Toute chose a un prix, et le prix de cette voie, c'est un dépouillement total. Celui qui tente de conserver la moindre chose, en prétendant qu'elle l'aidera dans sa quête, se verra séparé de son Seigneur.Quelle chance si ton renoncement est accepté ! Tu pourras déclamer ces vers :
Abandonne-toi complètement, aspirant, et ne garde rien pour toi.
Pour obtenir quelque chose de précieux, ne faut-il pas y mettre le prix ? Dieu a acheté aux croyants leur personne et leurs biens en échange du paradis (9, 111). Ce paradis-là se trouve à l'ombre des épées : ceux qui le connaissent et y sont destinés l'ont obtenu au prix de leur âme et de leur biens : ce n'est pas une image mais une réalité littérale. Ils ont accepté de perdre leur âme, ont combattu et ont été tués (3, 195), et c'est alors qu'ils ont trouvé ce qu'ils cherchaient : c'est comme cela que l'on recherche l'agrément divin. Mais toi, tu prétends chercher la Présence divine et le dévoilement des secrets seigneuriaux tout en persistant à faire des choix ! Ils n'ont pas exercé de choix dans leur affaire (33, 36).
Si tu savais de quoi il s'agit, tu paierais de toute ta personne, de tous tes biens, de toute ta religion et de toute ta vie en ce monde, et encore, en trouvant que c'est vraiment bon marché pour quelque chose d'aussi précieux ! Quelle générosité de la part de Dieu d'accepter cette contrepartie aussi dérisoire de ta part ! Et encore, s'Il accepte cette contrepartie, c'est pour te donner quelque chose d'inestimable à la place. D'ailleurs, cette contrepartie ne peut servir à rien d'autre car ton âme n'est que la plus obscure des ténèbres. Que vaux-tu toi, et que valent tes actes ? D'où viens-tu et es-tu responsable de ta venue au monde ? Des hommes ont été fidèles au pacte [1] qu'ils ont conclu avec Dieu (33, 23). Ils ont tout abandonné pour partir à la recherche de la réalité divine, par Elle. Quand il se fut éloigné d'eux et de ce qu'ils adoraient en dehors de Dieu, Nous lui donnâmes (19, 49), et ce don dépendait de cet isolement préalable. Celui qui ne s'isole pas des gens ne peut connaître la réalité divine.
Ces hommes, lorsqu'ils s'orientent vers la réalité divine, abandonnent tout, car rien de ce monde n'est licite pour eux, et c'est lorsqu'ils abandonnent le fumier terrestre qu'ils arrivent à entrer dans les demeures célestes, où la réalité divine leur réserve le meilleur accueil [2].
Eh aspirant ! Ne prétends pas aimer Dieu tant qu'il reste dans ton coeur de l'amour pour un autre que Lui. Tu ne L'aimeras vraiment que si ta quête te paraît plus importante que tout le reste. Si tu avais une telle disposition ne serait-ce que la moitié d'une journée, et que Dieu la trouvait vraiment dans ton coeur, Il t'arracherait du monde des créatures pour t'élever vers Lui, et qui plus est sous leurs yeux.
Dieu te désire, de même que tu Le désires, et chaque fois qu'Il voit qu'il n'y a dans ton coeur rien d'autre que Lui, Il le prend en totalité. Il n'agrée que ton total dévouement à Lui. Alors fais ce qu'il faut et et porte l'emblème du Peuple.
Le soufisme n'est rien d'autre que la pureté (safâ') ou, dit d'une autre façon, l'acquisition des meilleures qualités de noblesse. Il n'a rien à voir avec les pratiques extravagantes de certains.
Sans la mansuétude divine, tu n'aurais rien. Toute chose exige une dot. Tu veux trouver l'Essence divine tout en étant avare de ta propre personne, et même de ta propre âme, de tes biens, de tes préférences et tes petites habitudes ? Eh bien, tu ne La trouvera pas ! Ton aspiration spirituelle ne sera sincère que si tu renonce à ta propre volonté.
Note :
[1] Le pacte primordial, lorsqu'il leur fut demandé : Ne suis-Je pas votre Seigneur (7, 172) ?, et qu'ils acquiescèrent.
[2] Allusion à Cor. (3, 37)
[3] Dans ce poème comme dans tout le commentaire du présent aphorisme, la proximité linguistique des termes sûfî et safâ' est mise à contribution.
source:
Al-Mawâdd al-Ghaythiyya an-Nâshi'a 'an al-Hikam al-Ghawthiyya (Sagese Céleste - Traité de Soufisme)
Shaykh Ahmad Ibn Mustafa al-'Alawi Introduction, Traduction de l'arabe et notes :M. Chabry & J. Gonzalez
Édition La Caravane
Je n'ai plus que mon esprit ; celui qui abandonne son âmeOn dit que « le prix de la Sainte Présence, c'est de se dépouiller de l'esprit et de l'âme. » Les connaissants ne peuvent l'obtenir qu'en se dépouillant de tout, et c'est alors qu'ils reçoivent tout.
En échange de l'amour de celle qu'il aime n'est pas prodigue.
Si je suis satisfait d'elle, c'est qu'elle est déjà venue me secourir.
Quel échec si jamais elle n'apporte pas son soutien !
Tout mon être s'est éteint en Ton Être ;Tu voudrais garder quelque chose de ton âme tout en prétendant chercher la réalité divine ? Impossible ! Vous n'atteindrez pas la véritable vertu tant que vous ne donnerez pas en aumône ce que vous aimez (3, 92). C'est le prix de la quête spirituelle.
Voilà la rétribution de celui qui T'aime.
Je n'ai pu répondre lorsque Tu as parlé ;
Ma réponse, c'est tout mon être.
Pour obtenir quelque chose de précieux, ne faut-il pas y mettre le prix ? Dieu a acheté aux croyants leur personne et leurs biens en échange du paradis (9, 111). Ce paradis-là se trouve à l'ombre des épées : ceux qui le connaissent et y sont destinés l'ont obtenu au prix de leur âme et de leur biens : ce n'est pas une image mais une réalité littérale. Ils ont accepté de perdre leur âme, ont combattu et ont été tués (3, 195), et c'est alors qu'ils ont trouvé ce qu'ils cherchaient : c'est comme cela que l'on recherche l'agrément divin. Mais toi, tu prétends chercher la Présence divine et le dévoilement des secrets seigneuriaux tout en persistant à faire des choix ! Ils n'ont pas exercé de choix dans leur affaire (33, 36).
Si tu savais de quoi il s'agit, tu paierais de toute ta personne, de tous tes biens, de toute ta religion et de toute ta vie en ce monde, et encore, en trouvant que c'est vraiment bon marché pour quelque chose d'aussi précieux ! Quelle générosité de la part de Dieu d'accepter cette contrepartie aussi dérisoire de ta part ! Et encore, s'Il accepte cette contrepartie, c'est pour te donner quelque chose d'inestimable à la place. D'ailleurs, cette contrepartie ne peut servir à rien d'autre car ton âme n'est que la plus obscure des ténèbres. Que vaux-tu toi, et que valent tes actes ? D'où viens-tu et es-tu responsable de ta venue au monde ? Des hommes ont été fidèles au pacte [1] qu'ils ont conclu avec Dieu (33, 23). Ils ont tout abandonné pour partir à la recherche de la réalité divine, par Elle. Quand il se fut éloigné d'eux et de ce qu'ils adoraient en dehors de Dieu, Nous lui donnâmes (19, 49), et ce don dépendait de cet isolement préalable. Celui qui ne s'isole pas des gens ne peut connaître la réalité divine.
Ces hommes, lorsqu'ils s'orientent vers la réalité divine, abandonnent tout, car rien de ce monde n'est licite pour eux, et c'est lorsqu'ils abandonnent le fumier terrestre qu'ils arrivent à entrer dans les demeures célestes, où la réalité divine leur réserve le meilleur accueil [2].
Eh aspirant ! Ne prétends pas aimer Dieu tant qu'il reste dans ton coeur de l'amour pour un autre que Lui. Tu ne L'aimeras vraiment que si ta quête te paraît plus importante que tout le reste. Si tu avais une telle disposition ne serait-ce que la moitié d'une journée, et que Dieu la trouvait vraiment dans ton coeur, Il t'arracherait du monde des créatures pour t'élever vers Lui, et qui plus est sous leurs yeux.
Dieu te désire, de même que tu Le désires, et chaque fois qu'Il voit qu'il n'y a dans ton coeur rien d'autre que Lui, Il le prend en totalité. Il n'agrée que ton total dévouement à Lui. Alors fais ce qu'il faut et et porte l'emblème du Peuple.
Le soufisme n'est rien d'autre que la pureté (safâ') ou, dit d'une autre façon, l'acquisition des meilleures qualités de noblesse. Il n'a rien à voir avec les pratiques extravagantes de certains.
Sans la mansuétude divine, tu n'aurais rien. Toute chose exige une dot. Tu veux trouver l'Essence divine tout en étant avare de ta propre personne, et même de ta propre âme, de tes biens, de tes préférences et tes petites habitudes ? Eh bien, tu ne La trouvera pas ! Ton aspiration spirituelle ne sera sincère que si tu renonce à ta propre volonté.
Le soufisme, ce n'est pas porter un froc rapiécé,On a également dit :
Ou pleurer à l'audition d'un chant spirituel,
Ou crier, danser, s'extasier et s'agiter
Comme quelqu'un qui serait devenu fou.
Le soufisme consiste à totalement se purifier.
Il est conforme à la volonté de Dieu, au Coran et à la religion.
Le soufisme consiste à s'humilier devant Dieu,
En s'affligeant de ses fautes toute sa vie durant.
Je n'accorde ce nom qu'à un noble chevalier qui
Recherche la pureté, est purifié et mérite d'être appelé soufi. [3].
Note :
[1] Le pacte primordial, lorsqu'il leur fut demandé : Ne suis-Je pas votre Seigneur (7, 172) ?, et qu'ils acquiescèrent.
[2] Allusion à Cor. (3, 37)
[3] Dans ce poème comme dans tout le commentaire du présent aphorisme, la proximité linguistique des termes sûfî et safâ' est mise à contribution.
source:
Al-Mawâdd al-Ghaythiyya an-Nâshi'a 'an al-Hikam al-Ghawthiyya (Sagese Céleste - Traité de Soufisme)
Shaykh Ahmad Ibn Mustafa al-'Alawi Introduction, Traduction de l'arabe et notes :M. Chabry & J. Gonzalez
Édition La Caravane
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