lundi 26 septembre 2011

Histoire des Prophètes : Adam (sur lui le salut et la paix)


                                               Le Pic d'Adam au Sri Lanka


par Cheikh Khaled Bentounès



Lorsque Ton Seigneur dit aux Anges : « Je vais établir un lieutenant sur la terre. Ils dirent : « Vas-Tu y établir quelqu’un qui fera le mal et qui répandra le sang, quand nous sommes là à Te sanctifier et à Te glorifier ? » - Il dit : « En vérité, Je sais ce que vous ne savez pas ! ».
Et Il apprit à Adam tous les noms (de toutes choses), puis Il les présenta aux Anges et dit : « Informez-Moi des noms de ceux-là, si vous êtes véridiques ! ».
[…] Il dit : « Ô Adam, informe-les de ces noms. » Puis quand celui-ci les eut informés de ces noms, Dieu dit : « Ne vous ai-Je pas dit que Je connais les mystères des cieux et de la terre, et que Je sais ce que vous divulguez et ce que vous cachez ? »
Et lorsque Nous demandâmes aux Anges de se prosterner devant Adam, ils se prosternèrent à l’exception d’Iblis qui refusa, s’enfla d’orgueil et fut parmi les incrédules.




(sourate 2, versets 30-31 et 33-34)


Le vouloir divin
Dans la création infinie, l’homme n’est qu’un être parmi une multitude de créatures dont certaines nous sont inconnues. Il n’en représente pas plus qu’un grain de sable. Cependant, la volonté divine l’a choisi comme dépositaire de la conscience. Plus celle-ci est imprégnée par le Divin, plus l’homme est transfiguré et devient à Son image. A l’inverse, plus il s’en éloigne, plus il devient ténébreux et commet le mal.
Dieu a aussi choisi l’homme comme Son représentant (khalifat), à qui Il délègue le pouvoir de gérer les biens qu’Il lui a confiés.
Les anges trouvèrent l’homme indigne de remplir cette tâche et le firent savoir : « Vas-tu y établir quelqu’un qui va faire le mal et répandra le sang ? »
C’est par le monde angélique que transite le décret divin. Il s’y élabore et prend forme avant de se matérialiser dans le monde manifesté (mulk). Ainsi, selon la Tradition, ce sont les anges qui déposent l’âme et le destin dans le fœtus le cent vingtième jour après la fécondation, et qui viennent reprendre ce dépôt au moment de la mort.
L’ange ne connaît qu’un seul versant, celui de la lumière et de la servitude. Il prie, adore et obéit. Il ignore la partie ténébreuse (l’orgueil, l’usurpation de pouvoir, la mortalité), que Dieu a insufflée en Adam. Il méconnaît les opposés, contrairement à Adam qui seul est capable d’aimer et de haïr, de construire et de détruire, d’obéir et de se rebeller. Pur et impur, il est différent de l’ange auquel, à certains égards, il est supérieur puisqu’il possède et supporte les deux natures.


Les Noms divins
Avant que la terre ne soit, Adam existait déjà dans la prééternité, comme nous tous avant notre création. La terre a été préparée pour lui afin qu’il y réside et qu’il y acquière la connaissance du tout. L’Adam physique est passé par toutes les étapes de la création - le minéral, le végétal, l’animal - pour aboutir à la forme humaine. Il intègre toutes ces étapes en lui. C’est son héritage, légué par Dieu. Il a été choisi et préparé pour accomplir une mission, celle d’engendrer l’humanité.
Il a la capacité de découvrir en lui tous les Noms, insufflés par Dieu et qui contiennent la création entière avec ses contradictions et ses complémentarités, telles que le bien, le mal, la beauté, la laideur. Chaque Nom est la clef d’une connaissance, d’une science. Dieu a ainsi appris à Adam la Connaissance qui concerne toute la création.
Dans la prééternité, Adam possédait la connaissance de tout ce que l’humanité sait aujourd’hui et de tout ce qu’elle saura dans l’avenir et ce jusqu’à la fin. Ainsi, lorsque certains Noms comme la Puissance, la Royauté, la Sagesse sont manifestés par des hommes, ce sont celles de Dieu qui sont exprimées mais à l’échelle humaine. L’homme possède tous les Noms mais n’en réalise que quelques-uns. S’il avait le souvenir de tous les Noms que Dieu lui a insufflés, il pourrait agir sur les mondes supérieurs et modifier le monde physique. Ce qui explique les miracles des prophètes et de certains saints.
Adam : le lieutenant de Dieu sur la terre
Lorsque Dieu eut montré et prouvé aux anges la supériorité d’Adam, Il leur demanda de se prosterner devant lui. Ce fut une épreuve difficile pour ces êtres de pure lumière de se prosterner devant un être fait de chair et de sang et possédant une double nature : celle du bien et celle du mal, la lumière et l’ombre. Les anges reconnurent en lui un être exceptionnel et, par soumission à Dieu, ils se prosternèrent devant lui. L’être qui se prosterne s’engage à obéir, aider et apporter tout ce dont l’autre a besoin. Par cette action, l’ange est devenu le serviteur de l’homme.
Dès son avènement, l’homme possède le titre de noblesse de khalifat (lieutenant) et toute la création se prosterne devant lui : la vache en offrant le lait et la viande, la mer en donnant le poisson, l’air en fournissant l’oxygène. Mais, inconscient de cette élection et des responsabilités qu’elle implique, l’homme abuse malheureusement de son pouvoir. Il n’est pas reconnaissant et agresse la création.


Satan

Nous avons dit : « O Adam ! Habite avec ton épouse dans le jardin ; mangez de ces fruits comme vous le voudrez ; mais ne vous approchez pas de cet arbre, sinon vous seriez au nombre des injustes. »
Le Démon les fit trébucher et il les chassa du lieu où ils se trouvaient. Nous avons dit : « Descendez, et vous serez ennemis les uns des autres. Vous trouverez, sur la terre, un lieu de séjour et de jouissance éphémère. »
Adam accueillit les paroles de son Seigneur et revint à lui, repentant. Dieu est, en vérité, celui gui revient sans cesse vers le pécheur repentant ; il est miséricordieux.
Nous avons dit : « Descendez tous ! Une Direction vous sera certainement donnée de ma part. » - Ni crainte, ni tristesse n’affligeront ceux qui suivent ma Direction.

(Sourate 2, versets 35-38.)


Un ange, Iblis, va désobéir à cet ordre divin. En refusant, par orgueil, d’obéir à Dieu, il est déchu et devient Chaïtan : le Démon. C’est lui qui entraînera Adam et Eve dans la désobéissance et, par là même, dans la chute.
Une question se pose : comment un être de lumière comme Iblis a-t-il pu connaître l’orgueil qui appartient aux ténèbres ? Si Iblis intervient dès le début de l’humanité, c’est par décret divin. Dieu a préparé Iblis autant qu’Adam. Il l’a créé par amour pour Adam. Sa fonction est d’égarer l’homme car s’il n’y avait pas d’erreur et d’égarement, il ne pourrait y avoir de direction et de salut, et l’humanité n’existerait pas. Le mal participe à l’équilibre de la création.
Iblis a été chassé du paradis avec l’homme et nous ne pouvons pas éliminer cette dimension. Chacun porte Iblis en soi, comme les deux faces d’une médaille, l’une est angélique et l’autre démoniaque. Iblis symbolise notre ego (nafs), notre part d’ignorance et d’erreur. Mais c’est en nous attirant vers l’erreur qu’il nous renvoie vers la vérité. Iblis restera jusqu’au jugement dernier. Il sera le dernier que l’ange de la mort viendra chercher.
Un jour un faqir, en quittant Mostaganem, rencontra un homme qui lui demanda de l’emmener sur son cheval. Le faqir l’invita à monter et ils poursuivirent leur route. Soudain l’homme ceintura le faqir, le jeta à terre et s’enfuit avec la monture. Aussitôt le fakir lui cria : « Attends ! Attends ! Ne dis pas que tu as volé ce cheval. Je te le donne ! » Surpris, le voleur fit volte-face et lui dit : « Comment ! Je te vole ton cheval et tu me le donnes ? - Oui, je te le donne, car on saura vite en ville que je t’ai emmené sur mon cheval pour te rendre service et que tu me l’as volé. Alors plus personne n’osera rendre ce service à un autre. » Le faqir, voyant que ce vol deviendrait un préjudice pour la communauté, convertit ainsi le mal en bien.
Une histoire rapportée par Abderrahman al-Çafouri donne une autre compréhension de la désobéissance d’Iblis. Moïse demanda à Iblis : « Pourquoi ne t’es-tu pas prosterné devant Adam ? » Et il répondit : « Je n’ai pas voulu être comme toi, car moi, je prétends L’aimer et je n’ai pas voulu me prosterner devant un autre que Lui. J’ai préféré le châtiment. Toi, tu prétendais L’aimer. Il t’a dit : « Regarde la montagne » et tu as regardé la montagne. Il fallait fermer les yeux, tu L’aurais vu. »

Eve
Lors de la fécondation, la première cellule qui se forme est indifférenciée. Elle n’est ni mâle ni femelle. De la même manière, l’être adamique, celui qui va recevoir tous les Noms, celui devant qui les anges vont se prosterner, n’est ni masculin ni féminin. Il est l’androgyne primordial qui était déjà potentiellement contenu dans le minéral, puis dans le végétal, puis dans l’animal. C’est seulement au bout de ce processus, et comme parachèvement de la création, que naît l’être adamique. De lui, par dédoublement, viendra Eve et l’humanité. Eve symbolise, en vérité, la partie féminine et réceptive qui se trouve dans chaque être humain.
C’est Adam qui a fait le serment du dépôt. Eve ne s’est donc pas sentie autant concernée par cet engagement. C’est pour cette raison que, dans les Traditions, Eve tente Adam. La tentation, symbolisée par le principe féminin, a un sens. Elle est nécessaire à l’acte de création. Dans l’absolu elle oscille toujours entre le bien et le mal. La partie féminine que chaque être humain a en soi est la part créative, portant le penchant de la tentation. Mais en passant à l’acte, elle devient le moyen de créer. Si elle n’était pas là, la création ne pourrait se réaliser. Quant à notre partie masculine, elle est le principe actif de l’esprit totalement impliqué par le serment primordial. Normalement, il ne devrait pas désobéir. C’est le principe féminin qui provoque la désobéissance, par la tentation, pour que la création commence.
L’homme réalisé se situe dans la transcendance du bien et du mal, dans le juste milieu, la voie de l’harmonie. Si sa négativité est pacifiée, elle ne perturbe plus le déroulement de sa vie. Il est alors situé dans cette limite où le bien et le mal se rencontrent et créent une harmonie. Dans cette situation, l’inspiration divine intervient pour le guider et neutraliser la confrontation intérieure entre le bien et le mal. C’est là le triomphe de l’homme équilibré qui agit dans la vie sans se blesser et sans blesser autrui.

La désobéissance
Nous avons reçu de Dieu tous les Noms sauf un, celui de l’immortalité, symbolisé par le fruit défendu. C’est par ce biais que Chaïtan tenta le couple. Il leur fit croire qu’en mangeant de ce fruit ils accéderaient à l’immortalité, c’est à-dire qu’ils se hisseraient au niveau de la Divinité.
La désobéissance, c’est faire dans l’oubli. Désobéir à Dieu, c’est L’oublier, se détourner de Lui ou Lui donner des associés matériels ou spirituels. A l’instant où il commet une faute, l’homme oublie Dieu. S’il réalisait que Dieu est présent, témoin de ses actes, il ne commettrait pas l’acte de désobéissance.

La chute
Un majdhûb raconte : « En croquant la pomme, Adam et Eve ont fait chacun, isolément et individuellement, une expérience unique. Leur être s’est agrandi à un point tel qu’il est devenu aussi grand que l’univers. Ils ont reçu des éclairs de lumière et de feu. Le vide de leur être s’est rempli de matière et d’énergie. Ils ont contemplé, médusés, l’univers qui se défaisait et se reconstruisait en eux. Savoir, connaissance, créativité, discernement, responsabilité, science, conscience, tout venait vers eux ! Ils se sont transformés en un gigantesque aimant qui attire inexorablement toute chose et son contraire : matière et antimatière, ténèbres et lumières, joies et peurs, amour et haine, vie et mort, force et faiblesse, pouvoir et antipouvoir, apparent et caché, premier et dernier. Ils veulent refuser mais ne font que subir. Ils sont le tout mais ils ne sont rien. Ils sont dans chaque grain de poussière, dans chaque atome, dans chaque molécule, dans chaque cellule. Ils voient les créatures se faire et se défaire. Les galaxies, les planètes, les soleils, les étoiles se construisent et se détruisent, là, sous leurs yeux, en eux. Une force immense les habite, ils peuvent tout. Leur souffle résonne tel un tonnerre dans les fins fonds de l’univers. Leur être immense remplit tout. Leur unicité se démultiplie sans cesse. Que de formes, que de créations ! Du microcosme au macrocosme, tout s’agite, vibre, réclame sa part de l’être gigantesque qu’ils sont devenus. »
En péchant, Adam et Eve se sont vus. Ils ont vu le Soi, ils ont vu Dieu ! Auparavant, ils vivaient dans l’instant éternel. Maintenant ils vont vivre dans le temps ! Et c’est ainsi que nous assistons au premier jour de la nouvelle création. Adam et Eve vont changer de planète. Du paradis, ils vont tomber sur terre. C’est la chute !
Au paradis, Adam ne se connaissait pas. Plongé en permanence dans la lumière divine, illuminé, ébloui, il n’avait pas conscience de ce qu’il était. Il était dans l’état de celui qui s’est aspergé de parfum au point qu’il ne le sent plus, tant il en est imprégné. Il est devenu parfum. Adam et Eve étaient enivrés du parfum divin, le parfum de la Connaissance. En désobéissant, ils sont retombés dans l’ignorance. La Connaissance qu’ils avaient reçue leur a échappé, et ils se sont voilés. Ils ont chuté du monde spirituel au monde matériel, du monde subtil au monde grossier.
L’histoire d’Adam et Eve nous concerne tous. Ils sont en nous, dans notre descendance. S’ils étaient restés au paradis, nous ne serions pas. Ils ont désobéi afin que l’humanité existe. Pour revenir vers Dieu, vers l’état premier, les humains doivent reprendre le chemin en sens inverse, aller du monde matériel au monde spirituel. Cette expérience de réalisation est le combat de toute une vie pour retrouver le paradis perdu.

La miséricorde
Malgré la chute du couple primordial, Dieu, dans Sa miséricorde, revient vers nous sans cesse et nous octroie Son pardon. Il nous appelle continuellement au repentir pour nous diriger par tous les moyens dans ce retour vers Lui.
D’après un hadith du Prophète, l’homme est accompagné en permanence par deux anges. L’un, placé à sa droite, note les bonnes actions et l’autre, à sa gauche, les mauvaises. Celui de droite est supérieur à celui de gauche, il le commande. Ainsi, quand un homme commet une faute, l’ange de gauche veut l’inscrire immédiatement. Mais celui de droite intervient pour lui demander d’attendre le repentir de l’homme et de suspendre l’inscription du péché jusqu’au lever du jour prochain. Si le fauteur ne se repent pas, la faute est alors inscrite. L’homme a donc toujours un temps pour le repentir.
Dieu a chassé Adam du paradis, mais il a envoyé des messagers pour guider sa descendance. C’est la mission des prophètes. Celui qui n’a pas l’espoir du Divin en lui, qui ne se repent pas de ses fautes et ne revient pas vers Lui s’éloigne de Sa miséricorde. Mais ceux qui suivent Sa direction n’auront « ni crainte ni tristesse ». Si nous connaissons la relativité de ce monde éphémère, les conditions dans lesquelles il a été créé et les drames qui s’y jouent, nous n’avons alors plus rien à craindre ou à déplorer car si nous suivons Sa direction, nous retrouverons notre condition originelle de pur esprit.

L’histoire se renouvelle
Le drame d’Adam et Eve se rejoue à travers nous et se reproduit, malgré nous, à travers nos enfants. L’histoire de la tentation et de la chute se répète tous les jours. Elle nous ramène à la gestation et à l’accouchement. Tant que l’enfant se trouve dans le ventre de la mère, il ne connaît ni faim, ni soif, ni froid. Il vit en symbiose avec elle, dans un état comparable à l’état paradisiaque où rien ne manque. Au paradis comme dans l’état fœtal et en Adam comme dans le petit enfant, le côté négatif est latent. Le nouveau-né est un homme complet comme Adam. D’abord, c’est l’innocence et la pureté qui s’expriment
« C’est un petit ange ! » s’exclament les parents. Par la suite, l’enfant grandit et les parents le protègent, le nourrissent et lui inculquent le bien et le mal, le permis et l’interdit, jusqu’au jour où, pour s’affirmer, il se révolte contre ses parents et leur désobéit sciemment. Par honte et par crainte de la punition, il fuit et se cache. C’est l’expérience de la chute, le drame se répète. La connaissance des Noms commence alors, avec le bonheur, la honte, l’amour, le malheur, la tristesse, le beau, le laid.
Adam ne pouvait connaître le mal avant d’en avoir fait l’expérience. Il est donc dans l’itinéraire de l’homme de faire pleinement l’expérience du mal. Mais pour que l’existence soit considérée comme positive, il faut que la somme du bien l’emporte sur celle du mal. Au moment du bilan, s’il y a plus de mal que de bien, l’homme devra compenser par le châtiment et le passage en enfer. Le feu purifiera l’homme du mal qu’il a commis, il élargira sa conscience. Il est une miséricorde divine.
Toute la vie consiste à prendre conscience du bien et du mal et à choisir entre les deux. Pour l’homme, c’est un affrontement entre la conscience et le moi égocentrique, un combat intérieur motivé par le seul désir de retrouver le bonheur perdu.
Si Dieu donne la « direction », c’est pour permettre à l’homme de revenir vers Lui. Avec l’épreuve, Il a aussi donné Sa miséricorde. Il pardonna à Adam. Réfléchissons et tentons d’élargir notre vision. C’est l’un des aspects fondamentaux de l’histoire d’Adam.

Adam, le premier prophète
C’est à partir de matériaux contenus dans notre corps que s’est déroulé le processus de la chaîne de la création, jusqu’à la naissance de l’homme, l’être le plus élaboré physiquement et surtout spirituellement. Ce processus ne cessera de se poursuivre jusqu’à l’émergence de l’être spirituel.
Si les sages sont des exceptions, dans le futur, le processus de la réalisation spirituelle de l’homme se généralisera, comme l’exprime le Coran :

« Et ma terre sera l’héritage de mes serviteurs saints »
(sourate 10, verset 62).


Cheikh Bentounès, « L’homme intérieur à la lumière du Coran »  éditions Albin Michel

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