A un théologien qui lui demandait ce qu'il pensait de cette phrase du Qoran (XX, 5) : «Le Maître de miséricorde s'est établi sur son trône », al Hujjut al Islam Abu Hamid al Ghazali répondit par ces vers :
A celui qui comprend intérieurement
Le sens de nos paroles, tu répondras ceci :
Il est bon sur un tel sujet de ménager
Ses mots, car toute explication serait sans fin.
Et puis va ton chemin sans excès de souci
Car, par Dieu, je sais des gens fiers de leur savoir
Qui ont dû rentrer leur cou entre leurs épaules
Pour avoir achopé sur de moindres obstacles !
Commençons par toi : peux-tu seulement
Connaître ta propre personne ? Tu ignores qui tu es
Et par quels détours de route tu parviendras
A ce que tu persistes à appeler ton but.
Tu ne sais pas au juste de quels éléments
Ton corps est composé, éléments qui nous sont
En tous points si obscurs que la raison s'égare
A vouloir explorer leurs principes cachés.
Et puis d'où vient ton âme et quelle est son essence ?
En vois-tu seulement les contours, la substance ?
Et tes sens captent-ils en leur acuité
Les divers mouvements qui l'agitent en son fond?
Ce souffle qui dans ta poitrine va et vient,
Le peux-tu à ton gré arrêter sans danger?
Et sais-tu l'heure enfin où il te quittera,
L’issue étant venue, pour ne plus revenir?
Dis-moi, ô ignorant, ce que devient aussi
La puissance éveillée de la claire raison
Et de l'intelligence aux heures où le sommeil
A aveuglé en toi l'oeil de la vigilance?
Tu te nourris de pain mais serais bien en peine
De t'expliquer comment cet aliment commun
Qui s'insinue en toi se transforme en liquide
Et comment ta vessie l'évacue en urine !
Connais-tu beaucoup mieux ce que plie et replie
Ton ventre en ses méandres, mystérieux chemin
Dont ta simple conscience n'a visiblement cure
D’éclairer les cavernes, de percer le secret ?
Comment peux-tu dès lors essayer de connaître
« Celui qui s'est un jour établi sur le Trône »
Et chercher à savoir comment s'est établie
Son assise et comment Il en pourrait descendre ?
Car Il est sans « comment ». De même que pour Lui
N’existe le mot « où ». Il gouverne en seigneur
Le règne du « comment » qui sous Lui et par Lui,
Sans cesse en mouvement, dans l'instant se transforme.
Etant « dessus », Il est au-dessus du dessus,
Ce qui fait que pour Lui il n'est point de dessus.
De même habite-t-Il toutes les directions
Ensemble, n'étant point soumis aux lois du « lieu ».
Qu'Il se manifeste à nous en sa pure essence,
Qu’Il soit à la fois « élevé » et « exalté »,
Ce Seigneur qui est nôtre : voilà qui est certain
– et qui pourtant échappe au pouvoir de tes mots
Le sens de nos paroles, tu répondras ceci :
Il est bon sur un tel sujet de ménager
Ses mots, car toute explication serait sans fin.
Et puis va ton chemin sans excès de souci
Car, par Dieu, je sais des gens fiers de leur savoir
Qui ont dû rentrer leur cou entre leurs épaules
Pour avoir achopé sur de moindres obstacles !
Commençons par toi : peux-tu seulement
Connaître ta propre personne ? Tu ignores qui tu es
Et par quels détours de route tu parviendras
A ce que tu persistes à appeler ton but.
Tu ne sais pas au juste de quels éléments
Ton corps est composé, éléments qui nous sont
En tous points si obscurs que la raison s'égare
A vouloir explorer leurs principes cachés.
Et puis d'où vient ton âme et quelle est son essence ?
En vois-tu seulement les contours, la substance ?
Et tes sens captent-ils en leur acuité
Les divers mouvements qui l'agitent en son fond?
Ce souffle qui dans ta poitrine va et vient,
Le peux-tu à ton gré arrêter sans danger?
Et sais-tu l'heure enfin où il te quittera,
L’issue étant venue, pour ne plus revenir?
Dis-moi, ô ignorant, ce que devient aussi
La puissance éveillée de la claire raison
Et de l'intelligence aux heures où le sommeil
A aveuglé en toi l'oeil de la vigilance?
Tu te nourris de pain mais serais bien en peine
De t'expliquer comment cet aliment commun
Qui s'insinue en toi se transforme en liquide
Et comment ta vessie l'évacue en urine !
Connais-tu beaucoup mieux ce que plie et replie
Ton ventre en ses méandres, mystérieux chemin
Dont ta simple conscience n'a visiblement cure
D’éclairer les cavernes, de percer le secret ?
Comment peux-tu dès lors essayer de connaître
« Celui qui s'est un jour établi sur le Trône »
Et chercher à savoir comment s'est établie
Son assise et comment Il en pourrait descendre ?
Car Il est sans « comment ». De même que pour Lui
N’existe le mot « où ». Il gouverne en seigneur
Le règne du « comment » qui sous Lui et par Lui,
Sans cesse en mouvement, dans l'instant se transforme.
Etant « dessus », Il est au-dessus du dessus,
Ce qui fait que pour Lui il n'est point de dessus.
De même habite-t-Il toutes les directions
Ensemble, n'étant point soumis aux lois du « lieu ».
Qu'Il se manifeste à nous en sa pure essence,
Qu’Il soit à la fois « élevé » et « exalté »,
Ce Seigneur qui est nôtre : voilà qui est certain
– et qui pourtant échappe au pouvoir de tes mots
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