(Cheikh Muhyî-d-Dîn Ibn Arabî, Kitâb al-wasâyâ, traduit de l’arabe par Mohamed al-Fateh : Paroles en Or, édition Iqra).
Garde
de toi surtout de vouer ton hostilité aux gens de la formule « la
ilaha illa Allah »
(Il n’y a
de dieu que Dieu), car elle procure de la part de Dieu la protection
générale. En effet ces gens
sont des amis de Dieu. Même s’ils pêchent et apportent avec eux
de quoi emplir la terre
de péchés sans rien associer à Dieu, Dieu les recevra avec leur
équivalent en matière de
pardon. C’est que, concernant celui dont la sainteté est
confirmée, il est absolument interdit
de le combattre. Et pour celui qui a combattu Dieu, Dieu a déjà
indiqué sa sanction en
ce bas-monde et dans la vie future. Aussi, celui au sujet duquel Dieu
ne t’a pas indiqué son
hostilité envers lui, tu ne dois pas le prendre pour ennemi. Si tu
ignores son état, le minimum
est de négliger son affaire. Si tu es certain que c’est un ennemi
de Dieu – et il n’y a que
le polythéiste qui peut l’être – désavoue le, comme Abraham –
que la Paix soit sur lui – l’avait
fait à l’égard de son père Azar. En effet Dieu – qu’Il soit
exalté et magnifié a dit
: « Mais quand il
vit clairement que son père était un ennemi de Dieu, il le désavoua » (Coran,
9/114). Ceci constitue ton critère de jugement conformément à la Parole
de Dieu – qu’Il soit exalté - : « Tu
ne trouveras pas de gens, croyant en Dieu et Jour
dernier qui témoignent de l’affection à ceux qui s’opposent à
Dieu et à Son prophète,
fussent-ils leurs pères », comme
Abraham, l’ami de Dieu l’avait fait «
ou leurs fils,
leurs frères, ou ceux de leur clan »
(Coran, 58/22). Si
tu ne le sais pas, ne voue pas ton hostilité aux serviteurs de Dieu,
ni par ce qui t’est possible,
ni par ce qu’exprime la langue. Ce que tu dois détester chez lui,
c’est son acte, non son
entité ; tandis que pour ce qui est de l’ennemi de Dieu, tu dois
détester son entité concrète.
Distingue donc entre celui dont tu détestes l’entité concrète et
c’est l’ennemi de Dieu,
et celui dont tu détestes les actes et c’est le croyant ou celui
dont tu ignores l’issue finale,
parmi ceux qui ne sont pas musulmans, dans le temps. Et prends garde
à ce que Dieu – qu’Il
soit exalté – dit dans le hadith authentique : « A
celui qui manifeste de l’hostilité à l’un
de Mes amis, Je lui déclare la guerre ».
En effet si l’on ignore l’affaire de cet homme et
qu’on lui voue de l’hostilité, on ne s’acquitte pas du droit
pour ce qui est de Ses créatures, car
on ne connaît pas la Science de Dieu à son sujet et ce que Dieu a
indiqué à ce sujet pour
le désavouer et le prendre pour ennemi. Et si on connaît son état
extérieur – même s’il est
un ennemi dans le même temps sans que tu le saches – prends-le en
amitié et ne lui voue
pas ton hostilité, afin d’observer le Droit de Dieu. En effet tu
risques de t’exposer à la réclamation
du Nom divin Al-Dhâhir
(Le Manifeste) auprès
de Dieu. Aussi, n’apporte pas une preuve
contre toi devant Dieu, car tu périras. C’est que l’argument
indiscutable appartient à Dieu.
Donc traite les serviteurs de Dieu avec bonté et miséricorde, de la
même manière que Dieu
les pourvoit en subsistances malgré leur impiété et leur
polythéisme, bien qu’Il le sache parfaitement.
D’ailleurs, Il ne les a pourvus en subsistances que parce qu’Il
sait que ce qu’ils vivent,
ils ne le vivent pas par eux-mêmes mais par Lui, en raison de ce que
nous avons indiqué
par le langage de la généralité : que Dieu – qu’Il soit exalté
– est Le créateur de toute chose,
donc leur impiété et leur polythéisme sont crées en eux : et par
le langage de la spécificité,
à savoir que tout jugement affectant un être existant n’est
manifesté que selon ce qu’il
était dans l’effectivité de son être dans le néant, que Dieu
connaît sur lui. Donc, Dieu possède
la preuve indiscutable contre chacun, quelque soit la teneur des
argumentations et des
discussions.
Remets
– Lui donc l’affaire et sache que tu es selon ce que tu étais.
Embrasse par ta miséricorde
et ta bonté tous les animaux et toutes les créatures et ne dis pas
: ce n’est que de
la végétation et des objets inanimés qui ne possèdent aucun bien
en eux. Oui il y a en eux
beaucoup de bien et c’est toi qui n’en a aucun. Laisse donc tout
existant tel qu’il est, donne-lui
la miséricorde que lui offre son Existenciateur dans son existence
et ne regarde pas
ce qu’on institue en lui dans le temps jusqu’à ce que tu
distingues clairement les véridiques
et que tu connaisses les menteurs. Il t’incombe alors de les
prendre pour ennemis en
vertu de l’ordre que Dieu te donne à ce sujet puisqu’Il
t’interdit de prendre Son ennemi comme
ami. Si une faiblesse dans ta certitude t’y oblige, ménage-les,
mais sans pour autant leur
témoigner de l’affection. Contente – toi seulement d’une
attitude pacifique afin de repousser
le mal en te confiant à Dieu et en comptant sur Lui dans tous tes
états jusqu’à ce que
tu Le rencontres.
(Cheikh Muhyî-d-Dîn Ibn Arabî, Kitâb al-wasâyâ, traduit de l’arabe par Mohamed al-Fateh : Paroles en Or, édition Iqra).
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