universelle - at-tabî`a)





^ bélier (1/3)





13





ع - `ayn





ثُرْيّاThuryya (racine TH.R.Y. : être nombreux, riche (Les Pléiades)





_ taureau (2/3)








(al-Thawr)








al-Âkhir le Dernier (la Substance primordiale indifférenciée)





21/4 à 20/5





14





ح - hâ’





دَبَرَان Dabarân (racine D.B.R. : se trouver derrière) (L’œil du Taureau)





_ taureau (1)










azh-Zhâhir (laExtérieur (le Corps universel - jism kullî)





_ taureau (2/3)





15





غ - ghayn





هَقْعَة Haq`a (racine H.Q.`A : cautériser) (La Tête de l’Orion)









` gémeau (1/3)








al-Hakîm le Sage (la Conformation cosmique - shakl)





(al-Jawzâ’)





16





خ - khâ’





نَحِيَّةNahiyya (racine N.H.Y. : baratter) ou هَنْعَةHan`a (racine H.N.`A :





21-5 à 20-6








marquer au cou)(alhena) (Le Bras gauche de l’Orion)





` gémeau (1)








al-Muhît l’Enveloppant (le Trône - `arsh)






17





ق - qâf





ذِرَاع Dhirâ` (racine DH.R.`A : mesurer avec l’avant-bras) (Le Bras de l’Orion)





` gémeau (1)











ash-Shakûr le Reconnaissant (le Piédestal - kursî)





a cancer (1)





18





ك - kâf





نَثْرةNathra (milieu du nez - racine : N.TH.R. répandre) (Le Nez du Lion)





(al-Saratân)









21/6 à 20/7








al-Ghaniyy Le Suffisant par Soi (la Sphère sans étoile, abyssale)






19





ج - jîm





طَرْف Tarf (racine T.R.F. toucher à l’œil) (L’œil du Lion)





a cancer (1)











al-Muqaddir l’Evaluateur (la Sphère des étoiles fixes)





a cancer (1/3)





20





ش - shîn





جَبْهَةJabha (racine J.B.H. : frapper au front) (Le Front du Lion)





b lion (2/3)









(al-‘asad)








ar-Rabb le Maître, l’Enseigneur (Saturne - Zuhal - Abraham)





21/7 à 20/8





21





ي - yâ’





خُرْثَانKhurthân (racine KH.R.TH. : être démuni) (La Crinière du Lion)





b lion (1)











al-`Alîm le Savant (Jupiter - mushtarî - Moïse)





b lion (2/3)





22





ض - dâd





صَرْفَةSarfa (racine S.R.F. : tourner) (Le Cœur du Lion)










c vierge (1/3)








al-Qâhir le Contraigneur (Mars - mirikh - Aaron)





(al-`Adh’)





23





ل - lâm





عَوَّ `Awwâ (racine `A.W.W. : hurler) (Constellation du Bootès)





21/8 à 20/9









c vierge (1)








an-Nûr la Lumière (Soleil - shams - Idrîs)






24





ن - nûn





سِمَاك أَعْزَل(racine S.M.K. : être haut - poisson et `AZ.L. éloigner qqch) Simâk ‘a`zal (l’Epi)





c vierge (1)














al-Musawwir le Formateur (Vénus - Zuhra - Joseph)





d balance





25





ر - râ’





غَفْر Ghafr (racine GH.F.R. : couvrir) (3 petites étoiles)





(al-Mîzân) (1)









21/9 à 20/10








al-Muhsî Celui qui garde en compte (Mercure - `Urarid - Jésus)






26





ط - tâ’





زُبَّان Zubbân (racine Z.B.N. : ruer, pincer) (Les Aiguillons du Scorpion)





d balance (1)











al-Matîn l’Inébranlable (Lune - Qamar - Adam)





d balance (1/3)





27





د - dâl





إِكْليِلIklîl (racine K.L.L. : couronner) (La Couronne)





escorpion 2/3)









(al-`Aqrab)








al-Qabîd l’Oppresseur (le Feu - Nâr)





21/10 à 20/11





28





ت - tâ’





قَلْبQalb (racine Q.L.B. : retourner) (Le Cœur du Scorpion)





e scorpion (1)











al-Hayy le Vivant (l'Air -Hawâ')





escorpion (2/3)





29





ز - zây





شَوْلَة Shawla (racine SH.W.L. : dresser la queue) (La Queue du Scorpion - Shaula)










fsagittaire (1/3)








al-Muhyî le Vivificateur (l'Eau - Mâ')





(Samâwiyya’)





30





س - sîn





نَعَائِم Na`a’im (racine N.`A.M. : prospérer, convenir) (Huit étoiles)





21/11 à 20/12









f sagittaire (1)








al-Mumît le Mortificateur (la Terre - `Ard)






31





ص - sâd





بَلْدَةBalda (racine B.L.D. : demeurer, se fixer) (3 étoiles en forme d’arc)





f sagittaire (1)











al-`Azîz l’Inaccessible (les Minéraux)





g capricorne





32





ظ - zhâ’





ذَابِحDhâbih (racine DH.B.H. : immoler) (2 étoiles - Dabih)





(al-Jady) (1)









21/12 à 20/01








ar-Razzâq le Pourvoyeur (les Végétaux)






33





ث - thâ’





بُلَع Bula` (racine B.L.`A. : avaler, absorber) (2 étoiles proches)





g capricorne (1)











al-Mudhdhil l’Avilissant (les Animaux)





g capricorne)





34





ذ - dhâl





سُعُود Su`ûd (racine S.`A.D. : être heureux) (4 étoiles - Suud)





hverseau (2/3)









(al-Dalw)








al-Qawiyy le Fort (les Anges)





21/01 à 20/02





35





ف - fâ’





أَخْبِيَةAkhbiya (racine KH.B.Y. : dresser une tente) (Les Tentes : Achbia)





h verseau (1)











al-Latîf le Subtil (les Djinns)





h verseau (2/3)





36





ب - bâ’





مُقَدَّم Muqaddam (racine Q.D.M. : donner la priorité)









(Groupe d’étoiles antérieures - Pégase)





i poisson (1/3)








al-Jâmi` le Synthétiseur (l'Homme)





al-Hût al-Samaka





37





م - mîm





مُؤَخَّرMu’akhkhar (racine ‘A.KH.R. : rester en arrière)





21/2 à 20/3








(Groupes d’étoiles postérieures - Andromède)





i poisson (1)








Rafî` ad-Darajât l’Elévateur des degrés (l'Homme parfait)






38





و - wâw





رِشَا Rishâ (racine R.SH. : faire un cadeau, munir un seau d’une corde)





i poisson (1)








(Le nez du Poisson : al-Risha)









Voici comment Ibn `Arabî analyse, à la section 20 du chapitre 198, certains éléments portés sur le tableau récapitulatif précédent :
« … Allâh - Exalté soit-Il - a dit : "Et la lune, Nous lui avons déterminé des stations (manâzil)" (Qur'ân 36-39). "Telle est la détermination (taqdîr) de l'Inaccessible, de l'Omniscient" (Qur'ân 36-38). La vue (basar) discerne ces stations ou mansions qui sont au nombre de 28 en rapport avec les Lettres [ontologiques et cosmiques] issues du Respir du Tout Rayonnant d'Amour. Nous précisons cela car l'être humain s'imagine que les 28 Lettres en relation avec les mansions sont déterminées par le nombre de celles-ci. Selon nous, c'est l'inverse qui est vrai ! La raison d'être (hukm) du nombre de ces 28 mansions provient de ces 28 Lettres. Ces 28 mansions sont réparties en proportion des 12 signes (burj) [du Zodiaque] de sorte que chacun de ceux-ci en comporte au moins un nombre entier (`adad sahîh) et un nombre fractionnaire (`adad maksûra). En effet, si l'un de ces 12 signes ne comportait que des nombres entiers sans nombres fractionnaires ou des nombres fractionnaires sans nombres entiers, l'économie (hukm) de l'un de ces signes zodiacaux n'aurait pu se propager dans l'univers sans la vertu d'une notion (hukm) d'augmentation et de diminution, de totalisation (kamâl) ou non [d'une de ces deux sortes de nombres], alors que chacun de ces 12 signes comporte nécessairement une notion d'augmentation et de diminution, car l'équilibre (i`tidâl) ne pourrait exister [dans l'Univers] étant donné que celui-ci est fondé selon la génération (takwîn) qui ne peut admettre cette notion d'équilibre. Il faut donc qu'il se trouve [au moins] un nombre entier et un nombre fractionnaire [de mansions] dans chaque signe zodiacal qui comporte ainsi [trois possibilités de répartition par signe zodiacal, car 28 mansions divisées par 12 signes zodiacaux donne 7/3 ou 2 1/3 de mansions ainsi réparties par signe zodiacal] :
1/ deux mansions entières et un tiers à l'extrémité d'un signe zodiacal,
2/ deux tiers de mansion et une mansion en leur milieu,
3/ deux mansions entières et un tiers au début d'un signe zodiacal.
De la sorte, chaque signe zodiacal est constitué soit de deux nombres fractionnaires et d'un nombre entier, soit de deux nombres entiers et d'un nombre fractionnaire et cela composé de [trois] manières différentes. Nous venons de dire : composé de [trois] manières différentes (mukhtalifat al-mizâj) car chaque signe zodiacal possède une composition différente [de mansions] qui lui est propre. Un élément (juz') d'une mansion se réunit [dans un même signe zodiacal] à un autre élément d'une autre mansion afin de compléter ainsi une même mansion car chacune d'elles comporte une triplicité (muthallatha) d'éléments comme le signe zodiacal (burj) comprend [lui-même] trois aspects. Ceux-ci en rapport avec les mansions contenues dans chaque signe zodiacal sont au nombre de sept. Chaque signe du Zodiaque possède alors sept aspects et comporte en lui-même trois aspects, le total des aspects s'élevant ainsi à dix. Aussi, une mansion complète possède une constitution unique (mizâj wâhid) et la mansion liée à deux autres mansions par celle obtenue de deux [autres] produit une composition différente qui ne provient pas de chacun de ses constituants qui l'ont engendrée [lit. les deux parents]. Ici réside un secret étonnant qui est l'unité du « réuni » (ahadiyyat al-majmû`) qui n'est pas du même ordre que l'unité de l'Unique (ahadiyyat al-wâhid). N'as-tu pas considéré que l'Univers ne se réalise que par l'unité du « réuni » et que l'indépendance (al-ghanî) concernant Dieu ne se trouve affirmée que par l'unité de l'Unique ? Chaque statut est donc différent de l'autre sans aucun doute.

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[Illustrons cette propriété par l'exemple suivant] : Ath-Thuryya (les Pléiades) est le nom d'une mansion qui possède une disposition particulière (mizâj khâss). Elle se trouve dans le signe du Bélier (hamal) pour un tiers. Le signe du Taureau (al-thawr) qui vient après le signe du Bélier comprend deux mansions un tiers, la mansion du Dabarân (l'Oeil du Taureau) y étant entièrement contenue sans se trouver alors dans deux signes zodiacaux consécutifs. Le signe du Taureau se présente dans ath-Turyya pour deux tiers et aussi pour deux tiers dans la mansion appelée al-Haq`a (la Tête d'Orion), celle-ci étant entièrement contenue pour deux tiers dans le signe du Taureau et un tiers dans celui des Gémeaux (al-jawza). La mansion du Dabarân est alors en relation avec ath-Thawra et al-Haq`a par le signe du Taureau qui leur est commun pour deux tiers dans chacune des deux. Ce dernier signe agit donc sur les deux tiers de al-Haq`a et pour un tiers de cette dernière mansion dans le signe des Gémeaux. Le premier tiers d'un signe intervenant dans la mansion de ath-Turyya se situe dans celui du Bélier et vient ainsi compléter cette dernière mansion qui comporte les deux tiers du signe du Taureau. La configuration (sûra) de n'importe laquelle [des 28] mansions est une en soi provenant de deux signes, disposition (hukm) qui n'est ni les deux tiers de l'un des deux signes, ni le tiers de l'autre. Telle est la raison (sabab) qui détermine trois aspects pour chaque signe zodiacal qui est soit pur (khâlis) soit mélangé (mumtazaj). Chacun d'eux est-il alors composé de deux tiers, deux tiers qui sont des signes zodiacaux identifiés qui déterminent pour toi la répartition des mansions ?
Il se peut que la mansion composée d'aspects (manzila murakkaba) consiste en une station bénéfique ou maléfique et qu'elle confère le bonheur dans l'ensemble sans faire apparaître une influence mauvaise, comme elle peut conférer une infortune sans manifester une influence bénéfique au contraire de la mansion complète qui impulse ce à quoi elle est destinée. En effet, Dieu lui accorde sa mesure comme Il la confère à la [mansion] composée d'aspects. Chaque repère (`alâma) et chaque indice (ou preuve dalîl) portant sur un signe zodiacal et nécessairement sur lui relèvent de la composition et alors d'une triplicité (tathlîth) d'aspects.
La preuve comporte toujours une triple composition et nécessairement, à cause de cela, deux éléments isolés et la réunion de ceux-ci qui représente le troisième aspect, lui qui doit se trouver dans chacune des deux prémisses (muqaddimatayn) [d'un syllogisme] pour obtenir la conclusion (intâj). Par exemple : a = b et b = c, b se répétant, la preuve se constitue à partir des trois éléments a, b et c et l'aspect unificateur est b car il se répète dans chacune des deux prémisses. Il en résulte que a = c. et tel était bien le but recherché. Si le résultat a = c venait à être contesté, la preuve [contraire] de ce qui est admis devra être apportée, car on sait bien que a = b et qu'on admet que b = c. Il est donc bien établi pour quiconque le bien-fondé du propos de celui qui a prouvé que a = c. Il en résulte que les preuves (barâhîm) apparaissent évidentes dans le domaine concernant l'humain ainsi que dans celui qui est propre aux répartitions (taqâsîm) que les mansions produisent dans les signes zodiacaux.
Une fois que tu auras bien compris cela, sache, si l’on considère que la sphère de l'Atlas, étant donné que le Piédestal (al-kursî) est un élément du Trône (`arsh) et qu'au-dessus de la sphère de l'Atlas se trouvent ces deux autres sphères, ces trois [sphères] font exister la sphère des [28] mansions, tout comme les deux prémisses [d'un syllogisme] composées [chacune de deux éléments] conduisent à la conclusion (natîja). Celle-ci comportant les possibilités (quwâ) impliquées dans le nombre trois qui sont incluses dans les deux prémisses, la sphère des étoiles fixes comporte aussi les possibilités de l'Atlas, du Piédestal et du Trône. Ainsi, le Piédestal fait le lien entre les deux "prémisses" (muqaddimatayn) puisqu'il est intermédiaire (wasît) entre le Trône et l'Atlas et il comporte un aspect de chacun d'eux. Entre dans la possibilité (quwwa) du Trône d'unifier la Parole divine ou que celle-ci s'unifie en lui.
Les hôtes du Jardin (ahl al-janna) qui demeurent dans la sphère étoilée (falak makawkab) disent à une chose "Sois !" (kun) et elle devient.
Il entre dans les possibilités du Piédestal que l'être humain soit constitué en lui de deux éléments couplés (zawjatân) car le Piédestal est l'endroit où les deux Pieds [de Dieu] se posent [à partir du Trône]
Il entre dans les possibilités de la sphère de l'Atlas que l'être humain, dans sa condition individuelle humaine (insâniyya) se résorbe dans son Seigneur et que la Seigneurie (rubûbiyya) s'occulte dans sa condition humaine bien que les choses (ashyâ') aient été constituées à partir de cette sphère, mais qu'elles n'aient été produites qu'à partir de Dieu. Il trouve alors du plaisir dans les choses, il jouit du bonheur, mange, boit et se marie. Il est donc créature/vérité (hawa, khalqun haqqun). Ainsi on ne le connaît pas de même que la sphère de l'Atlas n'est pas connaissable. Pour cette raison, nous disons que cette Sphère possède la possibilité de celles qui sont au-dessus d'elle et constitue leur matière (mâdda). Tout ce qui est en dessous d'elle est à jamais engendré (muwallad) et rassemble les réalités (haqâ'iq) de ce qui est au-dessus d'elle pour finir à l'être humain, dernier des engendrés. Toutes les possibilités de l'ensemble de l'univers et des Noms divins sont rassemblées en lui parfaitement. Il n'y a donc pas d'être existencié plus parfait que l'Homme universel (insân kâmil). Celui qui, en ce monde-ci, n'a pas réalisé cette universalité est totalement un animal doué de raison (hayawân nâtiq) qui constitue un aspect de sa constitution (sûra) sans atteindre l'ultime degré de l'humain. Sa dépendance avec l'Homme [parfait] est comparable à celle d'un corps mort. Il est humain par sa conformation individuelle (shakl) et non pas par la Réalité principielle (haqîqa) car le corps mort est privé de toutes les facultés. Il en est ainsi de celui qui n'a pas réalisé la perfection alors que celle-ci s'obtient par la khilâfa, la Lieutenance suprême. Le lieutenant principiel (khalîfa) est seulement celui qui détient les Noms divins d'une manière effective (bi-tarîq al-istihqâq), c'est-à-dire selon une constitution élective (tarkîb khâss) réceptive de ceux-ci, car ce n'est pas n'importe quelle constitution qui peut les recevoir. Cette capacité provient des secrets divins que les intelligences (`uqûl) peuvent réaliser paradoxalement.


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Lorsque Dieu créa cette Sphère [des 28 mansions ou des étoiles fixes], Il constitua le Jardin (janna) à sa surface [symboliquement sphérique] (sath) faite de musc (misk) : c'est la terre du Jardin. Les Jardins (jannât) comportent une triple division ou triplicité d'aspects. A chacun des trois aspects qui se trouvent dans chaque signe du Zodiaque (burj) correspondent, dans le premier tiers de chacun d'eux les Jardins de l'Election (jannât al-ikhtisâs), dans le deuxième tiers, les Jardins de l'Héritage (jannât al-mîrâth) et dans le dernier tiers, les Jardins des œuvres (jannât al-`amâl). Dans chaque division, quatre ruisseaux ont été disposés, nombre qui multiplié par ces trois aspects donne douze fleuves. C'est de cette composition que douze sources jaillirent du rocher que Moïse frappa, nombre qui correspond aux douze lignées (sibt) [issue de la postérité du prophète Jacob] : "Chacun connut où il devait boire…" (Qur'ân 2-60).
Le premier ruisseau est celui de l'eau qui est incorruptible, au goût inaltérable et qui symbolise la connaissance de la vie. Le deuxième ruisseau est celui de l'enivrement (khamr) qui symbolise la connaissance des états spirituels (ahwâl). Le troisième ruisseau est fait de miel (`asal) qui représente la connaissance de l'inspiration ou révélation (wahy) selon différentes modalités. Pour cette raison, les anges défaillent pendant qu'ils l'entendent prononcée, à l'instar de celui qui boit la liqueur enivrante et qui est pris d'ébriété. Le quatrième ruisseau est fait de lait (laban) qui symbolise la connaissance des secrets (asrâr) et de la "moelle" essentielle (lubb) dont résultent les exercices spirituels (riyâdât) et la crainte protectrice (taqwâ) [cf. Qur'ân 47-15]. Il s'agit donc de quatre types de connaissances.
L'être humain possède une triple constitution (muthallath an-nash'a) :
une constitution intérieure principielle et spirituelle ;
une constitution extérieure sensible et naturelle ;
une constitution intermédiaire incarnée (jasadiyya), isthmique (barzakhiyya) et de nature homologue (mithâliyya).
A chacune de celles-ci en correspondance avec ces ruisseaux correspond une participation (nasîb) qui possède un ruisseau autonome dont le lieu de subsistance (mat`am) varie selon les différentes constitutions. Par la sensibilité (hiss), l'être humain en comprend ce qu'il ne peut saisir par l'imagination (khiyâl) et il en atteint par celle-ci ce qu'il ne saisit pas par la signification (ma`nâ). Il en va de même pour chaque constitution. Il y a donc douze ruisseaux, quatre dans le Jardin de l'Election, quatre dans celui de l'Héritage et quatre dans celui des Œuvres pour celui qui est concerné par ce Jardin, soit de sa propre initiative, soit du fait de celui qui lui permet d'y participer. L'être humain acquiert alors des connaissances dans chacun de ces Jardins à la mesure de leur degré de réalité et selon les sciences qui s'y trouvent et qu'il peut assimiler, car acquisitions et sciences sont variées ainsi que les Jardins et les expériences qu'on y goûte.
Dans ces Jardins, le Respir du tout Rayonnant d'Amour est incessant et jamais interrompu. Un vent (rîh) nommé "Animation (al-muthîra) l'avive.
Une arborescence (shajara) se trouve dans le Jardin et aussi une demeure (bayt) qui perdure et dans laquelle on pénètre à partir de cet arbre nommé le réconfort (mu'nisa). Les hôtes du Jardin se réunissent dans le fondement (asl) de cet arbre et dans son ombrage (zhill). Ils s'entretiennent sur ce qu'exige la Majesté de Dieu (jalâl Allâh) en fonction de leur degré (maqâm) en ce lieu selon une démarche profitable. Chacun réalise une science qu'il ne connaissait pas et sa dignité s'exalte en vertu de la sublimité de cette science. En se tenant sous cet arbre, des degrés (darajât) et des stations (manâzil) se présentent à lui dont il n'avait pas conscience [auparavant] dans les Jardins dans lesquelles il trouve une délectation qu'il ne peut évaluer et dont il s'émerveille sans savoir d'où cela provient. Le vent animateur venant du Souffle du Tout Rayonnant d'Amour l'affecte généreusement, vent qui l'informe de ces degrés qu'il a réalisés et qui représentent les différentes étapes de la science qu'il a acquise sous l'arbre du réconfort dans son aspiration à les obtenir. Il réalise alors une étape qu'il reconnaît et aucun souffle (nafas) ne l'affecte sans lui procurer bienfait permanent et nouveau. C'est cela, et d'autres réalités semblables, que contient la surface de cette Sphère.
Ces Jardins (al-jinân) se trouvent dans l'ascendant du Lion (tâli` al-'asad) qui est un signe zodiacal fixe (burj thâbit). Ils possèdent la permanence (dawân) et ce signe implique la force irrésistible (qahr). Pour cette raison, les hôtes de ce signe disent à une chose "Sois !" et qu’elle ne peut faire autrement que d'être. En effet, c'est seulement dans ce signe du Zodiaque que les êtres ont une telle impétuosité ; ils possèdent la force irrésistible pour faire passer les choses de la non existence à l'existence. […]


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[…] Dans la Dune de musc blanc (kathîb al-misk al-'abyad) qui se situe dans le Jardin de la Félicité (jannat `adn) les êtres humains se rassemblent pour obtenir la Vision (ru'ya) du Jour de la Visitation suprême (zawr a`zham) - qui est le Jour de la Totalisation (yawm al-jumu`a ou du vendredi).
Ces Jours sont ceux des Noms de Dieu au sujet desquels ni moi, ni d'autres n'ont de science ! Dieu détient des Noms qu'Il se réserve dans la Science de Son Mystère et les Jours qui lui correspondent alors ne sont pas connus.
Le Jardin de la Félicité parmi les jours est comme la Ka`ba, la demeure de Dieu (bayt Allâh) parmi les demeures des humains. La Visitation suprême qui intervient dans le Jardin de la Félicité est comme la prière du jour de la réunion. La Visitation élective (zawr khâss) est comme les cinq prières parmi les jours. La Visitation la plus pure (akhlas), la plus élective (akhsas) est comme les lieux de prosternation dans les demeures pour accomplir les prières surérogatoires (salât al-nawâfil). La Visitation de Dieu le Réel (zawr al-haqq) s'effectue selon la valeur (qadr) de ta prière et tu Le vois selon la capacité (qadr) de ta présence (hudûr). La présence minimale que tu as de Dieu est dans l'intention (niya) pendant la prononciation du takbîr (Allâh est infiniment grand) et au moment de sortir de la prière. La présence maximale que tu as de Dieu est de la garder depuis le début de la prière jusqu'à la fin de chacune d'elle. Il en résulte l'intimité, la contemplation, les motions et les repos. […].
La traduction partielle de cette division 20 du chapitre 198, nous a permis, par le biais d’une digression, d’avoir un aperçu très représentatif et symbolique de ce qu’est le Jardin selon Ibn `Arabî qui en parle en visionnaire qui a goûté, selon toute vraisemblance, à la béatitude propre à ce lieu. Le Maître décrira d’une manière plus détaillée des composantes du Paradis et des êtres privilégiés qui l’occupent et en jouissent.


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L’ordre qui préside au développement de ces cinq chapitres traitant de l’eschatologie est le suivant :
Le chapitre 61, est consacré à la réalité de la Géhenne, lieu d’une profondeur abyssale et d’une étendue incommensurable dans lequel se situe le Feu, objet du chapitre suivant 62. C’est dans ce Feu proprement infernal que l’Auteur divin situe sept portes, chacune ouvrant sur une catégorie de Feu : Elles reçoivent les noms suivants :
1/ Jahîm ou le feu attisé, (26 fois dans le Qur’ân - 21 mekkoises, 5 médinoises).
2/ Saqar ou l’Enfer ardent (4 fois dans le Qur’ân - mekkoises).
3/ Sa`îr ou le feu à la flamme intense - (16 fois dans le Qur’ân – 10 mekkoises, 6 médinoises).
4/ Hutama ou le feu à la glaciale brûlure (5 fois dans le Qur’ân – 4 mekkoises, 1 médinoise).
5/ Lazhâ ou le feu qui s’élève intense (2 fois dans le Qur’ân – 2 mekkoises - cf. 92-14).
6/ Hâmiya ou le feu à la chaleur excessive (2 fois dans le Qur’ân – 2 mekkoises).
7/ Hâwiya ou l’Enfer du profond abîme (1 fois dans le Qur’ân – mekkoise).
Avant d’arriver à ces lieux infernaux et, après leur mort corporelle les êtres franchissent le barzakh ou passage isthmique, intermédiaire. Le chapitre 63 est réservé à cet endroit transitoire qui n’est ni corporel ni spirituel. Le chapitre 64 traite des différentes étapes que les êtres traversent plus ou moins rapidement en fonction des bons ou mauvais comportements qu’ils ont eus sur terre. Le dernier chapitre, le 65ème concerne le Janna ou Jardin paradisiaque, lieu de béatitude permanente dans l’intimité de la présence de Dieu et de la vision de Sa Face, ainsi que nous avons pu le remarquer plus haut.
Comme nous l’avons fait dans notre première intervention, une logique plus formelle aurait dû tenir compte d’un ordre qui n’est pas celui retenu par le maître visionnaire. Le barzakh ou isthme est un endroit que les êtres traversent après leur mort corporelle et à l’issue duquel, le Jour de la Résurrection générale, ils sont orientés vers l’Enfer ou le Paradis.
D’autre part, chacun des cinq chapitres qui traitent d’un thème spécifique, comporte des digressions importantes, mais toujours très instructives, qui semblent étrangères à chacun de ceux-ci. De plus, souvent le maître entrelace des thèmes antinomiques dans le même chapitre. Par exemple quand il décrit différentes sortes de jardins, il les compare ou les met en rapport avec diverses sortes de feu. C’est ainsi qu’il assigne à certains degrés paradisiaques et infernaux des nombres symboliques identiques.

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Cet exposé nous a permis de constater combien les considérations qu’Ibn `Arabî nous propose dans le cadre de son exposé sur certains aspects eschatologiques sont originales et riches. Elles sont propres à nourrir la méditation profonde sur les thèmes non exhaustifs que nous avons présentés.
Les sujets que nous avons traités, aussi bien ceux que nous avons extraits de versets coraniques que ceux qu’Ibn `Arabî soumet à notre réflexion, devraient interpeller chacun de nous car nous sommes tous appelés à vivre et à assumer en pleine conscience les conditions de la vie posthume, et cela bon gré mal gré.

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