samedi 20 octobre 2012

Ibn Arabi - Rends visite à tes frères malades






(Cheikh Muhyî-d-Dîn Ibn Arabî, Kitâb al-wasâyâ, traduit de l’arabe par Mohamed al-Fateh : Paroles en Or, édition Iqra).

Tu dois, mon frère, rendre visite aux malades en raison de ce que cette visite renferme comme enseignement et rappel. En effet, Dieu a crée l’homme dans la faiblesse ; aussi le fait de regarder le malade au cours de ta visite t’avertit sur ton origine et t’inspire pour implorer Dieu de te donner une force avec laquelle Il te raffermit dans Son obéissance.

Parce que Dieu est également auprès de Son serviteur lorsqu’il tombe malade. Ne vois-tu pas que le malade n’adresse sa demande de secours qu’à Dieu et ne mentionne que Dieu ?
Sa langue ne cesse de répéter le Nom de Dieu et son coeur ne cesse de se réfugier auprès de Lui. C’est que le malade ne cesse d’être avec Dieu : tout malade, même s’il recourt au médecin et aux moyens habituels qui procurent la guérison, malgré cela il n’oublie pas Dieu en raison de la présence de Dieu auprès de lui. En effet Dieu dira au Jour de la Résurrection : « Ô fils d’Adam ! Je suis tombé malade et tu ne m’as pas rendu visite ! ».


Le visiteur répondra : « Ô Seigneur ! Comment te rendre visite alors que tu es Le Seigneur des mondes ? ». Dieu répliquera : « Ne sais-tu pas que Mon serviteur untel était malade et que tu ne lui a pas rendu visite ? Si tu l’avais visité tu M’aurais trouvé auprès de lui ». C’est un Hadith authentique. Sa parole : « Tu m’aurais trouvé auprès de lui » représente l’invocation par le malade de son Seigneur en son for intérieur et extérieurement. De même lorsqu’une des créatures de Dieu te demande de la nourrir ou d’étancher sa soif, nourris-la et abreuve-la si tu peux. En effet, même si tu n’as que cela en matière de noblesse et de position, sache que cette attitude de nourrir et d’abreuver te place dans la position de Dieu qui nourrit Ses serviteurs et les abreuve. Mais c’est un enseignement que peu de gens retiennent. Regarde pourtant le demandeur lorsqu’il adresse sa demande, comment il lève sa voix en disant : « Ô mon Dieu ! Donne-moi ! ». C’est Dieu seul qui l’a amené à prononcer Son Nom dans cet état. Or, ce demandeur n’a levé sa voix que pour se faire entendre de toi afin que tu lui donnes : il t’a appelé par le Nom de Dieu et s’est réfugié auprès de toi par l’élévation de la voix comme s’il se réfugiait auprès de Dieu.

Aussi, devant celui qui te place dans la position de son maître, tu ne dois pas le priver mais lui donner ce qu’il t’a demandé. En effet, ce Hadith que nous avons évoqué précédemment à propos de la maladie du serviteur ajoute ceci : Dieu dit : « Ô Fils d’Adam ! Je t’ai demandé la nourriture et tu ne m’as pas nourri ! ». Le serviteur répondra : « Comment pourrais-je Te nourrir alors que Tu es Le Seigneur des mondes ? ». Dieu répliquera : « Ne sais-tu pas que Mon serviteur untel t’a demandé de le nourrir et que tu ne l’as pas nourri ? Si tu l’avais nourri tu retrouverais cela auprès de Moi. Ô Fils d’Adam ! Je t’ai demandé de Me donner à boire et tu ne m’as pas abreuvé ! ». Le serviteur dira : « Ô Seigneur ! Comment t’abreuver alors que Tu es Le Seigneur des mondes ! ». Dieu lui dira : « Ne sais-tu pas que Mon serviteur untel t’a demandé de lui donner à boire et que tu ne l’as pas abreuvé ? Si tu lui avais donné à boire tu retrouverais cela auprès de Moi ». Ce Hadith est recensé par Muslim, d’après la chaîne de transmission qui comporte les noms suivants : Muhammad Ibn Hatim, d’après Bahz, d’après Hammad Ibn Salama, d’après Thabit, d’après Abu Raf’, d’après Abu Hurayra qui le rapporte directement de la bouche de l’Envoyé de Dieu . Dieu s’est placé ainsi dans cette Tradition dans la position de Son serviteur.

Aussi, le serviteur qui est présent à Dieu et qui Le mentionne en toute circonstance voit dans cette situation que c’est Dieu qui lui demande de nourrir et de donner à boire et il se hâte vers ce que Dieu lui demande. En effet, il ne sait pas si, au Jour de la Résurrection, il se trouvera dans le besoin comme cet individu qui lui a demandé la nourriture et la boisson, et que Dieu le récompensera en raison de son attitude. Ceci correspond à la Parole divine dans ce Hadith : « Tu retrouverais cela auprès de Moi », c'est-à-dire que cette nourriture et cette boisson que tu offrais, Je l’ai gardée pour toi et Je l’ai fait fructifier pour qu’à ton arrivée devant Moi au Jour de la Résurrection, Je te la rende plus agréable et importante par rapport à ce qu’elle était. Il reste que si tu n’as pas d’ambition de voir que cet homme qui te demande de l’abreuver t’a placé dans la position de celui qui possède le pouvoir de satisfaire
son besoin – car Dieu t’a institué comme Son vicaire -, tu devrais au moins satisfaire le besoin de ce demandeur avec la mentalité du commerçant qui cherche le profit et la multiplication des bonnes actions. Qu’en serait-il si tu apprends cette Tradition et que tu constates que c’est Dieu Lui-même qui te demande ce dont Il a fait de toi le dispensateur ?


Car tout appartient à Dieu et Il t’ordonne de dépenser des biens dont Il a fait de toi le dispensateur. En effet, Il a dit : « Donnez en aumônes ce dont Il vous a fait les dispensateurs » (Coran, 57/7). Il multiplie pour toi la récompense à ce sujet.

Aussi, si tu fais l’aumône, ne renvoie aucun mendiant sans lui offrir une bonne parole.

Accueille-le avec un visage éclatant et souriant, car c’est Dieu que tu accueilles. On rapporte que lorsqu’un mendiant adressait sa demande à al-Hassan ou à al-Hussein – que la Paix soit sur eux – ils se hâtaient vers lui en disant : « Par Dieu ! Bienvenue à celui qui transporte mes provisions dans la Vie Future ! ». Ceci parce qu’ils estimaient que cet homme portait leur charge à leur place et qu’il était semblable à une monture. C’est lorsque Dieu accorde un bienfait à l’homme et que celui-ci ne fait pas porter par autrui ses mérites, il viendra au Jour de la Résurrection en le portant jusqu’à ce qu’on l’interroge à ce sujet. Voilà pourquoi al-Hassan et al-Hussein disaient que le mendiant portait leurs provisions dans la Vie Future. Aussi ces derniers le soulagaient-il de cette charge.

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