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jeudi 1 avril 2021

La demeure du Pôle et le sceau du Soleil - Turba Philosophorum

   
    Turba Philosophorum

Médaille offerte au Roi-Soleil par le duc d'Aumont. 



Article paru dans Le Miroir d'Isis N° 20 (novembre 2013)

A.A.


Notre  étude  sur  la  figure  et la  fonction  d'Hermès-Idrîs  telles  qu'elles  apparaissent  dans  la  tradition islamique a montré que celui-ci assume une fonction polaire - il est le « pôle des esprits humains » - mais aussi solaire, puisque sa demeure est dans le ciel du Soleil. Or il se trouve que cet aspect tantôt polaire, tantôt solaire n'est pas sans relation avec certaines correspondances numériques, et c'est ce que nous souhaiterions nous attacher à développer quelque peu dans ce qui suit.








mardi 14 juillet 2020

Métaphysique de la lumière - Turba Philosophorum

                                                                   Turba Philosophorum


                                                                                                         
 À la mémoire de mon père 

A. A. 

« Dieu est la Lumière des Cieux et de la Terre » 1 


     « Vérifiant un jour la chambre noire de mon appareil photographique, j’appuyai machinalement sur le déclic, et le temps d’une seconde, je contemplai émerveillé l’Univers tel qu’il fut, tel qu’il est et tel qu’il sera, et mes yeux sont encore agrandis par l’horreur et par la joie de l’instant unique qui retentit en moi pour toujours. »2   


  Nous nous proposons dans ce qui suit de donner quelques aperçus de ce que l’on pourrait appeler une « métaphysique de la lumière ». Nous écartons donc d’emblée la tentation de nous lancer dans une « physique et métaphysique de la lumière », non qu’un tel projet manque d’intérêt, bien au contraire, mais parce que son ampleur serait telle qu’un livre entier n’y suffirait pas. Seul nous retiendra dans cette brève étude l’aspect le plus élevé du symbolisme de la lumière ; les aspects cosmogoniques et cosmologiques ne pourront être qu’effleurés malgré le (ou à cause du) rôle très important qu’ils jouent dans toutes les traditions. De même l’ « alchimie de la lumière » qui s’est développée en Europe au XVIe et XVIIe siècle, et qui mériterait à elle seule une étude spéciale, devra rester en dehors de notre sujet. Nous devrons toutefois nous restreindre encore davantage, car il n’est pas possible de se référer à l’enseignement de toutes les traditions ; nous mettrons surtout l’accent ci-après sur deux sources particulièrement claires et explicites autant que le sujet le permet : l’ésotérisme islamique (Ibn ʿArabî, pour l’essentiel)3 et la doctrine vedantine de la non-dualité (en particulier telle qu’elle a été enseignée par Ramana Maharshi dans un langage adapté à notre époque). Il apparaîtra comme une évidence qu’il s’agit là, malgré des différences de formulation, d’un seul et même enseignement.       



               

dimanche 28 août 2016

Turba Philosophorum - Choix de hadiths

                               
                 Avec l'autorisation de Turba Philosophorum 




                                        Le tombeau d'Al Boukhari à Samarcande, Ouzbékistan .


 

Suite à un malencontreux concours de circonstances, le texte paru dans Le Miroir d'Isis n°12 (2007) n'est pas la version définitive de l'article, mais une version de travail intermédiaire. La version correcte est celle que vous pouvez lire dans le fichier électronique ci-joint. En particulier, cette version comprend exactement 40 hadiths.




A. A.


Les hadiths sont, après le Coran, la deuxième source de la tradition musulmane. Ce sont des paroles du Prophète qui ont été transmises tout d’abord oralement au moyen d’une chaîne d’intermédiaires jusqu’à l’époque où un certain nombre de compilateurs les ont rassemblées dans des recueils. Les plus connus - les plus volumineux aussi - sont ceux de Bukhârî et de Muslim, mais on s’accorde à considérer six de ces recueils comme particulièrement dignes de foi : outre les deux déjà cités, ce sont ceux de Tirmidhî, Ibn Mâja, Abû Dâwûd et Nasâ’î. Le plus ancien est celui de Bukhârî (mort en 194 de l’Hégire), les autres datant du troisième siècle. La « solidité » d’un hadith dépend de celle de sa chaîne de transmission : celle-ci doit en principe faire figurer tous les inte rmédiaires qui font remonter la parole citée jusqu’au Prophète2, et ces intermédiaires doivent être reconnus comme étant dignes de foi. Il existe néanmoins des hadiths considérés comme « faibles » par les « docteurs de la Loi », mais qui sont spirituellement très riches et souvent cités  surtout dans les ouvrages qui relèvent du taçawwuf (soufisme). Bien que les chaînes de transmission fassent partie intégrante des hadiths et que leur importance ne soit évidemment pas en question, nous ne les reproduirons pas ici, parce qu’elles sont souvent plus longues que le texte lui-même qu’elles servent à introduire, qu’elles sont peu parlantes pour le lecteur occidental, et que le but recherché ici est de communiquer un certain « parfum » - ou un « goût » - propre à la tradition musulmane.







mardi 18 février 2014

John Dee et les Propædeumata Aphoristica - Les fondements rationnels de l’astrologie





John Dee et les Propædeumata Aphoristica - Les fondements rationnels de l’astrologie



Article paru dans Le Miroir d'Isis n°16 (2010).




A. A.

Introduction

Remarques préliminaires

La figure de John Dee reste encore très largement méconnue du public de langue française. A l’exception de la Monade Hiéroglyphique, aucune de ses oeuvres n’a été traduite en français, et aucune biographie digne de ce nom n’est disponible dans notre langue. Alors que le lecteur anglophone a aujourd’hui la possibilité d’étudier la vie et l’oeuvre de ce « mage élisabéthain »10 en se référant tout au moins à un nombre sans cesse croissant d’ouvrages d’érudition, le lecteur francophone n’a à sa disposition que de bien maigres ressources parmi lesquelles prédominent largement quelques récits plus ou moins romancés où l’équipée en Europe centrale avec Kelly et les « conversations avec les esprits » jouent un rôle prépondérant. Il nous a paru intéressant, par conséquent, de contribuer un tant soit peu à mieux faire connaître cet homme hors du commun. Nous avons choisi de donner ci-dessous un aperçu du premier de ses ouvrages qui nous a été conservé, les Propædeumata Aphoristica. Cet ouvrage a connu deux éditions, la première en 1558, la seconde – qui comporte de nombreuses corrections – en 1568. Ces deux dates ne sont pas indifférentes, parce qu’elles encadrent la date de publication de la Monas Hieroglyphica (Anvers, 1564). Or si la Monas a pour objet premier l’alchimie et les Propædeumata l’astrologie, les deux traités ne sont pas sans présenter quelques liens entre eux, à commencer par le fait que le symbole de la Monade figure dès 1558 en frontispice des Propædeumata.


10 Peter J. French : John Dee. The World of an Elizabethan Magus (Routledge, 1972) constitue une bonne introduction.





Voir aussi : John Dee - La Monade Hiéroglyphique (Traduit et annoté par Grillot de Givry)






lundi 18 mars 2013

Quelques remarques à propos d'Hermès-Idrîs - Turba Philosophorum




                                                                Turba Philosophorum




« Le lieu le plus élevé est celui autour duquel tourne la meule du monde des Corps célestes : c'est le Ciel du Soleil, siège (symbolique) de la station spirituelle d'Idrîs – sur lui la Paix ! Sept sphères sont au-dessous et sept sont au-dessus de la sienne, qui est donc la quinzième. Au-dessus se trouvent : le Ciel de Mars, le Ciel de Jupiter, le Ciel de Saturne, le Ciel des Mansions lunaires, le Ciel non-étoilé qui est celui des « Tours » (zodiacales), le Ciel de l'Escabeau et le Ciel du Trône ; au-dessous se trouvent : le Ciel de Vénus, le Ciel de Mercure, le Ciel de la Lune, la sphère de l'Ether, la sphère de l'Air, la sphère de l'Eau et la sphère de la Terre. En tant que Pôle des Cieux, (Idrîs) est exalté par le lieu (où il réside). » (Kitâb fuçûç al-hikam)

 



Article paru dans Le Miroir d'Isis n°18 (2011)





A. A.

« Le monde de la Nature : des formes dans un miroir unique... Non ! Plutôt une forme unique dans des miroirs multiples. »

(Ibn Arabî, Kitâb fuçûç al-hikam, ch. sur Idrîs).

 

 À l'occasion d'une précédente étude1, nous avons été amené à citer l'article de René Guénon intitulé « Hermès » paru dans le Voile d'Isis en 1932 (2). Ce texte participe du véritable « miracle » qui s'opère à ce moment dans la ligne éditoriale de la revue grâce à l'action à distance de celui qui vient alors de rejoindre cette contrée éminemment « hermétique » de Miçr, au pied de la Grande Pyramide dont il est parfois dit, comme lui-même l'a rappelé, qu'elle est le « tombeau d'Hermès »3. Nous n'ignorons pas, naturellement, que Guénon a insisté en permanence dans son oeuvre sur la prééminence de la métaphysique pure, et que par conséquent pour lui l'essentiel n'est pas du domaine de l'hermétisme proprement dit. Dans le cas qui nous occupe, cela signifie entre autres que son rattachement à une tariqa shadilite et à une baraka akbarienne (et cela depuis 1912 au moins) est incomparablement plus important que des coïncidences de lieu dans lesquelles il n'est sans doute pas interdit de voir un signe, mais dont il ne faut pas non plus exagérer la signification, ce qui reviendrait à se placer à un point de vue plus proche du Voile d'Isis ancien style (occultiste) que des Études traditionnelles  encore à venir à l'époque que nous évoquons.



Pour lire la suite, cliquer ici













 
1 « Dante et l'énigme du 515 », Le Miroir d'Isis n° 17. A lire  ici
2 « Hermès », Le Voile d'Isis, 1932, repris dans Formes traditionnelles et cycles cosmiques, p.128-137 (dans la suite, simplement H suivi du numéro de la page dans cette édition).
3 « Le Tombeau d'Hermès », Le Voile d'Isis, 1948, repris dans Formes traditionnelles et cycles cosmiques, p.138-148 (dans la suite, simplement TH).

Voir aussi l'article : " René Guénon - Hermès."





jeudi 24 janvier 2013

Compte-rendu Jâbir ibn Hayyan : Dix Traités d’Alchimie de Pierre Lory - Turba Philosophorum


                                                             Turba Philosophorum








Compte-rendu paru dans la revue La Tourbe des Philosophes n° 28 (1986).

A.A.

Jâbir ibn Hayyan : Dix Traités d’Alchimie. Les dix premiers Traités du Livre des Soixante-Dix,traduits de l’arabe et présentés par Pierre Lory, Paris, Sinbad, 1983.
 
Le Corpus Jâbirianum occupe dans l’histoire de l’alchimie en général, et dans l’histoire de l’alchimie islamique en particulier, une place de première importance, et il faut remercier Pierre Lory d’avoir permis au lecteur de langue française d’en prendre une meilleure connaissance grâce à cette traduction des dix premiers traités du Livre des Soixante-Dix. Seule une vingtaine de traités attribués à Jâbir avaient en effet été édités auparavant, dont quelques-uns seulement étaient accompagnés d’une traduction, alors que plus deux cents traités de ce corpus nous ont été conservés (sur un total, il est vrai, de trois mille environ), ce qui donne une mesure du travail qui attend les chercheurs dans ce domaine. D’autre part, les textes que le Moyen Age occidental a connu sous le nom de Geber, s’ils sont probablement des traductions de l’arabe, sont de toutes manière beaucoup plus tardifs que ceux du corpus jâbirien proprement dit qui nous occupe ici. Ces derniers, en effet, même s’ils n’ont pas (tous ?) été l’oeuvre d’un alchimiste du nom de Jâbir, ne peuvent en tout cas être postérieurs au dixième siècle, puisqu’on les trouve cités et commentés à partir de ce moment, tandis qu’il est généralement admis que les traités de Geber datent du treizième siècle, ce qui n’exclut pas, évidemment, un certain rapport de filiation entre ceux-ci et ceux-là. (Notons que vers 1300 une traduction latine du Traité des Soixante- Dix vit le jour, mais que, paradoxalement, ce Liber de Septuaginta n’était pas attribué à Geber.)
 

Orient et Occident - Turba Philosophorum



                                                         Turba Philosophorum












Article paru dans la revue La Tourbe des Philosophes, n° 24-25 (1983) pour la première partie et n° 27 (1985) pour la seconde.

A.A.


1. Le verset de la Lumière
 
Il est extrêmement rare de trouver dans une oeuvre de la tradition alchimique occidentale une référence explicite à l’alchimie islamique. L’indication donnée par Eugène Canseliet dans ses Alchimiques Mémoires 1 n’en est que plus précieuse à relever : citant Mokhtar Pacha, Eugène Canseliet nous dit en effet que l’alchimiste musulman peut voir une expression de la Pierre Philosophale dans le symbolisme du verset coranique de la Lumière. Rappelons ce verset bien connu :
« Dieu est la Lumière des cieux et de la terre. Sa Lumière est semblable à une niche dans laquelle se trouve une lampe ; la lampe est dans un verre ; le verre est comme un astre brillant ; elle est allumée grâce à un arbre béni, un olivier, ni d’orient, ni d’occident (la sharqîya wa la gharbîya), dont l’huile éclairerait, ou peu s’en faut, même si nul feu ne la touchait.
Lumière sur lumière. Dieu guide vers Sa Lumière ceux qu’il veut. »
(Coran : 24 ; 35)
 













samedi 12 janvier 2013

Le cycle de la Prophétie selon la Tradition islamique - Turba Philosophorum

                                            Turba Philosophorum

 
 
 



  • Le cycle de la prophétie selon la tradition islamique, texte paru dans le volume : Oracles et prophéties aux Éditions Beya. (NB. Le texte contient des caractères arabes qui nécessitent la police de caractères Siddiqua, à télécharger le cas échéant.)
  •  
     A.A.
     
    La tradition islamique se présente comme la dernière des traditions révélées à l’humanité : dernière non pas seulement parce que la plus récente, mais aussi et surtout parce que scellant définitivement la prophétie pour le présent cycle. Le prophète Muhammad est le « Sceau des Prophètes et des Envoyés » ; il ferme et récapitule le cycle de la prophétie qui a commencé avec Adam et se termine avec lui1. Un hadith précise que le nombre total des prophètes qui se sont succédés depuis Adam est de 124 000, parmi lesquels 313 seulement furent des envoyés, c’est-à- dire des prophètes missionnés avec un message renouvelé (pouvant être par exemple, mais pas nécessairement, une nouvelle législation sacrée). Le Coran ne cite qu’un petit nombre d’entre eux2, qui sont le plus souvent par ailleurs les mêmes que les prophètes les plus importants mentionnés dans la Bible, et en particulier : Énoch (Idrîs), Noé, Abraham, Ismaël, Isaac, Jacob, Joseph, Moïse, Aaron, David, Salomon, Jean-Baptiste (Yahyâ), Jésus.
     
     
     
     
     
    1. L’expression « Sceau des Prophètes » (khâtam al-nabyyin) est coranique (XXXIII,40).

    2. On s’accorde généralement sur le nombre de 25, mais tous ne sont pas désignés de manière directe dans le Coran comme rasûl ni même comme nabî. Par ailleurs, le nom d’Adam est cité 25 fois dans le Coran, ce qui n’est peut-être pas sans rapport avec ce qui précède, car, comme nous le verrons, les prophètes successifs réalisent d’une certaine manière des aspects de l’Homme universel dont Adam est le prototype.

    lundi 17 septembre 2012

    `Abd ar-Razzâq al-Qâshânî : Les interprétations ésotériques du Coran. Présentation par Turba Philosophorum


    Turba Philosophorum




    `Abd ar-Razzâq al-Qâshânî : Les interprétations ésotériques du Coran.
    Traduction, notes et commentaires de Michel Vâlsan. Éditions
    Koutoubia, collection Bibliothèque traditionnelle, 2009.


    Réédition marquante dans le domaine de l'ésotérisme islamique que celle de ces extraits du commentaire du Coran par Qâshânî (mort en 1329), traduits et annotés par Michel Vâlsan dans la revue Études Traditionnelles il y a maintenant plus de quarante ans. Ce Tafsîr est un des rares commentaires du Livre révélé qui se présente explicitement comme ésotérique (ta'wîl), c'est assez dire son importance1. Il fut imprimé en arabe à la fin du XIXe siècle sous le nom d'Ibn Arabî, et cette attribution erronée a naturellement contribué à la renommée de l'ouvrage. Quoi qu'il en soit, ce commentaire se rattache indubitablement au taçawwûf, et plus particulièrment à l'école doctrinale du shaykh al-akbar; la traduction proposée constitue donc pour le lecteur occidental une excellente porte d'entrée pour approcher le mystère de la révélation coranique. Par ailleurs, ce type d'ouvrage nécessite pour le lecteur en question d'être lui-même commenté et annoté afin de baliser un terrain avec lequel il n'est généralement pas familier, voire de bien cadrer la terminologie utilisée d'éviter certains malentendus; c'est pourquoi il importe de souligner que les annotations de Michel Vâlsan se révèlent extrêmement précieuses et démontrent s'il en était besoin la maîtrise de leur auteur en ce domaine. C'est  l'occasion de rappeler que la grande majorité des travaux qui ont paru en français sur Ibn Arabî et sa doctrine depuis le dernier quart du siècle passé ont une dette avouée ou non vis-à-vis de celui qui « est considéré comme le véritable fondateur des études akbariennes en Occident » (quatrième de couverture).

    Le recueil porte comme sous-titre : « Les Clefs : La Fâtihah et les Lettres Isolées ». Les extraits présentés dans ce volume concernent donc d'une part la première sourate du Coran, « Celle qui ouvre », et donc en particulier la Basmala, et d'autre part les énigmatiques « Lettres isolées » qui figurent en tête de certaines sourates. Dans le cadre forcément très restreint de ce compte-rendu, nous nous bornerons à quelques remarques sur ce dernier thème, moins connu que le premier.

    Tous les passages relatifs à ces « sigles coraniques » ont été ici rassemblés par le traducteur, bien que dans l'ouvrage original chacun soit commenté avec la sourate dont il forme le début. Les sourates en tête desquelles on trouve des lettres « isolées » sont au nombre de 29 ; certaines de ces lettres apparaissent seules, d'autres forment des groupes de deux, trois, quatre ou cinq lettres. Le nombre total de ces lettres, avec les répétitions est de 78, qui est le triangle de 12. Il est également à noter que sur les 28 lettres de l'alphabet arabe, 14 exactement entrent dans la composition des monogrammes. Ces simples remarques laissent déjà entrevoir l'importance du symbolisme des nombres – de toute manière indissociable en arabe de celui des lettres – pour l'étude de leur signification, mais cet aspect, signalé par le traducteur, n'est pas développé en tant que tel par Qâshânî lui-même. Il nous paraît toutefois très significatif que dès le commentaire relatif à la deuxième sourate2, celui-ci fasse clairement allusion à des considérations d'ordre cyclique et eschatologique : « ALIF – LÂM – MÎM est le ... livre "promis" comme devant être avec le Mahdî à la fin des temps, et qui ne sera lu, tel qu'il est en réalité que par celui-ci » (p.48).

    Le commentaire de Qâshânî repose avant tout sur des considérations basées sur la métonymie; par exemple, le groupe de lettres alif-lâm-mîm dont il vient d'être question est interprété de la manière suivante : le alif se rapporte à Allâh (comme lettre initiale), le lâm à Jibrâ'îl3 (comme lettre finale) et le mîm à Muhammad (à nouveau comme lettre initiale).

    Ces trois lettres sont ainsi mises en correspondance avec les trois mondes de l'Essence, des Attributs et des Actes. Ceci donne lieu, tant dans le texte que dans les notes, à des considérations du plus grand intérêt. A d'autres endroits, toutefois, ce procédé métonymique semble être utilisé de manière quelque peu systématique, et le lecteur ne peut se défendre de l'impression que l'essentiel n'est pas dit. Mais comme l'écrit Michel Vâlsan : « Ces monogrammes détiennent le mystère du Coran » ; ceux-ci sont donc des « clefs », au sens le plus fort du terme, et il serait donc naïf de croire qu'un commentaire comme celui de Qâshânî épuise le sujet. Si celui-ci peut constituer jusqu'à un certain point une invitation au « palais fermé du Roi », on doit bien se douter que la combinaison qui ouvre le coffre où sont cachés les trésors du Souverain ne figure pas sur le bristol. Une indication, néanmoins, pour qui chercherait à aller plus loin. Il a été montré que les 78 chapitres de la cinquième section des Futûhât d'Ibn Arabî (section dite des « Condescendances divines ») correspondent un à un aux lettres isolées prises dans l'ordre inverse de leur occurrence dans le Coran (de même que les 114 chapitres de la quatrième section – des « Demeures » – correspondent aux sourates du Livre elles aussi prises à partir de la fin)4. Comme seuls quelques extraits des Futûhât ont été traduits, cette piste restera difficile à explorer, d'autant que la correspondance dont il s'agit n'est jamais explicite, mais repose sur des « allusions subtiles » dont l'appréhension est tout sauf évidente.

    Muhammad Vâlsan5 (fils de Michel Vâlsan) est l’auteur d’un avant-propos dans lequel on trouvera également des indications fort intéressantes : certains rapprochements entre le monogramme alif-lâm-mîm et le Verbe, que nous laissons au lecteur le soin de découvrir, nous paraissent particulièrement dignes d’attention.

    Les traductions de ce volume ne représentent que la moitié environ de ce que Michel Vâlsan avait publié dans les Études Traditionnelles. Formons pour terminer le souhait que les commentaires relatifs à d'autres sourates, dont la traduction avait été considérée comme opportune pour des raisons qui ne doivent certainement rien au hasard, fassent prochainement l'objet d'une parution dans la même collection, ainsi que le laisse entendre l'avant-propos.

    A. A.

    1 On pourra consulter aussi : Pierre Lory : Les Commentaires ésotériques du Coran d'après `Abd ar-
    Razzâq al-Qâshânî, Les Deux Océans, 1980.
    2 Celle-ci débute par : « Alif, Lâm, Mîm. Ceci est le Livre exempt de doute, guidance pour les pieux. »
    Plusieurs autres sourates commencent par le même monogramme.

    3 L'Ange Gabriel qui, rappelons-le, dictait le Coran au Prophète.
    4 Voir à ce sujet C.-A. Gilis : Études complémentaires sur le Califat, Éditions Al-Bustane.
    5 Muhammad Vâlsan avait fondé la revue Science Sacrée, qui semble avoir cessé de paraître. Le présent volume a repris le format et la présentation de la revue. Signalons aussi que le texte arabe de Qâshânî figure en marge de la traduction.

    mardi 22 mai 2012

    A propos d'un livre sur le pèlerinage








    Article paru dans la revue Le Fil d’Ariane, n°34 (1988)

    A PROPOS D’UN LIVRE SUR LE PELERINAGE

    A.A.

    Nous nous proposons, dans ce qui suit, de faire quelques brèves remarques au sujet d’un ouvrage de Charles-André Gilis intitulé La Doctrine initiatique du Pèlerinage à la Maison d’Allâh 1, et dont les circonstances ne nous ont pas permis de rendre compte à l’époque de sa publication. Notre propos, très modeste, est tout d’abord d’attirer l’attention sur l’oeuvre de Ch.-A. Gilis en général, car il s’agit sans aucun doute de l’une des plus importantes contributions actuelles à l’étude de l’ésotérisme musulman. Outre le livre déjà cité, Ch.-A. Gilis est également l’auteur d’une Traduction et présentation d’un commentaire d’Ibn Arabî sur les trente-six Attestations coraniques de l’Unité divine 2, ainsi que d’un ouvrage fondamental pour la compréhension de l’oeuvre de René Guénon 3, qui tranche singulièrement sur le flot des publications récentes consacrées à ce sujet.



    L’oeuvre de Charles-André Gilis se place d’emblée sous une triple autorité qui est la meilleure garante de sa parfaite orthodoxie traditionnelle : celle tout d’abord de Muhyî-d-Dîn Ibn `Arabî, le Cheikh al-Akbar (c’est-à-dire le « très grand maître spirituel »), auteur en particulier des Futûhât al-Makkiyya ; celle de René Guénon ensuite, à laquelle Ch.-A. Gilis se réfère constamment ; celle, enfin, de Michel Vâlsan qui, par ses nombreuses études et traductions, aussi bien que par l’influence qu’il exerça, « fut véritablement le fondateur des études akbariennes en Occident » 4.

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    lundi 19 mars 2012

    Turba Philosophorum

                                         Avec l'autorisation de Turba Philosophorum





    Article paru dans la revue "La Tourbe des Philosophes n°21 (1982)"

    Vers le milieu du treizième siècle apparaissait pour la première fois en
    Occident un traité alchimique d’une grande importance et qui devait
    susciter au cours des siècles un intérêt jamais démenti, puisqu’on le
    trouve mentionné dans les ouvrages de nombreux maîtres, depuis Arnaud
    de Villeneuve jusqu’à Fulcanelli. Ce traité est généralement connu sous
    son titre latin : Turba Philosophorum. C’est la traduction d’un traité
    rédigé en arabe au dixième siècle, et dont l’original ne nous est pas
    parvenu 1. Quoi qu’il en soit exactement de sa rédaction primitive, cet
    ouvrage fait partie, avec la Table d’Emeraude, l’Entretien du Roi Calid 2
    avec le Philosophe Morien, et quelques autres, des traités dont la
    transmission assura la pénétration de la tradition alchimique en Occident.
    Roger Bacon, Arnaud de Villeneuve, Raymond Lulle n’auraient pas
    produit leur oeuvre sans la profonde symbiose qui exista, aux douzième et
    treizième siècles, entre les milieux intellectuels d’Islam et d’Occident.
    Les oeuvres en latin attribuées à Geber sont certainement traduites de
    l’arabe, même si leur auteur n’est pas le Jâbir ibn Hayyân qui vécut au
    huitième siècle. De nombreux termes du vocabulaire alchimique passent
    de l’arabe en latin. Le Gabritius du Rosaire n’est autre que kibrît, soufre,
    et sa soeur Beya est bayda’, blanche. Ces choses sont bien connues, et
    nous ne les rappelons ici que pour mémoire. 3


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    jeudi 15 décembre 2011

    Dante et l'énigme du 515

                               Avec l'autorisation de Turba Philosophorum






    Article paru dans Le Miroir d'Isis n°17 (2010).



    A.A.



    Le symbolisme des nombres joue dans la Divine Comédie de Dante un rôle important qui a été reconnu de longue date et qui se manifeste d'ailleurs sous différents aspects; mais aucun nombre – à l'exception naturellement du fameux 666 de l'Apocalypse de saint Jean – n'a sans doute suscité autant de commentaires et d'hypothèses en tout genre que le nombre 515 qui apparaît au dernier chant du Purgatoire :

     

     

    « Car je vois à coup sûr – et je l'annonce –

    des astres déjà proches, sans obstacle
    ni résistance, nous marquer le temps
    où un nombre Cinq Cent et Dix et Cinq,
    mandé par Dieu (messo di Dio), tuera l'usurpatrice
    et le géant qui fornique avec elle. »72


     



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    Turba Philosophorum

    lundi 22 août 2011

    L' interprétation ésotérique du Coran (A.A.)


               Avec l'autorisation de Turba Philosophorum





    Article paru dans la revue Le Fil d'Ariane n°23 (1984).


     
    Par A.A.


    La place de la tradition islamique dans l’économie spirituelle de l’humanité n’est pas toujours reconnue en Occident à sa juste importance. Plus grave encore, c’est la nature même de la révélation coranique qui est généralement mal comprise, et sans doute faut-il voir là la cause la plus profonde de l’incompréhension manifestée à l’égard de cette révélation, aussi bien sur le plan exotérique que sur le plan ésotérique. Exotériquement, l’Islam se présente comme la récapitulation de toutes les révélations antérieures, le Prophète Muhammad étant le Sceau de la Prophétie et plus particulièrement de la Prophétie légiférante. A ce titre, l’Islam considère tous les Envoyés ayant précédé Muhammad, depuis Adam, premier homme et premier prophète, jusqu’à Jésus-Christ1 qui est le Sceau de la Sainteté, comme des messagers de Dieu, et la Torah, les Psaumes et les Evangiles sont tenus par les musulmans pour des textes révélés, même si pour eux le Coran est naturellement la Parole de Dieu par excellence.

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    Turba Philosophorum

    samedi 30 juillet 2011

    Le symbolisme du palmier

    Avec l'autorisation de Turba Philosophorum





    Article paru dans la revue Le Fil d'Ariane n°40 (1990). À titre de complément à ce texte, les notes de lecture parues dans la revue Le Fil d'Ariane n°41 (1990).


    A. A.


    « Justus ut palma florebit »


    (Psaumes 92, 13)


    Il n’existe sans doute pas de tradition qui ne fasse une place plus ou moins importante au symbolisme de l’arbre. Qu’il s’agisse de l’Arbre qui se trouvait, selon la Genèse, au milieu du Paradis, de l’Arbre de Vie dont la Kabbale hébraïque enseigne qu’émane une rosée de lumière, de l’arbre Haoma de la tradition avestique, de l’Arbre du Monde identifié dans l’hindouisme à Agni, de l’arbre sous lequel se produisit l’éveil du Bouddha, c’est dans tous les cas un symbole évident de l’Axe du Monde, du lien qui relie le Ciel et la Terre. Il est en outre souvent dispensateur du breuvage d’immortalité, à moins qu’à son côté ne jaillisse une source miraculeuse dont l’eau s’identifie à la Vie elle-même 1.


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    Turba Philosophorum




    jeudi 28 juillet 2011

    Soufisme et Alchimie (A.A.)


      Avec l'autorisation  de Turba Philosophorum 




    Article paru dans la revue La Tourbe des Philosophes n°23 (1983)






    Dans un précédent article, nous nous sommes efforcé de suggérer la possibilité d’étudier l’alchimie islamique dans le respect tout à la fois de la Révélation islamique en ce qu’elle a de spécifique, et de l’alchimie authentique telle qu’elle a été revivifiée en Occident par les travaux de Fulcanelli et d’Eugène Canseliet. Cette possibilité est aussi en un certain sens une nécessité, car la tradition alchimique a pénétré en Occident par le biais de l’Islam. Cette transmission a certainement dû s’accompagner d’une réadaptation de la tradition, mais elle implique aussi - car il ne peut y avoir en ce domaine de génération spontanée - qu’une alchimie intégrale a existé en terre d’Islam avant de s’épanouir en Occident.


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    Turba Philosophorum

    vendredi 3 juin 2011

    Les secrets de la Basmala (seconde partie)









    Article paru dans la revue Le Miroir d'Isis n°6  (2004).



    A.A. (suite)
    3. Explication (tafsîr) de Sa Parole : Bismillâh
    al-Rahmân al-Rahîm.


    a) Commentaire de Bismillâh :

    Selon (un hadith rapporté par) `Atia al-`Ufî d'après Abû Sa`îd al-Khudrî, l'Envoyé d'Allâh – sur lui la Grâce et la Paix – a dit : « `Isâ – sur lui la Paix – avait été envoyé à l'école par sa mère – qu'Allâh soit satisfait d'elle – afin d'y étudier. Le maître lui dit : Dis Bismillâh al-Rahmân al-Rahîm.

    A quoi `Isâ répondit : Qu'est-ce que Bismillâh ? Le maître dit : Je ne sais pas. `Isâ lui dit : Le bâ', c'est la splendeur (bahâ) d'Allâh, le sîn, c'est l'éclat (sanâ') d'Allâh, et le mîm c'est Son royaume (mamlaka). »31

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    Les secrets de la Basmala (première partie ), ici



    mardi 31 mai 2011

    Les secrets de la Basmala











    Article paru dans la revue Le Miroir d'Isis n°5  (2004).


    Les secrets de la Basmala
    A. A.



    Introduction



    Le texte dont la traduction figure ci-dessous est tiré d’un
    ouvrage du grand saint soufi `Abd al-Qâdir al-Jîlânî (1077-1166),
    originaire du Jîlân (au nord de l’actuel Iran), enterré à Bagdad, et
    dont l’influence spirituelle a été et est encore très vivace au sein de
    nombreuses branches du Taçawwuf (soufisme).
    Il s’agit d’un commentaire de la formule Bismillâh al-
    Rahmân al-Rahîm (« Au nom de Dieu, le Tout-Miséricordieux, le
    Très-Miséricordieux ») qui se trouve en tête du Coran, et en
    particulier de la première sourate, la Fâtiha (« Celle qui ouvre » le
    Livre sacré). Cette formule, appelée la Basmala, qui se retrouve
    d’ailleurs en tête de toutes les sourates (à l’exception de la
    neuvième) peut donc être considérée comme un symbole du Coran
    lui-même.21



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