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samedi 7 novembre 2020

Jean Foucaud - Notes de lecture: "Un Candide à sa Fenêtre"/Dégagements II de Régis Debray

 


Notes de lecture. 

 

       Il y a si peu d'écrivains dignes de ce nom en ce moment en France que nous n'hésiterons pas à recommander un homme qui sait écrire et qui a du sérieux et de la profondeur.

 Nous voulons parler de Régis Debray et d'un de ses derniers livres intitulé: "Un Candide  à sa Fenêtre"/Dégagements II  - Folio poche, n° 6213 ; octobre 2016.

 Nous ne ferons pas de Compte Rendu, mais nous voulons proposer à nos lecteurs quelques lignes de présentation sans prétention.

 

      Dans ce petit volume de plus de 400 pages, on respire enfin l'air frais de la pensée libre et allègre, hors du consensus pseudo-intellectuel et étouffant de microcosme franco-européen. La Pensée juste réjouit le coeur du Juste, comme dirait la Bible.
 Ce n'est pas un pamphlet, mais une somme étendue de réflexions critiques, écrites d'un doigt sûr et empreintes de sagesse.
    Merci, monsieur Debray, et quel style !  c'est presque du Céline...

 

       Il n'y a pas de profession de foi "guénonienne" dans cet ouvrage, et pourtant, si on ne lit pas d'ouvrage de ce style et de cette valeur, que resterait-t-il à lire dans le domaine de la pensée traditionnelle ?

 D'ailleurs, les prétendus guénoniens (JP Laurant, Slimane R., et consorts) ne  sont que des péri-, para-, ou hypo-guénoniens qui profitent de son nom pour se faire connaître par  quelque biographie scolaire et sans intérêt, en se copiant les uns les autres!

 

Un court extrait sur la vacuité de la philosophie actuelle donnera une idée  aux lecteurs, après un éreintement en règle de JP Sartre :

"Une idée de bon sens ne devient philosophique qu'en tournant à l'idée fixe plaquée sur du vivant. Extrapolée, poussée à bout, pressée comme un citron, collée sur tous les murs, devenue affiche ou prospectus. Ressassée sur cinquante ans, elle aura fait la percée. C'est quand l'intuition tourne au refrain, et bientôt à la marque de fabrique, quand la bulle se blinde, lisse et polie comme du cuivre, imperméable aux démentis et traverses du dehors, c'est quand le maniaque a décidé un fois pour toutes d'accorder les faits à son idée, et non le contraire, comme le premier non-philosophe venu, que les disciples accourent et qu'un grand esprit peut enfin ouvrir boutique. A star is born."(p.234)

 

 Jean Foucaud

 

mardi 7 juillet 2020

Le Petit Prince (interprétation ésotérique) - Jean Foucaud




       
         Dans un précédent écrit, nous avons qualifié ce livre de « conte initiatique inspiré ».

En effet, il ne s'agit pas d'une expérience «mystique » de style pascalien ou d'un conte pour enfants (malgré les apparences); d'ailleurs, les adolescents ne le goûtent guère et les enfants y voient surtout les belles images et le voyage interplanétaire. C'est généralement plus tard, quand la vie nous a mûris que l'on commence à entrevoir autre chose, quelque chose d'indéfinissable. En fait, c'est un conte pour adultes. Aussi, nous pensons que seul un commentaire « ésotérique »  pourra rendre compte de la profondeur et de la finesse spirituelle de cet opuscule qui n'a rien  d'un roman ni d'une nouvelle.

 Dans une interview ancienne, Saint-Exupéry déclare qu'il a écrit ce livre, non pas pendant la guerre, mais juste avant, en 1939-40. Cette indication a son importance, car cela suggère que l'aventure qui lui est arrivée ne se situe pas dans le feu de l'action  (il était pilote), mais que, à notre  avis, il s'agit d'une « épiphanie » ( au sens grec d'apparition) ayant eu lieu à un moment privilégié, qui peut très bien ne pas se situer dans le désert et pourtant liée au désert ( il est vrai qu'à la fin du livre, il parle d'une panne en plein  désert où il rencontre le petit Prince**), dont Saint-Ex dira dans une de ces formules dont il avait le secret : « Le Désert, c'est Dieu moins les hommes ! » .Tous ceux qui ont fait l'expérience du désert auront été saisis par l'impression ineffaçable de  Solitude, de Silence et de  Pureté qui émanent de cette circonstance.

              Cette  apparition est évidemment celle d'un enfant (blond comme le sable), avec ses questions d'enfant qui sont non seulement embarrassantes pour les adultes oublieux de l' « esprit d'enfance », mais surtout parce que nous avons presque tous plus ou moins trahi notre origine céleste ou paradisiaque.

 Ce thème de l'enfant qui apparaît lors d'états spirituels élevés chez des êtres exceptionnels est connu des Anciens, notamment Jamblique. Alors qu'il se trouvait assis sur le bord d'une fontaine (appelée « Eros ») comme le racontent ses disciples  : »(Il ) effleura l'onde de sa main et, murmurant quelques paroles, fit sortir du fond de la source un petit enfant. Il était blanc, d'une taille bien proportionnée  ; et sa chevelure, aux reflets dorés couvrait de son rayonnement son dos et sa poitrine. » Arrivés à une deuxième fontaine (du nom d' « Antiéros »), Jamblique tira de l'eau un autre Amour, semblable au précédent, sauf que ses cheveux étaient noirs.. »(p. XIX de l'introduction de F.Viéri aux « Mystère de  l'Egypte «  de Jamblique (Les Belles Lettres – 1993). Ces enfants disparaissent peu après.
    Ce thème de l'enfant (ou de l'homonculus) est connu  des Alchimistes qui ont trouvé l'Illumination (et non l'or matériel !) .

         Chez Ibn 'Arabi  - mais à un tout autre niveau -  il y a l'apparition surprenante d'un « fatan » (= jeune homme) lors d'une de ses visites à la Kaaba quand il faisait les circumambulations usuelles. Ce « jouvenceau » (comme le traduit Claude Addas , dans sa thèse remarquable sur Ibn 'Arabi et se référant à un article inédit de Michel Vâlsan) lui révèle qui il est et Ibn 'arabi dit : « La réalité de  sa Beauté se dévoila à moi et je devins éperdu d'Amour » (p.243).

     Enfin, le dernier cas connu est celui du grand Sage  Ramakrishna (décédé en 1886, au moment même où naissait Guénon – et ce n'est pas fortuit) qui raconte l'apparition d'un petit enfant lors de certains états spirituels, comme une sorte de projection de son esprit. Ce petit trublion  gambadait partout dans la pièce , interrompant ses dévotions, lui faisant des farces  et des « singeries », au point que Ramakrishna allait le frapper; mais se retenant à temps, il fut pris de honte , comprenant qu'il avait à faire à une apparition céleste (que nous appelons « épiphanie »)...

     On l'appelle Amour, enfant (homonculus), Jouvenceau ou Petit Prince (notons en passant que ce dernier terme est employé par Guénon pour désigner les « Afrad »). Comme chez Jamblique, l'enfant apparu à Saint-Ex est blond : il apparaît puis disparaît à la fin dans des circonstances qui exigent un interprétation initiatique.

    Pour en revenir au cas énigmatique de  Saint-Ex, nous ne croyons pas un instant qu'il ait eu connaissance de ces faits et pensons  que son expérience est pure ; d'ailleurs il y a dans son texte  certains termes et symboles typiques que l'on ne peut inventer et qui proviennent directement de l'inspiration la plus pure. Et ne sont donc explicables que par des données ésotériques et initiatiques, inconnues avant René Guénon.
   Ainsi, à un moment, il dit : « On ne voit bien qu'avec le Coeur, l'Essentiel est invisible pour les yeux » . Malheureusement, tous les commentateurs profanes et occidentaux  ont toujours réduit le coeur au sentiment, alors qu'ici, il s'agit de la Connaissance intérieure (celle du Soi, pour parler « hindou ») distincte de la connaissance mentale (celle des yeux) qui est inférieure et  lui est subordonnée. Ce genre de formule inspirée ne peut être copiée ou inventée : elle jaillit d'une authentique spontanéité de l'être détaché des contingences, détachement qui a sans doute rapport avec l' « expérience »  du Désert dont nous parlions ci-dessus.

 Une phrase  curieuse de l'enfant avant de mourir a attiré notre attention :

« J'aurai l'air mort, et ce ne sera pas vrai »

« je ne peux pas emporter ce corps-là . C'est trop  lourd....
 Mais ce sera comme une  vieille écorce abandonnée. »

On retrouve la même idée (et presque dans les mêmes termes ) dans l'Esotérisme cabbalistique (le « dépouillement des écorces »/ les Qlippoth) et, dans un certaine mesure dans le « dépouillement des métaux » lors de l'Initiation en Loge.

    On sait (cf. notre étude sur les différents termes arabes pour désigner le CORPS) qu'il y a plusieurs corps  et que ce corps matériel (jism) est un obstacle dans la mesure  où il manque de légèreté et de lumière (et s'oppose à la « himma »),  comme l'exprime fort bien Saint-Ex par le truchement du Petit Prince. De plus, l'enfant dit : « ce corps-là » et non pas : « mon corps », nuance initiatique relevant de toute une science de la Réalisation spirituelle.

   La mort  par la piqûre du serpent ne s'explique bien que par référence  aux termes arabes que nous avons utilisés dans notre article : « Les Hommes de la Fitra »: il y a un double sens des mots : « hayât » ( la Vie) et « hayya » (le serpent »). (cf. la mésaventure d'Adam et Eve); nous citions   le poisson venimeux qui s'appelle « vive » en français, et la vipère se dit « vouivre »; tous ces termes renvoient à l'idée de vie et de  mort et c'est plus qu'une coïncidence lexicale : les langues à l'origine fonctionnent de façon analogue. Il n'y a rien d'arbitraire là-dedans. Quand on le sait, on peut pratiquer sans crainte l'étymologie, science un peu oubliée de nos jours...

 Cette mort, donc, symbolise la renaissance dont est conscient l'enfant qui représente l'initié ayant franchi une étape de réalisation : « J'aurai l'air mort, mais ce ne sera pas vrai ». C'est le passage à un autre état qui n'a rien à  voir avec les lubies des réincarnationnistes. (confusion entre les terme anglais « rebirth «  et « reincarnation »)
  Cet enfant  étant, selon notre interprétation, une « projection » de Saint-Ex, nous révèle discrètement les qualités spirituelles exceptionnelles de l'auteur 

        Il resterait à s'interroger sur le voyage intergalactique qu'effectue l'enfant et son « statut » cosmique. Sous les apparences d'un conte enfantin, il y a peut-être là une intuition  - à l'insu de  l'auteur – des voyages dans l'espace qu'effectuent certains saints missionnés, et qui n'ont rien à voir avec les illusions des « voyages en astral » dont se vantent ingénument les adeptes du rosicrucianisme moderne  qui, à supposer qu'ils ne soient pas entièrement imaginaires, ne représentent qu'une promenade psychique sans portée  ni mission spirituelle, (même s'ils rencontrent à l'occasion des êtres « ectoplasmiques » dans leur genre,  bien entendu ! ***

   
** Il y a là une contradiction entre l'interview de 1939-40 et le texte du petit Prince.

 

*** Il y a des cas authentiques d'ubiquité et rencontre dans l'espace (bien connus dans le monde oriental), comme chez le Père Padre Pio. Mais là il s'agit d'un saint ayant une fonction précise (et que l'Eglise moderne avait bien du mal à admettre, ignorant tout de ce qui dépasse la perspective « exotérique » !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



mardi 18 décembre 2018

Jean Foucaud - Les Vierges Noires



LES VIERGES NOIRES
 
 
Trois remarques très simples s'imposent d'emblée, qui seront le fil conducteur du présent développement :
1°) Elles sont noires (de bois noir ou peint).
2°) Elles sont antérieures au Christianisme.
3°) Elles font cependant l'objet d'un culte autorisé chez les Chrétiens.
 
***
 
Ces statues sont noires, mais détail curieux et significatif, elles n'ont rien d' « africain » : les traits du visages sont toujours « européens », ce que chacun est à même de constater dans tous les cas.
 
Et c'est cette couleur noire qui doit nous livrer tout leur symbolisme.
 
En effet, on a généralement trouvé ces statues dans la terre, sous des temples, dans des cryptes, toujours cachées, comme liées au symbolisme de la Terre, c'est à dire de la « materia prima », de la « matière noire » (1), indifférenciée, d'avant la lumière (2). La Vierge Noire témoigne donc de la substance en gestation, du « chaos » au sens biblique, d'avant l'organisation du monde, de la Création. Elle précède en quelque sorte l'apparition de l' « Adam ». Il s'agirait donc d'un symbole « pré-créateur ». On a là, une fois de plus, le symbole de la « Matière Première », de la Substance Universelle, d'où toute Création provient.
 
(1) Ce symbole - « La Terre Noire » ; « Kimia », nom de l'ancienne Egypte – est susceptible d'application alchimique.
(2) Les statues de la Vierge Marie sont généralement blanc et bleu, couleurs lumineuses symboles du Ciel, donc d'un symbolisme tout à fait opposé à celui de la Vierge Noire, détail qui aura toute son importance tout à l'heure – et pourtant les « Vierges Noires » sont généralement accompagnées de l'enfant, comme dans l'iconographie chrétienne.
 
Ce ne peut être qu'un symbole très ancien, et maintenant se pose la question de l'origine et de l'identification de ces « Vierges Noires ». La Mère Universelle ainsi représentée est le « prototype » de la Création, et non une simple mère et épouse : d'ailleurs le père ou l'époux sont toujours absents de ce type de statuaire (3). Il s'agit donc bien, non pas d'une banale représentation de la fécondité, mais de quelque chose de beaucoup plus « originaire » et beaucoup plus universel, d'un symbole sacré très ancien, remontant peut-être même jusqu'à la Tradition « artlantidienne » dont parle Platon (soit au moins 10 000 ans avant l'ère chrétienne).
 
Ces statues sont toutes préchrétiennes (même si, plus tard, elles ont été détruites, puis resculptées dans un contexte exclusivement chrétien). On les trouve – avons nous déjà signalé – dans les temples celtiques, ou bien dédiées au culte égyptien d'Isis.(4) Mais si ce culte s'est étendu à l'ancienne Europe, dans des cultures apparemment très différentes, c'est justement que son symbolisme n'était ni exclusif, ni restreint à l'Egypte ; en un mot, il s'agit d'un Symbolisme ésotérique (c'est à dire à la fois traditionnel et universel) au plus haut point.
 
Ces statues, étant antérieures à l'ère chrétienne, annoncent-elles donc le Christianisme, c'est à dire la Vierge Marie et l'Enfant Jésus ? Nous avons déjà sous-entendu que le Symbolisme de la couleur noire s'opposait tout à fait au Symbolisme lumineux de la Vierge Marie, telle qu'elle est décrite par ceux auxquels elle est apparue (Lourdes, Fatima...etc). En effet, ce Symbole est beaucoup plus « universel » que celui de la Vierge Marie (5), dont le culte est exclusivement réservé au Christianisme (6).
 
(13) Cette remarque est peut-être d'une évidence « enfantine », mais c'est ce genre d'évidence qu'il faut souligner à l'occasion ; ceux qui s'intéressent au Symbolisme religieux en général comprendront...
(4) Isis, dans la Religion égyptienne, est dite fille d'Hermès, père des sciences et arts dits hermétiques, dont la Doctrine est commune aux 3 Religions abrahamiques (Astrologie, Alchimie., Médecine, Maçonnerie...). Ceci pourrait expliquer l'appui que peut y trou ver l'autorité ésotérique chrétienne (cf. Jean Hani, thèse sur La religion égyptienne, p.39)
(5) Nous ne voulons pas restreindre, ce disant, l'efficacité universelle de la grâce mariale, mais seulement constater que le culte de la Vierge Marie appartient en propre au Christianisme, et non à d'autres religions ; alors que le symbole de la Vierge Noire attesté chez les Celtes est également connu dans l'Orient sous le couvert du fameux « culte d'Isis » d'origine égyptienne ; toute la Tradition celtique, elle-même, comme son nom l'indique,(la racine KLT/QLD -cf. Guénon) étant d'origine Chaldéenne (pour ce qui concerne la Castes des Prêtres ou Druides, et les Principes de sa Doctrine Spirituelle).
(6) Même si certains Musulmans lui témoignent une certaine dévotion (c'est à dire reconnaissent sa qualité de Sainte et d'Immaculée Conception – bien avant la proclamation du Dogme chrétien!), ce culte n'est pas essentiel à l'Islam. Mais, pour être complet , nous pouvons signaler un équivalent de ce culte dans d'autrs religions, notamment dans le Bouddhisme (avec le culte de la « Dölma »).
 
***
 
La question qui se pose à présent est évidemment la suivante :
 
Comment se fait-il que ce culte pré-chrétien, donc considéré (inexactement) comme « païen », ait pu être intégré au Christianisme naissant ?
 
On sait que les premier zélateurs chrétiens ont brisé beaucoup de statues considérées par eux, à tort ou à raison, comme des idoles. Comment se fait-il donc que ces Vierges Noires aient non seulement échappé au massacre, mais encore aient eu l'honneur d'un culte chrétien, bien qu'elles aient été, d'origine et de symbolisme, étrangères au monde chrétien ?
 
A première vue, on peut répondre que ces statues présentaient une telle ressemblance avec la Vierge Marie portant l'Enfant Jésus, qu'elles ont trouvé grâce devant les iconoclastes, d'habitude moins circonspects…
 
Mais cette première explication, bien que plausible, est beaucoup trop superficielle en ce qu'elle ne résoud pas le problème de fond posé par la transmission d'un Symbole étranger au Christianisme « historique » (à savoir, la notion de « materia prima »), car il s'agit bien d'un problème de jonction entre la Tradition Celtique (occidentale et peut-être atlantéenne, même si d'origine lointaine orientale), et la Tradition Chrétienne, d'origine orientale puis devenue occidentale à part entière. - (double mouvement de convergence).



 
C'est maintenant le point essentiel qu'il s'agit d'élucider : la parenté de toute les grandes Traditions (antérieures ou contemporaines au Christianisme), et leur continuité. En d'autres mots, tout se passe comme si une Tradition Primordiale se ramifiait en Formes particulières (7) : les Voies se particularisent, mais le but reste le même, ces Voies mènent au même but. Il y aurait donc un « legs » traditionnel vivant (et en tant que tel « utilisable ») adopté par chaque nouvelle Révélation de la Divinité (c'est à dire, entre autres, par le Christianisme) ; c'est ainsi que le Symbole de la Vierge Noire, pensons-nous, a pu être intégré au Christianisme, parce qu'à cette époque (ce qui n'est plus le cas maintenant, hélas), ceux qui présidaient aux destinées de l'Eglise Catholique avaient parfaitement conscience de l'Universalité des Symboles, et donc, dans le cas particulier que nous traitons, de la validité et de la légitimité du symbole sacré de la « Mère Universelle », adaptable en tant que tel dans les limites du Symbolisme Chrétien. Mais qui se soucie encore, de nos jours, de l'importance capitale pour l'intelligence de la Foi, des rites et de la liturgie, de ce langage symbolique, appelé encore au Moyen Age, « Langue des Anges » ou « Langue des Oiseaux » ?...
 
Il faut redire ici, une fois de plus, que le Symbolisme est un langage universel et universellement valable : le Symbole est le langage privilégié des diverses manifestations de Dieu ; le Symbole est le langage même de Dieu (8). En tant que tel, il est sacré.
 
(7) Ceci devait être le titre (« Tradition Primordiale et Forme Particulières ») d'un recueil posthume d'articles de René Guénon, recueil projeté par Michel Vâlsan, mais qui à la suite de diverses intrigues (en 1962) n'a jamais pu voir le jour.
(8) Ceux qui ont tant soit peu étudié les divers textes sacrés, notamment la Bible, ne nous contredirons pas !
 
Ainsi, la Vierge Noire, étant sacrée (et non « paienne », et non d'origine idolâtre) peut sans inconvénient être « récupérée » par une Tradition authentique comme le Christianisme à son avènement. Si le peuple a respecté les statues dites « Vierges Noires » et leur a même voué un culte (culte qui se poursuit toujours à l'heure actuelle), – pour les raisons évoquées plus haut –, c'est que, dirons nous au risque de nous répéter, les Sages de l'Eglise Catholique, eux, connaissaient le sens universel du Symbole et, le trouvant en connaissance de cause compatible avec le Christianisme, - par la parenté effective de toute les Traditions authentiques – l'ont, non seulement respecté, mais adopté, christianisé, et donc particularisé : passage de la Tradition en général à une Forme traditionnelle particulière.
 
Pour cela, il fallait (nous insistons sur l' « imparfait ») évidemment une autorité ésotérique capable d'apprécier ce qui, dans un « objet de culte », était traditionnel ou non, sacré ou non, symbolique ou non. Telle était la Science des représentants authentiques de la Tradition Chrétienne, à l'époque où celle-ci était en pleine possession de son savoir ésotérique.
 
 
***
 
La négligence de ce Savoir (i.e. Le Symbolisme), ou pire, la perte de ce Savoir, est le début fatal d'un amoindrissement puis d'une décadence, (nous ne disons pas qu'il en est la cause, mais il en est à coup sûr le signe précurseur) : quand une Eglise commence à ne plus comprendre le propre langage de la Religion qu'elle a la charge de dispenser, on peut être sûr qu'elle est sur la pente fatale de la dégénérescence. Alors, au langage symbolique – seul expression adéquate des Mystères – que l'on ne comprend plus, se substituent les platitudes désolantes du langage exotérique commun, puis du langage moral, puis enfin social et politique, et l'on ne connait et ne dispense plus, alors, que le sens le plus bas, le plus grossier et le plus littéral de la Religion, c'est à dire qu'on la vide de son sens, de sa flamme, de sa vie. Et c'est ainsi que certains, sans vergogne -et bien que membre de l'Eglise - en arrivent à faire du Christ un agitateur politique, un révolutionnaire, voire un « hippy » ou un drogué (9)... Extirper le symbole de toute expression traditionnelle (doctrinale aussi bien que rituelle), c'est « profaniser » le langage religieux ; et la « profanisation » mène directement à la « profanation » : le mépris du symbole, sa non-compréhension ou son refus constituent déjà en eux-mêmes un véritanle sacrilège ; c'est vouloir rabaisser le langage même de Dieu à la parole des hommes, du vulgaire. Quoi d'étonnant, alors, à ce que les plus vulgaires – qui, comme par hasard, sont ceux qui crient le plus fort et donc se font le mieux entendre – fassent des paroles du Christ (oubliant vite, malgré leur protestations hâtives, qu'il est tout de même Fils de Dieu) un discours politique, utilitaire, moralisant, voire « révolutionaire » au sens le moins spirituel possible ?!... Et pourtant son « Royaume n'est pas de ce monde » !
 
(9) Tout le monde se croyant autorisé à parler de tout, on a même entendu récemment certains hurluberlus (dont les mass-media recueillent complaisamment les propos sacrilèges) avancer la thèse d'un Christ homosexuel, d'autres d'un Christ marié, d'autres encore – ainsi tel ancien prêtre actuellement marié – d'un Christ ayant des « frères », niant ainsi sans vergogne le Dogme de l'Immaculée Conception...Que ces misérables cuistres se mettent au moins d'accord entre eux !...
 
N.B. Parmi les Vierges Noires dont la dévotion est encore attestée de nos jours, nous citerons, entre autres :
 
  • la Vierge Noire du Puy en Velay (pélerinage en août)
  • la Vierge Noire de la Chapelle Sainte Marie, à Cologne (pélerinage en septembre)
  • la Vierge Noire souterraine de Chartres
  • la Vierge Noire de la Chapelle St-Victor à Marselle
  • la Vierge Noire de l'église de Guéodet à Quimper
  • la Vierge Noire de la Basilique de Montserrat (Catalogne)...etc...
  • la Vierge Noire d'Einsiedeln (à Notre Dame des Ermites, en Suisse) [en Août]
  • la Vierge Noire de Czestochowa (Pologne)
  • -la Vierge Noire de Roc Amadour, très ancien lieu de pélerinage... etc...
  • PS : nous avons gardé en réserve d'autres considératons plus ésotériques concernant notamment le rapport entre le Culte des Vierges Noires et le pélerinage des Saintes Marie de la Mer,en Provence, en relation avec le symbolisme de la Déesse Kali...
 
août 1977 – 15 avril 1978
Jean Foucaud
 
 
     

    mardi 18 septembre 2018

    Jean Foucaud - LE MUSULMAN RUSSE - Gregory Nicolaiëvitch GORTCHAKOFF (1904 ? - 1995)





     




    LE MUSULMAN RUSS​E

    Gregory Nicolaiëvitch

    GORTCHAKOFF (1904 ? - 1995),

    (Abdel Malek , de son nom islamique)


     
                                           &&&&&&&&&&


             C'est  par un heureux hasard que grâce à   MM. Abdel-Kader Klibi  et Abdel-Majid Zekri (guénonien de longue date)  nous avons entendu parler pour la première fois de G.N. Gortchakoff, il y a environ une dizaine  d'années.


          Leur rencontre avait eu lieu après-guerre, à la Marsa (ou au palais de l'ex-Bey) quand ces jeunes  gens avaient une  vingtaine d'années – donc vers 1951, 52...C'était un homme d'âge mûr, d'origine russe, hébergé au palais du Bey, un être original, inclassable, féru d'intellectualité, qui leur parla de...René GUENON. Comme beaucoup de gens qui avaient lu Guénon, Gortchakoff est  venu à l'islam, aidé par son amour du pays et sa connaissance de la langue arabe :( on a dit qu'il connaissait  une quinzaine de langues! )



          Pour nous cette information était doublement intéressante : d'abord à cause de la personnalité insolite de Gortchakoff, et surtout parce que nous y avons vu encore un exemple inattendu du rayonnement intellectuel de Guénon jusqu'en Berbérie !  Il y a déjà eu beaucoup d'articles ,voire de thèses (« Influence métaphysique sur la vie littéraire française »;.etc – Paris, 2005) sur la question, mais les chercheurs se bornaient généralement à la sphère francophone et peu  à la qualité de musulmans convertis par la lecture de Guénon... 
        

                Manquant de précisions sur ces souvenirs remontant à plus de 50 ans auparavant, malgré la bonne volonté de mes « informateurs », nous avons entrepris à Paris des recherches qui n'ont pas abouti jusqu'à ce que j'obtienne la collaboration précieuse d'un jeune architecte tunisois (qui ne veut pas être cité, mais je serai  quand même amené à le faire!) .

               Il m'a donc procuré non seulement des références bibliographiques rares mais, encore mieux, la photographie de la tombe de M.Gortchakoff, où apparaît sans ambiguité sa qualité de musulman, comme on pourra le constater.


    &&&&&&&&


                   Nous userons avec prudence d'une première source bibliographique russe, traduite hélas dans un français abracadabrant, parfois incompréhensible, parfois hilarant, farci d'interpolations; sans doute le résultat d'une machine à traduire ou d'un logiciel datant de la dernière guerre! Mais pour l'instant, nous ne pouvons faire le difficile  et « faute de grives , on se contente de merles »...-  Auteurs : Marina Panova, et Nathalie  Gladilina-Shoma:


    « Georges Gortchakoff: Le Secret du Marabout pieux » -sur la vie et l'oeuvre du secrétaire [de] Sergeï Prokoviev. » *

             Essayons de remettre en ordre les données enchevêtrées de ce premier document.


    Nous apprenons (sous toute réserve) que  Gortchakoff est un marin russe, échoué à Bizerte vers 1939, officier perdu de l'escadre russe en exil au moment de la guerre (1).


    Il serait né en Bessarabie (actuellement, République de Moldavie, roumanophone) vers 1902 ou 03; or, plus loin  dans le texte, on nous dit qu'un concert a été donné à Tunis en son honneur en 1984, pour son 80ème anniversaire!


          Gortchakoff a  reçu une bonne éducation : il a appris le grec , le latin et le français, auquels on peut ajouter vraisemblablement : le russe, le roumain et sans doute l'allemand et l'anglais ...en attendant mieux.(2). Son éducation musicale n'a  pas été négligée non plus et lui permettra plus tard de donner des concerts publics ,sans  parler de la composition (il a composé 32 sonates pour piano), talent attesté jusque sur sa pierre tombale, au  cimetière de Gammarth, dans le carré réservé aux Beys de Tunis. Il apprécie particulièrement Scriabine (1872-1915)(3).


           Revenons quelques années en arrière : dans  les années 30, il est à Paris, secrétaire de Prokofieff (1891-1953) : ce dernier lui fera une impression extraordinaire (« électrique »!), ainsi que sa musique, dont  on retrouve une coloration dans les sonates  composées par Gortchakoff.  Anecdote : il raconte que Prokofieff fréquentait l'Eglise de la Christian Science (cf. RG, « le Théosophisme », p.261) , tous les samedis matin jusqu'en 1934, date de son retour en URSS.


               Reprenons maintenant le cours mouvementé des tribulations gortchakoviennes. Selon l'article publié sur internet en 2010, il aurait débarqué à Bizerte  en 1939...


               Le document dont nous empruntons quelques données, pas avare d'anachronismes incohérents, prétend que  Gortchakoff à peine arrivé à Bizerte en 1939 (est-ce une faute de frappe? 1929 conviendrait  mieux) se rend à Marseille! Ce serait donc pour aller en France et rencontrer Prokofieff dont il est admirateur depuis longtemps . Mais ça serait trop simple ,car, sans vergogne, les auteures du document écrivent qu'arrivé à Tunis (on croyait que c' était Bizerte, puis Marseille et enfin Paris ??!!), il est embauché au Service du Renseignement  de la Résidence française pour intercepter les messages radios ennemis (ce qui se justifie par son don des langues, et prouve qu'il connaissait bien l'allemand ), mais ces choses -là n'ont pu se produire qu'à son retour de France, ou alors , on n'y  comprend plus rien , une fois de plus !


           En tout cas, au début de la guerre de 40, pendant le raid aérien des Italiens et des Allemands sur Tunis, Gortchakoff s'est caché puis sauvé sur une plage déserte (Gammarth? -mais il y a bien  20 kms de Tunis à cette ville côtière du nord) où il a vécu dans un cabane pendant des années ,(environ de 1940 à 1949?) alimenté par ses voisins tunisiens  qui nourrissent volontiers ce « demandeur d'eau » (sic – où vont-elles chercher tout ça ?!) , apprécié ensuite comme « chercheur d'eau » (re-sic); peut-être  était-il sourcier ?! Essayons d'avancer dans ce galimatias...


    Sa situation précaire parvient jusqu'au Bey qui l'invite au Palais (à la Marsa) et lui accorde la citoyenneté (sic!) (4)


    * exemple d'aberration : le nom d'un certain monsieur « More » (écriture russe) est compris par la machine comme « moor » en anglais, et transcrit pas « Mer »  en français, ou « Mère » (la mère ?) ou encore : MER ou tout simplement « mer »  (l'océan)! Mais le bouquet est atteint quand le logiciel traduit froidement  « mer » par « Sea « ; ainsi, on arrive à un monsieur Sea (anglais ?), alors qu'il s'agit de Serge Moreux; discographe bien connu, comme nous avons réussi à l'établir après bien des recherches. Alors qu'il y a tant de bons traducteurs qui ne demandent qu'à travailler.


    (1)Ce qui est curieux, c'est que Guénon, dès 1929 , dans un lettre à Guido di Giorgio, parle  d' « un officier de marine  qui est à Bizerte et qui est intéressé par les questions islamiques »..Il ne peut s'agir du même ; à moins que Gortchakoff ne soit arrivé à Bizerte dès  ou avant 1929 pour repartir à Paris ,où il fréquentera d'ailleurs Serge Prokofieff, (là, les dates coincident, d'autant plus que la diaspora russe en Tunisie, et d'abord à Bizerte, se situe dans les années 1922  à 25 – cf. le témoignage d'Anastasia Manstein-Chirinsky (1912-1997), dans « Jeune Afrique » de 2009, témoignage recueilli par Ridha Kéfi )- voir en annexe


    (2) Si l'on nous permet cette référence personnelle, ceci rappelle ce que nous avons dit d'Aguéli, dans notre article sur « le Don des langues ».


    (3)Scriabine s'intéressait à la théosophie et il aimait tellement la philosophie orientale  qu'il ira jusqu'aux Indes; ceci explique l'inspiration  et le titre de certaine de ses sonates(« la Sonate métaphysique » [n°2 en sol # mineur]; « poème de l'Exstase »...etc).


    (4)Nous doutons fort que le Bey accorde  aussi rapidement la citoyenneté tunisienne ; il ne peut s'agir que d'un permis de séjour ou alors du tout nouveau passeport Nansen pour apatride (?). - On verra plus loin que la chose n'a pas dû se faire...


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             Gortchakoff aurait résidé au Palais du Bey à Khereddine (station  toujours actuelle du tram TGM)  . Là, nouvelle incroyable (mais on commence à s'y habituer), il reçoit illico presto le grade de Colonel du Bey (on se croirait dans la célèbre BD de Hergé !); mais, d'après nos renseignements, ce n'est pas un grade militaire effectif, il n'a de pouvoir que dans le palais du Bey .Et puis  n'oublions pas qu'il est déjà officier de marine dans la Marine Royale russe blanche ( d'avant les bolcheviques).
    On croit savoir, par d'autres sources orales beaucoup plus fiables, qu'entre 1950 et 55, il vivait dans le pavillon d'un autre  Palais du Bey , à la Marsa.
    En 1949, il est si bien intégré, qu'il se dit « complètement aborigène »; il proclame même la supériorité de la musique arabe sur la musique occidentale et soutient fermement la volonté d'indépendance de la Tunisie, qui était un Protectorat, mais un protectorat sans initiative, maintenu dans un tutelle ridicule et dont les droits étaient constamment spoliés par les Résidents échappant au pouvoir du gouvernement de Paris. On sait les tristes souvenirs qu'a laissés un prétentieux incompétent du nom  de Hautecloque ( dont on  a pu dire de lui qu' « il était tellement bête que même ses hommes s'en étaient aperçus « !) (5) : il sera la cause de bien des assassinats crapuleux perpétrés par la Main Rouge, avec la complicité de la police française et son accord tacite, au point qu' à Paris le Ministère commença à s'inquiéter sans arriver à le destituer , vu ses appuis  de la part du lobby « pied noir » tunisien, qui, sans être aussi puissant qu'en Algérie, faisait encore la pluie et le beau temps .


    .              On suppose que c'est de ce moment-là que date sa conversion à l'Islam (chose qui n'intéresse guère les biographies-amateurs improvisées!). Autrement , on ne comprendrait pas qu'il ait été embauché par le Bey pour diriger l'éducation de ses deux neveux, notamment Rashid. En tout cas, la coïncidence nous paraît plausible, en l'absence de tout autre indice.



                  En 1953, Gortchakoff entreprend une biographie de Prokofieff  qui vient de décéder en Russie .Il fera même une conférence à Tunis sur son Maître . Entretemps, il  écrit des poèmes en français (et en arabe -?-);Vers 1964, son élève Rashid lui offre un chambre et un piano dans le palais de son beau-père à La Marsa. Là ;il compose et enseigne la musique. Il noue des relations avec le Père blanc Jean Ferron (1910-2003), directeur du musée de Carthage/Birsa . En 1967, il comptait aller en URSS pour jouer une composition en l'honneur de la Révolution; mais on lui refuse un visa. Il s'avère qu'il n'a pas de passeport : « la France, la Tunisie  et l'URSS étaient  prêtes à lui offrir la citoyenneté, mais aucune d'elle ne lui convenait » (document Panova, p. 11 de la transcription par logiciel) Resté à Tunis, il donne des conférences sur les traditions musicales des républiques musulmanes d'URSS .On sait que Gortchakoff n'aimait pas la musique « dodécaphonique « ou concrète : il aimait trop Bach et la musique religieuse russe .


               Inquiet pour le sort posthume de ses archives (écrits, partitions...), il décide de tout transférer à la Bibliothèque Nationale de France, au fonds russe Nadia Boulanger.


              Gregory Nocolaïevitch Gortchakoff est décédé le 16 mars 1995. Il a   été enterré par son élève Rashid au cimetière de Gammarth. Sur sa pierre tombale, on remarque une inscription en arabe comme on le fait pour tout Musulman, et en dessous,  3 lignes en russe que le graveur tunisien a eu du mal à écrire, car il y a plusieurs fautes de russe ! (voir ci-dessus)


                Les auteures terminent ainsi : « L'étude de la créativité (sic !) Gortchakoff commence seulement. Aujourd'hui, le voile entourant le mystère du « pieux marabout », n'est que légèrement entrouvert, il reste à le résoudre ».


                 On croit comprendre que la conversion  de cet homme exceptionnel  a l'air gênante pour ses biographes russes et qu'on préfère ne pas trop en savoir  à ce sujet !Il est vrai que les Catholiques orthodoxes russes tiennent beaucoup à leur religion (il n'y a qu'à voir l'exemple du Président Poutine).  Dans nos recherches, nous ne trouvons qu'un prince russe dans la longue dynastie des princes russes  issus de l'union avec les princes Volkonsky, et qui serait musulman; il s'agit du Prince Mohamed Ben Halim d'Egypte (1897-1970, alias Prince Mohammed Sa'id Halim, ayant  épousé une princesse Elena Vadimovna (1924-...). Quant aux homonymes, il semble que Gortchakoff n'ait pas été apparenté à la haute noblesse russe, étant plutôt  un hobereau, si l'on peut dire : il y a eu des confusions à ce sujet. ...


                Mais pour nous, ce personnage est doublement intéressant : il connaît Guénon et se convertit à l'Islam.  , ce qui n'est pas une chose courante dans les années 40. Et il a l'air tout à fait acquis à la culture arabo-musulmane. Nous n'avons pas non plus réussi à savoir s'il était membre d'une Loge.    


                   Il faut dire que la Tunisie, terre d'invasions depuis des millénaires, a toujours été une terre d'accueil et a encore gardé son esprit d'ouverture, surtout vis à vis de l'occident et notamment de la France.




    *Annexe 1 : les sources:


    -A part Mmes Panova et Gladilina-Shoma que nous avons citées abondamment(qu'elles soient ici remerciées), il y a l'ouvrage de Mme Makhrova: « Ma Tunisie : la Manière russe – 2002.
    Il y a également Makhrov K. : « En mémoire de Gregory . Nik Gortchakoff », dans la revue : « la Pensée russe » n° 4084 -  29 juin /5 juillet - 1995     -on peut consulter le Fonds russe Nadia Boulanger (déjà cité) à la BNF.


    Il y a aussi le fonds Serge Moreux, correspondance entre Prokofieff et Gortchakoff.


    - « Les Russes à paris » -1919/1939, par Hélène menegaldo, Ed. Autrement, 1998


    -La Bibliothèque russe Tourgueniev, à Paris.


    Eventuellement, la thèse d'Alexandre Jevakhoff  et le livre de Nina Berbérova : « les Francs-Maçons russes du XXè siècle »/Actes Sud,1990, qui ne cite pas une seule fois le nom pourtant assez courant en Russie de Gortchakoff.



    *Annexe 2 : Signalons l'interview dans la Revue Jeune Afrique de  déc. 2009, juste avant son décès à 97 ans de Mme Manstein -Chirinsky, qui avait connu le débarquement de l'escadre russe rescapée des Bolcheviks, en 1921 quand elle avait 9 ans... 


    *




    NB  Nous ne savons toujours pas si Gortchakoff a eu une descendance ;  quoi qu'il en soit , nous avons découvert un homonyme  maçonnique qui annonçait  dès 2006 (chez l'éditeur Dervy) un ouvrage à paraître et qui ne parut jamais (?) : il signait Michel GORTCHAKOFF !


         Le titre en était : « la Sainte Arche Royale,  déclinaison de la Parole Perdue. ».
    En fait, il aurait été publié à compte  d'auteur en 1994 (donc bien avant 2006)   et republié en 2010 par  la Collection Magie du Livre.


        Entretemps , le titre semble avoir été changé , et il s'agit de : »Le Rite d'York de Nova Scottia ,( G%L% Pr% du Canada)  à la GLNF, toujours par le Dr Michel GORTCHAKOFF.


    A moins qu'il ne s'agisse d'un 2è ouvrage ...        


    (5)cf. Ce que dit de lui l'historien Charles-André Julien , »Et la Tunisie devint indépendante »,pp.34 à 39   + la note 5 p.35 , passim


    PS:Je dois l'iconographie de cet article à l'obligeance de M.Adnen Ghali.


    Portrait de G.N.Gortchakoff. (ra)