Titus Burckhardt
Lettre 49
Je
me trouvais dans la tribu des Beni Zarwâl lorsqu'un homme me fit remarquer
qu'il était contraire à la pudeur que les
femmes élèvent la voix (en présence d'hommes étrangers), car il y avait alors
certaines femmes qui invoquaient Dieu
sous ma direction, à voix haute. Je m'abstins de lui donner la réponse qu'il
méritait et au lieu de cela je lui dis:
"(Selon
la règle) une femme invoque Dieu silencieusement, mais si son désir envers son
Seigneur augmente jusqu'à ce
qu elle perde la conscience de son corps, aucun reproche ne peut lui être fait
du point de vue de la loi traditionnelle si
elle fait entendre sa voix". Et je lui dis encore: "Si elle perd
conscience de son corps, il arrive même, si Dieu le veut,
qu'elle vienne vers toi les seins nus; alors, pourquoi te préoccuper du fait
qu'elle élève la voix?" Or, ce que je venais
de dire - écoute bien, ô pauvre - arriva littéralement:
il
y avait, dans un village, une femme qui nous aimait, et voici qu'elle perdit la
conscience de son corps, comme elle invoquait
Dieu continuellement. Un homme pieux de sa famille conseilla: "Chauffez
une aiguille à blanc, puis appuyez-la
sur elle; si elle revient à elle, tant mieux, mais si elle ne revient pas,
laissez-la tranquille." On fit ce qu'il dit,
mais son extase ne devint que plus intense, à tel point qu'elle vint vers nous
sans être consciente de ce que son haik
lui
tombait des épaules, de sorte qu'il n'était retenu que par sa ceinture; sa
fillette tomba également de son dos sans
qu'elle s'en aperçût, de sorte qu'elle arriva vers nous dans l'état que nous
avons décrit. C'est ainsi qu'elle passa devant
la porte de l'homme qui nous avait fait des remarques à son sujet, et il la vit
de ses propres yeux...
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