vendredi 7 octobre 2011

Biographie du Cheikh Hajj Adda Bentounès (1898-1952)

http://al.alawi.1934.free.fr/index.php





UNE AME UNE VIE

Le Cheikh Hajj Adda Bentounès est le premier successeur à la tête de la confrérie Alawiya de Mostaghanem (Algérie) après la mort de son fondateur le Cheikh Al Alawi le 14 juillet 1934.

Il naquit à Mostaghanem en 1898 d'une famille noble. Son père Sidi Ben Awda était mokadem (représentant du Cheikh) dans la tariqa Qaddouria au service de son maître Sidi Qaddour Ben Slimane.Il vécut dans le foyer familial et reçut la tendresse et l'amour de ses parents. Dès son plus jeune âge, il reçut l'enseignement coranique et commença la fréquentation de la zaouia (établissement pour soufis) du Cheikh Hammou Bouzidi(2) en compagnie de son grand frère Sidi Mennouar.

C’est au cours des ses fréquentations qu’il rencontra le Cheikh Al Alawi qui lui accorda une attention toute particulière compte tenu de son intérêt pour les foqaras (pl de faqir: pauvre en Dieu) et la zaouia. Ceux-ci démontrent le caractère exceptionnel de la personnalité de cet homme dont le destin particulier se révéla, dès le premier contact, à l’âge de huit ans, avec le Maître encore moqaddem du Cheikh Sidi Mohammed Al Buzidi -Jean Biès , alors âgé de 19 ans, eut le privilège de le rencontrer en 1952 à la Zaouïa de Mostaganem. Il dit :« L’avenir allait prouver que l’homme ferait honneur au jeune homme, et le vieillard à l’enfant. Cheikh Adda devint un saint et fonda sa demeure dans les « haleines de la familiarité divine ». Il est toujours présent en moi, tel qu’en lui-même, coiffé d’un turban, drapé dans son ample djellaba de soie blanche qui, un jour, serait son suaire, et portant autour du cou le chapelet aux quatre-vingt-dix-neuf noms de Dieu (dont le centième reste inconnu et imprononçable), désignant les Perfections et les Activités divines, les essences universelles contenues dans l’Essence immanente du monde. En lui se respiraient l’humilité, l’amour, la patience, la bonté, la simplicité» 3

Il allait à la zaouïa comme tous les enfants du quartier de Tidjdit, (le quartier arabe de Mostaganem où il est né) apprendre le Coran: les seuls établissements, à l’époque, assurant à la fois l’instruction religieuse et scolaire. Très tôt il fut attiré par l’atmosphère des lieux et séduit par la noblesse des disciples. Petit à petit, il s’attacha à la tariqa, avec son frère aîné Munawwar Bentounès. L’un et l’autre en devinrent des élèves, assidus aux cours qu’ils recevaient de leurs aînés (Coran, théologie, apprentissage de la langue arabe, ainsi que les cours de samâ). Dès lors son chemin fut tracé. Il se donna corps et âme à l’enseignement exotérique et ésotérique qu’il reçut de son maître le Cheikh Al-Alawî, son père spirituel. » -Sa mère désespérée de ne pas le voir revenir chez elle, l’appela, le supplia de s’éloigner de son maître et de fonder un foyer. Jean Biés rapporte ce dialogue entre la mère et le fils: -«Voici le coffret de mes bijoux; je les ai gardés pour toi afin que tu fondes un foyer -Que ferai-je de tout cet or ? -Cesse de suivre le Cheikh Al-Alawi; élève une famille ; ces bijoux sont à toi ; je te les donne. - Et moi, je te les donne afin que tu me laisses suivre le Cheikh.» -Le Cheikh, ayant remarqué son aptitude à l’éducation spirituelle, le rapprocha intimement de lui et lui confia de nombreuses tâches, notamment celle de le représenter à différentes occasions. D’ailleurs, une année plus tard, il le maria à sa nièce, Kheira Benalioua 4, qu’il avait adoptée et élevée comme sa fille à la mort de ses parents. Il resta ainsi quelque temps jusqu'à ce que le Cheikh Al Alawi le prenne en charge et l’adopta comme son fils.» Cette adoption fut consacrée dans l’acte testamentaire du Cheikh Al Alawi du 25 juillet 1931 qui le désigna comme son fils spirituel et son administrateur légal sur les biens habous de la zaouia.Après avoir suivit une formation à l'université Zitouna en Tunisie, il revint à Mostaghanem et resta au service de son maître jusqu’en 1934.

Il succéda donc à son sublime maître décédé le 14 juillet 1934. Il assura la pérennité de son œuvre dans la continuité de l’éducation spirituelle d’éveil donnée à la Zaouia mère de Mostaganem ainsi qu’à travers les autres zaouias alawiyas d’Algérie, du Maroc, de Palestine, de Syrie, de Jordanie, d’Égypte, du Hedjaz etc. De 1934 à 1952, il ne cessa de prodiguer son enseignement plein d’amour et de compassion. De différents pays du monde musulman et non musulman, de nombreuses personnalités venaient, à Mostaganem, lui rendre visite. Elles trouvaient toujours un accueil chaleureux et vivant comme nous le montre le témoignage de Catherine Delorme, venue à l’occasion de «l’ihtifal»(réunion spirituelle) rencontrer le Cheikh : « Le Cheikh Adda Bentounès se tenait devant la porte pour accueillir les pèlerins qui affluaient de toutes les régions du Maroc et de l’Algérie. Il semblait attendre mon arrivée et me reçut comme un membre de sa famille spirituelle, me témoignant même une estime particulière. Étonnée par ces marques de considérations, à la fois gênée et rassurée par cet accueil, j’étais aussi inquiète d’arriver ainsi en pleine fête parmi la multitude des foqaras.(...) J’écoutais ce qu’il me disait, mais je ne l’entendais qu’à peine. Le visage du Cheikh absorbait mon attention. J’y découvrais, comme dans un livre ouvert, un trésor de vertu, d’amour, de patience et de sincérité qui, par sa réserve pudique, imprégnait ses traits d’une douceur plus impressionnante qu’une fière assurance.» 5

Son charisme, sa simplicité et son humanisme étaient reconnus par tous les habitants de sa ville dont il était aimé et respecté. A l’occasion de ces congrès, l’atmosphère de Mostaganem était irisée de l’exaltation qui émanait de la beauté des chants mystiques. Elle devenait en l’espace d’un temps, le carrefour universel où se rencontraient des hommes et des femmes assoiffés d’amour divin, témoignage vivant de la fraternité humaine.} 6

Il effectua plusieurs visites (siyaha) au Maroc en 1928, à la Mekke en 1930, à Alger 1931, en Kabylie en 1937, un second pèlerinage à la Mecque en 1939-1940, au Maroc en 1949.Toute son œuvre est au service de l’Islam en général et du soufisme en particulier :Plusieurs zaouias en Algérie (Mostaghanem ; Alger, Rélizane, Oran,..), au Maroc (Tétouan, Tanger, Laraïche,Ceuta, Houcima,..), en Angleterre ( une dizaine de zaouias notamment celle de Cardiff).

- Publication du livre « Dogme de l’Islam » en 1947 destiné au public européen et francophone avec l’aide du faqir Sidi Abdallah Reda. -Publication de la revue « Lissan addin » mensuel qui a paru de 1937 jusqu'à la veille de la deuxième guerre mondiale en 1939.
- Fondation d'une école de réhabilitation pour les jeunes délinquants (1940), qui comprennait 4 ateliers d'apprentissage: mécanique, menuiserie, imprimerie, boulangerie.
- Publication de la revue « Al mourchid » depuis 1946.-Constitution de l’association de Jeunesse Alawiya 1936.-Constitution de l’association Attanwir 1948.
- Constitution de l’association Les Amis de l’Islam en 1948 (dont il disait: « Une société de cœurs fraternels, une société de l’Esprit, une société qui accepte tous les hommes de bonne volonté ayant une religion ou sans religion, pour chercher la Vérité, et surtout pour se placer réellement dans le chemin de la Vérité»)7. .
- Publications de plusieurs livres sur l’Islam et le soufisme: "Rawdha Sania", "Tanbih El Kuraâ", "Wikayat El-Dhakirine", "Durra El Bahia", "Madjalisse El-Tadhekir", "Fakku El-Oukal"et son recueil de poèmes sur l’amour divin.Le vénérable maître Cheikh Adda Bentounès décéda en 1952.. Que Dieu répande sa grâce et sa bénédiction sur son âme, Amine.

1. Le Cheikh Al Alawi (1869-1934),fondateur et maître de la confrérie Alawia.
2. Cheikh Sidi Mohammed El Buzidi : originaire de Mostaganem où il décède en 1909, il est le Cheikh de la confrérie Darqâwiya initié par le Cheikh al-Waqîlî et maître de Cheikh Al-Alawî.
3. Cf. Jean Biès, Voies de sages, Philippe Lebaud, 1996, Paris, p. 15
4 Cf. Kheira Benalioua: Fille adoptive du Cheikh Al Alawi et épouse du Cheik Adda Bentounès.
(voire Mudhakara prononcée par le Sheikh Khaled Bentounès lors de la célébration du septième jour du décès du Lalla Kheira Bentounès)
5 Cf. Catherine Delorme, Le chemin de Dieu , Albin Michel, 1979, Paris, p. 271-276.
6. extraits du message de Cheikh Khaled Adlen Bentounès adressé a l’occasion de la célébration du cinquantenaire du Cheikh Adda Bentounès; 30 et 31 octobre 2002
7 C.f Le Chœur des prophètes, enseignement soufis du Cheikh Adda Bentounès – Spiritualités vivantes- Edition Albin Michel pg. 11.


Voir aussi "L'Invocation dans le soufisme - Adda Bentounès " en cliquant sur ce lien

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