« Lapsit exillis »1
[2] A. E. Waite, dans son ouvrage sur The Holy Grail,
donne les variantes lapis exilis et lapis exillix, car il semble que
l’orthographe diffère suivant les manuscrits ; et il signale aussi que, d’après
le Rosarium Philosophorium citant Arnaud de Villeneuve, lapis exilis était chez
les alchimistes une des désignations de la « pierre philosophale », ce qui est
naturellement à rapprocher des considérations que nous avons indiquées à la fin
de la même étude.
[3] Lapis exilii ou lapis exsulis, suivant les
interprétations suggérées par Waite comme possibles à cet égard.
[4] Nous ne pensons pas qu’il y ait lieu de tenir grand
compte du mot latin exilis pris littéralement au sens de « mince » ou « ténu »,
à moins peut-être qu’on ne veuille y attacher une certaine idée de « subtilité
».
[5] Sur le symbolisme du Graal, voir Le Roi du Monde,
ch. V. – Nous rappellerons encore à ce propos le symbole de l’Estoile
Internelle, dans lequel la coupe et la pierre précieuse se trouvent réunies,
tout en étant dans ce cas distinctes l’une de l’autre.
[2] Genèse, XLIV, 5.
[3] La « coupe oraculaire » est en quelque sorte le
prototype des « miroirs magiques », et nous devons faire à ce propos une
remarque importante : c’est que l’interprétation purement « magique », qui
réduit les symboles à n’avoir plus qu’un caractère « divinatoire » ou «
talismanique » suivant les cas, marque une certaine étape dans la
dégénérescence de ces symboles, ou plutôt de la façon dont ils sont compris,
étape d’ailleurs moins avancée, puisqu’elle se réfère malgré tout à une science
traditionnelle, que la déviation toute profane qui ne leur attribue qu’une
valeur simplement « esthétique » ; il convient d’ajouter, du reste, que ce
n’est souvent que sous le couvert de cette interprétation « magique » que
certains symboles peuvent être conservés et transmis à l’état de survivances «
folkloriques », ce qui montre qu’elle a aussi son utilité. – Notons encore, au
sujet de la « coupe divinatoire », que la vision de toutes choses comme
présentes, si on l’entend dans son véritable sens (le seul auquel puisse être
attachée l’« infaillibilité » dont il est expressément question dans les cas de
Joseph), est en relation manifeste avec le symbolisme du « troisième œil »,
donc aussi de la pierre tombée du front de Lucifer où elle tenait la place de
celui-ci ; c’est d’ailleurs également par sa chute que l’homme lui-même a perdu
le « troisième œil », c’est-à-dire le « sens de l’éternité », que le Graal
restitue à celui qui parvient à la conquérir.
Pour en revenir au lapsit exillis, nous signalerons que
certains l’ont rapproché de la Lia Failou « pierre de la destinée » ; en effet,
celle-ci était aussi une « pierre parlante », et, en outre, elle pouvait être
en quelque façon une « pierre venue des cieux », puisque, suivant la légende
irlandaise, les Tuatha de Danann l’auraient apportée avec eux de leur premier
séjour, auquel est attribué un caractère « céleste » ou tout au moins «
paradisiaque ». On sait que cette Lia Fail était la pierre du sacre des anciens
rois d’Irlande, et qu’elle est devenue par la suite celle des rois
d’Angleterre, ayant été, suivant l’opinion la plus communément admise, apportée
par Édouard Ier à l’abbaye de Westminster ; mais ce qui peut paraître au moins
singulier, c’est que, d’un autre côté, cette même pierre est identifiée à celle
que Jacob consacra à Béthel1. Ce n’est pas tout : cette dernière, d’après la
tradition hébraïque, semblerait avoir été aussi celle qui suivait les
Israélites dans le désert et d’où sortait l’eau dont ils buvaient2, et qui,
selon l’interprétation de saint Paul, n’était autre que le Christ lui-même3 ;
elle serait devenue ensuite la pierre shethiyah ou « fondamentale », placée
dans le Temple de Jérusalem au-dessous de l’emplacement de l’arche d’alliance4,
et marquant ainsi symboliquement le « centre du monde », comme le marquait
également, dans une autre forme traditionnelle, l’Omphalos de Delphes5 ; et,
dès lors que ces identifications sont évidemment symboliques, on peut
assurément dire que, en tout cela, c’est bien toujours d’une seule et même
pierre qu’il s’agit en effet.
La Pierre de Fal (irlandais: Lia Fáil) symbolise le pouvoir légitime et la souveraineté. Elle est placée à Tara, la capitale mythique de l'Irlande. D'après la légende, si un homme digne de la royauté suprême s'assoit dessus, la Pierre crie.(Source Wiki)
Il faut bien
remarquer cependant, en ce qui concerne le symbolisme « constructif », que la
pierre fondamentale dont il vient d’être question en dernier lieu ne doit
aucunement être confondue avec la « pierre angulaire », puisque celle-ci est le
couronnement de l’édifice, tandis que l’autre se situe au centre de sa base6 ;
et, étant ainsi placée au centre, elle diffère également de la « pierre de
fondation » entendue au sens ordinaire de cette expression, celle-ci occupant
un des angles de la même base.
[1] Cf. Le Roi du Monde, ch. IX.
[2] Exode, XVII, 5. – Le breuvage donné par cette
pierre doit être rapproché de la nourriture fournie par le Graal considéré
comme « vase d’abondance ».
[3] I Corinthiens, X, 4. – On remarquera le rapport qui
existe entre l’onction de la pierre par Jacob, celle des rois à leur sacre, et
le caractère du Christ ou du Messie, qui est proprement l’« Oint » par
excellence.
[4] Dans le symbolisme des Sephiroth, cette « pierre
fondamentale » se rapporte à Iesod ; la « pierre angulaire », sur laquelle nous
allons revenir tout à l’heure, se rapporte à Kether.
[5] Cf. encore Le Roi du Monde, ch. IX. – L’Omphalos
était d’ailleurs un « bétyle », désignation identique à Beith-El ou « maison de
Dieu ».
[6] La situation de cette « pierre fondamentale »
n’étant pas angulaire, elle ne peut pas, sous ce rapport tout au moins, donner
lieu à une confusion, et c’est pourquoi nous n’avons pas eu à en parler à
propos de la « pierre angulaire ».
Nous avons
dit, à propos de la « pierre angulaire », qu’elle représente la « pierre
descendue du ciel », et nous avons vu maintenant que le lapsit exillis est plus
proprement la « pierre tombée du ciel », ce qui peut d’ailleurs être encore mis
en rapport avec la « pierre que les constructeurs avaient rejetée », si l’on
considère, au point de vue cosmique, ces « constructeurs » comme étant les
Anges ou les Dêvas2 ; mais, toute « descente » n’étant pas forcément une «
chute »3, il y a lieu de faire une certaine différence entre les deux
expressions.
[1] Ceci correspond à ce que nous avons déjà indiqué au
sujet de la projection horizontale de la pyramide, dont le sommet se projette
au point de rencontre des diagonales du carré de base, c’est-à-dire au centre
même de ce carré. Dans la maçonnerie opérative, l’emplacement d’un édifice
était déterminé, avant d’en entreprendre la construction, par ce qu’on appelle
la « méthode des cinq points », consistant à fixer d’abord les quatre angles,
où devaient être posées les quatre premières pierres, puis le centre, c’est-à-dire,
la base étant normalement carrée ou rectangulaire, le point de rencontre de ses
diagonales ; les piquets qui marquaient ces cinq points étaient appelés
landmarks, et c’est sans doute là le sens premier et originel de ce terme
maçonnique.
[2] Ceux-ci doivent être regardés comme travaillant
sous la direction de Vishwakarma, qui est, ainsi que nous l’avons déjà expliqué
en d’autres occasions, la même chose que le « Grand Architecte de l’Univers »
(cf. notamment Le Règne de la quantité et les signes des temps, ch. III).
[3] Il va de soi que cette remarque s’applique avant
tout à la « descente » de l’Avatâra, bien que la présence de celui-ci dans le
monde terrestre puisse être aussi comme un « exil », mais seulement suivant les
apparences extérieures.
[2] Voir Le symbolisme du dôme et aussi La Grande
Triade, ch. XIV.
[3] Voir Aperçus sur l’initiation, ch. XLVIII. – Ce
rapport avec le luz est d’ailleurs suggéré nettement par les rapprochements que
nous avons indiqués plus haut avec Béthel et avec le « troisième œil » (voir à
ce sujet Le Roi du Monde, ch. VII).
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