jeudi 26 septembre 2013

Quelques principes fondamentaux de la Chadhiliyya - Les rites et les oraisons chadhilies - Louis Rinn (1884)







Par Louis Rinn

(MARABOUTS ET KHOUANS , ÉTUDE SUR L’ISLAM EN ALGÉRIE, chap. XVII, ORDRE PRINCIPAL DES CHADELYA p 253,1884)



Décrivant les cérémonies du rituel des Chadelya, le cheikh Snoussi s’exprime ainsi (1) :

Les postures à prendre, dans cet ordre, pour faire les prières, consistent à s’accroupir sur la terre, les jambes croisées, en élevant les genoux, les bras jetés autour des jambes, la tête baissée entre les deux genoux et les yeux fermés. On relève la tête en disant : Il n’y a de dieu que Dieu, cela pendant le temps qui s’écoule à partir du moment où elle arrive à la hauteur du coeur, jusqu’à celui où elle atteint l’épaule droite ; on observe avec attention d’écarter de son esprit tout ce qui est étranger à Dieu. Lorsque la bouche atteint le niveau du coeur, on articule avec vigueur l’invocation : Il n’y a de dieu que Dieu, pour qu’elle s’y grave et que ses effets se répandent de là dans tous les membres. La prière faite ainsi se nomme Dikr-es-Sef-ou-en-Necher (prière de la compression et de l’expulsion).

Elle conduit celui qui s’y soumet à expulser de son coeur les vices qui le souillent, car elle en arrache le principe de la tiédeur et les pensées profanes, en rejetant ces défauts derrière l’épaule droite.

 
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(1) Snoussi, loco citato, traduction de M. Colas.

 

On répète encore cette invocation en face du coeur, d’une manière plus énergique, elle vient alors y condenser les principes de la crainte de Dieu et affirmer Son unité exclusive.

En effet, les idées parties vers d’autres divinités sont la négation de la Divinité véritable. Ces idées engendrent dans le coeur le refroidissement et l’erreur. Elles mettront les fautes humaines à nu le jour du jugement dernier. L’affilié doit donc être prêt à combattre pour la foi en s’éloignant de la multitude.

Il convient qu’il s’impose, impérieusement et sans relâche, les prières de l’ordre et ses pratiques ; c’est vers ce but que doivent tendre ses aspirations et ses habitudes ordinaires. Ainsi il les récitera et se les rendra obligatoires, jusqu’à ce qu’elles constituent dans son âme un tout aussi homogène que la création. Alors, il passera à l’invocation du nom de Dieu et la poursuivra sans cesse, jusqu’au moment où ce qui lui était caché se dévoilera à ses yeux; sans s’arrêter, il continuera jusqu’à l’épuisement de ses forces. Ensuite, il répétera l’invocation d’un autre nom de Dieu, Hou (lui, l’Être Suprême existant par lui-même), jusqu’à ce qu’il parvienne au degré de perfection qui lui est accessible.

Les affiliés de cet ordre se caractérisent par l’amitié qu’ils se vouent les uns aux autres, par leur habitude de ne rien se demander, mais aussi de ne rien se restituer, enfin par leur indifférence à se parer d’insignes spéciaux.

Ils sont en possession de secrets particuliers qu’ils appliquent entre eux. Ainsi, quand un malheur frappe un des leurs, ils récitent dix fois la sourate de Ya Sine, après l’aurore; avant la prière du matin, ils y ajoutent: « O Dieu, je Vous invoque, Vous qui êtes Dieu » ils continuent par ces mots: « Yamen houa Ahoum Kaf adem hammou, ha. Amen » (paroles mystiques qui n’ont aucun sens arabe) qu’ils répètent 70 fois, puis ils terminent par : « Pour que vous m’accordiez telle ou telle chose qui ne peut arriver que par la permission du Dieu Très-Haut. »

Le cheikh Abou-Hassan-ech-Chadoli a dit que ces mots mystiques étaient les noms les plus élevés que l’on pouvait donner à Dieu.

Dans un de ses ouvrages, Si Abd-el-Ouhab-el-Charani dit : « Les affiliés de cet ordre ont des secrets particuliers » et il reproduit textuellement ce qui est transcrit ci-dessus.

Dans le livre intitulé « les Gloires élevées du mémorial des Chadelya(1), s écrit par le cheikh Ahmed-benMohammedel- Abbad, l’auteur définit, en ces termes, les conditions morales de l’affiliation à l’ordre et de la récitation du dikr :


 

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(1)   Traduction de M. Arnaud

 

 

« Notre voie (celle des Chadelya) repose sur cinq principes fondamentaux : avoir la crainte de Dieu, en secret et en public; se conformer à la sonna en paroles et en actions ; se détacher du monde avec énergie, même au prix d’une lâcheté ; être satisfait de Dieu en toutes choses, soit petite, soit grande ; revenir à Dieu dans la joie et la tristesse. Ces principes prennent leur origine dans la hauteur des aspirations, dans le respect des choses saintes, dans le ferme exercice de la piété, dans l’observation des prescriptions essentielles de la loi, et dans la préconisation de la faveur divine. Élever ses aspirations, c’est élever son degré ; respecter Dieu, c’est être respecté de Dieu; se consacrer avec ardeur au service de Dieu, c’est obliger Dieu à être généreux ; observer le fond de la loi, c’est  perpétuer sa bonne direction ; préconiser la faveur divine, c’est être reconnaissant ; et, en être reconnaissant, c’est en rendre nécessaire une plus grande.

L’affiliation à la confrérie des Chadelya se fait de quatre manières :

La 1ère comprend la pression de la main, l’enseignement du dikr, le port du froc (khirka), l’extrémité du turban pendant derrière la tête (adaba), comme moyens de mériter les bénédictions et pour se conformer à la sonna seulement ; La 2e consiste à suivre une leçon, c’est-à-dire à lire les livres des Chadelya, sans en analyser le sens, pour s’en faire un mérite et avoir un titre à se dire Chadely ; La 3e consiste à prendre une leçon, mais pour analyser leurs livres de façon à en comprendre le sens, sans toutefois aller jusqu’à l’action.

La plupart des Chadelya ne connaissent que ces trois manières d’entrer dans la confrérie.

Il n’y a pas de mal à se faire affilier par plusieurs cheikhs.

La 4e façon d’entrer dans la confrérie des Chadelya consiste à façonner son caractère, à perfectionner ses moeurs, à se familiariser avec les exercices de piété par le combat contre soi-même, qui conduit à l’intuition ; à borner sa satisfaction, à confesser l’unité de Dieu et à y demeurer. On ne devra sortir de ces principes qu’avec l’autorisation de son cheikh.

On peut encore se dire Chadely, même ne suivrait-on qu’un seul des principes de la confrérie, ne s’associerait-on qu’une infime partie de ses idées, pourvu que l’on en aime les affiliée. Ainsi, lire un  hizb suffit pour donner droit au titre de Chadely. « Quiconque lira ce hizb, disait le cheikh, participera à nos droits et à nos devoirs. »

« Quand on prie Dieu à voix basse, s’il vous survient une pensée étrangère, on priera à voix haute, afin de chasser du coeur cette pensée.

Si cet effort ne suffit pas, on récitera la formule de la demande de pardon et on lira la Fatiha.

Le serviteur doit constamment réciter le dikr; s’il ne le peut toujours, ce sera au moins à la suite de chaque prière obligatoire. S’il y a encore impossibilité, il le récitera une fois dans la nuit et une fois dans e jour, mais de façon à s’en occuper pendant une demi-heure au moins, l’heure équivalant à 15 degrés.

Les rangs auxquels il faut parvenir dans la confrérie sont au nombre de quatre : on ne peut arriver au deuxième sans avoir occupé le premier, c’est-à-dire qu’il faut posséder successivement chaque degré, et n’arriver à l’un qu’après avoir bien connu l’autre. Le 1er de ces degrés est celui de la contrition ; le 2e celui de la droiture, le 3e celui de la perfection des murs, le 4e celui de la proximité.

 

La faim, la veille, le silence, la retraite sont recommandés au frère, mais il ne faut pas qu’il y ait excès dans ces privations ; on doit s’arrêter quand elles deviennent une cause de souffrance physique. Il faut y avoir recours, comme à un remède pour le corps, quand le besoin s’en fait sentir.

Pour bien s’acquitter du dikr, il faut remplir vingt conditions, dont cinq antérieures, douze concurremment avec le dikr, et trois postérieures. Les cinq vertus antérieures sont : 1° le repentir réel, l’abandon de toute préoccupation, de tout acte, de toute intention étrangère ; 2° le lavage du corps, les ablutions ; 3° le silence, le repos afin de bien pénétrer le coeur de l’important devoir qu’il va remplir, de le porter tout entier vers Dieu ; la langue pourra ensuite accompagner le coeur dans la récitation de la formule : « Il n’y a de Divinité que Dieu ; » 4° voir par le coeur les bénédictions du cheikh ; 5° réclamer en pensée le secours du cheikh, lequel l’a réclamé du Prophète dont il est le représentant.

Les douze conditions à remplir au moment du dikr sont : l° s’asseoir en un lieu pur pour réciter les prières obligatoires ; 2° placer les deux paumes des mains sur les cuisses ; 3° parfumer le lieu où s l’on est assis, ainsi que ses vêtements ; 4° se vêtir d’habillements parfumés ; 5° choisir un endroit sombre si cela se peut ; 6° fermer les yeux pour annihiler les sens extérieurs et ne permettre que le jeu des sens intéressés ; 7° placer devant ses yeux l’image fictive du cheikh ; 8° mettre une telle sincérité dans le dikr, qu’il soit aussi vrai en secret qu’en public ; 9° avoir la candeur qui purifie l’acte de tout désir d’être vu. Par la vérité et la sincérité on arrive au degré des coeurs sincères, pourvu que l’on confesse au cheikh toutes ses pensées, bonnes ou mauvaises ; si on ne le fait pas, on  est parjure et on rend impossible la faveur divine ; 10° choisir de préférence dans le dikr, la formule : « Il n’y a de Divinité que Dieu, » car il n’y a rien, même dans les prières obligatoires, de plus efficace qu’elle pour le fidèle. Il faut la prononcer à voix haute, sonore, pleine, large, sans aucune gêne et en voir le sens avec tout son coeur ; 11° avoir présent dans le coeur le sens du dikr, qui croit s avec le degré où s’est élevé le coeur, et découvrir au cheikh ses sensations, au fur et à mesure qu’on pénètre dans les goûts ou voluptés, afin qu’il vous instruise de la conduite qu’il faut tenir ; 12° exiler de son coeur tout être et n’y conserver que Dieu, n’y permettre le séjour à aucune divinité si ce n’est à Dieu, afin que Dieu seul y exerce une souveraine influence et se répande de là dans les membres. Il faut que l’homme lorsqu’il dit « Dieu » se sente frémir de la tête aux pieds. C’est là un état indiquant qu’il est réellement méritant et fait espérer qu’il parviendra au degré le plus  élevé.

Quant aux conditions qui doivent suivre le dikr, ce sont : 1° être en repos si l’on est silencieux; s’adjoindre l’humilité ; se renfermer dans son coeur en attente d’un complément de prière, qui, s’il arrive, vous fera instantanément parvenir à un degré que vous n’eussiez pas atteint, par la mortification et le combat contre vous-même, pendant trente ans ; 2° bannir ses propres pensées, car les cheikhs ont dit que c’est là le moyen le plus rapide d’amener la lumière à la vue intérieure, de faire tomber le voile, de couper court aux pensées humaines et diaboliques ; 3° se priver de boire de l’eau, parce que le dikr communique au coeur une certaine chaleur, un désir ardent d’union avec celui auquel il s’adresse — ce qui est le principal but du dikr — et que l’eau bue à la suite du dikr éteint ce sentiment. »

Quant au dikr proprement dit, il a quelque peu varié selon les branches. Si Abd-es-Sellem-Mechich recommandait de s’acquitter du dikr en se bornant à répéter, le plus souvent qu’on le pouvait, le mot Allah, en appuyant sur le lam (L) et en prolongeant le son A. Plusieurs branches de l’ordre ont conservé ce dikr.

Si Chadeli augmenta cette oraison trop concise et prescrivit réciter, cent fois au moins par jour, et plus quand on le pourrait : « Il n’y a de Divinité qu’Allah, la vérité évidente, Mohammed le sincère, le fidèle, est le Prophète de Dieu.

Cheikh-el-Missoum, en ce moment  khalifa des Chadelya en Algérie, nous a donné, sur le dikr actuel de son ordre, le renseignement suivant :

Mouleyel-Arbi-ed-Dergaoui disait: le dikr que j’ai reçu de mon cheikh, Sid Ali-el-Djemal-et-Facy, se composait de :

100 fois : je demande pardon à Dieu.
100 fois: que les grâces divines soient sur le Prophète.
1,000 fois : il n’y a pas d’autre divinité qu’Allah.

Mouley-Ali-el-Djemal, en me le donnant, disait : ce dikr est particulier à ceux qui suivent le sens littéral des écritures, tels que les Zianya;

si vous en préférez un autre, vous pouvez réciter : 100 fois : je demande pardon à Dieu.
100 fois : que les bénédictions de Dieu soient sur le Prophète.
100 fois : il n’y a pas d’autre divinité qu’Allah.

Puis, vous prononcerez ensuite : Allah, Allah en redoublant fortement le lam et en prolongeant le son A qui lui appartient Alla.... a.... aah.
Ce second dikr est celui qui est pratiqué par les Saints qui suivent les sens cachés et les allégories des écritures (les bathenistes

     (1).

 

Ce second dikr est plus connu ; quelques personnes l’augmentent en ajoutant la proclamation de la grandeur de Dieu, ses louanges, ses attributs, ses litanies….. »

Le cheikh Abou-Salem-Ibrahim-et-Tazi, chef d’une branche maugrebine des Chadelya, disait :

« L’invocation supérieure entre toutes, est celle qui consiste à répéter:
« Il n’y a pas d’autre divinité qu’Allah ; » cette invocation a la propriété d’enlever du coeur le voile d’impureté qui le recouvre. »

Ce saint personnage prescrit de se soumettre aux commandements que voici :

« Respecter les chefs spirituels ; — Se soumettre à leurs ordres ;

— Affectionner les affiliés ; — Observer l’humilité ainsi que la compassion à l’égard des Croyants et la pitié envers tous les êtres créés par Dieu ;

— Réciter 100 fois, chaque matin, cette prière : « Que la louange de Dieu soit proclamée; Que grâces lui soient rendues ; Que le Dieu Très-Haut soit glorifié. Je demande pardon à Dieu. Il n’y a de Dieu que Dieu, le souverain Maître, celui qui est la justice éclatante. »

 

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(1) D’après si Snoussy, loco citato.

 

Cet auteur affirme que ces invocations ont la vertu de consoler dans la misère et de faciliter l’accomplissement (des actes que l’on entreprend). Il prescrit en outre de réciter, chaque jour et chaque nuit, quatre sourates du Coran, aux passages commençant par ces mots : Récite le nom de Dieu, etc.... Certes, je l’ai fait descendre, etc.... Lorsque tremblera, etc.... Kereïch ne se joindra pas, etc.... « qui possèdent la propriété de repousser les maux apparents et cachés, ainsi que l’expérience l’a déjà démontré. »

Les Derqaoua de la province d’Oran, qui représentent plus spécialement la branche marocaine des Chadelya, ont l’ouerd suivant :

Réciter, après la prière du matin et après la prière du soir, en égrenant le chapelet :

100 fois : je demande pardon à Dieu.
100 fois : ô mon Dieu, répands tes bénédictions sur le Prophète illettré, sur sa famille, sur ses compagnons.
99 fois : il n’y a de divinité qu’Allah.

Il complète l’égrenage des cent grains du chapelet, en disant : il n’y a de divinité qu’Allah.

Mohammed est le Prophète de Dieu, que Dieu répande sur lui ses grâces.

Le frère peut en outre réciter ce dikr plus souvent, et quand cela lui plait. Il n’est nullement limité à cet égard. »

 

Les pratiques des Chadelya-Derqaoua ne se bornent pas à la récitation du dikr, le rituel comporte de nombreuses prières et des lectures pieuses, résumant ou développant les conseils et les doctrines des Saints de l’ordre.

Il y a d’abord des « ouerd » ou oraisons spéciales pour toutes les heures canoniques de la journée, pour toutes les circonstances de la vie. Voici, à titre de spécimen, l’ouerd à réciter après la prière de l’aceur (Note alsimsimah : Il veut dire la prière de l’ Asr ) (1) :

« Je me réfugie en Dieu contre le démon, le lapidé.
Au nom de Dieu Clément et Miséricordieux. Louange à Dieu, Maître des mondes, etc.

C’est Dieu, il n’y a de divinité que Lui, le Vivant, le Subsistant.... (jusqu’à : le Grand, l’Immense).

Le Prophète a cru, etc.

Il n’y a de divinité que Lui, le Vivant, le Subsistant. Il a révélé le livre avec la vérité, comme affirmation de ce qui est entre Ses mains ; auparavant, Il a révélé le Pentateuque et l’Évangile, comme une direction pour les hommes ; Il a ensuite révélé le Coran. Certes, ceux qui ne croient pas aux signes de Dieu seront atteints d’un châtiment sévère. Dieu est glorieux, Il sait se venger. Rien n’est caché à Dieu, ni sur la terre ni dans le ciel. C’est Lui qui nous donne la forme qu’Il veut dans le sein de nos mères. Il n’y a de divinité que Lui ; il est Glorieux ; Il est Sage. Dis : ô mon Dieu, c’est, Toi qui est le Maître du pouvoir ; Tu donnes le pouvoir à qui Tu veux et l’enlèves à qui Tu veux ; Tu élèves qui Tu veux ; Tu abaisses qui Tu veux. Entre Tes mains est le Bien.

Tu es puissant en toutes choses; Tu fais entrer la nuit dans le jour et le jour dans la nuit; Tu fais sortir le vivant du mort et le mort du vivant ; Tu donnes à qui Tu veux la Richesse sans compter. C’est Lui qui m’a créé, c’est Lui qui me dirige, qui me nourrit, qui m’abreuve, qui me guérit quand je suis malade ; c’est Lui qui me fera mourir et revivre ; c’est de Lui que j’espère le pardon de mes fautes au jour de la rétribution. Mon Dieu, donne-moi une ligne de conduite, range-moi au nombre des vertueux, accorde-moi le langage de la vérité pour les derniers (sic), place-moi au nombre des héritiers du délicieux jardin ; pardonne à mon père qui était du nombre des égarés ; ne me couvre pas de confusion au jour de la résurrection, dans ce jour où la fortune ne servira de rien, où les enfants seront inutiles, où il n’y aura d’heureux que ceux qui se présenteront à Dieu avec un coeur sain. Le paradis appartient à ceux qui craignent Dieu et l’enfer à ceux qui sont dans l’erreur.

Ce qui est dans le ciel et sur la terre proclame la louange de Dieu :

c’est Lui qui est le Puissant, le Sage ; Il possède l’Empire des Cieux et de la terre; Il fait vivre et mourir ; Il peut toute chose ; c’est Lui qui est le premier et le dernier, qui est apparent et caché, qui connaît toutes choses, qui a créé les cieux et la terre en six jours, et s’est ensuite fermement assis sur le Trône ; Il sait ce qui entre dans la terre et ce qui en sort, ce qui tombe du ciel et ce qui en descend. Il est avec vous partout où vous êtes. Dieu voit fort bien ce que vous faites ; Il possède l’Empire des Cieux et de la terre.

 

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(1) Extrait de la Vie de Si Abou-Abbas-el-Morcy, écrite par Si Abdel- Kerim-ben-Atha-Allah, 2° grand-maître de l’ordre après Si Chadeli (traduction de M. Arnaud).

 
C’est vers Dieu que convergent toutes les affaires. Il fait entrer la nuit dans le jour et le jour dans la nuit. Il connaît les pensées des cours. C’est Lui qui est Dieu; il n’y a pas d’autre divinité que Lui ; Il connaît l’avenir et le présent. Il est le Clément, le Miséricordieux. C’est Lui qui est Dieu, il n’y a pas d’autre divinité que Lui. Il est le Maître, le Saint, le Salut, la Protection ; Il est le puissant, l’Irrésistible, le Très Grand. Il est trop sublime pour avoir des associés ; c’est Lui qui est Dieu, le Créateur, et qui a ainsi donné une forme au monde; les noms les plus beaux Lui appartiennent ; ce qui est dans le ciel et sur la terre célèbre Sa gloire ; Il est le Puissant, le Sage…..

O mon Dieu, nous Te prions de nous donner la crainte comme compagnie, de nous accabler sous le désir de Te posséder, de nous accorder la certitude de la Science et la perpétuité de Ton souvenir. Nous Te prions de nous dévoiler le plus beau des secrets, qui nous préservera des maux, afin que nous ne puissions nous maintenir dans le crime et le péché. Éloigne-nous des fautes et dirige-nous vers les actions conformes aux paroles que Tu nous as communiquées par l’intermédiaire de Ton Envoyé, et par lesquelles Tu avais déjà éprouvé Ibrahim Ton ami, lequel s’est conformé à ce qu’elles indiquaient. Tu as dit : Je te place comme le guide des hommes.

— Mais ce rôle reviendra-t-il à ma race ? dit Ibrahim. — Dieu répondit :

Ma promesse ne concerne pas les gens iniques. Place-nous au nombre de ceux qui font le bien, parmi la postérité d’Ibrahim, parmi la postérité d’Adam et de Noé. Conduis-nous dans le chemin qu’ont suivi les guides de ceux qui craignent. Au nom de Dieu tout est par Dieu, de Dieu, à Dieu.

Que ceux qui veulent se confier placent en Dieu leur confiance. Dieu me suffit ; je crois en Dieu ; j’accepte les volontés de Dieu; je me confie en Dieu. Il n’y a de force que par Dieu. Je témoigne qu’il n’y a de divinité que Dieu Seul, qu’Il n’a pas d’associé. Je confesse que Mohammed est Son serviteur et Son envoyé. Mon Maître, pardonne-moi, ainsi qu’aux Musulmans et aux Musulmanes. Louange à Dieu, Maître des mondes, etc…..

Dis: Louange à Dieu, salut sur les serviteurs qu’Il a élus. Mon Maître, j’ai été souvent bien inique envers moi-même ; Pardonne-moi, Fais-moi la grâce de me corriger. Il n’y a de divinité que Toi, que Ta louange soit proclamée, j’étais une créature inique.

O Dieu, ô Grand, ô Immense, ô Sage, ô Savant, qui entends, qui sais, qui as la volonté, ô Puissant, ô Vivant, ô Subsistant, ô Miséricordieux, ô Clément, ô Toi qui es Lui, Lui, Lui, ô Lui, ô Premier, à Dernier, à Toi qui parais, qui es caché, que le Nom de mon Maître, qui a la grandeur et la générosité, soit de plus en plus béni. O mon Dieu, permets-moi l’accès de Ton nom sublime, avec Lequel les crimes ne causent pas de souffrance ; indique-moi, sur ce Nom, une méthode grâce à laquelle Tu satisferas les besoins avouables du coeur, de l’intelligence, de l’esprit, du secret, du corps, et aussi une méthode au moyen de laquelle Tu enlèveras les besoins malsains du coeur, de l’intelligence, de l’âme et du corps. Place nos noms au-dessous de Tes noms, nos attributs au-dessous de Tes attributs et nos actions au-dessous de Tes actions, soit au degré du salut, de l’expulsion du blâme, de la descente des prodiges et de la possession de l’imamat. Achève, en ma faveur, les révélations que Tu as faites aux imams de la direction vraie (pères de la foi). Enrichies moi de façon que Tu T’enrichisses par moi ; donne-moi la vie de telle  sorte que, par moi, Tu distribues la vie à ce que Tu veux et à qui  Tu veux de tes serviteurs. Place-moi dans la classe des quarante et au nombre de ceux qui craignent sincèrement. Pardonne-moi ; car Ton pacte ne concerne pas les iniques. »

Si le néophyte est un lettré intelligent, le moqaddem complète son éducation en lui faisant connaître l’ouassia, ou le mandement envoyé d’Alexandrie, aux pères d’Occident, par Abd-el-Kerim-ben-Atha-Allah (deuxième successeur de Sid Chadeli).

Voici ce mandement(1) :

Sachez que la Protection divine, bien qu’Elle soit cachée, a son existence basée sur un témoignage. Il est des voies qui y conduisent sûrement.
Vous obtiendrez la Protection de Dieu en ne sortant pas des limites qu’Il vous a tracées, en restant fidèles à Ses pactes. — Est-ce donc que le signe de l’affection de Dieu pour Son serviteur n’existe pas dans l’affection du serviteur pour Dieu ? — L’un des caractères du signe de l’affection du serviteur pour Dieu est qu’il ne Lui préfère rien, qu’il ne voit que Lui. — L’un des caractères du signe que le serviteur ne préfère rien à Dieu, c’est son regard de mépris pour les biens de ce monde et son regard d’admiration pour les êtres immatériels. Le bienheureux est celui auquel Dieu a donné un coeur qui se rappelle, un regard qui sait  comparer, une oreille ouverte à la voie de Dieu et une âme active dans le service de Dieu. Celui des devoirs envers Dieu qui mérite le plus l’examen des serviteurs, ce sont les actions de grâces qu’on lui doit.

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(1) Extrait du même ouvrage.

 

Ces actions de grâces sont extérieures ou intérieures. Celles qui sont extérieures se composent de l’accord de la conduite avec la volonté, et les autres de la vue de Ses faveurs : n’est pas reconnaissant envers Dieu, celui qui n’obtempère pas à Son ordre, n’exécute pas Ses prescriptions ; n’est pas observateur de Sa loi, celui qui perd Ses pactes.

Soyez donc reconnaissants pour les bienfaits de Dieu envers vous.
Les hommes négligents et aveugles demandent à Dieu de renouveler Ses faveurs, sans Lui rendre grâces de ce qu’Il leur a déjà accordé. Comment Dieu vous renouvellera-t-Il un bienfait que vous demandez, alors que vous avez perdu le souvenir d’une précédente faveur, qui vous a poursuivis jusqu’à ce qu’elle vous ait atteints. Quand vous avez à réclamer les bienfaits de Dieu, le meilleur moyen que vous ayez à employer, c’est de Lui rendre grâces. Vous montrer reconnaissants, c’est demander pour vous les grâces de Celui auquel vous manifestez votre reconnaissance, quand même vous ne parleriez pas de votre désir ; vous obtiendrez davantage en vous montrant reconnaissants, quand même vous resteriez muet à l’égard de l’objet de vos désirs. Dieu garantit des faveurs en surplus à ceux qui se montrent reconnaissants, et Il sera généreux sans réserves. Il a dit : « Certes, si vous
êtes reconnaissants, je vous donnerai en plus.

Si donc Dieu garantit aux coeurs reconnaissants d’autres faveurs que celles qu’Il a déjà accordées, comment ne leur perpétuerait-Il pas Ses premiers bienfaits. Quand on aime une chose, on l’attache avec des liens, de peur qu’elle ne disparaisse. Attachez donc en vous les bienfaits de Dieu, en vous montrant reconnaissants de ce qu’Il a fait. On aide à la reconnaissance par la contemplation des faveurs du Bienfaiteur, de Ses nombreux actes, de Ses bienfaits passés et futurs, du commencement de Ses grâces et de leur fin.

Vous ne regarderez jamais avec les yeux de la foi, que vous ne constatiez déjà l’existence d’un bienfait de Dieu et d’une grâce qui l’a suivi, et votre certitude à cet égard sera plus grande, si vous  examinez la façon dont vous vous comportez envers Dieu et la conduite de Dieu envers vous.

En effet, si vous regardez la manière d’être de Dieu envers vous, vous n’y verrez que bonté et bienfaisance ; tandis que si vous examinez la façon de vous tenir à l’égard de Dieu, vous n’apercevrez que négligence et révolte.
L’origine des biens célestes, la mine des bénédictions divines se trouve dans une obéissance effective à Dieu, dans le soin d’éviter tout acte de révolte contre Lui.

Montrez un repentir sincère, car sur le repentir repose ce qui doit suivre, et les bénédictions dont il sera l’objet se reporteront sur ce qui l’a précédé.

Il n’est pas de station où l’on n’ait besoin du repentir. Les états ne seront purs, les actions ne seront acceptées, les degrés de l’inspiration ne seront sûrs, qu’autant que le repentir aura été sincère. Les caractères généraux de la contrition sont indiqués par ses caractères particuliers. Ne connaissez-vous pas les paroles du Souverain Maître : « Soyez tous repentants, ô Musulmans ; car, peut-être, alors serez-vous heureux. »

Tous les Musulmans ont parlé en faveur du repentir, et cet accord est la preuve de Son immense efficacité. La retraite est l’aide de la pensée ; la connaissance des souffrances de la retraite est l’aide de la méditation.

Au nombre des preuves de l’arrivée au dernier degré, se trouve l’existence réelle, on votre coeur, des premiers. Vous assurer la station du repentir, c’est, de la part de Dieu, vous être plus utile que de vous faire connaître soixante-dix mille secrets et de vous les faire perdre ensuite.

Sachez que Dieu a placé les lumières du monde spirituel dans les diverses formes de soumission. La perte d’une forme de soumission, ou une seule défectuosité dans l’accord symétrique de vos actes avec les Ordres divins, amène l’absence d’une lumière en rapport avec la faute. Ne négligez donc aucune circonstance des actes de soumission, ne pensez pas que les lumières surnaturelles qui arrivent au coeur puissent remplacer les Ouerd. N’ayez pas, pour votre âme, la même condescendance que ceux qui prétendent que les vérités spirituelles coulent par leur bouche, alors que leur coeur est vide de lumières célestes. La divine Providence a voulu que la soumission imposée à Ses serviteurs fût, pour eux, comme le battement exercé sur la porte au-delà de laquelle on veut pénétrer. Celui qui observe la soumission envers Dieu et les transactions sociales, en y mettant la conduite voulue, verra les voiles de l’absence ou du secret s’écarter pour lui.

L’interposition des voiles devant les secrets indique la présence des défauts.

En purifiant ton coeur des défauts, tu t’ouvriras la porte du Secret. Ne sois pas de ceux qui demandent la venue de Dieu dans leur âme, au lieu de demander la venue de leur âme dans Dieu, car c’est là la façon d’agir des ignorants qui ne comprennent pas Dieu et que l’émanation de Dieu ne va pas trouver. Le Croyant n’agit pas ainsi : le Croyant, au contraire, sollicite son âme d’aller à Dieu et ne sollicite pas Dieu de venir à son âme. Si son voeu n’est pas immédiatement exaucé, il accuse du retard sa conduite et ne dit pas que c’est sa demande qui a été retardée. Il n’est permis d’entrer dans le monde des âmes qu’à celui qui s’est purifié des vices inhérents à l’humanité, en s’assimilant la nature de Dieu, en s’annihilant pour tout ce qui n’est pas Dieu, en s’appropriant l’adoration par le respect de la Volonté de Dieu et l’abandon à Ses décisions. Si tu es arrivé à cette perfection, tu obtiendras une large place dans le Secret et une habitation dans le monde spirituel ; les secours célestes t’arriveront, et les bienfaits progressifs de Dieu seront ta compensation. Tu arriveras à posséder tous ces biens, en ne portant que peu tes regards sur les substances extérieures, et en prenant souci des mystères. En effet, les mystères ne se dégagent pas à l’aide d’une méditation basée sur les substances extérieures, à moins qu’elles ne soient accompagnées d’un amour pur qui conduise les coeurs, et d’une lumière lumineuse qui fasse fuir les ténèbres des crimes. Malheureusement on trouve la route longue, parce qu’on ne la suit pas selon la méthode du vrai, et qu’on n’y entre pas avec sincérité. Si on suivait la voie dans les conditions voulues, il n’y aurait pas de voiles pour cacher les demandes ; au contraire, ce seraient les demandes qui rechercheraient le demandeur. »

A ceux qui peuvent comprendre le document qui précède (ou tout autre analogue, selon le choix du cheikh, car le choix ne manque pas), on fait aborder des lectures empreintes d’un mysticisme encore plus transcendant, comme, par exemple, l’extrait suivant du livre précité des « Gloires révélées du mémorial des Chadelya : »

Le système de morale des Chadelya, se divisât-il en diverses branches et y poussât-on jusqu’à l’extrême les combinaisons métaphysiques, pourrait toujours être ramené à deux bases principales : la théorie et la pratique, reposant elles-mêmes soit sur les principes de la loi révélée, soit sur des principes en dehors de cette loi.

Pour franchir l’espace qui nous sépare de l’âme et connaître la réalité des êtres immatériels, il y a deux méthodes :

La première est celle de ta manifestation, à laquelle on se prépare par la mortification de soi-même et la purification de l’esprit. Si, dans ses actes, on se laisse guider par une loi révélée, c’est du soufisme pur ; sinon, on appartient aux illuminés, qui ne sont autres que les Éléates ;

La seconde consiste à rechercher la sagesse au moyen des sciences.
Si, dans ses études, on s’appuie sur une loi révélée, on est scholastique ; sinon, on appartient au péripatétisme, sorte de philosophie qui a eu pour premier chef Aristote, fondateur de la métaphysique basée sur la recherche des premiers principes.

Il n’y a pas lieu de parler ici des doctrines qui n’ont pas la loi révélée pour soutien. La philosophie qui prend cette loi pour point de départ mérite seule que nous entrions dans quelques détails à son sujet.

L’école de la manifestation dit que l’âme ressemble, dans son premier développement, à un miroir poli et sans tache, réfléchissant tous les objets qui sont à sa vue, soit que ces objets aient une existence antérieure ou qu’ils soient à l’état adventice. Mais deux choses s’opposent à ce que l’âme joue librement ce rôle : 1° sa ternissure par des substances corporelles, produite par une intuition, une croyance ou une autorité sur laquelle on s’appuie ; 2° une fausse direction, qui, en l’écartant des sciences, lui fera perdre de vue son objectif, et rendra impossible la transformation en sa propre substance des matières qu’elle irait puiser dans les connaissances.

Si donc, rien ne vient empêcher la réflexion, l’aune aura la vision, et les voiles qui s’interposeraient entre elle et les objets disparaîtront. Ainsi, par suite d’une bonne direction, il n’y aura pas de voiles, et l’âme jouira de la vision.

L’existence d’une seule des deux Imperfections précitées éloigne forcément l’âme du but qu’elle poursuit, sans que jamais il lui soit possible d’y arriver.

Comment des rayons lumineux s’échapperaient-ils du coeur, si des substances en ternissent la surface ? Comment le cour irait-il à Dieu, s’il est enchaîné aux passions ? Comment jouirait-il de la présence de Dieu, s’il n’est pas préalablement purifié du crime de négligence ? Et comment, enfin, percevrait-il la délicatesse des secrets divins, s’il ne revient pas de ses omissions ?

On compare aussi l’âme à une source dont l’eau représente les connaissances et les sciences morales. Lorsque l’eau de la source est absorbée par le sol, on a recours au sondage.

Cette comparaison de l’âme à une source est fort juste. En effet, les idées malsaines, les liens étrangers font disparaître les manifestations des réalités et des sciences qui se sont produites à l’âme au jour de l’initiation, et les font évanouir comme l’eau de la source. Il faudra alors, pour ramener cette eau à la surface, c’est-à-dire ramener l’âme à l’état de pureté, prendre la pioche du combat et la pelle des exercices spirituels.

Cette façon de diriger l’âme appartient à l’école de l’inspiration ou de l’illumination.

Cette école considère que la meilleure méthode de traitement, dans les affections de l’âme, est celle qui consiste à remonter à l’origine du mal, et à en faire disparaître la cause ; car la cause disparaissant, les effets disparaissent aussi. Il en serait tout autrement si l’on s’attaquait tout d’abord à l’effet.

Pour arriver sûrement à extirper la souffrance, par l’emploi de remèdes appropriés à la maladie, il faut d’abord connaître la nature de la maladie, puis son origine. Tant que la cause ou le germe restent ignorés, on peut, il est vrai, faire disparaître le mal, après s avoir réussi à lui donner une forme bien déterminée, mais le principe de ce mal subsistera et empêchera les remèdes d’avoir un effet radical.

Ainsi, s’attacher uniquement à l’effet, c’est employer un mode de traitement plein d’incertitude, c’est retarder la guérison, et peut-être la rendre impossible ; en tout cas, c’est agir en dehors de toute règle. Au contraire, en attaquant la cause de la maladie, le médecin, au moyen d’un traitement facile, obtiendra de suite la guérison, sans avoir de rechute à craindre.

L’origine de toute maladie physique est un trouble dans l’organisme, dont les actions et les impressions n’ont plus alors de cours naturel.

L’origine de toute maladie morale est un trouble de l’âme en mouvement vers ses désirs, dont la pierre de touche est la satisfaction de la conscience.

Par suite de cette altération, les actions et les impressions de l’âme n’ont plus de cours régulier ; la voix des passions et des opinions malsaines seule domine; la certitude s’affaiblit, avec la perte de la notion du bien et du mal.

Le traitement de la maladie morale consiste à empêcher l’âme de tomber dans les fautes et négligences, et, si elle y est tombée, à l’en purifier. La piété et la droiture sont le commencement de la médication ; viennent ensuite le repentir et la contrition, avec leur corollaire obligé de pratiques de dévotion, qui doivent être constantes, de façon à devenir une seconde nature.

Ces moyens de corriger l’âme et de lui donner le poli du miroir, ne sont pas nouveaux : ils existaient déjà avant l’illuminisme, car ils constituaient l’école de l’illumination. Cette école ne devait point disparaître de longtemps ; mais sa doctrine se borna tantôt au système de solitude, de classification, tantôt à la simple observance des principes fondamentaux, au respect de soi-même, ou à un énergique et vigoureux effort de tension vers Dieu. Plus tard, elle ne consista plus qu’à recevoir et à donner le brevet d’affiliation.

Certainement, l’homme cherchera jusqu’à la fin des temps le moyen de perfectionner son âme ; mais certains signes, certains témoignages nous permettent d’affirmer qu’il n’y a plus aujourd’hui ni système, ni convention pour l’éducation de l’âme. Des érudits  assurent que depuis l’année 824 de l’Hégire (1421 de J.-C.), il ne reste plus, de toute la méthode des degrés, que la puissance morale de quelques personnages.

L’école philosophique, qui prétendait arriver à la perfection morale par la recherche de la science, avait posé comme principe que la science est le critérium de la vérité. Il y a, en cela, accord entre elle et le Prophète, qui a dit : « La science est le guide de la pratique car l’action suit la science.

L’homme a besoin, pour se conduire, de quatre sciences : 1° la science de l’essence ; 2° la science des attributs ; 3° la science du droit, avec l’exégèse du Coran et la tradition du Prophète ; 4° la science des attitudes et des stations, qui comprend la manière de se conduire et les transactions sociales. »

 

 

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