En préambule, qu'on nous permette de rappeler ce que nous écrivions dans notre compte rendu du livre de Jean Robin (« La France, Royaume du graal », Trédaniel, 1992) publié sur Internet ([http://www.al-simsimah,2017]
« Guénon se plaçait à un point de vue véritablement universel (contrairement à Robin) où il n'y a plus ni nations ni races (*); pour nous, son apport à un lieu doté d'une élection divine résidait essentiellement dans un lieu subtil (et non géographique) qui s'appelle « langue française »** dans son aspect ésotérique et eschatologique et qui en effet n'a rien à voir avec une quelconque « idolâtrie nationaliste », comme le dit si bien l'auteur qui, par moments, laisse échapper quelques vérités indépendantes de sa volonté! »
Ce n'est pas parce que Guénon avait dit : « il n 'y a rien de spécifiquement français dans ce que j'écris, sinon la langue » qu'il se désintéressait du Destin de la France***. Son silence apparent s'explique selon nous parce qu'il jouait discrètement son rôle de Protecteur missionné par le Centre du Monde, indiquant même par sa signature arabe (revue "the Speculative Mason", 1931) (AWY)**** qu'il était une protection, car le mot arabe « awâ » (terme coranique que l'on retrouve notamment dans la sourate 93 – « Dhuhâ ») a le sens de: asile, refuge, protection; cette sourate nous semble d'ailleurs désigner en partie la Fonction de Cheykh 'abdel-Wahed Yahya – wa 'Llahu a'lam!
Bibliographie (non exhaustive), où nous avons trouvé quelques bases de réflexions et (très rarement) quelques idées traditionnelles:
-"Charles De Gaulle, le Libérateur", Jean Soulairol, 1945
-"De Gaulle", Jean Lacouture (1965)
-"La Vè République de Ch. De Gaulle et G.Pompidou", Pierre Limagne, 1978
-"De Gaulle, les Services secrets et l'Algérie", C.Melnik, 1988
-"De Gaulle secret", François Broche, 1993
-"Les Hommes de De Gaulle", du même, 2006
-"Gouverner selon De Gaulle", Pierre Lefranc, 2008
-"De Gaulle", Eric Roussel, 2008
-"De Gaulle, la Grandeur et le Néant", Dominique Venner, 2010
-"Charles le Catholique", Gérard Bardy, 2011
(*) Ainsi, il était aussi bien opposé au Pangermanisme (celui de Schuré ou de R. Steiner) qu'au Panarabisme (à ne pas confondre avec le panislamisme). Son projet s'appelait: « Union pour une Entente intellectuelle entre les Peuples », et non union raciale ou politique.
(**) Cf. la fin de notre article sur le « Don des Langues »
(***)De Gaulle, à des intimes, parlera de façon très appropriée de sa Fonction Suprême au service de la « Mission de la France ». ("sa fonction " désigne ici De Gaulle lui-même et non Guénon.- cf. F.Broche,"Les Hommes de De Gaulle", p.128)
(****) « Ishara » évidemment non remarquée par M.Robin !
LE DESTIN DE LA FRANCE
Devançant les considérations que nous aurons ultérieurement à développer sur Jeanne d'Arc (1412-1431), nous citerons ces paroles remarquables d'un journaliste allemand:
"Jehanne a marqué la France de l'empreinte divine. Après cela, quiconque touche à la France touche à Dieu(1). Elle a changé en croisade toute intervention de la France, forçant ainsi le monde à prendre parti. Elle n'a, depuis lors, cessé de diviser les nations"(2) Friedrich Sieburg (1893-1964)
(1)C'est en Allemagne que l'on dit :"Glücklich wie Gott in Frankreich" –
(2)Quant à diviser le monde, on se souviendra de la déclaration inouïe :"Vive le Québec libre!", assénée dans le pays même ! - ( Les italiques sont de nous.)
Nul doute que cette idée a guidé De Gaulle dans sa conception du Destin et de la Mission de la France: qu'on l 'écoute ou non, la France avait son mot à dire; et qui sait si certaines paroles affirmées avec l'Autorité légitime de De Gaulle n'ont pas eu de répercussion plus tard et même encore actuellement, où beaucoup d'imposteurs ont l'outrecuidance de se réclamer de De Gaulle (cf. les 2 remarquables ouvrages de Jean-Louis Debré, un des derniers "gaullistes" de France : "Ce que je ne pouvais pas dire" et "Tu le raconteras plus tard"; 2016-2018 /Folio/poche).
Ce statut de la France, lieu privilégié, n'a cessé d'exciter les jalousies et les guerres subséquentes; il est la cause de malentendus qu'il faut dissiper avant de poursuivre plus avant . Nous disions que De Gaulle était le seul homme d'Etat à avoir distingué dans sa pensée comme dans son action la FRANCE et les "Français" : en quelque sorte, les Français sont les "locataires" de la Maison France. Le fait que la France soit un lieu "élu" n'implique absolument pas que les Français soient une "race " élue" (notion qui a causé bien des dégâts depuis 3000 ans). Rappelons en passant que dans l'Islam , la seule supériorité d'un être tient à sa piété ,et non à sa naissance ,ni à sa richesse.L'orgueil de la "race" a attisé tous les nationalismes et fait le lit de beaucoup de guerres. Autrement dit , la France est un terreau sur lesquels poussent les meilleures fleurs, lesquelles, n'en déplaise aux chauvins, sont souvent d'origine étrangère, fait qui pulvérise les prétentions des extrémistes de droite, tenants de la race blanche supérieure et de l'Europe "chrétienne", au moment où elle l'est le moins ! Et la France risque de devenir ce pays "moisi" que dénigrait un récent chef d'Etat français, valet de l'américanisation, tout en supprimant les crédits nécessaires pour que vive la Francophonie; la place vide laissée par la France dans les pays francophones (tout le Maghreb et une bonne partie de l'Afrique noire) a été vite occupée par les "Goethe-Institut, ou les Colleges américains, qui n'avaient aucun lien ni historiques ni culturels avec ces mêmes pays francophones, francophiles et bien déçus de l'être encore, mais jusqu'à quand ?...Ainsi ,les meilleurs étudiants du Tiers-Monde vont maintenant en Belgique, en Roumanie, au Canada, voire aux USA, où ils sont bien accueillis, pays bien contents de damer le pion à cette France prétentieuse et qui n'a plus guère les moyens de ses prétentions, ayant tourné complètement le dos à la conception traditionnelle de la politique instaurée par De Gaulle (ainsi le chef actuel de l'Etat français), comme nous le montrerons plus loin.
Maintenant, nous sommes bien conscients qu'il ne suffit pas d'affirmer que la France est un lieu privilégié, voire le siège d'une élection divine. On a le droit de nous demander des comptes.
Mais pour cela, il faut remonter aux origines de la monarchie française, c'est à dire à Clovis (fin du Vè siècle / env. 566-611), de son nom franc Chlod-wig (= célèbre guerrier); nous disons bien monarchie élective et non royauté, qui viendra après et qu'il ne faut pas confondre. Ce monarque n'est pas seulement le seul ("monos"), c'est surtout le meilleur ("melior inter pares", au contraire du roi qui est "primum inter pares"). C'est cette royauté, devenue héréditaire, qui sera à l'origine des dégénérescences successives, jusqu'à la fin tragique de Louis XVI et sa famille et le naufrage de l'aristocratie.
D'ailleurs, après l'interruption napoléonienne de la royauté, Louis-Philippe ( 1830-1848) ne sera pas oint (même s'il fut couronné, ce qui n'est pas la même chose) et élu par un parlement, ce qui fera de lui, non pas le roi de France, mais le roi des Français, règne qui aboutira à des émeutes et une éphémère république pour devenir un nouvel "Empire". De Gaulle qui avait toutes les capacités d'un monarque - mais qui n'était pas roi – tiendra compte de cette différence et sa Constitution, toujours debout malgré les attaques misérables des Chirac, Sarkozy..etc, aura un style régalien (par ex : le droit de grâce) convenant parfaitement à la "constitution " primordiale de De Gaulle : contrairement à ses successeurs, il aura le sens de la Grandeur, qui manquera toujours aux idolâtres de l' "american way of life", lesquels ne conçoivent que le gigantisme (condamné depuis longtemps dans certains textes sacrés sur la fin des temps), dont la démesure et le ridicule crèvent les yeux pour qui sait voir dans le sinistre quartier de la Défense.
Il y a ainsi au point de départ, une élection divine qui est symbolisée par la Sainte ampoule apportée par une colombe. Les anglais auraient, paraît-il, une prétention analogue concernant un de leurs rois. Mais on ne nous fera pas croire que la reine Elizabeth II aurait été consacrée avec une Sainte ampoule; de toute façon, devenue chef de l'Eglise ( ce qui est le comble de la parodie anti-traditionnelle) elle aura perdu tout charisme et tout privilège. L'Angleterre conservatrice aura peut-être gardé certains symboles et usages, et un semblant de royauté; il n'empêche, comme Guénon le faisait remarquer à propos de la Maçonnerie anglaise, que les peuples nordiques et surtout anglo-saxons ont perdu l'Esprit et qu'il y a plus d'espoir dans les pays latins, malgré leur côté contestataire et anticlérical, quant aux possibilités de redressement traditionnel, car "on ne met pas de vin nouveau dans les outres vieilles, de peur qu'elles ne se rompent et que le Vin ne se répande à terre" (Le Christ).Un connaisseur des Anglais nous disait il y a une vingtaine d'années: "il suffirait que l'Esprit souffle de nouveau pour que la Tradition se ranime" ... Nous attendons toujours et avons appris avec stupeur que l'Eglise anglicane exigeait maintenant que les Maçons dévoilent publiquement leur secret initiatique! Nous disons bien Anglais, car il y a plus d'espoir du côté des Irlandais et Ecossais catholiques (comme par hasard, les seuls francophiles), qu'il ne faut pas confondre avec les Anglo-saxons, originaires d'Allemagne, et que Charlemagne combattit jusqu'au VIIIè siècle, car ils vivaient encore dans le paganisme et la sauvagerie, et se sont très tardivement convertis, pour se jeter quelques siècles après dans le réformisme protestant, très anti-traditionnel de mentalité...
La 2è preuve de la sollicitude divine réside dans l'élection de Jeanne d'Arc et dans l'assistance dont elle bénéficie dans sa Mission, toute jeune fille dirigeant des guerriers, ce qui ne s'était jamais vu;
Enfin, ne déparant pas cette triade providentielle, arrive De Gaulle qui sauve 2 fois la France : quelles preuves supplémentaires veut-on du statut privilégié de la France? IL fallait des esprits faux, haineux (F.N. = F.Haine !) et antitraditionnels pour contester ces évidences (nous voulons dire : la sollicitude divine ) tout en essayant plus tard de s'en emparer sans vergogne pour rattraper ces erreurs devenues trop aveuglantes, et qui risquaient de leur faire perdre le soutien des catholiques intégristes...Et l'on brandit le slogan "patriotisme" toujours confondu avec le nationalisme le plus agressif et le plus raciste possible, essayant de détourner l'héritage gaullien (avec une évolution récente intéressante: les Le Pen n'attaquent plus les Juifs et vont même jusqu'à se faire inviter en Israël - entre colonialistes , on s'entend toujours! - , toute leur haine se déversant sur les Maghrébins qu'ils confondent avec les Arabes d'Orient ; mais en arrière-plan se dissimule la haine de l'Islam).
Enfin, ne déparant pas cette triade providentielle, arrive De Gaulle qui sauve 2 fois la France : quelles preuves supplémentaires veut-on du statut privilégié de la France? IL fallait des esprits faux, haineux (F.N. = F.Haine !) et antitraditionnels pour contester ces évidences (nous voulons dire : la sollicitude divine ) tout en essayant plus tard de s'en emparer sans vergogne pour rattraper ces erreurs devenues trop aveuglantes, et qui risquaient de leur faire perdre le soutien des catholiques intégristes...Et l'on brandit le slogan "patriotisme" toujours confondu avec le nationalisme le plus agressif et le plus raciste possible, essayant de détourner l'héritage gaullien (avec une évolution récente intéressante: les Le Pen n'attaquent plus les Juifs et vont même jusqu'à se faire inviter en Israël - entre colonialistes , on s'entend toujours! - , toute leur haine se déversant sur les Maghrébins qu'ils confondent avec les Arabes d'Orient ; mais en arrière-plan se dissimule la haine de l'Islam).
Un pays (il n'y a pas de "nation" dans un monde traditionnel) est comme un être vivant ; c'est à dire qu 'il a un corps, une Ame et un ESPRIT.
Sa forme hexagonale et surtout sa situation dans l'extrême occident (dernier pays avant l'Amérique) lui donne des avantages uniques en Europe : elle a accès à 3 mers et océans , ses paysages sont très divers ; à part le désert, on trouve toutes les sortes de modes de vie possibles, et, ce qui n'est pas fortuit, des régions indépendantes ayant leur langue et dialectes propres, ce qui n'est le cas dans aucun pays d'Europe : l'Allemagne n'a des variantes que du même fonds germanique, l'Espagne a (à part le basque) des dialectes tous d'origine latine mais la France a au moins 4 ethnies sans rapport structurel ni généalogique entre elles : le provençal, le basque, le breton et l'alsacien, auxquels on pourra, suivant les régionalismes, ajouter un certain nombre de dialectes et de patois ( 1). Ceci explique la nécessité d'un certain centralisme (le "jacobinisme") pour éviter que le pays n'éclate dans des particularismes chauvins et agressifs. Evidemment, dans un Empire traditionnel (celui de Charlemagne), sans rapport avec cette parodie d'empire de l'europe actuelle, le problème ne se poserait pas, car il y avait de véritables régions que l'on a fait semblant de récréer pour des raisons européo-mercantiles depuis quelques années. Autrement dit, les républiques successives ont joué de l'unité de la langue française pour réaliser l'unité sociale et administrative de la France, mais avec une certaine brutalité, notamment envers les Bretons (cf. Le slogan sur certains cafés , en 1900 : "ici, il est interdit de cracher par terre et de parler breton !" -sic
Nous n'allons pas revenir sur la question de la langue, traitée déjà par ailleurs, rappelons seulement la formule de Goethe : "L'AME d'un peuple vit dans sa langue".
Quand les régions traditionnelles sont mortes , on a essayé de les remettre à la mode avec ce "folklore", ( mot anglais, idée anglo-saxonne) que critiquait Guénon, car c'était une tentative de résurrection d'un cadavre. Les jolis vêtements traditionnels régionaux remis à l'honneur étaient portés auparavant par tous les habitants, et correspondaient à leur emploi et leur fonction sociale; cela n'avait rien d'artificiel. C'est à partir de cette époque que l'on crée les musées qui sont des cimetières de vie sociale : quand une civilisation est bien vivante ; elle n'enferme pas ses symboles culturels dans ces mouroirs que sont les Musées.
Cette âme d'un peuple a été stérilisée, et comme la France est un pays ouvert au monde, malgré ses réactions parfois xénophobes (qui sont des réactions de protection légitimes, car chaque Français, même inculte, a la notion instinctive de devoir préserver une certaine qualité française qu'on ne trouve pas ailleurs) (a), il y a eu une vague d'engouement envers les idées, modes et ...sectes anglo-américaines, surtout après 1945, - et ce n'est pas un hasard – car il y a eu une véritable occupation américaine en France, sous prétexte de plan Marshal, à laquelle De Gaulle a mis le hola en 1963 (au bout de 18 ans!). A cette époque essaiment les propagandistes, par exemple les Mormons, dont on n'avait jamais entendu parler en France. En 1955, les USA sont déjà le pays des 256 sectes ! Sans De G. nous serions encore colonisés. Alors les Anglo-saxons ont trouvé d'autres moyens : en faisant traduire toutes leurs oeuvres en français et en refusant la réciproque ; idem pour le cinéma , le théâtre. Ils ont réussi à imposer leur "culture" . Depuis, la France n'est plus un pays vraiment libre pour accomplir sa Mission comme l'aurait voulu le Général, et les petits Giscard, ( 2), Sarkozy et Macron se sont vite attelés à la noble tâche de se rapprocher des nations antitraditionnelles . IL ne manquait plus que l'Europe, ce qui est fait depuis Maastricht (évènement couronné par l'étrange tremblement de terre qui a eu lieu exactement à ce moment en Europe du nord / avril 1992) et le vote anticonstitutionnel de 2007, annulant un référendum, ce qui bafoue la Constitution de la Vè. Après cela, Sarkozy peut bramer aux quatre vents son attachement au gaullisme.
Si la France fut si souvent attaquée ( et même de l'intérieur, notamment par Sarkozy) et envahie, c'est pour cet attrait mystérieux qu'elle exerce et ce joyau sacré qu'elle dissimule, invisible pour les esprits grossiers qui pensent que l'on dirige la France comme on fait son "job" (grossière expression reprise par Sarkozy de George W. Bush.). Comment après cela, s'étonner que De Gaulle ait pensé que la France avait un rôle spécial à jouer dans le monde, et que quand elle parlait, il fallait sinon lui obéir, du moins l'écouter.
Après le corps et l'Ame d'un pays, il ne reste plus que l'ESPRIT; et c'est à ce niveau qu'il subsiste encore un espoir; et pourtant Michel Vâlsan avait prévenu ses disciples : "Ne croyez pas que le Dajjal épargnera la France" (hasha 'Llah!).; et selon les Evangiles : "Même les Elus seront en danger d'être trompés".
L'HOMME
Pour une aussi si noble tâche, il fallait un homme hors du commun, et nous allons essayer d'étayer cette thèse par des témoignages, citations et réflexions personnelles.
La différence éclate quand on pense à la haine antigaulliste de Mitterrand et son ambition de toujours (dès 1946, il avait à peine 30 ans) d'évincer De Gaulle, lequel s'est très tôt méfié, car il le trouvait louche, chose qui, à ma connaissance n'a jamais été vraiment expliquée : De Gaulle avait ses raisons, notamment le fait que la "résistance "de Mitterrand n'avait pas de bases claires; son réseau n'était ni FFI ni FFL et surtout il s'était abouché avec une bande de cagoulards dont certains trahiront et d'autres se rallieront à la Résistance, celle dirigée par De Gaulle.Mais ses liens avec des ennemis du Chef de la Résistance n'ont pas arrangé les choses (3).Autrement dit, Mitterrand donnait l'impression de faire de la résistance une affaire personnelle, "à son compte", n'ayant aucun sens de l'abnégation au service du pays; on l'a dit fidèle en amitité, c'est une qualité qui, en politique, présente des revers : un véritable homme d'Etat est toujours seul, c'est à dire qu'il évite au maximum les compromissions et les pressions "tribales": il est au service du pays et non des hommes (donc : au service de la France, et non des Français). Mitterrand était incapable de cette vertu.
Par ailleurs, si l'on fait un portrait concis des deux hommes, en notant juste quelques traits pertinents, on remarque que:
-De G. est au-dessus des partis; et il est inexact de le cataloguer "de droite". M., lui, est un politicard arriviste, mangeant à tous les rateliers. (Paul Thibaud a écrit : "Le comportement pervers de Mitterrand consiste à disposer des valeurs en faisant semblant de les incarner")
-De G. est un catholique croyant et pratiquant, mais "laïque";
-M. a une vague teinture chrétienne, mais il se conduit comme un mécréant. C'est pourquoi certains ont cru qu'il était maçon; il s'en est toujours défendu : la confusion doit venir d'un autre Mitterrand (Jacques) du G: O:
Pour compléter le portrait, nous ajouterons que Mitterrand, à peine élu, a vite marqué son territoire: il a osé -ce qu'aucun président n'avait fait -, s'asseoir à l'Elysée dans le fauteuil laissé vide par De Gaulle, et plus tard il a été porter une gerbe au pied de la statue de Jeanne d'Arc! Quand on sait comme il se moquait de De Gaulle en disant qu'il se prenait pour Jeanne d'Arc, on voit le symbolisme inversé et parodique de ces deux actes. Pour nous, c'était un geste plein d'hypocrisie opportuniste. Son féal sujet, Jack Lang, crut bon d'ajouter cette formule sinistre: "Nous sommes passés des ténèbres à la lumière!." (mai 1981)
Que ceux qui ne croient pas aux symboles ne se mêlent plus de politique !
Dans les pays arabes, on remarque qu'il est entouré de sionistes, jusque dans ses ministères, ce qui entrave sa politique extérieure. Mais ça ne gêne pas le français moyen qui ne comprend rien à ces subtilités, surtout quand ces dernières lui sont soigneusement cachées...(que penser du fait que des hommes comme Minc, Attali et BHL(4) soient les conseillers permanents - et grassement rémunérés - de tous les présidents successifs depuis Mitterrand ? Silence complet des médias sur la question ! - le seul qui ait mis les pieds dans le plat récemment est Juan Branco ("Le Crépuscule").
Disons en passant un mot des opposants, notamment Pierre Mendès-France. On lui doit l'indépendance de la Tunisie ( 1956), ce qui n'est pas rien. Mais ce brave homme qui avait des qualités humaines et aussi certainement bien des illusions sur ses capacités à gouverner en général, et surtout à gouverner la France en particulier, a commis un petit livre haineux et petit comme ses conceptions politiques ( "la République moderne"/idées-Gallimard). N'ayant aucun sens de la grandeur, il fait dans cet ouvrage des critiques contre De Gaulle qui sont une projection de ses propres limites. Il était trop attaché à la cuisine parlementaire de la IVè, qui jouait à gouverner et faisait et défaisait les gouvernements.
Quant aux autres opposants "en bandes organisées", socialistes, communistes( 5) et extrémistes de droite, ils sont tous d'accord pour faire passer mensongèrement De Gaulle pour un dictateur, un néo-fasciste ou un putschiste ("le Coup d'Etat permanent" est peut-être un bon pamphlet, mais pas un livre politique sérieux, tant il sue la jalousie, le dépit des nains qui n'arrivent pas à sauter à la gorge du géant!). A ce sujet, Michel Vâlsan dira :"Les Français ont guillotiné leur roi, ils ne s'en sont jamais remis. Maintenant, ils ont un monarque .De quoi se plaignent -ils ?". En fait, comme le leur reprochera plus tard le Général avant de démissionner, ils parlent et agissent en boutiquiers qui n'aiment pas que l'on dérange leur petit commerce électoraliste : c'est tout ce qu'ils ont retenu du droit démocratique à voter. On ne sait si la formule "la droite la plus bête du monde " est de De Gaulle, mais il est sûr qu'il a répondu à quelqu'un qui lui demandait ce qu'il reprochait aux socialistes : "c'est justement qu'ils ne sont pas socialistes!"
( 1) Lesquels ne sont pas des langues, mais de l'ancien français, comme en Vendée, et qui ont donné le parler canadien (le "joual") où l'on retrouve par moments de façon frappante et pittoresque l'accent et l'intonation des régions vendéennes et poitevines des 16è-17è siècles.
(a) Pourquoi, fait unique au monde, y a-t- il chaque année 70 millions de touristes qui visitent la France, soit plus que sa population globale ?
(2)Qu'on se rappelle le lamentable discours en anglais scolaire de Giscard, à peine élu en mai 1974! Aucun président, jusque-là, n'avait fait preuve de cette allégeance servile
(3 cf. Pierre Péan :"une Jeunesse française"
(4)Responsable avec Sarkozy de la destruction de la Libye et de l'assassinat ignominieux du chef de l'Etat, Mu'ammar Qadhâfi; dont les répercussions n'en finissent pas de déstabiliser le monde africain. Ce même BHL a claironné fièrement à la radio peu après: "j'ai défendu les intérêts d'Israël" ! Personne n'a relevé cet aveu compromettant. On croit rêver ! ( idem avec DSK :"Je mobilise toute mon énergie à soutenir Israël" – et cet homme était candidat à la présidentielle de 2012
( 5)Qu'on n'oublie pas que quand le pied-noir Albert Camus, en 1956, a défendu les droits des Arabes, c'à d des Algériens , il s'est fait traiter de "traître" par le PCF (cf. Docu. de Benhamou, F3, 22/1/2020) qui avait voté les pleins pouvoirs à Guy Mollet pour réprimer les autochtones. Le répresseur de l'époque, ministre de l'Intérieur, s'appelait Mitterrand !
(6) Reconnaissons que Mitterrand se rachètera de bien des erreurs à la fin de sa vie et il reniera son anti-gaullisme primaire; mais le mal était fait...(cf. Entretiens avec Pierre Péan). Surtout il révélera tardivement les raisons de sa méfiance envers les Américains, montrant qu'il n'était pas dupe :
"La France ne le sait pas mais nous sommes en guerre avec l'Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort...apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C'est une guerre inconnue,une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant, une guerre à mort" ("Le Dernier Mitterrand", par G-M Benhamou, 1997)
DE GAULLE SECRET
C'est le titre même d'une n.ième biographie que nous avons citée dans la bibliographie supra. Ouvrage bien décevant, car l'auteur, François Broche, comme beaucoup d'autres ne conçoit la biographie que sous l'angle psychologique, ne considérant que le point de vue religieux chez son personnage, ce qui n'est pas inintéressant, mais ne présente rien de mystérieux;
Les vraies questions à poser, à condition d'avoir autre chose que la culture générale de base des journalistes, aurait consisté à se demander si De Gaulle, comme certains l'ont laissé entendre, connaissait l'oeuvre de René Guénon.(7) Or M. Broche, p.116, cite ingénument les noms de Maritain, Daniel-Rops et Stanislas Fumet, sans en tirer autrement parti. Il serait bien étonnant que ces 3 écrivains qui connaissaient fort bien René Guénon ne lui en aient jamais dit un mot ! Sans parler de Michel Vâlsan, qui, lui, était capable de dire à l'avance approximativement ce que le Général allait décider, quand tout le monde était dans l'expectative. Malheureusement, certains parasites de l'oeuvre guénonienne ont fait courir le bruit que Guénon aurait reçu de M. Vâlsan une "initiation" !!! Ce genre de rumeur typiquement parisienne et occultiste venait sans doute d'un doux illuminé fort en délires du nom de Parvulesco. Qu'est-ce qu'un Cheykh musulman aurait bien pu transmettre à un catholique comme De Gaulle?
A part quelques réflexions intéressantes dans ce livre , nous n'avons pas affaire à ce que, suivant Guénon, nous appelons la perspective traditionnelle, éclairage qui aurait fait apparaître justement le côté "secret", en tout cas réservé, de De Gaulle et la signification de cette "Mission " de la France dont il était le serviteur. Nous n'avons pas lu tous les livres écrits sur De Gaulle, évidemment, ce serait impossible et fastidieux , mais tout ce que nous avons pu lire ou entendu dire omet toujours ce côté des choses. Même Jean -Louis Debré, pourtant gaulliste authentique, est muet sur ce point. Ce qui brouille un peu les cartes, c'est le style "hagiographique" de la plupart des livres sur De Gaulle , par exemple Pierre Lefranc ( "Gouverner selon De Gaulle"), qui en fait des tonnes; ou, au contraire, les vieux ennemis droitistes comme Dominique Venner qui ne peut voir l'Histoire qu'à travers le prisme du Lepénisme! Ah ! L'Algérie française et l'OAS auront décervelé bien des esprits faibles.!
Certains ont essayé d'aborder le supposé "Gallicanisme" de De Gaulle...A moins de remonter jusqu'à la Pragmatique Sanction de Bourges(1438), décrétée par Charles VII et l'Assemblée des évêques, qui en serait la 1ère affirmation, nous préférons laisser ce sujet à des théologiens expérimentés! (Pour ceux qui aiment les symboles , nous signalerons que Colombey-les-deux Eglises, non seulement a deux églises, mais que le " Y" qui termine Colombey exprime aussi une dualité!)
Pour conclure ce portrait, nous constatons que De Gaulle présente 3 qualités traditionnelles rarement réunies:
-c'est un Ecrivain, exposant très tôt sa conception du sort du monde et de la Mission de la France.
-C'est un Homme d'Etat sans aucune ambition personnelle ni désir d'enrichissement; intégre et désintéressé ; vertus inconnues des hommes politiques de la 3è et 4è république.
-C'est un Homme d'action plus qu'un militaire.
La conjonction de ces 3 qualités fonde sa qualification à régir la France et à s'insérer de façon active dans les "affaires du monde", ce qui a retenu l'attention de l'Autorité traditionnelle qui l'a investi de sa Fonction et lui a donné la protection et les moyens correspondants :
- il survivra à la guerre de 1914-18,
- il échappera aux Allemands en 1940;
- il survivra aux attentats ou tentatives d'attentat de Pont -sur-Seine, du petit Clamart et de Sainte Hermine (Vendée).
- Nous aimerions ajouter pour le plaisir de l'ironie qu'il a survécu à 4 ans de vexations de la part des autorités anglaises (notamment, un certain Churchill, qui voulait "le faire mettre aux fers"! Après, on dira que les militaires sont agressifs!)
- Mais les héros ont leur lacunes et leurs faiblesses comme nous allons le voir, évitant de céder aux dithyrambes habituelles
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Thomas Molnar (1921- 2010), écrivain catholique intégriste, extrémiste de droite et bien sûr colonialiste, a une conception du "héros contre-révolutionnaire" qu'il applique malencontreusement à De Gaulle en le traitant de "faux héros", dans la même charrette que le Pape Paul VI et...Nixon , ce qui est inattendu ! Ce faisant, il ignore ce qu'est le point de vue traditionnel inauguré par Guénon et donc tout le côté traditionnel de l'Homme d'Etat De Gaulle ; et quant à la mission de la France, elle se réduit chez ces gens-là à la politique du "sabre et du goupillon" ! Ainsi, De Gaulle refusant de continuer l 'occupation et le massacre de la population algérienne est un faux héros et un traître; Comme les choses sont simples avec les colonialistes sûrs de leur bon droit qui confine à une odieuse niaiserie : si les Algériens ont tort de ne pas se laisser coloniser, pourquoi les Français se battraient-ils contre les envahisseurs allemands ? Là est condamnée toute Résistance légitime. Puisque seule compte la Force et non le Droit. Ce qui explique, en passant, que beaucoup de gens comme les disciples de Molnar deviendront des collabos, des néo-nazis ou des traîtres à leur patrie, dont ils ont trop souvent le mot à la bouche.( voir le petit livre de Thomas Molnar: "La Contre-Révolution, 10/18 -1972) .
In cauda venenum ...
Ce n'est pas là-dessus qu'il fallait critiquer le Général; il y avait d'autres sujets que les hagiographes passent pudiquement sous silence:
-L'énergie nucléaire et les essais atomiques dans le Sahara et le Pacifique, avec son contingent d'irradiés dont il sera interdit de parler (on dit même qu' un ministre de De Gaulle, malgré la protection de son bunker, y aurait perdu un oeil!). Après De Gaulle, il ne sera plus possible de maîtriser le "lobby" nucléaire qui sera un gouffre financier profitant grassement à ses administrateurs...sans parler de ses dangers! Les apprentis sorciers ne savent toujours pas comment arrêter une centrale nucléaire.
-Les relations avec la Chine, au prix de l'écrasement du Tibet (dont l'invasion avait commencé dès oct. 1950, et non en 1956, comme les falsificateurs de l'histoire l' écrivent)) et du massacre de ses moines ; depuis ce temps -là (1964,) plus personne n'ose prendre leur défense publiquement et même le Dalaï Lama n'est pas reçu officiellement en France, de peur de déplaire aux Maîtres chinois.
-L'abandon du jour au lendemain des ex-colonisés qui ne voulaient pas d'accord avec la France, craignant un néo-colonialisme (par ex : la Guinée de Sekou Touré, qui basculera dans une dictature "marxiste" sanglante pendant des années).
-Le massacre des harkis, prévisible, pour lesquels rien de sera fait, en Algérie et dont les survivants seront hébergés dans des camps dans le sud de la France (Témoignage d'un ancien chef de harkis : "j'ai vu mes hommes bouillis dans des marmites").
Tout cela n'est pas très glorieux et demande une explication : en fin de cycle, et a fortiori à la fin des temps, les derniers responsables, même prédestinés et aidés par l'Autorité traditionnelle, présentent des faiblesses, des lacunes quand ce ne sont pas de graves imperfections .
De Gaulle n'y a pas fait exception, et la plus dure sanction pour lui sera mai 68 où il comprit que le pouvoir lui échappait. Et comme ce n'était pas un "dictateur", non seulement il ne fit pas tirer sur la foule comme les dirigeants communistes ou fascistes, mais il se retira dignement en 1969 ( b)
De Gaulle n'y a pas fait exception, et la plus dure sanction pour lui sera mai 68 où il comprit que le pouvoir lui échappait. Et comme ce n'était pas un "dictateur", non seulement il ne fit pas tirer sur la foule comme les dirigeants communistes ou fascistes, mais il se retira dignement en 1969 ( b)
( b) Coïncidence : c'est cette année que M. Vâlsan publia sa remarquable étude sur Jeanne d'Arc, juste après le départ du Chef de l'Etat (comme nous l'avons signalé dans notre CR du livre de Jean Robin), que seraient bien en peine d'écrire tous les adulateurs opportunistes de Jeanne, même quand il s'agit de faire du racolage électoraliste. Si Jeanne revenait, gageons qu'elle chasserait à grands coups d'épée tous ces faux dévots qui essaient chaque année de la récupérer...
(7)Nous savons que Jacques Chirac, lui, mesurait fort bien l'importance de Guénon (dont il avait sans doute entendu parler par le directeur du Musée Guimet, qu'il fréquentait quand il était étudiant), au point d'envoyer au Caire chaque année un faire part, le 7 janvier, à la famille Guénon à l'occasion de la commémoration de la disparition de René Guénon (1951); Ce genre de culture est inexistante chez les 3 présidents suivants !