samedi 20 octobre 2012

Ibn Arabi - Met en pratique les recommandations d’un savant même quand il ne les suit pas


 
 
(Cheikh Muhyî-d-Dîn Ibn Arabî, Kitâb al-wasâyâ, traduit de l’arabe par Mohamed al-Fateh : Paroles en Or, édition Iqra).
 
Si tu vois un savant qui n’oeuvre pas selon sa science, pratique sa science à ton niveau afin de t’acquitter de son droit en tant que savant et ne sois pas voilé par rapport à cela du fait de son mauvais état. En effet, ce savant a auprès de Dieu le degré de sa science. C’est que l’homme ressuscitera au Jour de la Résurrection avec celui qu’il aime. Or, pour celui qui observe les règles de convenance avec une qualité divine, il sera revêtu de cette qualité au Jour de la Résurrection et ressuscitera en elle. Attache-toi donc à accomplir tout ce dont tu sais que Dieu aime chez toi et applique-toi en ce sens. Car lorsque tu t’ornes de cela pour te faire aimer de Dieu – qu’Il soit exalté -, Il t’aimera. Et lorsque Dieu t’aime, Il te réjouit par la science sur Lui, par Sa manifestation et par la Demeure de Ses honneurs et Il te comble dans les épreuves. Or ce que Dieu – qu’Il soit exalté- aime, se rapporte à beaucoup de choses dont je mentionne ce qui est possible de faire sur le plan de la recommandation et du conseil. Il en est ainsi de l’attitude de s’embellir pour Dieu, car cela constitue une forme d’adoration à part, notamment dans l’observance du culte de la prière, et tu es tenu de le respecter. Dieu – qu’Il soit exalté – a dit : « Ô Fils d’Adam ! Portez vos parures en tout lieu de prière » (Coran, 7/31). Il a dit aussi en signe de réprobation : « Dis : Qui donc a déclaré illicites la parure que Dieu a produite pour Ses serviteurs, et les excellentes nourritures qu’Il vous a accordées ? Dis : Ceci appartient aux croyants durant leur vie de ce monde, mais surtout, au Jour de la Résurrection. Voilà comment Nous expliquons les Signes à un peuple qui sait » (Coran, 7/32). En fait il n’y a pas de différence entre l’embellissement pour Dieu et l’embellissement dans la vie du bas monde sauf par le dessein et l’intention. En effet l’essence de l’embellissement est la même et ne constitue pas autre chose. C’est que l’intention est l’esprit des choses. Car chaque individu a selon son intention. C'est dire que l’émigration en tant que telle a la même essence : ainsi celui qui a émigré pour Dieu, son émigration est vers Dieu et Son Messager, et celui qui a émigré pour avoir un bien du bas monde ou pour épouser une femme, son émigration est ce vers quoi il a émigré. De même il est rapporté dans le hadith authentique, sur l’allégeance prêtée à l’Imam à propos des trois hommes auxquels Dieu n’adressera pas la parole au jour de la résurrection, ne les comblera pas et leur réservera un châtiment douloureux qu’il « y aura un homme qui a prêté allégeance à un Imam et ne l’a fait que pour les biens du bas monde : si l’Imam lui en donne, il honore son engagement, et s’il ne lui en donne pas, il n’honore pas son engagement ». Donc les oeuvres dépendent des intentions qui constituent l’un des piliers de la Maison de l’Islam. Par ailleurs, il est rapporté dans le sahih de Muslim, un Hadith authentique où un homme a demandé à l’Envoyé de Dieu  : « Ô Envoyé de Dieu ! J’aime que mes chaussures soient belles ! ». L’envoyé de dieu  : « Dieu est Beau et Il aime la beauté. ». Il a dit aussi : « Dieu mérite plus que quiconque que l’on s’embellisse pour Lui ».
 
Parmi ce qui relève de ce chapitre,il y a aussi le fait que Dieu – qu’Il soit exalté – n’a souvent envoyé Gabriel dans ses descentes avec la Révélation auprès du Prophète  que sous la forme d’un homme de son époque appelé Dihya. C’était le plus beau de son époque. L’effet de sa beauté était tel pour les gens, qu’en arrivant devant les habitants de Médine, aucune femme enceinte ne l’avait vu sans faire une fausse couche. En somme, c’est comme si Dieu disait, en annonçant la bonne nouvelle à Son Prophète en envoyant l’ange auprès de lui sous la forme de Dihya : « Ô Muhammad ! Il n’y a entre Moi et toi que l’image de la beauté ! » Il lui indique ainsi combien Il apprécie pour lui le don de la beauté.


Celui qui néglige l’embellissement pour Dieu, perd du même coup auprès de Dieu cet amour spécial et aidant. Et celui qui perd cet amour spécial et aidant perd auprès de Dieu ce que cet amour produit comme science, épiphanie et félicité dans la demeure des béatitudes, comme degré au sein du monde de la contemplation et comme vision idéale, intelligible et spirituelle dans cette demeure ici bas pour le serviteur dans son attitude et sa contemplation.
Mais il doit, comme nous l’avons dit, viser l’embellissement pour Dieu non pour s’orner, s’enorgueillir à travers les biens du bas monde ou faire preuve de vanité, de fatuité et d’impertinence envers autrui.


Cela consiste aussi à revenir à Dieu au moment des séductions et des épreuves, car Dieu aime tout homme séduit qui se repent. C’est ce que dit l’Envoyé de Dieu  . Du reste Dieu – qu’Il soit exalté – a dit : « Celui qui a créé la vie et la mort pour vous éprouver et connaître ainsi celui d’entre vous qui agit le mieux » (Coran, 67/2).


Il faut dire que les épreuves et les séductions ont le même sens, car il ne s’agit que d’une mise en examen de ce que l’homme porte comme prétentions. En effet « Cela n’est qu’une épreuve de Ta part », c'est-à-dire ta mise en examen par laquelle « Tu égares ainsi qui Tu veux », c'est-à-dire : Tu le rends perplexe « Et Tu diriges qui Tu veux » (Coran, 7/155), c'est-à-dire : Tu lui y indiques la voie de son salut.


Or, les plus grandes épreuves ou séductions se rapportent aux femmes, aux biens, aux enfants et à la réputation. Lorsque Dieu soumet à ces quatre épreuves ou l’une d’elles l’un de Ses serviteurs, et que celui-ci les assume dans la vérité et revient à Dieu à travers ces épreuves sans s’arrêter devant elles en tant que telles en les prenant pour des bienfaits par lesquels Dieu l’a comblé, ces épreuves le ramènent vers Dieu – qu’Il soit exalté – et l’installent dans la station de l’action de grâce (ash-shukr) et sa vérité qui consiste à voir le bienfait comme provenant de Dieu  qu’Il soit exalté -, conformément à ce que rapporte Ibn Maja dans son Receuil (Sunan) du Hadith, à savoir que l’Envoyé de Dieu  a dit : « Dieu a révélé ceci à Moïse – que la Paix soit sur lui - : Ô Moïse ! Sois en toute vérité reconnaissant envers Moi ! Moïse dit : Seigneur ! Qui peut le faire ? Dieu lui dit : Ô Moïse ! Lorsque tu vois que le bienfait provient de Moi, cela constitue la reconnaissance totale et véridique de ta part. » De même lorsque Dieu a pardonné à Son Prophète Muhammad  ses premiers et derniers péchés, lui annonçant la bonne nouvelle à ce sujet en disant : « Afin que Dieu te pardonne tes premiers et derniers péchés » (Coran, 48/2), il se mit debout en prière jusqu’à ce que ses pieds soient enflés pour remercier Dieu de ce bienfait, sans se relâcher ou se reposer. Ensuite, lorsqu’on lui a parlé à ce sujet en lui demandant d’être plus tolérant avec lui-même, le Prophète  a dit : « Ne dois-je pas être un serviteur reconnaissant ? » ; ceci pour avoir entendu Dieu – qu’Il soit exalté – dire : « Bien au contraire, adore Dieu et sois de ceux qui sont reconnaissants ! »(Coran, 39/66). Aussi, si le serviteur n’assume pas la station de la reconnaissance envers le Bienfaiteur, il rate auprès de Dieu cet amour spécifique à cette station spirituelle que n’obtient de la part de Dieu que celui qui est reconnaissant, car Dieu dit : « Faible est le nombre de Mes serviteurs reconnaissants » (Coran, 34/13). Si le serviteur le rate, il rate ce qu’il procure comme science sur Dieu, épiphanie, béatitude et degré spécifique dans la demeure de la félicité et le monde de la vision au jour de la grande visite. En effet, chaque amour divin possède pour chaque qualité spécifique une science, une épiphanie, une félicité et une position nécessaires qui distinguent celui qui possède cette qualité par rapport à autrui.
S’agissant de la séduction des femmes, son retour vers Dieu à travers leur amour consiste en ce qu’il voit que le tout aime sa partie et aspire vers elle. En fait il n’a aimé que lui-même, parce que la femme a été, à l’origine, créée à partir de l’homme, à partir de sa côte inférieure.


Il la place en lui-même dans la position de l’image à partir de laquelle Dieu a créé l’homme parfait, c'est-à-dire à l’image de Dieu. Et Dieu en fait un miroir pour Son épiphanie. Or lorsqu’une chose devient un miroir pour celui qui la regarde, celui-ci n’y voit que sa propre image. Ainsi lorsque le serviteur voit dans cette femme son âme à travers son attachement à elle et son inclination vers elle, il voit sa propre image. Et comme on t’a déjà indiqué que son image est à l’image de Dieu dans laquelle Il l’a existencié, il n’a vu que la Vérité, mais avec un désir d’amour, de plaisir et d’attachement. Il s’y est éteint vraiment avec un amour sincère.


Il l’a confronté avec son essence d’une confrontation identitaire. C’est pourquoi il s’éteint en elle parce que chaque partie en lui se trouve en elle. Et comme l’amour est diffus à travers toutes ses parties, il s’attache en entier à elle. Voilà pourquoi il s’éteint totalement dans ce qui est son prototype, contrairement à son amour de ce qui n’est pas identique à lui. Il fait un avec son bien-aimé au point de dire : « Je suis celui que j’aime, et celui que j’aime c’est moi ». D’autres ont dit dans cette station : « Je suis Dieu ».


Donc si tu aimes une personne comme toi de cet amour et que ta contemplation pour elle te ramène de cette manière vers Dieu, tu es alors de ceux qui sont aimés de Dieu. Et cette épreuve séductrice sera une épreuve qui t’a apporté le cadeau de la bonne direction.


Quant à l’autre voie dans l’amour des femmes, c’est qu’elles sont des lieux de réaction et de conception pour la manifestation des essences et des exemplaires en chaque espèce. Nul doute, d’ailleurs, que Dieu n’a aimé les essences du monde avant son existentiation que du fait que ces essences sont des lieux de réaction. Aussi, lorsqu’Il s’est adressé à elles en vertu de Son attribut de volonté, Il leur a dit « Soyez ! » et elles furent. Ainsi, Son royaume est apparu à travers elles dans l’existence. Et ces essences ont reconnu à Dieu Son droit à la divinité. Il est donc Le Dieu que, par leur état, ces essences ont adoré avec tous Ses Noms ; peu importe qu’elles aient connu ces Noms ou non. Ainsi, il n’y a pas un seul Nom divin sans que le serviteur ne s’y manifeste par son image et son état, même s’il ignore l’effet de ce Nom. Ceci se rapporte à ce que l’Envoyé de Dieu  a dit dans son invocation des Noms divins : « Ou d’un Nom que Tu as gardé auprès de Toi dans Tes mystères ou que Tu as appris à quelqu’un parmi Tes créatures ! », il veut dire parmi Ses Noms ; c'est-à-dire qu’il connaît son essence concrète au point de le distinguer des autres par la connaissance. En effet beaucoup de choses dans l’homme sont par la forme et l’état sans qu’il le sache alors que Dieu sait sur lui que cela existe en lui ; ainsi s’il aime la femme pour ce que nous avons indiqué, son amour pour elle le ramène à Dieu et cela constitue un bienfait de la séduction à son endroit, et Dieu l’aime du fait de son retour vers Lui à travers son amour pour elle.


Quant à son attachement à une femme particulière à l’exclusion de toute autre – même si les réalités que nous avons évoquées sont diffuses en toute femme -, ceci est du à une affinité spirituelle entre ces deux personnes sur la plan de la constitution, du tempérament et de la vision spirituelle. Ce type d’attachement peut conduire à un terme déterminé ou indéterminé et n’est rompu que par la mort. Cela dit l’attachement ne disparaît pas, comme dans le cas de l’amour du Prophète  pour ‘Aïsha ; en effet il l’aimait plus que toutes ses épouses, et également de son amour pour Abou Bakr qui était son père. Ce sont ces affinités secondes qui déterminent les personnes, quant à la cause première, c’est celle que nous avons indiquée. Il en va de même de l’amour absolu, de l’audition absolue et de la vision absolue qui sont le propre de certains serviteurs de Dieu et qui ne portent pas sur une personne particulière dans le monde à l’exclusion de toute autre. En effet, pour eux, tout être présent est un bien-aimé qui les absorbe et les occupe. Malgré cela, à côté de cette propension générale, il y a nécessairement une inclination pour certaines personnes en raison d’une affinité particulière, car la constitution du monde offre ceci à certaines individualités et ceci implique nécessairement la restriction. Or l’homme parfait est celui qui unit la restriction et la généralisation. Ainsi la généralisation, c’est comme dans la Parole du Prophète  : « On m’a donné d’aimer, de votre bas monde, trois choses : les femmes… ».


Quant à l’exemple de la restriction, c’est comme ce qu’on a rapporté au sujet de son amour pour ‘Aïcha qui était plus grand que son amour pour ses autres épouses en raison d’une affinité spirituelle d’ordre divin qui l’a attaché plus exclusivement à elle, tout en aimant la gent féminine en général.
Voilà donc ce que nous avons indiqué sur cet aspect particulier, ce qui est largement suffisant pour celui qui saisit parfaitement.


S’agissant du deuxième pilier de cette bâtisse des discordes et des épreuves, à savoir l’autorité qu’on exprime généralement par le commandement, ceux qui ne possèdent pas la science appropriée à ce sujet parmi les gens de cette voie disent ceci : La dernière chose qui quitte les coeurs des justes c’est l’amour du commandement. Or ceux qui possèdent la connaissance parmi les adeptes de cette formule n’affirment pas cela selon ce que comprend l’homme du commun parmi les gens de cette voie. Ainsi, ce que nous voulons expliciter à ce propos relève de la perfection que recherchent à ce sujet les amis de Dieu, à savoir que Dieu a enfoui beaucoup de choses dans l’âme de l’homme : « Dieu peut dévoiler ce qui est celé dans les cieux et sur terre et sait ce que vous dissimulez aussi bien que ce que vous divulguez » (Coran, 27 /25), c'est-à-dire ce qui se manifeste en vous et ce qui est dissimulé, que vous ignorez vous-mêmes en vous, comme dans le cas de la personne chez laquelle le médecin voit, comme souffrance, ce que le malade lui-même ignore et ne ressent pas intérieurement. Il en va de même de ce que Dieu a caché dans les âmes des créatures. N’as-tu pas vu que le Prophète  a dit : « Celui qui connaît son âme connaît son Seigneur », car ce n’est pas n’importe qui connaît son âme, bien que son âme soit sa réalité concrète et rien d’autre. Ainsi, Dieu ne cesse de sortir, de l’âme de l’homme, ce qu’Il y a enfoui et Il le lui fait voir. Et l’homme sait alors sur son âme ce qu’il ne savait pas auparavant. Voilà pourquoi les gens de cette connaissance disent pour la plupart : « La dernière chose qui quitte le coeur des justes c’est l’amour du commandement ». Donc, cela apparaît pour eux lorsqu’il se manifeste, et ils aiment le commandement par un amour qui est tout autre que l’amour des gens du commun pour l’autorité, car ils l’aiment en vertu de ce que Dieu dit sur eux, à savoir qu’Il est leur ouïe et leur vue et Il a mentionné à ce propos tous leurs organes et leurs facultés. S’ils sont de la sorte, ils n’aiment le commandement qu’en vertu de l’amour de Dieu pour lui dans la mesure où il a la primauté. En effet, à Dieu appartient le commandement du monde. C’est que le commandement du monde n’est apprécié et aimé que par son Maître, car les gens du monde sont Ses sujets et le maître ne l’est que par le sujet sur le plan de l’effectivité et de l’appréciation. Donc son amour pour le sujet est plus intense parce que c’est lui qui rend son commandement effectif. En somme, personne n’est plus amoureux que le roi dans son royaume parce que c’est son royaume qui le rend maître effectif et lui fait garder son nom de roi. Voilà la signification de l’expression : « La dernière chose qui quitte les coeurs des justes, c’est l’amour du commandement » qu’ils voient et éprouvent par le goût spirituel, et non pas du fait qu’il quitte leurs coeurs de telle sorte qu’ils n’aiment plus le commandement. En effet s’ils n’aiment plus le commandement, ils n’acquièrent plus la science qu’il implique selon la forme dans laquelle Dieu les a créés conformément à la Parole du Prophète  : « Dieu a créé Adam à Son image » selon certaines interprétations et implications de cette Tradition. Sache-le donc.


Cela dit, le commandement, c’est l’accomplissement de la parole et il n’y a pas de parole plus performante que la Parole Divine : « Lorsqu’Il veut une chose, il Lui suffit de lui intimer : « Sois ! Pour qu’elle voie le jour » (Coran, 36/82). Ainsi, le plus grand pouvoir est celui de l’homme dont l’autorité provient de Dieu, car Dieu est à l’origine des puissances de ce serviteur, lequel constate cela tout en gardant son essence concrète et il sait alors qu’il est l’exemple inimitable car c’est un serviteur-seigneur tandis que Dieu – qu’Il soit exalté et magnifié – est un Seigneur non un serviteur. Ainsi, ce serviteur bénéficie de la globalité tandis que Dieu a en propre la singularité.


S’agissant du troisième pilier, c’est l’argent (al-mal) et il n’a reçu ce nom que par ce qu’on s’incline vers lui par nature. En effet Dieu a éprouvé Ses serviteurs par ce bien en rendant la réalisation de certaines choses dépendantes de son existence et en attachant les coeurs des hommes à l’amour du propriétaire de l’argent et à sa considération, même s’il est avare. En effet les yeux le regardent avec vénération pour faire croire aux âmes qu’il est indépendant en raison de ce qu’il possède comme biens. Il arrive pourtant que le propriétaire des biens soit le plus indigent envers les hommes pour ce qui est de son âme et ne trouve pas en lui-même la suffisance et le contentement de ce qu’il a. C’est pourquoi il cherche le surplus par rapport à ce qu’il possède déjà. Mais comme les gens du monde ont vu l’inclination des coeurs vers le propriétaire des biens, ils ont aimés les biens. Aussi, ceux qui possèdent la connaissance ont recherché un aspect divin par lequel ils aiment l’argent et les biens, car leur amour est inéluctable et c’est là l’objet de la séduction et des épreuves qui génèrent l’errance et la guidance.


Quant à ceux qui possèdent la connaissance spirituelle, ils ont regardé des choses divines dont la Parole de Dieu – qu’Il soit exalté - : « Et consentez à Dieu un prêt gracieux » (Coran, 74/20) où Il ne s’adresse qu’à des gens sérieux. Ils ont donc aimé être du nombre de ceux auxquels s’adresse ce discours afin qu’ils l’écoutent et le goûtent avec beaucoup de plaisir partout où ils se retrouvent. Ainsi, lorsqu’ils Lui font un prêt et voient que l’aumône tombe dans les mains du Miséricordieux, ils obtiennent grâce à l’argent qu’ils donnent, l’honneur de le remettre dans la main de Dieu et la gratification pour l’avoir remis directement.


Il faut savoir que Dieu a honoré Adam en disant : « Celui que J’ai créé de Ma Main » (Coran, 38/75). Or celui qu’Il comble pour lui avoir demandé un prêt est plus parfait dans l’appréciation de l’honneur que celui qu’Il a créé de Sa main. C’est dire que sans cet argent et ces biens, ils n’écouteraient pas et ne mériteraient pas d’être les destinataires de ce Discours divin et ils n’obtiendraient pas, grâce à ce prêt, cette réception Seigneuriale, car cela couvre tout ce qui a trait au rapprochement de Dieu. Dieu les a donc éprouvés par l’argent, puis Il a les éprouvés encore, en leur demandant, en se plaçant au niveau de Ses serviteurs nécessiteux qui s’adressent aux gens fortunés en disant dans le Hadith déjà évoqué : « Ô Mon serviteur ! Je t’ai demandé de Me nourrir, et tu ne M’as pas nourri, je t’ai demandé de Me donner à boire et tu ne M’as pas abreuvé ! ». Ainsi, selon cette vision, l’amour de l’argent et des biens constitue pour eux une épreuve et une guidance vers cela.


Quant à l’épreuve de l’enfant, c’est parce qu’il est le secret de son père, la chair de sa chair et la chose la plus collée à lui. Donc son amour c’est l’amour de la chose elle-même. Or rien n’est plus cher pour une chose qu’elle-même. Dieu l’a donc éprouvé par lui-même avec une forme qui lui est extérieure et qu’Il a appelée enfant pour voir si le fait de le regarder va ou non le voiler par rapport aux devoirs que Dieu lui a imposé, conformément à la Parole de l’Envoyé de Dieu  à l’endroit de sa fille Fatima malgré la place qu’elle occupe dans son coeur et que personne n’ignore : « Si Fatima Bint (la fille de) de Muhammad volait, je lui amputerais sa main ». De même, Omar Ibn al-Khattab a ordonné la flagellation de son fils jusqu'à la mort pour avoir forniqué et il resta serein. De leur côté, Mâ’iz et la femme qui a forniqué avec lui, ont offert leur âme généreusement en subissant la peine légale au point que l’Envoyé de Dieu  a dit sur leur repentance : « Si on distribuait leur repentance entre les membres de la communauté entière, elle leur suffirait ». Du reste, quelle repentance est plus grande que celle d’avoir offert généreusement leurs âmes. Cela dit, la générosité consistant à se contraindre à appliquer le droit désagréable à l’encontre de son propre enfant est plus dure dans l’épreuve, surtout lorsqu’on sait que Dieu dit sur le père qui perd son enfant : « Je n’ai d’autre rétribution pour Mon serviteur à qui Je ravis l’âme de son cher enfant, du milieu des gens du bas-monde, que le Paradis ». C'est dire que celui qui maîtrise ces piliers qui sont parmi les plus grandes tentations et les plus dures épreuves et préfère l’auguste Face de Dieu en ne considérant qu’elle dans cette affaire, voilà l’homme qui n’a pas d’égal dans son espèce.


Je te recommande aussi de ne pas dormir avant d’avoir observé une prière witr (avec un nombre impair de Rak‘ât ) parce que Dieu ravit l’âme de l’homme endormi dans la forme où il se voit lui-même en rêvant : si le terme de sa vie n’est pas arrivé, Il lui rend son âme sinon, Il la retient. La précaution pour l’homme sérieux consiste à ne pas dormir avant d’accomplir une prière witr. Il s’endort ainsi dans un état et avec une oeuvre aimés de Dieu, car Il est rapporté dans une Tradition authentique que : « Dieu est Impair (witr) et Il aime ce qui est impair », ainsi, il ne fait que s’aimer lui-même. Du reste, quelle considération et quelle proximité plus grande que d’être réhaussé par Dieu à Son niveau dans Son amour, pour toi, si tu fais partie de ceux qui pratiquent le witr dans toutes tes oeuvres qui impliquent le nombre et la quantité ? D’autant plus que Dieu – qu’Il soit exalté – t’a ordonné, par la bouche de l’Envoyé de Dieu  en disant : « Pratiquez le witr, ô gens (adeptes) du Coran ! » Or, les gens du Coran sont les gens de Dieu et Son élite.


Il en va de même lorsque tu mets du khôl, en enduisant chaque oeil une fois ou trois fois car chaque oeil est un organe autonome. Il en va de même lorsque tu manges, ne retire pas ta main avant une bouchée impaire (witr). De même, lorsque tu bois l’eau, fais de sorte que tes gorgées soient witr. Et lorsque tu as le hoquet, bois sept gorgées d’eau et le hoquet te quittera. C’est quelque chose que j’ai expérimenté personnellement. Lorsque tu respires en buvant, respire trois fois, tout en éloignant le récipient au moment de respirer. Et c’est ce que l’Envoyé de Dieu  t’ordonne de faire car c’est plus sain, plus agréable et plus étanchant. Et lorsque tu prononces un mot pour le faire comprendre à celui qui écoute, répète-le trois fois, pour qu’on te comprenne. Car c’est ce que l’Envoyé de Dieu  faisait. En effet je ne te recommande que ce qui relève habituellement de la loi divine immuable. C’est cela la conformité que Dieu – qu’Il soit exalté – t’ordonne de pratiquer dans le Coran. En effet, Il a dit : « Dis-leur : Si vous aimez Dieu, conformez-vous à moi ; Dieu vous aimera » (Coran, 3/31). Il s’agit là de l’amour par récompense. Quant au premier amour qui n’est pas une récompense, c’est l’amour que Dieu te donne pour te conformer et pour suivre. Ainsi, Dieu a placé ton amour entre deux amours divins : un amour offert par générosité et un amour par récompense, de telle sorte que l’amour entre toi et Dieu est devenu un witr : un amour offert par générosité et c’est le succès que Dieu t’accorde pour te conformer et suivre [l’Envoyé], puis ton amour pour Dieu, et enfin Son amour pour toi comme récompense pour avoir suivi ce qu’Il a prescrit pour toi : « Vous avez dans l’Envoyé de Dieu un bel exemple pour ceux qui placent leur espoir en Dieu et dans le jour dernier » (Coran, 33/21). Par ce verset, l’infaillibilité de l’Envoyé de Dieu  est confirmée, car s’il n’était pas infaillible, le prendre pour modèle et se conformer [à sa sunna] serait sans fondement. Aussi, nous conformons-nous, au modèle de l’Envoyé de Dieu  dans tous ses gestes, actes, mouvements, états et paroles, tant qu’il n’y a pas une interdiction expresse dans le Livre divin et la Sunna, comme le mariage offert comme cadeau qui lui est propre à l’exclusion des croyants ou comme les prières nocturnes et le tahajjud que le Prophète  observe par obligation tandis que nous autres nous l’observons par conformité et recommandation. Ainsi, partageons-nous avec lui l’observance des prières nocturnes. Abu Hurayra dit ceci : « Mon bien-aimé l’Envoyé de Dieu m’a recommandé trois choses », en spécifiant qu’il a observé le witr dans sa recommandation. Il rapporte aussi dans la même Tradition : « Il m’a recommandé de ne pas dormir avant d’observer une prière du witr ».


De même est-il rapporté dans le Hadith authentique que : « Dieu a quatre-vingt dix-neuf Noms, cent moins un. Celui qui Les recense entre au Paradis. Car Dieu est witr (Impair) et Il aime ce qui est witr ». Du reste, il est rapporté dans notre livre (al-futuhat) dont fait partie notre présent ouvrage, dans le chapitre sur les questions posées par al-Hakim al- Tirmidhi, qui constitue le dernier chapitre de la partie sur les connaissances relatives à l’amour de Dieu pour les repentants, pour ce qui aiment se purifier, pour ceux qui rendent grâce, les patients, les bienfaiteurs et bien d’autres, que Dieu aime qu’on observe le witr et qu’Il déteste certaines choses que nous avons déjà évoquées, ce qui nous dispense de les répéter ici.

 

 

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