lundi 24 février 2014

La recherche de la paix - Cheikh Mohammed Nazim Adil al Haqqani






La recherche de la paix

Question d’un participant :

-« Nous prions toujours pour la Paix.

Comment tous les êtres humains pourraient-ils vivre la Paix, ensemble? »

Votre demande est très importante, et je vous remercie de l’avoir faite.

Nous avons un dicton:

« La demande est la moitié de la Connaissance ».

Poser des questions si importantes dénote une vie mentale active et une grande sincérité.

Toutes les demandes ne peuvent se définir comme étant « la moitié de la Connaissance », car certaines relèvent d’un esprit fermé et non sincère, donc la réponse espérée ou l’opinion souhaitée est déjà construite dans la question même.

De telles interrogations ne sont ni réelles, ni sincères et nous tombent dessus avec le poids des montagnes, rendant étroite la perspective du discours.

Mais une demande sincère, telle celle-ci, est de celles qui nous offrent la joie d’y répondre.

Nous prions pour la Paix, vous priez pour la Paix, et les Chrétiens prient aussi pour la Paix. Mais nous ne la trouvons ni de manière individuelle, ni en général.

Pourquoi ?

Pour que chaque chose en ce monde ait lieu il doit y avoir les conditions adéquates.

Et la Paix n’est pas une exception à la règle.

Afin que la Paix existe, on doit s’en donner les moyens. S’ils sont satisfaisants, vous pourrez l’atteindre.

Premièrement, la Paix intérieure.

Ensuite la Paix entre vous et ceux qui vous entourent.

Mais la Paix continuera à être un idéal inatteignable si les conditions de sa réussite ne s’accomplissent pas.

Aussi, pour qu’arrive la Paix entre les gens, la condition primordiale est qu’ils se regardent mutuellement avec bonne volonté et tolérance.

Regardez ces magnifiques jardins !

Dans la même terre, il y a des centaines d’espèces de plantes et d’arbres différents !

Nous ne les voyons pas se plaindre sur la proximité d’autres types de plantes.

Il ne s’agit pas de fanatiques insistant pour que « tous les arbres » soient de la même variété.

Si vous vivez près des gens, avec des particularités différentes ou de Religions diverses et que chacun respecte les droits de l’autre, vous pourrez vivre dans le même voisinage, sans aucun problème.

Notre Prophète Mohammed (La Paix sur lui) vivait à côté d’un Juif.

Jamais il ne lui a fait d’objection disant :

-« Enlevez cette personne de mon quartier et faites qu’il reste avec ceux de son espèce ».

Non !

L’exemple du Saint Prophète est le meilleur pour nous et il a toujours souligné l’importance du bon voisinage.

Dans le Saint Coran, il est spécifiquement écrit que les voisins doivent être les premiers à recevoir aide et charité.

Le voisinage est un concept important en Islam, et la proximité de personnes différentes détruit le fanatisme.

Avez-vous étés appelés à être de bons voisins ?

Vous avez votre Religion, votre forme de vie, vos idées… et eux la leurs.

Laissez-les avec leur Seigneur dans leur différence afin que vous mainteniez le respect pour votre voisinage et donniez le meilleur de vous-même.

Ceci est votre devoir !

Si vous l’accomplissez, vous pourrez espérer que votre voisin vous montre sa bonté.

Ne cherchez pas ses fautes, ne provoquez pas non plus l’inimitié en attaquant ses croyances.

Laissez que votre Seigneur, Le Juge des Juges, soit Celui qui juge ….et ainsi le fanatisme mourra.

Actuellement, je suis assis à tes côtés. Et je te vois, vous tous également, comme des Créatures de mon Seigneur, tels des fruits uniques et parfaits de la Création de mon Seigneur, vous regardant comme si je voyais une rose ou un arbre fruitier. Aussi, j’ai l’impression d’être assis dans un jardin du Paradis et que de tous arrive une Paix intérieure à mon cœur.

Si nous pouvions tous nous voir ainsi, les uns les autres, nous obtiendrions non seulement la tolérance et l’acceptation, mais aussi la familiarité, l’estime et en dernière instance l’amour et la Paix.

Mais, étant donné que les gens ne s’estiment pas les uns les autres comme étant des Créatures Uniques et Aimées de Notre Seigneur, ils ne peuvent même pas se tolérer.

Pourquoi donc parler de s’apprécier ou de chercher à être plus familiers avec eux.

« Ce monde n’est pas si grand pour que nous y tenions à deux » se disent les individus les uns aux autres, ou les nations entre elles.

Chacun se gonfle tellement….Jusqu’à vouloir ôter tous les autres de l’existence !

Cette attitude fait que les gens deviennent si lourds…Au point que la Terre peut à peine continuer à se charger de l’humanité.

Non en raison de la quantité d’individus qu’elle porte, mais à cause de leurs attitudes et de leurs comportements.

Nous nous interdisons à nous-même d’apprécier les autres et de rechercher leur familiarité. Nous ne les voyons pas comme les représentants favorisés de Notre Seigneur sur cette Terre, mais comme une menace pour nous….

Et eux de même nous voient comme un danger et se gardent de montrer leur familiarité.

L’état sauvage est l’attribut qui grandit le plus vite entre les gens, et de cette nature sauvage arrive l’inimitié, et la froideur entre eux.

Notre être inférieur construit des murailles autour de nous, murailles impénétrables.

Rompez ces murailles pour que vous puissiez apprendre à apprécier les autres et vous rapprocher d’eux ! Alors vous verrez que de votre cœur coulent de bons sentiments et la majorité des personnes commenceront à montrer une meilleure attitude à votre égard.

Mais si vous êtes belliqueux puis contrôlé par « votre vilain et mesquin être inférieur » personne ne pourra vous atteindre. Donc vous ne pourrez arriver aux autres qu’à travers les dégâts.

Cela est réciproque.

Le premier travail à réaliser est en soi-même, en essayant de tenir sous contrôle cette partie inférieure, afin de pouvoir « offrir » de la familiarité aux autres.

Un des Grands Saints du chemin soufi, pouvait chevaucher un tigre en plein désert et utilisait un serpent comme cravache.

Il ne s’agit que de bêtes !

Mais que se passe-t-il avec les descendants d’Adam qui ont reçu un tel potentiel de leur Seigneur, au point qu’Il les ait appelés « la Couronne de la création et Ses représentants sur terre !»

Vous devez gagner cette familiarité avec eux pour pouvoir les domestiquer.

Bien qu’il y ait tant de mal et de sauvagerie dans ce monde, nous ne devrions pas désespérer, ni ne devrions pas dire :

« Quel est ce Dieu qui a fait des personnes si horribles et malveillantes qui font tant de dégâts les unes aux autres et qui causent tant de destructions massives et de guerres mondiales ?»

C’est avec magnanimité que nous devons essayer de dompter les sauvages. Ne dites pas non plus qu’il n’y a pas de Sagesse Divine dans la Création des tigres et des serpents, ni dans les personnes qui à travers leurs actes leur ressemblent.

Dites que le Tout Puissant a créé des tigres pour qu’ils soient chevauchés et des serpents pour qu’ils soient utilisés comme des cravaches!

Il y avait un homme dont la maison était infestée de cafards. Où qu’il aille, il trouvait ces désagréables et sales créatures. Quoiqu’il fasse, il ne pouvait s’en libérer. Il déménagea plusieurs fois en sa ville natale, espérant que la nouvelle demeure n’en ait pas, mais les cafards finissaient toujours par apparaître.

Il était si désespéré qu’il émigra dans un autre pays où il y en avait moins, pour s’y installer.

A un certain moment, l’homme eut un abcès très douloureux sur sa jambe. Il consulta plusieurs médecins mais les médicaments ne firent qu’empirer son état et irritèrent davantage l’abcès. Il arrêta tout traitement. Un jour qu’il était assis devant la porte de sa maison, la jambe en l’air, se plaignant et gémissant :

-« Ah ! Hi! Oh ! Ouille ! un derviche voyageur apparut et lui demanda :-« Pourquoi es-tu assis ici te plaignant et gémissant :

-« Ah ! Hi ! Oh ! Ouille ?

L’homme lui répondit :

-« J’ai un terrible abcès à la cuisse et quoique je fasse, je ne guéri pas. Et mon mal empire malgré les traitements. »

Le derviche dit :

-« Oh ! Il y a une chose très facile pour te guérir ! As-tu déjà vu un cafard ?

-« Un cafard ? Mais c’est la malédiction de ma vie ! Il y en avait tant dans ma ville natale qu’ils ont failli me rendre fou ! C’est pour cette raison que je suis venu vivre ici ! Justement pour échapper aux cafards ! »

Le derviche répondit :

-« Tu dois en attraper beaucoup, les tuer, les brûler, recueillir leurs cendres et les appliquer sur tes blessures, et si Dieu le veut, tu guériras vite ! »

L’homme suivit les conseils du derviche, recueillant dans ces lieux les cafards avec grande difficulté car ils étaient rares et peu faciles à trouver.

Mais finalement, il réussit à guérir rapidement après avoir suivi les conseils prescrits.

Depuis cet incident, plus jamais il ne maudit l’existence des cafards.

Alors qu’arrive-t-il aux honorables descendants d’Adam dont Allah a fait ses représentants sur Terre ?

Ne les haïssez pas pour leurs mauvaises actions, mais souvenez-vous qu’ils sont les créatures de Notre Seigneur. Essayez d’être magnanimes, comme nous l’exhorte le Saint Coran :

« La bonne et la mauvaise action ne sont pas équivalentes.

Repousse (le mal) par ce qui est meilleur, et voilà celui avec qui tu avais une animosité devient tel un ami chaleureux.

(Mais une telle attitude)… n’est donnée qu’à ceux qui endurent et se sont montrés patients; elle n’est accordée qu’à ceux qui détiennent une faveur immense.

Sourate: Foussillat (Les versets détaillés, 41 V. 33-34).

Voyez ! Comme je l’ai dit précédemment, le Saint Prophète vivait à Médine à côté d’un juif. Il acceptait sa présence bien que cette personne ne cessait de lui jeter des ordures chaque jour devant sa porte, en signe de mépris. Le jour où il ne vit plus d’ordures, le Saint Prophète s’inquiéta pour ce voisin, il apprît qu’il était malade.

Aussi Le Saint Prophète eut l’intention de le visiter, se préoccupant de sa santé.

Le juif resta si stupéfait de voir le Prophète devant sa porte, qu’il lui demanda :

-« Comment as-tu appris que j’étais malade ? »

Il lui répondit :

-« Je me suis rendu compte que ton cadeau quotidien n’était plus devant ma porte, aussi j’ai pensé que quelque chose de grave avait pu t’arriver. Alors je me suis renseigné et on m’a dit que tu étais malade. »

Mais loin d’enseigner une telle bonté aux membres des autres communautés, les gens d’aujourd’hui n’ont aucune compréhension, ni ne partage aucune familiarité, pas même avec les membres de leur propre famille. Les épouses n’apprécient pas les bonnes qualités de leurs maris et vice-versa. Les familles peuvent vivre sous un même toit et cependant n’ont pas de sentiments familiaux. Les personnes sont devenues étrangères avec leurs parents les plus proches, chacun encerclé dans le monde des désirs de leurs ego. Personne n’existe dans ce monde, sauf eux-mêmes, excepté eux seuls pour leurs exploitations égoïstes.

Si dans les familles, il n’y a plus de familiarité, alors que reste-t-il pour la communauté en général ?

C’est impossible !

Aussi parler de la Paix mondiale est inutile puisque la familiarité, l’amour et la paix doivent s’établir « dans l’individu », ensuite « dans la famille » et ainsi successivement, de bas en haut et non le contraire.

Nous prions pour un monde en Paix afin que tous les feux s’éteignent, de l’Est à l’Ouest.

Mais les murs de l’aliénation se sont faits si puissants qu’aucune nation ne peut même pas en sentir ni la proximité réelle, ni être en collaboration possible avec les autres.

La familiarité est prisonnière.

L’état sauvage et l’aliénation s’étendent jour après jour si rapidement, qu’à moins que ce courant ne soit vite freiné, il balaiera tout le monde !

Le courant de la sauvagerie humaine pousse à si gros bouillons qu’aucune digue ou qu’aucun barrage que nous construirons ne pourra l’endiguer, puisque l’homme récolte ce qu’il sème !

L’homme qui sème cette sauvagerie doit récolter cette sauvagerie, et non pas ni la familiarité, ni l’amitié. Ce courant a balayé et est passé par-dessus tous les niveaux des interactions humaines, recouvrant la terre.

Quel sera le résultat ?

Selon la tradition, l’humanité se mangera elle-même, dans un délire de violence, jusqu’à ce que l’intervention divine fasse un appel pour arrêter ce feu féroce.

Question :

Que se passe-t-il avec ces personnes qui manifestent pour la Paix, qui portent des pancartes et qui chantent ? Favorisent-elles la cause de la Paix ou l’engourdissent-elles ?

Si ces personnes se trouvent en Paix avec elles-mêmes, en leur for intérieur, alors leurs efforts peuvent être bénéfiques, mais si elles se trouvent être en un état de violence interne, quel sera le résultat de leurs activités ? Plus d’inimitié et plus de sauvagerie intérieure qui bouillonnera. C’est tout !

Aujourd’hui, dans les journaux, la Paix se caractérise par une colombe, mais il y a tant d’aigles qui espèrent l’arracher !

S’il n’y a pas un ravitaillement pour protéger cette colombe, Paix est un mot sans aucun sens.

Aujourd’hui, il y a un grand groupe de femmes marchant depuis l’Ecosse jusqu’à Londres, manifestant pour la Paix. Ma sha Allah !

Tant de femmes amenant la Paix depuis l’Ecosse !

Ces démonstrations servent seulement pour que les gens rient et s’amusent. Rien d’autre. Donc cette affaire à besoin de l’aide divine.

La Paix doit être fortifiée, et pour la renforcer, il manque un pouvoir.

Sans pouvoir, il n’y a pas de Paix.

L’appui le plus puissant pour la Paix est qu’il y ait un réveil de la vie intérieure: la familiarité qui grandit dans nos cœurs et qui étende ses branches vers tout le monde. »

Sans un tel cœur fertile et fructifère, quel est le sens d’une « marche pour la Paix » ?

Juste un jeu d’enfants ! Qui peut le prendre au sérieux ?

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