mercredi 18 juillet 2012

Ibn 'Arabi - De l’intention









(Cheikh Muhyî-d-Dîn Ibn Arabî, Kitâb al-wasâyâ, traduit de l’arabe par Mohamed al-Fateh : Paroles en Or, édition Iqra).






Attache-toi au discours intérieur tendant à faire le bien, même si tu ne le fais pas réellement, et chaque fois que tu es tenté intérieurement par le mal, renonces-y résolument, à moins que tu ne sois dominé par le Décret et l’Arrêt divin. Car si Dieu n’a pas décrété contre toi de faire ce mal qui te tente, Il l’inscrit en ta faveur comme une bonne action. En effet, il est bien établi que l’Envoyé de Dieu  rapporte que son Seigneur – qu’Il soit exalté et magnifié – dit ceci :

« Lorsque Mon serviteur envisage d’accomplir une bonne oeuvre, Je l’inscris en sa faveur comme une bonne oeuvre tant (mâ) qu’il ne la concrétise pas ».
 Or la particule (tant) est circonstancielle. Ainsi, à chaque moment où il envisage intérieurement d’accomplir cette bonne action, même s’il ne l’accomplit pas encore, Dieu l’inscrit en sa faveur comme une bonne action à l’instant où il envisage de le faire, quelque soit le nombre de ces instants. En effet, il aura une bonne action pour chaque instant où il envisage de l’accomplir. Voilà pourquoi Il a dit : « Tant qu’il ne la concrétise pas ». Ensuite Dieu – qu’Il soit exalté – ajoute : « S’il l’accomplit, Je lui accorde dix fois la rétribution conséquente ».

C’est de là que provient l’imposition du dixième sur la récolte irrigué par le ciel. S’il s’agit de bonnes actions plus méritantes qui bénéficient de la pérennité de la rétribution, la récompense se renouvelle pour elles tant qu’elles durent, jusqu’au Jour de la Résurrection, comme dans le cas des bonnes oeuvres comme les awqaf (biens de mainmorte), la science répandue au milieu des gens, les conduites exemplaires, etc.

Puis Il a parachevé Ses Faveurs pour Ses serviteurs en disant : « S’il envisage intérieurement d’accomplir une mauvaise action, Je la pardonne pour lui tant (mâ) qu’il ne l’a pas accomplie ». Or le (tant) est ici une particule circonstancielle, comme dans le cas de la bonne action, faisant encourir les mêmes sanctions et procurant les mêmes récompenses sans aucune limite. Ensuite Dieu dit : « S’il l’accomplit, Je l’inscris comme une seule sanction contre lui ». Il a appliqué ainsi le principe de la justice à propos de la mauvaise action et le principe de la faveur à propos de la bonne action, conformément à Sa Parole : « La très belle récompense – et quelque chose de plus encore – est destinée à ceux qui auront bien agi. » (Coran, 10/26), ce qui constitue de la bienfaisance qui est au-delà de la sanction exemplaire. Ensuite Dieu – qu’Il soit exalté – annonce au sujet des anges qu’ils déclarent - en vertu du principe qu’il leur fait dire à l’encontre de notre père Adam – en s’adressant à Dieu : « Vas-Tu y établir quelqu’un qui fera le mal et qui répandra le sang ? »(Coran, 2/30).

Ils n’ont évoqué que nos méfaits sans mentionner ce qui est beau à ce sujet. C’est que les habitants du plérome céleste sont terriblement jaloux contre l’éventualité de porter atteinte à la Magnificence de Dieu et ils savent que cette constitution humaine ne manquerait pas nécessairement de s’opposer à son Seigneur en vertu de sa réalité fondamentale. Mais les

anges formulent cela par goût en fonction de leur essence, bien que cela soit plus évident dans leur constitution.

D’ailleurs si les anges n’étaient pas dans leur constitution à l’image de nôtre Dieu ne dirait pas qu’ils se querellaient, et la querelle n’intervient qu’entre opposés. Or Dieu indique, sur les anges, qu’ils disent à notre sujet : « Celui-ci est Ton serviteur qui veut accomplir une bonne oeuvre ». Regarde donc la force de ce principe, combien il est magnifique pour celui qui médite bien !


Tu peux à partir de cela apprécier le mérite de l’homme lorsqu’il mentionne du bien chez quelqu’un et garde le silence sur sa malfaisance, et imaginer son degré au regard du beau dessein des anges à propos de ce qu’ils ont indiqué. Mais j’ai attiré ton attention sur cela pour que tu saches leur constitution et la beauté qui les orne. Car chacun agit selon sa constitution conformément à l’indication divine. Et Dieu indique que les anges disent : « Celui-ci est Ton serviteur untel qui veut commettre une mauvaise action ». Mais Dieu est plus averti à son sujet, aussi Il dit aux anges : « Surveillez-le. S’il la commet, inscrivez une sanction équivalente contre lui, et s’il l’abandonne inscrivez-la comme une bonne action en sa faveur, car il ne l’a abandonnée que pour Moi. ».

Or les anges mentionnés ici sont ceux au sujet desquels Dieu nous a dit : « Alors des gardiens veillent sur vous : de nobles scribes qui savent ce que vous faites. » (Coran, 82/10-12). Ainsi le rang et la charge leur ont permis de dire ce qu’ils ont dit. Leur tâche, c’est de transcrire ce qui est beau sans avoir à faire connaître ce que Dieu leur indique à ce sujet. De même, ils parlent des méfaits en raison de ce qu’ils savent sur la Bienfaisance de Dieu et Son pardon. D’ailleurs s’ils n’avaient pas parlé à ce sujet nous ne saurions ce qu’il en est auprès de Dieu, comme ce qu’ils disent sur les séances du dhikr au sujet de l’homme qui y assiste non pas pour participer au dhikr mais pour une affaire personnelle. Or Dieu a accordé le pardon à tous ceux qui assistent à ce genre de réunions sans exception, et Il a dit à leur sujet : « Ce sont les gens dont leur commensal ne sera jamais malheureux ». Donc, sans le questionnement et l’identification de ces gens par les anges, nous ne saurions jamais l’arrêt divin à leur encontre. En somme, le discours des anges – que la Paix soit sur eux – est une initiation et une miséricorde, même si son sens apparent touche en premier les esprits déficients avant le principe sur lequel nous avons attiré ton attention. Du reste, Dieu – qu’Il soit exalté – a dit sur les bonnes et les mauvaises actions : « Celui qui se présentera avec une bonne action recevra en récompense dix fois autant » et même plus, et : « Celui qui se présentera avec une mauvaise action ne sera rétribué que par quelque chose d’équivalent » (Coran, 6/160) et Dieu pardonne, après la sanction, à certaines personnes et avant la sanction à d’autres. C’est dire que le pardon s’impose pour celui qui fait du tort à son âme même s’il ne se repent pas.


Ainsi, celui qui réalise la réalité de cette recommandation connaîtra la relation entre la constitution humaine et celle des anges et saura que le fondement est unique, de même que notre Seigneur est Un et qu’Il possède Les Noms réciproques, ce qui fait que l’existence est à l’image des Noms.



(Cheikh Muhyî-d-Dîn Ibn Arabî, Kitâb al-wasâyâ, traduit de l’arabe par Mohamed al-Fateh : Paroles en Or, édition Iqra).

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