mardi 31 mai 2011

Les secrets de la Basmala











Article paru dans la revue Le Miroir d'Isis n°5  (2004).


Les secrets de la Basmala
A. A.



Introduction



Le texte dont la traduction figure ci-dessous est tiré d’un
ouvrage du grand saint soufi `Abd al-Qâdir al-Jîlânî (1077-1166),
originaire du Jîlân (au nord de l’actuel Iran), enterré à Bagdad, et
dont l’influence spirituelle a été et est encore très vivace au sein de
nombreuses branches du Taçawwuf (soufisme).
Il s’agit d’un commentaire de la formule Bismillâh al-
Rahmân al-Rahîm (« Au nom de Dieu, le Tout-Miséricordieux, le
Très-Miséricordieux ») qui se trouve en tête du Coran, et en
particulier de la première sourate, la Fâtiha (« Celle qui ouvre » le
Livre sacré). Cette formule, appelée la Basmala, qui se retrouve
d’ailleurs en tête de toutes les sourates (à l’exception de la
neuvième) peut donc être considérée comme un symbole du Coran
lui-même.21



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Turba Philosophorum


samedi 28 mai 2011

Les affres de la mort par l'imam Al Ghazâli

 


Introduction

Quelquefois, il arrive que les mystères du monde supra-terrestre soient dévoilés au mourant avant qu'il râle, de sorte qu'il aperçoive ces Anges. Toutefois, quand bien même la connaissance qu'il acquiert à leur sujet est réelle, ils ne les voient pas conformément à la leur réelle valeur en tant qu'appartenant au monde supra-terrestre. Si sa langue est encore libre, il parle de leur existence ou de l'existence de quelques-uns d'entre eux. Parfois aussi, il se parle à lui-même de ce qu'il voit, et l'on s'imagine que tout cela est une œuvre que le diable accomplit en lui. Puis il se tait jusqu'au moment où sa langue est enchaînée (jusqu'à ce que sa langue ne puisse plus bouger) tandis que les Anges le tirent par les extrémités de ses doigts [afin de lui retirer son âme].
L'âme sort de son enveloppe (le corps) comme une goutte d'eau s'échappe d'une outre. Mais quant au mauvais, il est aussi difficile de faire sortir son esprit que d'extraire un clou de la laine mouillée.
Le Maître de la Religion -sallâ l-Lahû ‘aleyhi wa sallam- a dit : « Le mourant s'imagine que son corps est rempli d'épines ; il lui semble que son âme doit sortir par le trou d'une aiguille et que le ciel tombe sur la terre tandis que lui-même est placé entre les deux. »

Ka'b Al Ahbâr, interrogé au sujet de la mort, répondit :« C'est comme un rameau d'épines qu'on a introduit dans le corps d'un homme : puis vient un autre homme, vigoureux, qui s'efforce de l'extraire, en coupant ce qu'il peut couper et en abandonnant le reste. »
Le Prophète -sallâ l-Lahû ‘aleyhi wa sallam- a dit : « Certes, une seule agonie au moment de la mort est plus pénible à supporter que 300 coups d'épées. »
Quand la mort approche, le corps du mourant se couvre de sueur, ses yeux s'égarent, ses côtes se soulèvent, son souffle devient bruyant, son teint jaunit. […]


C'est alors qu'apparaissent les angoisses de l'âme qui, au moment de la mort, changent la couleur du visage du mourant, à cause de la grandeur des souffrances qu'il doit endurer. Lorsque l'âme se trouve resserrée dans le cœur, la langue devient muette, nul ne peut parler tant que l'âme se trouve rassemblée dans la poitrine […].

Quelques états endurés par les mourants1.

Il y a des hommes que l'Ange transperce avec une lance empoisonnée qui a été trempé dans un poison de feu. Alors, l'âme s'échappe, elle s'écoule en sortant et l'Ange la saisit dans sa main, tandis qu'elle tremble, plus semblable au vif-argent que toute autre chose. Elle a la grosseur d'une abeille tout en gardant son individualité humaine ; ensuite, les Anges justiciers s'en emparent.



Il y a d'autres hommes au contraire dont l'âme est extraite dans le larynx. Mais il ne reste dans le larynx qu'une partie détachée, qui est reliée au cœur. Alors, l'Ange la transperce avec cette lance que nous avons déjà décrite, car l'âme ne se sépare complètement du cœur que lorsqu'elle a été transpercée.


Le secret de cette lance est qu'elle fut empoisonnée dans la mer de la mort. Lorsqu'on la place sur le cœur, sa vertu se propage de là dans tout le reste du cœur, à la manière du venin le plus subtil. C'est dans le cœur qu'est placé le secret de la vie, et le secret du cœur laisse des traces sur lui dès la première création. Un théologien a dit : « La vie n'est pas identique à l'âme ; la vie c'est la fusion qui s'opère entre l'âme et le corps. »
Tandis que l'âme persiste à monter et à s'élever, le mourant est assailli par de multiples tentations. Celles-ci consistent dans le fait qu'iblîs lance ses auxiliaires contre cet homme en particulier, il les emploie contre lui et le remet entre leurs mains. Ils viennent donc à lui pendant qu'il est dans cet état, et revêtent à ses yeux l'apparence de ceux qui ne sont plus, qui lui furent chers, qui sont morts et qui lui donnaient de bons conseils durant la vie terrestre, comme par exemple son père, sa mère, son frère, sa sœur, ou encore son ami proche.
Ils lui disent : « Tu va mourir, ô toi, untel, et nous, nous t'avons déjà précédé. Meurs donc en juif, car elle est la religion agréable pour Allâh L'Exalté. »S'il se détourne d'eux et leur oppose un refus, il en vient d'autres qui lui disent : « En chrétien, car c'est la religion du Messie par laquelle il a abrogé celle de Mûsâ ! » Ils lui rappellent ainsi l'ensemble des articles de foi de chaque religion.



C'est en cette circonstance qu'Allâh qu'Il soit exalté fait avouer ceux dont Il a démasqué l'infidélité. Tel est le sens de cette Parole d'Allâh qu'Il soit exalté : « Seigneur! Ne laisse pas dévier nos cœurs après que Tu nous aies guidés ; et accorde- nous Ta miséricorde. C'est Toi, certes, Le Grand Donateur (Al Wahhâb). » [Sourate 3, Verset 8].

Ce qui signifie : ne rends pas nos cœurs infidèles au moment de la mort alors que Tu nous as guidés dans la foi depuis si longtemps ! Quand Allâh a résolu de diriger un homme et de l'affermir [dans la foi], Il envoie vers lui l'Ange de la Grâce (on dit que c'est Jibrîl). Celui-ci chasse les démons loin du mourant et fait disparaître la pâleur livide de son visage, de sorte que le mourant souris infailliblement.


Souvent, on voit le mourant sourire de joie dans cette situation à cause du bon Ange qui est venu par la grâce d'Allâh qu'Il soit exalté. Et l'Ange lui dit : « Ô toi untel, ne me connais-tu pas ? Je suis Jibrîl, mais ceux-là sont tes ennemis, les démons. Meurs dans la religion orthodoxe, la religion musulmane. » Il n'est pas de chose plus aimable et plus réjouissante pour l'homme que cet Ange. C'est là la Parole d'Allâh qu'Il soit exalté : 3
« Accorde-nous Ta miséricorde. C'est Toi, certes, Le Grand Donateur (Al Wahhâb). » [Sourate 3, Verset 8]. Alors, il meurt selon sa nature originelle (al fitrah).


Il y a des hommes qui sont transpercés pendant qu'ils sont en prière, d'autres pendant qu'ils dorment, d'autres pendant qu'ils vaquent à leurs occupations, d'autres enfin pendant qu'ils s'adonnent au jeu : car c'est un coup imprévu, et l'âme est enlevée d'une seule fois.
Il y a des hommes qui, lorsque l'âme atteint leur gorge, voient apparaître à leurs yeux les gens de leur connaissance qui les ont procédés, et ceux d'entre leurs voisins qui sont morts les entourent. Alors, le mourant pousse un mugissement que toute chose entend sauf les hommes : si ceux-ci l'entendaient, ils mourraient.

Ce que le mourant perd en dernier

La dernière chose qui se perd chez le mourant, c'est l'ouïe, car la vue se perd au moment où l'esprit se sépare entièrement du cœur. Mais l'ouïe se conserve jusqu'à ce que l'âme ait été enlevée. C'est pourquoi le Prophète -sallâ l-Lahû ‘aleyhi wa sallam- a dit : « Répétez à vos morts le témoignage qu'il n'y a pas d'autre Divinité si ce n'est Allâh et que Muhammad est Son Messager. » Toutefois, il a défendu de le leur répéter trop souvent à cause de la terreur immense et de l'affliction déchirante qu'ils ont à supporter. »

Description de la mort du croyant

Quand l'Ange s'est emparé de l'âme bienheureuse, deux Anges, aux beaux visages, couverts de vêtements splendides et parfumés d'odeurs exquises, la saisissent et l'enveloppent dans un vêtement de soie pris dans le paradis. Or, elle a les dimensions d'une abeille, tout en gardant son individualité humaine. Elle n'a rien perdu de son intelligence, ni de sa science qu'elle a acquise dans le monde terrestre. Les Anges l'emportent dans les airs, et passent sans cesse auprès des anciens peuples et des générations disparues, qui sont semblables à des nuées de sauterelles répandues au loin (il y en a qui le savent et d'autres qui ne le savent pas).

Enfin, ils atteignent le ciel inférieur et Al Amîn2 frappe à la porte. On lui demande : « Qui es- tu ? ». Il répond : « Je suis Salsâ’îl, et mon compagnon est Untel.3 » Et il le désigne par le plus beau de ses noms, par le nom qui lui est le plus cher. On lui dit : « Qu'il soit le bienvenu, puisque sa foi a été parfaite et qu'il n'a jamais douté ! »
Ensuite, ils arrivent au deuxième ciel et Al Amîn frappe à la porte. On lui demande : « Qui es-tu ? » Il répond comme la première fois. On lui dit : « Qu'il soit le bienvenu, cet homme qui s'est scrupuleusement acquitté de la prière, en observant tous les préceptes qui s'y attachent ! »

Ensuite, ils continuent et arrivent au troisième ciel et Al Amîn frappe à la porte. On lui demande : « Qui es-tu ? » Il répond comme précédemment. Alors, on lui dit : « Qu'il soit le bienvenu, cet homme qui a honoré Allâh au moyen de sa fortune et qui n'a rien valu en retenir ! »


Ensuite, ils continuent et arrivent au quatrième ciel et Al Amîn frappe à la porte. On lui demande : « Qui es-tu ? » Il répond comme il a coutume de le faire. Alors, on lui dit : « Qu'il soit le bienvenu, cet homme qui a eu l'habitude de jeûner dans toutes les règles, qui s'est abstenu du commerce charnel et de la nourriture interdite ! » Ensuite, ils continuent et arrivent au cinquième ciel et Al Amîn frappe à la porte. On lui demande : « Qui es-tu ? » Il répond comme il a coutume de répondre. On lui dit : « Qu'il soit le bienvenu, cet homme qui a accompli le pèlerinage qui lui était imposé par Allâh qu'Il soit exalté, et qui ne l'a pas fait pour se montrer ni pour faire parler de soi ! »

Ensuite, ils continuent et arrivent au sixième ciel et Al Amîn frappe à la porte. On lui demande : « Qui es-tu ? » Il répond selon son habitude. Alors on lui dit : « Qu'il soit le bienvenu, cet homme intègre, cette âme excellente, qui a fait preuve d'une grande piété filiale envers ses parents ! » Et on lui ouvre la porte.

Ensuite, ils continuent et arrivent au septième ciel et Al Amîn frappe à la porte. On lui demande : « Qui es-tu ? » Il donne sa réponse habituelle et on lui dit : « Qu'il soit le bienvenu, cet homme qui a fréquemment imploré le pardon d'Allâh dès l'aurore, qui a donné l'aumône en secret et qui a pris soin des orphelins ! » Et on lui ouvre la porte.


Ensuite, ils continuent et arrivent aux voiles de la Majesté. Al Amîn frappe à la porte. On lui demande : « Qui es-tu ? » Il répond comme précédemment et on lui dit : « Qu'il soit le bienvenu, cet homme intègre, cette âme excellente, qui a fréquemment imploré le pardon d'Allâh, qui a ordonné ce qui est bien et défendu ce qui est interdit, et qui a été généreux envers les pauvres ! »

Puis il continue sa route et passe auprès d'une élite d'Anges qui lui annoncent le paradis et qui le saluent, jusqu'à ce qu'il arrive au Sidrat Al Muntahâ4 . Al Amîn frappe à la porte et on lui dit : « Qui es-tu ? » Il fait la même réponse que précédemment et on lui dit : « Qu'il soit le bienvenu, cet homme dont la conduite a été intégré devant Allâh Le Fort et Le Majestueux ! »



 Ensuite, on lui ouvre la porte et il traverse une mer de feu, puis une mer de lumière, puis une mer de ténèbres, puis une mer d'eau, puis une mer de neige, puis une mer de grêle. La durée pour franchir chacune de ces mers est de 1000 ans.


Ensuite, les voiles placés devant le Trône appartenant à Allâh Le Miséricordieux se déchirent. Or, ces voiles se composent de 80 000 dais, chacun possédant 80 000 extrémités, et sur chacune de ces extrémités se trouve une lune qui glorifie Allâh, célèbre Sa louange et proclame Sa sainteté.


Si une de ces lunes apparaissait au ciel inférieur, les hommes l'adoreraient à la place d'Allâh qu'Il soit exalté et elle embrasserait le monde terrestre de sa lumière. C'est alors qu'un héraut placé derrière ces dais, en la sainte présence d'Allâh criera de vive voix : « Qui est cette âme que vous avez amenée ? » On lui répondra : « C'est Untel fils d'Untel. » Allâh Le Majestueux dira alors : « Faites-le approcher. Tu as été un bon serviteur ô Mon serviteur. »


Puis Il le fera tenir devant Lui et l'effrayera par quelques reproches et réprimandes [sur les fautes qu'il a commis durant sa vie terrestre] si bien qu'il se croira perdu. Cependant, Allâh lui pardonnera [ses fautes].

La mort du mécréant et les risques qu'encourent les mauvais musulmans

Quant au mécréant, on arrache son âme avec violence et voici que son visage prend la même apparence que celui d'un homme qui aurait mangé de la coloquinte. L'Ange lui dit alors : « Sors de ton corps pervers ô âme perverse ! »Alors, elle produit un son retentissant, semblable au braiment des ânes.
Quant l'Ange Izrâ°il s'est emparé de cette âme, il la remet à des Anges justiciers au visage terrifiant, aux vêtements noirs, à l'haleine fétide, qui ont dans les mains des cilices de crin avec lesquels ils l'enveloppent.


L'âme se trouve ainsi changée en une individualité humaine, ayant la taille d'une sauterelle. En effet, le mécréant a un corps plus considérable que le croyant (je veux ici parler du corps qu'ils ont dans l'autre monde). Il est d'ailleurs dit dans le Sahîh qu'enfer, la dent du mécréant est aussi grande que la montagne de Uhud.


Puis on emporte cet homme dans les airs jusqu'à ce qu'il atteigne la porte du ciel inférieur. Al Amîn frappe à la porte et on lui demande : « Qui es-tu ? » Il répond : « Je suis Qayâbîl. »


Car le nom de l'Ange préposé aux Anges du châtiment est Qayâbîl. On lui dit : « Qui est avec toi ? » Il répond : « C'est untel fils d'untel. » Il le désigne par le plus laid de ses noms, par celui qu'il détestait le plus dans le bas-monde. On lui dit alors : « Pas de vœux de bienvenue pour lui ! » On ne leur ouvre alors pas les portes du ciel et ils n'entreront pas au paradis jusqu'à ce qu'un chameau puisse passer par le chat d'une aiguille .5


Quand Al Amîn entend cette réponse, il le laisse tomber de sa main. Alors, le vent s'en empare et le pousse vers un lieu éloigné. Ceci est conforme à la Parole d'Allâh : « [Soyez] exclusivement [acquis à la religion] d'Allâh ne Lui associez rien ; car quiconque associe quelque chose à Allâh, c'est comme s'il tombait du haut du ciel et que les oiseaux le happaient, ou que le vent le précipitait dans un abîme très profond. »
[Sourate 22, verset 31]. Malheur à lui ! Voilà la confusion dans laquelle il se trouve !

Quand il tombe à terre, les Anges justiciers se précipitent sur lui et l'emportent au Sijjîn, qui  est une grande pierre auprès de laquelle se rassemblent les esprits des mécréants . 6


Quant aux chrétiens et aux juifs, on les repousse également loin du Kursî, jusque dans leurs tombeaux : c'est le cas de tous ceux qui ont été leurs coreligionnaires, qui ont été présents lorsqu'on a lavé leurs cadavres et qui les ont enterrés.


Quant à l'idolâtre, il ne verra rien de tout cela, car il sera tel un jouet pour le vent.


Enfin, quant à l'hypocrite, il en est de lui comme de celui qu'on repousse dans sa tombe avec haine et répulsion.


Quant à ceux d'entre les musulmans qui n'ont pas accompli entièrement leurs devoirs, il y a plusieurs catégories parmi eux : Pour l'un, c'est la prière qui le repousse, car lorsqu'un homme accompli sa prière d'une manière imparfaite et qu'il en a supprimé une partie, on enroule sa prière comme on enroule un vêtement usé et on le frappe au visage avec elle. Ensuite, sa prière s'élève en disant : « Qu'Allâh te néglige tout comme tu m'as négligée ! »


Pour un autre, ce sont ses aumônes qui le repoussent, parce qu'il a fait l'aumône uniquement pour que l'on dise : « Il est généreux ! » Quelquefois aussi, un homme dépense l'argent des aumônes auprès des femmes et cherche à attirer leurs bonnes grâces par ce moyen. Nous avons déjà vu des cas comme celui-ci, qu'Allâh nous préserve d'encourir le même châtiment !


Pour tel autre encore, c'est le jeûne qui le repousse. En effet, il peut avoir jeûné par rapport aux aliments mais non par rapport au langage, ce qui signifie qu'il aurait tenu des propos obscènes ou qu'il se serait vanté. Le mois du jeûne se détourne alors de lui parce qu'il l'a négligé.


Tel autre encore, c'est le pèlerinage qui le repousse, soit parce qu'il l'a fait uniquement dans le but que l'on dise à son propos : « Il a fait le pèlerinage ! », soit parce qu'il l'aurait accompli avec de l'argent acquis illicitement.


Enfin, pour tel autre, c'est sa désobéissance envers ses parents qui le repousse.


Tout le reste des devoirs de la piété n'est connu que de ceux qui sont versés dans la
connaissance intime des actions et qui savent comment il faut agir pour se conformer à la Volonté du Roi, du Souverain.


Quelques caractéristiques entre le visage du mort qui fut damné et le visage de celui qui mourut croyant

Quand vous regardez un mort et que vous voyez que sa salive a coulé, que ses lèvres se sont contractées, que son visage est devenu noir, que le blanc de ses yeux se montre, sachez qu'il est damné et que la réalité de sa damnation dans l'autre monde vient d'être dévoilée.
Mais si vous voyez le mort avoir la bouche renfoncée, comme s'il riait, le visage serein, les yeux à demi-fermés, sachez alors qu'il vient de recevoir la bonne nouvelle de l'avenir réjouissant qui l'attend dans l'autre monde et que la réalité du sort honorable qui lui est réservé
vient de lui être révélée.



1 A partir du moment ou l'âme est réunie dans le cœur, les états endurés par les mourants diffèrent selon la foi des uns et des autres.
2 Al Amîn est un des surnoms de l’Ange Jibrîl -‘aleyhi sallam-.
3 Salsâ’îl est aussi l'un des surnoms de l’Ange Jibrîl -‘aleyhi sallam-. 
4 C'est le Lotus de la limite. C'est un arbre immense dont le tronc et les racines se trouvent au septième ciel et dont les branches poussent aussi bien vers le haut que vers le bas. Il s'appelle ainsi car il constitue la limite que nulle ne peut dépasser. Certains disent aussi que son nom vient du fait qu'aucun homme ne sait ce qui se trouve derrière ce lotus. Allâh (qu'Il soit exalté) mentionne cet arbre dans Son Qur°ân aux versets 14 et 16 de la Sûrat Un Najm (53), en nous informant que le Prophète -sallâ l-Lahû ‘aleyhi wa sallam- le vit durant son ascension et que près de cet arbre se trouve le paradis nommé Al Ma'wah.

5 C'est-à-dire jamais. Le sort du mécréant est scellé et le paradis lui est ainsi définitivement fermé.
6 As Sijjîn est également le nom du registre où sont inscrits les noms des mécréants voués à la perte éternelle.


 
Source : Ad Durrat Ul Fâkhirah

dimanche 22 mai 2011

Rôle du wahabisme et du réformisme de la Nahda en Algérie dans le processus d’exclusion et de marginalisation du soufisme
















Alain Romey

En Algérie de 1971 à fin 1984 j’ai vécu, à Alger, au sein d’une famille très proche de la pensée du réformateur Ibn Badis1 et dans laquelle on avait un certain mépris pour toute pratique mystique de l’islam, le soufisme (tasawwuf). On percevait, dans leur façon de réagir, si on s’y intéressait, comme une angoisse de peur de provoquer la division (fitna) de la communauté des croyants (umma). Il y avait, derrière cette façon d’être, une attitude empreinte de rigidité vis-à-vis de ce que l’on devait penser de l’orthodoxie sunnite en islam.
Dans les années 1970, je ne comprenais pas ce que signifiait cette attitude car n’étant pas suffisamment familier des pratiques rituelles de cette religion, je n’avais aucune connaissance de sa mystique. En revanche, la pensée mystique chrétienne m’était familière car, dans les années 1960, j’eus la chance d’être initié à la pensée mystique indienne par un religieux chrétien de l’ordre de l’Oratoire, d’origine indienne, qui m’avait familiarisé, pendant quelques années, avec le yoga mystique2.3Ainsi, lors d’une expérience de transhumance saharienne (achaba), en compagnie des Saïd Atba de Ouargla3, entre 1975 et 1977, je pus participer assez régulièrement à des rituels soufis de la confrérie Darqawiya, affiliée à la Shadiliya de la région de Tiaret notamment dans la zawiya4 de Sidi Adda, à la  fin du voyage aller de notre achaba, de début juin à fin septembre 1976.
À mon retour à Alger, questionnant le père de cette famille avec qui j’étais familier, car il me considérait comme l’un des siens, et m’entretenait donc des choses de la religion, je racontais ce que j’avais vu et vécu dans cette zawiya, je le sentis gêné et préoccupé. Il ne me dit seulement que ce n’était pas une bonne pratique de l’islam. Je ne savais pas alors ce que cela sous-entendait, sinon que pour lui un « interdit » évident était exprimé vis-à-vis du soufisme et que par rapport à son islam orthodoxe, influencé par Ibn Badis, il n’était pas admissible d’agir ainsi.

Je continuais cependant à fréquenter les quelques khouan5 de la Darqawiya immigrés à Alger. Pourquoi mon attitude bienveillante vis-à-vis de la mystique fut, à la limite, perçue comme une trahison par cet homme tolérant dont le père, né à la fin du XIXe siècle, avait été un étudiant de la Zitouna6? Alors que sur le terrain, au Sahara, j’avais vécu et je vivais encore à Alger une expérience humaine qui ne me paraissait pas du tout en désaccord avec les principes fondateurs de l’islam qu’il m’avait enseignés?
L’absence de clergé dans l’islam oblige à reconnaître un minimum de « légitimité » à des savants (ulama) en mesure de commenter (tafsir) le texte coranique en fonction des quatre écoles d’interprétation admises en milieu sunnite. Ces hommes jouent un rôle fondamental dans l’élaboration de la jurisprudence (fiqh). Ils sont écoutés, donnent des avis, mais par expérience ne figent pas le fiqh. C’est toujours parmi eux que le pouvoir politique choisit les juges (qadi) qui se prononcent « au nom de Dieu ». (bi-ism-illah), la plus grande responsabilité dans l’islam.
Ils ne se positionnent jamais sur la prise du pouvoir politique naturel (malk) car ce qui est exprimé, dans le Coran et la Sunna, ne le permet guère : « O vous qui croyez, obéissez  à Dieu, au Prophète et à ceux d’entre vous qui détiennent l’autorité ». S.IV, V.59.
Un hadith7 est plus explicite :
« Des gens de pouvoir vous gouverneront après moi. Il y en aura de bons qui vous gouverneront avec bonté, il y en aura de pervers qui vous gouverneront avec perversité. S’ils se conduisent bien, le mérite en sera pour vous et pour eux ; s’ils se conduisent mal, le mérite en sera pour vous et le malheur pour eux. Ecoutez-les et obéissez-leur en tout ce qui est conforme à la Loi. »
Ceux qui pourraient donc juger de la valeur de ce qui est conforme à la « Loi » (as-shariaa) ne peuvent être que les ulama. En tant que juristes, ils sont cependant en position difficile pour donner un avis qui serait négatif sur la légitimité de la personne qui détient le pouvoir suprême : le khalife ou toute personne en délégation de pouvoir : sultan, émir, dey et bey.  
Toute prise de position ou même allusion vis-à-vis de ce problème serait immédiatement interprétée comme une volonté de vouloir provoquer la division des musulmans (fitna) et cette pratique est considérée comme ce qu’il y a de pire en islam sunnite, car elle évoque l’anarchie (as-siba) et surtout le souvenir de la grande fitna, celle qui a provoqué la division, au premier siècle de l’hégire, entre chiites et sunnites.

Les ulama ne se prononcent que très rarement sur ce plan, il est tabou. Un seul a osé le faire catégoriquement c’est Ibn Taymiyya, au XIIIe siècle, or cet alam de Damas fut un juriste contestable avec des positions très contradictoires. Pourquoi? Parce que malgré l’effort effectué, à la fin du XIe siècle, par Al Ghazali8 pour faire admettre le soufisme dans l’orthodoxie sunnite, ce qui adviendra, Ibn Taymiyya est un censeur impitoyable du soufisme. Ses attaques contre Ibn Arabi, considéré comme Cheikh al akbar (maître spirituel suprême), sont d’une violence extrême.
Utiliser l’anathème (takfir), pour accuser une personne en considérant que sa croyance est hétérodoxe, n’était pas coutumier chez les juristes. Par tous les moyens on a cherché à freiner cette pratique et aussi bien Al Ghazali, qu’Al Subki, Suyiti ou Chaarani10 réfutent son usage, car ils considèrent que le censeur qui y recours doit si bien maîtriser la science juridique, la grammaire et la linguistique que cela est considéré, par eux, comme quasiment impossible dans la pratique. Dans le doute, et pour éviter de mettre au ban de la communauté (umma) un croyant, il vaut mieux s’abstenir quitte à se tromper, c’est la règle.
Or Ibn Taymiyya n’hésite jamais dans ses oeuvres, qui sont des pamphlets, à considérer les autres hommes comme hétérodoxes11, ulama de Damas et pouvoir compris. S’estimant inspiré par Dieu, sa critique n’a pas de limite et laisse libre cours à un radicalisme qui paraît évoquer une personnalité à profil très nettement paranoïaque. En cela, il se mettait hors des normes admises par les ulama des quatre écoles d’interprétation du texte coranique parce que l’argumentation, en cas d’anathème (takfir), doit être irréprochable sur le plan du fiqh et qu’Ibn Taymiyya est loin d’avoir témoigné de cette vertu dans ses oeuvres. Par exemple son ambiguïté vis-à-vis du soufisme ne manque pas de surprendre : il le condamne fermement alors que lui-même appartenait à ce courant mystique par l’intermédiaire de la confrérie Qadiriya12.
Par sa façon d’agir il se conduit comme un inquisiteur, mais comme la norme des ulama est la prudence et la tolérance, il va, par ses positions extrêmes, provoquer la réaction qu’engendre tout musulman qui exagère dans la polémique, ses attaques vis-à-vis d’Ibn Arabi ainsi que sa négation de l’intercession du Prophète lui valent la prison au Caire puis à Damas. Son décret (fatwa) proscrivant la visite de la tombe du Prophète le ramènera en prison13. Dans ces périodes, la très grande majorité des ulama pourtant était affiliée à des ordres mystiques, il n’y avait pas de contradiction à vivre sur ces deux systèmes. La position d’Ibn Taymiyya a gravement perturbé le milieu des ulama au point qu’à Damas, au XIIIe siècle, à cause de ce penseur rigide et intransigeant, apparaît un état latent de division (fitna) de la communauté des croyants (umma), en raison de son non respect du consensus (ijmaa) un des principes fondamentaux à respecter dans le fiqh.
Si j’évoque ces événements, c’est parce qu’il faut rappeler le rôle central qu’Ibn Taymiyya va jouer par la suite comme « modèle » dans le wahhabisme du XVIIIe siècle, et dans la pensée fondamentaliste actuelle qui s’en inspire constamment, par une pratique exagérée du licite (halal) et de l’illicite (haram), en ne s’attachant qu’à cette forme superficielle et culpabilisatrice de l’islam en oubliant que le message de fond de cette religion est avant tout la tolérance.
Lors de l’affrontement entre l’Occident et l’Orient en Egypte, au début du XIXe siècle, les réactions de Mehmet Ali et de son conseiller Al Tahtawi sont très éloignées des préoccupations de ce penseur. Ces hommes ont le sens du politique et réfléchissent au nom du « bien commun » en essayant de comprendre l’évolution du monde du fait de la confrontation avec l’Occident de Bonaparte. La période de la pré-nahda est très riche d’échanges entre l’Occident et l’Orient tant sur le plan scientifique que littéraire et le rôle joué par l’ « Ecole des Langues » du Caire sera crucial. Al Tahtawi, azharien d’origine14, avait su trouver un style d’écriture clair pour communiquer à un très large public des idées nouvelles tout en restant dans une démarche ne se démarquant pas de l’islam orthodoxe15.
En revanche, l’attitude réformiste de la nahda, que je préfère nommer sous sa forme arabo-islamique d’islah, s’est trouvée face au problème du constat que la parole de Dieu pouvait être relativisée par l’histoire parce que sa sacralité a parfois été vécue, dans certaines périodes de l’islam et notamment actuellement, par une minorité qui occulte encore le fait que cette parole divine doit toujours être commentée et ainsi conserver un rapport prégnant à la relativité. Ce n’est pas une parole monolithique comme le voudraient les partisans de la pensée wahhabite, qui n’est pas une cinquième école de l’islam, mais seulement un courant minoritaire de l’école hanbalite, une de quatre de l’islam, dire ou défendre le contraire est une imposture inacceptable historiquement.
Mohammed Abduh, au milieu du XIXe siècle semble encore prisonnier de ce dilemme et ne paraît pas prendre conscience qu’il lui fallait admettre des enjeux nouveaux à l’intérieur de la pensée musulmane, notamment depuis l’irruption de l’imprimerie, dès 1821, avec la fondation d’Al Boulaq. Son Traité sur l’unicité de Dieu,16 renoue avec la pensée fondamentaliste et, il est, sur de nombreux points, en retard sur Ibn Khaldoun qui avait su montrer, dès le XIVe siècle, l’importance de l’économie comme facteur déterminant dans l’organisation de la société (umran)17. Sa minutieuse analyse des sociétés du Maghreb sut nous donner l’explication de la formation politique des états par le concept de cohésion tribale (assabiya), en cela il fut précurseur de Marx et de Durkheim18.
En 1903, sa visite au Maghreb, notamment à la Zitouna de Tunis19, est l’objet d’un très vif débat entre Abduh et Salah as Sharif qui lui fit le reproche d’être trop influencé par le wahhabisme et sa critique des confréries. Il fut de même, peu après, pris à partie par la majorité des ulama de Damas20. L’opinion des réformateurs tunisiens se scinda en deux et nous savons, par cette polémique, que la hiérarchie religieuse et le pouvoir politique ont alors réagi énergiquement contre le wahhabisme et particulièrement contre Rachid Ridha, qui s’inspirait de plus en plus des idées d’Ibn Taymiyya, notamment par l’intermédiaire de sa revue « Al manar » dès 1899.
Ces courants influencèrent beaucoup les étudiants algériens qui venaient se former à la Zitouna durant le XIXe et le XXe siècles. C’est ainsi qu’Ibn Badis, de Constantine, reprit les grandes tendances d’Abduh mais surtout de Ridha, et influença fortement l’élite algérienne qui, en pensant suivre un courant se disant réformiste, allait vers ce que je nommerais plutôt une révolution conservatrice. Le courant salafiste prit de l’ampleur face aux problèmes économiques que l’Algérie indépendante tardait à résoudre, et, si dans les années 1970 il n’était pas encore très visible, en revanche, les années 1980 virent son apogée. Afficher ses sympathies vis-à-vis du soufisme pouvait, suivant votre entourage, conduire à des réactions très violentes, avec des rappels très clairs à la fitna de la part des fondamentalistes fanatisés.
Prôner cette dimension spirituelle de la vie par le soufisme devenait une transgression inadmissible pour une grande partie de la communauté des croyants (umma), en Algérie, et obligeait au silence et à la plus totale discrétion de la part de ceux qui se réfugiaient dans cette spiritualité.
Que voyons-nous actuellement? Une réactualisation, par le biais du wahhabisme et de certains prédicateurs ayant accès au pouvoir des médias, de la radicalité prônée par Ibn Taymiyya avec toute l’hypocrisie véhiculée par l’idéologie de ce penseur : condamnation totale du soufisme vécu comme une innovation (bidaa) intolérable, alors qu’il était lui-même soufi! La marginalité et l’exclusion du soufisme par l’islah de Ridha qui flirtait avec le wahhabisme, dès la fin du XIXe siècle, est une hérésie pratiquée par une secte dont même les ulama hanbalites sérieux se méfient21. Ibn Badis aurait dû se montrer plus prudent vis-à-vis d’un courant qui allait très vite se fanatiser, en Egypte, avec Hassan Al Bannah et le mouvement des « Frères musulmans » dès 1928.
En portant préjudice à une pensée mystique entièrement légalisée dans l’islam, Ibn Taymiyya et ses émules, dans la période contemporaine et actuellement, sont en train de déconsidérer l’image de cette religion en prônant une intolérance violente sous le fallacieux prétexte que cela n’est pas conforme à l’orthodoxie sunnite. Je devrais plutôt préciser à leur vision de l’orthodoxie qui n’est que le mépris d’une tradition juridique hautement estimable par la richesse d’une jurisprudence (fiqh) que le sunnisme avait pourtant su produire dans l’islam en admettant, à part entière, le soufisme.


Notes

1 - Fondateur du mouvement algérien des ulama, en 1931.
2 - Dans le cadre de l’Institut catholique de Paris où je suivais des cours de philosophie néo-thomiste, je pus rencontrer Jacques Maritain qui fréquentait un membre de ma famille l’écrivain : Marie de Langle de Cary qui fut amie de Teilhard de Chardin, pourtant bien éloigné de ce courant de pensée. C’est alors que, déçu par cette approche scolastique de la philosophie, je me réfugiais derrière l’enseignement mystique de ce religieux oratorien. Dans ces années 1960 le néo-thomisme était encore une référence, bien qu’en déclin, car l’apogée du thomisme au XIIIe siècle avait permis d’intégrer, au dogme chrétien, l’aristotélisme, en critiquant cependant Averroès (Ibn Rochd) et Avicenne (Ibn Sina). Face à la conception plus humaine et moins rigide de la philosophie que représentait le courant spirituel de l’augustinisme et la pensée platonicienne je n’hésitais pas à suivre ce religieux qui partageait aussi cette conception de la philosophie.
3 - Romey A., Les Saïd Atba de N’Goussa. Histoire et état actuel de leur nomadisme, Paris, l’Harmattan, 1983.
4- Oratoire fréquenté par des mystiques.
5 - Frères appartenant à une confrérie religieuse.
6 - Université prestigieuse fondée au milieu du IXe siècle à Tunis.
7 - Partie de la Sunna donnant la tradition orale du Prophète, admise par certains proches, dont le recueil le plus célèbre est celui de Bokhari.
8 - Arkoun M., La pensée arabe, P.U.F., Paris, 2e ed., 1985, pp.76,77.
9 - Geoffroy E., Le soufisme en Egypte et en Syrie, Institut français de Damas, 1995, pp.446-452.
10 - Ibid., p.458.
11 -  Ibid. p.383-385,447.
12 - Ibid. p.446.
13 - Ibid. p.447.
14 - Formé à la plus éminente université du Caire : Al Azhar.
15 - Arkoun M., ibid., p.98.
16 - Arkoun M., ibid. p.99.
17- Ibn Khaldoun, Discours sur l’histoire universelle (al muqaddima), trad. V. Monteil, Beyrouth, 4v., 1968.
18 - Nous savons combien le fondateur de la sociologie s’est inspiré de l’oeuvre magistrale laissée par les généraux Hanotaux et Letourneux, lors de la conquête de l’Algérie, en décrivant le modèle de l’organisation de la société kabyle déjà cité par Ibn Khaldoun.
19 - Tlili B., « Les Rapports culturels et idéologiques entre l’Orient et l’Occident, en Tunisie, au XIXe siècle (1830-1880), P.U.T, Tunis, 1974, p.670.
20 - Idem.
21- J’en veux pour preuve le remarquable tafsir (commentaires du Coran) d’un alem de l’école hanbalite du XIVe siècle : Ibn Kathir I., L’exégèse du Coran, 4v., 1598p., Dar al Kutub al ilmiyah, Beyrouth, 2000.


Auteur

Alain Romey

C.M.M.C. - Université de Nice

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mercredi 18 mai 2011

L’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î





  

L’ascète, le gnostique, le dévot, le juriste, le descendant du Prophète

Par Ahmad Al-Murtada



« Le soleil de celui qui T’aime se leva la nuit, il s’éclaira et ne se couchera jamais. Le soleil du jour se couche le soir, mais les soleils des cœurs n’ont guère de coucher.»
Le noble Imâm, Ahmad Ar-Rifâ`î Al-Kabîr Al-Husaynî,
Que Dieu éclaire sa tombe. A l’âme du noble Sheikh, notre bien-aimé, le juriste shafé`ite, l’éducateur, Sayyidî Sheikh `Alî Ibn Sayyidi Hasan Ibn As-Sayyid Muhammad Ibn As-Sayyid `Alî Jâmi` Ar-Rifâ`î Al- Husaynî, que Dieu élève leurs degrés et qu’Il éclaire leurs tombes. Ces lignes sont également dédiées à
tout musulman aspirant à la voie de la purification du cœur.


Introduction

Louange à Dieu le Détenteur de la Majesté. Louange à Dieu en qui notre pauvreté est richesse et envers Qui notre humilité est notre honneur. Paix et béndiction de Dieu sur le maître des Prophètes, le Sceau des Messagers, notre bien-aimé, notre modèle, Muhammad, ainsi que sur sa famille et ses compagnons. Âmîn. La jeunesse musulmane a besoin, plus que jamais, de se remémorer les historiques et les récits des nobles savants et pieux Imâms qui ont dépensé leur vie au service de la religion. Attacher le cœur des musulmans aux personnages phares de l’Islam, c’est un moyen de les lier au modèle le plus noble, le Messager de Dieu, le soleil de la guidance et la pleine lune de la bienfaisance. La connaissance de la vie des savants et éducateurs musulmans consolide l’identité musulmane, renforce les aspirants à la voie de la pureté, anime l’énergie spirituelle de l’itinérant et donne l’endurance à ceux qui souhaitent marcher sur les pas de notre maître bien-aimé le Messager de Dieu, paix et bénédiction de Dieu sur lui. Dans cette optique, nous présentons quelques éléments de la vie et de l’œuvre de l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î, que Dieu l’agrée. Nous n’avons pas la prétention de réunir de façon exhaustive les perles de la sagesse et les joyaux de la spiritualité de l’Imâm Ar-Rifâ`î. Nous espérons seulement en donner un reflet, et c’est Dieu qui pourvoie le succès. Nom et généalogie de l’Imâm Ar-Rifâ`î .Il s’agit du noble juriste shafé`ite, le Sheikh de l’Islam, la couronne des dévots, l’Imâm des gnostiques, l’éducateur, l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î Al-Kabîr Al-Husaynî, appelé « Abû Al- `Alamayn », le « détenteur des deux étendards » pour avoir renforcé l’attachement à la Législation Islamique ainsi que le raffinement spirituel. Sa généalogie, retracée dans divers ouvrages biographiques considérés, remonte à la branche florissante du maître des martyrs, l’Imâm Al-Husayn Ibn `Ali Ibn Abî Tâlib, que Dieu les agrée tous deux. La chaîne généalogique de l’Imâm Ar-Rifâ`î est comme suit : c’est l’Imâm Abû Al-`Alamayn Ahmad Ibn As-Sayyid Sultân `Alî Ibn As-Sayyid Yahyâ Ibn As-Sayyid Thâbit Ibn As-Sayyid Abû Al-Fawâris Al-Hâzim `Ali Ibn As-Sayyid Ahmad Al-Murtadâ Ibn As-Sayyid `Ali Ibn As-Sayyid Al-Hasan, appelé Rifâ`ah, Ibn As-Sayyid Al-Mahdî Ibn As- Sayyid Abû Al-Qâsim 
Muhammad, Ibn As-Sayyid Al-Hasan Ibn As-Sayyid Al-Husayn, Ibn As-Sayyid Ahmad, Ibn As-Sayyid Mûsâ Ath-Thânî, Ibn As-Sayyid Ibrâhîm Al-Murtadâ, Ibn As-Sayyid Mûsâ Al-Kâdhim, Ibn As-Sayyid Ja`far As-Sâdiq Ibn As-Sayyid Muhammad Al- Bâqir, Ibn As-Sayyid `Alî Zayn Al-`Âbidîn, le fils de l’Imâm des martyrs Al-Husayn, le petit- fils du Messager de Dieu, paix et bénédiction de Dieu sur lui.

Education religieuse

L’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î naquit pendant le mois béni de Rajab en 512 A.H. (1118 E.C.) dans le village de Hasan, affilié à Wâsit en Iraq. A-t-il vu son père ? La question n’est pas tranchée. Selon une opinion, son père s’est dirigé vers Bagdad et y mourut en 519 A.H., alors que le jeûne A hmad Ar-Rifâ`î n’avait que sept ans 1. Toutefois selon l’opinion dominante, le père de l’Imâm Ar-Rifâ`î est décédé avant même sa naissance.
Sevré dans le berceau de l’orphelinat, le jeûne Ahmad Ar-Rifâ`î fut éduqué par son oncle maternel, le grand ascète et dévot, Sheikh Mansûr Al-Batâ’ihi. Pendant son enfance, son oncle – Sheikh Mansûr Al-Batâ’ihi – le conduisit chez le savant du Hadîth, Sheikh `Alî Abû Al-Fadl Al-Wâsitî Al-Muqrî, qui devint l’un des plus grands Sheikhs de l’Imâm Ar-Rifâ`î.
L’Imâm Ar-Rifâ`î s’attela à l’apprentissage des sciences islamiques, notamment auprès du Sheikh `Alî Abû Al-Fadl Al-Wâsitî à la mosquée de Wâsit. Son étoile brilla dans sa jeunesse et il fut distingué dans les cercles de science par sa modestie, ses nobles manières et son savoir.
Sheikh `Ali Abû Al-Hasan Al-Wâsitî dit dans « Khulâsat Al-Iksîr » : « Ar-Rifâ`î étudia les diverses sciences islamiques pendant vingt ans. Après avoir acquis avec maîtrise les connaissances et les sciences, après avoir gravi les échelons du savoir et de la compréhension, il obtint une ijâzah 2 générale de son Sheikh, le Muhaddith 3 de Wâsit, aussi bienpour les sciences de la Législation que pour celles de la Tarîqah 4. Il avait dépensé ses efforts pour assimiler ces sciences et y goûter en compagnie de son professeur `eut ce degré élevé dans divers domaines et qu’il en eut une grande maîtrise, distingué par ses efforts et son érudition, son oncle maternel – Sheikh Al-Bâz Al-Ashhab (le Faucon Gris) 5 – lui donna une ijâzah dans la Tarîqah et lui transmit la cape qu’il méritait. Après l’avoir vêtu de la cape, son oncle maternel lui ordonna de séjourner à Umm `Ubaydah, dans le Ruwâq 6 des Ansârs. C’est dans ce Ruwâq que fut enterré son grand-père maternel, Sheikh Yahyâ An- Najjârî Al-Ansârî. A peine a-t-il séjourné un an dans ce Ruwâq, appelant à Dieu et éduquant ses disciples, que son oncle maternel, Sheikh Mansûr, retourna à Dieu ». L’Imâm Ahmad Ar- Rifâ`î avait alors vingt-huit ans. De ce fait, les chaînes initiatiques de l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î passent essentiellement par son Sheikh, le juge, `Alî Al-Wâsitî Al-Muqrî 8, son oncle maternel Sheikh Mansûr Al-Batâ’ihî 9 et son oncle maternel Sheikh Abû Bakr Ibn Yahyâ Al-Ansârî Al-Wâsitî.

Son attachement au Coran et à la Sunnah

La caractéristique la plus saillante de l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î, que Dieu l’agrée, c’est son attachement ferme au Coran et la Sunnah de son aïeul, le Messager de Dieu, paix et bénédiction de Dieu sur lui. Il appela les gens à Dieu en mettant en pratique, tout au long de sa vie, les enseignements du Coran, l’éthique et les rencommandations du Messager de Dieu, paix et bénédictions de Dieu sur lui, avec une humilité exemplaire.
Lorsque Sheikh Abû Tâlib `Abd As-Samî` Al-Hâshmî Al-`Abbâsî lui demanda conseil, l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î lui répondit par une épître (l’Epître des Sagesses), qu’il entamma par ces mots : « Au Nom de Dieu le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux. Louange à Dieu, le Seigneur des Mondes. Que la Paix, la Miséricorde et le Salut de Dieu soient sur notre maître Muhammad, sa famille et tous ses compagnons. Que la Paix et le Salut soient sur nous et sur les pieux serviteurs de Dieu. De la part du serviteur insignifiant, Uhaymid 10, au révérend Sheikh, notre frère, `Abd As - Samî` Al-Hâshimî…que Dieu soit pour nous, pour lui et pour tous les musulmans. Âmîn.
Ô mon frère, je te recommande la crainte révérentielle (taqwâ) envers Dieu et l’attachement à la Sunnah de Son Messager, paix et bénédictions de Dieu sur lui. J’aimerais que tu accordes les plus grands soins à mon exhortation que voici, car, par la Volonté de Dieu, elle est bénéfique pour toi et pour tes semblables. Surtout, ne la confie pas à ceux qui ne la méritent pas et ne lui fais pas du tort.
Ô Abd As-Samî`, lorsque lefaqîr 11, triomphe pour lui-même, il récolte peine et fatigue. Mais, lorsqu’il s’en remet à Dieu pour toute affaire, Dieu lui donne la victoire, sans famille, ni tribu. »
Il dit aussi dans l’Epître des Sagesses : «Toute prétendue vérité qui contredit la législation n’est qu’une hérésie (zandaqah) » et «le walî (bien-aimé et allié de Dieu) est celui qui s'attache complètement à la tradition du Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui, et qui agrée Dieu comme Allié. Quiconque s'attache fermement à Dieu est élevé et quiconque compte sur quelqu'un en dehors de Dieu sera humilié ».
La qualité essentielle du Sheikh, selon l’Imâm Ar-Rifâ`î, c’est d’aider ses disciples par la grâce de Dieu à s’éduquer par le Coran et la Sunnah : « Le Sheikh c'est celui qui t'attache à Coran et à la Sunnah et qui t’éloigne des innovations.

L'apparence (dhâhir) du Sheikh c'est le 12 shar` et son for intérieur (bâtin) est le shar`. La voie c'est la sharî`ah». Appelant ses élèves à méditer les signes divins que recèle le Noble Coran, Ar-Rifâ`î disait : « Le Coran est l'Océan de toutes les sagesses. Mais où est l'oreille qui saisit? » « Quiconque ne pèse pas ses paroles, ses actes et ses états, à tout moment, par le Livre et la Sunnah, et qui n'accuse pas ses pensées, n'est pas inscrit chez nous dans le recueil des hommes considérés». 13 « Mordez sur la Législation avec vos molaires, elle vous protégera» 14. Tels étaient les conseils de l’Imâm Ar-Rifâ`î à ses disciples et aux itinérants vers l’Agrément de Dieu. 


La voie de l’humilité et du dévouement

L’humilité. C’est la voie et la vie de l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î. Le cheminement vers Dieu par la voie de la pauvreté en Lui, Exalté Soit-Il, et le brisement total devant la Majesté Absolue. Tête baissée, paume tendue devant la Porte de Sa Bonté et Sa Miséricorde. Mais c’est aussi la clémence, la douceur et la bonté envers les créatures de Dieu, notamment les plus nécessiteux. Ar-Rifâ`î a marché sur les pas de notre maître le Messager de Dieu, paix et bénédictions de Dieu sur lui, si bien qu’il fut à son époque un modèle d’humilité, d’ascètisme, de scrupule, d’observance de Dieu, de cheminement vers Lui, distingué par ses nobles manières, sa spiritualité et sa science. Parmi les chemins de droiture et d’excellence qui mènent à Dieu, il en est un que l’Imâm Ar-Rifâ`î a préféré : «Je n’ai vu de chemin vers Dieu plus facile que l’humilité, la pauvreté en Lui et le brisement en glorifiant les Ordres de Dieu, en agissant avec pitié et clémence avec les créatures de Dieu et en suivant la Sunnah du Messager de Dieu, paix et bénédiction de Dieu sur lui » 15. Il n’acceptait guère d’être entouré d’artifices et de cérémonies pompeuses. Dans son assemblée comptant des milliers de personnes - entre aspirants au cheminement vers Dieu et savants -, rien ne le distinguait dans son apparence des disciples les plus simples. L’orgueil et la vanité ne connurent pas le chemin vers le cœur de l’Imâm. Il disait plutôt : «Si quelqu’un vous dit qu’il y dans le Royaume du Tout-Miséricordieux une créature plus faible que 16 Humayyid , ne le croyez pas ». 
Un jour, il vit des enfants se battre. Il s’approcha d’eux, mit fin à leur dispute et demanda à l’un d’eux : «Qui est ton père ? ». L’enfant lui dit : «Pourquoi cette curiosité ? ». Alors l’Imâm se mit à répéter la parole de l’enfant et dit : «O mon fils ! Tu m’as éduqué, que Dieu te récompense ! ». Il disait à ses élèves : «Si l’un parmi vous connaît un défaut en moi, qu’il me l’apprenne».

Il sortait que Dieu l’agrée dans la rue et attendait le passage des non-voyants pour les conduire et les aider. Et lorsqu’il voyait une personne âgée, il allait retrouver les gens de son quartier, leur recommandait d’être bienfaisants envers elle et leur rappelait les enseignements du Messager de Dieu envers les personnes âgées.
L’Imâm Ar-Rifâ`î gagnait sa vie à la sueur de son front. Il exigeait d’ailleurs que tous ses disciples aient un métier qui leur proccure une vie honorable et les dispense de tendre la main aux gens. Si un disciple souhaitait se joindre à l’assemblée de l’Imâm Ar-Rifâ`î alors qu’il n’avait aucun travail, l’Imâm se chargeait de lui trouver un métier. L’Imâm gagnait sa vie en tant que bûcheron, et il mettait son métier au service des pauvres et nécessiteux, sans contre partie. De retour d’un voya ge, lorsqu’il approchait de son village, Umm `Ubaydah, l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î se ceinturait et sortait une corde qu’il gardait sur lui. Il rassemblait du bois, le serrait avec la corde et le portait sur sa tête. Voyant cela, ses élèves et compagnons en faisaient autant. C’est ainsi qu’ils rentraient avec une charge conséquente de bois qu’ils distribuaient aux veuves, indigents, malades, orphelins, non-voyants et personnes âgées. Il disait : «Agrée Dieu et dors satisfait de Lui, tu auras la sécurité. N'a point senti le parfum de la gnose celui qui s'enorgueillit par son père, sa mère, son oncle maternel et paternel, sa fortune et ses hommes. Celui qui se regarde avec estime, n'a aucune estime auprès de Dieu. Quiconque adore Dieu, fut-ce avec toute l'adoration des humains et des djinns réunis, si son cœur porte le poids d'un atome d'orgeuil, il sera l'ennemi de Dieu et l'ennemi de Son Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui ». Il disait aussi : « Le Soufi, c'est celui qui s'est purifié si bien qu'il ne voit pour lui-même aucun privilège sur autrui » 17. 

Dans sa lettre connue sous le nom Al-Hikam Ar-Rifâ`iyyah, il cita ces paroles du noble juriste,
Sayyidî l’Imâm Ash-Shâfi`î :
- « Les piliers de la dignité sont au nombre de quatre : la bonne éthique, l'humilité, la générosité et le fait de contrarier son ego. »
- « L'humilité engendre l'amour, le contentement engendre le repos ».
L’Imâm Ar-Rifâ`î disait : «Quiconque s’élève orgueilleusement au-dessus des créatures de Dieu se retrouve rabaissé auprès du Créateur. Quiconque traite les serviteurs de Dieu avec orgueil perd l’Estime du Seigneur Adoré».18 Il exhortait les musulmans en disant : «La science est une lumière, l’humilité est un bonheur » 19.

Joyaux de ses Exhortations

Les exhortations de l’Imâm Ar-Rifâ`î étaient chargées en vérités. Des mots concis qui secouent l’audience, précipitent les larmes et ressourcent le cœur. Il disait, que Dieu lui fasse miséricorde : «Quiconque frappe à la Porte, en toute soumission, la Porte de l’Agrément lui sera ouverte. Quiconque pénètre les Lieux avec brisement, s’installera dans la demeure de la gloire»20. Soumission à Dieu et humilité avec Lui. L’humilité avec les gens doit se faire avec dignité et honneur et ne doit aucunement viser quelque bien éphémère en la possession d’autrui. 

Dans un de ses discours, l’Imâm Ar-Rifâ`î exhorta l’audience en ces termes : « O mon fils, l'ici-bas est une illusion et ce qu'il renferme est voué à la disparition. O mon fils, l'énergie des fils de l'ici-bas est pour l'ici-bas, mais celle des fils de l'Au-delà est pour l'Au-delà.
O mon fils, préserve-toi du mauvais compagnon, afin que tu ne lui parles pas avec le regret de cette compagnie le Jour où tu comparaîtras devant Dieu.
O mon fils, ce que tu manges disparaît, ce que tu portes s'use, mais ce que tu fais, tu iras à sa rencontre. Se diriger vers Dieu est une sentence irrévocable, se séparer des bien-aimés est une promesse incontournable. L'ici-bas est à son commencement une faiblesse et une paresse et dans son dénouement, une mort et des tombes. Si ses habitants étaient restés, leurs habitatations ne seraient pas devenues des ruines 21. Attache donc ton coeur à Dieu, détourne-toi de tout ce qui est autre. Soumets-toi à Lui pleinement dans tous tes états. Fais que ton comportement dans la voie des pauvres en Dieu soit l'humilité. Fais preuve de rectitude par le service selon les principes de la Loi et préserve ton intention de la souillure des insufflements du mal. Empêche ton coeur de pencher vers les passions des gens. Mange du pain sec avec de l'eau salée que tu auras pris de la Porte de Dieu (i.e. de façon licite), mais ne mange pas une viande tendre et du miel d'une porte autre que celle de Dieu.  Attache-toi à une cause licite pour gagner ta vie dans le respect de la shari`ah et délaisse la ruse.O mon fils, surtout ne brise jamais le coeur des pauvres, malheur à toi si tu le fais. 
Honore tes liens de parenté et sois généreux avec tes proches. (…). Ne fréquente pas les portes des vizirs et des gouverneurs. Visite fréquemment les pauvres et les tombes.
Sois miséricordieux avec les gens lorsque tu leur parles et parle-leur selon la capacité de leur esprit. Améliore tes manières, sois de bonne humeur avec les autres et écarte- toi des ignorants. Réponds aux besoins des orphelins et sois généreux à leur égard. Visite fréquemment les délaissés parmi les pauvres. Dirige-toi vers le service des veuves et sois miséricordieux pour que tu sois englobé dans la Miséricorde.


Il demandait aux aspirants à la voie de la purification du cœur de donner le bon exemple et d’être de bon conseil : «Le pauvre en Dieu est en droit d’être un modèle et un Imâm pour les gens. Il convient donc que le pauvre en Dieu ait des paroles conformes à la noble législation muhammadienne. Il ne doit guère être parmi les têtes ignorantes que les gens ont pris pour chefs, car ceux-là se sont égarés et ont égaré les autres». Il dit aussi : «Si le pauvre en Dieu est interrogé, il ne doit pas répondre précipitamment. Sa réponse doit résulter d’une réflexion et d’une méditation» et «Lorsque le pauvre en Dieu parle, ses propos doivent comporter
sagesses et bénéfices». rectitude par le service selon les principes de la Loi et préserve ton intention de la souillure des insufflements du mal. Empêche ton coeur de pencher vers les passions des gens. Mange du pain sec avec de l'eau salée que tu auras pris de la Porte de Dieu (i.e. de façon licite), mais ne mange  pas une viande tendre et du miel d'une porte autre que celle de Dieu. 


Perles de ses Sagesses

Nous proposons ici quelques extraits de la lettre que l’Imâm Ar-Rifâ`î envoya à Sheikh `Abd As-Sam`î Al-Hâshimî, lorsque celui-ci demanda à l’Imâm Ar-Rifâ`î de lui adresser un conseil synthétique, indiquant la voie de la droiture et le chemin du succès. Cette lettre devint celèbre sous le titre « Al-Hikam Ar-Rifâ`iyyah », « Les Sagesses Rifâ`iyyah ». Les citations suivantes sont autant de sagesses à méditer. Quiconque espère réformer son cœur y trouvera une subsistance bénéfique.
« Ô toi dont les souffles sont comptés, un jour le compte s'achèvera, et viendra un jour sans soir, et un soir sans lendemain » 

« La lourdeur de l’agonie est le premier pont vers la connaissance de Dieu pour les voilés.
C’est pour cela qu’il nous a été dit : « Mourrez avant de mourir ». L’arrivée de la mort déchire les voiles. On dit : « les gens sont endormis. Lorsqu’ils meurent, ils se réveillent». »
«Repens-toi pleinement du regard orgueilleux que tu portes sur toi-même, sur ta généalogie ou ta famille. Celui qui est ralenti par ses œuvres ne sera pas secouru par sa généalogie. Entretiens affectueusement les liens de parenté du Messager de Dieu, paix et bénédiction de Dieu sur lui, et honore ses proches, car le collier de ses bienfaits entoure notre cou. « Dis: ‹Je ne vous en demande aucun salaire si ce n'est l'affection eu égard à nos liens de parenté›. » 23 Aime véridiquement tous ses compagnons, que l’Agrément et le Salut de Dieu soient sur eux, car ce sont les luminaires de la guidance et les étoiles à suivre». « Le walî (bien-aimé et allié de Dieu) est celui qui s'attache complètement à la tradition du Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui, et qui agrée Dieu comme Allié. Quiconque s'attache fermement à Dieu sera élevé et quiconque compte sur quelqu'un en dehors de Dieu sera humilié. ».

« Le signe de la personne sensée, c'est qu'elle fait preuve de patience dans la dure épreuve, elle se comporte humblement dans l'aisance, elle choisit le plus prudent et demande l'Agrément du Bâqî (Permanent), Exalté et Glorifié Soit-Il. Le signe du gnostique, c'est de cacher son état spirituel, d'être véridique dans ses dires, et de se délivrer des espoirs en l'ici-bas. L'ici-bas et l'au-delà sont entre deux mots : la raison et la religion. »
« La science c'est ce qui t'élève de la station d'ignorance et qui t'écarte de l'état d'orgueil ».
«Le chien de l’ici-bas n’en possèdera pas le cadavre ».
« Il se peut que le menteur soit suivi, que le véridique soit délaissé, que les claquements des sandales se multiplient autour des orgueilleux nourris d'illusions et que les gens s'éloignent des abandonnés. Ne t'étonne pas de cela. L'ego aspire à la coupole décorée, à la tombe ornée, au grand ruwâq, de même que l'ego trouve agréable le Sheikh avec un grand turban et de vastes manches, entouré de beaucoup de gens à son service.l'énergie spirituelle de ton coeur, et non l'énergie de ton ego, pour fendre ces voiles. Dis à ton être: si d'un côté, tu vois le Messager de Dieu, paix et bénédiction de Dieu sur lui, sur un tapis en paille et que celui-ci a laissé des traces sur son noble flan, et que les gens de sa maison, que l'Agrément de Dieu et Son Salut soient sur eux, sont sans nourriture ni entourés de gens à leur service, et si, de l'autre, tu vois Chosroês sur son lit, où sont incrustés les joyaux et les pierres précieuses, et les gens de sa maison coulent dans les délices et la profusion, entourés de gens à leur service, dis à ton être, où voudrais-tu être et vers quel groupe te diregerais-tu? ».  

Nectar de sa gnose

“Hâlat Ahl Al-Haqîqah ma`a Allâh”, “l’Etat des Gens de la Vérité avec Dieu” est un ouvrage précieux regorgeant de paroles de l’Imâm Ar-Rifâ`î au sujet du Tawhîd 24, l’éthique et la connaissance spirituelle (ma`rifah) par excellence. Chacun des quarante chapitres du livre est constitué d’un commentaire spirituel d’un hadîth du Messager de Dieu. Aux propos mystérieux, hermétiques, voire déroutants, l’Imâm Ar-Rifâ`î préférait des mots clairs, simples, beaux en apparence et riches en sens. Il dit au début du chapitre 1 : «Le Sheikh, l’Imâm, le maître-récitateur, le juge, l’homme de confiance, `Alî Abû Al- Fadl Al-Wâsitî nous a rapporté dans son école à Wâsit, selon Abû `Alî Al-Hasan Ibn `Alî Ibn Al-Muhadhab, d’après Abû Bakr Ibn Ahmad Ibn Ja`far Al-Qatî`î, selon `Abd Allâh Ibn Ahmad Ibn Hambal, selon son père, selon Qutaybah Ibn Sa`îd Ibn Al-Layth Ibn Sa`d, selon Ibn Al-Hâdî, selon Muhammad Ibn Ibrâhîm Ibn Al-Harth Ibn `Âmir Ibn Sa`d, d’après Al-`Abbâs Ibn `Abd Al-Muttalib, il a entendu le Messager de Dieu, paix et bénédictions de Dieu sur lui, dire : «A goûté à la saveur de la foi (îmân) celui qui agrée Dieu comme Seigneur, l’Islam comme religion et Muhammad, paix et bénédiction de Dieu sur lui, comme Messager». Cette gustation, qui émane de cette satisfaction, c’est la connaissance de Dieu, Exalté et Glorifié Soit-Il. La gnose est une lumière que Dieu, Exalté et Glorifié Soit-Il, loge 24 dans le coeur de ceux qui aime parmis Ses serviteurs
 Rien n’est plus noble et grand que cette lumière. La vérité de la gnose c’est la vie du cœur par le Revivifiant (Al- Muhyî). (…)

Celui dont l’ego meurt, l’ici-bas s’écarte de lui et celui dont le cœur meurt, son Seigneur s’éloigne de lui. On demanda à Ibn As-Sammâk : «Quand le serviteur sait-il qu’il a atteint la vérité de la connaissance ? ». Il dit : «Lorsqu’il contemple le Vrai avec l’œil de la considération, absent (fânî ) à tout ce qui est autre que Lui ».
On dit que la gnose c’est le fait de cesser de voir tout ce qui est autre que Lui, si bien que tout ce qui est autre que Dieu semble plus petit que le grain de moutarde. (…) Le soleil du cœur du gnostique est plus lumineux que le soleil du jour. Il est plus brillant que celui-ci lors du jaillissement des lumières : Le soleil de celui qui T’aime se leva la nuit, il s’éclaira et ne se couchera jamais. Le soleil du jour se couche le soir, mais les soleils des cœurs n’ont guère de coucher.

Selon Dhu’n-Nûn : « L’observation des secrets par le Vrai, Glorifié Soit-Il, par la continuité du flux de grâce est comme l’observation de la terre par le soleil, par la manifestation des lumières. Vous devez donc purifier vos cœurs ; ce sont les endroits qu’Il regarde et les lieux où Il loge Son Secret ». (…) » 25
D’autres passages de « Hâlat Ahl Al-Haqîqah ma`a Allâh » apportent un éclairage supplémentaire sur la gnose, du point de vue de l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î : « La connaissance spirituelle est telle un arbre qu’un roi plante dans son jardin. Ses joyaux sont précieux, ses branches sont chargées de fruits, ses fruits sont savoureux, son feuillage est abondant, ses branches sont délicates, sa terre est pure, son eau est douce et son parfum est exquis. Son propriétaire veille sur lui en raison de sa noble valeur. Il est heureux de sa beauté florissante. Il en écarte la maladie et les maux. Il en est de même pour l’arbre de la ma`rifah (connaissance spirit Il, le plante dans le jardin du cœur de son serviteur croyant ».

« Le `ârif (gnostique) est muni de quatre ailes : les ailes de la peur, l’espérance, l’Amour et la langueur fervente (shawq). Par l’aile de la peur, il ne cesse de fuir, sans répit. Par l’aile de l’espérance, il ne cesse de demander, sans répit. Par l’aile de l’Amour, il ne cesse de se réjouir, sans répit. Par l’aile de la langueur fervente, il ne cesse de s’épuiser, sans répit ».
« Quiconque est pour Dieu, Dieu est pour lui ; c’est-à-dire, quiconque est soumis à l’Ordre de Dieu, Dieu le soutient dans ses affaires et quiconque mentionne Dieu, Dieu le mentionne ».
« La connaissance de l’ego est un des fondements de la servitude. Hélas, peu de gens le connaissent et rares sont ceux qui espèrent le connaître ».
 « Sache que le serviteur est entre Dieu et Ses créatures. S’il se détourne de Lui et se retourne vers eux, il perd toute vérité et devient abandonné, privé et humilié. Mais s’il se retourne vers Lui et se détourne d’eux, Dieu le rapproche et le fait atteindre Sa Proximité ». 
« Sache que toutes les créatures sont pauvres et ont besoin de Dieu Exalté Soit-Il.
Elles sont captives sous le signe de Sa Volonté et faibles devant Sa Science et Son Omnipotence.
Elles ne peuvent, pour elles-mêmes ou pour autrui, ni le bien ni le mal, ni l’honneur ni l’humiliation, ni la vie ni la mort ». On trouvera également dans Al-Hikam Ar-Rifâ`iyyah quelques perles de sa gnose dont voici quelques-unes : « L’âme du corps de la gnose c’est l’attention permanente, un for intérieur sain, un cœur miséricordieux et un pas ferme ». 
«Les effluves des dons divins dépassent l’entendement et les illusions de l’imagination. Quiconque sait que Dieu fait ce qu’Il veut, s’en remet à l’Omnipotent et pose son front sur la terre de la soumission. Lorsque toutes les vérités se manifestent, on lit dans leurs registres : «Toute chose périt, sauf Sa Face ». Si tu regardes les orbites de l’univers, tu verras qu’elles sont entourrées d’incapacité, tu verras qu’elles manifestent leur pauvreté, et à ton Seigneur appartiennent la Force et la Puissance, la Richesse et l’Ominpotence». 26
« La connaissance de Dieu appartient à diverses catégories. La plus grandiose consiste à glorifier les Ordres de Dieu. » 27

Un Imâm et un réformateur du Tasawwuf

L’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î est une référence incontournable du Tasawwuf, basé sur l’ascètisme, la dévotion et la purification de l’âme conformément au Coran et la Sunnah. Ses prêches, ses enseignements, son éducation pour ses disciples, sa science et sa droiture firent de lui le Sheikh des cheminants vers Dieu à son époque, et depuis, des milliers de musulmans se sont attachés à son école spirituelle, et Seul Dieu connaît le n à cette école de purification sunnite à travers le monde. Si l’Imâm Ar-Rifâ`î appelle à la pauvreté en Dieu, l’humilité envers Lui, la purification de l’âme, l’attachement total à ce que Dieu aime et agrée, il est également un réformateur clairvoyant et sage, mettant en garde contre les déviances et exagérations commises au nom de la spiritualité ou du Tasawwuf. Il exhortait les gens à purifier le for intérieur et l’apparent, à allier le Fiqh et le Tasawwuf, à observer les œuvres du corps et celles du cœur. Il s’agit de donner à la sharî`ah son souffle  spirirituel, mettant en valeur sa finalité, mais aussi de préserver la spiritualité par la rigueur du Fiqh qui se dresse comme rempart devant l’innovation. Il s’agit de protéger la législation de la sécheresse d’une pratique irréfléchie et entachée de maladies du cœur, tout comme il s’agit de protéger la spiritualité des passions et immodérations. Il disait à ses élèves et disciples : 

"Sois un soufi pur, ne sois pas un soufi hypocrite, car alors tu périras. Le Tasawwuf (soufisme) consiste à se détourner de tout ce qui est autre que Dieu (i`râd `an ghayr'illâh), ne pas préoccuper son esprit par la réflexion sur l'Essence de Dieu, compter sur Dieu en toute chose et s'abandonner en toute confiance à Sa Volonté, lancer les rènes de l'état dans la Porte du tafwîd 28, attendre que la Porte de la Générosité s'ouvre, compter sur la Bonté Infinie d'Allâh, craindre Allâh à tout moment et avoir une haute estime de Lui (husn adh-dhann bihi) dans toute situation.
Ne dites pas ce que disent certains prétendants au Tasawwuf : « nous sommes les gens de l'intérieur et ils sont les gens de l'apparent »... Cette religion est complète ; son intérieur est le coeur de son apparent et son apparent est l'enveloppe de son intérieur. Sans ce qui est apparent, elle n'aurait pu avoir un intérieur et sans lui, il n'aurait pu être et n'aurait été correct. Le coeur ne peut vivre sans corps. Sans le corps il périt. Le coeur est la lumière du corps. Cette science que certains ont appelé la science de l'intérieur, consiste à réformer et purifier le coeur. La condition première est l'accomplissement des piliers et l’établissement de la foi dans le coeur. Si ton coeur renferme la bonne intention, s’il est pur en son for intérieur, mais que tu tues, tu voles, tu forniques, tu manges l'usure, tu bois le vin, tu ments, tu es orgueilleux, tu parles de façon rude : quel est donc l'intérêt de ton intention et ta purification?! D'autre part, si tu adores Dieu, si tu fais preuve d'abstinence et de continence, si tu observes le silence, si tu te montres véridique et humble, alors que Lorsque tu vois que l'intérieur est l'essence de l'apparent et que l'apparent est l'enveloppe de l'intérieur, qu'il n'y a aucune divergence entre eux et que l'un ne peut se passer de l'autre, dis : nous sommes des gens de l'apparent - et c'est comme si tu avais dit : « et nous sommes des gens de l'intérieur » - et dis : « nous sommes des gens de l'apparent de la sharî`ah ». […] 

Ne considérez pas la dissociation entre l'intérieur et l'apparent et n'essayez pas de les dissocier, car cela est une déviance et une innovation. Ne négligez pas les droits des savants et des juristes, car cela est un signe d'ignorance et de la douceur du savoir en abandonnant l'amertume de l'œuvre. Cette douceur n'est guère
utile sans cette amertume et cette amertume mène à la douceur éternelle : "Vraiment, Nous ne laissons pas perdre la récompense de celui qui fait le bien". C’est là un témoignage coranique de la rétribution pour les oeuvres. » 29. Il disait aussi : « Le Soufi, c'est celui qui s'est purifié si bien qu'il ne voit pour lui-même aucun privilège sur autrui » 30. Il n’a cessé d’insister sur le lien étroit et indispensable entre la spiritualité et la législation : « Le Sheikh c'est celui qui t'attache au Coran et la Sunnah, et qui t'éloigne des choses introduites dans la religion et des innovations. L'apparence (dhâhir) du Sheikh c'est le shar` (la législation islamique) et son for intérieur (bâtin) est le shar`. La voie c'est la sharî`ah. 

Cette cape (khirqah) a été souillée par un menteur qui a dit : le for intérieur diverge avec l'apparent. Le gnostique quant à lui dit : le for intérieur est le coeur de l'apparent et son noyau 31 pur» . Il décrit quelques caractèristiques du Soufi en disant : «Le Soufi s’écarte des illusions et des doutes. Il affirme l’Unicité de Dieu dans Son Être, Ses Attributs et Ses Actes, car nul et rien n’est comme Lui » et «Le Soufi ne suit d’autre voie que celle du Messager Honoré, paix et bénédiction de Dieu sur lui. Ainsi base-t-il tous ses gestes sur ceux du Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui » 32. 

Fondements de son Ecole Spirituelle

Qu’est-ce que la tarîqah ? La tarîqah, ou voie, par essence, n’est autre que l’application sincère et humble des enseignements du Coran et de la Sunnah, pour cheminer vers l’Agrément de Dieu et pour atteindre les sentiers de l’excellence. De façon très synthètique, l’Imâm Ar-Rifâ`î disait : «La voie, c’est la Législation.»33.
« Ma voie est une religion sans innovation, une énergie sans paresse, des actes dépourvus d'hypocrisie, des oeuvres faites pour l’Agrément de Dieu, une âme dépourvue de viles passions, et un coeur plein d'Amour » 34. « Le pauvre en Dieu est sur la voie (at-tarîq), tant qu'il applique la Sunnah. Si jamais il dévie de la Sunnah, il s'égare de la bonne voie. » 35 « Quiconque ne pèse pas ses paroles et ses actes, à tout moment, par le Livre et la Sunnah, et qui n'accuse pas ses pensées, n'est pas inscrit chez nous dans le recueil des hommes considérés » 36. « La voie est bâtie sur la véridicité, la sincérité, les bonnes manières et la générosité. Invoque Dieu très souvent avec les formules rapportées du Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui, écarte-toi de la voie de la renommée, agis très humblement avec le pauvre occulté et compte-toi du nombre des gens des tombes». La science, la rigueur, l’éthique et la spiritualité de l’Imâm Ar-Rifâ`î sont à l’origine de l’école de purification et de dévotion qui s’est constituée autour de lui, comptant de son vivant et après sa mort, des milliers de musulmans répandus dans le monde, notamment en Iraq, en Egypte et en Syrie. Si parmi les musulmans qui se sont réclamés de l’école spirituelle de l’Imâm Ar-Rifâ`î certains n’ont pas honoré cette filiation en agissant avec ignorance ou déviance, nous affirmons, le cœur serein et apaisé, que la voie de l’Imâm Ar-Rifâ`î, ou celle d’un autre grand Sheikh, ne se mesure pas à l’œuvre des faux-prétendants, mais elle se trouve dans son œuvre, ses enseignements et les exhortations des savants qui ont transmis cette école de génération en génération. Un jour, Ar-Rifâ`î dit à ses disciples : “Je m’innocente de celui qui m’insulte”. Ils répondirent : «Comment t’insulter alors que tu es notre Imâm? ». Il répondit : « En disant ce que je ne dis pas et en commettant ce qui est prohibé. Les gens qui verront cela diront de vous  : s’ils n’avaient pas vu ou entendu cela de leur Sheikh, ils ne l’auraient pas fait… ». L’Imâm Ar-Rifâ`î passa sa vie dans la dévotion, la science, l’enseignement, l’éducation des milliers de disciples et élèves, donnant un remarquable exemple de spiritualité et de dignité. 

Sa journée fut partagée entre l’enseignement, la direction de la prière collective, les exhortations dans son ruwâq, le service des musulmans dans son assemblée, les soins accordés à sa famille et le travail pour gagner sa vie honorablement. Il resta ainsi jusqu’à la fin de sa vie et il retourna à Dieu en 578 A.H.

Les écrits de l’Imâm Ar-Rifâ`î

La littérature islamique doit à l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î des ouvrages et épîtres précieux traitant du Tawhîd, du Fiqh et du Tasawwuf. Certains de ces ouvrages ont toutefois été perdus dans les attaques des Tatars contre Baghdad. Citons les principaux ouvrages de l’Imâm Il dit que Dieu lui fasse miséricorde : «Cette voie ne s’hérite pas du grand-père ou du père. C’est la voie de l’œuvre et de l’effort assidû, c’est la voie du respect des limites et le versement des chaudes larmes, c’est la voie de la bienséance avec Dieu. Certains ignorants ont cru que cette voie s’atteint par les paroles futiles, ou par la fortune, ou par les œuvres apparentes. Non, par Dieu ! Cette voie s’atteint par la véridicité, le brisement, l’humilité, la pauvreté envers Dieu, l’application de la Sunnah de l’Elu (paix et bénédiction de Dieu sur lui) et le délaissement de ce-qui-est-autre» 37. Par ces nobles rappels, et par sa vie, l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î montra aux aspirants à l’Au- delà la voie de la rectitude et de la bienfaisance. La littérature islamique doit à l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î des ouvrages et épîtres précieux traitant du Tawhîd, du Fiqh et du Tasawwuf. Certains de ces ouvrages ont toutefois été perdus dans les attaques des Tatars contre Baghdad. Citons les principaux ouvrages de l’Imâm Il dit que Dieu lui fasse miséricorde : «Cette voie ne s’hérite pas du grand-père ou du père. 

Les écrits de l’Imâm Ar-Rifâ`î

La littérature islamique doit à l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î des ouvrages et épîtres précieux traitant du Tawhîd, du Fiqh et du Tasawwuf. Certains de ces ouvrages ont toutefois été perdus dans les attaques des Tatars contre Baghdad. Citons les principaux ouvrages de l’Imâm :
1. Al-Burhân Al-Mu’ayyad.
2. Al-Hikam Ar-Rifâ`iyyah.
3. An-Nidhâm Al-Khâs li Ahl Al-Ikhtisâs.
4. As-Sirât Al-Mustaqîm fî tafsîri ma`ânî bismillâh Er-Rahmân Er-Rahîm. Ce livre a été perdu.
5. Ar-Riwâyah. Ce livre a été perdu.
6. At-Tarîq ila Allâh. Ce livre a été perdu.
7. Al-`Aqâ’id Ar-Rifâ`iyyah. Manuscrit.
8. Hâlat Ahl Al-Haqîqah ma`a Allâh.
9. Rahîq Al-Kawthar. Imprimé en Egypte.
10. Sharh At-Tanbîh. Il s’agit d’un commentaire en 6 volumes de l’ouvrage de Fiqh Shafé`ite écrit par l’Imâm Abû Ishâq Ash-Shîrâzî. 

Ses Prodiges

Les prodiges (karâmah) sont des bienfaits que Dieu accorde à Ses pieux serviteurs. L’Histoire islamique a enregistré, depuis l’ère des compagnons, des prodiges qui se sont manifestés pour des nobles musulmans, par la Volonté de Dieu. Nous voudrions insister sur plusieurs vérités. D’abord, la manifestation d’un fait extraordinaire qui échappe aux lois naturelles n’est pas systématiquement considérée comme une karâmah (prodige). S’il se manifeste par l’intermédiaire d’un renégat ou d’un hérétique, c’est un istidrâj - un état diabolique et une épreuve supplémentaire qui mène à la perte de ce pécheur. Le prodige est conditionné par la piété de la personne. L’Imâm Ar-Rifâ`î disait : « Si vous voyez un homme voler dans les airs alors qu’il ne respecte pas le shar` (loi divine) dans quelque injonction, alors battez-le avec vos sandales, car il se peut que ce soit un diable » 38. Et il insistait encore sur ce point en disant : «Si tu vois un homme voler, ne le considère pas jusqu’à ce que tu pèses ses paroles et actes par la balance du shar`» 39. Telle est la balance juste. Par ailleurs, la manifestation de prodiges n’est pas une condition nécessaire pour la piété. Assurément, la piété et la droiture constituent la plus grande karâmah que Dieu attribue à Ses serviteurs. Il se peut que Dieu n’accorde pas de prodiges à un homme pieux et savant. Et la manifestation d’un prodige pour un Sheikh n’est pas une preuve de sa prééminence sur les autres.
Enfin, pour l’Imâm Ar-Rifâ`î, et les autres savants considérés, l'objectif même de l'itinérant n'est pas de manifester des prodiges (karâmât), mais de cheminer vers le Très-Haut sans se retourner vers quelque manifestation sur son chemin. Toute déviation du regard lui fait oublier le but de sa quête et l'éloigne de ce pour quoi il a cheminé - l'Agrément de Dieu. Vouloir manifester des prodiges est en soi un voile. Il s'agit pour l'itinérant sincère de vider le cœur de tout ce qui est autre, pour y loger en permanence l'observance de associés, et la contemplation des signes de Sa Majesté à travers Sa création. Selon l’Imâm Ar- Rifâ`î, le walî
doit occulter ses prodiges au mieux40, et il doit redoubler de crainte révérentielle de Dieu lorsqu’Il les lui accorde. Les prodiges sont des dons de Dieu, le Détenteur de la Générosité Infinie, Le Pourvoyeur. Ce sont aussi des miracles pour le Prophète car ils apparaissent par ses disciples et ceux qui ont suivi le Message Divin qu’il a transmis. 

Si les prodiges que Dieu a accordés à l’Imâm Ar-Rifâ`î sont nombreux, il en est un qui dépasse tous les autres par sa noblesse et son haut degré d’authenticité, établi par de grands Imams du Hadîth et du Fiqh. Lorsque l'Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î a atteint avec une grande assemblée Médine lors de la saison du pèlerinage en l’an 555 A.H., il se dirigea vers la chambre prophétique et salua le Messager de Dieu en disant : «Que la paix et le salut soient sur toi ô grand-père ! » . On entendit dans la mosquée le Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui, lui dire : « Que la paix et le salut soient sur toi mon fils ». L’Imâm Ar-Rifâ`î pâlit, se mit à
trembler, s’agenouilla en versant de chaudes larmes et dit des vers devenus célèbres : « Dans l'éloignement, j'envoyais mon âme à ma place pour embrasser cette terre Et voilà que le monde des esprits est présent, tends-donc tes mains pour que mes lèvres la  reçoivent » Sous les yeux des témoins, en cette saison de pélerinage, Dieu a accordé ce grand privilège à l'Imâm Ar-Rifâ`î.



1 C’est l’opinion que mentionne le Sheikh Iraqien Yûnus As -Samarâ’i dans son livre «As-
SayyidAhmadAr-Rifâ`î».
2 Certificat d’un Sheikh accordé à un disciple pour valider son parcours dans les sciences
islamiques et l’autoriser à transmettre le savoir.
3Savant du Hadîth.
4 Tarîqah désigne la voie de l’ascétisme, la dévotion, l’éducation et la purification de l’âme.
5 Ce surnom, « Faucon Gris », est également attribué au grand Sheikh hambalite, Abd Al-Qâdir
Al-Jîlânî Al- oHasanî.
6 Centre de dévotion et d’ascétisme.
7 L’Imâm a reçu d’autres chaînes de transmission du Hadîth par Sheikh Abû Muhammad
Ahmad Ibn `Abd Allâh Ibn Al-Husayn Ibn Ahmad Ibn Ja`far Al -Âmidî Al-Wâsitî, Sheikh
Muhammad Ibn `Abd As-Samî` Al-`Abbâsî Al-Hâshimî Al-Wâsitî, Sheikh Abû Al -Fath
Muhammad Ibn Abd Al-Bâqî Ibn Ahmad Ibn Salmân, Sheikh Abû Ghâlib `Abd Allâh Ibn
Mansûr, Sheikh Abû Tâlib Muhammad Ibn `Alî et Sheikh Abd Al-Malik Ibn Al-Husayn Ibn
Maymûn Ibn Al-Husayn Al-Harbûnî Al-Wâsitî.

8 La chaîne initiatique de l’Imâm Ar -Rifâ`î : l’Imâm Ar-Rifâ`î, selon son Sheikh `Alî Al-Wâsiti
Al-Muqrî, selon Ibn `Alî Ar-Ruzbâdî, selon `Alî Al -`Ajamî, selon Abû Bakr Ash-Shiblî, selon
Al-Junayd Al-Baghdâdî, selon Ma`rûf Al-Karkhî, selon Dâwûd At-Tâ’î, selon Habîb Al-`Ajamî, selon l’Imâm Abû Sa`îd Al-Hasan Al-Basrî, selon l’Imâm Alî Ibn Abî Tâlib, que Dieu les agrée tous.
9 L’autre chaîne initiatique de l’Imâm Ar -Rifâ`î : l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î, selon son oncle
maternel Sheikh Mansûr Al-Batâ’ihi Ar-Rabbânî, selon oncle paternel Abû Sa`îd Al -Bukhârî Al-Ansârî, selon Abû Al -Qarmadhî, selon Abû Al-Qâsim As-Sandarsî Al-Kabîr, selon Abû Muhammad Duwayyim Al -Baghdâdî, selon l’Imâm Al- Junayd Al-Baghdâdî, selon son oncle maternel Sarî As -Saqtî, selon Sayyidî Ma`rûf Al-Karkhî, selon l’Imâm `Alî Ar-Ridâ, selon son père Sheikh Abû Al -Hasan Mûsâ Al -Kâdhim, selon son père l’Imâm Ja`far As -Sâdiq, selon son père As-Sayyid Muhammad Al-Bâqir, selon son père l’Imâm `Alî Zayn Al -`Âbidîn, selon son père l’Imâm Al-Husayn, selon son père l’Imâm `Alî Ibn Abî Tâlib, que Dieu les agrée tous.
10 Uhaymid : diminutif de Ahmad. Souvent l’Imâm Ahmad Ar -Rifâ`î s’appelait « Uhaymid »
ou « Humayyid », qui sont des diminutifs de son prénom, Ahmad. Il disait aussi de lui-même :
«Humayyid Al-Lâsh », que l’on pourrait traduire par « Humayyid le moins que rien » ou «
Humayyd le rien du tout ».
11faqîr : pauvre en Dieu.

8 La chaîne initiatique de l’Imâm Ar -Rifâ`î : l’Imâm Ar-Rifâ`î, selon son Sheikh `Alî Al-Wâsiti
Al-Muqrî, selon Ibn `Alî Ar-Ruzbâdî, selon `Alî Al -`Ajamî, selon Abû Bakr Ash-Shiblî, selon
Al-Junayd Al-Baghdâdî, selon Ma`rûf Al-Karkhî, selon Dâwûd At-Tâ’î, selon Habîb Al-`Ajamî, selon l’Imâm Abû Sa`îd Al-Hasan Al-Basrî, selon l’Imâm Alî Ibn Abî Tâlib, que Dieu les agrée tous.
9 L’autre chaîne initiatique de l’Imâm Ar -Rifâ`î : l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î, selon son oncle
maternel Sheikh Mansûr Al-Batâ’ihi Ar-Rabbânî, selon oncle paternel Abû Sa`îd Al -Bukhârî Al-Ansârî, selon Abû Al -Qarmadhî, selon Abû Al-Qâsim As-Sandarsî Al-Kabîr, selon Abû Muhammad Duwayyim Al -Baghdâdî, selon l’Imâm Al- Junayd Al-Baghdâdî, selon son oncle maternel Sarî As -Saqtî, selon Sayyidî Ma`rûf Al-Karkhî, selon l’Imâm `Alî Ar-Ridâ, selon son père Sheikh Abû Al -Hasan Mûsâ Al -Kâdhim, selon son père l’Imâm Ja`far As -Sâdiq, selon son père As-Sayyid Muhammad Al-Bâqir, selon son père l’Imâm `Alî Zayn Al -`Âbidîn, selon son père l’Imâm Al-Husayn, selon son père l’Imâm `Alî Ibn Abî Tâlib, que Dieu les agrée tous.
10 Uhaymid : diminutif de Ahmad. Souvent l’Imâm Ahmad Ar -Rifâ`î s’appelait « Uhaymid »
ou « Humayyid », qui sont des diminutifs de son prénom, Ahmad. Il disait aussi de lui-même :
«Humayyid Al-Lâsh », que l’on pourrait traduire par « Humayyid le moins que rien » ou «
Humayyd le rien du tout ».
11faqîr : pauvre en Dieu.

12 le shar` : la législation islamique
13 P 15-16, Al-Hikam Ar-Rifâ`iyyah, de l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î.
14 Al-Burhân Al-Mu’ayyad, de l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î.
15 p. 12 As -Sayyid Ahmad Ar-Rifâ`î, de Sheikh Yûnus As-Samarâ’î.
16 Diminutif que l’Imâm Ar -Rifâ`îd employait lorsqu’il parlait de lui-même.

17 Al-Hikam Ar-Rifâ`iyyah, de l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î.
18 p 6, Al-Hikam Ar-Rifâ`iyyah, de l’Imâm Ar-Rifâ`iyyah.
19 Ibid., p. 12

20 p 59, Al -Imâm Al-Kabîr Ahmad Ar-Rifâ`î, de Sheikh Mustafa Kamâl Wasfî.
21 Il y a dans les ruines des signes divins rappelant la disparition de peuples
Sois avec Dieu, tu veras qu'Il est avec toi. Fais de la sincérité ta compagne dans toutes tes
paroles et dans chacun de tes actes.» .

22 P.20 As -Sayyid Ahmad Ar-Rifâ`î, de Sheikh Yûnus As -Samarâ’î.
23 Sourate Ash-Shûrâ, verset 23

25 Extrait du premier chapitre de Hâlat Ahl Al-Haqîqah ma`a Allâh, de l’Imâm Ahmad Ar-
Rifâ`î.

26 P. 12-13 AL-Hikam Ar-Rifâ`iyyah, de l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î.
27 P. 13 Al -Hikam Ar-Rifâ`iyyah, de l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î.

28 Tafwîd : le fait de s’en remettre à Dieu.
29 Al-Burhân Al-Mu’ayyad, de l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î

31Ibid.
32Ibid.,p15.
33Al-Burhân Al-Mu’ayyad, de l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î.
34 Al-Aqtâb Ath-Thalâthah, du professeur Salâh `Azzâm, préfacé par Sheikh `Abd Al-Halîm
Mahmûd.
35 Al-Burhân Al-Mu’ayyad, de l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î.
36 p.15-16 Al-Hikam Ar-Rifâ`iyyah, de l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`iyyah
37 p. 9 Al-Hikam Ar-Rifâ`iyyah.

38 Al-Burhân Al-Mu’ayyad, de l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î
39 p. 9 Al-Hikam Ar-Rifâ`iyyah, de l’Imâm Ahmad Ar-Rifâ`î
40 Selon l’Imâm Ar -Rifâ`î, le walî occulte le prodige comme une femme occulte son
indisposition.