samedi 1 septembre 2012

René Guénon témoin de la Tradition Primordiale





Source : http://www.ihei-asso.org/


René Guénon naquit à Blois le 15 novembre 1886 et mourut au Caire le 7 janvier 1951. Sa vie fut  simple et transparente, et s’effaça en fait devant son oeuvre, une oeuvre considérable qui occupe vingt-sept volumes et qui fut consacrée tout entière à la restauration de l’étude de la Tradition en Occident. Car René Guénon s’est toujours défendu de faire oeuvre originale. Il s’est voulu simplement l’interprète fidèle de la connaissance traditionnelle, celle des civilisations orientales, celle du Moyen-Age chrétien. Telle une mémoire vivante, il nous rappelle le patrimoine spirituel de l’humanité, contre l’oubli des origines qui a recouvert petit à petit de sa torpeur ténébreuse notre société repue, mais inquiète.

Nous voudrions tenter d’expliquer ce que fut, ce que reste encore, et plus que jamais, la fonction providentielle de René Guénon.
Mais peut-être serait-il plus aisé de dire d’abord ce qu’elle ne fut pas. Il connaissait en profondeur les Traditions orientales. Et pourtant il n’était pas orientaliste et s’est séparé de ceux pour lesquels le savoir se limite à une érudition toute quantitative. Il a abordé dans son oeuvre les « grandes questions » que chacun devrait se poser sur la réalité. Et pourtant il ne fut pas philosophe et refusa toute construction de « systèmes » et d’ « idéologies ».
René Guénon nous a parlé de la recherche spirituelle, des religions et de la Connaissance initiatique, en homme d’expérience.
Mais il n’accepta jamais d’être pour quiconque un Guide spirituel ou un directeur de conscience et dénonça avec vigueur tous les faux maîtres qui déjà, au début du siècle, prétendaient détenir seuls les clés d’un nouvel âge.

Dès ses premiers articles écrits alors qu’il n’avait que vingt-trois ans, il semble maîtriser pleinement la doctrine traditionnelle dont toute son oeuvre sera le commentaire. Il faut bien imaginer que les Traditions orientales n’étaient connues, à l’époque, qu’à travers les oeuvres des universitaires, qui y projetaient leurs propres préjugés scientistes ou philosophiques, ou dans le pseudo-enseignement des diverses écoles occultistes ou théosophiques, qui en utilisaient les éléments à tort et à travers.

En 1912, année de son premier mariage, il se convertit à l’islam et devint ‘Abd-al-Wâhid Yahyâ. Il reçut alors la baraka du Shaykh ‘Abd-ar-Rahmân ‘Illîsh al-Kabîr, par l’intermédiaire de son représentant en Europe, ‘Abd-al-Hâdî, et se trouva de ce fait rattaché à une confrérie soufie, la tarîqa Shâdhiliyya. On peut se demander pour quelles raisons René Guénon choisit l’islam, alors que l’essentiel de son oeuvre puise ses exemples dans les Traditions hindoue et chinoise. Celui-ci déclara par la suite n’avoir agi ainsi que pour des motifs strictement personnels. Bien plus, il précisa que celui qui est conscient de l’unité des Traditions, « est nécessairement, par là-même, “inconvertissable” à quoi que ce soit. »
Mais sans doute René Guénon jugea-t-il que la seule possibilité qui s’offrait à lui pour vivre effectivement la Connaissance métaphysique résidait dans l’ultime Révélation : l’islam.

Sans tomber dans une hagiographie que Guénon aurait été le premier à dénoncer, il nous paraît important de citer quelques témoignages sur sa vie au Caire. Najmouddin Bammate décrit ainsi René Guénon : « Respect, discrétion : ce qu’il y avait de plus oriental dans son maintien, c’est une forme de politesse qui traduit la crainte d’importuner. Cette manière d’apparaître confus est une forme de pudeur. Mais René Guénon portait la qualité au plus haut point, jusqu’à en faire une sorte de courtoisie métaphysique. Rien ne l’exprimait mieux que les bénédictions familières dont il parsemait ses conversations. Avec simplicité, il donnait ainsi, à table même, une valeur rituelle au partage du pain, au geste qu’il avait pour le saler, à l’offrande qu’il vous faisait en vous tendant un pigeon grillé. » On peut ajouter ce témoignage du Shaykh ‘Abd-al-Halîm Mahmûd, qui fut l’une des autorités de l’université islamique d’al-Azhar : « Je n’oublierai pas ce jour, un dimanche, où nous avons sonné à la porte de la villa Fatma. Après un long moment, voici que se présente à nous un shaykh de haute taille, dont le visage lumineux inspirait la vénération et exprimait la dignité et la majesté ; ses yeux rayonnaient d’intelligence et ses traits reflétaient la bonté et la piété. » Dans la biographie qu’il écrivit en arabe sur le Shaykh ‘Abd-al-Wâhid Yahyâ, le Shaykh ‘Abd-al-Halîm Mahmûd compare la profondeur de sa recherche de la vérité à celle d’al-Ghazâlî, l’un des plus grands saints de l’islam.

René Guénon mourut d’une maladie mal déterminée, dans la nuit du 7 janvier 1951, en répétant simplement le nom « Allâh ». Son corps, tourné dans la direction de La Mecque, selon le rite islamique, repose à même le sol dans un cimetière du Caire.
On parle beaucoup, aujourd’hui, d’un retour du spirituel.
Comme si le spirituel avait disparu et pouvait réapparaître au gré d’une mode. Mais l’Esprit demeure inaltéré en son éternel présent, au-delà du déploiement illusoire du temps. L’Esprit est immuable et pourtant intensément vivant. Son invisibilité est due simplement à l’aveuglement de notre intelligence, et à l’endurcissement de notre coeur. René Guénon nous indique comment retourner au spirituel, en cette époque chaotique où la véritable discrimination intellectuelle devient de plus en plus rare et où, pourtant, il importe plus que jamais de savoir à quelle porte frapper. Nous vivons en effet le triomphe sinistre de la confusion et nombreux sont ceux qui se proposent de satisfaire notre aspiration bien légitime avec des ersatz de spiritualité. Les mots eux-mêmes se sont vidés de leur sens. René Guénon nous aide à nous orienter dans ce paysage mouvant et déroutant.

Tout au long de son oeuvre, René Guénon nous explique que la Tradition est Une. Le mot « tradition » provient du latin tradere qui signifie « rapporter », « transmettre ». La Tradition est donc l’héritage spirituel qui se transmet depuis la nuit des temps. Les différentes formes traditionnelles de l’humanité constituent des adaptations providentielles d’une Tradition unique à des conditions historiques et géographiques déterminées. Ces Traditions particulières naissent, vivent et peuvent même mourir. Mais la Tradition primordiale, dont elles constituent des récapitulations, reste immuable et éternelle. Cette Tradition est, en son principe, métaphysique, un terme que René Guénon emploie dans un sens bien différent de ceux qu’il a reçus au cours de l’histoire de la philosophie, pour devenir aujourd’hui à peu près synonyme d’abstrait ou d’invérifiable. Voici comment René Guénon en parle dans l’un de ses écrits, intitulé La métaphysique orientale : « Peut-on définir la métaphysique telle que nous l’entendons ? Non, car définir, c’est toujours limiter et ce dont il s’agit est, en soi, véritablement et absolument illimité, donc ne saurait se laisser enfermer dans aucune formule ni dans aucun système. On peut caractériser la métaphysique d’une certaine façon, par exemple, en disant qu’elle est la connaissance des principes universels ; mais ce n’est pas là une définition à proprement parler et cela ne peut du reste en donner qu’une idée assez vague. Nous y ajouterons quelque chose si nous disons que ce domaine des principes s’étend beaucoup plus loin que ne l’ont pensé certains Occidentaux qui cependant ont fait de la métaphysique, mais d’une manière partielle et incomplète. Ainsi, quand Aristote envisageait la métaphysique comme la connaissance de l’Etre en tant qu’Etre, il l’identifiait à l’ontologie, c’est-à-dire qu’il prenait la partie pour le tout. Pour la métaphysique orientale, l’Etre pur n’est pas le premier ni le plus universel des principes, car il est déjà une détermination ; il faut donc aller au-delà de l’Etre, et c’est même là ce qui importe le plus. C’est pourquoi, en toute conception vraiment métaphysique, il faut toujours réserver René Guénon, témoin de la Tradition primordiale la part de l’inexprimable ; et même tout ce qu’on peut exprimer n’est littéralement rien au regard de ce qui dépasse toute expression, comme le fini, quelle que soit sa grandeur est nul vis-à-vis de l’Infini. On peut suggérer beaucoup plus qu’on n’exprime, et c’est là, en somme, le rôle que jouent ici les formes extérieures ; toutes ces formes, qu’il s’agisse de mots ou de symboles quelconques, ne constituent qu’un support, un point d’appui pour s’élever à des possibilités de conception qui les dépassent incomparablement. »1 Et dans un autre passage du même ouvrage : « La métaphysique pure, étant par essence en dehors et au-delà de toutes les formes et toutes les contingences, n’est ni orientale ni occidentale, elle est universelle. Ce sont seulement les formes extérieures dont elle est revêtue pour les nécessités d’une exposition, pour en exprimer ce qui est exprimable, ce sont ces formes qui peuvent être soit orientales soit occidentales ; mais, sous leur diversité, c’est un fond identique qui se retrouve partout et toujours, partout du moins où il y a de la métaphysique vraie, et cela pour la simple raison que la vérité est une. »2 Il s’agit donc de rien de moins que de la Vérité… Cependant, René Guénon ne prétend pas détenir seul la Vérité, sa vérité. Il nous rappelle solennellement qu’il y a nécessairement une Vérité.

Seul celui dont l’intelligence accepte de façon intuitive cette évidence peut continuer à suivre le discours de René Guénon. En effet, nul ne saurait convaincre autrui de ce qui est a priori une évidence. La vérité n’est pas devant nous, comme essaient de nous le faire croire les philosophies d’inspiration hégélienne, le scientisme et les évolutionnismes de toute nature ; elle n’est pas davantage derrière nous, comme le proclament les tenants du traditionalisme et les nostalgiques du passé. La Vérité est au-dessus de nous. Mais la Vérité, ou encore la Réalité ultime, bien qu’Elle soit transcendante, ne nous est pas complètement inaccessible, paradoxalement en raison de Sa transcendance même, de Son infinité qui lui permet de « descendre » jusqu’à nous sans en être altérée. L’homme a pu et peut encore y avoir accès. Il nous appartient donc de faire oeuvre d’humilité, et de chercher à comprendre comment les hommes des civilisations précédentes ont essayé de s’en approcher. La fonction providentielle de Guénon consiste justement à tracer quelques pistes pour nous y aider.

Résumer en quelques mots l’oeuvre de René Guénon est une tâche impossible, parce que lui-même n’a jamais donné d’exposé systématique des doctrines traditionnelles. René Guénon nous montre constamment que ces doctrines ont été et doivent rester des réalités vivantes. Néanmoins, s’il fallait mettre l’accent sur l’essentiel, c’est d’abord sur l’affirmation de la possibilité de la connaissance métaphysique par l’ « intuition intellectuelle » que nous devrions nous arrêter. René Guénon aborde ainsi ces notions : « Nous parlerons de conceptions métaphysiques, faute d’avoir un autre terme à notre disposition pour nous faire comprendre ; mais qu’on n’aille pas croire pour cela qu’il y ait là rien d’assimilable à des conceptions scientifiques ou philosophiques ; il ne s’agit pas d’opérer des “abstractions” quelconques, mais de prendre une connaissance directe de la vérité telle qu’elle est. La science est la connaissance rationnelle, discursive, toujours indirecte, une connaissance par reflet ; la métaphysique est la connaissance supra-rationnelle, intuitive et immédiate. Cette intuition intellectuelle pure, sans laquelle il n’y a pas de métaphysique vraie, ne doit d’ailleurs aucunement être assimilée à l’intuition dont parlent certains philosophes contemporains, car celle-ci est, au contraire, infra-rationnelle.

Il y a une intuition intellectuelle et une intuition sensible ; l’une est au-delà de la raison, mais l’autre est en deçà ; cette dernière ne peut saisir que le monde du changement et du devenir, c’est-à-dire la nature, ou plutôt une infime partie de la nature. Le domaine de l’intuition intellectuelle, au contraire, c’est le domaine des principes éternels et immuables, c’est le domaine métaphysique. »3

Ou encore : « L’intellect transcendant, pour saisir directement les principes universels, doit être lui-même d’ordre universel ; ce n’est plus une faculté individuelle, et le considérer comme tel serait contradictoire, car il ne peut être dans les possibilités de l’individu de dépasser ses propres limites, de sortir des conditions qui le définissent en tant qu’individu. La raison est une faculté proprement et spécifiquement humaine ; mais ce qui est au-delà de la raison est véritablement “non-humain” ; c’est ce qui rend possible la connaissance métaphysique, et celle-ci, il faut le redire encore, n’est pas une connaissance humaine. En d’autres termes, ce n’est pas en tant qu’homme que l’homme peut y parvenir ; mais c’est en tant que cet être, qui est humain dans un de ses états, est en même temps autre chose et plus qu’un être humain ; et c’est la prise de conscience effective des états supra-individuels qui est l’objet réel de la métaphysique, ou, mieux encore, qui est la connaissance métaphysique elle-même. »4

Ces passages fondamentaux, que nous avons cités in extenso pour faire saisir toute la profondeur de l’enseignement de René Guénon, montrent que la connaissance traditionnelle se construit « par en haut » à partir des principes. Ceux-ci sont rappelés constamment par René Guénon, d’abord dans ses oeuvres plus spécialement axées sur la métaphysique, parmi lesquelles il faudrait citer : L’homme et son devenir selon le Vêdânta, Les états multiples de l’Etre et Le symbolisme de la Croix. Mais tous les autres aspects de la connaissance traditionnelle procèdent nécessairement des mêmes données, dont ils constituent des adaptations à des questions plus contingentes. Certaines de ces adaptations ont été développées dans l’oeuvre « critique » de René Guénon, qui comprend Orient et Occident, Autorité spirituelle et pouvoir temporel, La crise du monde moderne ou encore Le règne de la quantité et les signes des temps. Ecoutons René Guénon parler de la conception traditionnelle de l’histoire sacrée : « La doctrine hindoue enseigne que la durée d’un cycle humain, auquel elle donne le nom de Manvantara, se divise en quatre âges, qui marquent autant de phases d’un obscurcissement graduel de la spiritualité primordiale ; ce sont ces mêmes périodes que les Traditions de l’antiquité occidentale, de leur côté, désignaient comme les âges d’or, d’argent, d’airain et de fer. Nous sommes présentement dans le quatrième âge, le Kali-Yuga ou “âge sombre” et nous y sommes, dit-on, depuis déjà plus de six mille ans, c’est-à-dire depuis une époque bien antérieure à toutes celles qui sont connues de l’histoire “classique’’. Depuis lors, les vérités qui étaient autrefois accessibles à tous les hommes sont devenues de plus en plus cachées et difficiles à atteindre ; ceux qui les possèdent sont de moins en moins nombreux, et, si le trésor de la sagesse “non-humaine’’ antérieure à tous les âges, ne peut jamais se perdre, il s’enveloppe de voiles de plus en plus impénétrables, qui le dissimulent aux regards et sous lesquels il est extrêmement difficile de le découvrir. »5

S’il en est ainsi, nous explique René Guénon, c’est parce que la manifestation s’accompagne nécessairement d’un éloignement progressif du Principe qui en est l’origine. La notion moderne de progrès, d’une évolution linéaire et ascendante vers des lendemains toujours plus radieux, est donc en contradiction complète avec la doctrine traditionnelle des cycles cosmiques, pour laquelle la marche du temps est descendante jusqu’au « redressement » final.

Le terme d’un Manvantara est ainsi le début du Manvantara suivant. Les périodes les plus sombres seront suivies d’une restauration de l’âge d’or. La spiritualité primordiale, qui est maintenant presque invisible, brillera de nouveau dans le monde. Il convient donc d’envisager cette période sans optimisme ni pessimisme, mais avec la lucidité de ceux qui cherchent la vérité.

René Guénon précise que nous sommes déjà dans une époque fort avancée de l’âge sombre. En effet, toutes les civilisations passées et présentes étaient encore traditionnelles. Guénon les définit comme des civilisations reposant « sur des principes au vrai sens de ce mot, c’est-à-dire où l’ordre intellectuel domine tous les autres, où tout en procède directement ou indirectement et, qu’il s’agisse de sciences ou d’institutions sociales, n’est en définitive qu’applications contingentes, secondaires et subordonnées des vérités purement intellectuelles. » Au contraire, la civilisation occidentale moderne se fonde sur des « valeurs » individualistes et matérialistes, c’est-à-dire, en pratique, sur une absence totale de principes dans le vrai sens du mot. La civilisation moderne constitue à cet égard une anomalie remarquable, dont l’existence contribue à précipiter le monde entier vers les phases ultimes de l’âge sombre. Il est certain néanmoins que l’âge sombre n’a pas frappé de façon égale toutes les civilisations. Ainsi en Orient, du moins au début de ce siècle, quand Guénon commence à écrire, la connaissance traditionnelle continue-t-elle à être transmise, de façon plus ou moins apparente. Certes, l’opposition entre Orient et Occident est apparemment géographique. Mais s’il en est ainsi, c’est en raison d’un symbolisme profond, car l’Orient est l’endroit d’où naît la lumière. C’est donc surtout à l’Orient symbolique que se réfère Guénon, le lever de la lumière qu’il nous faut redécouvrir en nous, contre l’Occident symbolique, ce crépuscule de l’Esprit. Cela est aujourd’hui d’autant plus vrai que la civilisation occidentale moderne a exporté ses fausses valeurs sur la Terre entière.

Les formes traditionnelles constituent des adaptations providentielles de la Tradition primordiale qui n’est ni orientale ni occidentale. Ces adaptations ont une origine spirituelle, c’està- dire « non-humaine », selon l’expression de Guénon. Une telle origine est ce qu’on appelle dans les religions monothéistes une « révélation », une parole de Dieu aux hommes par l’intermédiaire d’un messager choisi, un prophète. C’est cette révélation initiale, mot qui signifie le « revoilement » de la Vérité primordiale sous des formes nouvelles et providentielles, qui doit être transmise fidèlement et régulièrement afin de conserver sa validité et son efficacité comme lien entre l’état humain et les réalités suprahumaines.

Cette transmission des enseignements et des rites véhiculant l’influence spirituelle originelle est d’abord orale. Puis des circonstances particulières nécessitent la mise par écrit de la doctrine et la codification plus systématique des rites.
René Guénon nous a donné la discrimination pour nous orienter dans les ténèbres. Il nous revient d’utiliser ce don à bon escient.

Guénon était un gardien de la connaissance plutôt qu’un maître spirituel, un pandit plutôt qu’un guru. On a assez souvent accusé René Guénon d’une certaine sécheresse. Cette accusation repose à notre sens sur un terrible malentendu. Nous avons vu en effet que l’homme avait une modestie et une véritable charité qui manquent probablement à beaucoup de ses détracteurs, et ils sont nombreux ! Guénon nous expose les Traditions telles qu’elles sont. Sa fonction réside dans cette transparence véritablement providentielle qui fait de lui un témoin de la Tradition primordiale.
Il n’y a plus de temps maintenant pour l’analyse critique de l’oeuvre et pour les gloses, pour la vénération du maître ou la création de sociétés de pensée. Il nous appartient de vivre l’Esprit dans une forme traditionnelle. Toute l’oeuvre de Guénon nous montre — avec quelle clarté ! — le chemin à suivre. Puissions-nous trouver en nous-mêmes assez d’aspiration pour nous mettre en route, et pour tourner la dernière page du livre, avec l’aide de Dieu.

1 La métaphysique orientale, Editions Traditionnelles, Paris, p. 10.
2 Ibid, p. 5.
3 Ibid, p. 11.
4 Ibid, p. 11.
5 La crise du monde moderne, Gallimard, Paris, p. 15.

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