vendredi 29 juin 2012

De la Thora de l'Evangile et du Qorân d'après Abdul-Kârim al-Djîlî



Le mont Sinaï (arabe : جبل موسى) ou Djebel Moussa (« montagne de Moïse »)




  Titus Burckhardt.  



Selon le maître Abdul-Kârim al-Djîlî, la Thora fut révélée à Moïse en neuf Tables ; et il fut enjoint au prophète de n’en divulguer que sept au peuple juif, sept qui étaient de pierre, et d’avoir à conserver les deux autres, faites de lumière et qui n’étaient destinées qu’à Moïse seul.


Le Maître parfait donne une description synthétique du contenu des sept tables de pierre et, bien que cette partie de l’enseignement prodigué par al-Djîlî ne se rapporte qu’indirectement au sujet déterminé que nous en voulons extraire -à savoir, les rapports entre les trois traditions monothéistes,- nous en donnerons néanmoins un résumé, afin de mettre en lumière la texture de la Thora, texture très différente de celle du Qorân qui ne comporte pas de « compartiments » distincts et relatifs à des domaines différents.

Il est vrai que, d’après la description faite par le Maître, les diverses Tables de la Thora ne représentent pas autant de livres nettement distincts quant à leur sujet ; toutefois, elles sont caractérisées par tel ou tel domaine déterminé auquel elles doivent leurs noms respectifs.



Ainsi, la première Table, appelées La Lumière, expose en premier lieu la doctrine de l’Unicité et de la Singularité divines, exprimée de façon négative, c’est-à-dire au moyen de la négation des déterminations. Elle adopte le même point de vue pour traiter de qualités divines, telles que la seigneurie et la Puissance, considérées non pas en tant qu’états de réalisation, mais seulement comme attributs de l’etre divin.



La seconde Table, appelée la Conduite, consiste en appels que la Divinité s’adresse à Elle-même ; en d’autres termes, il s’agit de la science de l’intuition pure, car la conduite (al-hudâ) est en elle-même un secret essentiel qui envahit subitement ceux qui adorent Allah ; elle est la lumière de l’Attraction Divine, grâce à laquelle le connaissant s’élève aux états supérieurs, en suivant la Voie Divine, Aç-çirâtul-mustaqîm [1]


Cette ascension n’est autre que le retour en son véritable « lieu », de la Lumière Divine qui fut déposée dans le temple (haïkal) humain. Al-hudâ signifie également ce que le porteur de cette lumière peut assentir de l’Unité de la Voie.



Quant à la troisième Table, appelée la Sagesse, elle expose le parcours de la voie de la Connaissance dont elle décrit les étapes successives, symbolisées ici par les épisodes de la mission de Moïse, tels que « l’enlèvement des souliers », « l’ascension du Sinaï », etc.. [2] La même Table comporte principiellement la science de la domination des mondes spirituels, ainsi que les différentes sciences relatives au symbolisme cosmique, d’où découlent, notamment, l’astrologie et la guématrie, ou science des nombres.



La quatrième Table est appelée la Force, parce qu’elle dévoile les analogies existant entre la Sagesse Divine et les aspects de la force humaine, analogies qui sont le point de départ de la théurgie.



La cinquième Table, dénommée la Loi, expose les commandements et les interdictions qui forment la base de la base de la sharïyah [3] mosaïque.



La sixième, dite la Table de la Servitude, enseigne l’attitude traditionnelle de l’individu comme tel, c’est-à-dire en tant qu’organisme psychique. Elle dévoile les raisons dernières des vertus ou « orientations » psychiques, telles que l’humilité, le contentement, la crainte, etc. A cet égard, elle dit notamment que celui qui répond à une mauvaise action par une autre, pèche par prétention pharaonique ; c’est-à-dire qu’il s’arroge la dignité » divine, alors que le abd (serviteur) ne saurait, en sa qualité de serviteur, prétendre au rôle de juge, rôle auquel in n’a droit que pour autant qu’il remplit par là une fonction dépassant son individualité.



La septième table enfin, comporte la démonstration du chemin menant à Dieu et, en particulier, la distinction entre le chemin du salut et le chemin de la damnation.



Ce sont là les sept Tables de pierre que Moïse eut à porter à la connaissance de son peuple, alors qu’il lui était interdit de divulguer les deux autres, faites de lumière. Celles-ci contenaient la révélatio des secrets de la Seigneurerie et de la Puissance Divines, c’est-à-dire les secrets de la réalisation effective de ces qualités divines, selon la doctrine de « l’Identité Suprême ».

Si Moïse avait dévoilé ces secrets à ses fidèles, ceux-ci se seraient révoltés contre lui, car leur esprit portait une empreinte, encore fraîche, de leur soulèvement contre Pharaon qui, précisément, avait indûment prétendu à l’état de Seigneurie Divine ; en effet, d’après le Qorân, Pharaon dit à ses serviteurs qui, convaincus par les miracles de Moïse, se prosternaient désormais devant le Dieu Unique : « C’est moi qui suis votre seigneur suprême »


Or, comme le peuple de Moïse devait ignorer le contenu des Tables de lumière, aucun sucesseur de ce prophète ne put recevoir l’héritage spirituel de Moïse en entier et aucun ne parvint à la Perfection.



Par une compensation cyclique, il échut au Christ de manifester ce que Moïse avait dû passer sous silence. [4] Dès sa première apparition, c’est-à-dire dès sa naissance, le Messie révéla les aspects de l’état de Seigneurerie et de Puissance Divines, révélation qu’il opéra tant par ses miracles, la résurrection de Lazare, par exemple, que par ses affirmations diretes de l’Identité Suprême (comme sa parole : « Je uis la Vérité et la Vie »). Mais la communauté juive, qui avait le « cœur endurci », analogue en cela à la matière dont étaient faites les tables qui lui étaient destinées, rejeta le Christ.


Par contre, la communauté chrétienne, polarisée en quelque sorte par son antinomie cyclique avec le peuple juif, s’égara au cours de son histoire. Alors que dans le judaïsme se « pétrifiaient » les conceptions qui envisagent le  abd (serviteur) plus particulièrement du point de vue de sa non-identité avec le rabb (seigneur), le christianisme, au contraire, tendit à confondre abd et rabb, soit le symbole et le symbolisé. Cette confusion eut comme corollaire historique les interminables discussions relatives aux deux natures du Christ, et elle se perpétua en quelque sorte dans le scissions politiques entre peuples chrétiens. (Les chrétiens, dit le qorân, se combattront entre eux jusqu’au dernier jour, en raison de ce qu’ils ont oublié en matière de vérités révélées pour eux.)



D’après le Qorân, l’hétérodoxie relative [5] du judaÎsme réside principalement dans le rejet du Christ et du Qorân, comme aussi dans le fait de « détourner les paroles du Livre » [5] alors que l’erreur vers laquelle penche le christianisme est, -toujours d’après le Qorân,- caractérisée par l’affirmation chrétienne « que Dieu est le Messie », hérésie qui, dans la terminologie islamique, est désignée par Hulûl ou « localisation » de l’Identité surprême.

Il est possible que cette affirmation « dieu est le Christ » ne se trouve, sous cette forme, dans aucun écrit dogmatique chrétien, mais elle représente, en quelque sorte, le résumé des tendances déterminantes de l’attitude chrétienne. A leur origine, ces tendances furent simplement la conséquence inévitable de l’énonciation par affirmation directe telle que : « Je suis la Vérité » [6] ; car toute affirmation directe, si large soit-elle, implique nécessairement une détermination ou limitation.


Aussi l’Islam a-t-il généralement soin d’énoncer ses affirmations doctrinales en des formulations négatives, telles que serait : « Le Christ n’est pas autre qu’Allah ». L’affirmation directe est le corollaire logique d’une « descente avatarique » [7]. Mais l’inconvénient du symbolisme ne devint funeste que par suite de l’oubli de l’interprétation intégrale du symbole. En effet, tout le développement ultérieur de la civilisation chrétienne ne fut qu’un acheminement continu ver le hulûl. Cela s’affirme clairement dans ce qu’on pourrait appeler la « singularisation » de l’Identité suprême, soit une tendance consistant à n’envisager l’Identité suprême que par rapport au seul personnage historique du Christ. Cette déchéance de l’idée de l’Unicité du Verbe vers une singularité historique, est le véritable motif de tout l’individualisme de l’Occident moderne. C’est de cette façon que l’oscillation cyclique retourne, sur un autre plan, à l’erreur pharaonique qui imposa le silence à Moïse sur ce que le Christ dut, plus tard, exprimer.



La forme d’ « expression » qu’est l’Islam fut appelée à réintégrer les deux « déviations », juive et chrétienne, le rôle de la tradition musulmane étant, selon les termes mêmes du Qorân, celui d’une « religion du milieu » et d’un retour à la pureté primordiale de la tradition abrahamique : « Abraham n’était ni juif, ni chrétien, mais pur soumis ( muslîm) » [8]


De ce fait, les formules qorâniques représentent un équilibre entre ce qu’on appelle le Tanzih et le Tashbîh, c’est-à-dire entre la désignation du Divin par abstraction de toute comparaison (transcendance), d’une part, et le symbolisme par analogie et comparaison (immanence), d’autre part. Le Qorân synthétise donc le Tanzîh, tel que la Thora le comporte dans toute sa pureté en sa Table appelée la Lumière, et le Tashbîh, tel qu’il est à la base de l’Eucharistie. Comme exemple d’une telle synthèse, le Maître abdul-Karim al-Djîlî cite le verset : « Rien n’est semblable à Lui et c’est Lui qui voit et qui entend »


Ainsi le Prophète Mohamme -sur Lui la Paix- ne fut-il pas obligé de taire, à l’instar de Moïse, une partie de la révélation qui lui avait été faite ; d’autre part, il ne dévoilo pas ouvertement, non plus, les secrets que les chrétiens n’avaient pu supporter. Le Qorân contient tout, explicitement ou implicitement, et d’après le Maître, il comporte principalement trois significations superposées : d’abord la signification extérieure et évidente, puis une signification intérieure à laquelle font allusion certains versets qorâniques tels que : «Nous leur montrerons Nos signes aux horizons et en eux-mêmes, jusqu’à ce qu’il leur soit évident qu’Il est la Vérité » et « Nous n’avons créé les cieux et la terre et ce qui est entre les deux que par la Vérité » et : « Il vous a asservi ce qu est dans les cieux et ce qui est sur la terre, le tout de Sa part ». Enfin, est cachée dans le qorân une troisième signification, comportant les Secrets Divins, à laquelle fait allusion le verset : « Et ne connaît son interprétation qu’Allah-même ».



A propos de l’Evangile [9], le Maître dit qu’il fut révélé à Jésus en langue syriaque [10], qu’on le récita en dix-sept langues différentes et qu’il commençait par les mots : « au nom du Père, de la Mère et du Fils » [11], de même que le Qorân débute par la phrase : au nom d’Allah, le Clément, le Miséricordieux. Ces expressions « Père, Mère et Fils » symbolisaient le Nom d’Allah ou l’Essence, la « Mère du Livre » ou la Substance Universelle, et le Livre ou l’Etre (Wudjûd) [12]. Les chrétiens les rapportèrent au Saint-Esprit, à la Vierge et au Christ, ce qui est justifié par le fait que ces trois êtres sont des reflets des trois principes précités. Mais après l’Ascension du Christ qui avait veillé sur le culte de ses disciples [13], les significations essentielles se perdirent peu à peu, et le symbole fut, progressivement, pris pour le symbolisé. Et pourtant, l’on ne saurait dire que les chrétiens, qui ont oublié la signification universelle de leur symbolisme pour ne s’en tenir qu’à son sens médiat, soient , par là même retranchés de la Vérité traditionnelle, var ils y sont encore rattachés par le truchement du symbolisme et en mesure de leur sincérité. Ce rattachement, sans doute, ne sera pas de nature à leur permettre une réalisation de ce qui est au-delà des formes, mais il pourra, néanmoins, être suffisant pour assurer leur salut. Cependant, il n’en est ainsi que grâce à la Miséricorde d’Allah et d’un point de vue que, pour ainsi dire, Allah Seul peut adopter, car, au regard de la véritable doctrine, ils sont nettement dans l’erreur. La vérité qu’ils sont susceptible d’assentir, comme au travers d’un voile, à travers un symbolisme devenu caduc, peut les sauver, car Allah dit : « Je suis auprès de la pensée que Mon serviteur se fait de Moi », mais elle ne saurait justifier leurs conceptions, une fois que l’on a pris conscience de la doctrine complète et inaltérée.

Le contenu de l’Evangile se rapporte entièrement à la Présence, latente en tout, de la Réalité Divine dans l’existence humaine, vérité qui est résumée dans le verset qorânique : « Et Je soufflai en lui de Mon Esprit » ; c’est-à-dire qu’Allah insuffla de Son Esprit à Adam. Or, l’Esprit d’Allah n’est rien qui soit séparé de Lui-même. La même vérité, à savoir la réalité de « l’Identité Suprême », est confirmée par le passage qorânique traitant de l’adoration d’Adam par les anges [14] comme aussi par les paroles divines adressées au Prophète (saws) : « En vérité, ceux qui concluent le pacte [15] avec toi, le font avec Allah-même » ; et par le verset : « Qui obéit à l’Envoyé, obéit à Allah »



Par conséquent, ce ne sont pas les chrétiens, obnubilés par l’étroitesse de leur conception quant à l’Identité Suprême qu’ils attribuent à la seule personne « historique » du Christ, qui réalisent l’entière vérité évangélique, mais bien les héritiers de Mohammed, sur Lui la bénédiction et la Paix, qui, eux, reconnaissent qu’Adam, en qui fut insufflé l’Esprit d’Allah, signifie tout individu de l’espèce humaine : Nous leur montrerons Nos signes aux horizons et en eux-mêmes, jusqu’à ce qu’il leur soit évident qu’Il est la Vérité ; c’est-à-dire que tout l’Univers, symbolisé ici par les horizons et leurs propres âmes, est la Vérité.


Mais il est fatal qu’il y ait des hommes désorientés par l’expression de la vérité même, car il est dit dans le Qorân, qu’Allah égare beaucoup (d’hommes) par lui (le Qorân) et en conduit beaucoup. C’est là l’équivoque inhérent à toute manifestation. Même au sein de la communauté islamique, il s’est produit un tel égarement, notamment chez nombre de savants excotéristes, et ce sont précisément leurs commentaires sur les versets que nous venons de citer qui en témoignent. Ils s’éloignent, dans une direction évidemment opposée à celle de la déviation chrétienne, par l’effet d’une abstraction rationnelle de l’Unité Divine, abstraction qui aboutit à une séparation du Divin et du Créé. Mais il n’égare que les corrompus, c’est-à-dire ceux dont l’intérieur est pourri par de fausses opinions sur Allah. Ils pensent qu’Allah ne Se manifeste pas dans Sa créature. En effet, ils ne L’y voient pas. Ils négligent La Connaissance essentielle et ne s’occupent que de raisonnements discursifs, comme si tous ces raisonnements n’étaient pas intégralement contenus dans la connaissance essentielle, et comme si l’existence créée n’était pas essentiellement divine.



Titus Burckhardt.











[1] « La voie droite » (dans le sens vertical) mentionnée dans la Fâtihah.

[2] Les épisodes de l’histoire de Moïse sont fort en usage dans la poésie soufique. Ansi Ibn-al-Fârid dit : « Je vis un feu dans la nuit et j’annonçai la bonne nouvelle à ma tribu : Attendez-moi, j’espère trouver une Conduite. J’approchais, et voici que le feu Parlant apparut devant moi ». Et ailleurs : « Ma montagne (le Sinaï) se fendit de terreur devant Celui qui Se révéla, et un secret caché fulgura, visible seulement à qui m’est semblable. Je devins le Moïse de mon temps, aussitôt qu’une partie de moi fut devenue ma totalité ».

Il y aurait beaucoup à dire sur le symbolisme soufique du bâton de Moïse qui représente la nafs, l’âme. Ainsi, lors de l’épisode du Buisson Ardent, Allah demande à Moïse : « Qu’as-tu dans ta main droite ? » Moïse répond : « c’est mon bâton, sur lequel je m’appuie, que je lance sur mes moutons et qui me sert encore à d’autres usages ». Allah lui enjoint alors de jeter à terre le bâton qui se transforme aussitôt en serpent ou dragon. Ensuite, Il ordonne à Moïse de le ramasser et, repris en main « par l’ordre d’Allah », il redevient bâton, mais conserve désormais un pouvoir théurgique. Il s’agit là de la transformation de la nafs.

[3] L’ensemble des lois et des rites.

[4] Sur un vitrail du XIIe siècle et inspiré par l’abbé Suger de Saint-Denis, on lit : « Moïsis doctrina velat quod Christi doctrina revelat ».

[5] L’Islam ne considère pas la Shariyah -soit l’ensemble des lois et des rites- juive ou chrétienne comme hétérodoxes, mais il estime ces deux traditions incomplètes au point de vue doctrinal. Cette conception se retrouve dans une loi du mariage islamique, loi qui interdit à une femme musulmane de s’unir à un juif ou à un chrétien, mais permet à un homme musulman d’épouser une juive ou une chrétienne. Le judaïsme et le christianisme ont, par rapport à la tradition islamique, un caractère féminin ; en effet, ils ne représentent la tradition primordiale que passivement et inconsciemment, tandis que l’Islam en affirme activement l’unité. Nous comparons ici les formes manifestes, c’est-à-dire l’exotérisme des trois traditions. De ce fait, l’Islam englobe principiellement les autres traditions issues de la lignée d’Abraham. Il est analogue à l’homme, qui peut épouser plusieurs femmes, alors qu’une femme ne doit avoir, par suite de son exclusivité psychique, due à son rôle de substance, qu’un seul mari.

[5] Ce passage vise soit les commentaires arbitraires, soit l’altération de l’écriture hébraïque, altération dont l’origine pourrait remonter à l’exil babylonien.

[6] On sait que le soufi Al-Halladj fut mis à mort pour avoir proféré ces mêmes paroles.

[7] La nature avatarique du Christ est affirmée dans le qorân par ce qu’Il y est appelé : Une parole d’Allah et Esprit de Lui qu’il projeta sur Marie. On peut dire que le Christ, étant affirmation pure, dut, par sa Passion, subir la négation invévitable ; c’est en ce sens qu’il vécut la Shahâdah qui est successivement affirmation et négation.

[8] Dans le langage qorânique, le mot Islâm désigne non seulement la tradition mohammédienne, mais encore toute tradition consciente de la Vérité Unique.

[9] Il ne s’agit naturellement pas des Evangiles, épîtres des quatre évangélistes, mais bien de la révélation qu’eut le Christ.

[10] Voir l’article de René Guénon La science des lettres, et La Terre du Soleil.

[11] Au sujet de cette tradition concernant l’Evangile original, il n’est peut-être pas sans intérêt de rappeler que le maître de Djili fut probablement, un musulman d’Abyssinie, car tel est le sens de son surnom « Djabaril ».

[12] Wudjûd peut être, à la fois, interprété par « Existence » et par « Etre ». Ici, il convient de transposer les notions d’Essence et de Substance jusqu’à leur signification dernière, soit à celle de « Perfection active » et de « Perfection passive » ; alors ,’Etre, en tant que première détermination, sera conçu comme leur résultante ou leur fin.

[13] Cela rappelle certains dialogues entre le Christ et Saint Pierre, tel celui où le Messie dit à l’Apôtre : « Tu as en vue ce qui est humain et non pas ce qui est Divin ».

[14] Et lorsque ton Seigneur dit aux Anges : « Je vais mettre sur terre un représentant », ils dirent : « Veux-tu placer quelqu’un qui y sème la destruction et verse le sang ? Et nous t’exaltons par la louange et proclamons ta sainteté ». Mais Il dit : « Je sais ce que vous ignorez ». Et Il apprit tous les noms à adam, les montra ensuite aux Anges et dit : « Révélez-moi leurs noms, si vous êtes véridiques ». Ils répondirent : « Exalté soit-Tu, nous ne savons que ce que Tu nous as enseigné, car Tu es le Connaissant, le Sage. Alors, Il dit : « O Adam, révèle-leur leurs noms ». Et quand il les leur eut révélé, Il dit : « Ne vous ai-Je pas dit que Je connais les mystères du ciel et dela terre, et que Je connais ce que vous manifestez et ce que vous taisez ? ». Et lorsque Nous dimes aux anges : « Prosternez-vous devant Adam » Ils se proternèrent excepté Iblis qui s’y refusa, s’enorgueillit et fut parmi les rebelles » (sourate Baqarah)

Dans un autre passage, il est dit qu’Iblis, le Diable, ne voulut pas adorer Adam sous prétexte que lui-même avait été créé de feu, alors qu’Adam, n’était fait que d’argtile. Suivant certains maîtres soufis, Iblis devint rebelle par exagération du « Tanzih », refusant d’adorer Allah dans Son symbole.

[15] C’est l’engagement de vaincre ou mourir dans la guerre sainte, qu’il s’agisse de la « petite », défense par les armes de la communauté religieuse, ou de la « grande », qui se rapporte au domaine spirituel. Ces deux termes eurent, d’ailleurs, leurs équivalents dans la chevalerie chrétienne, à savoir : bellum corporale et bellum spirituale. La conclusion de ce pacte, dont parle le Qorân, fut, dans l’hitoire sacrée de l’Islam, le point de départ des initiations « royale » et « sacerdotale ».





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